Blackout de la Wikipédia en anglais pour protester contre SOPA le 18 janvier 2012

« Chers étudiants, faites vos devoirs à la maison avant mercredi car Wikipédia sera coupé du Net ce jour-là ». Tel est le tweet ironique envoyé par Jimmy Wales pour annoncer la fermeture totale de la version anglophone de Wikipédia demain, mercredi 18 janvier 2012, pour protester contre les mortifères lois SOPA et PIPA.

Ce n’est évidemment pas lui seul qui a pris cette grave et sans précédente décision mais l’ensemble de la communauté, comme l’explique le message de la directrice générale de la Wikimedia Foundation Sue Gardner traduit ci-dessous par nos soins.

Signalons que Framasoft se joindra également au mouvement, non seulement en guise de solidarité mais aussi voire surtout parce que nous pensons que ces lois américaines (à l’influence internationale) sont susceptibles d’impacter négativement l’ensemble d’Internet. Nous avions consacré une série d’articles à SOPA en décembre dernier (voir aussi le dossier de La Quadrature).

À priori les wikipédias italiennes et allemandes participeront également, ne serait-ce que par un bandeau informatif, mais pas la francophone. Il semblerait que la communauté se soit réveillée trop tard pour en discuter, que pour certains ces lois sont lointaines et cet engagement « politique » en désaccord avec « le principe de neutralité ».

C’est respectable mais pour ainsi dire dommage car il s’agit là d’un signal fort (et une bonne manière de sensibiliser d’un coup un grand nombre de personnes), sans oublier pragmatiquement que la majorité des serveurs sont aux USA et que ces lois peuvent brutalement couper les accès de la Wikipédia francophone aux Américains.

Wikipédia Blackout

Blackout anti SOPA de la Wikipedia en anglais le 18 janvier

English Wikipedia anti-SOPA blackout

Sue Gardner, 16 janvier 2012 – Wikimedia Foundation
(Traduction Framalang : Clochix, Poupoul2, DonRico)

Aujourd’hui, la communauté Wikipedia a décidé de fermer la version anglophone de Wikipedia pour vingt-quatre heures, dans le monde entier, à partir de 5h UTC le mercredi 18 janvier. Cette fermeture est un acte de protestation contre deux propositions de loi aux USA – le Stop Online Piracy Act (SOPA) présentée à la Chambre des représentants, et le PROTECTIP Act (PIPA) au Sénat – qui, si elles étaient votées, endommageraient gravement l’Internet libre et ouvert, dont Wikipedia.

Ce sera la première fois que la Wikipedia anglophone manifestera ainsi, et cette décision n’a pas été prise à la légère. Voici comment la présentent les trois administrateurs de Wikipedia qui ont animé la discussion de la communauté, au travers d’un extrait de la déclaration publique signée par NuclearWarfare, Risker et billinghurst :

La communauté de la Wikipedia anglophone estime que ces deux lois, si elles étaient votées, seraient dévastatrices pour le Web libre et ouvert.

Au cours des dernières soixante-douze heures, plus de 1.800 Wikipédiens ont participé à une discussion visant à définir les actions que la communauté pourrait vouloir entreprendre contre SOPA et PIPA. C’est de loin le plus fort niveau de participation à un débat jamais vu sur Wikipedia, et cela illustre combien les Wikipédiens se sentent concernés par ces propositions de lois. L’écrasante majorité des participants est favorable à une action de la communauté afin d”encourager une participation plus générale de la population contre ces deux lois. Parmi les propositions étudiées par les Wikipédiens, ce sont celles qui conduiraient à un « blackout » de la Wikipedia anglophone, conjointement avec des blackout similaires d’autres sites opposés à SOPA et PIPA, qui ont reçu le plus de soutien.

Après un passage en revue détaillé de ce débat, les administrateurs chargés de le clore constatent un soutien solide des Wikipédiens du monde entier, et pas seulement aux États-Unis, en faveur d’une action. L’opposition principale à un blackout généralisé du réseau Wikipedia venait de membres de la communauté préférant que le blackout se limite aux visiteurs américains, et que le reste du monde ne voie s’afficher qu’un simple bandeau d’explication. Nous avons néanmoins relevé qu’environ 55% des Wikipédiens en faveur du blackout préféraient une action mondiale, nombre d’entre eux faisant part d’inquiétudes concernant des lois similaires dans d’autres pays.

En prenant cette décision, les Wikipédiens essuieront des critiques pour avoir abandonné leur neutralité et pris un position politique. C’est une question justifiée et légitime. Nous souhaitons que les internautes accordent leur confiance à Wikipedia, et ne craignent pas d’être soumis à une quelconque propagande.

Mais bien que les articles de Wikipedia soient neutres, son existence ne l’est pas. Comme l’a écrit récemment Kat Walsh, qui appartient au conseil d’administration de la Wikimedia Foundation, sur une de nos listes de discussion :

Nous dépendons d’une infrastructure légale qui nous permet de publier nos sites. Et nous dépendons d’une infrastructure légale qui permet aussi à d’autres sites d’héberger du contenu produit par les utilisateurs, qu’il s’agisse d’information ou d’avis personnels. Le rôle principal des projets Wikimedia consiste à organiser et rassembler le savoir mondial. Nous l’intégrons dans son contexte et permettons à nos visiteurs de le comprendre.

Mais ce savoir doit être publié à un endroit où tout un chacun peut y accéder et l’utiliser. Si ce contenu pouvait être censuré sans autre forme de procès, cela serait néfaste pour qui veut exprimer son opinion, pour le public, et pour Wikimedia. Si l’on ne peut s’exprimer que si l’on a les moyens d’affronter des défis juridiques, ou si une opinion doit être approuvée au préalable par quelqu’un qui les a, on ne trouvera plus sur internet qu’un même ensemble d’idées consensuelles.

La décision d’éteindre la Wikipedia anglophone ne vient pas que de moi – elle a été prise collégialement par de nombreux éditeurs du réseau. Et je la soutiens.

Comme Kat et le reste du conseil d’administration de la Fondation Wikimedia, je considère de plus en plus la voix publique de Wikipedia et la bonne volonté que les gens ont pour Wikipedia comme une ressource qui doit être utilisée pour le bénéfice du public. Les lecteurs font confiance à Wikipedia parce qu’ils savent que malgré ses erreurs, Wikipedia a le cœur au bon endroit. Wikipedia n’a pas pour but de monétiser leurs visites ou de leur faire croire quoi que ce soit de particulier, ni même de leur vendre un produit. Wikipedia n’a pas de programme secret : elle veut seulement être utile.

