Khrys’presso du lundi 22 mai 2023

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Ouvrir le code des algorithmes ? — Oui, mais… (1/2)

Voici le premier des deux articles qu’Hubert Guillaud nous fait le plaisir de partager. Sans s’arrêter à la surface de l’actualité, il aborde la transparence du code des algorithmes, qui entraîne un grand nombre de questions épineuses sur lesquelles il s’est documenté pour nous faire part de ses réflexions.


Dans le code source de l’amplification algorithmique : publier le code ne suffit pas !

par Hubert GUILLAUD

Le 31 mars, Twitter a publié une partie du code source qui alimente son fil d’actualité, comme l’a expliqué l’équipe elle-même dans un billet. Ces dizaines de milliers de lignes de code contiennent pourtant peu d’informations nouvelles. Depuis le rachat de l’oiseau bleu par Musk, Twitter a beaucoup changé et ne cesse de se modifier sous les yeux des utilisateurs. La publication du code source d’un système, même partiel, qui a longtemps été l’un des grands enjeux de la transparence, montre ses limites.

un jeune homme montre une ligne d'une explication de l'encodage des algorithmes au rétroprojecteur
« LZW encoding and decoding algorithms overlapped » par nayukim, licence CC BY 2.0.

Publier le code ne suffit pas

Dans un excellent billet de blog, le chercheur Arvind Narayan (sa newsletter mérite également de s’y abonner) explique ce qu’il faut en retenir. Comme ailleurs, les règles ne sont pas claires. Les algorithmes de recommandation utilisent l’apprentissage automatique ce qui fait que la manière de classer les tweets n’est pas directement spécifiée dans le code, mais apprise par des modèles à partir de données de Twitter sur la manière dont les utilisateurs ont réagi aux tweets dans le passé. Twitter ne divulgue ni ces modèles ni les données d’apprentissages, ce qui signifie qu’il n’est pas possible d’exécuter ces modèles. Le code ne permet pas de comprendre pourquoi un tweet est ou n’est pas recommandé à un utilisateur, ni pourquoi certains contenus sont amplifiés ou invisibilisés. C’est toute la limite de la transparence. Ce que résume très bien le journaliste Nicolas Kayser-Bril pour AlgorithmWatch (pertinemment traduit par le framablog) : « Vous ne pouvez pas auditer un code seulement en le lisant. Il faut l’exécuter sur un ordinateur. »

« Ce que Twitter a publié, c’est le code utilisé pour entraîner les modèles, à partir de données appropriées », explique Narayan, ce qui ne permet pas de comprendre les propagations, notamment du fait de l’absence des données. De plus, les modèles pour détecter les tweets qui violent les politiques de Twitter et qui leur donnent des notes de confiance en fonction de ces politiques sont également absentes (afin que les usagers ne puissent pas déjouer le système, comme nous le répètent trop de systèmes rétifs à l’ouverture). Or, ces classements ont des effets de rétrogradation très importants sur la visibilité de ces tweets, sans qu’on puisse savoir quels tweets sont ainsi classés, selon quelles méthodes et surtout avec quelles limites.

La chose la plus importante que Twitter a révélée en publiant son code, c’est la formule qui spécifie comment les différents types d’engagement (likes, retweets, réponses, etc.) sont pondérés les uns par rapport aux autres… Mais cette formule n’est pas vraiment dans le code. Elle est publiée séparément, notamment parce qu’elle n’est pas statique, mais qu’elle doit être modifiée fréquemment.

Sans surprise, le code révèle ainsi que les abonnés à Twitter Blue, ceux qui payent leur abonnement, bénéficient d’une augmentation de leur portée (ce qui n’est pas sans poser un problème de fond, comme le remarque pertinemment sur Twitter, Guillaume Champeau, car cette préférence pourrait mettre ces utilisateurs dans la position d’être annonceurs, puisqu’ils payent pour être mis en avant, sans que l’interface ne le signale clairement, autrement que par la pastille bleue). Reste que le code n’est pas clair sur l’ampleur de cette accélération. Les notes attribuées aux tweets des abonnés Blue sont multipliées par 2 ou 4, mais cela ne signifie pas que leur portée est pareillement multipliée. « Une fois encore, le code ne nous dit pas le genre de choses que nous voudrions savoir », explique Narayan.

Reste que la publication de la formule d’engagement est un événement majeur. Elle permet de saisir le poids des réactions sur un tweet. On constate que la réponse à tweet est bien plus forte que le like ou que le RT. Et la re-réponse de l’utilisateur originel est prédominante, puisque c’est le signe d’une conversation forte. À l’inverse, le fait qu’un lecteur bloque, mute ou se désabonne d’un utilisateur suite à un tweet est un facteur extrêmement pénalisant pour la propagation du tweet.

Tableau du poids attribué en fonction des types d’engagement possibles sur Twitter.

Ces quelques indications permettent néanmoins d’apprendre certaines choses. Par exemple que Twitter ne semble pas utiliser de prédictions d’actions implicites (comme lorsqu’on s’arrête de faire défiler son fil), ce qui permet d’éviter l’amplification du contenu trash que les gens ne peuvent s’empêcher de regarder, même s’ils ne s’y engagent pas. La formule nous apprend que les retours négatifs ont un poids très élevé, ce qui permet d’améliorer son flux en montrant à l’algorithme ce dont vous ne voulez pas – même si les plateformes devraient permettre des contrôles plus explicites pour les utilisateurs. Enfin, ces poids ont des valeurs souvent précises, ce qui signifie que ce tableau n’est valable qu’à l’instant de la publication et qu’il ne sera utile que si Twitter le met à jour.

Les algorithmes de recommandation qui optimisent l’engagement suivent des modèles assez proches. La publication du code n’est donc pas très révélatrice. Trois éléments sont surtout importants, insiste le chercheur :

« Le premier est la manière dont les algorithmes sont configurés : les signaux utilisés comme entrée, la manière dont l’engagement est défini, etc. Ces informations doivent être considérées comme un élément essentiel de la transparence et peuvent être publiées indépendamment du code. La seconde concerne les modèles d’apprentissage automatique qui, malheureusement, ne peuvent généralement pas être divulgués pour des raisons de protection de la vie privée. Le troisième est la boucle de rétroaction entre les utilisateurs et l’algorithme ».

Autant d’éléments qui demandent des recherches, des expériences et du temps pour en comprendre les limites.

Si la transparence n’est pas une fin en soi, elle reste un moyen de construire un meilleur internet en améliorant la responsabilité envers les utilisateurs, rappelle l’ingénieur Gabriel Nicholas pour le Center for Democracy & Technology. Il souligne néanmoins que la publication d’une partie du code source de Twitter ne contrebalance pas la fermeture du Consortium de recherche sur la modération, ni celle des rapports de transparence relatives aux demandes de retraits des autorités ni celle de l’accès à son API pour chercheurs, devenue extrêmement coûteuse.

« Twitter n’a pas exactement ’ouvert son algorithme’ comme certains l’ont dit. Le code est lourdement expurgé et il manque plusieurs fichiers de configuration, ce qui signifie qu’il est pratiquement impossible pour un chercheur indépendant d’exécuter l’algorithme sur des échantillons ou de le tester d’une autre manière. Le code publié n’est en outre qu’un instantané du système de recommandation de Twitter et n’est pas réellement connecté au code en cours d’exécution sur ses serveurs. Cela signifie que Twitter peut apporter des modifications à son code de production et ne pas l’inclure dans son référentiel public, ou apporter des modifications au référentiel public qui ne sont pas reflétées dans son code de production. »

L’algorithme publié par Twitter est principalement son système de recommandation. Il se décompose en 3 parties, explique encore Nicholas :

  • Un système de génération de contenus candidats. Ici, Twitter sélectionne 1500 tweets susceptibles d’intéresser un utilisateur en prédisant la probabilité que l’utilisateur s’engage dans certaines actions pour chaque tweet (c’est-à-dire qu’il RT ou like par exemple).
  • Un système de classement. Une fois que les 1 500 tweets susceptibles d’être servis sont sélectionnés, ils sont notés en fonction de la probabilité des actions d’engagement, certaines actions étant pondérées plus fortement que d’autres. Les tweets les mieux notés apparaîtront généralement plus haut dans le fil d’actualité de l’utilisateur.
  • Un système de filtrage. Les tweets ne sont pas classés strictement en fonction de leur score. Des heuristiques et des filtres sont appliqués pour, par exemple, éviter d’afficher plusieurs tweets du même auteur ou pour déclasser les tweets d’auteurs que l’utilisateur a déjà signalés pour violation de la politique du site.

