Signons l’initiative européenne pour le revenu de base

Interviewée par le passé sur le Framablog, nous accueillons à nouveau Carole Fabre dans nos colonnes pour vous inviter à signer une pétition-votation en faveur du revenu de base.

Si vous adhérez au concept bien entendu, celui d’un revenu versé par une communauté politique à tous ses membres, sur une base individuelle, sans conditions de ressources ni exigence de contrepartie. Ou plus simplement si vous souhaitez que ce sujet soit débattu publiquement et mis dans le futur agenda de nos politiques.

Je me souviens d’une intervention d’Antoine Moreau qui disait que « les licences libres et le revenus de base étaient les deux piliers d’une future révolution ». Utopie ou prophétie ?

Voir aussi cette conférence TEDX Bordeaux de Carole Fabre.

Initiative Européenne - Revenu de Base

Amis du libre,

on sait bien que la route est longue, mais que la voie est libre !
Avec le revenu de base, je vous propose de rendre le chemin un peu moins long… 🙂

Le revenu de base, c’est une somme d’argent donnée mensuellement à tous les citoyens, individuellement, de la naissance à la mort, et sans aucune condition. Pour ceux qui découvrent cette idée, je vous invite à vous renseigner en allant sur le site revenudebase.info.

Vous êtes nombreux à être en route pour porter des valeurs différentes de celles qui sont en train de nous mener droit au mur. Le logiciel libre porte en lui-même une révolution de nos moyens de productions, une réappropriation de nos actes. Créer, partager, améliorer, tous contributeurs, acteurs de nos vies.
Le libre est aussi en train de sortir du code numérique seul, sa philosophie s’étend, de nombreux projets voient le jour où tout est copiable, partageable, améliorable, comme par exemple l’Open Source Ecology Project.

C’est un réel changement de paradigme, de projet de société, de vivre ensemble. Beaucoup d’entre vous travaillent bénévolement pour faire avancer le changement nécessaire, le soir, les week-ends. Beaucoup d’entre vous, si vous n’êtes pas au chômage ou au RSA, travaillent la journée dans des entreprises qui n’ont pas encore amorcé ce cap et qui, hélas, bien souvent, n’ont pas l’intention de le faire. Et il y a quelques chanceux qui ont réussi à trouver à être rémunérés avec leur passion du libre, mais si rares…

Alors, le revenu de base, c’est le booster indispensable pour accélérer la mutation, le levier qui va nous permettre de nous consacrer à fond à nos passions.

Les Suisses, grâce à leur système référendaire, ont obtenu récemment le nombre de signatures suffisantes pour que le revenu de base passe en référendum. Cela va avoir lieu d’ici deux ans.

En Europe, il existe, depuis peu, un système qui se rapproche de la démocratie suisse. Ce sont les Initiatives Citoyennes Européennes, ICE pour le raccourci. Une ICE, pour que le revenu de base soit étudié par les institutions européennes, a démarré au printemps 2013. Si nous atteignons 1 million de signatures avant le 14 janvier 2014, la commission européenne pourra lancer de vastes études tant économiques que sociales pour étudier l’impact du revenu de base dans nos sociétés … et donc à terme l’instaurer rapidement ? Nous l’espérons.

Sachez, que de nombreuses études ont déjà eu lieu à ce sujet, notamment au niveau du financement, vous retrouverez tous les liens sur le site revenudebase.info et sur le site du BIEN (Basic Income Earth Network).

Même si vous n’êtes pas complètement convaincu de cette idée, si vous n’avez pas eu le temps de bien vous renseigner, signez cette pétition-votation pour faire avancer l’idée en Europe et en France.
Plus de 170.000 citoyens européens ont déjà signé, faites-vous aussi entendre votre voix !

Pour signer directement c’est ici : sign.basicincome2013.eu
(le site européen est basicincome2013.eu)

Et comme c’est officiel, vous devez fournir votre identité exacte et même un numéro d’identité. Cela fait peur à beaucoup de monde, nous n’avons pas l’habitude. En général, un simple mail suffit pour signer des pétitions en ligne. Là nous sommes dans un cadre officiel, c’est comme une votation. Tout est hébergé sur des serveurs au Luxembourg, tous est chiffré et les fichiers seront détruits deux mois après la fin de l’ICE. Pas de panique, donc, hein 🙂

C’est sûr, c’est pas gagné encore pour atteindre les 1 million de signatures, mais tout est possible, car en fin de course, bien souvent nous nous réveillons pour signer : )

Et puis c’est bientôt Noël et le Père-Noël, lui-même en personne, a promis de nous aider 😀




Quand le Libre souhaite participer à endiguer l’apocalypse des abeilles

Si les abeilles disparaissaient de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre, estiment certains apiculteurs.

Or on assiste depuis une décennie à un phénomène inquiétant en Europe : le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles.

Et si le Libre permettait d’améliorer la situation en rendant plus accessible la création de ruches ?

Tel est, en gros résumé, l’objectif principal du projet Open Source Beehives qui propose, entre autres choses, des plans de ruches à monter soi-même sous licence libre (CC By-SA).

Open Source Beehives Project

Open Source Beehives Project

Un réseau intelligent de ruches open source peut-il stopper l’apocalypse chez les abeilles ?

Can A Smart Beehive Network Of Open-Source Hives Help Stop The Bee Apocalypse?

Ben Schiller – 18 novembre 2013 – FastCoExist.com
(Traduction : goofy, ardeur, Llu, KoS, Asta, Penguin, Llu + anonymes)

Le projet Open Source Beehives (NdT : Ruches Open Source) vise à ouvrir la voie à l’apiculture à la maison, avec des plans de ruche simples et bon marché. Les abeilles mourant par millions, il faut propager l’information.

Des millions d’abeilles sont mortes — et c’est un vrai problème car nous en avons vraiment besoin. Une centaine de cultures agricoles (d’une valeur estimée à 30 milliards de dollars) dépendent des abeilles pour la pollinisation, sans compter qu’en bénéficient également toutes sortes d’animaux et de plantes. Nous ne pouvons pas vivre sans abeilles.

Les causes de ce syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles (appelé Colony Collapse Disorder en anglais, ou CCD) n’ont pas encore été clairement établies, bien qu’il existe deux suspects principaux, selon une étude récente de l’USDA (NdT : United States Department of Agriculture, le Département de l’Agriculture des États-Unis). Un coupable potentiel est un acarien parasite appelé Varroa destructor, qui suce un fluide du système circulatoire des abeilles et qui porte un virus. L’autre suspect est l’augmentation de l’utilisation d’une classe de pesticide appelée néonicotinoïde. Depuis 2006, époque où les néonicotinoïdes ont commencé à être utilisés largement, les apiculteurs ont signalé qu’ils avaient perdu de 30 % à 90 % de leurs ruches.

Quelle que soit la cause, les agriculteurs vont devoir reconstituer la population d’abeilles, ce qui implique plus de ruches et davantage d’apiculteurs. Le projet Open Source Beehives espère y parvenir en diffusant des plans de ruches simples et bon marché pour qu’il soit facile à n’importe qui de fabriquer la sienne, et encourager la collaboration entre les concepteurs, les techniciens, les chercheurs et les amoureux des abeilles. Pour l’instant, il existe deux modèles : le Colorado Top Bar (dépôt sur GitHub) et le Warré (dépôt sur GitHub). Les équipes à l’origine de ces plans travaillent constamment sur des améliorations.