C’est moins vrai pour d’autres sites. La plupart ont des motivations commerciales : leur objectif est de gagner de l’argent. Cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas le souhait de rendre le monde meilleur (beaucoup le font), mais que leurs positions et leurs actions doivent être envisagés dans un contexte d’intérêts contradictoires.

Je nourris l’espoir que, lorsque Wikipedia fermera le 18 janvier, les internautes comprendront que nous le faisons pour nos lecteurs. Nous soutenons le droit de chacun à la liberté d’opinion et à la liberté d’expression. Nous estimons que tout le monde devrait avoir accès à du matériel éducatif pour un large éventail de sujets, même s’ils ne peuvent pas le payer. Nous croyons à un internet libre et ouvert où l’information peut être partagée sans entrave. Nous croyons que des propositions de loi telles que SOPA ou PIPA, ou d’autres lois similaires en cours de discussion à l’intérieur ou à l’extérieur des États-Unis, ne font pas avancer les intérêts du grand public. Vous pourrez prendre connaissance ici d’une liste de très bonnes raisons de vous opposer à SOPA et PIPA, proposée par l’Electronic Frontier Foundation.

Pourquoi une action globale, et pas limitée aux seuls États-Unis ? Et pourquoi maintenant, si certains législateurs américains semblent adopter une tactique de retrait vis à vis de SOPA ?

La réalité, à notre sens, c’est que le Congrès ne renoncera pas à SOPA, et que PIPA est toujours en pleine forme. Qui plus est, SOPA et PIPA ne sont que les indicateurs d’un problème bien plus important. Partout dans le monde, nous observons la mise en place de réglementations destinées à combattre le piratage et à réguler internet d’autres manières, avec pour effet de nuire aux libertés numériques. Notre inquiétude ne se limite pas à SOPA et PIPA, qui ne sont que des éléments du problème. Nous voulons que l’internet demeure libre et ouvert, partout dans le monde, et pour tous.

Le 18 janvier, nous espérons que vous partagerez notre engagement et que vous ferez tout votre possible pour faire entendre votre voix.

Sue Gardner




Les codeurs sont la nouvelle élite politique

Au moment même où le citoyen est affaibli par un bulletin de vote qui a de moins en moins de valeur, on voit émerger un nouveau contre-pouvoir disparate, mutant et original : les codeurs.

Analysant la mobilisation contre SOPA et le début des élections américaines, le journaliste du Washington Dominic Basulto n’hésite pas à y voir une forme de nouvelle élite politique dans le sens où une minorité détient un savoir propre à peser réellement sur le cours des choses.

Dans le monde d’aujourd’hui « soit tu programmes, soit tu es programmé »[1].

C’est aussi pour cela que le logiciel libre est si important et que l’informatique doit enfin et pleinement pénétrer le monde éducatif.

James Morris - CC by

Rencontrez la nouvelle élite politique : Les programmeurs

Meet the new political elite: Computer programmers

Dominic Basulto – 10 janvier 2012 – Washington Post
(Traduction Framalang : Clochix, Lolo le 13, Goofy)

Le code devient la nouvelle lingua franca des activistes du Web dans tout le pays, propulsant les mouvements similaires aux Anonymous contre les politiciens et le statu quo. Dans ce processus, les développeurs aident à créer une nouvelle base politique au sein de l’électorat. Si vous savez coder, vous pouvez lancer de nouveaux mouvements, bouleverser les dynamiques des campagnes traditionnelles et mettre la pression sur les candidats de manière peu coûteuse, high tech et très efficace.

Est-ce que cela signifie que les développeurs de logiciels et les experts du code sont la nouvelle élite politique ?

Prenez par exemple la loi SOPA en cours de discussion au Congrès. Elle a déclenché une tempête de protestations sur tout le Web. La base de la campagne anti-SOPA en ligne, qui comporte des sites essentiels comme #BlackoutSOPA et de nouvelles applications qui aident à boycotter les supporters de SOPA, est en grande partie bâtie par des gens qui savent mettre à profit leurs propres compétences en programmation, ou celles des autres. L’« esprit de ruche » de l’Internet est soudain partout dans le cyberspace, il met la pression sur des compagnies comme GoDaddy.com pour qu’elles retirent leur soutien à SOPA, il lance des campagnes contre les législateurs favorables à SOPA, comme le membre du Congrès Paul Ryan, et oblige impitoyablement les individus et les organisations à prendre position quand il faut défendre la liberté de parole sur l’Internet.

Et donc, que se passe-t-il si un candidat prend la mauvaise position sur un sujet brûlant ? Si vous êtes le parlementaire Paul Ryan (élu de la première circonscription du Wisconsin), cela signifie adopter clairement et vigoureusement la volonté collective de l’Internet.

La capacité de ces nouveaux développeurs de faire passer leurs frustrations sur un candidat est rapide, chirurgicale et impitoyable. Voyez ce qui est arrivé au site social d’actualité Reddit, qui est devenu un missile nucléaire politique, manié par des programmeurs et des internautes qui essaient de changer le débat en ligne. En plus de coordonner les attaques contre les partisans de SOPA comme le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham (« l’Opération Graham-le-menteur »), Reddit a été la caisse de résonance pour amplifier les attaques contre des politiciens comme Rick Santorum. Satorum, qui avait été la cible de « bombes Google » il y a des années, continue d’attirer la colère des partisans sur Internet du mariage entre personnes du même sexe et des droits des homosexuels.

Comme l’a écrit le gourou techno et média Douglas Rushkoff, nous sommes entrés dans une ère où « Tu programmes ou tu es programmé ». Soit vous apprenez à parler le langage des multitudes rebelles et high-tech, soit vous assumerez les conséquences d’être un candidat qui promet de faire de la politique du siècle dernier.

En réponse à cette nécessité, les collectifs de codeurs, les cours et les ateliers poussent comme des champignons, s’appuyant sur un esprit conquérant du secteur technologique et le mécontentement général vis-à-vis de l’immobilisme politique. Une des expériences les plus intéressantes de 2012, c’est l’année du Code, ayant rassemblé plus de 290 000 personnes qui ont placé parmi leurs bonnes résolutions pour l’année nouvelle : apprendre à coder. Dès cette semaine, tous ceux qui ses sont enregistrés sur Codeacademy recevront des emails comprenant des tutoriels de programmation à pratiquer soi-même. Le premier mail est parti le 9 janvier.