Le score final est calculé en additionnant la probabilité de chaque action multipliée par son poids (en prenant certainement en compte la rareté ou la fréquence d’action, le fait de répondre à un tweet étant moins fréquent que de lui attribuer un like). Mais Twitter n’a pas publié la probabilité de base de chacune de ces actions ce qui rend impossible de déterminer l’importance de chacune d’elles dans les recommandations qui lui sont servies.

Twitter a également révélé quelques informations sur les autres facteurs qu’il prend en compte en plus du classement total d’un tweet. Par exemple, en équilibrant les recommandations des personnes que vous suivez avec celles que vous ne suivez pas, en évitant de recommander les tweets d’un même auteur ou en donnant une forte prime aux utilisateurs payants de Twitter Blue.

Il y a aussi beaucoup de code que Twitter n’a pas partagé. Il n’a pas divulgué beaucoup d’informations sur l’algorithme de génération des tweets candidats au classement ni sur ses paramètres et ses données d’entraînement. Twitter n’a pas non plus explicitement partagé ses algorithmes de confiance et de sécurité pour détecter des éléments tels que les abus, la toxicité ou les contenus pour adultes, afin d’empêcher les gens de trouver des solutions de contournement, bien qu’il ait publié certaines des catégories de contenu qu’il signale.

 

graphe des relations entre comptes twitter, tr-s nombreux traits bleus entre minuscules avatars de comptes, le tout donne une impression d'inextricable comlexité
« 20120212-NodeXL-Twitter-socbiz network graph » par Marc_Smith; licence CC BY 2.0.

 

Pour Gabriel Nicholas, la transparence de Twitter serait plus utile si Twitter avait maintenu ouverts ses outils aux chercheurs. Ce n’est pas le cas.

Il y a plein d’autres points que l’ouverture de l’algorithme de Twitter a documentés. Par exemple, l’existence d’un Tweepcred, un score qui classe les utilisateurs et qui permet de voir ses publications boostées si votre score est bon, comme l’expliquait Numerama. Ou encore le fait que chaque compte est clustérisé dans un groupe aux profils similaires dans lequel les tweets sont d’abord diffusés avant d’être envoyés plus largement s’ils rencontrent un premier succès… De même, il semblerait qu’il y ait certaines catégories d’utilisateurs spéciaux (dont une catégorie relative à Elon Musk) mais qui servent peut-être plus certaines statistiques qu’à doper la portée de certains comptes comme on l’a entendu (même s’il semble bien y avoir une catégorie VIP sur Twitter – comme il y a sur Facebook un statut d’exception à la modération)…

Ouvrir, mais ouvrir quoi ?

En conclusion de son article, Narayan pointe vers un très intéressant article qui dresse une liste d’options de transparence pour ceux qui produisent des systèmes de recommandation, publiée par les chercheurs Priyanjana Bengani, Jonathan Stray et Luke Thorburn. Ils rappellent que les plateformes ont mis en place des mesures de transparence, allant de publications statistiques à des interfaces de programmation, en passant par des outils et des ensembles de données protégés. Mais ces mesures, très techniques, restent insuffisantes pour comprendre les algorithmes de recommandation et leur influence sur la société. Une grande partie de cette résistance à la transparence ne tient pas tant aux risques commerciaux qui pourraient être révélés qu’à éviter l’embarras d’avoir à se justifier de choix qui ne le sont pas toujours. D’une manière très pragmatique, les trois chercheurs proposent un menu d’actions pour améliorer la transparence et l’explicabilité des systèmes.

Documenter
L’un des premiers outils, et le plus simple, reste la documentation qui consiste à expliquer en termes clairs – selon différentes échelles et niveaux, me semble-t-il – ce qui est activé par une fonction. Pour les utilisateurs, c’est le cas du bouton « Pourquoi je vois ce message » de Facebook ou du panneau « Fréquemment achetés ensemble » d’Amazon. L’idée ici est de fourbir un « compte rendu honnête ». Pour les plus évoluées de ces interfaces, elles devraient permettre non seulement d’informer et d’expliquer pourquoi on nous recommande ce contenu, mais également, permettre de rectifier et mieux contrôler son expérience en ligne, c’est-à-dire d’avoir des leviers d’actions sur la recommandation.

Une autre forme de documentation est celle sur le fonctionnement général du système et ses décisions de classement, à l’image des rapports de transparence sur les questions de sécurité et d’intégrité que doivent produire la plupart des plateformes (voir celui de Google, par exemple). Cette documentation devrait intégrer des informations sur la conception des algorithmes, ce que les plateformes priorisent, minimisent et retirent, si elles donnent des priorités et à qui, tenir le journal des modifications, des nouvelles fonctionnalités, des changements de politiques. La documentation doit apporter une information solide et loyale, mais elle reste souvent insuffisante.

Les données
Pour comprendre ce qu’il se passe sur une plateforme, il est nécessaire d’obtenir des données. Twitter ou Facebook en ont publié (accessibles sous condition de recherche, ici pour Twitter,  pour Facebook). Une autre approche consiste à ouvrir des interfaces de programmation, à l’image de CrowdTangle de Facebook ou de l’API de Twitter. Depuis le scandale Cambridge Analytica, l’accès aux données est souvent devenu plus difficile, la protection de la vie privée servant parfois d’excuse aux plateformes pour éviter d’avoir à divulguer leurs pratiques. L’accès aux données, même pour la recherche, s’est beaucoup refermé ces dernières années. Les plateformes publient moins de données et CrowdTangle propose des accès toujours plus sélectifs. Chercheurs et journalistes ont été contraints de développer leurs propres outils, comme des extensions de navigateurs permettant aux utilisateurs de faire don de leurs données (à l’image du Citizen Browser de The Markup) ou des simulations automatisées (à l’image de l’analyse robotique de TikTok produite par le Wall Street Journal), que les plateformes ont plutôt eu tendance à bloquer en déniant les résultats obtenus sous prétexte d’incomplétude – ce qui est justement le problème que l’ouverture de données cherche à adresser.

Le code
L’ouverture du code des systèmes de recommandation pourrait être utile, mais elle ne suffit pas, d’abord parce que dans les systèmes de recommandation, il n’y a pas un algorithme unique. Nous sommes face à des ensembles complexes et enchevêtrés où « différents modèles d’apprentissage automatique formés sur différents ensembles de données remplissent diverses fonctions ». Même le classement ou le modèle de valeur pour déterminer le score n’explique pas tout. Ainsi, « le poids élevé sur un contenu d’un type particulier ne signifie pas nécessairement qu’un utilisateur le verra beaucoup, car l’exposition dépend de nombreux autres facteurs, notamment la quantité de ce type de contenu produite par d’autres utilisateurs. »

Peu de plateformes offrent une grande transparence au niveau du code source. Reddit a publié en 2008 son code source, mais a cessé de le mettre à jour. En l’absence de mesures de transparence, comprendre les systèmes nécessite d’écluser le travail des journalistes, des militants et des chercheurs pour tenter d’en obtenir un aperçu toujours incomplet.

La recherche
Les plateformes mènent en permanence une multitude de projets de recherche internes voire externes et testent différentes approches pour leurs systèmes de recommandation. Certains des résultats finissent par être accessibles dans des revues ou des articles soumis à des conférences ou via des fuites d’informations. Quelques efforts de partenariats entre la recherche et les plateformes ont été faits, qui restent embryonnaires et ne visent pas la transparence, mais qui offrent la possibilité à des chercheurs de mener des expériences et donc permettent de répondre à des questions de nature causale, qui ne peuvent pas être résolues uniquement par l’accès aux données.

