Framapad en SVT : retour d’expérience

Il y a peu, nous publiions le billet Framapad de plus en plus utilisé dans l’éducation qui fut l’occasion d’entrer en contact avec un certain nombre d’enseignants utilisant notre libre service.

Un professeur de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) de l’académie de Créteil nous livre ici son témoignage.

Framapad éducation - Créteil SVT

SVT et Framapad : Retour d’expérience

Depuis la rentrée dernière (septembre 2012), j’utilise Framapad avec mes élèves de 6e au quotidien. Sans installation et facile à prendre en main, cet outil collaboratif est adapté aux jeunes collégiens et intéressant pour l’enseignant quelle que soit sa discipline.

En Sciences de la Vie et de la Terre, nous l’utilisons principalement pour construire la synthèse collaborative de nos activités scientifiques, avant, pendant et après la classe. Après 8 mois d’utilisation, plusieurs bénéfices se dégagent pour les élèves et l’enseignant.

Le premier est celui de la motivation. Mes élèves 6e sont unanimes : c’est un outil simple, agréable et motivant.

Framapad éducation - Créteil SVT

On remarque ensuite que le Framapad est un outil puissant pour les élèves en difficulté : les plus rapides peuvent communiquer et aider leurs camarades depuis leur poste de travail (via le « chat » intégré) tandis que plus l’utilisation simultanée du vidéoprojecteur interactif permet à l’enseignant de contrôler à distance le travail des élèves. Après la classe, le professeur peut contrôler, aider et corriger le travail réalisé. Chacun travaille donc à son rythme et progresse.

Enfin, en un clic, il est facile de créer un « pad ». Je recommande cependant de s’inscrire pour bénéficier d’une adresse web simplifiée plus pratique pour les 6e , de l’archivage du (ou des) document(s) et de la protection du travail par mot de passe.

Framapad éducation - Créteil SVT

Avec le développement du numérique à l’école et la réception en octobre 2012 d’ordinateurs portables[1] distribués à tous les élèves de 6 e de mon département, Framapad s’inscrit dans une démarche pédagogique innovante que je trouve bénéfique pour les élèves. »

Frédéric Véron
Professeur de SVT

Notes

[1] Ordinateurs portables distribués par le Conseil Général du Val de Marne aux élèves de 6e du département.




Comment le Bitcoin peut faire tomber les États-Unis d’Amérique

Un peu d’économie sur le Framablog aujourd’hui, avec le pirate Rick Falkvinge qui voit dans la monnaie Bitcoin une alternative à la fictive toute-puissance du dollar.

Zcopley - CC by-sa

Comment le Bitcoin peut faire tomber les États-Unis d’Amérique

How Bitcoin can bring down the United States of America

Rick Falkvinge – 4 juin 2013 – Site personnel
(Traduction : Slystone, nhrx, letchesco, Asta, Gatitac, rou + anonymes)

Le Bitcoin représente une menace importante pour la domination monétaire des États-Unis, la seule chose qui conforte encore leur statut de superpuissance mondiale. Suite aux défauts de paiement des États-Unis sur leurs emprunts internationaux le 15 août 1971, la balance commerciale américaine avait été maintenue grâce aux menaces militaires et en incitant les gens à acheter des dollars pour financer la consommation permanente des États-Unis. Alors que d’autres devises n’ont pas réussi à dépasser le dollar américain, et donc ce mécanisme qui maintient la dominance économique de la nation, le Bitcoin pourrait bien y parvenir.

Pour comprendre ce scénario, il faut saisir à quel point les États-Unis sont en faillite. Pour certaines raisons, la plupart des feux de l’actualité sont actuellement braqués sur l’échec de l’Euro ; ceci probablement à cause du fait que le dollar américain a échoué depuis longtemps, et qu’il est maintenu sous perfusion en faisant éclater non sans mal une bulle spéculative par jour. Une version ELI5 est disponible ici (NdT : ELI5 : « explain it like I’m five », expliquez-le-moi comme si j’avais 5 ans), mais en un mot, les États-Unis sont en défaut de remboursement de leurs emprunts internationaux suite à la guerre du Viêtnam, et depuis ont dû emprunter de plus en plus pour financer leur consommation extravagante. Depuis bien longtemps ils empruntent toujours plus, pour simplement rembourser les intérets des emprunts antérieurs. L’an dernier, le déficit du budget des États-Unis a atteint le niveau astronomique de 50 % — pour chaque dollar de recette, deux ont été dépensés. Étrangement, peu de monde en parle — j’imagine que si c’était le cas, la capacité des États-Unis à rembourser leurs emprunts serait remise en question, ce qui provoquerait l’écroulement du château de cartes comme si une tonne de briques était déversée dessus, alors personne n’a intêret à faire des vagues. Après tout, tout le monde est assis sur des réserves de dollars qui deviendraient sans valeur du jour au lendemain si ceci devait arriver.

Les États-Unis ont relancé leurs planches à billets le 15 août 1971 et ne les ont pas arrêtées depuis. Rien que pour l’année 2011, 16 mille milliards (un 16 suivi de douze zéros) de dollars ont été imprimés pour maintenir l’économie américaine. Pour se faire une idée, c’est un peu plus que le produit intérieur brut des États-Unis. Pour chaque dollar produit à partir de la valeur (ajoutée), un dollar supplémentaire a été imprimé à partir de rien, dans l’espoir que quelqu’un voudrait bien l’acheter. Et les gens l’achètent ! C’est un fait, il y a ici un mécanisme clé qui force les gens à continuer à acheter des dollars américains.

Les États-Unis sont maintenus en vie en tant que nation par le fait que si quelqu’un souhaite acheter des produits à une autre nation comme la Chine, il doit d’abord acheter des dollars américains puis les échanger contre la marchandise qu’il désire en Chine. Cela conduit tous les pays à acheter des tas de dollars américains pour remplir leurs réserves monétaires.

Le fait que les gens soient obligés de continuer d’acheter des dollars américains pour obtenir ce qu’ils veulent de n’importe qui d’autre dans le monde est le mécanisme qui maintient l’ensemble de l’économie américaine et, plus important encore, alimente son armée qui applique à son tour ce mécanisme (voir en Irak, Libye, Iran, etc.). C’est un cycle de domination économique imposé par la force.

