3 auteurs de romans Framabook en dédicace à Paris !

Vous l’avez peut-être remarqué, mais la collection Framabook est active, et se diversifie de plus en plus… allant même défendre la Culture Libre dans la fiction !

Alors pour fêter cela, on s’est dit qu’on allait mettre nos auteur-e-s de romans Libre à l’honneur lors d’une dédicace… Car quoi de mieux pour faire découvrir le Libre aux Dupuis-Morizeau de notre entourage que de trouver au pied du sapin un roman dédicacé personnellement… Une histoire qu’ils peuvent adapter, reprendre, diffuser autour d’eux, voire dont ils peuvent écrire la suite…?

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On connaît déjà 2 romancier-e-s Framabook…

 

Apolog_couv#Apolog, de Pouhiou

Il y a bien entendu Pouhiou qui, quand il n’est pas Framaslave ou ne parle pas de sexe libre et open-source, continue de temps en temps d’écrire les aventures des NoéNautes, ses télépathes foutraques, aux bras cassés et pieds nickelés.

Le 3e roman de la série des NoéNautes, #Apolog, est sorti en août dernier, et bonne nouvelle : pas besoin d’avoir lu les deux tomes précédents pour l’apprécier !

En revenant aux origines de la prophétie qui pourrit la vie de ses personnages, Pouhiou se permet de réécrire l’Histoire avec l’irrévérence qu’on lui connaît…

Tout en balisant son roman d’un « code » littéraire nous méta-donnant des infos afin d’encore mieux jouer avec notre esprit.

 

Avant de dormir, CouvertureAvant de dormir, de Lilly Bouriot

Lilly, c’est notre auteure-prodige. Une jeune femme si talentueuse qu’elle a vu son premier roman édité avant même que d’aller passer son bac de Français.

Il faut dire qu’Avant de dormir est une œuvre singulière. Un conte initiatique, une épopée gothique à l’imaginaire dense qui ne dépaysera pas les amateurs de Lovecraft ou de Neil Gaiman.

C’est l’histoire d’Andreï, un adolescent de 13 ans qui emménage dans une ville où un mal mystérieux tue ses voisins par dizaine. Lorsqu’Andreï découvre sous son lit un passage vers une forêt et un monde peuplé de monstres, il décide de partir à la recherche de celle qui pourrait être à l’origine de ces malheurs : la Vouivre.

…et le 3e auteur est une exclu !

vfvv_premcouvVieux flic et vieux voyou, de Frédéric Urbain

Une exclu dans le Libre, vraiment…? OK : parlons plutôt d’avant-première. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le polar drôle et prenant de Frédéric Urbain est en cours d’édition, et n’est pas encore officiellement sorti. Vous l’aurez donc avant tout le monde lors de cette séance de dédicaces !

Frédéric est connu du groupe Framabook, puisqu’il en est l’un des correcteurs. Mais il n’a pas bénéficié de passe-droit pour autant : comme les autres, son roman est passé en comité de lecture et la qualité de son intrigue, l’humour des situations comme la langue enlevée de ces personnages nous ont séduits.

Vieux flic et vieux voyou est un polar dans la plus pure tradition de ces romans de gare qui nous font délicieusement frissonner. Deux papys (un flic à la retraite et un pickpocket rangé des affaires) s’embarquent dans une enquête au suspense maîtrisé, qui va leur faire traîner leur expérience, leurs rhumatismes et leur argot de titis dans les rues de Paname… entre meurtre, trafic de drogue, et tracking GPS.

À vous de diffuser la Culture Libre

Tous ces livres sont Libres (CC-0 pour les romans de Frédéric Urbain et Pouhiou, LAL pour celui de Lilly Bouriot). Ce qui signifie que vous pourrez venir dans la librairie avec votre clé USB et repartir avec tous les romans dans votre poche !

Le logiciel libre bénéficie déjà de communautés qui veillent à le faire connaître et adopter par un maximum de monde. La culture libre ne profite pas encore de ces prescripteurs et prescriptrices, et pourtant… Pourtant c’est une porte d’entrée formidable vers le Libre pour toutes les personnes qui angoissent à l’idée de changer leurs habitudes logicielles.

À vous donc de faire passer l’info autour de vous, et d’emmener un maximum de monde à cette rencontre avec des auteur-e-s qui remettent en question le paradigme vieillissant de la propriété intellectuelle classique 😉

Rendez-vous donc le vendredi 11 décembre dès 19h

À la librairie libriste À Livr’Ouvert

171 bvd Voltaire (M° Charonne)

Pour une Framarencontre très conviviale !




Salut à toi, couteau suisse des réseaux sociaux libres

Salut à toi ! (arf, pouvais pas ne pas la faire !)

sat_logoVoici un projet qui utilise le protocole XMPP pour communiquer tous azimuts, et librement. Les deux sympathiques gaillards qui le portent sont convaincus qu’on n’utilise pas impunément les réseaux sociaux, voire que ce sont eux qui se servent de nous.

Ça tombe bien, c’est ce que nous expliquons aussi avec notre campagne Dégooglisons Internet !


Bon, présentez-vous, les gars. Vous êtes qui ?

Goffi : Salut ! Officiellement nous sommes une association loi 1901 créée en 2014. En pratique 2 amis qui se sont connus sur « le Caillou » (le petit nom qu’on donne à la Nouvelle Calédonie).

Adrien : On s’est connus à la fac de Nouméa, ensuite chacun est allé poursuivre ses études en informatique en France métropolitaine, mais pas dans la même ville. Ce qui ne nous a pas empêchés de rester en contact et puis depuis environ 2 ans, comme j’ai rejoint Goffi sur le projet, on se voit beaucoup plus souvent.

Le nom est issu de la chanson des Bérus ?

Goffi: Oui. Le nom a sa petite histoire : il s’agissait d’éviter un énième nom bateau anglophone, et « salut à toi » semblait bien adapté pour un outil de communication. Et puis la graphie en montagne russe (avec un T majuscule et l’accent) avait un côté amusant: SàT. Quand on a créé l’association en 2014, après avoir utilisé de manière informelle le nom pendant des années, on a demandé aux Bérus si ça ne leur posait pas de problème: non seulement ils ont répondu, mais en plus ils connaissaient déjà le projet (avec le nom ils étaient tombé dessus) ! Ça nous a fait bien plaisir.

Il sert à quoi, votre projet ?

Goffi : À communiquer. Tu peux appeler ça un « réseau social » si tu veux, même si on n’aime pas trop ce terme. Plus concrètement ça permet de faire tout un tas de choses comme bloguer (publiquement ou avec uniquement famille ou amis), partager des fichiers (via un serveur ou en pair à pair), chatter avec une seule personne ou en groupe, jouer, faire du travail collaboratif, etc. Avec plein de trucs sympathiques comme du chiffrement ou des « passerelles » pour lire et écrire sur d’autres réseaux (nous envisageons par exemple d’en faire une pour Diaspora et donc la Framasphère).