Enfin, les audits peuvent être considérés comme un type particulier de recherche. À l’heure actuelle, il n’existe pas de bons exemples d’audits de systèmes de recommandation menés à bien. Reste que le Digital Service Act (DSA) européen autorise les audits externes, qu’ils soient lancés par l’entreprise ou dans le cadre d’une surveillance réglementaire, avec des accès élargis par rapport à ceux autorisés pour l’instant. Le DSA exige des évaluations sur le public mineur, sur la sécurité, la santé, les processus électoraux… mais ne précise ni comment ces audits doivent être réalisés ni selon quelles normes. Des méthodes spécifiques ont été avancées pour contrôler la discrimination, la polarisation et l’amplification dans les systèmes de recommandation.

En principe, on pourrait évaluer n’importe quel préjudice par des audits. Ceux-ci visent à vérifier si « la conception et le fonctionnement d’un système de recommandation respectent les meilleures pratiques et si l’entreprise fait ce qu’elle dit qu’elle fait. S’ils sont bien réalisés, les audits pourraient offrir la plupart des avantages d’un code source ouvert et d’un accès aux données des utilisateurs, sans qu’il soit nécessaire de les rendre publics. » Reste qu’il est peu probable que les audits imposés par la surveillance réglementaire couvrent tous les domaines qui préoccupent ceux qui sont confrontés aux effets des outils de recommandations.

Autres moteurs de transparence : la gouvernance et les calculs

Les chercheurs concluent en soulignant qu’il existe donc une gamme d’outils à disposition, mais qu’elle manque de règles et de bonnes pratiques partagées. Face aux obligations de transparence et de contrôles qui arrivent (pour les plus gros acteurs d’abord, mais parions que demain, elles concerneront bien d’autres acteurs), les entreprises peinent à se mettre en ordre de marche pour proposer des outillages et des productions dans ces différents secteurs qui leur permettent à la fois de se mettre en conformité et de faire progresser leurs outils. Ainsi, par exemple, dans le domaine des données, documenter les jeux et les champs de données, à défaut de publier les jeux de données, pourrait déjà permettre un net progrès. Dans le domaine de la documentation, les cartes et les registres permettent également d’expliquer ce que les calculs opèrent (en documentant par exemple leurs marges d’erreurs).

Reste que l’approche très technique que mobilisent les chercheurs oublie quelques leviers supplémentaires. Je pense notamment aux conseils de surveillance, aux conseils éthiques, aux conseils scientifiques, en passant par les organismes de contrôle indépendants, aux comités participatifs ou consultatifs d’utilisateurs… à tous les outils institutionnels, participatifs ou militants qui permettent de remettre les parties prenantes dans le contrôle des décisions que les systèmes prennent. Dans la lutte contre l’opacité des décisions, tous les leviers de gouvernance sont bons à prendre. Et ceux-ci sont de très bons moyens pour faire pression sur la transparence, comme l’expliquait très pertinemment David Robinson dans son livre Voices in the Code.

Un autre levier me semble absent de nombre de propositions… Alors qu’on ne parle que de rendre les calculs transparents, ceux-ci sont toujours absents des discussions. Or, les règles de traitements sont souvent particulièrement efficaces pour améliorer les choses. Il me semble qu’on peut esquisser au moins deux moyens pour rendre les calculs plus transparents et responsables : la minimisation et les interdictions.

La minimisation vise à rappeler qu’un bon calcul ne démultiplie pas nécessairement les critères pris en compte. Quand on regarde les calculs, bien souvent, on est stupéfait d’y trouver des critères qui ne devraient pas être pris en compte, qui n’ont pas de fondements autres que d’être rendus possibles par le calcul. Du risque de récidive au score de risque de fraude à la CAF, en passant par l’attribution de greffes ou aux systèmes de calculs des droits sociaux, on trouve toujours des éléments qui apprécient le calcul alors qu’ils n’ont aucune justification ou pertinence autres que d’être rendu possibles par le calcul ou les données. C’est le cas par exemple du questionnaire qui alimente le calcul de risque de récidive aux Etats-Unis, qui repose sur beaucoup de questions problématiques. Ou de celui du risque de fraude à la CAF, dont les anciennes versions au moins (on ne sait pas pour la plus récente) prenaient en compte par exemple le nombre de fois où les bénéficiaires se connectaient à leur espace en ligne (sur cette question, suivez les travaux de la Quadrature et de Changer de Cap). La minimisation, c’est aussi, comme l’explique l’ex-chercheur de chez Google, El Mahdi El Mhamdi, dans une excellente interview, limiter le nombre de paramètres pris en compte par les calculs et limiter l’hétérogénéité des données.

L’interdiction, elle, vise à déterminer que certains croisements ne devraient pas être autorisés, par exemple, la prise en compte des primes dans les logiciels qui calculent les données d’agenda du personnel, comme semble le faire le logiciel Orion mis en place par la Sncf, ou Isabel, le logiciel RH que Bol.com utilise pour gérer la main-d’œuvre étrangère dans ses entrepôts de logistique néerlandais. Ou encore, comme le soulignait Narayan, le temps passé sur les contenus sur un réseau social par exemple, ou l’analyse de l’émotion dans les systèmes de recrutement (et ailleurs, tant cette technologie pose problème). A l’heure où tous les calculs sont possibles, il va être pertinent de rappeler que selon les secteurs, certains croisements doivent rester interdits parce qu’ils sont trop à risque pour être mobilisés dans le calcul ou que certains calculs ne peuvent être autorisés.

Priyanjana Bengani, Jonathan Stray et Luke Thorburn, pour en revenir à eux, notent enfin que l’exigence de transparence reste formulée en termes très généraux par les autorités réglementaires. Dans des systèmes vastes et complexes, il est difficile de savoir ce que doit signifier réellement la transparence. Pour ma part, je milite pour une transparence “projective”, active, qui permette de se projeter dans les explications, c’est-à-dire de saisir ses effets et dépasser le simple caractère narratif d’une explication loyale, mais bien de pouvoir agir et reprendre la main sur les calculs.

Coincés dans les boucles de l’amplification

Plus récemment, les trois mêmes chercheurs, passé leur article séminal, ont continué à documenter leur réflexion. Ainsi, dans « Rendre l’amplification mesurable », ils expliquent que l’amplification est souvent bien mal définie (notamment juridiquement, ils ont consacré un article entier à la question)… mais proposent d’améliorer les propriétés permettant de la définir. Ils rappellent d’abord que l’amplification est relative, elle consiste à introduire un changement par rapport à un calcul alternatif ou précédent qui va avoir un effet sans que le comportement de l’utilisateur n’ait été, lui, modifié.

L’amplification agit d’abord sur un contenu et nécessite de répondre à la question de savoir ce qui a été amplifié. Mais même dire que les fake news sont amplifiées n’est pas si simple, à défaut d’avoir une définition précise et commune des fake news qui nécessite de comprendre les classifications opérées. Ensuite, l’amplification se mesure par rapport à un point de référence précédent qui est rarement précisé. Enfin, quand l’amplification atteint son but, elle produit un résultat qui se voit dans les résultats liés à l’engagement (le nombre de fois où le contenu a été apprécié ou partagé) mais surtout ceux liés aux impressions (le nombre de fois où le contenu a été vu). Enfin, il faut saisir ce qui relève de l’algorithme et du comportement de l’utilisateur. Si les messages d’un parti politique reçoivent un nombre relativement important d’impressions, est-ce parce que l’algorithme est biaisé en faveur du parti politique en question ou parce que les gens ont tendance à s’engager davantage avec le contenu de ce parti ? Le problème, bien sûr, est de distinguer l’un de l’autre d’une manière claire, alors qu’une modification de l’algorithme entraîne également une modification du comportement de l’utilisateur. En fait, cela ne signifie pas que c’est impossible, mais que c’est difficile, expliquent les chercheurs. Cela nécessite un système d’évaluation de l’efficacité de l’algorithme et beaucoup de tests A/B pour comparer les effets des évolutions du calcul. Enfin, estiment-ils, il faut regarder les effets à long terme, car les changements dans le calcul prennent du temps à se diffuser et impliquent en retour des réactions des utilisateurs à ces changements, qui s’adaptent et réagissent aux transformations.