(À noter que l’on peut se demander dans quelle mesure la classe moyenne américaine profite encore de ce système. Il y a dix ans, cette boucle auto-alimentée faisait que le niveau de vie moyen aux États-Unis était sensiblement supérieur à celui du reste du monde occidental. De nos jours, les États-Unis arrivent souvent derniers des indicateurs de niveau de vie.)

Puisque les articles sur « la fin du monde » sont d’habitude rejetés comme relevant d’illuminés conspirationnistes, je voulais commencer cet article en présentant des faits économiques reconnus. Les États-Unis sont en faillite et la seule béquille pour les maintenir debout est leur armée, ainsi que le fait que tout le monde a de lourds investissements dans le pays, si bien que personne ne veut les voir faire faillite. Donc les emprunts et les dépenses excessives continuent une journée de plus… jusqu’à ce que cela ne soit plus possible.

Que se passerait-il si les États-Unis étaient un jour incapables de poursuivre leurs dépenses démesurées ? On assisterait à un crash gigantesque de l’économie mondiale, mais plus important, les États-Unis s’effondreraient à la mode soviétique, mais plus gravement encore, en raison de différences structurelles. (Pour comprendre ces différences, réfléchissez au fait que les transports publics ont continué de fonctionner pendant l’effondrement soviétique et que la plupart des familles étaient déjà bien préparées pour faire face à la pénurie de nourriture. Aux États-Unis vous verriez à la place des gens isolés dans des banlieues sans carburant, sans nourriture ni médicaments, avec seulement plein d’armes et de munitions. Consultez l’étude d’Orlov sur l’écart entre les effondrements et le retard d’effondrement pour plus d’informations sur cette différence structurelle).

Arrivent les Bitcoins, qui peuvent briser le cercle vicieux des emprunts et des dépenses excessives.

Comme nous l’avons vu, la raison pour laquelle les gens sont obligés d’acheter du dollar américain, c’est qu’il est la base du système d’échange de valeur. Si vous voulez un gadget fabriqué en Chine ou en Inde, vous devez d’abord acheter des dollars américains, pour ensuite échanger ces dollars contre le gadget. Mais nous l’avons observé, le Bitcoin dépasse de loin le dollar sous tous ses aspects en tant que gage de valeur pour le commerce international. Utiliser des Bitcoins c’est moins cher, plus facile et bien plus rapide que les actuels transferts de valeur internationaux.

Pratiquement toutes les personnes impliquées dans le commerce international à qui j’ai parlé passeraient à un système semblable à Bitcoin si elles en avaient la possibilité, évacuant des années de frustrations héritées du système bancaire actuel (qui utilise le dollar américain). Si cela arrivait, les États-Unis ne seraient plus en mesure de trouver des acheteurs pour leurs dollars fraîchement imprimés qui maintiennent leur économie (et financent leur armée).

Si ce cycle de monopole et dépendance commerciale du dollar prend fin, les États-Unis d’Amérique s’écrouleront. Lourdement. Cela semble inévitable désormais, et le Bitcoin est peut-être le système qui rompra ce cycle.

Crédit photo : Zcopley (Creative Commons By-Sa)




Le bug #1 d’Ubuntu enfin fixé : Microsoft n’est plus dominant sur le marché

Lorsque la distribution GNU/Linux Ubuntu est sortie en 2004, son père fondateur Mark Shuttleworth a signalé lui-même le premier « bug » : Microsoft détient la majorité du marché (Microsoft has a majority market share).

Il s’agissait symboliquement, et avec humour, de montrer le cap à suivre en désignant le principal concurrent.

Aujourd’hui la donne a changé et Shuttleworth a décidé hier de marquer ce bug comme résolu (fix released), quand bien même cela ne signifie pas, loin de là, qu’Ubuntu ait gagné comme il s’en explique ci-dessous.

Remarque : Nous en profitons pour signaler que Framasoft sera présent en masse à l’Ubuntu Party de Paris, avec stand et 3 mini-conférences le samedi 1er juin.

Ubuntu bug#1 Microsoft

Bug #1 : Microsoft détient la majorité du marché

Bug #1 (liberation) : Microsoft has a majority market share

Mark Shuttleworth – 30 mai 2013 – Launchpad Ubuntu
(Traduction : Penguin, Mowee, Cryptie, quack1, @zessx, Asta, misc, MFolschette, Samusz + anonymes)

Aujourd’hui, l’utilisation de l’informatique dans la vie de tous les jours est beaucoup plus importante qu’elle ne l’était en 2004 : les téléphones, tablettes et autres appareils nomades sont devenus une part non négligeable de notre vie numérique. D’un point de vue compétitif, cet édifiant marché est une bénédiction pour la concurrence. Avec notamment iOS et Android, qui tous deux représentent une part significative du marché (Voir Windows en dessous de iOS et Android réunis avec ce graphique.

Android n’est peut-être pas mon premier choix de (noyau) Linux, ni le vôtre, mais c’est sans aucun doute une plateforme open source qui offre des avantages pratiques et économiques aux utilisateurs, comme à l’industrie. Ainsi, nous avons d’un côté de la concurrence et de l’autre une bonne représentation de l‘open source dans l’informatique personnelle.

Même si nous n’avons joué qu’un petit rôle dans ce changement, je pense qu’il est important pour nous de reconnaître qu’il a eu lieu. Du point de vue d’Ubuntu, le bug est maintenant clos.

Évidemment, ce bug a aussi un aspect social. Pour beaucoup, il a fait office de déclaration d’intention. Mais il est préférable pour nous de nous concentrer sur l’excellence de notre propre travail, plutôt que considérer notre impact sur le produit des autres. Depuis les (nombreuses) années que ce bug est référencé, nous avons trouvé comment être excellents dans le cloud, et j’espère que nous trouverons aussi bientôt comment l’être sur les postes de travail des développeurs, et peut-être même sur toute la quantité d’appareils que les utilisateurs réguliers peuvent utiliser. Je préférerais désormais que nous trouvions un cri de ralliement qui célébrerait ces idées et leur management.