Au sein des incubateurs technologiques de toutes les villes du pays, apparaissent de nouveaux cours qui promettent d’apprendre à coder à tout le monde. Même le maire de New York, Michael Bloomberg, a déclaré qu’il voulait apprendre à coder cette année (peut-être le baiser de minuit qu’il a reçu de Lady Gaga au nouvel an a-t-il altéré temporairement ses facultés intellectuelles).

En 2011, Les Anonymous ont démontré qu’Internet avait le pouvoir de contraindre à une plus grande transparence, Occupy Wall Street a démontré qu’il était possible de mobiliser des manifestants en ligne, et le secteur technologique a continué à faire tourner des outils très faciles à prendre en mains, avec lesquels on peut créer des applications et des sites Web en quelques heures, pas des semaines ou des mois. Ajoutez à ce cocktail détonant la super vacherie d’un super PAC et une escouade de jeunes idéalistes politisés qui savent coder, et vous pourriez être tout à fait capable de changer la face de la campagne électorale de 2012. À mesure que la vague électorale gagne le New Hampshire, la leçon devient de plus en plus limpide : si vous ne parlez pas le code, vous ne parlez pas la même langue que les nouveaux activistes de ces élections, eux qui sont capables de changer l’esprit du temps dans la sphère politique.

Notes

[1] Crédit photo James Morris (Creative Commons By-Sa)




Aux armes citoyens du net et du monde ?

Bisounours, passe ton chemin ! La traduction que nous vous proposons aujourd’hui est en effet d’une rare violence.

Il s’agit d’un article de Rick Falkvinge, fondateur du parti pirate suédois et désormais invité régulier du Framablog.

Mais est-ce l’article qui est violent ou la société qui nous entoure et qui oblige certains à envisager d’y recourir ?

Gun and Target - Falkvinge

Faut-il se préparer à prendre les armes ?

Do We Really Have To Prepare For The Fourth Box?

Rick Falkvinge – 16 décembre – Site personnel
(Traduction Framalang : Kamui57, Goofy, Phi, Oli44, Salelodenouye, Alexis, Zdeubeu et Don Rico)

Quand je constate que les abominations législatives intitulées SOPA, PIPA et NDAA se conforment au DMCA et au Patriot Act aux États-Unis, je prends conscience que le pire scénario possible concernant les libertés individuelles est en passe de se concrétiser.

Les discussions au sein du Parti pirate suédois ont longtemps eu pour sujet ce que nous pouvions faire pour empêcher l’Europe de s’enfoncer dans une sorte de totalitarisme fascisant. Les États-Unis sont déjà perdus, ils s’y enfoncent irrémédiablement. Notre travail consiste à empêcher l’Europe de suivre allègrement le même chemin, pour au contraire se libérer à temps de ses chaînes. C’était déjà perceptible il y a cinq ans, aujourd’hui c’est d’une évidence criante.

Un article difficile à rédiger : Cela m’a pris plus de vingt-quatre heures pour rédiger cet article, après une semaine passée à glandouiller. D’habitude, c’est le genre d’article que je réalise en trente à quarante-cinq minutes dès que je sais quoi raconter. Dans le cas présent, le problème n’était pas de savoir quoi écrire, car il y a beaucoup à dire, mais de savoir jusqu’où aller. Au final, j’ai décidé de livrer le fond de ma pensée sans retenue.

J’utilise dans ce billet une image déjà employée par beaucoup, celle des quatre « boîtes ». La liberté se défend avec quatre boîtes : la caisse à savon, l’urne électorale, le tribunal (NdT: jury box, en anglais, soit « le banc des jurés ») et la boîte à munitions. À utiliser dans cet ordre.

Mon blog étant à vocation internationale, je me dois d’expliquer ici le sens de l’expression américaine. Ces « quatre boîtes » ne sont pas évidentes à identifier pour un non-anglophone qui en outre vit hors de la sphère culturelle américaine.

  • La caisse à savon (soap box) : celle sur laquelle on se hisse au coin de la rue pour exposer ses opinions aux passants. Au sens figuré, cela consiste à rallier l’opinion publique à votre cause.
  • L’urne électorale (ballot box) : les élections libres, publiques et démocratiques. Si les lois ne fonctionnent pas, et que les élus ne le comprennent pas, remplacez-les par d’autres.
  • À la barre ou le box des jurés (jury box) : si aucun homme politique ne réagit, ni parmi les élus ni parmi ceux qui sont susceptibles de le devenir, l’avant-dernière ligne de défense est le système judiciaire, capable d’abroger les lois contraires aux droits les plus fondamentaux.
  • La caisse à munitions (ammo box) : lorsque le système est corrompu jusqu’à la moëlle, au point que tout l’establishment agit comme un seul homme, et qu’il n’est pas possible de modifier la loi pour préserver les libertés fondamentales, il ne reste alors plus qu’une possibilité.

Nous en sommes actuellement au stade de la troisième boîte, dont le fond commence à céder. J’essaie de refaire fonctionner la deuxième, de revenir en arrière, du moins en Europe. Mais c’est une immense tâche, même si c’est en théorie possible. Encore pire, les personnes au pouvoir créent un état d’esprit où la recherche des faits et l’éducation sont considérées comme des distractions enfantines.

La législation est devenue anti-scientifique, essentiellement dirigée par quatre groupes de pression dont aucun ne veut voir les faits interférer avec l’idéologie-religion qui les anime. Les principes hérités des Lumières sont progressivement devenus un obstacle. L’information est devenue quelque chose de dangereux, et elle est pourtant diffusée à un rythme jamais vu auparavant. C’est peut-être pour cette même raison qu’elle est considérée comme si dangereuse.

« Prenez garde à celui qui vous refuse l’accès aux informations, car au fond de lui, il ne rêve que devenir votre maître » Le préfet Pravin Lal.

Quatre groupes-clés guident cette évolution. Ils y contribuent chacun à leur manière, mais en les réunissant, les conditions sont rassemblées pour verrouiller la société.