« Ce plan, facilement transportable, peut être réalisé à partir d’une simple planche de contre-plaqué et s’assemble en quelques minutes sans vis ni colle, comme une Wikihouse pour abeilles » déclare Tristan Copley Smith, de Open Tech Forever, un groupe qui diffuse la technologie open source. Open Tech Forever a imaginé le concept de ruche open source à peu près au même moment qu’un autre groupe, le Fab Lab de Barcelone, l’un et l’autre espèrent désormais impliquer d’autres personnes.

Outre la propagation de ruches bon marché, leur but est d’améliorer la surveillance des abeillles. Ils appellent tous les deux à la conception de capteurs bon marché, pour mesurer l’humidité, la température et d’autres paramètres. Cela aidera les apiculteurs à suivre la santé des colonies et les chercheurs à en apprendre davantage sur ce qui se passe réellement à l’intérieur de la ruche. La version Warré est déjà installée à différents endroits, les capteurs ont été testés à Barcelone, Paris et Bruxelles. Vous pouvez en découvrir davantage sur cette technologie ici :


« Notre objectif est de créer un réseau maillé de colonies intelligentes, qui crée des données ouvertes, partagées sur la plateforme Smart Citizen pour étudier le syndrome d’effondrement et ses causes », explique Colpey Smith. « Nous voulons encourager et faciliter l’apiculture à la maison, tout en éduquant les apiculteurs aux bonnes pratiques et à la création de systèmes d’alerte automatisés ».

Dans cette lettre ouverte du projet Open Source Beehives, vous trouverez plus d’informations sur leurs plans et comment vous investir. « Nous sommes à la recherche de collaborateurs intéressés pour tester nos ruches et nos capteurs avec des colonies actives, si possible dans l’hémisphère sud où c’est actuellement le printemps » dit Copley Smith. « Nous aimerions faire un maximum de tests avant de lancer une campagne Kickstarter en janvier. »

Open Source Beehives Project




Pourquoi les banques entrent en guerre contre la monnaie Bitcoin

La Banque de France a publié ce jeudi 5 décembre une note sur le bitcoin « monnaie non régulée qui n’offre aucune garantie ». Cela a été repris dans tous nos grand médias, d’autant que la banque centrale chinoise s’y est mise à son tour, interdisant officiellement à ses institutions d’utiliser cette drôle de monnaie (conséquence directe : chute momentanée de son cours en yuans de près de 35%).

Or, quand on lit les articles de la presse nationale, on est frappé par le long exposé anxiogène des risques que représente bitcoin, reprenant ainsi les arguments dans la Banque de France, trop rarement (litote) contrebalancé par ses avantages.

Or ils sont nombreux, à commencer par, tiens, tiens, pouvoir (enfin) se passer des banques… CQFD

Maintenant que le bitcoin a grandi et que de plus en plus d’organismes l’acceptent comme mode de paiement, la guerre est ouvertement déclarée. Parce que se passer des banques, c’est tout simplement révolutionnaire par les temps qui courent où l’économique a pris le pas sur la politique…

PS tout à fait personnel : Les banques (avec la complicité des gouvernements) ont quand même beau jeu de nous faire la leçon après la crise des subprimes. 2 infos récentes du mois dernier qui intéressent beaucoup moins les médias que les pseudo-problèmes sociétaux (et surtout pas sociaux) du mariage, du racisme ou de la prostitution : une rallonge de 1,5 milliard d’euros aux collectivités pour qu’elles renoncent à tout contentieux contre les banques et Euribor, Libor : la manipulation des taux coûtera 1,7 milliard d’euros d’amende à six banques européennes (mais minimisées selon leur ordre d’arrivée). On nous prend vraiment pour des cons !

Bitcoin accepted here

Pourquoi les banques déclarent la guerre au Bitcoin

Why Banks are Declaring War on Bitcoin

Mark Maunder – 5 décembre 2013 – Blog personnel
(Traduction : Goofy, crendipt, Shanx, Jérémie, Jérémie, Tr4sK, Asta, Omegax, Sky + anonymes)

Et si nous vivions dans un monde où toutes les transactions se faisaient de personne à personne et ne coûtaient quasiment rien ?

Et si nous vivions dans un monde où la valeur de l’argent épargné augmentait petit à petit, non pas grâce aux intérêts, mais simplement parce que, avec le temps qui passe, vous pouvez acheter plus de trucs avec la même somme ?

Et si s’endetter devenait une très mauvaise idée parce que, si vous détenez 10 unités de monnaie aujourd’hui, et que la valeur de celle-ci augmente lentement, alors vous devrez graduellement de plus en plus d’argent ? Ainsi, personne ne voudrait s’endetter.

Et si s’endetter devenait une très mauvaise idée parce qu’épargner devient une très bonne idée, parce que quelle que soit la somme que vous possédez, elle vaut de plus en plus à mesure que le temps passe ? Elle augmente non pas parce qu’elle est exploitée par une banque, mais parce que plus de gens veulent la même somme.

C’est le monde vers lequel nous nous dirigeons, car c’est ainsi que Bitcoin fonctionne. Un univers en parallèle des banques qui laisse celles-ci en position de faiblesse.

Bitcoin n’est pas une banque centrale où l’afflux d’argent peut-être régulé par une charte, charte pouvant être contrôlée par les lobbys et manipulée par les grands industriels. L’apport de la monnaie Bitcoin est gouverné par un algorithme, et cet algorithme assure que le Bitcoin sera toujours sujet à la déflation. Cela signifie que le rythme auquel la monnaie Bitcoin est créée ralentira progressivement pour complètement s’arrêter tôt ou tard. Par conséquent, aussi longtemps que l’activité économique (qui dicte la demande monétaire) augmente doucement, cette devise vaudra progressivement un peu plus.

Traditionnellement, la déflation, pendant laquelle la monnaie vaut plus et les prix des denrées et services chutent, est le pire cauchemar des économistes. Ceci parce que lorsque vous êtes en déflation, les salaires baissent. La plupart des consommateurs sont endettés d’une façon ou d’une autre. Si vous devez 100 000 dollars pour votre maison et que votre salaire passe de 50 000 à 30 000 dollars par an, vous avez un gros problème. Vous commencez à dépenser moins, l’activité économique ralentit et cela alimente une déflation plus forte. Une économie peut ainsi entrer dans une spirale déflationniste.

Dans l’économie Bitcoin, la déflation est au cœur de la devise. Cela signifie que c’est une très mauvaise idée d’emprunter de l’argent en Bitcoin parce que vous devrez de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe et que vous ne serez jamais en mesure de le rembourser. En revanche, si vous ne vous endettez jamais et que vous décidez d’épargner, l’argent que vous conservez vaudra un peu plus chaque jour.

C’est un cauchemar pour les banques parce qu’elles veulent que vous empruntiez toujours plus afin que vous payiez des intérêts sur vos emprunts. Elles veulent ainsi maintenir un écart entre les intérêts que vous payez, et ceux qu’elles paient pour emprunter l’argent qu’elles vous ont prêté.