Il est important de remarquer que de nos jours, si vous êtes dans le domaine de l’informatique dématérialisée (NdT : cloud computing), l’équipe de service d’infrastructure (NdT : IaaS) de Microsoft est très compétente et travaille dur pour que Linux soit parfaitement supporté par Azure, ce qui rend le travail avec eux très plaisant. Si l’évolution du marché a peut-être joué un rôle dans tout ça, les circonstances ont changé et les institutions se sont adaptées. Nous nous devons donc de le faire aussi.

Cela dit, il est bon de prendre du recul et de visualiser combien tout cela a changé depuis 2004, et à quelle vitesse ! Avec Ubuntu, notre but est de proposer à tous une expérience utilisateur formidable, que ce soit pour les développeurs, pour la production en entreprise ou tout simplement l’utilisateur final. Et tout cela avec un large support de matériel. Nous évoluons dans un environnement dynamique qui ne cesse de changer d’année en année. C’est donc pour cela que nous devons sans arrêt nous remettre en question, que ce soit au niveau de notre façon de faire, nos pratiques, les outils que nous utilisons ainsi que les relations que nous entretenons en interne et en externe. Corriger ce problème n’en est qu’un tout petit exemple.




Framapad de plus en plus utilisé dans l’éducation

Framapad sur iPad

On ne nous prévient pas toujours loin de là mais nous constatons avec fierté et plaisir que notre service libre Framapad est de plus en plus souvent utilisé dans les établissements scolaires (par exemple ici, ici, ici ou encore ).

On y a apprécie son immédiateté, sa simplicité d’usage et surtout ses potentialités pédagogiques, notamment pour ce qui concerne le travail collaboratif (on y apprécie également le fait que ce soit libre et qu’on n’est pas obligé d’en passer par Google).

Nous avons voulu en savoir plus en interviewant ci-dessous deux enseignantes, l’une du primaire et l’autre du secondaire.

Merci de relayer l’info pour faire connaître et donner envie à plus de monde encore de se frotter à Framapad. Merci également d’apporter votre témoignage dans les commentaires si vous aussi vous l’utilisez dans vos classes, il est important pour nous de faire savoir que nous sommes utiles 😉

La photo ci-dessous est issue d’une séance pédagogique très détaillée réalisée en SVT dans l’Académie de Créteil (on y parle de Firefox et LibreOffice aussi). Nous vous invitons également à regarder cette vidéo[1] où des élèves de l’Académie de Bordeaux découvre l’écriture poétique avec Framapad sur leur… iPad !

Framapad éducation - Créteil SVT

Interview croisée de deux utilisatrices de Framapad, l’une au primaire et l’autre au secondaire

Bonjour, pouvez-vous vous présenter succinctement. Où enseignez-vous et à quel niveau ?

Laetitia : Bonjour, Laetitia, enseignante en CM1/CM2, dans les Deux-Sèvres

Hélène : Professeur documentaliste au Collège Saint Jean (215 élèves) dans le Tarn.

Comment avez-vous connu Framapad ?

Laetitia : Par l’animateur informatique de ma circonscription qui en a parlé en animation pédagogique (temps de formation).

Hélène : Je ne me souviens plus précisément mais sans aucun doute par le biais de mutualisation entre professeurs documentalistes

Qu’est-ce qui vous a motivé(e) à le proposer à vos élèves/étudiants ?

Laetitia : Un projet inter-degrés entre ma classe et une classe de 6e de mon collège de secteur.

Hélène : Plusieurs questions et interrogations m’ont amenée à utiliser un outil d’écriture collaborative. Comment dépasser le simple « copier-coller » des élèves ? Comment enseigner l’écriture numérique ? Comment faire pour que les élèves donnent du sens à leurs recherches documentaires ? Comment développer chez des élèves de collège le sens du travail collaboratif ?

Il fallait un outil simple, facilement accessible et bien sûr librement utilisable par les élèves. Framapad répondait à ces critères.

Quels dispositifs avez-vous mis en place pour l’utiliser ? Avec quels matériels ? Et surtout pour quelle démarche pédagogique ?

Laetitia : Production d’écrit par 4 (1 élève chacun), connectés en même temps.

Hélène : lors de la mise en activité de recherche par les élèves, je pratique avec mes collègues la méthode du document de collecte. Ce document de collecte est la première étape d’un brouillon, constituée d’extraits « copier-coller » correctement référencés (sources des informations relevés). Il permet à la fois de cerner un sujet, d’évaluer la pertinence d’une information et de prélever l’information à partir d’internet notamment.

Lors de travaux de groupes, il est apparu nécessaire de trouver un outil permettant aux élèves de travailler simultanément sur un même document pour mutualiser ce document de collecte et interagir sur celui-ci. Par exemple, pour un dossier santé et environnement en SVT en classe de 3e, les élèves ont en amont travaillé sur un article d’actualité qui a permis de dresser collectivement une cartographie des producteurs d’info, sur les sources (cartographie des sources) en réalisant un scoop.it comme traces de leur recherche.

L’outil Framapad a ensuite permis à chaque binôme de réaliser son travail de collecte, de synthèse et de réécriture des informations à partir du document de collecte réalisé. Au besoin, chacun a pu revenir sur les sites préalablement sélectionnés pour compléter, approfondir des points particuliers.

Dans la mesure où Framapad se trouve sur Internet, est-ce que la connexion parfois hésitante des établissements scolaires a été un frein à son usage ?

Laetitia : Parfois j’ai eu du mal à avoir un ordinateur connecté par élève (ligne Wi-Fi trop légère pour le nombre de PC).

Hélène : Personnellement, je n’ai pas eu de soucis particuliers. 5 ou 6 groupes ont pu travailler simultanément sur leur pad. Mais j’ai des retours de collègues pour qui le site a plusieurs fois « beugué » lorsqu’il y avait trop de connexions simultanées. Ce genre de séance nécessite d’avoir une solution de repli sous le coude.

Dans la mesure où Framapad se trouve sur Internet, avez-vous envisagé des scénarios pédagogiques hors temps de classe, où les élèves seraient invités à travailler dessus et ensemble depuis leur domicile ?

Hélène : Les binômes qui n’avaient pas terminé leur travail de réécriture ont été invités à le terminer. L’avantage avec ce dispositif c’est que chacun des élèves du groupe peut y accéder à son rythme, depuis chez lui ou depuis le CDI du collège. Même en cas d’absence d’un élève par exemple le travail reste accessible à l’autre élève.