  • Les politiciens techniquement apathiques : des décideurs et des politiciens qui non seulement ne comprennent rien aux implications techniques de leurs décisions et de leurs lois, mais qui sont fiers de ne pas comprendre les infrastructures de la société, comme si ce type d’effort était indigne d’eux. Ils essaient aussi de marquer des points en servant les intérêts des trois autres groupes, et ce par des coups bas qui ridiculisent le peu de leurs collègues qui comprennent les répercussions techniques des propositions étudiées.
  • L’industrie du copyright : une industrie menacée d’obsolescence par le concept même des libertés civiles combinées aux les technologies modernes de l’information. Étant donné que les industriels ne peuvent pas revenir en arrière sur les avancées technologiques, ce sont les libertés qui constituent leur cible.
  • Les profiteurs de la sécurité : une groupe très restreint est en train de réussir un beau coup en supprimant nos libertés civiles, l’une après l’autre. Prenez l’exemple du scanner déshabillant dans les aéroports. Il s’agit du même type de personnes qui provoquent la guerre pour générer du profit, qui pensent « On s’en fiche si quelques centaines de milliers de personnes meurent ». On peut mentionner les noms d’Halliburton et de Blackwater Security, par exemple.
  • La coalition des fondamentalistes anti-liberté : les individus prêts à vous dicter ce que vous devez faire de votre vie sont légion. Peu importe qu’ils veuillent vous priver de vos libertés pour préserver les valeurs du christianisme ou de l’islam, du socialisme ou de quelque autre manuel de prescriptions qui prétend avoir une réponse à tout, ils représentent finalement une seule et même menace. Les pires d’entre eux sont ceux qui prétendent le faire « dans l’intérêt des enfants », comme ECPAT (End Child Prostitution, Child Pornography and Trafficking of children for sexual purposes).

Une fois rassemblés, ils provoquent la conjoncture délétère qui permet de mettre en place des politiques non pas destinées au peuple, mais dirigées contre lui, au nom d’intérêts très particuliers. Les lois ainsi promulguées permettent alors sans problème de nous retirer toutes nos libertés, du droit à la vie privée, à la liberté d’expression (industrie du copyright), à notre liberté de mouvement, et jusqu’au droit même à la vie (les profiteurs de la sécurité). Pour cela, il est nécessaire de créer un environnement qui soit fondamentalement hostile aux enquêtes et aux études indépendantes. Cet environnement est déjà en place (une fois de plus : l’industrie du copyright, le « terrorisme »).

Prenons l’exemple de la criminologie, cette science à moitié politique. Elle est fondée sur les preuves et prédit ce qui arrive selon la façon dont on organise les lois, leur application, et la graduation des peines. Il existe un concept appelé dissuasion marginale affirmant que quand quelqu’un commet un crime, afin d’éviter une escalade de violence, il existe toujours une sanction plus lourde à éviter.

Par exemple, si l’on prévoit la même peine pour un cambriolage ou un meurtre, il serait logique pour un cambrioleur de tuer chacune de ses victimes, puisque cela ne changerait rien pour le criminel en cas d’arrestation. Au contraire, avec un témoin en moins, les risques d’être pris s’en trouveraient réduits. Par conséquent, on applique une peine significativement plus élevée pour un meurtre que pour un vol. Voilà un exemple de dissuasion marginale.

Le 16 décembre, le Sénat des États-Unis a fait fi de toute sagesse de ce type et voté à 86 voix contre 13 que tout un chacun pourrait être emprisonné indéfiniment, ou même exécuté, sans procès ni charges contre lui. 86 contre 13 ! Voilà ce que je j’entends par « les États-Unis sont déjà perdus ». Où en sommes-nous si malgré le grand nombre de citoyens qui s’efforcent de respecter les lois, on peut tout de même les jeter en prison, voire les exécuter ? Lorsqu’on ne passe même plus par la case simulacre de procès ? J’ai tweeté à ce sujet hier, en faisant déjà allusion à la quatrième boîte.

Tweet Falkvinge

De plus, la novlangue a déjà commencé à appliquer cela aux dissidents les plus ordinaires. Les gens qui ne sont pas d’accord avec le gouvernement et l’autorité. La détention sans limite et les exécutions arbitraires s’appliqueront uniquement aux « terroristes », mais en même temps l’on a appelé « terroristes de basse intensité » des manifestants lambda lors d’un rassemblement. Pas la peine d’être un génie pour comprendre vers quoi on se dirige, même si beaucoup de gens, et cela n’a rien de surprenant, se voilent la face et refusent de voir ce qui se passe sous leur nez. Comme je l’évoquais précédemment, les prochaines décennies s’annoncent des plus sombres pour les États-Unis.

Laissez-moi vous montrer la gravité de la situation. Lorsque ce genre de lois seront passées et qu’un certain nombre de gens auront disparu, si des policiers viennent pour arrêter, le réflexe le plus logique sera simplement de les abattre à distance. Rien de pire ne peut vous arriver pour l’avoir fait, et cela augmentera vos chances de rester en vie et en liberté. Et les gens se regrouperont en bandes pour s’entraider dans ce seul but – très vite. À ce stade, les lois ne seront plus pertinentes (même s’il y avait des simulacres de procès) ; seule la débrouillardise de la rue déterminera votre sort.

En Suède, j’ai assisté à un exemple concret de population qui se voile la face, il y a quelques années, lorsqu’on abolissait le droit à la vie privée au profit de la mise sur écoute. Les autorités allaient pouvoir procéder à des écoutes en nombre, sans mandat, ni avertissement, ni soupçon de délit, rien. Alors que nous organisions des manifestations pour protester et lisions la proposition de loi aux passants, qui correspond mot pour mot à la loi qui a été votée, ils refusaient de nous croire. Ils ont purement et simplement refusé de voir ce qui se passait, ils pensaient que nous l’avions inventée et que c’était trop invraisemblable pour être avéré. Ce fut l’un des moments les plus exaspérants de ma vie politique. J’y reviendrai dans un prochain billet.

Mais cela illustre un autre problème. Les armes qui jouent un rôle prépondérant, et c’est là l’ironie de la situation, ne sont pas celles qui propulsent du plomb, du cuivre ou de l’acier à une vitesse létale, mais les téléphones portables. Si l’on observe les jeunes – grosso modo la moitié la plus jeune de la population – lorsqu’ils assistent à un crime, vous constaterez qu’ils sortent tous leurs téléphones portables, mais n’appellent pas la police. Ils sortent leurs téléphones portables pour filmer, l’enregistrement se faisant de préférence ailleurs que sur leur téléphone (qui risque d’être détruit vu sa proximité avec le lieu de l’événement).