C’est un plus grand cauchemar encore parce que les banques veulent que vous ouvriez un compte d’épargne et y déposiez de l’argent afin que vous puissiez percevoir des intérêts dessus et rester en phase avec l’inflation. Si vous ne déposez pas suffisamment d’argent à la banque dans un contexte inflationniste, votre argent perdra de la valeur. Mais si vous déposez de l’argent dans une banque, elle l’investira à votre place, percevra des intérêts, vous reversera des intérêts à un taux plus bas et conservera la différence. Donc si vous n’alimentez pas un compte d’épargne parce que votre argent prend de la valeur automatiquement par la déflation, les banques perdent.

Pour résumer, vous n’empruntez pas et vous ne déposez pas votre argent dans un compte d’épargne ou un compte d’investissement pour suivre le rythme de l’inflation, par conséquent les banques perdent les revenus des prêts et des dépôts qui leur permettent d’emprunter peu et de prêter beaucoup, qui est un de leurs modèles économiques de base.

Donc, que reste-t-il à faire aux banques ? Eh bien, elles pourraient seulement passer leur temps à faciliter les transactions comme le font Visa, Mastercard, le réseau SWIFT, Western Union Money Transfer et d’autres. Mais on a déjà dit que les transactions Bitcoin sont faites de personne à personne et coûtent très peu. Les banques ne perçoivent même pas ce revenu.

Et c’est pour cela que les banques travaillent très, très dur en coulisse pour essayer de tuer Bitcoin avant qu’il ne les tue. Voilà quelques exemples :

Les banques qui sont le plus effrayées sont celles qui se développent dans les pays comme l’Afrique du Sud, où les frais de transactions sont bien plus élevés que dans les pays développés. Ces frais sont élevés car les déposants ont tendance à être en moins bonne santé et épargnent de plus petites sommes, donc pour contrebalancer le fait qu’il y ait moins d’argent pour que les banques puissent investir, celles-ci assomment leurs clients avec de gros frais de transactions. Les pays développés ont tendance à avoir de nombreuses populations migrantes qui envoient de l’argent dans leurs familles à l’aide de services tels que Instant Money qui permet l’envoi d’un code par SMS à une personne qui peut ensuite aller dans un supermarché local afin de recevoir la somme associée. Les frais de transactions pour de tels services sont élevés et si Bitcoin devient un mode de transfert et de stockage d’argent plus efficace en terme de coûts, les banques des pays développés vont perdre un business très lucratif.

La guerre contre le Bitcoin vient tout juste de commencer. Les banques traditionnelles ont un gros stock de munitions pour la mener car leurs munitions c’est l’argent.

L’Internet des débuts était plus libre que celui d’aujourd’hui. Les monnaies chiffrées sont peut-être plus libres aujourd’hui qu’elles ne le seront jamais.

Annexe

On pourra relire à l’occasion ces 3 articles du Framablog :




Un magazine Linux décide de libérer son contenu après 9 mois de publication

Linux Voice est un nouveau projet de magazine anglophone autour de GNU/Linux et du logiciel libre. Il ne verra le jour que si son financement par crowfunding sur Indiegogo est couronné de succès (il est d’ores et déjà en passe de l’être).

Lors du lancement de la campagne, il avait été annoncé que le contenu du magazine serait rendu « free » au bout d’un certain temps.

Le problème c’est que ce terme est très flou a priori. Ils ont levé tous les doutes en adoptant la libre licence CC By-SA et s’en expliquent dans l’article traduit ci-dessous.

Un exemple à suivre pour notre presse spécialisée francophone ? (si, oui, nous sommes preneurs pour faire connaître et diffuser les articles en tout cas :))

Linux Voice (cover)

Licence libre après neuf mois

Free licence after nine months

Ben Everard – 18 novembre 2013 – LinuxVoice.com
(Traduction : Isammoc, Lordphoenix, Marie-Lou, Penguin, Mooshka, Sky, Zergy + anonymes)

Nous avons annoncé il y a une semaine que nous essayions de lancer un nouveau magazine Linux qui rendrait tous ses contenus « free » (NdT : free peut vouloir dire à la fois « libre » ou « gratuit ») après une période maximum de neuf mois. La réponse jusqu’à présent a été phénoménale et les fonds sont arrivés bien plus vite que nous l’avions prévu.

Nous en avons discuté sur Hacker News, Reddit, Shashdot, The Register, The Guardian et des forums partout sur le web. Une question remontait régulièrement : Qu’entendez vous par « free » ? Tout le monde dans la communauté open source sait que ce simple mot peut être compris de différentes façons.

De toutes parts sur Internet, on nous a poussé à être fidèle à la liberté (NdT : au sens de « free as in freedom » comme le dirait Stallman). Clem, bien connu dans le projet Linux Mint, a même laissé entendre qu’il créera une app pour afficher le contenu libre, si tel était le cas.

Nous avons attendu avant de faire une déclaration précise car nous voulions débattre du sujet avec les différents contributeurs et les auteurs indépendants qui nous aideront à faire le magazine. La semaine dernière, nous avons compris qu’il était nécessaire de clarifier ce que nous allions faire. Il serait injuste, vis-à-vis de nos donateurs souscripteurs, de maintenir l’équivoque plus longtemps.

Il y a toujours la tentation d’ajouter des clauses aux licences. Celles qui, selon vous, n’affecteront pas vraiment la liberté mais vous protégeront un peu. Dans notre cas, ce fut la clause non commerciale. Que se passerait-il, imaginons, si un éditeur décidait de réimprimer nos articles et de gagner de l’argent avec notre travail ? Les autres magazines GNU/Linux pourraient publier nos articles sans avoir à débourser un centime.

Cependant, nous parlons des quatre libertés depuis assez longtemps pour savoir qu’elles signifient réellement quelque chose, et il est temps d’accorder nos actions avec nos paroles. Oui, les quatre libertés ont été écrites pour s’appliquer au code, mais leur esprit est facilement transférable, et une clause de non-commercialisation va clairement à l’encontre de ces libertés.

Aujourd’hui, nous pouvons annoncer que nous allons passer tout notre contenu sous licence Creative Commons Paternité – Partage à l’identique version 3.0 «unported» (CC By-SA) au plus tard 9 mois après sa publication. Pour ceux qui ne seraient pas familiers de cette licence, elle est dans l’esprit comparable à la GPL v2. C’est-à-dire que vous pouvez distribuer le contenu de la manière que vous souhaitez, et le modifier comme vous le souhaitez tant que vous mettez ces modifications sous la même licence (« unported » signifie simplement que c’est une licence internationale). Pour plus d’informations sur la licence, voyez le texte Creative Commons en anglais ou la version complète de la licence.

Vous avez peut-être remarqué que nous avons dit « après neuf mois maximum ». Nous prévoyons de rendre disponibles des articles plus tôt, spécialement ceux qui ont, d’après nous, une valeur pour la communauté. Donc, si vous voyez quelque chose qui devrait être disponible plus vite, faites-le nous savoir. Si vous êtes un enseignant désirant distribuer nos contenus à vos étudiants, ou un mainteneur de logiciels open source voulant inclure nos tutoriels dans vos pages d’aide, parlez-nous en, et nous essayerons de faire quelque chose.