Quels sont les points positifs et négatifs que vous avez rencontrés lors de son usage en classe ?

Laetitia : Lorsque les élèves se connectent à leur texte d’un ordinateur différent, ils n’ont plus la même couleur, celle-ci reste attribuée à l’ordinateur qui se connecte. Les prénoms ne restent pas enregistrés, c’est dommage pour le suivi par l’enseignant (hors temps scolaire sur un ordi perso, donc connexion différente).

Hélène : Je partage cette dernière remarque qui peut être résolu en demandant aux élèves de préciser en haut de page la couleur qu’ils ont choisi (ici même, pour cette interview c’est ce que vous nous demandez de faire d’ailleurs[2]).

Framapad permet un véritable travail collaboratif du binôme qui peut annoter, corriger, compléter le travail de l’autre. Je trouve important (et c’est d’ailleurs une compétence du B2i (2.4 – Participer à des travaux collaboratifs en connaissant les enjeux et en respectant les règles) de leur montrer ces possibilités de travail.

Plusieurs points positifs à l’usage du pad en classe :

  • Un suivi pour mon collègue de SVT et moi-même après chaque séance : annoter, corriger, questionner et même si besoin vérifier l’historique du pad—qui a écrit, quoi ?
  • Alternance de l’individualisation du travail et de travail de groupe : d’abord un travail individuel (chacun ayant en charge une partie du travail) puis un travail de relecture et d’annotation de la partie de l’autre. Les élèves ont vraiment eu le souci de reformulation, de conservation des informations pertinentes par rapport à leur plan même si sur certains pads le passage du copier-coller au copier-créer reste difficile soit parce qu’ils ne comprennent pas ce passage et ne font donc aucun effort de synthèse soit au contraire parce qu’ils estiment que la phrase est déjà suffisamment claire.
  • La possibilité de personnaliser les URL d’accès au pad pour être facilement mémorisable et transmise aux autres et aux enseignants.

Points d’amélioration : En collège, l’usage du tchat, qui offre pourtant des perspectives intéressantes d’échange et de partage, reste difficile, sans doute encore par manque de maturité ou d’expérience de l’exercice. J’ai donc pour ma part privilégié la concertation de vive voix et mettant les élèves côte à côte dans la salle informatique.

Quelles sont les fonctionnalités qui manquent selon vous à Framapad, notamment pour un usage éducatif ? Que pensez-vous de son ergonomie générale, est-ce adapté à la spécificité d’un jeune public ?

Laetitia : Pas d’idée particulière. Oui, ça convient pour des élèves du primaire de fin de cycle 3.

Hélène : Peut-être plus de possibilité de mise en page (taille de la police par exemple pour mettre en valeur des titres)

On dit souvent que les élèves ne sont pas assez habitués à travailler collaborativement, ensemble, en groupe, etc. Un tel outil vous semble-t-il intéressant pour développer de telles compétences ?

Laetitia : Oui, pour le développement de la maîtrise de la langue écrite, pour expliquer, argumenter, justifier…

Hélène : Un outil d’écriture collaborative permet de développer des compétences informationnelles et numériques.

  • LIRE : Savoir confronter les différents discours sur un sujet (information divergentes ou contradictoires sur des sujets de controverses par exemples), être capable de relever les manques ou les besoins ;
  • ECRIRE : Etre capable d’écrire à plusieurs sur un même document, Savoir prendre en compte l’écrit de l’autre afin de le compléter ou de modifier son propre écrit. Il s’agit d’un véritable travail de création ;
  • NAVIGUER : Maîtriser la navigation en ligne en utilisant les hypertexte, la navigation d’un onglet à l’autre ;
  • ORGANISER : S’appuyer sur le document de collecte pour construire une carte d’idées et un plan.

L’outil pad permet également de développer chez les élèves des aptitudes de concertation et de choix (ce qu’on garde, ce qu’on supprime et pourquoi). Il amène les élèves à développer un esprit critique et une réflexion sur leur propre écriture

Réitérerez-vous l’expérience ? Le conseilleriez-vous à des collègues ?

Laetitia : Oui, mais avec 3 élèves et l’enseignant sur le 4e poste pour réguler en direct, poser des questions, relancer, aider…

Hélène : Sans aucun doute, OUI et même pour les plus petites classes. je l’utilise d’ailleurs également avec des collègues professeurs documentalistes lorsque nous avons besoin de réfléchir à plusieurs sur une problématique, bâtir des ordres du jour ou des synthèses par exemple.

Saviez-vous que derrière Framapad se cache Framasoft et derrière Framasoft la promotion et la diffusion du logiciel libre ?

Laetitia : Je savais que Framapad faisait partie de Framasoft dont j’avais entendu parler par un autre animateur informatique de mon département.

Hélène : Oui pour utiliser plusieurs de ses services notamment Framamindmap ou Framadate. Nos établissements n’ont pas toujours les moyens d’avoir des logiciels payants. Et puis la philosophie du libre est en adéquation avec les valeurs que je souhaite véhiculer à travers mon enseignement du numérique.

Notre slogan est « La route est longue mais la voie est libre », cela vous inspire quelque chose ?

Laetitia : Oui, que c’est un dur labeur mais que la réussite est assurée !

Hélène : Je suis convaincue de l’intérêt collectif du partage et du libre : il contribue à l’intelligence et à la pensée collectives. Cette notion de libre rejoint de très près la notion de biens communs.

Les initiatives comme celles de Framasoft sont à encourager parce qu’elles participent au développent de l’enseignement du numérique… Même si la route est longue, nous y sommes bel et bien. Pour Bernard Steigler, le numérique entre aujourd’hui dans une troisième phase : celle des « technologies de l’annotation ».

Notes

[1] Vidéo d’où est extraite l’image d’introduction.

[2] L’interview croisée a été réalisée sur Framapad également 😉




Éducation : priorité au logiciel libre ou respect de la « neutralité technologique » ?

On commence à connaître la chanson et elle est emblématique de l’époque actuelle : le privé qui s’alarme et demande au public de le soutenir sur le dos des biens communs.