Slim Amamou, l’activiste du parti pirate tunisien qui a été secrétaire d’État au sein du gouvernement d’union, a remarqué que sur toutes les photos d’activistes du Printemps arabe figurent d’autres gens qui photographiaient la même scène avec leur téléphone. Ainsi, le carburant de cette révolution ne se résumait pas à une image – chaque acteur de la révolution diffusait aussi des instructions sur la façon de propager les informations sur d’autres violations du droit.

Il existe une raison pour laquelle la nomenklatura veut à tout prix le contrôle d’Internet. C’est pour cette même raison que nous devons nous battre pour lui.

Je suis convaincu que la démocratie doit être le chemin à suivre, sans condition, tant qu’elle donne un espoir de liberté. Mais, hélas, cette possibilité se referme – par le biais de nos élus, pour le compte de groupes d’intérêts particuliers. Les profits et le fondamentalisme. Elle n’est pas encore close, mais bien des groupes y œuvrent d’arrache-pied.

Je suis un Européen blanc, d’âge moyen. Un entrepreneur hautement qualifié. Distingué comme l’un des penseurs les plus brillants au monde. Je serre la main des présidents, des membres des gouvernements, et des secrétaires d’État, dans le monde entier. Je n’ai absolument rien à craindre du gouvernement tant que je ne fais pas de vagues. En toute logique, je devrais être l’un des derniers à me rendre compte que l’on peut en arriver là.

Cette considération est moins effrayante si elle est erronée que si elle se vérifie : il est possible que j’aie raison. Peut-être que beaucoup de personnes partagent mes craintes sans les formuler. Si c’est le cas, une grande proportion de la population des pays occidentaux a observé le Printemps arabe et se prépare à devoir probablement faire la même chose de leur vivant.

Certaines personnes pensent que l’Europe en général (et les pays nordiques en particulier) représente un élan d’espoir. J’illustrerai dans des articles à venir comment certains politiciens semblent ne vouloir rien de plus que de marcher dans les pas des États-Unis vers l’obscurité, même si l’Europe peut encore être sauvée. Ici, l’activisme peut avoir un résultat, comme le peut le travail des politiques, en agissant dans la rue. Nous pouvons inverser cette tendance. Nous en sommes capables, et c’est notre devoir.

Je ne souhaite pas que l’on en arrive à la situation que je décris dans cet article. Au contraire. Je jette tous les mauvais sorts du monde à ceux qui ont créé cette situation et me contraignent à voir les choses ainsi. Mais si l’on doit en arriver là après des années de protestation et de dur labeur, alors je m’adapterai. Je me battrai pour la liberté autant que je le peux, et j’aiderai les autres à s’organiser autour de la cause. Je suis passé de la préparation mentale à une réelle préparation à l’effrayante et douloureuse possibilité que la situation puisse devenir vraiment moche.

La photo qui illustre cet article, le pistolet et la cible, n’est pas tirée d’un catalogue comme 99% des photos de ce blog. Cette photo a été prise de mon bureau, à cinquante centimètres de là où je suis assis.




La menace SOPA plane aussi sur le monde éducatif 3/3

On le constate partout dans le monde. Quand les lobbyistes du copyright font pression sur les gouvernements pour qu’ils mettent en place un arsenal répressif sur internet afin de « lutter contre le piratage », cela impacte négativement aussi bien la liberté individuelle du citoyen que la liberté collective de l’univers éducatif dont la caractéristique non marchande n’est jamais prise en considération.

Ainsi en va-t-il donc malheureusement ainsi pour le projet de loi américain SOPA qui fait l’objet d’un dossier sur le Framablog.

Sopa Doll

PS : On notera que le projet de loi a été ajourné mais ne nous réjouissons pas trop vite…

Comment SOPA affecte les étudiants, les éducateurs et les bibliothèques

Electronic Frontier Foundation – Décembre 2011
(Traduction Framalang/Twitter : Kamui57, Skhaen, Gordon, Stephanie, Toto, Martin, Quota)

How SOPA Affects Students, Educators, and Libraries

Les grands groupes de médias et leurs représentants comme la MPAA et la RIAA ont historiquement ciblé les campus universitaires avec des mesures « anti-piratage », et le Stop Online Piracy Act (SOPA) — le projet de loi de censure qu’ils tentent de faire passer au Congrès — n’est pas une exception. Les partisans du projet insistent sur le fait qu’il cible uniquement les sites « pillards » étrangers dédiés au piratage, mais c’est un terme vague et flou, et ses méthodes d’application trop larges n’assurent en rien qu’elles ne seront pas utilisées pour étouffer la liberté d’expression des élèves et professeurs.

Ressources éducatives libres

Les communautés internationales dédiées aux « Ressources Éducatives Libres » (REL), qui sont conçues pour être partagées, améliorées, et utilisées dans l’éducation, ont particulièrement de quoi s’inquiéter. Des sites comme le Japan Opencourseware Consortium ou Universia, qui offre des ressources à plus de 1 000 universités et représente 10 millions d’étudiants, pourraient être concernés. Dans la décennie passée, ces ressources sont devenues grandement populaires, facilitées par le coût réduit de la distribution numérique et la disponibilité de technologies pour héberger et partager. SOPA pourrait inverser ces tendances en plaçant d’écrasantes responsabilités prohibitives sur les sites qui fournissent ces ressources.

Les éducateurs travaillant dans la communauté des REL ont tiré la sonnette d’alarme à propos de ce projet de loi : Curriki, un site principalement dédié à l’école primaire, a expliqué pourquoi en quoi il craignait SOPA ; les Creative Commons se sont également exprimées au sujet de ce projet, et un groupe d’éducateurs influents a soumis une lettre à la Chambre des Représentants expliquant pourquoi ce projet gèlerait la création de contenus éducatifs.

Bibliothèques et bibliothécaires

Ils ne sont pas seuls. Les bibliothèques représentent un autre groupe éducatif potentiellement impacté par SOPA. La Library Copyright Alliance, un groupe dont les membres incluent l’Association Américaine des Bibliothèques, a également envoyé un courrier à la Chambre des Représentants relevant les problèmes principaux du projet de loi.

De façon alarmante, les bibliothécaires rappellent et indiquent « trois procès en cours pour infractions au copyright contre des universités et leurs bibliothèques, liés à leur usage de technologies numériques », reflet « d’une tension croissante entre les bibliothèques et les détenteurs de droits de plus en plus enclin à brandir la menace de la poursuite judiciaire, jusqu’à aller à exécution ». Cette état d’esprit et cette judiciarisation se poursuivront immanquablement avec SOPA qui pourra mener des poursuites y compris pour des activités relevant du simple fair use et menées sans intention commerciale.