Hackadon du 11/12/13 Donnez au Libre ! Entretien avec Bastien Guerry

Bastien Guerry co-organise l’événement « 111213 » qui aura lieu le 11 décembre 2013 à simplon.co à Montreuil, une soirée où les internautes sont invités à soutenir des logiciels libres avec des dons. Nous lui avons posé quelques questions pour comprendre le pourquoi et le comment.

Hackadon

Peux-tu te présenter en deux mots ?

Je m’appelle Bastien Guerry. J’ai découvert le libre en 2000 via Thierry Stoehr, alors vice-président de l’AFUL, et en lisant le recueil d’articles de Florent Latrive et Olivier Blondeau intitulé « Libres enfants du savoir numérique », paru aux éditions de l’Éclat en 2001. Depuis, je suis devenu contributeur de GNU Emacs.

La programmation, simple passe-temps, est peu à peu devenu une passion. Quand j’ai reçu des dons pour mon implication comme mainteneur d’un logiciel, ça a fait « tilt » : je me suis dit qu’il fallait que j’aide d’autres développeurs à recevoir plus de dons. C’est à ça que je consacre aujourd’hui mon énergie avec le projet http://kickhub.com

Tu lances avec d’autres un « hackadon » le 11 décembre. C’est quoi ?

C’est une soirée pour faire des dons à des projets libres, pour recenser les différentes façons de le faire et pour réfléchir ensemble au sens de ce geste.

Nous lançons ça avec Sylvain Le Bon, de http://openinitiative.com, et Frédéric Bardeau, de http://simplon.co.

Depuis quelques années, un bandeau s’affiche tous les ans sur les pages de Wikipédia pendant les campagnes de dons de la Wikimedia Foundation et de Wikimédia France. Cela a permis aux gens de se rendre compte que le sort de l’encyclopédie était entre leurs mains, et que même ceux qui ne contribuent pas directement peuvent jouer un rôle, celui de soutenir l’infrastructure technique et le mouvement Wikimédia.

Pour les logiciels libres, c’est différent. D’abord parce que bon nombre d’entre eux sont en partie financés par des entreprises ; ensuite parce qu’il n’y a pas de canal de communication unique pour solliciter des dons, les demandes avancent en ordre dispersé.

Mais imaginons une campagne qui rassemble des logiciels populaires comme Firefox, LibreOffice et VLC. Qui ne serait pas sensible à un message du genre : « Pour continuer de développer ces logiciels et pour rester indépendants, nous avons besoin de votre soutien ! » Je crois qu’une telle démarche aurait du succès et permettrait à chacun de comprendre qu’il peut être utile, non pas comme développeur, mais comme soutien ; qu’il y a encore plein de logiciels dont la survie dépend de la bonne volonté des contributeurs, et qu’en général, les entreprises ne devraient pas être seules à en assurer le financement.

Le Hackadon du 11 décembre est une première tentative de sensibilisation.

Pourquoi maintenant ?

Le déclic a été pour moi d’assister à la montée en volume du financement participatif ces deux dernières années. Ce que les gens ont l’air d’apprécier dans ces modes de financement (un contact direct avec le porteur de projet, des nouvelles régulières sur ses avancées, etc.) c’est ce qu’on fait dans les projets libres depuis toujours !

On voit de plus en plus de projets libres sur les plates-formes comme kickstarter.com, la dernière campagne pour le Ubuntu Edge a beaucoup fait parler d’elle — et pour cause : il y a une affinité naturelle entre ce mode de financement et le mode de développement du libre.

Mais le préalable est que chacun comprenne qu’en soutenant un projet libre, même modestement, il donne du temps et de l’indépendance à son développeur. Et je crois qu’aujourd’hui les mentalités sont mûres pour cette prise de conscience.

Cette soirée s’adresse à qui ?

À tous ! Nous aurons à manger et à boire pour tous les invités qui se déplaceront jusqu’à Montreuil (l’événement a lieu à Simplon.co, qui co-organise l’événement), et le message s’adresse à Monsieur et Madame Toutlemonde. Pour qu’ils comprennent la différence entre un logiciel gratuit et un logiciel libre. Et qu’ils se disent : « Mais bon sang mais c’est bien sûr, un freeware c’est juste de la publicité, alors qu’un logiciel libre c’est ma liberté ! »

Nous invitons aussi tous les développeurs qui souhaitent solliciter des dons — la soirée sera ponctuée de présentations de donateurs qui expliquent pourquoi ils donnent et de développeurs qui partagent leur passion.

Vous avez un objectif précis ?

Assez : atteindre un beau score final et passer une soirée riche de témoignages et d’échanges !

Est-ce qu’il y aura une suite ?

J’ai un peu cherché mais je n’ai pas vu d’événement du même type.

J’espère que ce hackadon donnera envie à d’autres d’en organiser. La formule est simple : se réunir pour donner à des logiciels libres. Un geste qu’on fait parfois dans son coin, mais qui prend encore plus de sens quand on explique à d’autres pourquoi on le fait.

Donc les suites possibles, ce sont d’autres hackadons ailleurs : croisons les doigts !

As-tu un rêve pour l’avenir du libre ?

Je ne veux plus voir de libriste faire du propriétaire le jour et du libre la nuit. Je ne veux plus voir de libriste dire qu’il abandonne la maintenance d’un projet parce qu’il vient d’avoir un enfant.

La main invisible du marché logiciel a tout intérêt à laisser les utilisateurs confondre le libre et le gratuit ; mais cette main, on risque à tout moment de se la prendre dans la figure tant qu’on ne donne pas plus d’indépendance aux développeurs.

C’est sûr, il y aura toujours plus de bénévoles que de donateurs, car donner de l’argent est rarement une passion. Mais Wikipédia montre l’exemple : on peut rétablir, peu à peu, la balance !

-> Hackadon du 11/12/13 : donnez au libre !

Bastien Guerry




Sortie du livre Utopie du logiciel libre – Interview de Sébastien Broca

Nous avons déjà reçu deux fois le sociologue Sébastien Broca dans nos colonnes, pour une théorie de l’intelligence collective appliquée au logiciel libre et pour une critique de notre biographie de Richard Stallman.

Nous renouvelons l’invitation avec d’autant plus de plaisir qu’il s’agit d’annoncer la sortie de son livre Utopie du logiciel libre – Du bricolage informatique à la réinvention sociale (aux édition du Passager Clandestin) que nous tenons déjà pour une référence francophone dans son domaine.

Vous trouverez en annexe ci-dessous copie audio de la chronique de La Matinale du Mouv’ du 25 novembre dernier, intitulée Le logiciel libre, nouvelle révolution ?, avec pour invités Sebastien Broca et Alexis Kauffmann.

Utopie du Logiciel Libre -Sébastien Broca

Entretien avec Sébastien Brocas (par Alexis Kauffmann)

Bonjour Sébastien, petite présentation succincte ?