Ici nous sommes dans le secteur sensible de l’éducation et pour refuser la priorité aux logiciels libres on est prêt à tout, comme sortir du chapeau la notion pour le moins vague et floue de « neutralité technologique » (sans oublier le FUD sur l’innovation, la croissance, la destruction d’emplois, toussa…)

Le Sénat a en effet examiné cette semaine le projet de loi sur la refondation de l’école de la République. Parmi les dispositions introduites par la commission de la culture, de l’éducation et de la communication, on trouve une modification apportée à l’article 101 qui donne la priorité au logiciel libre et aux formats ouverts dans le futur service public du numérique éducatif.

Pour ceux (comme l’April ou l’Aful) qui se battent depuis des années, voire des décennies, pour qu’il en soit ainsi, c’est déjà un grand pas en avant.

Un pas en avant clairement non partagé par le Syntec Numérique et l’AFINEF (Association Française des Industriels du Numérique dans l’Education et la Formation) qui ont publié dans la foulée un communiqué de presse que nous avons reproduit ci-dessous.

Dans la mesure où les communiqués de l’April, de l’Aful et du Syntec ne proposent pas d’espace de discussion sous article, nous invitons toutes celles et ceux que le sujet intéresse à intervenir dans les commentaires.

PS : Rappelons à l’occasion l’article de Richard Stallman : Pourquoi les écoles devraient utiliser le logiciel libre et l’enseigner.

Sashomasho - CC by-sa

Numérique éducatif et pédagogique : les professionnels du numérique interpellent le Gouvernement sur le respect de la neutralité technologique

CP du Syntec Numérique et l’AFINEF (22 mai 2013)

URL d’origine du document

Syntec Numérique et l’AFINEF interpellent le Gouvernement sur la mention favorisant de manière prioritaire l’utilisation de logiciels libres pour le service public du numérique éducatif, dans le projet de loi en débat ce mercredi 22 mai au Sénat sur la Refondation de l’Ecole de la République. Syntec Numérique, le syndicat professionnel des industries et métiers du numérique, et l’Association Française des Industriels de l’Education et de la Formation (AFINEF) interpellent le Gouvernement sur les dispositions modifiées du Projet de Loi de Refondation de l’Ecole de la République issues du travail en commission au Sénat, donnant la priorité à l’utilisation de logiciels libres pour le service public du numérique éducatif.

Malgré un avis défavorable du Gouvernement en commission, la rédaction retenue à l’alinéa 7 de l’article 10, « Ce service public utilise en priorité des logiciels libres et des formats ouverts de documents », porte atteinte au principe de neutralité technologique qui est la règle notamment pour la commande et l’achat publics.

Par ailleurs, le rapport annexé à la Loi à l’article 1er, définissant les moyens et les orientations de la refondation de l’école de la République mentionne que « L’incitation au développement de ressources numériques se fera notamment en faveur de contenus et de services numériques dits « libres » ».

Les professionnels du numérique regrettent que ces deux dispositions contredisent la circulaire du premier ministre du 19 septembre 2012 sur les modalités de l’utilisation des logiciels libres dans l’administration tout en portant atteinte au pluralisme des ressources informatiques.

En effet, au moment où le Gouvernement engage une politique d’aide à la création d’une filière d’acteurs français du numérique éducatif et pédagogique, ces dispositions, si elles sont définitivement adoptées, handicaperont gravement les efforts de développement de la plupart des entreprises déjà présentes sur cette filière qui n’a pas encore trouvé sa consolidation et dissuaderont de nouveaux acteurs innovants de s’y engager.

Pour les acteurs du numérique, le pluralisme et la neutralité technologique, adossés à l’interopérabilité, sont les conditions sine qua none afin de s’engager dans le développement des produits et supports technologiques pour répondre à l’enjeu essentiel de la modernisation du service public éducatif et à l’accompagnement des enseignants dans leur investissement pédagogique.

Ils souhaitent par ailleurs alerter les pouvoirs publics sur les conséquences que ces dispositions auraient sur la lisibilité de l’offre e-éducative française à l’international, notamment en direction de continents où le pluralisme et la neutralité technologique conditionnent la pénétration des marchés.

Ils soulignent enfin que ces dispositions évidement inconstitutionnelles, augmenteront le risque de recours contentieux entre les opérateurs privés du secteur et les administrations. En effet, ces dispositions rentrent en contradiction avec les principes d’égalité de traitement et de liberté d’accès à la commande publique, rappelés à l’article 1er du Code des marchés publics et qui ont acquis valeur constitutionnelle (Cons. Const. 26 juin 2003) : « Les marchés publics et les accords-cadres soumis au présent code respectent les principes de liberté d’accès à la commande publique, d’égalité de traitement des candidats et de transparence des procédures. Ces principes permettent d’assurer l’efficacité de la commande publique et la bonne utilisation des deniers publics. Ces obligations sont mises en œuvre conformément aux règles fixées par le présent code ».

Force est de constater que ces dispositions vont en effet à l’encontre du principe de neutralité du droit des marchés publics, qui ne permet aucunement de favoriser des opérateurs économiques au détriment d’autres. Au contraire, les règles de la commande publique ont pour objet de permettre au pouvoir adjudicateur de sélectionner l’offre économiquement la plus avantageuse, correspondant à ses besoins, après une mise en concurrence. Ainsi, écarter la fourniture de certaines solutions, en imposant un type de logiciels, violerait les principes fondamentaux de la commande publique consacrés tant au niveau français qu’européen et jamais démentis.

Syntec Numérique et l’AFINEV en appellent ainsi à la sagesse de la Haute Assemblée et au respect de la feuille de route numérique du Gouvernement, afin de soutenir une filière qui a besoin d’être stimulée par un environnement législatif et juridique stable, et non par des mesures discriminatoires infondées, pour donner la mesure de tout son potentiel, en termes d’innovation, de croissance et de création d’emplois.

Crédit photo : Sashomasho (Creative Commons By-Sa)




Google abandonne les standards ouverts pour sa messagerie instantanée ?

Un coup on souffle le chaud, un coup on souffle le froid, Google est bipolaire vis-à-vis du logiciel libre, des formats ouverts et du respect de la vie privée.

C’est d’autant plus flagrant lorsque pour critiquer Google on s’en réfère à ses propres déclarations.