Sopa Watched Computer

Le fair use pour les étudiants et éducateurs

Lorsqu’ils feront face à ce genre de situations, les administrateurs mettront vraisemblablement en place des règles pour protéger leurs universités de toute responsabilité encourue, même si ces règles ne tiennent pas compte de l’exception au copyright du fair use permise aux éducateurs. Malgré la protection actuelle explicite de la loi pour « les copies multiples pour l’usage en salles de cours », de nombreuses universités payent des frais de licences forfaitaires à la Copyright Clearance Center afin de s’épargner d’éventuelles poursuites.

Et il est logique qu’elles le fassent lorsque l’on se souvient des poursuites judiciaires engagées en 2008 par un éditeur universitaire contre l’Université d’Etat de Géorgie, soutenu alors financièrement par le Centre pour une simple histoire de droits sur des photocopies d’articles et extraits de livres. l’Université a modifié en la restreignant sa politique légale concernant le copyright après le procès,

Comment agir ?

D’autres acteurs de la communauté éducative ont des problèmes avec la loi, et avec son pendant tout aussi désastreux de Sénat, PROTECT IP Act ou PIPA. L’Association des Etudiants des Etats Unis, qui représente quatre millions et demi d’étudiants dans plus de quatre cents campus sur tout le pays, s’est insurgée contre ces deux lois, et un groupe de plus de cent professeurs de droits a envoyé une lettre vindicative au Congrès.

Les étudiants, bibliothécaires, professeurs, et autres membres de la communauté éducative, conscients des conséquences problématiques que SOPA entraînerait, élèvent leur voix. Et avec le Congrès mettant SOPA à l’ordre du jour cette semaine, nous avons besoin que des étudiants, des enseignants, et des bibliothécaires se mobilisent.

Nous avons préparé une boîte à outils anti-SOPA pour ceux qui veulent agir contre les lois pour la censure. De nombreuses actions proposées impliquent directement les étudiants.

Qui que vous soyez, appellez vos députés au Congrès dès aujourd’hui et prenez connaissance de notre alerte SOPA. Et n’oubliez pas que vous pouvez devenir membre de l’EFF pour un tarif spécial étudiant.

Sopa Locked Computer

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Le projet de loi américain Stop Online Piracy Act (SOPA) a été ajourné :)

Le projet de loi américain Stop Online Piracy Act, ou SOPA, a été ajourné hier afin de se donner le temps d’un « examen plus approfondi des affirmations selon lesquelles cette législation serait nocive à l’infrastructure d’Internet ».

C’est une excellente nouvelle pour tout ceux qui s’étaient mobilisés contre cette énième déclinaison d’une tentative globale de museler le réseau.

Sauf quelques uns dont nous sommes, on en a peu parlé en France. Mais si la prudente Wikipédia a menacé d’une grève c’est qu’il devait bien y avoir une raison !

Evidemment, rien n’est jamais acquis. D’autant qu’une autre loi, PROTECT IP Act ou PIPA, menace tout autant. Cela laisse cependant un temps supplémentaire pour poursuivre inlassablement le travail d’action et d’information et espérer une issue favorable, à savoir le rejet de la loi en l’état.

Il est intéressant de remarquer ici la fracture qui a eu lieu entre les industries culturelles (id est les industries du droits d’auteur), Hollywood en tête et les entreprises des nouvelles technologies qui étaient opposées à cette loi. Quant aux pères de l’internet, leur lettre ouverte ne laisse pas de place au doute.

Rendez-vous au prochain épisode de la bataille contre l’Empire…

SOPA Postcard

PS : Cet article fait partie d’un dossier consacré à SOPA sur le blog. On notera que le projet de loi a été ajourné mais ne nous réjouissons pas trop vite…

Une victoire pour la communauté informatique – la commission parlementaire repousse l’examen de la proposition de loi SOPA

Sopa victory for tech community as US House committee adjourns

Dominic Rushe – 16 décembre 2011 – The Guardian
(Traduction Framalang/Twitter : Ayn, Sophie, Alexis, Speredenn)

Le parlement votera à une date ultérieure la loi sur le piratage sur Internet. C’est une mauvaise suprise pour Hollywood et les plus grandes entreprises de médias.

La commission des lois du parlement américain qui étudiait le projet de loi controversé Stop Online Piracy Act (SOPA) a brusquement repoussé le vote ce vendredi sans fixer une nouvelle date. La victoire surprise de la communauté informatique (NdT : the tech community) est arrivée au milieu d’un feu nourri de critiques sur Internet, malgré le fait que la plupart des politiciens de la commission semblaient soutenir la proposition de loi.

Alors que la discussion en était à son deuxième jour, le président de la commission et principal soutien à cette loi, le Député républicain du Texas Lamar Smith a accepté que soit fait appel à un examen plus approfondi des affirmations selon lesquelles cette législation serait nocive à l’infrastructure d’Internet.

Les plus grandes entreprises de médias, y compris les plus grands noms d’Hollywood, ont fait un lobbying très important pour soutenir cette proposition de loi, prétendant que le piratage sur Internet leur coûtait des milliards en ventes et en emplois. Mais de cadres de Google, de Wikipedia et d’autres importantes entreprises du monde de l’informatique ont accusé la commission de suivre la stratégie utilisée par la Chine pour censurer son Internet et ont affirmé que la proposition de loi, telle qu’elle est écrite, causerait des dommages considérables à la structure même d’Internet.

La communauté d’Internet s’est liguée contre SOPA. Le fondateur de Wikipedia, Jimmy Wales, a menacé de fermer le site Internet si la proposition de loi n’était pas modifiée. Le hashtag #Sopa est devenu de plus en plus populaire sur Twitter cette semaine en raison des inquiétudes grandissantes de la communauté sur ses implications.

Mais SOPA n’est pas morte. Smith a dit que la séance reprendrait « le jour le plus proche où le Parlement sera disponible ». Avec l’imminence des vacances de Noël, la prochaine séance se tiendra au minimum dans plusieurs semaines et avec la perspective de l’élection de 2012, il sera de plus en plus difficile de mettre à l’ordre du jour un vote rapide.

Lors de la séance, le Député républicain de l’Utah Jason Chaffetz a pressé Smith de suspendre la session jusqu’à ce que des experts techniques puissent être convoqués pour dicuter de l’impact de la modification du système de nommage des domaines d’Internet dans le but de combattre le piratage.