Bonjour Alexis. Je suis sociologue, rattaché à la Sorbonne (Université Paris 1). Je viens de publier un livre sur le Libre, dans lequel je raconte l’histoire de l’extension du logiciel libre hors du domaine informatique. J’essaie d’y montrer comment on peut à travers cette histoire éclairer certaines questions liées au travail, à la technique ou à la connaissance.

Commençons par la question « qui fâche » (pour l’évacuer) : Pourquoi ce choix de la plus restrictive des licences Creative Commons, la CC By-Nc-Nd ? C’est pour être sûr de ne pas être pris chez Framabook ? 😉

Je sais que c’est un sujet qui fâche beaucoup de libristes (toi y compris!) mais à vrai dire je trouve que ça ne devrait pas. Il faut tout d’abord rappeler que la licence By-Nc-Nd permet à tous ceux que ça intéresse de télécharger l’ensemble du texte en ligne. Cela me semble remplir l’objectif principal : donner un accès facile au livre, qui est une version largement retravaillée de ma thèse.

Pourquoi ne pas aller au-delà ? De manière générale, la clause Nc se justifie à mon avis par la nécessité de maintenir une distinction entre usages commercial et non-commercial des œuvres. Cela me paraît notamment pertinent pour défendre une réforme d’ensemble du droit d’auteur ; La Quadrature du Net et Lionel Maurel sont assez convaincants sur ce point. Dans mon cas précis, la clause Nc permet à mon éditeur de se réserver les utilisations commerciales du texte. Je trouve cela légitime étant donné qu’il a largement contribué à l’élaboration du livre et que la commercialisation de la version papier est, en l’état actuel des choses, le seul moyen dont il dispose pour gagner de l’argent. Je ne crois pas en la désintermédiation totale : un éditeur indépendant comme le mien fait un travail d’accompagnement des auteurs qu’il faut défendre. On est loin du parasitisme qu’on peut dénoncer chez certains gros éditeurs scientifiques.

Quant à la clause Nd, c’est une question qui renvoie au type d’oeuvre concerné. Je trouve que Richard Stallman est assez lucide là-dessus lorsqu’il dit que le droit de modification – important pour les logiciels et plus largement pour les œuvres fonctionnelles – n’a pas à s’appliquer aux œuvres qui expriment une opinion et aux articles scientifiques. Dans ce cadre les processus d’écriture collectifs et itératifs sur le modèle du logiciel libre peuvent parfois avoir des vertus, mais de façon générale je ne pense pas qu’il faille considérer le travail en sciences humaines comme un constant work in progress sur des textes qu’il s’agirait d’améliorer et de « déboguer. » Il y a une différence épistémologique entre programmer un logiciel et échanger des arguments dans le cadre d’une discussion rationnelle, ce qui est à peu près ce qu’on est censé faire en sciences humaines. Dans le second cas, la possibilité de modification n’est pas nécessaire.

Alors, ce livre, Utopie du logiciel libre, invite à prendre Utopie au sens de « utopie concrète ». Peux tu préciser le concept et en quoi selon toi le logiciel libre en est une ?

Oui, je n’utilise pas le terme utopie dans le sens péjoratif courant, afin de dénigrer des ambitions irréalistes et un peu farfelues. Je l’emploie plutôt pour désigner des projets qui dessinent un monde social différent dont rien n’indique qu’il soit totalement hors de portée ou, du moins, qu’on ne puisse pas s’en approcher. Cet usage positif du terme a des racines historiques dans les utopies socialistes du XIXe siècle par exemple, et des racines philosophiques chez des auteurs comme Walter Benjamin, Ernst Bloch ou plus récemment Miguel Abensour.

C’est à Ernst Bloch que je reprends l’expression en apparence contradictoire d’« utopie concrète ». Je l’applique au logiciel libre pour mettre en avant deux choses. D’une part, le logiciel libre et toutes les ramifications qu’on lui connaît désormais (de la culture libre à l’impression 3D) esquisse un modèle social différent : on peut en tirer des idées assez fortes sur ce que devrait être l’organisation du travail, le rapport aux objets techniques ou la régulation des échanges sur Internet. D’autre part, cet idéal utopique n’est pas abstrait ou purement théorique. Il est au contraire incarné et construit à travers des pratiques, que ce soit les pratiques de collaboration dans des projets comme Debian, Wikipédia ou Open Street Map, ou l’activisme de certains libristes sur les questions de propriété intellectuelle (brevets, copyright, régulation des échanges sur Internet). C’est cette conjonction d’un idéal social fort et de pratiques inventives qui permet de parler d’utopie concrète.

Sébastien Broca

Tu parles de « réinvention sociale ». Qu’entends-tu par là et irais-tu jusqu’à parler de « révolution sociale » ?

Le sous-titre du livre est « du bricolage technologique à la réinvention sociale ». C’est précisément une manière de mettre en avant l’importance des pratiques. C’est une façon de dire que si le Libre propose une utopie, ce n’est pas au sens où il aurait construit de manière théorique l’idéal achevé et clos de la meilleure des sociétés possibles. C’est à travers l’écriture de bouts de code, l’expérimentation dans l’organisation des projets collectifs, la création de nouvelles licences ou le bidouillage de certains objets que se dessine, de manière un peu impressionniste, quelque chose de différent. Parler de « bricolage » et de « réinvention » permet d’insister sur cette dimension très concrète et empirique du projet de transformation sociale dont le Libre est porteur.

Dans le même ordre d’idées, je trouve le terme de « révolution sociale » intéressant par contraste avec celui de « révolution politique ». Il souligne que les libristes adhèrent dans leur très grande majorité à une vision du changement social « par en bas » (bottom-up), indépendamment de la conquête des lieux du pouvoir politique. Ils partagent cette idée que les individus peuvent changer les choses en s’auto-organisant, sans qu’il y ait besoin de « prendre le palais d’Hiver ». Adrian Bowyer, le créateur de la Rep Rap, illustre bien cet état d’esprit lorsqu’il dit que son imprimante 3D permet une réappropriation des moyens de production qui fait l’économie de la révolution politique et de ses dangers.

Malgré tout, le terme de « révolution » est peut-être un peu excessif, optimiste ou prématuré. Le Libre est loin d’avoir gagné. Et par ailleurs, il est, sur certains points, plus réformiste que révolutionnaire. Sa dimension utopique est parfois contrebalancée par une dimension plus conservatrice.

Tu penses au débat entre « free software » et « open source » ?

Notamment mais pas uniquement. Disons que quand Google, Amazon ou Free utilisent des logiciels libres, je ne suis pas sûr qu’on puisse parler de révolution. Ce que montre l’économie open source, c’est l’habileté de certaines entreprises à réduire leur coût en mutualisant une partie de leur R&D, ou à commercialiser des services (personnalisation, maintenance, formation, etc.) à partir de logiciels libres dont elles n’ont souvent pas payé le travail d’écriture. On est ici au cœur des nouveaux business models du « capitalisme cognitif » plus que d’une « révolution sociale ».

Tu as déjà suggéré la réponse, mais je te pose quand même la question : es-tu « free software » ou « open source » ?