Nous avons en projet une version utilisant « Tor » (pour un meilleur anonymat), voire de la visioconférence sur le plus long terme.

C’est aussi une brique pour créer d’autres choses, d’autres réseaux ou outils (finalement on revient toujours aux mêmes choses : publier des messages, commenter, partager des fichiers, etc).

D’où vous est venue l’idée ?

Goffi : Au début (vers 2008/2009) l’idée était de faire un logiciel utilisant « XMPP » (un terme barbare pour désigner un « protocole » libre de communication, soit une sorte de langage que les logiciels peuvent utiliser pour communiquer entre eux) car aucun ne me plaisait tout à fait. Puis rapidement le projet a grossi et s’est politisé. Politisé dans le sens où les outils de communication sont aujourd’hui au centre de nos vies : c’est à travers eux qu’on contacte famille et amis éloignés, qu’on se tient au courant de l’évolution du monde, et même en partie qu’on se forge nos opinions et façons de penser. Un des buts du projet et de l’association est de prendre conscience de ça et d’y réfléchir.

Adrien : Dire que l’outil influence à ce point les personnes, ce n’est pas évident a saisir et je pense que beaucoup trouvent ça un peu farfelu. Mais il y a un bon exemple qui a été donné, justement par quelqu’un de Framasoft, lors de la table ronde sur les nouveaux médias aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre cette année. C’est Pouhiou qui disait qu’en tant que rédacteur de blog, il se devait de suivre les règles de Google s’il voulait que ses articles soient lus. On pense ce qu’on veut de la pertinence de ces règles, toujours est-il qu’il s’agit de critères qui ne sont pas forcément sensibles pour un rédacteur, qui va se retrouver freiné dans sa créativité.

C’est tout du libre ?

Goffi : Oui bien sûr ! On fait très attention à ça, c’est une partie importante de notre philosophie. Nous cherchons à être le plus éthique possible, et nous avons même écrit un « contrat social » qui explique clairement nos intentions. Cela se sent aussi dans notre choix d’une association 1901 pour nous organiser (en autogestion, pas de président/secrétaire/trésorier chez nous), notre refus ferme de la publicité ou encore notre présence régulière sur des événements où on peut rencontrer et discuter « en vrai » avec les gens. D’autre part, nous faisons certains choix comme celui de ne pas être sur les grands réseaux privés (tel que le gros truc bleu ou celui qui a inspiré Stromae).

Ben oui, mais du coup est-ce que vous arrivez à vous faire connaître ? Vous savez ce qu’on dit : il faut aller là où sont les gens. Nous, par exemple, on touitte beaucoup.

Adrien : C’est évidemment très difficile de se faire connaître, et parfois c’est un peu décourageant car on a l’impression de bosser dans le vide. Heureusement qu’il y a tout de même quelques personnes qui nous soutiennent, et on espère que la pâte va finir par prendre. Après moi je ne suis pas forcément pour aller toujours chercher les gens là où ils sont. Il y a une partie du chemin que chacun doit faire tout seul. On ne veut pas que les gens viennent utiliser notre outil seulement par effet de mode, on aimerait qu’ils comprennent vraiment pourquoi c’est important et quels sont les enjeux. Ça c’est notre coté politisé, et puis on veut aussi un maximum de transparence et de cohérence. On s’est mis d’accord dès le début qu’on n’utiliserait pas pour le projet les réseaux sociaux populaires que l’on critique.

Goffi : C’est beaucoup plus difficile en effet mais c’est un choix, il y a une question de cohérence avec notre discours : utiliser ces réseaux c’est les justifier, leur donner une raison d’être. On ne jette pas non plus la pierre sur ceux qui y sont (je comprends tout à fait qu’on veuille chercher les gens partout où c’est possible), mais si tout le monde est là bas, l’intérêt des outils libres et standards est amoindri.
Ce qui est triste par contre, c’est qu’on a l’impression de ne pas exister en dehors de ces réseaux (y compris chez les libristes), on manque de canaux alternatifs visibles. J’apprécie d’ailleurs beaucoup votre travail actuel pour fournir des alternatives justement (et celui des autres projets comme Diaspora, Movim, Gnu Social, etc.).

Vous avez lancé une campagne de financement participatif. Quand on a discuté je n’avais pas eu l’impression que c’était votre truc, les histoires de sous. Quel est l’objectif de celle-ci ? Pourquoi il vous en faut ?

Adrien : Ça fait un moment qu’on travaille sur ce projet comme quelqu’un travaillerait dans une boite. Avec beaucoup plus de liberté bien sûr, car on décide de ce que l’on fait, quand et comment. Mais c’est quand même beaucoup de boulot pour lequel on n’est pas payé. Notre but quand on a monté l’association l’année dernière, c’était de récolter suffisamment de fonds au travers des cotisations et dons à l’association pour pouvoir financer des salaires. C’est du financement participatif à l’état pur, ça existe depuis très longtemps et ce qu’on appelle aujourd’hui crowdfunding, c’est la même chose mais avec quelques codes en plus. Cet été, on a lancé une première campagne par nos propres moyens et sans a priori, directement sur notre site web, pour voir ce que ça donne. On a reçu suffisamment de contributions pour pouvoir payer les frais courants de l’association et même un petit plus (merci à tous les soutiens !), mais pas assez pour parler de salaire. On essaie donc maintenant la même chose mais remise au goût du jour.

L’objectif de cette campagne, c’est de financer le développement d’une interface pour les téléphones et tablettes Android. On a besoin pour ça de 3000 euros, même si en réalité il nous faudrait un peu plus, mais tant qu’on n’est pas mieux connus on peut difficilement demander davantage. En pratique, cet argent va servir pour payer un CDD, tout simplement.

Goffi : Pas grand chose à ajouter, on a longtemps hésité avant de faire ce type de campagne, on a finalement décidé de le faire à travers une plate-forme spécialisée dans l’ESS (Économie Sociale et Solidaire). C’est aussi un moyen de nous faire connaître et de gagner en crédibilité (si on réussit !)

Et on peut vous aider autrement ?