Dans un autre article, ils reviennent sur la difficulté à caractériser l’effet bulle de filtre des médias sociaux, notamment du fait de conceptions élastiques du phénomène. S’il y a bien des boucles de rétroaction, leur ampleur est très discutée et dépend beaucoup du contexte. Ils en appellent là encore à des mesures plus précises des phénomènes. Certes, ce que l’on fait sur les réseaux sociaux influe sur ce qui est montré, mais il est plus difficile de démontrer que ce qui est montré affecte ce que l’on pense. Il est probable que les effets médiatiques des recommandations soient faibles pour la plupart des gens et la plupart du temps, mais beaucoup plus importants pour quelques individus ou sous-groupes relativement à certaines questions ou enjeux. De plus, il est probable que changer nos façons de penser ne résulte pas d’une exposition ponctuelle, mais d’une exposition à des récits et des thèmes récurrents, cumulatifs et à long terme. Enfin, si les gens ont tendance à s’intéresser davantage à l’information si elle est cohérente avec leur pensée existante, il reste à savoir si ce que l’on pense affecte ce à quoi l’on s’engage. Mais cela est plus difficile à mesurer car cela suppose de savoir ce que les gens pensent et pas seulement constater leurs comportements en ligne. En général, les études montrent plutôt que l’exposition sélective a peu d’effets. Il est probable cependant que là encore, l’exposition sélective soit faible en moyenne, mais plus forte pour certains sous-groupes de personnes en fonction des contextes, des types d’informations.

Bref, là encore, les effets des réseaux sociaux sont difficiles à percer.

Pour comprendre les effets de l’amplification algorithmique, peut-être faut-il aller plus avant dans la compréhension que nous avons des évolutions de celle-ci, afin de mieux saisir ce que nous voulons vraiment savoir. C’est ce que nous tenterons de faire dans la suite de cet article…




Khrys’presso du lundi 15 mai 2023

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  • Les manifestants souhaitent-ils tuer des policiers comme l’affirme Gérald Darmanin ? (lundi.am)

    il semblerait que de nos jours, on ne manifeste plus pour manifester, ni même pour casser, mais pour tuer. […] Notons que ces extrapolations de langage se tiennent dans un pays où l’on ne doit plus dire que « la police tue » et où il est communément défendu que des armes policières tirant des projectiles à 350km/h sont “non-létales”. “La guerre c’est la paix”.

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Spécial Foutons le Zbeul

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Les autres lectures de la semaine

  • Guadeloupe Mai 67. Massacrer et laisser mourir (lundi.am)

    Les 26 et 27 mai 1967, les soi-disant « forces de l’ordre » ouvrirent le feu avec leurs armes de guerre sur des foules désarmées qui manifestaient dans les rues de Pointe-à-Pitre. Aujourd’hui, on ne connaît toujours pas précisément le nombre de personnes que tuèrent les gendarmes mobiles durant ces deux journées […] La question qui se pose vraiment est plus l’aveu, ou la reconnaissance, d’un crime d’État commis à l’encontre de la population civile de Guadeloupe que du nombre des morts. Mai 67 n’ayant pas été […] une “faute” […] mais bien l’aboutissement d’une volonté exprimée dans toute la chaîne de responsabilités de l’État, du département au plus haut niveau gouvernemental, de régler de façon radicale toute velléité de séparatisme par une leçon durable

  • Sous le sable, le capitalisme (contretemps.eu)
  • Du Rwanda à la Chine : enquête sur l’odyssée sanglante de la fabrication des smartphones (humanite.fr)

    Cet outil “indispensable” dans le quotidien de milliards de personnes porte en lui l’histoire d’une surexploitation des ressources naturelles et de l’esclavage moderne.

  • Will A.I. Become the New McKinsey? (newyorker.com)
  • AI machines aren’t ‘hallucinating’. But their makers are (theguardian.com)

    why call the errors “hallucinations” at all? Why not algorithmic junk? Or glitches? […] By appropriating a word commonly used in psychology, psychedelics and various forms of mysticism, AI’s boosters, while acknowledging the fallibility of their machines, are simultaneously feeding the sector’s most cherished mythology

  • Le contrat moral (grenoble.ninja)

    Équilibrer l’ouverture et les revenus : naviguer dans le contrat moral dans le monde en évolution du logiciel libre.

  • As Platforms Decay, Let’s Put Users First (eff.org)
  • La mort du char (lapresse.ca)

    L’automobile est la cigarette de la prochaine décennie. On roule partout comme on fumait partout. Ça achève. Dans les villes, il y aura des sections autos, comme il y avait des sections fumeurs. Qui rétréciront jusqu’à disparaître. Pour le bien de tous. Il faut en faire notre deuil.

  • Alternatives : « Finissons-en avec l’idée que seul le capitalisme serait efficace » (reporterre.net)
  • Mouvements préfiguratifs (golb.statium.link)

    Lorsque le ministre de l’Intérieur français déclare avec conviction début avril 2023 que « plus aucune ZAD ne s’installera dans notre pays » (version polie de « pas d’ça chez nous »), il est important d’en saisir le sens. […] ce que portent en elles les politiques préfiguratives est éminemment dangereux pour le pouvoir en place : la démonstration en acte d’une autre vision du monde possible.

  • Penser et agir depuis la subsistance : une perspective écofeministe (terrestres.org)

    Dès les années 1970, Maria Mies et Veronika Bennholdt analysent l’industrialisation comme un vaste processus de destruction de la subsistance. […] elles relient colonialisme, domination de la nature et des femmes. Ce faisant, elles nous aident à mieux comprendre la domination capitaliste et patriarcale et ouvrent des voies politiques fécondes.

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Khrys’presso du lundi 8 mai 2023

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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Spécial femmes dans le monde

  • Le sport toujours machiste (humanite.fr)

    La semaine dernière, Kirsten Neuschäfer est devenue la première femme à remporter le Golden Race, course de voile en solitaire autour du monde sans escale, ni assistance électronique ou humaine ; le tout après avoir secouru un de ses concurrents. Cette victoire est l’occasion de rappeler la bataille du “deuxième sexe” pour se faire une place dans le sport.

  • How a Tarahumara woman won a Mexican ultramarathon in sandals (english.elpais.com – article de 2017)

Spécial France

Spécial médias et pouvoir

  • Grenade assourdissante : 3 vertèbres brisées pour un gendarme le 1er mai (contre-attaque.net)

    1er Mai à Paris. La vidéo avait d’abord été diffusée sur BFM TV : une explosion énorme au niveau de la tête d’un gendarme. Il s’effondre immédiatement malgré son équipement. La chaîne de télé affirme alors en direct : «un policier s’écroule victime d’un jet de projectile». Un commentateur ajoute «il s’agit d’un engin explosif». Puis plus rien. En effet, de nombreux internautes ont mis la vidéo au ralenti, et remarqué qu’en fait d’engin explosif, on voit distinctement une grenade mal lancée par un gendarme situé derrière la première ligne qui tombe à l’arrière du casque de l’agent blessé, et explose. Un lancer non seulement raté, mais totalement illégal, puisqu’il est effectué en cloche, au lieu d’être au raz du sol. […] la gendarmerie est très gênée. Elle minimise : il «souffre de douleurs dorsales» et «son état de santé est en cours d’évaluation». En réalité, Libération révèle que le gendarme souffre de plusieurs vertèbres cassées et qu’il présente un large hématome. […] Bizarrement, le monde médiatique est très discret sur cette blessure gravissime. Surtout en comparaison du policier «brûlé au deuxième degré» – donc sans séquelles importantes – par un cocktail Molotov dont les images sont diffusées sans cesse depuis lundi. Ici, un gendarme a failli mourir à cause d’une grenade de son collègue.

  • Un 1er Mai de violence journalistique (telerama.fr)

    Des heures d’images et d’analyses le prouvent : sur les chaînes info, le 1er Mai a été marqué par les violences, des manifestants, ça va sans dire. Jean-Michel Aphatie s’en plaint sur LCI et proclame que, pour tirer les leçons de cette journée, rien ne vaut la hauteur de vue de Marine Le Pen.