Je suis plutôt « free software ». C’est une manière de présenter les choses qui me semble beaucoup plus riche et intéressante, quand bien même on n’est pas d’accord avec tout ce que dit Stallman. Le discours de l‘open source, qui s’est le plus souvent résumé à dire « nous sommes pragmatiques, nous n’avons pas d’idéologie », m’énerve. C’est faire comme si les choix technologiques n’étaient pas des choix de société, comme si les technologies étaient neutres et devaient être jugées simplement en fonction de leur « efficacité ». C’est se placer dans la position de l’expert, objectif et détaché de toutes les questions de valeurs, position qui n’est à mon avis pas tenable dès lors que des questions sociales sont en jeu (et la technique en est une). En fait, ce discours est le plus idéologique de tous car il occulte qu’il y a toujours des choix à faire, et que ces choix engagent forcément des valeurs et des prises de position.

La posture du free software, qui se présente comme un « mouvement social », me semble bien plus cohérente. Un des coups de génie de Stallman est d’avoir compris que l’enjeu était la liberté des gens plus que celle des logiciels et d’avoir présenté le free software comme une critique de certaines pratiques sociales à travers la question informatique. Cela donne lieu à des réflexions beaucoup plus stimulantes sur la technologie, sur les bénéfices sociaux liés au partage du code, à la circulation de l’information, etc. Il n’empêche que Stallman dit aussi des choses que je ne trouve pas pertinentes. Quand il suggère que l’utilisation de logiciels propriétaires est une faute morale et qu’il ramène Kant et son impératif catégorique dans le débat, je ne le suis plus. Je ne me sens pas irrémédiablement souillé dès lors que j’utilise un logiciel non libre. De plus, on pourrait sans doute laisser le vieux Kant là où il est dans la mesure où les questions sont plus politiques que morales. Ce qui est jeu, c’est le rapport des gens à la technique, le contrôle sur les données personnelles, la limitation du pouvoir des grandes entreprises informatiques comme Apple. Ce sont des questions de société, qu’on ne gagne à mon avis rien à présenter sous un angle moral. Le free software a pour objet la liberté, question politique par excellence, non le Bien en tant que question morale.

Mais alors, le logiciel libre, il est de gauche ou pas ?

D’un point de vue strictement sociologique il est sans doute ni de droite ni de gauche, dans la mesure où on rencontre tous les profils politiques parmi les contributeurs aux logiciels libres. Plus généralement, les mouvements liés au numérique (le Libre mais aussi les Anonymous, les partis pirates, les collectifs comme La Quadrature du Net) sont assez difficiles à analyser à partir d’une polarisation droite/gauche. D’une certaine manière, ils rejouent ce qui s’est passé il y a quelques décennies avec l’émergence de l’écologie politique : en mettant en avant de nouvelles questions, ils brouillent les clivages politiques préexistants.

Ensuite, il existe indéniablement certains éléments qui font pencher le logiciel libre, du moins dans sa version free software, vers la gauche. L’activisme des libristes (que ce soit contre les brevets logiciels, Hadopi, ACTA, peut-être TAFTA bientôt) se comprend la plupart du temps comme une lutte contre l’appropriation de certains biens informationnels par les multinationales, qui ont ces dernières années réussi à tordre le droit de la propriété intellectuelle dans le sens de leurs intérêts. Ce combat contre le « capitalisme informationnel » (comme l’appelle Philippe Aigrain) est plutôt marqué à gauche. Par ailleurs, une part de ce qui se joue dans lopen hardware, le design libre ou lopen source ecology fait clairement écho à des projets politiques de gauche. Quand on parle de se réapproprier certains savoir-faire pour relocaliser la production, rompre avec la consommation industrielle de masse et les logiques d’obsolescence programmée, on est dans la continuité de ce que pouvaient prôner des penseurs radicaux comme André Gorz. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce dernier s’est beaucoup intéressé au logiciel libre et à la fabrication personnelle à la fin de sa vie. Il y voyait les moyens techniques de concrétiser l’utopie décentralisatrice qu’il n’avait cessé de défendre.

Tu parles donc de « politiques » du Libre au pluriel dans ton livre, mais du Libre au singulier et avec une majuscule. Pourquoi ce choix ?

Le Libre, c’est pour marquer que je désigne quelque chose qui ne concerne plus uniquement le logiciel mais qui est comme un seul et même continent en expansion. Dans la mesure où c’est un mouvement culturel et social, on peut en dériver plusieurs politiques, d’où le pluriel pour ce dernier terme (et ma difficulté à répondre de façon tranchée à la question précédente).

Dans les remerciements du livre, on trouve le Framablog « source d’information incomparable ». Tu nous en vois flattés. En quoi cela t’a été utile pour la rédaction de cet ouvrage ?

Cela m’a été utile de plein de façons. Vous avez réuni en quelques années un nombre d’articles assez impressionnant sur tous les aspects de la culture libre, y compris des traductions d’articles américains sur lesquels je ne serai probablement jamais tombé sans vous. Rien que pour ça le Framablog a été une mine d’or. Je me suis aussi beaucoup nourri des commentaires et des débats plus ou moins « trollesques » auxquels les articles donnent lieu. Ça m’a permis, je l’espère, de mieux capturer l’esprit du Libre mais aussi certaines nuances dans le sens que différentes personnes donnent à leur engagement.

Dernière question : tu as donc observé la communauté « libriste », aurais-tu un conseil à lui donner pour que ses principes, ses valeurs et ses idées pénètrent plus encore la société ?

Un conseil qui me semble assez évident, c’est de se mettre à la place de l’utilisateur non-technicien, vous en savez quelque chose à Framasoft. Peut-être que les libristes ont parfois encore un peu de mal à comprendre que les autres ne comprennent pas, et à mesurer la difficulté qu’il y a à quitter un environnement technologique fermé mais confortable pour des solutions libres dont l’utilisation réclame souvent quelques efforts. Et puis il peut y avoir chez certains une pointe d’élitisme, éventuellement de snobisme, liée au fait d’avoir connaissance de choses que les autres ignorent ou d’avoir des compétences (en informatique notamment) qui semblent complètement ésotériques pour la plupart des gens. Cela a parfois un effet excluant. D’une certaine manière, les libristes rencontrent une question qui se pose plus ou moins à toutes les contre-cultures. Soit ils restent dans l‘underground, fiers de leurs spécificités et de leur singularité. Soit ils font un pas vers le mainstream, mais au risque de voir se diluer ce qui les distinguait du tout-venant. Malgré ce dilemme bien connu, il me semble qu’il y a d’autres manières pour le logiciel libre de mettre un pied dans le mainstream que la manière molle et dépolitisée de l‘open source.

-> Utopie du logiciel libre – Du bricolage informatique à la réinvention sociale

Annexe : Le logiciel libre, nouvelle révolution ?

Extrait audio de La matinale du Mouv’ du 25 novembre Le logiciel libre, nouvelle révolution ? avec Sebastien Broca et Alexis Kauffmann.

Partie 1 (10 min)

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Partie 2 (10 min)

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Sebastien Broca et Alexis Kauffmann - La matinale du Mouv' - 25 novembre 2013




La liste des libres cadeaux de Noël de la Free Software Foundation

À la veille des fêtes de fin d’année, la Free Software Foundation de Richard Stallman vous propose sa « liste au Père Noël ». Elle est constituée d’alternatives libres à d’autre cadeaux, peut-être beaux et pratiques, mais qui vous fait perdre le contrôle de leurs usages

On notera que la liste dépasse le strict cadre du logiciel.