Adrien : Nos compagnes et certains amis nous ont beaucoup aidés, notamment pour préparer la vidéo de la campagne. On aime bien la regarder cette vidéo car elle nous donne vraiment l’impression d’appartenir a une communauté. Outre l’argent, c’est de ça qu’on a vraiment besoin, une communauté autour du logiciel. Il y a déjà quelques personnes qui nous filent des coups de main, mais vu l’envergure du projet, il en faut plus. Après chacun peut participer comme il le veut et comme il le peut : utilisateur, développeur, graphiste, testeur, rédacteur de documentation, traducteur, porteur du message… Et on aimerait bien voir plus de personnes qui essaient d’installer Libervia pour le faire tourner sur leur propre serveur. On n’a pas l’intention ni la capacité d’accueillir tout le monde sur https://libervia.org, qui n’est qu’un service de démonstration. Et puis, plus spécifiquement pendant la campagne, on a besoin d’articles qui parlent de nous pour nous faire connaître. Merci Framasoft 🙂

Goffi : En ce moment : soutenir la campagne ! C’est essentiel pour notre crédibilité. Sinon, venir nous voir, en ligne ou en vrai, discuter. Parler de nous nous aide bien sûr, adhérer à l’association (ce qui peut se faire sans cotisation) montre un intérêt certain qui nous motive et nous donne plus de poids. On a beaucoup de mal à se faire connaître à l’étranger, un coup de pouce là dessus serait très utile. Et sinon on aime beaucoup les débats ! En organiser permet non seulement de rencontrer des gens, mais aussi de réfléchir ensemble.
Merci beaucoup à Framasoft, et encore bravo pour votre travail ! Nous apprécions beaucoup ce que vous faites, et c’est un plaisir de discuter avec vous quand on vous croise.




Retrouvez Framasoft près de chez vous (octobre et Novembre 2015)

On l’avait déjà évoqué cette rentrée : Framasoft continue de dégoogliser près de chez vous…

Nous avions envie de faire un point sur les temps forts de ces prochaines semaines : entre une tournée à la Réunion, l’avant-première d’un film où le Libre foulera le tapis rouge et une présence massive au Capitole du Libre… nous espérons que vous prendrez le temps de venir boire une limonade (libre) avec nous !

Rappel : vous pouvez retrouver nos précédentes interventions sur cette page.

Octobre et novembre : ça dégooglise près de chez vous

Le succès de cette thématique ne faiblit pas, et on continue de nous demander de présenter le projet Dégooglisons un peu partout dans la francophonie… Si vous voulez nous retrouver et échanger avec nous, rendez-vous…


Vidéo « Les nouveau loups du web » sur Youtube

 

Merci encore à toutes les personnes qui nous invitent dans ces événements, qui les organisent… et surtout à vous qui venez et amenez vos proches afin de les sensibiliser au monde du Libre…

On se retrouve bientôt ?

L’équipe de Framasoft.




La question des bonnes pratiques au sein d’une communauté

Sarah Sharp, dont nous avons traduit récemment le billet d’adieu à l’équipe du noyau Linux ne se contente pas de pointer ce qui dysfonctionne dans les rapports humains au sein des équipes de développement. Elle propose ici toute une série de bonnes pratiques, selon elle nécessaires, qui visent à améliorer la qualité des échanges quotidiens, du moins à rendre vivable et acceptable le travail ensemble.
Il est certain qu’une liste aussi copieuse peut surprendre, et même être rejetée d’un haussement d’épaules au motif que c’est typique du « politiquement correct » à l’américaine… Cette longueur et cette précision s’expliquent sans doute par l’expérience désagréable de Sarah : les situations qu’elle a vécues lui ont imposé d’aller bien plus loin qu’un simple code de conduite, qui sert trop souvent d’alibi aux communautés.
On trouvera donc un peu de tout dans ces recommandations classées par étapes progressives : du simple bon sens dont on s’étonne qu’il soit nécessaire de le formaliser (mais justement ce bon sens ne va plus de soi, parfois), mais aussi des vues très pertinentes sur le fonctionnement optimal d’une communauté qui rappellent l’ouvrage de Karl Fogel Produire du logiciel libre (un Framabook !).
Ces propositions, malgré leur caractère un peu idéaliste, nous amènent à interroger nos pratiques, car les communautés libristes, si elles sont loin d’être des champs de bataille, sont rarement de longs fleuves tranquilles.

Qu’est-ce qui fait une bonne communauté ?

Billet original de Sarah Sharp publié sur son blog : What makes a good community

sarahSharpTwitterImage
Photo © Sarah Sharp licence CC-BY-NC-SA

Parvenir à faire vivre une communauté hétérogène est un processus progressif. Il n’existe pas de raccourci. En ce qui concerne le changement culturel, chaque niveau doit être atteint avant de passer au suivant. Il vaut également la peine de préciser que chaque étape doit bénéficier à l’ensemble des membres de la communauté et pas uniquement à quelques contributeurs.

Niveau 0 : respect fondamental de l’humain

Pour pouvoir attirer des participants très divers, vous devez avoir la réputation d’être une communauté accueillante, régie par une série de règles sociales explicites et acceptées. Il ne suffit pas d’avoir un code de bonne conduite. Ceux qui pilotent la communauté doivent le soutenir et il doit être imposé.

Une communauté accueillante de niveau 0 fait preuve des caractéristiques suivantes :

  • chacun est encouragé à faire des retours sincères et directs sur les questions techniques ;
  • les contributeurs sont invités à résoudre les conflits entre personnes de manière saine ;
  • les interactions quotidiennes dans la communauté sont généralement au niveau DISCON 1(*) (c’est super, tout va bien), et tombent occasionnellement au niveau DISCON 2 (insultes non personnelles) ou DISCON 3 (utilisation de grossièretés) ;
  • les contributeurs qui atteignent régulièrement le niveau DISCON 4 (insultes personnelles) sont encouragés à modifier leur comportement ;
  • les contributeurs qui atteignent le niveau DISCON 5 (menaces) sont fermement invités à cesser leur participation ;
  • les harceleurs récidivistes sont exclus des conférences et bannis des réseaux de discussion ;
  • les petits nouveaux et petites nouvelles sont informé.e.s sur les « brebis galeuses » et sur les personnes dont les retours sont sans intérêt ;
  • un code de conduite explique clairement quels sont les comportements encouragés et les comportements dissuadés ;
  • dès que de petites hostilités apparaissent, les membres de la communauté arrêtent ce qu’ils font, écoutent et s’excusent ;
  • la communauté dans son ensemble, y compris les responsables et les community managers, fait respecter les normes de communication.

Niveau 1 : embarquement

La phase suivante pour améliorer la diversité est de comprendre comment embarquer de nouveaux passagers. Si seulement entre 1 et 10 % des nouveaux venus ont une personnalité originale et que 90 % des personnes sont boulées dès leur première contribution, eh bien, vous ne pouvez pas espérer que toutes sortes de gens adhèrent à la communauté, n’est-ce pas ? Il est donc essentiel d’expliquer le mode de fonctionnement implicite de votre communauté, de sorte que les candidats de toute origine (qui sont souvent effrayés à l’idée de bouleverser l’ordre établi) sachent où ils mettent les pieds.