  • “Quelle époque !” : “J’arrive pas à rire”, tranche Corinne Masiero (rtl.fr)

    “Comment on peut ne pas être en colère avec tout ce qui se passe ? C’est délirant”, a-t-elle déploré, précisant s’être faite “gazer sur un pont” lors d’une “manif sauvage” le soir de l’annonce de la décision du Conseil constitutionnel sur le texte de loi, depuis promulgué. Et de conclure sur le sujet, mise au défi de citer trois qualités d’Emmanuel Macron : “La démission, la démission et la démission”.

Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

  • Macron ce lundi 8 mai à Lyon : la CGT dépose un recours contre l’interdiction de manifester (liberation.fr)

    Est-il encore possible d’interpeller le Président

  • Réforme des retraites : ne pas perdre le combat (liberation.fr)

    D’après les chiffres du ministère de l’intérieur comme d’après ceux des organisateurs, les manifestations ont réuni sept à dix fois plus de monde que l’année dernière. […] Ébahis, les syndicalistes de pays étrangers, invités de la CGT, regardaient un peuple mener un combat qu’eux-mêmes avaient déjà oublié. «On espère que vous n’allez pas perdre car cela risque d’avoir des conséquences dans tous les pays européens qui prendront exemple sur vous»

  • « Je ne peux pas fermer les yeux sur l’ac­tua­lité »: Soprano apporte son soutien aux grévistes en plein concert (bfmtv.com)

    L’artiste qui se produisait samedi soir au Stade de France, a marqué une pause lors de son show pour rendre hommage “à ceux qui sont dans la rue et qui se battent pour défendre leurs droits”. […] Depuis le début des manifestations contre la réforme des retraites en France, de nombreuses personnalités ont pris position ces derniers mois pour soutenir la mobilisation: les actrices Adèle Haenel Corinne Masiero, Laure Calamy et même la comédienne américaine Marcia Cross ou encore la romancière prix Nobel de littérature Annie Ernaux qui a signé une tribune publiée dans l’hebdomadaire Politis. Début avril, plusieurs rappeurs tels que Médine, Hatik ou Sniper ont également participé à un concert en soutien aux grévistes, organisé par le collectif la Familiale à Pantin. Toutes les recettes de ce show, estimées à plus de 5000 euros, ont été reversées à une caisse de grève.

  • Quand ils sont venus chercher les éditeurs… (blogs.mediapart.fr)

    Une législation anti-terroriste britannique a permis d’arrêter à Londres un représentant français d’une maison d’édition de gauche, La Fabrique. […] L’État s’en prend aux livres, et donc à la liberté d’opinion. Au nom de la démocratie, l’anti-terrorisme devient une arme contre la démocratie. Demain, à qui le tour? Il y a quelque chose de pourri dans le royaume d’Emmanuel Macron.

    Voir aussi Les habits neufs de la censure (lafabrique.fr)

    Nous réclamons la levée des poursuites contre Ernest et la restitution de son matériel. Nous exigeons la vérité de la part du gouvernement français sur cette affaire et en particulier sur son implication et ses intentions. Il faut d’urgence mettre en échec le pouvoir macronien, qui semble déterminé à enterrer toutes nos libertés les unes après les autres.

  • Pour une agriculture paysanne près de Paris, défendons la zad de Saclay (reporterre.net)

    le Collectif contre la ligne 18 appelle à la mobilisation les 13 et 14 mai contre les menaces d’expulsion de la zad de « Zaclay ». Objectif : s’opposer à l’artificialisation de terres agricoles au sud de Paris.

  • Des militant·es écologistes taguent la Fondation Louis Vuitton à Paris (francetvinfo.fr)

    La façade de la Fondation Louis Vuitton à Paris a été recouverte de peinture lundi matin, a appris l’AFP auprès de l’organisation environnementale Extinction Rebellion qui a revendiqué cette action, pour dénoncer notamment “l’optimisation fiscale” du groupe LVMH.

  • Faites comme moi, devenez involontaire pour les JOP 2024 ! (paris-luttes.info)

Spécial outils de résistance

Spécial Foutons le Zbeul

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

  • Réguler l’IA générative ? (hubertguillaud.wordpress.com)
  • Le capitalisme déchaîné (legrandcontinent.eu) la démocratie ne vient pas avec le capitalisme — le capitalisme la détruit même souvent.
  • L’ordre policier (laviedesidees.fr)

    Que fait la police ? Selon Paul Rocher, elle n’empêche nullement le crime et n’assure pas la sécurité publique. Quant au manque de moyen, ce n’est qu’un mythe. Apparue avec le capitalisme, elle maintient l’ordre établi ; mais un autre ordre est possible.

  • De l’utilité des super-vilains pour entacher les justes causes (humanite.fr)

    Anticolonialistes, écologistes, anticapitalistes… C’est bien connu, les meilleurs méchants ont un bon fond ! Mais en les présentant comme de dangereux ultraviolents, Hollywood délégitime surtout leurs luttes. […] « Dès qu’il est question d’émancipation collective, Marvel vient suggérer que ceux qui souhaitent ça sont des gens violents »

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les trucs chouettes de la semaine

Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

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Khrys’presso du lundi 1er mai 2023

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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Brave New World

Spécial femmes dans le monde

  • Le Japon s’avance vers la légalisation de la pilule abortive (humanite.fr)

    C’est un petit pas dans un archipel ultra-conservateur, où le patriarcat règne en maître. Le 21 avril, le Conseil pharmaceutique du ministère de la Santé japonais a décidé d’autoriser la mise sur le marché de la pilule abortive MeFeego, mise au point en 1982. L’approbation du gouvernement devrait suivre. En juin 2022, le Parlement autorisait le principe de l’IVG médicamenteuse. Jusqu’alors, seuls les avortements par voie chirurgicale à des prix prohibitifs (entre 700 et 1 400 euros) et la « pilule du lendemain » étaient autorisés. […] Légalement, l’avortement demeure interdit, sauf en cas de mise en danger de la santé des femmes ou de viol. Dans le cadre d’un mariage, l’époux doit donner son consentement.

  • IVG aux Etats-Unis : au tour du Dakota du Nord d’interdire presque totalement l’avortement (liberation.fr)

    Une nouvelle loi signée lundi 24 avril par le gouverneur interdit tout avortement dès la conception avec quelques exceptions.

  • Procès de Trump : « Trump m’a violée », accuse E. Jean Carroll face au tribunal (huffingtonpost.fr)

    Donald Trump l’a agressée au milieu des années 1990, dans une cabine d’essayage du grand magasin de luxe new yorkais Bergdorf Goodman.

Spécial France

Spécial femmes en France

Spécial médias et pouvoir

  • “Quelques timides sifflets” (contre-attaque.net)

    – 3000 CRS
    – 1400 stadiers
    – Des grilles avec des pics
    – Des drones
    – Cartons rouges et sifflets confisqués
    – Macron qui reste caché dans les vestiaires
    – Les images du président diffusées à la télé mais pas sur les écrans géants du stade pour éviter les huées
    – La remise des médailles et la coupe de France qui ont lieu dans les tribunes sans être diffusées sur les écrans…
    Toute la presse ce dimanche : «tout s’est bien passé», «quelques timides sifflets», «le président n’est pas si impopulaire».

  • Qui se cache derrière BFM ? (contre-attaque.net)

    À l’antenne sur BFM le mardi 25 avril, un montage aussi ridicule qu’inquiétant. «Qui se cache derrière les casseroles ?» interroge la chaîne, avec un journaliste qui commente une infographie montrant les logos de différents syndicats, de partis politiques et d’associations de gauche, et un encadré mentionnant «anarchistes» et «antifascites». Ce traitement de BFM est drôle et inquiétant à la fois. Comme si les mobilisations sociales étaient des structures qui se «cachaient» dans une semi-clandestinité pour organiser… des casserolades ! Le vocabulaire n’est pas choisi au hasard, et participe de la construction de l’ennemi intérieur. Derrière cette infographie, c’est le spectre de ce que l’État bourgeois veut réprimer, de l’anticapitalisme à ATTAC. Vous ne verrez jamais un tel traitement sur l’extrême droite et ses ramifications jusqu’au sommet du pouvoir.