Les plus grands noms de l’industrie informatique se sont prononcés contre Sopa, y compris l’ingénieur Vint Cerf, l’un des fondateurs d’Internet. Il a récemment tiré la sonnette d’alarme sur le fait que SOPA risquait de provoquer « une course aux armements mondiale de censure sans précédent sur le web ». Stuart Baker, un ancien secrétaire d’Etat du ministère de l’intérieur, a également attiré l’attention sur le fait que SOPA causerait « des dommages importants à la sécurité de l’Internet ».

Etant donné que la majorité des membres de la commission semblaient être en faveur de la proposition de loi, décider de repousser celle-ci sera perçue comme un coup majeur porté aux entreprises de médias qui ont fait un lobbying important pour qu’elle passe. Holmes Wilson, co-fondateur de Fight For The Future, un groupe de lobbying, a déclaré : « c’est une victoire importante, même si elle est temporaire. Ce n’est pas ce qu’ils voulaient ».

Il a dit que le nombre de personnes attentives aux événements en ligne et que les discussions sur Twitter et Facebook rendait clairement difficile le vote de la loi sans un examen plus approfondi. « Autrefois, les lois pouvaient simplement être votées sans que beaucoup de gens s’en apreçoivent. Ceci n’est plus possible aujourd’hui », a-t-il déclaré.

Ce projet n’est pas la seule loi anti-piratage actuellement en discussion à Washington. Une autre proposition de loi, connue sous le nom de Protect IP Act ou Pipa, est également en préparation.

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12 actions pour combattre et stopper SOPA 2/3

Voir le premier article de notre dossier SOPA et son introduction : Pourquoi le projet de loi américain SOPA nous menace-t-il tous.

I'm no criminal

Combattez la censure : la trousse à outils de l’activiste anti-SOPA

Electronic Frontier Foundation – Décembre 2011
(Traduction Framalang/Twitter : Kamui57, Skhaen, Gordon, Stephanie, Toto, Martin, Quota)

Fight the Blacklist: A Toolkit for Anti-SOPA Activism

Le congrès américain débat d’une dangereuse loi qui donnerait au Département de la Justice le pouvoir sans précédent de « blacklister » des sites web sans décision de justice et donner aux détenteurs de copyrights d’Hollywood un moyen direct et rapide de couper les moyens financiers d’un site web sur l’allégation de violation de copyright, mettant en danger des sites comme Vimeo ou Etsy. Ce n’est rien de moins qu’un projet de loi créant un régime de censure aux Etats-Unis, et il avance rapidement.

Nous avons besoin de votre aide pour stopper cette loi avant qu’elle n’entame la sécurité sur Internet et qu’elle ne censure le Web. Êtes-vous prêt à vous joindre dans cette bataille à l’EFF, Demand Progress, Fight for the Future, Free Software Foundation, Creative  Commons, CDT, the Participatory Politics Foundation, et à Public Knowledge ? Voici 12 actions que vous pouvez mettre en oeuvre dès maintenant pour nous aider à stopper le projet de loi censeur.

Vous avez d’autres suggestions de moyens de lutter contre SOPA et Protect-IP ? Dites-le nous via identi.ca, Twitter, Facebook, par e-mail à rainey@eff.org, ou ajoutez-le en commentaire sur Reddit.

Blackout

1. Appelez vos sénateurs et députés et dites-leur de s’opposer respectivement à Protect-IP et SOPA. Cliquez ici pour quelques suggestions de points d’accroche. Ensuite, parlez à vos amis de cet appel sur les réseaux sociaux.

2. Contactez le Congrès via le centre d’action de l’Electronic Frontier Fondation. Personnalisez votre  courrier afin d’expliquer qui vous êtes et pourquoi vous êtes préoccupés par ce projet de loi. Si vous êtes hors des Etats-Unis, essayez cette pétition de Fight for the future.

3. Si vous travaillez pour une entreprise qui touche aux nouvelles technologies, contactez les dirigeants de votre entreprise et expliquez leur vos inquiétudes. Demandez-leur de se joindre à vous et de s’exprimer. Ces entreprises (PDF) ont déjà pris position.

4. Bloguez à propos des projets de lois de censure. Peu importe qu’il s’agisse d’une explication candide de la raison pour laquelle vous vous opposez à cette législation, une discussion sur ses effets sur les droits de l’Homme ou un appel à des réalisateurs de films pour protester contre les listes noires, il y a de nombreux moyens de communiquer au sujet de cette inquiétante législation. Aidez-nous à faire passer le mot en écrivant des articles sur votre propre blog, le blog de votre établissement, ou sur des blogs ouverts aux contributeurs.

5. Vous êtes un artiste ? Présentez les dangers de la censure au travers de l’art et de la musique, et utilisez-le pour atteindre des gens qui autrement n’auraient jamais entendu parler de ce problème. Vous pouvez concevoir des stickers, posters, patches, créer une vidéo sur Youtube, ou tenir un débat ouvert autour de la censure.

6. Vous administrez un site web ? Mettez une bannière sur votre site pour protester contre la censure ou faites un lien vers l’EFF.

7. Coordonnez une intervention ou un débat dans l’université ou le centre communautaire local. Invitez les experts locaux en ce qui concerne le copyright et la liberté d’expression à venir débattre de ce problème.

8. Si vous êtes au lycée, parlez à vos professeurs d’éducation civique et de médias, demandez-leur de débattre, en cours, des implications de cette loi. Présentez-leur nos supports de cours libres gratuits sur le copyright.

9. Si vous êtes étudiant(e), exprimez-vous par le biais d’organisations similaires travaillant sur les libertés numériques, comme Students for Free Culture ou Electronic Frontier on Campus. S’il n’y en a pas une branche dans votre établissement, créez-en une. puis déployez une plateforme pour vous coordonner avec d’autres étudiants pour parler de ce projet de loi.

10. Si vous êtes étudiant(e), organisez une rencontre entre la rédaction du journal de votre université ou école, et expliquez-leur la loi, en leur montrant pourquoi ils devraient en parler. Travaillez avec eux pour écrire des articles sur ces sujets. Prenez pour exemple le travail des universités de Buffalo, du Massachusetts, du Minesotta. Plus d’exemples sont disponibles sur la page « Chorus of Opposition » du Centre pour la Démocratie et la Technologie.

11. Écrivez une lettre au rédacteur de votre journal local. Souvenez-vous, ils ont souvent des prérequis. Trouvez les et suivez les à la lettre.