Nous y ajouterions bien une petite suggestion francophone : soutenir Framasoft, puisque nous sommes en (cruciale) campagne de dons.

 

Jimmie Home Schoolmom - CC by

 

Le guide des cadeaux pour les fêtes de 2013

2013 Holiday Giving Guide

Zak Rogoff – 20 novembre 2013 – FSF.org
(Traduction : Peekmo, MFolschette, bouddharejoui, lamessen, Slamino, frash, Paul, Spanti Nicola, Asta, Sky)

Offrirez-vous à vos proches des cadeaux qu’ils peuvent utiliser librement, ou des cadeaux qui permettent à d’autres d’en avoir le contrôle ?

Les appareils électroniques sont des cadeaux populaires pour les fêtes, mais les gens négligent souvent les restrictions que les fabricants glissent dans le papier d’emballage. Des sociétés comme Microsoft et Apple peuvent utiliser et utiliseront des verrous numériques (appelés DRM, Digital Restrictions Management en anglais) afin d’éviter que vos proches ne partagent les applications de l’ordinateur portable que vous leur avez offert ou ne remixent des chansons sur leur nouvel iPad coûteux.

Si le destinataire de votre cadeau est aussi malchanceux que cette femme l’an dernier, Amazon pourrait même bloquer tous les livres sur son Kindle et refuser d’expliquer pourquoi. Les entreprises veulent que nous acceptions cette sorte de contrôle intrusif, mais quand on y pense, c’est immoral.

Donner librement

La bonne nouvelle est que, pour chaque appareil qui utilise un DRM ou possède un « bouton d’arrêt » à distance comme le Kindle, des sociétés avec plus d’éthique en ont conçu un meilleur, sans restrictions DRM et que vos proches pourront librement utiliser quelles que soient leurs envies.

Vous trouverez ci-dessous une liste non exhaustive de ces cadeaux plus judicieux, comparés à leur équivalent plus connu mais plus restrictif. Au cours de votre lecture, gardez en mémoire que faire un don au nom de votre ami ou d’un membre de votre famille est au moins aussi significatif que de leur acheter un appareil électronique.

Voici quelques-uns de nos organismes solidaires préférés : l’Electronic Frontier Foundation, Creative Commons, Wikimedia Foundation, Software Freedom Conservancy, Software Freedom Law Center, GNOME Foundation et Free Software Foundation.

Le guide des cadeaux pour les fêtes de la Free Software Foundation

Dans chaque catégorie les cadeaux du haut respectent davantage votre liberté que ceux d’en bas.

Partagez ce « guide des cadeaux » avec vos amis et les membres de votre famille, plus particulièrement ceux qui pourraient vous en offrir un ! (Nous utilisons le hashtag #givefreely)


Système d’exploitation : Offrez en cadeau l’informatique libre, éthique et flexible

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Trisquel GNU/Linux…

  • Système d’exploitation totalement libre : transparent et modifiable
  • Brisez le cycle de mises à jour forcées ainsi que le phénomène d’obsolescence programmée
  • Il est distribué avec tous les logiciels dont vous auriez besoin et un gestionnaire de logiciels convivial pour en trouver encore davantage (vous pouvez aussi offrir un logiciel libre particulier plutôt que directement le système d’exploitation).
  • Visitez trisquel.info pour télécharger GNU/Linux comme cadeau et aidez vos amis et votre famille à installer leur nouveau système d’exploitation. Si vous connaissez quelqu’un qui veut utiliser une distribution entièrement libre de GNU/Linux, mais qui dépend d’un wifi propriétaire, un des adaptateurs du programme de certification Respects Your Freedom (NdT : « Respecte votre liberté ») peut aider.

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…en lieu et place de Windows 8

  • Logiciel propriétaire qui profite de vous en contrôlant la façon dont vous utilisez votre ordinateur
  • Envahit votre vie privée et expose vos données personnelles à Microsoft, à la NSA, et à d’autres attaquants malveillants
  • Dépend de mises à jour obligatoires et de matériels n’acceptant pas d’anciennes versions de Windows

Imprimante 3D : offrez à vos amis créateurs une imprimante 3D qui libère l’innovation ou achetez-en une pour vous-même et imprimez tous vos cadeaux de cette année en 3D !

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Imprimante 3D Lulzbot TAZ 2.0…

  • Certifiée Respects Your Freedom par la Free Software Foundation
  • Fonctionne avec des logiciel libres qui rendent les imprimantes 3D plus accessibles et encouragent l’innovation
  • En apprendre plus sur la Lulzbot : www.lulzbot.com

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…en lieu et place de Makerbot Replicator 2

  • Le logiciel MakerWave est propriétaire : il limite votre liberté et étouffe l’innovation.
  • Les brevets matériels menacent les imprimantes libres comme Lulzbot.
  • Une approche encore plus propriétaire a récemment été annoncée, s’éloignant toujours plus de la communauté du logiciel libre.

Cartes cadeau : vous voulez offrir une carte cadeau cette année ? Offrez-en une dont le destinataire peut garder les avantages.

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Carte d’adhésion FSF…

  • Rejoignez les 3000 membres actifs et faites partie d’une communauté travaillant pour bâtir un monde meilleur construit sur le logiciel libre
  • Profitez d’une foule d’avantages, dont l’entrée admission libre à la conférence LibrePlanet
  • Les donations des membres sont déductibles des impôts aux États-Unis
  • Récupérez votre cadeau d’adhésion dès aujourd’hui sur www.fsf.org/associate
  • Pour un cadeau plus modeste, faites un don au nom d’un ami sur fsf.org/donate

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…en lieu et place d’une carte iTunes

  • Le magasin iTunes utilise des DRM (Digital Restrictions Management) sur tout ce qu’il vend, en dehors de la musique, dans le but de contrôler ce que vous pouvez faire avec vos achats
  • Apple affirme (à tort) que vous ne possédez rien de ce que vous achetez sur le magasin iTunes
  • Il nécessite l’utilisation d’un logiciel propriétaire, même pour télécharger de la musique sans DRM

Portables : offrir un ordinateur portable haut de gamme moins enchaîné

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Notebook ThinkPenguin GNU/Linux…

  • Logiciels libres compatibles wifi et chipsets graphiques avec accélération 3D – fonctionne parfaitement avec n’importe quelle distribution GNU/Linux de votre choix. Bien qu’il ne soit pas totalement libre (il utilise un firmware de démarrage propriétaire), cet ordinateur portable est un des modèles les plus libres disponibles actuellement.
  • Livré préinstallé avec des logiciels libres pour une expérience sans tracas. Visitez libre.thinkpenguin.com et www.gnu.org/links/companies pour acheter des portables 100% compatibles avec GNU/Linux

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…en lieu et place d’une Macbook Pro

  • Les Macbook Pro fonctionnent avec des logiciels propriétaires qui limitent la liberté des utilisateurs
  • Les applications de l’App Store d’Apple sont soumis à des DRM (Digital Restrictions Management) qui restreignent ce que vous pouvez faire avec vos achats
  • Le mode de gestion imposant une obsolescence programmée vous force à acheter fréquemment de nouveaux appareils