  • Retraites. Quand les « intellectuels de garde » lâchent Macron (humanite.fr)
  • Transformer les médias, premières mesures (acrimed.org)
  • Face à la concentration des médias, quelle régulation ? Épisode 1, Épisode 2 et Épisode 3 (humanite.fr)

Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

Spécial outils de résistance

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Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

  • L’ordre républicain d’Emmanuel Macron (aoc.media)

    Dans les dernières semaines, Emmanuel Macron et ses ministres ont sciemment franchi trois lignes rouges devant lesquelles ses prédécesseurs s’étaient arrêtés. Ils ont d’abord imposé une loi que la Chambre n’avait pas votée et dont l’impopularité était manifeste. Ils ont ensuite apporté leur appui inconditionnel aux formes les plus violentes de la répression policière. Ils ont enfin, pour répondre aux critiques de la Ligue des Droits de l’Homme, laissé entendre que les associations d’intérêt public pouvaient voir leurs subventions supprimées si elles émettaient des réserves sur l’action gouvernementale. De toute évidence, ces trois franchissements font système et permettent de voir assez précisément la nature du pouvoir qui nous gouverne. […] L’État réduit à sa plus simple expression n’est pas l’État gestionnaire, c’est l’État policier.

  • Violences (aoc.media)

    « Je réprime le terme de violences policières. » Terrible lapsus de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, sur l’antenne de France Inter le 17 avril. Car nier les violences policières, c’est nier ceux qui en ont été victimes. C’est tenter d’effacer par les mots les conséquences de ses propres gestes. C’est se retrancher de sa propre humanité en voilant celle de l’autre. Ce que nous vivons en France aujourd’hui, c’est l’expression absolue d’un pouvoir pathologique.

  • Cet enfant est dangereux (blogs.mediapart.fr)

    La France est bel et bien en train de rejoindre le camp des démocraties dites « illibérales », au même titre que la Hongrie, la Pologne, Israël, l’Inde et bien d’autres pays, et cela était inscrit dans l’équation même du macronisme.

  • Être à la hauteur du moment (melenchon.fr)

    nous sommes entrés dans une nouvelle phase. Elle est éruptive. C’est la phase « destituante » dans le processus de la révolution citoyenne. Toute autorité est mise en cause. C’est ce que montre chaque sortie du Président et des Ministres. […] Macron a cru se rendre maître des horloges en fixant ce ridicule délai de « cent jours » […] Cent jours ! Quelle idée ! Tous les symboles convoqués se retournent contre lui. « Cent jours » dans l’histoire de France, c’est Napoléon et ça se conclut à Waterloo […] C’est du même niveau que le discours raté de De Gaulle avant sa disparition à Baden-Baden. Mais n’est pas De Gaulle qui veut.

  • Krach symbolique (blog.mondediplo.net)

    Un pilier de l’ordre symbolique tombe et c’est un grand fracas. Le mot interdit, ou plutôt le mot réservé — réservé à « eux », les « autres », le Hongrois, le Turc, le Russe – vient d’être dit en France, à propos de la France : illibéralisme. […] à faits strictement équivalents, c’est l’atmosphère qui décide d’une signification globale ou bien de son exacte contraire […] Par exemple : les services publics sont en ruine, on meurt sur des brancards aux urgences, des profs sont recrutés en 30 minutes, des fonctionnaires pour faire chauffeur de bus, des médicaments élémentaires manquent, la première ministre prie à l’automne pour que l’hiver ne soit pas trop rude et que le système électrique tienne le coup. Atmosphère « Lac de Genève » : des problèmes de gestion, on n’a pas assez réformé. Atmosphère « Venezuela » : voilà où conduit le communisme, à la ruine du pays, on vous l’avait bien dit. Un gouvernement Mélenchon n’aurait pas droit au centième de la colossale foirade macronienne pour être aussitôt déclaré banqueroutier. […] Question : si l’atmosphère est la consolidation mentale collective du dé à coudre, comment un changement de météo peut-il y survenir ? Réponse : soit parce que c’est allé trop loin et que même les manches à air ont du mal à suivre ; soit parce qu’une autre autorité met du clapotis dans les soupières. Ici : la presse internationale. Pour que l’éditocratie nationale change de disque, il faut qu’on le lui dise. Pas n’importe quel « on », évidemment. Le « on » de la grande presse du monde libre est adéquat. […] N’ayant pas de dîners en ville à sauver, ni d’informateurs des coulisses à ménager, les journalistes étrangers peuvent dire ce qu’ils voient en France. Comme ce qu’il y a à voir crève les yeux, Macron ramasse. […] Que fait l’éditorialisme avec ça ? N’ayant aucune pensée propre, il n’est que suivisme des autorités. Si ses autorités tournent casaque, il tourne casaque à son tour. Or, à l’évidence, elles sont en train. […] Avec des mots comme « illibéralisme », comme en bien d’autres circonstances, c’est le premier pas qui coûte. Mais le premier franchi appelle irrésistiblement les autres.

  • No, It’s Not Techno-Feudalism. It’s Still Capitalism (jacobin.com)
  • A Cambridge Analytica-style scandal for AI is coming (technologyreview.com)

    Can you imagine a car company putting a new vehicle on the market without built-in safety features? Unlikely, isn’t it? But what AI companies are doing is a bit like releasing race cars without seatbelts or fully working brakes, and figuring things out as they go.

  • Promesses et (dés)illusions : Une introduction technocritique aux blockchains (journals.openedition.org)
  • Can ActivityPub save the internet? (theverge.com)
  • Tout ce qui a changé ce 30 avril 1993, quand le World Wide Web est devenu public (humanite.fr)
  • La fabrique des Là-Pas-Là (lundi.am)

    Tu te rappelles, parent, quand tu étais au lycée tu étais dans une classe, […] et la prof d’histoire organisait une sortie au musée ? Tout le monde était content parce que, pendant une journée, exceptionnellement, on ne faisait pas cours. C’est-à-dire que, les cours n’étaient pas dispensés à ta classe […] puisque la classe n’était pas là. Toute la classe. […] Or, Jean-Michel Blanquer a fait éclater la classe.

  • Qu’est-ce que l’écoféminisme ? (legrandcontinent.eu)
  • Intersectionnalité et mouvements sociaux : de quoi parle-t-on ? (ritimo.org)
  • La tentation écofasciste (terrestres.org)

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Khrys’presso du lundi 24 avril 2023

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  • Pétition : Emmanuel Macron ne nous écoute pas, n’écoutons plus Macron (change.org)

    nous appelons en premier lieu, à éteindre systématiquement nos postes de télévision et de radio lors des allocutions présidentielles jusqu’à ce qu’il nous respecte en acceptant d’ouvrir les conditions d’un dialogue véritable et mette un terme à cette logorrhée méprisante adressée à un peuple supposé ignorant de ce qui le concerne.

  • Recouvrons les publicités de l’armée ! (rebellyon.info)
    Si besoin, les affiches sont disponibles en PDF format A3 ici (craam.noblogs.org)
  • Les concerts de casseroles contre Macron, une pratique qui remonte au XIXe siècle (huffingtonpost.fr)
  • Posez le crayon – Conseils techniques pour une stratégie de la flemme en entreprise (lundi.am)

    dites que vous êtes épuisé·e, que votre corps et votre esprit souffrent. Et que pour faire deux ans de plus, vous devez adapter votre rythme et vous préserver. Puis passez à l’attaque : demandez des jours de repos, plus de pauses, des aménagements, du télétravail, plus de rotations (pas d’augmentations car on vous en demandera plus), à rencontrer un·e psychologue, læ médecin du travail. Et le lendemain qu’un·e collègue demande la même chose ! Puis un·e autre. Vous n’obtenez rien de cela ? Nul ne s’étonnera que vous soyez encore plus lent·e. On vous demande de faire quelque chose de nouveau ? Dites que vous ne préférez pas car vous devez vous préserver pour votre retraite.

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Khrys’presso du lundi 17 avril 2023

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Spécial France

Spécial femmes en France

  • «En France, il y a actuellement des pénuries de pilules abortives» (liberation.fr)

    Il y a le droit et l’effectivité du droit. Alors que des menaces d’interdiction planent au-dessus de la pilule abortive RU 486 (mifépristone) aux Etats-Unis, la France se retrouve, elle, confrontée à des pénuries, s’alarme l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds).Une réaction du ministère de la Santé […] se fait toujours attendre.