Et l’on se retrouve, sans crier gare, du jour au lendemain, avec une messagerie instantanée potentiellement amputée de ses qualités précédentes…

Osde8info - CC by-sa

Google abandonne les standards ouverts pour la messagerie instantanée

Google Abandons Open Standards for Instant Messaging

Parker Higgins – 22 mai 2013 – EFF.org
(Traduction : Penguin, TheCamel, audionuma, Asta, KoS)

Au milieu du tourbillon médiatique qui entoure sa conférence I/O annuelle, Google a lâché quelques informations malheureuses sur ses plans concernant sa messagerie instantanée. À plusieurs endroits sur le web, la société remplace son actuelle plateforme « Talk » par une nouvelle dénommée « Hangouts » qui réduit drastiquement le support du protocole ouvert de messagerie instantanée connu sous le nom de XMPP (ou Jabber de manière informelle) et supprime également l’option de désactivation de l’archivage de toutes les communications en messagerie instantanée. Ces changements représentent une bascule des protocoles ouverts vers des protocoles fermés ainsi qu’un recul flagrant pour de nombreux utilisateurs.

Une régression pour l’interopérabilité

Auparavant, le support complet de XMPP par Google signifiait que les utilisateurs pouvaient communiquer avec des interlocuteurs utilisant d’autres services de messagerie instantanée, voire hébergeant leur propre serveur de messagerie instantanée. Ce type de décentralisation est une bonne chose : il diminue la dépendance à un service particulier, ce qui en contrepartie permet aux différents services de se différencier sur des aspects importants comme la qualité, la fiabilité ou le respect de la vie privée.

Certains utilisateurs, par exemple, ne souhaitent peut-être pas fournir à Google des informations sur le contenu de leurs messages, quand et d’où ils se sont connectés, ou bien avec qui ils ont l’habitude de clavarder. Les informations concernant les personnes avec qui les utilisateurs communiquent peuvent être sensibles ; souvenez vous, ces données étaient au cœur du retour de bâton qui frappa Buzz, un ancien réseau social, lorsqu’il décida de les rendre publiques par défaut.

La possibilité de fédérer différents services permet aux utilisateurs de faire leur choix eux-même. Voici une explication issue de la propre documentation de Google concernant la plateforme « Talk », dans une partie intitulée « Communications ouvertes » :

Le choix du service vous permet de choisir votre fournisseur en vous basant sur des facteurs plus importants tels que les fonctionalités, la qualité de service et le prix, tout en conservant la capacité de communiquer avec qui vous voulez.

Malheureusement, ce n’est pas le cas de nombreux services IM (messagerie instantanée) et VOIP (voix sur IP) aujourd’hui. Si les personnes avec qui vous souhaitez communiquer sont toutes connectées à des services IM/VOIP différents, vous devez créer un compte chez chacun d’entre eux pour pouvoir communiquer.

Le nouveau protocole Hangouts soulève précisément les questions que Google souligne ci-dessus. Les utilisateurs n’ont d’autre choix que d’utiliser les serveurs de Google ou se déconnecter des gens qui les utilisent. Les utilisateurs de Google ne sont pas informés du changement : leurs copains qui utilisent jabber.org, member.fsf.org, ou n’importe quel autre service qui utilise XMPP n’apparaîtront tout simplement plus dans la liste des contacts en ligne.

Ces changements sont le résultat de l’abandon par Google d’un sous-ensemble particulier du standard XMPP, le server-to-server federation. Mais pour le moment, Google continue à utiliser la partie connexion client-serveur, ce qui signifie que dès lors que vous êtes connecté avec un compte Google, vous pouvez utiliser n’importe quelle application utilisant ce protocole.

C’est important pour plusieurs raisons. Une des plus importantes est qu’aucun client officiel Google ne propose le chiffrement des communications Off-the-Record (OTR), qui devient un composant critique pour la sécurité des communications en ligne. Si les deux participants dans un échange sur messagerie instantanée utilisent chacun un chiffrage OTR, ils disposent d’une liaison sécurisée d’un bout à l’autre, ce qui signifie que personne, y compris leur fournisseur de service, ne peut lire le contenu de leurs messages.

Des changements dans l’historique

Malheureusement, un autre changement de la part de Google pourrait forcer les utilisateurs à faire un choix difficile, à savoir utiliser ou non ces clients externes tels que Pidgin, Adium, Gibberbot ou Chatsecure pour discuter. Le dilemme vient en particulier de la manière dont Google a changé sa façon d’archiver les conversations et de les présenter à l’utilisateur.

Précédemment, les utilisateurs pouvaient désactiver l’« historique de conversation », ce qui empêchait la sauvegarde des messages instantanés sur leur compte Gmail. Avec les nouveaux paramètres, les utilisateurs qui ne veulent pas conserver une copie de leur conversation accessible via Gmail doivent désactiver l’« historique Hangout », et ce pour chaque contact[1]. Le problème est que les utilisateurs peuvent seulement désactiver l’historique Hangout avec un compte Google Hangout officiel.

Donc tant pis pour les utilisateurs soucieux de leur vie privée qui veulent utiliser le chiffrement Off-the-Record et qui désirent garder leurs messages loin de leur compte Gmail. Et s’ils veulent continuer à discuter avec leurs amis sur Google chat, ils ne peuvent même pas le faire autre part.

Depuis la semaine dernière, Google demande aux utilisateurs de remplacer l’application Android Talk par Hangouts et de passer à Hangout au sein de Gmail dans Chrome. Soyez vigilants avant d’effectuer la mise à jour, soyez vigilants du coût pour la liberté de ces « améliorations ».

Que devrait faire Google ?

Dans son explication publique officielle de son abandon du support de XMPP, Google a expliqué que c’était une décision difficile, rendue nécessaire par des contraintes techniques. Mais même si le nouveau protocole obéit à de nouvelles contraintes techniques, cela n’empêche pas la compagnie de le rendre public et interopérable. Libérer les spécifications de Google Hangouts serait un bon premier pas. Fournir des client et des serveurs open source en serait un second. Il est clair que certaines fonctionnalités vidéo de Hangouts ont été implémentées dans un but spécifique à Google. Mais ce n’est pas une excuse pour nous emmener vers un monde où les seuls choix concrets sont des logiciels et des protocoles de chat propriétaires.