12. Devenez membre de l’EFF. Nous menons le combat pour la défense des libertés civiles en ligne, afin que les générations futures profite d’un Internet libre de toute censure. En nous mobilisant de façon unie, nous pouvons y arriver.

Stop Censorship

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Geektionnerd : Quand l’Hadopi s’attaque aux flux financiers du piratage

Hadopi : couper les flux financiers du piratage peut-il vraiment fonctionner ? se demande Numerama.

Notre ami Gee aussi 🙂

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Pourquoi le projet de loi américain SOPA nous menace-t-il tous 1/3

Stop SOPAD’un côté l’État, de l’autre le citoyen. Champ de bataille : Internet. Enjeu principal : la liberté. Parfois le front est international et ça donne l’ACTA, parfois il est national comme l’actuel SOPA aux USA.

Le problème avec les USA , c’est que tout ce qui est national impacte l’international tant est grande leur influence sur l’Internet.

Qu’est-ce donc que ce nouvel acronyme SOPA dont on parle trop peu de notre côté de l’Atlantique ?

« Le Stop Online Piracy Act (ou SOPA), aussi connu sous le nom de H.R.3261, est un projet de loi américain qui élargit les compétences de la législation américaine et des ayants-droit pour lutter contre la contre-façon en ligne de la propriété intellectuelle..SOPA prévoit toute une série de mesure à l’encontre des sites contrevenants. Les pénalités prévues incluent notamment la suspension des revenus publicitaires et des transactions en provenance de services comme Paypal, l’interruption du référencement sur les moteurs de recherche, et le blocage de l’accès au site depuis les principaux opérateurs internet. SOPA criminalise également le streaming de contenu protégés. Les initiateurs de SOPA affirment qu’elle protège les secteurs économiques américains dépendant de la propriété intellectuelle et donc nombre d’emplois et de revenus financiers. Il paraît ainsi nécessaire de renforcer la législation existante, notamment à l’encontre des sites étrangers. Ses détracteurs la qualifient de censure numérique. »

Et Wikipédia de conclure avec la prudence qui la caractérise : « Elle malmènerait l’ensemble d’Internet et menacerait la liberté d’expression. »

Pour ce qui nous concerne, nous n’hésitons pas à lever ce conditionnel et nous nous associons par nos traductions au combat que mène dans l’urgence et avec d’autres l’Electronic Frontier Foundation (EFF) pour tenter de modifier la donne.

Comme le souligne Jérémie Zimmermann sur La Quadrature du Net : « Des mesures de censure du Net aussi vastes et disproportionnées au nom du droit d’auteur sont la conséquence directe de la guerre globale des industries du divertissement contre le partage sur Internet. Alors que la Commission européenne et les États Membres de l’Union européenne poussent à la ratification de l’ACTA pour intensifier la guerre contre le partage, il est clair que les mesures inclues dans SOPA seront bientôt discutées en Europe si rien n’est fait pour les arrêter ».

PS : Cet article fait partie d’un dossier consacré à SOPA sur le blog. On notera que le projet de loi a été ajourné mais ne nous réjouissons pas trop vite…

Quel est le problème avec SOPA ?

What’s Wrong With SOPA?

Electronic Frontier Foundation – Décembre 2011
(Traduction Framalang/Twitter : Kamui57, Skhaen, Gordon, Stephanie, Toto, Martin, Quota)

L’Acte pour Stopper la Piraterie en Ligne (Stop Online Piracy Act, SOPA, H.R. 3261) est une nouvelle loi dangereuse débattue en ce moment à la Chambre des représentants américains. Ses partisans arguent que SOPA cible les sites étrangers « véreux » encourageant les infractions sur internet, mais le langage approximatif qu’elle emploie donnerait naissance à de nouveaux outils dévastateurs pour museler des paroles légitimes partout sur le web.

Malgré l’opposition de longue date d’une coalition diversifiée comprenant des organisations de lutte pour les droits de l’homme et les libertés civiles, des leaders de l’industrie technologique, des experts en sécurité, des spécialistes en droit, des législateurs des deux partis, et beaucoup d’autres, la loi progresse rapidement à travers le Congrès, alimentée par des injections massives d’argent de la part des grandes entreprises de contenus (et donc de gestion des droits d’auteur).

Que pouvons-nous faire pour arrêter cette loi désastreuse ? C’est le moment de prendre le téléphone pour appeler votre député à Washington, et lui faire savoir que nous ne tolèrerons pas cette loi de censure d’internet. Voici quelques faits pour vous aider à comprendre pourquoi :


  • SOPA donne aux individus et entreprises un pouvoir sans précédent pour museler l’expression en ligne. Avec SOPA, des individus ou entreprises pourraient envoyer une notification aux partenaires financiers d’un site (NdT : exemple Paypal), exigeant que ces derniers cessent de traiter avec le site ciblé — même si le site en question n’avait jamais été reconnu coupable d’infraction devant un juge américain. Comme beaucoup de sites dépendent de ces revenus pour couvrir leurs frais de fonctionnement, une seule accusation d’infraction pourrait les ruiner.
  • SOPA donne au gouvernement encore plus de pouvoir pour censurer. L’avocat général peut rayer des sites du web en créant une liste noire et exiger des prestataires de services (tels que les moteurs de recherche et les registraires de nom de domaine) de bloquer les sites appartenant à cette liste.
  • SOPA utilise un langage approximatif dont il va profiter/qui sera exploité. La loi cible presque chaque/n’importe quel site hébergeant du contenu genéré par les utilisateurs ou même qui n’a qu’une fonctionnalité de recherche de contenu, en ne garantissant aucune protection pour les contenus légaux.
  • SOPA ne stopperait pas la piraterie en ligne. Les outils puissants mis à la disposition de l’avocat général gêneront beaucoup les utilisateurs lambda, mais les utilisateurs motivés et expérimentés les contourneront très facilement.

S’il vous plaît appelez aujourd’hui et faites entendre votre voix sur cette question importante. Vous trouverez le numéro de votre député(e) ici : https://eff.org/sopacall.

Il y a beaucoup d’autres raisons pour lesquelles SOPA dessine un avenir sombre à l’avenir d’Internet : cette loi va saper les efforts de défense des droits de l’Homme, interférer avec d’importantes initatives sur la sécurité d’Internet, et balkaniser Internet. Pour plus d’informations sur ces dangers, vous trouverez notre couverture continue de la loi sur https://www.eff.org.

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