Dans une communauté accueillante de niveau 1, on trouve :

  • une documentation précisant par quels moyens interagir avec la communauté (irc, liste de diffusion, suivi des tickets (bug tracker), etc.) ;
  • des réunions dans la vraie vie pour encourager le travail en réseau avec les nouveaux membres ;
  • des discussions par vidéo ou en direct pour mettre un visage sur les noms et encourager l’empathie et la camaraderie ;
  • une documentation de base concernant les contributions relatives à la compilation, au fonctionnement, aux tests et au perfectionnement ;
  • un système de tests facilement accessible sur le Web pour les nouvelles contributions ;
  • des tutoriels détaillés et maintenus à jour ;
  • un guide de bonnes pratiques pour le code (ce qui est demandé, ce qui est facultatif et qui écouter quand il y a un désaccord entre les développeurs) ;
  • le planning des sorties (les releases des produits) et des dates-limites pour ajouter des fonctionnalités ;
  • des moyens pour faire un retour sur les contributions ne concernant pas le code (rapport de bug, documentation, tutoriels, tests, planification d’événements, graphismes).

Niveau 2 : contributions significatives

L’étape suivante consiste à savoir quoi faire de ces nouvelles recrues motivées. Si elles sont arrivées là en dépit d’une culture technologique malsaine, il y a de grandes chances pour qu’elles soient persévérantes, intelligentes, et à la recherche d’un défi. Si vous n’avez pas de vastes projets significatifs auxquels elles pourraient contribuer, elles s’en iront vers des cieux plus brillants.

Dans une communauté accueillante de niveau 2, on trouve :

  • des listes de tâches réservées aux nouveaux ;
  • de gros projets indépendants ;
  • des mentors accueillants et disponibles ;
  • des programmes pour payer les nouveaux venus (des stages, un summer of code, etc.) ;
  • des contributeurs chaleureusement remerciés, avec la reconnaissance explicite de ce qui a été réussi et de ce qui pourrait être amélioré ;
  • un canal de communication informelle pour trouver des idées avec les nouveaux (irc, liste de diffusion… n’importe quoi tant que ça fonctionne) ;
  • un code de conduite qui encourage les développeurs à être animés de bonnes intentions.

Niveau 3 : accompagnement

L’étape suivante pour une communauté, c’est de se demander comment retenir de nouveaux participants très divers. Comment allez-vous promouvoir ces nouveaux profils originaux afin de leur permettre d’avoir un impact sur la communauté au niveau de la gouvernance ? Si vos dirigeants ont atteint leur date de péremption, si l’on voit toujours les mêmes vieilles têtes, les gens partiront dès qu’ils voudront être plus présents dans la prise de décisions. Si des personnes brillantes quittent votre communauté, vous devriez peut-être mettre au point une façon de les garder parmi vous.

Dans une communauté accueillante de niveau 3 :

  • les avis critiques sont récompensés et les questions des nouveaux sur les points flous sont encouragées ;
  • les responsables et/ou les personnes qui font la maintenance tournent selon un planning défini ;
  • les arrêts et les vacances sont encouragés, ainsi les nouveaux « mainteneurs » ont plus de chance d’acquérir de nouvelles compétences ;
  • Les membres de la communauté rédigent des tutoriels sur la revue des correctifs (patch), la gestion des diffusions, et l’aspect social du développement de logiciel ;
  • des mentors pour les nouveaux intervenants lors des conférences sont épaulés par des mentors ;
  • le code de conduite encourage à éviter le burn-out et aussi à respecter les personnes qui quittent le projet.

Niveau 4 : empathie et vigilance

Une fois que vous avez réglé le problème des départs et que des moyens sont mis en œuvre pour éviter le burn-out des développeurs, il est temps de s’attaquer au problème qu’évite la majorité des geeks : la question des relations sociales. Vos leaders ont des opinions différentes, comme cela devrait être le cas dans toutes les bonnes communautés ! Néanmoins, il faut prendre des garanties pour éviter que celui qui parle le plus fort finisse par gagner par épuisement des autres, et pour que les personnes moins connues ou minoritaires puissent être entendues.

Dans une communauté accueillante de niveau 4 :

  • les développeurs, les chasseurs de bugs et tous les autres contributeurs sont sur un pied d’égalité ;
  • on effectue des mises au point sur des questions non techniques, telles que des discussions sur des problèmes culturels ou politiques avec un suivi clair de la part des responsables ;
  • la documentation est en constante amélioration ;
  • les dirigeants montrent leur capacité à reconnaître leurs erreurs et à modifier leur comportement face aux critiques ;
  • les community managers font des rappels au code de conduite quand c’est nécessaire ;
  • le code de conduite insiste sur la nécessité d’écouter les différents points de vue ;

Niveau 5 : diversité

Une fois que vous avez mené tous ces changements culturels, vous pouvez chercher activement encore plus de personnes originales et avoir l’espoir de les garder parmi vous.

Dans une communauté accueillante de niveau 5 :

  • le comité décisionnaire (quel que soit son nom) comprend au moins 30 % de nouveaux, et il y a une rotation des habitués ;
  • la recherche de nouveaux leaders se fait en dehors des réseaux et des têtes connues ;
  • la communauté participe à des programmes promouvant la diversité ;
  • la diversité n’est pas seulement une action de relations publiques, les développeurs cherchent réellement de nouvelles perspectives et s’efforcent de reconnaître leurs propres privilèges ;
  • lors des conférences, le genre de l’intervenant ne doit pas être un problème ;
  • lors des conférences, on peut s’occuper des enfants, savoir si les plats sont végétariens ou pas, et lire un règlement intérieur clair ;
  • la politique concernant l’alcool encourage les participants à prendre du bon temps plutôt qu’à se saouler ;
  • le code de conduite protège explicitement la diversité parmi les développeurs et présente l’éventail de leurs droits ;
  • le comité chargé de faire s’appliquer le code de conduite inclut des représentants de la diversité issus de la communauté.

Ce qui m’agace le plus c’est quand une communauté saute des étapes. « Hé, nous avons un code de conduite et on accueille les enfants mais les harceleurs notoires sont invités à nos conférences ! », « Nous voulons participer à un programme pour la diversité, mais nous n’avons aucun mentor ni aucune idée de ce qu’un contributeur pourrait faire sur le long terme ! ».

— Eh bien, faites d’abord votre révolution culturelle, s’il vous plaît !

Sarah-Sharp
Photo Sarah Sharp  © pcofficina.org licence CC BY-NC-ND

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* DISCON (DEFCON Insult Scale for DIScussion – Échelle d’insulte DEFCON pour les discussions) est une échelle fictive qui s’inspire de DEFCON (le niveau d’alerte militaire des forces armées des États-Unis).




Une contributrice du noyau Linux jette l’éponge

Sarah Sharp a de multiples passions sympathiques comme on peut le voir sur la page où elle se présente : développeuse, cycliste, jardinière… et geek. Si nous choisissons aujourd’hui de lui donner un écho francophone, c’est parce qu’elle est libriste de longue date et qu’elle a travaillé pendant sept ans dans l’équipe qui gère et maintient le kernel Linux, c’est-à-dire le noyau du système.