Une autre initiative simple à mettre en œuvre au bénéfice des utilisateurs aurait été d’incorporer le support de Off-the-Record dans le client Hangout officiel. Si de telles possibilités de confidentialité étaient proposées aux utilisateurs, cela atténuerait le fait d’offrir des options de protection de la vie privée seulement dans le logiciel propriétaire de Google.

Dans le document Google « Communications ouvertes » cité ci-dessus, l’entreprise explique en quoi c’est un véritable engagement d’ouvrir les canaux de communication :

La mission de Google est de rendre l’information mondiale universellement accessible et utile. Google Talk, qui permet aux utilisateurs de communiquer instantanément avec leurs amis, leur famille et leurs collègues via des appels vocaux et des messages instantanés, reflète notre conviction que les communications devraient être accessibles et utiles.

Nous sommes frustrés et déçus de voir Google reculer face à cette mission.

Crédit photo : Osde8info (Creative Commons By-Sa)

Notes

[1] Pour être clair, même les réglages précédents étaient loin d’être parfaits du point de vue de la vie privée : désactiver l’historique de conversation permettait uniquement d’empêcher l’archivage des messages sur votre compte Gmail, mais n’empêchait pas les autres utilisateurs, ou Google lui-même, de garder une trace de la conversation.




Crime d’impression, par Cory Doctorow (copiez cette histoire)

Début 2006, Cory Doctorow publiait une courte nouvelle de science-fiction qui à peine sept ans plus tard, avec l’explosion de l’impression 3D (et le climat ambiant de guerre contre la bidouille et le partage) prend malheureusement déjà des accents prémonitoires…

Printcrime - Cory Doctorow

Crime d’impression

Printcrime

Cory Doctorow – janvier 2006 – Nature.com
(Traduction : Rigas Arvanitis, relecture aKa)

Copiez cette histoire

Les flics ont bousillé l’imprimante de papa quand j’avais huit ans. Je me souviens son odeur de pellicule fondue dans le micro-ondes et le regard d’intense concentration de papa quand il la remplissait de produit, ainsi que l’odeur de produit chaud qui en sortait.

Les flics sont rentrés les matraques à la main, l’un d’eux récitait l’ordre d’arrestation dans un haut-parleur. C’était un des clients de papa qui l’avait dénoncé. La iPolice payait en produits pharmaceutiques de haute qualité : des produits d’amélioration des performances, des suppléments de mémoire, des booster métaboliques. Le type de produits qui coûtent une fortune dans une pharmacie ; le type de produits que l’ont pouvait imprimer à la maison, si on n’avait pas peur de voir sa cuisine envahie soudain par des mecs gros et gras, les matraques à la main, cassant tout sur leur passage.

Ils ont aussi détruit le buffet de grand-mère, celui qu’elle avait ramené de la campagne. Ils ont aussi détruit notre petit réfrigérateur et le purificateur d’air sous la fenêtre. Mon oiseau a échappé à la mort en se cachant dans un coin de la cage quand l’un des flics gros et gras transformait la cage en un amas de fil de fer informes sous sa botte.

Papa, ce qu’il a souffert ! Quand ils ont fini, il donnait l’impression de s’être battu contre toute une équipe de rugby. Ils le traînèrent à la porte et laissèrent les journaleux le regarder de près avant de le pousser dans la voiture, tandis qu’un porte-parole disait au monde que l’organisation criminelle de papa était responsable de contrebande pour au moins 20 millions et que mon papa, parfait méchant désespéré, avait résisté pendant son arrestation.

J’ai tout vu sur mon téléphone. En regardant les restes du salon sur l’écran, je me suis demandé comment on pouvait imaginer, en voyant notre modeste petite maison, que c’était là la demeure d’un baron du crime organisé. Evidemment, ils emportèrent l’imprimante et la montrèrent comme un trophée aux journaleux.

La petite étagère où elle se trouvait auparavant paraissait comme un autel bien vide dans la cuisine. Quand je me suis rendu à la maison pour récupérer mon pauvre petit canari affolé, j’y ai posé un robot de cuisine qui avait été monté avec des pièces imprimées par notre imprimante, afin de ne pas attendre plus d’un mois avant d’avoir à imprimer de nouvelles pièces mobiles et des accessoires. A cette époque, je savais monter et démonter n’importe quel objet imprimé.

A mes 18 ans, ils ont relâché papa de prison. Je ne l’avais visité que trois fois : le jour de mes 10 ans, le jour de mes 50 ans et à la mort de maman. Cela faisait 2 ans que je ne l’avais pas vu et il était devenu l’ombre de lui-même. Il avait été handicapé suite à une bagarre en prison et jetait en permanence des coups d’œil derrière lui. J’étais pas fière quand le taxi nous a lâché devant la maison et j’essayais de garder mes distances à côté de ce squelette ruiné et boiteux qui montait les marches.

« Lanie, » dit-il en s’asseyant, « Tu es une fille intelligente, je le sais. Tu saurais pas, par hasard, où je peux me procurer une imprimante et un peu de produit ? »

Je serrais les poings si fort que mes ongles s’enfonçaient dans ma paume. Je fermais les yeux : « Tu as été 10 ans en prison, papa. 10 ans ! Tu ne vas pas risquer de rempiler en imprimant encore des robots et des produits pharmaceutiques, des portables et des chapeaux de mode ? »

Il sourit. « Je ne suis pas stupide, Lanie. J’ai appris la leçon. Aucun portable et aucun chapeau ne vaut la peine d’aller en prison. Je ne vais plus imprimer ces trucs, plus jamais. » Il avait une tasse de thé à la main qu’il sirotait comme si c’était un verre de whisky. Il ferma ses yeux et s’étendit sur la chaise.

« Viens là, Lanie, laisse moi te souffler à l’oreille. Laisse moi te dire ce que j’ai décidé pendant ces 10 ans passés derrière les barreaux. Viens écouter ton stupide papa. »

Je sentis un peu de honte pour l’avoir rabroué. Il avait l’air d’avoir perdu la boule, c’était clair. Dieu seul savait ce qu’on lui avait fait subir à la prison. « Oui, papa ? » dis-je en me penchant vers lui.