  • « La grande démission » des femmes : pourquoi elles quittent leurs entreprises (lesnouvellesnews.fr)

    Les femmes dirigeantes changent d’emploi comme jamais auparavant, et bien plus fréquemment que les hommes dirigeants. Elles sont largement sous-représentées dans les postes de direction. Pendant des années, elles ont été moins nombreuses à gravir les échelons en raison de barrières invisibles dès les premiers échelons de la hiérarchie.

  • Aymeric Caron (député LFI) à propos de la réintégration d’Adrien Quatennens : on “peut passer à autre chose une fois qu’une peine a été purgée” (lessurligneurs.eu)

    non seulement Adrien Quatennens n’a pas purgé sa peine, mais Aymeric Caron laisse entendre qu’il a été réhabilité, ce qui est également faux. […] Les difficultés pour trouver ou retrouver un emploi après un emprisonnement sont immenses pour les personnes condamnées, et le cas d’Adrien Quatennens devrait inciter ceux qui défendent son retour à l’Assemblée Nationale à réfléchir aux outils à mettre en place pour favoriser la même facilité de retour à l’emploi pour tous les autres condamnés qui ne sont pas, eux, députés.

  • Depardieu accusé de violences sexuelles par 13 femmes dans « Mediapart » (huffingtonpost.fr)

    Déjà mis en examen pour « viols » et « agressions sexuelles », l’acteur français de 74 ans est désormais sous le coup de nombreux témoignages supplémentaires pour des actes qui seraient survenus sur onze tournages.

Spécial médias et pouvoir

Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

  • Emmanuel Macron met mal à l’aise les États-Unis avec ses propos sur Taiwan, la Maison Blanche contrainte de réagir (liberation.fr) – voir aussi Macron faces backlash over Taiwan comments (edition.cnn.com)

    One [Eastern European diplomat] said that Macron is “simply tone deaf to everything happening in the world. No wonder Macroning has become a synonym of bullshitting without any result.”[…]For all that Macron’s comments could be put down to a president under pressure at home doing things on the world stage to create a distraction, his comments on Taiwan have done real damage to the fragile transatlantic relationship.

  • La France, ce paradis fiscal (humanite.fr)

    Un siècle ne suffirait pas à un smicard pour gagner autant d’argent que Bernard Arnault. Ni même un millénaire. En réalité, il lui faudrait 9,7 millions d’années, à supposer qu’il ne dépense pas un centime pendant ce temps-là. […] notre pays compterait 43 milliardaires.[…] le taux d’imposition effectif des 370 ménages les plus aisés plafonne à 2 %. Ils peuvent remercier, entre autres, Emmanuel Macron, qui a supprimé l’ISF.

  • La fortune de Bernard Arnault sur un nouveau record grâce à LVMH (huffingtonpost.fr)

    La hausse record des ventes de LVMH permet à la première fortune de la planète d’atteindre 210 milliards de dollars

  • Patrimoine de Macron, ou sont passés les millions? (off-investigation.fr)

    Redressement suite à non paiement de l’impôt sur la fortune, non déclaration d’une créance de 350 000 euros sur son épouse Brigitte, « claquage » de près de 1,5 million d’euros en trois ans (un Smic par jour), déclaration peu crédible sur les honoraires perçus chez Rothschild and co lors d’un « deal » de 9 milliards d’euros conclu en 2012, depuis 2014, les déclarations de patrimoine et d’intérêt d’Emmanuel Macron suscitent beaucoup de questions.

  • Réforme des retraites : les grands patrons se font tout petits (liberation.fr)

    Alors que se tient ce jeudi la douzième journée de mobilisation, le malaise est palpable chez les chefs d’entreprise, partagés entre un soutien très modéré à l’exécutif et une vraie opposition au texte. […] Une stratégie qui confirme un peu plus l’isolement politique du chef de l’Etat. […] son obstination à faire de cette réforme des retraites l’alpha et l’oméga de sa capacité à réformer le pays, alors que tant d’autres urgences sont sur la table, l’aura vu divorcer avec le réformisme syndical d’un Berger, se prendre un vent avec ses nouveaux amis Républicains et trouver un allié patronal aux abonnés absents. Ou comment faire le vide autour de soi…

  • Le « Parcoursup des masters », aggrave les inégalités dans le supérieur (alternatives-economiques.fr)
  • Le gouvernement prêt à contourner les restrictions de l’Agence de sécurité sanitaire sur la phosphine, un insecticide pour céréales (liberation.fr)

    Au nom de la «vocation exportatrice» de la France, les ministres de l’Agriculture et du Commerce extérieur ont promis ce mardi 11 avril de trouver un moyen légal pour ne pas appliquer la décision de l’Anses.

  • Qui sont les vrais terroristes de l’environnement ? (basta.media)

    « 1700 activistes pour l’environnement assassinés depuis dix ans, il est là le véritable écoterrorisme »

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

Spécial outils de résistance

Spécial Foutons le Zbeul

Spécial nouvelles disciplines aux JO

Canoë revendicatif

Danse choré

Lancer de poubelles

Tennis de rue

Spécial GAFAM et cie

  • Google et Amazon découvrent le droit du travail en Europe (nextinpact.com)

    Aux États-Unis, Google, Amazon et leurs concurrents ont pu licencier sans rencontrer le moindre obstacle des milliers de salariés. Mais après des années d’implantation en Europe, elles semblent découvrir ses lois sociales et voient leurs plans de licenciements bloqués car hors des procédures adéquates.

Les autres lectures de la semaine

  • « Pourtant, j’avais fait barrage » : lettre au président de la République, par Coralie Miller (nouvelobs.com)

    Monsieur le président,J’ai voté pour vous. Et toujours malgré moi. Je ne voulais pas de vous comme président, mais j’ai serré les dents. Deux fois. J’ai regardé mes enfants, j’ai regardé mon pays, j’ai regardé notre histoire. Et j’ai fait ce que je considérais être mon devoir.[…] « Ce vote m’oblige pour les années à venir », avez-vous dit à notre intention, le soir de votre deuxième victoire. L’avez-vous pensé seulement une seconde ? Permettez-moi d’en douter. […] La gauche est rapidement devenue votre bouc émissaire, votre ennemie publique numéro 1. Jusqu’à ce que soit commis l’irréparable : deux vice-présidents RN élus à 280 voix. C’est-à-dire avec celles de votre majorité. Pourtant, j’avais fait barrage. […] Aujourd’hui, vous laissez votre ministre de l’Intérieur parler du «terrorisme intellectuel de l’extrême gauche» pour désigner l’opposition, traiter toute personne issue de la gauche et des écologistes comme un ennemi intérieur potentiel tout en niant la violence d’extrême droite[…] et – ça vient de tomber – menacer le financement de la Ligue des droits de l’Homme parce qu’elle documente l’usage de la force par la police en manifestations. Pourtant j’avais fait barrage. […] Monsieur le président, jusqu’où irez-vous ? […] est-ce que vous arrêterez un jour de faire de l’extrême droite votre marchepied ? À ce jeu, vous perdrez. Et nous tous avec vous. Est-ce que c’est là votre projet ?

  • Le Conseil Constitutionnel, ou l’illusion démocratique (contretemps.eu)
  • “Les règles de la Constitution sont censées être des limites, pas des armes pour le gouvernement” (humanite.fr)
  • Anti-Protest Laws Are Not About Safety, They Are About Silencing Dissent (truthout.org)

    While demonstrators always fear being criminalized for exercising their constitutional right to stage protests, being charged with domestic terrorism has a particularly chilling effect. […] Across the United States, we are seeing a rise in laws that seek to squelch and criminalize protests. […] Since January 2017, 45 states have considered 267 bills that restrict the right to protest, according to the International Center for Not-For-Profit Law. Currently, at least 39 laws restrict the right to protest […] That is not by mistake; we are seeing a coordinated effort to silence dissent in every state, every city and every jurisdiction. […] In the same way that legislators are becoming savvier in terms of bills that curtail protests, organizers for justice must be creative, determined and unrelenting. If we do this, we will continue to not only win but defend our victories. […] More than anything else, we cannot give in to fear. We cannot fear these efforts and thereby allow legislators who are out of step with the people to have their way. We must resist and expose — today, tomorrow and forever.