Dans un billet sans acrimonie ni attaque ad hominem, elle explique nettement pourquoi elle a cessé d’apporter sa contribution à ce haut niveau de programmation : lassée d’un mode de communication qui tolère et justifie la brutalité entre ses membres, elle regrette que l’équipe du kernel n’ait pas su évoluer vers des rapports humains plus acceptables.

Elle soulève ici une question désagréablement lancinante, celle du délicat respect de chacun ; il n’est pas indifférent qu’une fois encore ce soit une femme qui estime n’avoir plus sa place au sein d’une équipe de développement. Puisse cet exemple nourrir la réflexion et contribuer à faire évoluer un peu les esprits.

Notez que ce texte critique qui a eu un certain retentissement a été suivi d’un volet plus « constructif » de Sarah Sharp, dans lequel elle propose cinq niveaux et appelle à un changement culturel de fond dans les communautés libristes , ce qui est certes plus complexe que de s’abriter derrière l’alibi d’un code de conduite…

 

Tourner la page

par Sarah Sharp, article original sur son blog : Closing a door.
Traduction Framalang : Sphinx, audionuma, r0u, goofy, line

Sarah Sharp, programmeuse
Voilà un an que ce billet est dans mon répertoire de brouillons. Ce n’était jamais le bon moment pour le publier. je m’inquiétais toujours des contrecoups. Cela fait un bon moment que je tourne autour de l’idée d’évoquer ce sujet en public, mais mon propre refus de reconnaître ce problème a fini par me ronger complètement. Alors le voici.

En un mot : je ne suis plus développeuse du noyau Linux. J’ai transféré en douceur la maintenance du pilote du contrôleur USB 3.0 en mai 2014. En juin 2015, j’ai mis fin à mon rôle de coordinatrice du programme d’ouverture aux femmes du logiciel libre (OPW), et j’ai évolué pour aider à coordonner le programme Outreachy. Le 6 décembre 2014, j’ai animé ce que j’espère être ma dernière présentation sur le développement du noyau Linux. On m’a demandé de coordonner la conférence Linux Plumbers à Seattle en août 2015 et j’ai refusé. La fin de mon mandat au Linux Advisory Board approche et je ne serai pas candidate à ma réélection.

Si j’avais le choix, je n’enverrai jamais plus un correctif, un rapport de bug ou une proposition sur les listes de discussion du noyau Linux. Mes boîtes de réception personnelles ont regorgé de messages de cette liste et je les ai ignorés. Mon travail actuel sur l’activation des modes graphiques dans l’espace utilisateur nécessitera peut-être que j’envoie occasionnellement des correctifs du noyau, mais je sais que je vais passer au moins une journée à craindre les éventuels retours destructeurs de l’interaction avec la communauté qui gère le noyau avant d’envoyer quoi que ce soit.

Je ne fais plus partie de la communauté du noyau Linux.

C’est le résultat d’une longue période de réflexion, et de beaucoup de temps passé à planifier ma succession. Je n’ai pas pris à la légère cette décision de me retirer. Je me suis sentie coupable, pendant longtemps, de ce retrait. Quoi qu’il en soit, j’ai finalement pris conscience que je ne pouvais plus contribuer à une communauté au sein de laquelle j’étais respectée sur le plan technique, mais où je ne pouvais pas demander à être respectée en tant que personne. Je ne pouvais plus travailler avec des gens qui encouragent les nouveaux venus à envoyer des correctifs, et réclament ensuite le droit pour les « mainteneurs » de cracher n’importe quelle grossièreté qu’ils considèrent nécessaire pour conserver une honnêteté affective radicale. Je ne voulais plus travailler professionnellement avec des gens qui s’en sortent malgré leurs blagues subtilement sexistes ou homophobes. Je me sens désarmée devant une communauté qui a un « code de résolution des conflits » qui ne contient même pas une liste explicite de comportements à éviter et une communauté qui n’a pas la volonté de faire appliquer ce code.

J’ai le plus grand respect pour les efforts techniques accomplis par la communauté du noyau Linux. Elle a développé un projet qui se concentre sur le respect des meilleurs standards de code qui existent. La focalisation sur l’excellence technique, la surcharge de travail des mainteneurs et la collaboration entre personnes qui proviennent de différentes cultures et normes sociales sont trois facteurs qui expliquent que les mainteneurs du noyau Linux sont souvent directs, grossiers voire brutaux pour que le travail soit fait. Les meilleurs développeurs du noyau Linux se crient souvent dessus pour corriger mutuellement leur comportement.

Ce type de communication ne me convient pas du tout. J’ai besoin d’une communication qui puisse être brutale sur le plan technique tout en étant respectueuse sur le plan personnel. J’ai besoin que quelqu’un puisse me corriger lorsque je fais une erreur (qu’elle soit technique ou sur le plan social) sans pour autant me faire descendre en tant que personne. Nous sommes humains, nous commettons des erreurs et nous les corrigeons. Nous nous énervons envers quelqu’un, nous sur-réagissons, et puis nous nous excusons et essayons de travailler ensemble pour trouver une solution.

J’aurais préféré que la communication au sein de la communauté du noyau Linux se passe de manière plus respectueuse. J’aurais préféré que les mainteneurs du noyau Linux communiquent de façon plus saine quand ils sont contrariés. J’aurais préféré que davantage de personnes assurent la maintenance du noyau Linux, ainsi ils n’auraient pas eu à être aussi brusques et directs.

Malheureusement, les changements de comportement que j’aimerais voir dans la communauté du noyau Linux ne se produiront sans doute pas de sitôt. Plusieurs développeurs seniors du noyau Linux approuvent le fait que les mainteneurs puissent être durs sur les plans technique et personnel. Même si à titre personnel ce sont des gens charmants, ils ne veulent pas que le mode de communication du noyau Linux change.

Cela veut dire qu’ils font passer les besoins affectifs des autres développeurs du noyau Linux (faire tomber la pression en se défoulant sur les autres, en étant brutal, impoli ou grossier) avant mes propres besoins affectifs (le besoin d’être respectée en tant que personne, et de ne pas être la cible de violence psychologique ou d’injures). C’est une dynamique perverse qui privilégie la position des mainteneurs établis au mépris du respect fondamental de l’être humain.

Je ne publie pas ce message à l’attention des développeurs du noyau. Je ne publie pas ce message pour pointer du doigt des personnes précises. Je publie ce message parce que je suis affligée pour la communauté dont je ne souhaite plus faire partie. Je poste ce message car je suis triste à chaque fois que quelqu’un me remercie de revendiquer de meilleures normes pour la communauté, parce que j’ai finalement abandonné l’idée de changer la communauté du noyau Linux. Le changement de culture est un processus long et douloureux et je n’ai plus l’énergie pour prendre une part active à ce changement de mentalité dans la communauté du noyau.