« Lanie, je vais imprimer des imprimantes. Des tas d’imprimantes. Une pour chacun. Ça oui, ça vaut la peine d’aller en prison. Ça vaut tout l’or du monde. »




Pas de sexisme chez les Libristes ?

La semaine dernière, nous publiions la traduction L’open source n’est pas une zone de guerre, les hommes ne sont pas tous des connards.

Armony Altinier, fondatrice du groupe accessibilité de l’April et l’une des initiatrices de la soirée Libre Diversité, a souhaité réagir à cet article.

Pas de sexisme chez les Libristes ?

Armony Altinier – Mai 2013

Le Framablog a publié récemment une traduction d’un article intitulé « L’open source n’est pas une zone de guerre, les hommes ne sont pas tous des connards ».

Titre éloquent qu’on a immédiatement envie de compléter en disant : « et les femmes ne sont pas toutes des féministes ». Dont acte, merci pour cette évidence.

Cet article était introduit un peu maladroitement[1] de cette façon : « Un constat sensiblement différent du billet Sexisme chez les geeks : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier de MarLard, qui fit couler beaucoup d’encre récemment dans la blogosphère francophone. »

Qu’en est-il exactement ? Le monde du Libre serait-il un doux rêve échappant à un monde structuré en groupes sociaux dominant d’autres groupes ? Malheureusement, point besoin de statistiques complexes pour se rendre compte que la diversité semble une utopie bien lointaine dans tout événement libriste. L’April, dans une enquête interne basée sur leurs adhérent-e-s, avait même révélé que seuls 6% de ses membres étaient des femmes… Cela signifie-t-il que la majorité des libristes (des hommes donc) sont des connards ? Bien sûr que non !

Non, la très grande majorité des libristes n’est pas sexiste, ils se fichent simplement des inégalités qui existent dans leur communauté.

Prenons une analogie simple pour distinguer les différents types de responsabilité.

Quelqu’un commet un vol : c’est un voleur. Quelqu’un voit un vol se commettre et aide la personne à s’enfuir : ce n’est pas un voleur, c’est un complice parce qu’il a agi pour aider le voleur. Quelqu’un voit un vol être commis et ne réagit pas : ce n’est pas un voleur (auteur de l’acte), ce n’est pas un complice (aucune action directe pour aider), c’est juste quelqu’un qui s’en fiche.

Or, si seule une minorité de libristes est sexiste (avec des actes tels que décrits par MarLard), qu’une part un peu plus importante est complice (en relayant des propos qui minimisent de tels actes par exemple ou en en plaisantant ouvertement), la très grande majorité s’en fiche complètement !

Distinguer sexisme et reproduction sociale du patriarcat

Les mots en -isme comme le racisme ont une signification particulière : ils intègrent une dimension idéologique forte. Cela signifie une implication de l’individu derrière cette croyance.

Dans le cas du racisme par exemple, dont le mot sexisme est inspiré selon Wikipédia, il implique que la personne croit que les êtres humains sont divisés en différentes races dont certaines seraient supérieures à d’autres.

On retrouve cette notion de croyance dans le sexisme, où certaines personnes croient que les hommes en tant que groupe social seraient par nature supérieurs au groupe social des femmes. Ainsi, dire que quelqu’un ou qu’une communauté est sexiste a forcément un côté dénonciateur. Ce qui tend à avoir pour effet une réaction pour « défendre » les personnes accusées de sexisme à titre individuel. Or, mettons-nous à la place des femmes de la communauté Perl auteures du billet de blog traduit sur le Framablog : elles ont de bons copains geeks parmi elles, et elles savent très bien qu’ils ne se sentent pas supérieurs à elle parce que ce sont des hommes. Ils ne sont donc pas sexistes et le crier bien fort est un gage d’amitié et de soutien face à ce qui est considéré, à tort, comme une agression.

Pourtant, ce n’est pas parce que des personnes à l’échelle individuelle ne théorisent pas la supériorité des hommes sur les femmes qu’aucune discrimination n’existe de facto dans notre société. Et en n’agissant pas ou en minimisant ces faits, ces personnes reproduisent une société patriarcale qui est non seulement sexiste, mais qui exclut tout individu qui n’entre pas dans le schéma de perfection associé aux attributs de la virilité version XXIe siècle : force physique (et donc absence de faiblesse ou de handicap), accumulation d’argent, jeunisme, diplômes, position sociale dominante…

Ainsi, je me demande en quoi relayer ce message d’amitié individuel sur le Framablog apporterait un éclairage différent aux propos de MarLard comme il a été dit en introduction ? Car les faits sont incontestables : des communautés libres très homogènes dans leur profil c’est-à-dire très masculines, très blanches, valides, technophiles et j’en passe…

Le Libre, un atout pour le féminisme ?

Le féminisme implique deux choses :

  1. Accepter d’ouvrir les yeux sur la réalité choquante des discriminations
  2. Vouloir prendre une part active pour que les choses changent

Si les mouvements du logiciel et de la culture libres ont bien quelque chose en commun avec les mouvements féministes, c’est leur volonté de modifier l’ordre des choses pour favoriser un écosystème qui libère l’individu. Or, l’ordre établi est celui du patriarcat.

Et si le logiciel libre sortait du pré carré geek pour s’ouvrir à toutes et tous, sans discrimination ? Cela impliquerait de revoir le fonctionnement interne de chaque organisation et de développer un écosystème favorable et ouvert (tiens !) en se souciant de faire de la place à des voix différentes (faire émerger de nouvelles et nouveaux intervenant-e-s par exemple, ce qui suppose de leur faire de la place), à choisir des lieux accessibles à toutes et tous et à investir des lieux différents (pas seulement des repaires de technophiles).

Le slogan du Framablog reprend une phrase du documentaire de Hannu Puttonen Nom de code : Linux : « Ce serait peut-être une des plus grandes opportunités manquées de notre époque si le logiciel libre ne libérait que du code ». Beau défi, n’est-ce pas ? Certain-e-s s’y essaient déjà, et vous ?

Pour aller plus loin, vous pouvez relire un article du Framablog sur les femmes et le logiciel libre.

Notes

[1] Note d’aKa : Je confirme que c’était maladroit.