  • Abortion Rights Are Workers’ Rights (jacobin.com)

    Amid escalating attacks on abortion rights, health care workers at Planned Parenthood are forming unions — and their employers are retaliating. In a post-Roe world, the fight for reproductive justice and the struggle for labor rights are intimately linked.

  • Le nucléaire, arme de domination massive (blogs.mediapart.fr)

    On parle d’énergie propre tout en enfouissant les déchets près des frontières, en oubliant les milliards de mètres cube d’eau nécessaires au refroidissement des réacteurs et en fermant les yeux sur les conséquences environnementales sur des territoires et des populations lointaines. On invoque l’indépendance et on fait mine d’ignorer la complexité des chaînes d’approvisionnement – et les risques liés à leur saturation.

  • Infrastructures numériques de communication pour les anarchistes (et toustes les autres) (framablog.org)
  • How can we build a radical internet? (mctd.ac.uk)
  • If we lose the Internet Archive, we’re screwed (sbstatesman.com)

    When Julius Caesar burned the Library of Alexandria, it was hard to imagine a greater destruction of scholarship. Now, 2,000 years later, some petty, litigious schmucks are ready to deal an even bigger blow to the literary canon.This is fundamentally a strike against taxpayer-funded public services by corporations and private individuals.

  • Une « édition » minable de Pepper & Carrot sur Amazon (framablog.org) – voir aussi l’article original Fa Bd Comics books on SCAMazon: don’t buy them (davidrevoy.com)
  • The Free Software Foundation is dying (drewdevault.com)
  • Quand les postures bassinent, ou pourquoi tout n’est pas binaire (iaata.info)

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Évaluer l’impact de la médiation numérique

Cette semaine, dans le cadre de la série Lost in médiation, nous republions un article de Loïc Gervais qu’il a publié le 14 mars 2023 sur son blog personnel car nous trouvons que son contenu fait écho aux réflexions menées ces dernières semaines sur la médiation numérique. Bonne lecture !

Musicien, improvisateur, papa et médiateur numérique, Loïc Gervais est par ailleurs chargé de projet inclusion numérique pour le Département de la Haute Savoie.

 

Quand on aborde la question de la médiation numérique, la notion d’impact est très rapidement associée. Les différentes politiques publiques d’inclusion numérique partent du principe que le développement des compétences numériques va augmenter le pouvoir d’agir de l’usager. Ces politiques ont conduit à des logiques d’équipement de masse des différents publics. De nombreuses collectivités ont ainsi équipé les écoliers, collégiens ou lycéens d’ordinateurs ou de tablettes afin de contribuer à la réussite éducative de ces derniers. Pour autant chacun peut s’accorder à dire que l’équipement ne fait pas le bachelier. La réussite éducative d’un enfant ne se limite pas au fait de posséder un appareil connecté à internet fut-il la tablette dernier cri. L’accompagnement des publics s’est imposé par la force des choses. Bien souvent cet accompagnement n’a été pensé que sur la montée en compétence numérique de l’usager sans prendre en compte sa situation dans son ensemble. Aussi, si nous voulons mesurer l’impact de la médiation numérique il nous faut peut être le faire à l’aune d’autres critères.

Évaluation numérique

Nous n’avons guère le choix. Notre action s’inscrit dans une logique de montée en compétences numériques des publics. La stratégie nationale d’inclusion numérique est bâtie sur cette idée d’accompagner les publics éloignés du numérique en les faisant monter en compétence afin d’être autonome d’un point de vue numérique. Personne ne prétend que cela va améliorer leur situation. Tout au plus on explique qu’ainsi ils pourraient recourir à leurs droits sans appui d’un travailleur social. Or si l’objectif de l’autonomie numérique est de pouvoir s’affranchir de l’appui d’un travailleur social pour réclamer son droit, l’une des solutions possible est de rendre ses droits effectifs en les attribuant directement sans démarche proactive de la part de l’usager. Sauf que la logique qui prévaut c’est de demander à l’usager de se mettre au niveau de l’administration, et non l’inverse.

Aussi dans nos actions de médiation numérique, il nous faut jouer le jeu de cette montée en compétences techniques. Cela nécessite un travail d’ingénierie pédagogique pour définir d’une part des compétences pédagogiques à atteindre. D’autre part, il faut également associer une évaluation de la formation. La mise en place d’un référentiel pédagogique partagé est un préalable indispensable pour évaluer une action d’inclusion numérique. Si mon objectif est d’accompagner un usager jusqu’à l’autonomie (au minimum), il me faut savoir si cela signifie qu’il doit connaître la différence entre le clic droit et le clic gauche de la souris ou si cela implique de rédiger un prompt sur ChatGPT. J’ai ainsi proposé dans le cadre du Conseil National de la Refondation dédié à l’inclusion numérique de définir un référentiel de compétences socles à acquérir pour pouvoir être déclaré « autonome d’un point de vue numérique ». Cette évaluation apparaît incontournable. Elle répond à une commande institutionnelle (qui demande à être précisée) de l’État. Elle n’en demeure pas moins incomplète pour mesurer l’impact d’une action de médiation numérique.

Évaluation sociale

Les « éloignés du numérique » (pour reprendre l’expression du gouvernement) sont pour la plus grande partie des personnes en difficulté sociale. Leur motivation première est donc de trouver une réponse à cette problématique sociale dont le traitement ne peut se faire que par voie numérique. En fonction du dispositif dans lequel s’inscrit l’accompagné, nous disposons d’ores et déjà d’indicateurs à renseigner. Pour un demandeur d’emploi, nous aurons pour objectif de l’accompagner vers le retour à l’emploi. Évidemment, il faut adapter ces objectifs à la situation personnalisée de la personne accompagnée. Il est plus difficile de retrouver un emploi à 60 ans qu’à 28 ans. Dans tous les cas nous pourrons nous interroger sur la manière dont le numérique aura été mobilisé tout au long du parcours de l’usager et comment il aura contribué à répondre à la problématique. Cette prise en compte globale de la situation de la personne demande un travail en équipe transversale. Dans bien des cas, ce travail en équipe dépassera les murs de la structure en propre pour impliquer d’autres acteurs.

En intégrant la dimension sociale de l’usager à l’évaluation nous nous offrons une marge de priorisation. Une personne isolée qui a suivi dix ateliers en groupe sur le mail aura rompu son isolement sans nécessairement réussir à envoyer un mail. Nous devrons nous interroger sur ce qui nous importe et pour cette question nous devrons associer l’usager à la construction de ses propres objectifs. En ce sens, l’utilisation de la toile des capabilités pourrait s’avérer un atout précieux. Malheureusement cet outil a été abandonné avant même d’avoir eu l’opportunité d’être déployé.

Évaluation systémique

Ce qui est fascinant dans les démarches d’évaluation menées c’est qu’elles sont toutes centrées sur l’usager. Or si nous voulons répondre aux problématiques sociales des éloignés du numériques, nous devons remettre en cause notre façon d’aborder les problématiques. Nous déployons des dispositifs qui obéissent à une logique de silos, là où la prise en charge doit être transversale. Si la médiation numérique doit avoir un premier impact c’est dans notre manière de considérer la problématique de chaque individu en premier lieu. Un médiateur numérique endosse tour à tour les casquettes de travailleur social, conseiller en insertion, tiers de confiance et tant d’autres. Pour répondre à ces défis, il nous faut mobiliser des équipes pluridisciplinaires du social, de l’éducation, de l’enfance, des bâtiments, de l’informatique, des ressources humaines, des finances, de la culture, du développement durable et d’autres encore.

Si nous voulons réellement évaluer l’impact de ce que nous faisons, le premier défi auquel on doit s’attaquer c’est de réinterroger les manières de faire de l’institution à la lumière de l’impact du numérique dans la transformation de nos actions.

Un grand merci à Loïc Gervais d’avoir accepté qu’on publie ici ses réflexions. Si celles-ci vous font réagir, n’hésitez pas à partager les vôtres en commentaires.