J’ai l’espoir que la communauté du noyau Linux évoluera avec le temps. J’ai participé à cette évolution, et la documentation, les tutoriels et les programmes que j’ai initiés (comme les stages noyau Outreachy) continueront à se développer en mon absence. Je reviendrai peut-être un jour, lorsque les choses iront mieux. J’ai une carrière de plusieurs décennies devant moi. Je peux attendre. En attendant, il existe d’autres communautés du logiciel libre, plus amicales, où je peux jouer ma partition.

Lorsqu’une porte se ferme, une autre s’ouvre, mais souvent nous restons si longtemps et avec tant de regrets devant la porte fermée que nous ne voyons même pas celle qui vient de s’ouvrir devant nous.

— Alexander Graham Bell

 

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Crédits image :

  • Photo  © Sarah Sharp licence CC-BY-NC-SA



Le Québec libre… c’est FACIL !

Que le détournement de la carte d’Astérix illustrant notre campagne Dégooglisons Internet ne vous trompe pas : quand on promeut le Libre en français, ce n’est pas simplement pour un petit hexagone, mais bien au profit de toute la francophonie.

C’est une des joies de nos internets : pouvoir partager des projets (et du code ^^ !) avec des personnes éloignées géographiquement mais proches aussi bien par la langue que par les valeurs.

Pour la prochaine Semaine Québécoise de L’Informatique Libre (du 19 au 26 septembre 2015), FACIL invite Framasoft à parler de ses expériences et de ses projets, mais surtout à échanger avec la communauté libriste du Québec.

Une occasion rêvée pour le Framablog d’ouvrir ses lignes à Mathieu Gaultier-Pilote, président de FACIL, afin de mieux présenter et connaître ce qui se passe chez nos ami-e-s d’outre-Atlantique…

Cliquez sur le logo pour découvrir la FACIL
Cliquez sur le logo pour découvrir la FACIL

Bonjour Mathieu, avant tout, peux-tu te présenter ?

Je suis Mathieu Gauthier-Pilote, 35 ans, travailleur autonome en informatique. Depuis quelques années, je suis chargé des projets numériques à la Fondation Lionel-Groulx, un organisme sans but lucratif dont la mission est de promouvoir la connaissance de l’histoire du Québec et des Québécois auprès du grand public, notamment via des séries de conférences comme « Dix journées qui ont fait le Québec » (2011-2013) et « Figures marquantes de notre histoire » (2014-). (C’est déjà tout en ligne sous licence libre pour la première série.)

Quand je ne suis pas occupé à la Fondation, je suis un militant du libre dans FACIL. Je m’implique beaucoup dans cet organisme depuis 2012.

Alors, nous ne sommes pas tous au fait des acronymes : qu’est-ce que FACIL ? Et qu’est-ce que la SQIL ?

Mathieu, arborant son T-shirt FACIL
Mathieu, arborant son T-shirt FACIL

FACIL, pour l’appropriation collective de l’informatique libre (FACIL), acronyme récursif d’une association québécoise fondée à Montréal en 2003. Au niveau de notre mission et de nos actions, ce qui ressemble le plus à FACIL en France c’est l’April. Côté ressources cependant, nous n’avons pas encore franchi le pas que l’April franchissait en 2005 en se donnant une permanence : nous ne sommes toujours que des bénévoles. Donc FACIL c’est l’April québécois d’avant 2005, mais en 2015. J’arrête avant que ça devienne compliqué. 😛

Énumérer quelques-unes de nos actions récentes en 2015 donnera une bonne idée de ce que nous sommes :

Qu’est-ce que la Semaine québécoise de l’informatique libre (SQIL) ?

C’est 9 jours intenses d’activités autour du libre. Grosso modo, c’est un phare allumé sur l’Agenda du libre du Québec dans l’espoir d’attirer des non initiés vers nous. 🙂 Le thème de la SQIL 2015 est «L’informatique libre au service d’une société libre».

Quelle est la situation du libre au Québec ?

Il faut être bien honnête : le Québec est dans la bataille pour le libre, mais les libristes d’Europe sont clairement mieux organisés qu’ici.

Côté positif, on peut dire que nous avons tous les éléments de base dans un milieu composé de militants, développeurs, entrepreneurs, chercheurs, politiques, juristes, associations, entreprises, écoles, médias, lieux, projets, événements, etc. Il faut maintenant que ce milieu se fréquente plus souvent, se fasse confiance et se donne les moyens de se développer en marchant dans la même direction (ou à peu près).

Pour résumer ce qui se passe côté logiciel libre au niveau du gouvernement du Québec, il y a un raccourci : https://web.archive.org/web/*/http://www.logiciel-libre.gouv.qc.ca

L’étude du défunt site http://www.logiciel-libre.gouv.qc.ca est fascinante. Il a vécu d’environ 2004 à 2007. On voit bien que les logiciels libres (et les normes W3C) s’installaient dans l’administration publique québécoise dans ces années-là. La disparition du site signale le début d’un long temps à peu près mort… jusqu’en 2011-2012 ! Un jour les historiens nous expliqueront quel espèce de sabotage a produit un tel désastre.

Quoi qu’il en soit, une deuxième période s’amorçait heureusement en 2011 avec une réforme législative et administrative au niveau de la «gouvernance et [de] la gestion des ressources informationnelles», l’apparition d’un portail de données ouvertes en 2012, la création d’un Centre d’expertise en logiciel libre en 2013, etc.

Le logiciel libre est-il solidement implanté au gouvernement cette fois ? Est-il en progression depuis 2011 ? Nous le souhaitons, mais il est difficile de le dire car nous avons peu de données objectives à analyser et nous en sommes toujours au stade des promesses politiciennes de projets à venir quand il ne s’agit pas des grandes annonces… pour des trucs déjà réalisés et bien connus. FACIL fera bientôt paraître (dans le cadre de la SQIL) une critique constructive de la stratégie gouvernementale en TI dévoilée par Québec en juin 2015. À suivre…

Au niveau municipal, il n’y a pas au Québec d’équivalent de l’ADULLACT et on parle beaucoup plus des « villes intelligentes» que de l’éthique du libre ces jours-ci.

Au niveau fédéral canadien, on est plusieurs années en avance sur le niveau fédéré québécois pour ce qui est du « gouvernement ouvert », des données ouvertes et (dans une moindre mesure) du logiciel libre.

Je me limite à ce bref aperçu.

Les plus curieux trouveront pas mal d’infos dans nos publications et dans notre wiki. 🙂

Cliquez pour découvrir le programme de la SQIL 2015
Cliquez pour découvrir le programme de la SQIL 2015

Peux-tu nous en dire plus sur la SQIL ? C’est un peu vos RMLL à vous ? Qui participe ? Quels en sont les temps forts ?

Ce n’est pas exactement les RMLL car ce n’est pas international et ce n’est pas non plus dans une ville donnée. C’est plusieurs lieux sur le territoire québécois en même temps. Toute activité en rapport avec le libre est la bienvenue dans le calendrier. À travers cet exercice qui revient chaque année, ce sont des liens entre les gens du logiciel libre, des ateliers de fabrication numérique, du libre accès aux publications académiques, des données libres/ouvertes, des ressources éducatives libres, etc., que nous essayons de tisser et de raffermir.