Livres électroniques : les lecteurs qui vous sont proches méritent des bibliothèques qui ne disparaîtront pas d’elles-mêmes

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Projet Gutenberg…

  • Premier fournisseur de livres numériques sans DRM
  • Profitez de la liberté de lire vos livres électroniques sur n’importe quel appareil
  • Tous les livres électroniques du projet Gutenberg, dont des classiques : Les Misérables de Victor Hugo ou les poésies complètes d’Arthur Rimbaud, sont gratuits
  • Choisissez les meilleurs livres pour toute la famille sur www.gutenberg.org ou d’autres sites proposant des livres sans DRM

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…en lieu et place d’Amazon


OS mobile : vous devriez avoir le contrôle sur l’ordinateur qui se trouve dans votre poche

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Replicant…

  • Système d’exploitation mobile entièrement libre basé sur Android
  • Les appareils acceptés sont aussi bien des téléphones que des tablettes
  • Il est possible d’acheter des appareils d’occasion. De cette façon, vos euros ne vont pas dans la poche des éditeurs d’OS propriétaires
  • Augmentez la durée de vie de votre téléphone ou tablette – Évitez l’obsolescence programmée
  • Allez sur replicant.us pour en savoir plus

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…en lieu et place d’iOS par appareils Apple

  • iOS est un système d’exploitation entièrement propriétaire, qui assure à Apple un contrôle total sur les appareils qui l’exécutent
  • Apple utilise des DRM pour bloquer les logiciels concurrents
  • La société assume pleinement de vous priver de votre liberté

Stockage en ligne : qui possède vos données personnelles ?

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Least Authority…

  • Basé sur le logiciel libre Tahoe-LAFS, sûr, contrôlable, décentralisé, résistant aux défaillances, et dont les données et systèmes de fichiers sont distribués par pair-à-pair
  • Vous garantit que seuls ceux à qui vous en donnez l’autorisation peuvent voir vos données
  • Le chiffrement côté client permet d’éviter toute intrusion, contrairement à Google Drive, Dropbox, Apple iCloud, Microsoft SkyDrive et Ubuntu One
  • Rendez-vous sur leastauthority.com pour en apprendre davantage

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…en lieu et place de Google Drive

  • Nécessite de donner à Google une licence virtuellement illimitée sur toutes vos données publiques, mais aussi d’accepter que vos données publiques et personnelles soient utilisées à des fins publicitaires
  • Google et les agences d’espionnage peuvent accéder à vos données
  • Rend une société tierce responsable de vos données

Hébergement multimédia : qui possède vos fichiers personnels ?

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MediaGoblin…

  • Bientôt fédéré de façon à permettre le partage décentralisé
  • Accepte les formats de vidéo libres
  • Permet de choisir une licence copyleft
  • Les fichiers sources peuvent être joints au téléchargement
  • Allez sur mediagoblin.org pour apprendre comment l’utiliser

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…en lieu et place de YouTube

  • Utilise le logiciel propriétaire Adobe Flash Player et le codec H264 soumis à de nombreux brevets
  • Implémente des DRM pour contrôler l’accès aux vidéos par appareil et par région
  • Impose de la pub sur vos mises en ligne et applique une politique très dure en matière de copyright

Si vous avez d’autres idées de cadeaux qui peuvent être offerts librement, soumettez-nous vos recommandations.

Crédit photo : Jimmie Home Schoolmom (Creative Commons By)




Renault ZOE : une voiture avec DRM est-elle encore une voiture ?

Lorsque nos voitures ressembleront définitivement à des iPhones, nous ne pourrons les conduire que sur des autoroutes Apple…

Renault Zoé

Renault verrouillera à distance ses voitures électriques

Renault will remotely lock down electric cars

Gerloff – 31 octobre 2013 – FSFE Blog
(Traduction : Jeff_, Dimitri, chr, MFolschette, Catalaburro, Penguin, ttoine, P + anonymes)

Longtemps, les voitures ont été un symbole de liberté et d’indépendance. Plus maintenant. Dans sa voiture électrique Zoe, le fabricant automobile Renault a apparemment la possibilité d’empêcher à distance la batterie de se recharger. Et c’est plus inquiétant qu’il n’y paraît.

Lorsque vous achetez une Renault Zoe, la batterie n’est pas incluse. Au lieu de ça, vous signez avec le constructeur un contrat de location pour la batterie. Sur un forum de possesseurs de Zoe, l’utilisateur Franko30 dénonce le fait qu’une clause de ce contrat donne le droit à Renault d’interdire à la batterie de se recharger lorsque la durée de location contractuelle prend fin. D’après un article du journal Der Spiegel, le constructeur peut aussi le faire en cas de défaut de paiement de votre part.

Cela signifie que Renault a les moyens de contrôler à distance le processus de rechargement de la batterie. Selon le même article, la Zoe (et la plupart des autres voitures électriques) collecte une multitude de données concernant votre utilisation du véhicule, et les envoie au constructeur à votre insu. Ces données indiquent au constructeur où vous allez, quand et à quelle vitesse, où vous rechargez la batterie, et plein d’autres choses encore. Nous savions déjà que Tesla faisait cela depuis la prise de bec publique avec un journaliste qui avait publié une critique de leurs voitures dans le New York Times. Voir un constructeur grand public comme Renault faire la même chose révèle à quel point cette pratique est dangereuse.

Ce genre de choses cadre bien avec le tableau dystopique que brossait Cory Doctorow dans son discours de 2011 « La guerre imminente contre nos libertés d’utilisateurs » (que vous devriez absolument regarder, si ce n’est pas déjà fait, d’autant que traduit en français par le Framablog NdT), au cours duquel il dit que « nous n’avons plus de voitures, mais des ordinateurs que l’on peut conduire ». La question est alors de savoir qui contrôle cet ordinateur. Vous, le constructeur, ou quelqu’un d’autre ?

S’il y a un mécanisme qui permet de contrôler à distance ce que fait votre voiture, certains feront usage de ce mécanisme à un moment donné. Il pourrait s’agir du constructeur qui verrouille votre voiture car vous ne pouvez pas poursuivre la location de la batterie parce que vous avez perdu votre emploi, ce qui signifie qu’il devient plus difficile pour vous de trouver du travail. Il pourrait s’agir du gouvernement, qui forcerait le constructeur à faire ce qu’il lui demande. Dans son post sur le forum, Franko30 prédit que les gouvernements pourraient simplement demander aux constructeurs de voitures de bloquer le rechargement des batteries à proximité d’événements politiques controversés (un sommet du G8 par exemple) afin d’empêcher la participation à des manifestations. Sans oublier la possibilité pour une personne malveillante d’obtenir l’accès à ce mécanisme en soudoyant un employé de chez Renault.

Le seul moyen de se prémunir de tout cela est de se tenir éloigné des voitures et autres ordinateurs que vous ne pouvez pas totalement contrôler, et de créer des systèmes qui responsabilisent les utilisateurs. À la Free Software Foundation Europe, nous soutenons les personnes qui créent des systèmes donnant le contrôle à l’utilisateur.