FACIL fait plus que simplement coordonner la SQIL : nous trouvons des partenaires pour organiser deux ou trois activités de la SQIL conçues pour les non geeks et plus susceptibles d’intéresser monsieur et madame Tout-le-monde, les médias, etc. Cela dit, c’est une diversité d’activités et de publics que nous souhaitons.

Cette année nous avons une très bonne diversité : des rencontres, des ateliers, des projections de film, des hackathons, des tables rondes, un colloque, un salon, etc.

Les temps forts ? Il y a naturellement la Journée internationale du logiciel libre (Software Freedom Day), qui inaugure la SQIL le samedi 19 septembre. L’autre temps fort, s’il faut en sélectionner juste un, c’est certainement (en tout cas de mon point de vue) la conférence que Pierre-Yves donnera sur les services libres de Framasoft le jeudi 24 septembre au Laboratoire de cyberjustice de l’Université de Montréal.

Côté histoire, je tiens à mentionner que la SQIL a été lancée en 2004 par Robin Millette, l’actuel vice-président de FACIL. Pour plus de détails, voir ce que nous avons déterré à ce sujet l’an dernier grâce à la machine fabuleuse d’Internet Archive.

Framasoft est invité à participer (merci !) : pourquoi ? Peinez-vous vous aussi à sensibiliser le grand public aux questions du libre ? Rencontrez vous des difficultés à expliquer pourquoi – et comment – se dégoogliser ?

L’an passé, pour la SQIL 2014, FACIL a invité Jérémie Zimmermann de la Quadrature du Net à participer à une table ronde intitulée « Internet après Snowden » à l’Université de Montréal. Nous avons bien aimé l’expérience et nous avons décidé de récidiver cette année encore avec la visite d’une autre personne/association de France. Nous avons choisi Framasoft entre autres parce que nous adorons l’initiative de la campagne « Dégooglisons Internet». Les libristes québécois pourront-ils venir en aide aux libristes gaulois dans la résistance à l’envahisseur ? Souhaitons-le ! Quelle forme cela pourrait-il prendre ? Cela reste à voir… Ce qui est certain, c’est que toute collaboration sérieuse devra obligatoirement débuter par une discussion autour d’une bière todo liste et en septembre 2015 nous allons en servir plusieurs à Pierre-Yves. 😉

Difficile de sensibiliser le grand public aux questions du libre vous dîtes ? Oui, incontestablement. Personnellement, je crois que nous serons à rebours de tout ce que font les GAFAM du monde tant que nous (les libristes convaincus) ne seront pas capables de dire aux gens normaux :

« Vous voulez acheter un téléphone, une tablette, un ordi, une liseuse, une imprimante 3D ? Achetez des appareils certifiés Respects Your Freedom dans l’un des magasins suivants. Des services numériques libres pour aller avec vos appareils libres ? Voyez le répertoire des services certifiés [insérer label ici] à l’adresse suivante.

Bref, je miserais sur la voie de la certification éthique pour les produits, services, compétences que nous offrons. Sans être la réponse à tout (loin de là), c’est aussi important à mon avis que le sont les appellations contrôlées pour ne pas se faire vendre de la piquette.

Je crois que depuis les révélations Snowden nous avons certes des défis nouveaux (ça va nous prendre obligatoirement du matériel libre et un réseau libre pour aller avec nos logiciels libres et nos services libres décentralisés et respectueux de la vie privée), mais aussi des avantages nouveaux très évidents : les gens normaux nous croient sans problème lorsque nous leur parlons de la surveillance de masse des agences de renseignement et des géants du numérique. J’ose croire que les gens sont de plus en plus conscients qu’il nous faut opérer une transition en masse vers quelque chose d’autre. C’est à nous de les attendre à l’autre bout, avec des solutions adaptées aux compétences réelles des utilisateurs et utilisatrices lambdas.

Les Québécois sont massivement dans Facebook et Google d’après les dernières enquêtes et il n’y a rien ici de comparable à Framasoft, alors nous partons de bien loin…

Qui sera la personne/association que vous inviterez pour la SQIL 2016 ?

C’est une SURPRISE !!! 😉




Framasoft fait sa rentrée (probablement près de chez vous)

Tout en travaillant d’arrache-pied à la suite de notre (modeste) plan de libération of ze monde, les membres de Framasoft se plient en quatre pour venir à votre rencontre aux cinq coins de l’hexagone et même au-delà !

Un septembre Francophone (mais pas que)

Pyg en Tux lors des dernières RMLL
Pyg en Tux lors des dernières RMLL

Framasoft invité au Québec ! Les idées du Libre s’échangent et essaiment partout où l’on partage la même langue et les mêmes valeurs… Ce qui n’empêche pas un de nos valeureux bénévoles de parler de nos projets dans la langue de Stallman… à Nantes ! Petit tour d’horizon d’un mois bien chargé :

  • Parisiennes, Parisiens, ce week-end, du 12 au 13 septembre, Fred, Kinou nous représenteront sur le village du Libre à la Fête de l’Huma, au Parc départemental Georges Valbon à La Courneuve (93)… mais ça vous le saviez déjà !
  • Ce week-end aussi, Pouhiou aurait dû participer à Alternatiba Toulouse (allées Jules Guesdes), mais un vilain virus pas du tout informatique le cloue au lit. Que cela ne vous empêche pas d’aller y saluer nos ami-e-s de Toulibre !
  • Du 18 au 27 septembre : Framasoft s’envole au Québec, à l’invitation de la FACIL, et afin de participer à la SQIL (qui sont un peu les RMLL québecoises) :
    • Samedi 19/09 à Montréal « État des services libres en 2015 », avec Pierre-Yves Gosset (alias Pyg)
    • Jeudi 24/09 de 17 à 20 H (toujours à Montréal, toujours avec Pyg) : Conférence Framasoft « Dégooglisons », suivie d’une table ronde sur les savoirs libres
    • Notre Pyg devrait même se faire interviewer (à confirmer) sur Radio Canada le samedi 19, à 13H (heure locale), dans l’émission « La sphère »
  • Le 24 septembre, à Paris (Be Coworking – 60 rue de la Jonquière, 17e) Fred participera dès 19H à une table ronde chez StoryCode Paris
  • Le 25 septembre, à Nantes Nicolas Loeuillet (développeur de Wallabag, et membre de Framasoft) participera au FOSSa et ce en anglais !
  • Les 26 et 27 septembre, place de la république à Paris, nous serons dans le Quartier du Libre d’Alternatiba Paris fièrement représentés par Fred et Kinou et au milieu des associations amies qu’on ne présente plus 😉
  • Et le 29 septembre, à Nancy : Pyg (fraichement rentré du Québec) participera à une table ronde « Internet : quel espace de démocratie ? » au forum POP-MIND (forum des musiques actuelles).

alternatiba paris

 

Un automne loin d’être monotone

Avant que la police des jeux de mots ne nous mette à l’amende pour ce titre forcément illégal, voici le programme (non exhaustif) des mois à venir, encore une fois dans la francophonie puisque nous passerons par la Suisse :




Le Libre et les Makers s’invitent à la fête de l’Humanité 2015 (et ont besoin de vous !)

L’an passé, Framasoft participait à la Fête de L’Humanité.

Nous avions alors longuement interviewé Yann Le Pollotec (informaticien, membre du conseil national et animateur de la réflexion sur la révolution numérique au Parti Communiste Français) à qui nous avions posé de nombreuses questions, notamment sur le positionnement du Parti Communiste vis-à-vis du logiciel libre.

Cette année, l’initiative est renouvelée… mais en plus grand ! Avec un « Espace du libre, des hackers et des fablabs ».

L’occasion pour nous de demander à Yann quelles sont les nouveautés de cette année 2015.

L'espace Logiciel Libre / Hackers / Fablabs de la fête de l'Huma 2014
L’espace Logiciel Libre / Hackers / Fablabs de la fête de l’Huma 2014

Bonjour Yann, exceptionnellement, nous n’allons pas te demander de te présenter, ni de nous parler du rapport PCF/Logiciel libre, car tu nous avais déjà répondu l’été dernier. En revanche, peux-tu nous en dire plus sur cette version 2015 de l’Espace du libre ?

Cette année l’Espace du libre et des fablabs double sa superficie avec de nouveaux venus : l’association La Mouette qui présentera la dernière version de Libre office, Mozilla France, APEDEC Ecodesign Fab Lab, l’Electrolab, Marker Girls, Bionico Hand. Nous aurons un grand débat sur le « big data et digital labor » avec Yann Moulier Boutang le samedi 12 septembre à 10h30.

Un autre débat  aura lieu le vendredi 11 à 17h30 sur « les libertés et les droits sur l’Internet après les lois anti-terroristes et renseignement », avec Cécile Cukierman sénatrice, Véronique Bonnet de l’April, la Quadrature du Net et la CNIL. Enfin Nicolas Huchet avec sa prothèse de bras intelligent « open hardware » qu’il a développée, sera présent.

Un mur entier sera consacré à l’exposition pédagogique sur le logiciel libre et ses enjeux, installation conçue pour cet événement  par le collectif Tiyounim.

Garder une place pour les mouvements du Logiciel Libre, des Makers, Hackers et Fablabs à la fête de l’Huma a un sens… Quels ont été les moteurs de cette décision ?

Ce qui motive notre décision c’est que ces mouvements avec leurs contradictions, et parfois leurs difficultés à créer des écosystèmes viables, sont fascinants, et leurs acteurs jouent le rôle des accoucheurs passionnés et tourmentés du monde de demain et d’un autre rapport au travail, à la propriété et à la création.  Ils préfigurent à bien des égards une société post-capitaliste fondée sur la notion de Commun, d’une manière certes encore minoritaire, fragile mais résiliente, balbutiante mais virale.

Tout cela ne se fait pas sans contradictions, et difficultés pour créer des écosystèmes viables, avec un « capitalisme cognitif » pour reprendre l’expression de Yann Moulier Boutang qui a à la fois besoin de ces communs numériques que sont par exemple les logiciels libres mais qui, en même temps, entrave leur développement en tentant de s’accaparer le bien commun en posant de nouvelles enclosures.

C’est, une fois de plus, un gros village associatif qui sera proposés aux visiteuses et visiteurs. Quels acteurs seront présents ?

Dans l’ordre alphabétique : APEDEC Écodesign Fab Lab, April, Bionico Hand, Camille Bosqué, Carrefour numérique au carré, Electrolab, Collectif Emmabuntüs, FDN, Franciliens.net, Framasoft, Licence Creative/Creative Commons France, Marker Girls, La Mouette (Libre office), Mozilla, Open-Edge, Les Ordis libres, Parinux, Petits Débrouillards Idf, La Quadrature du Net, Ubuntu.

Espace_Logiciel_Libre_Hackers_Fablabs_Huma_2014_2

Organiser une telle rencontre entre le Libre et les visiteurs et visiteuses de la fête de l’Huma, ce doit être un sacré travail… Tu peux nous expliquer à quoi ressemble tes (et vos) heures passées dessus ?

C’est d’abord un travail collectif avec tous les acteurs qui seront présents sur l’espace et qui l’auto-gèreront. C’est un travail de contacts, de communication, d’explication, de promotion, de pédagogie et de conviction. Il s’agit aussi et surtout d’organiser la coordination avec toutes les parties prenantes de la fête : architecte, programmateurs, régisseurs, services techniques, sécurité, prestataires de services et militants.

Afin de financer une partie des frais, vous avez initié une campagne de financement participatif. Pourquoi ce choix de la collecte et à quoi va servir cet argent ?

La fête de l’Huma met à disposition pour notre Espace une surface de 300m² qu’elle loue au Parc des expositions du Bourget. En échange, par le financement  participatif nous assurons la réalisation et l’impression du mur d’expo sur les logiciels libres et les flyers présentant l’Espace, les frais liés à la venue de Rennes à la fête de Bionico Hand, l’électricité, l’accès l’internet haut-débit, la location de mobiliers, les parkings pour les livraisons, et une caisse de solidarité sur les passes d’entrée à la fête de l’Huma afin de permettre la participation des bénévoles nécessaires au fonctionnement des associations parties prenantes et de couvrir une partie des frais de location de surface engagés par la fête de l’Huma. Nous avons choisi le crowdfunding car il représente pour financer un projet la possibilité d’échapper aux banques et aux contraintes de la subvention publique, en s’émancipant de décideurs publics ou privés souvent au mieux indifférents ou étrangers à ce qu’on leur présente.

Alors pour faire vivre l’espace des logiciels libres, des hackers et des fablabs à la fête de l’Humanité,  contribuer ou faites contribuer sur : https://fr.ulule.com/logiciellibre-fablab/  (clôture de la campagne le 6 septembre à minuit).

Un petit mot pour la fin ?

Nous avons la volonté de faire de cet espace co-produit part des acteurs du mouvement des logiciels libres et des fablabs, un lieu d’appropriation sociale et politique par le « faire », le ludique et le débat des enjeux cruciaux du numérique. Il s’agit, dans une démarche d’éducation populaire de faire toucher du doigt au public de la fête de l’Huma les potentialités émancipatrices comme les dangers de la Révolution numérique pour l’avenir de notre société.

Vous avez jusqu’à dimanche (6 septembre) pour soutenir et faire vivre cette initiative, en finançant et/ou partageant la collecte sur Ulule.