« La mort d’ACTA » un rap militant par Dan Bull

Dan Bull - CC-by-saDan Bull, c’est un rappeur anglais annoncé comme l’un des « meilleurs jeunes auteurs de chanson » par le magazine anglais Is This Music ? après la sortie de son premier album en janvier 2009. C’est aussi un chanteur engagé, qui défend une vision de l’Internet faite de téléchargements gratuits, de partage et de remix. Il s’était d’ailleurs déjà illustré l’année dernière à se sujet en publiant un titre sous forme de lettre ouverte à la chanteuse Lily Allen, en réponse à la prise de position publique de cette dernière en faveur d’une loi anglaise singeant la riposte graduée de notre HADOPI.

La chanteuse effrontée, connue pour son titre « Fuck You » chanté avec candeur, avait en effet révolté son public à la suite de plusieurs maladresses vis-à-vis de ses fans, expliquant par exemple sur ses forums officiels que si elle avait elle-même utilisé des morceaux de musique d’autres artistes et proposé ses premiers titres en téléchargement libre sur son site, c’était parce qu’à l’époque elle ne se souciait pas de droit d’auteur, trop compliqué pour elle, mais qu’elle avait appris depuis, jugeant du coup avec dédain les méthodes qui l’ont pourtant fait connaître.

Devant la virulence des réponses de ses fans, la jeune chanteuse finit par fermer son site et annoncer qu’elle se retirait de la musique pour se consacrer au cinéma.

Parmi les voix à s’élever contre elle, il y avait donc Dan Bull, dont la lettre ouverte à Lily Allen fut visionnée plus de 350 000 fois sur YouTube depuis septembre 2009, inaugurant une série de 4 autres lettres toutes aussi bien senties…

Aujourd’hui, Dan Bull nous revient avec un nouveau titre consacré cette fois au sinistre accord commercial anti-contrefaçon ACTA, qui, négocié en secret (y compris par le France) depuis des mois, mélange à dessein contrefaçon industrielle, médicaments génériques et téléchargement sur Internet.

Annoncé il y a deux jours en Une du célèbre moteur de cherche de BitTorrent The Pirate Bay, ainsi que sur le twitter de l’auteur ou encore par le blog ReadWriteWeb France, ce nouveau titre a déjà été visionné plus de 100 000 fois sur YouTube.

RWW France proposait d’ailleurs une version française des paroles, mais cette version ne convainquit pas le blogueur Axx qui interpella Framalang [1] à ce sujet avec une autre version du texte. Une fois retravaillée et intégrée à Universal Subtitles dont nous vous parlions mardi dernier [2], sur une vidéo Framatube, voici une nouvelle adaptation [3] de « Death of ACTA » de Dan Bull :

—> La vidéo au format webm
—> Le fichier de sous-titres

Pour finir, même si Dan Bull (interpellé sur Twitter à ce sujet par votre serviteur) n’ose pas mettre sur ce morceau la licence libre qu’il mérite (pour cause de sample copyrighté dans la bande son), il propose tout de même le MP3 en téléchargement libre.

Notes

[1] Sur le canal IRC de l’association #framasoft sur le serveur irc.freenode.org

[2] Notons d’ailleurs que la vidéo de démonstration d’Universal Subtitles a été intégrée aujourd’hui à l’article.

[3] Adaptation Framalang : Goofy, Julien et Siltaar




De la motivation au sein d’une communauté

Il est fort probable que vous ayez déjà vu la vidéo ci-dessous. Elle m’est revenue en mémoire à la faveur du précédent billet De la confiance au sein d’une communauté dont elle lui fait en quelques sorte écho.

Cette vidéo me passionne dans le fond et dans la forme.

Le fond c’est son sujet, à savoir la motivation. Qu’est-ce qui nous motive au juste ?, se demande ici Dan Pink, en fustigeant l’efficacité des récompenses traditionnelles, argent en tête de gondole.

Pour vous la résumer, rien de tel que ce commentaire glané sur le site Rue89 :

« Des études comportementales scientifiques, indubitablement indépendantes du complot socialo-communiste mondial (MIT, unversité de Chicago et Carnegie, financées par la banque fédérale US), démontrent que, si l’amélioration de la productivité d’une tâche mécanique peut-être induite par sa récompense en terme de rémunération, ce n’est pas le cas des tâches cognitives et créatives.

Dans ce cas, le principe de la carotte est plutôt contre-productif. Pour les œuvres humaines plus compliquées que le travail à la chaine, en effet, les trois facteurs identifiés comme induisant une amélioration de la créativité, de la productivité et de la qualité sont :

  • Autonomy, qui se traduit comme ça se prononce.
  • Mastery, le développement personnel et la recherche de l’expertise.
  • Purpose, le but de l’activité, qui sera autant de motivation qu’il satisfait aux critères éthiques et moraux du collaborateur.

Ces résultats, outre qu’ils expliquent l’efficacité de modèles de développement coopératifs tels que Linux ou Wikipédia, remettent en question les dogmes du management, voire de notre modèle économique.

  • Taf à la con où humain = machine : motivation = thunes.
  • Taf intelligent où humain = 1 cerveau au bout des bras : motivation = autonomie + développement personnel + éthique.

C’est-à-dire le contraire de l’idéologie globalement à l’œuvre dans l’organisation de nos sociétés. »

Rien d’étonnant à ce que les deux plus célèbres projets libres soient cités en exemple parce qu’ils corroborent à merveille la théorie. On prend d’ailleurs bien soin de souligner que la participation à ces projets se fait après le boulot (alimentaire ?), sur notre temps libre.

Confiance et motivation ont assurément contribué à leur réussite. Et comme par hasard c’est ce qui semble faire le plus défaut aujourd’hui dans le monde du travail (cf par exemple les interventions de Bernard Stiegler sur la déprolétarisation et l’économie de la contribution).

Mais la forme de la vidéo est tout aussi remarquable, c’est-à-dire la mise en graphique, réalisée par la société londonienne Cognitive Media pour le compte de la RSA (Royal Society for the encouragement of Arts, Manufactures & Commerce), qui suit, illustre et structure visuellement en temps réel les propos de Dan Pink. Le dessin sollicite autrement la vue et donne sens à ce que l’on entend, apportant véritablement quelque chose en plus.

Il est vrai que cela a un côté un peu violent, parce qu’on est en quelque sorte bombardé d’informations multi-directionnelles. Mais ne pouvant prendre notre souffle, on est comme happé par l’exposé. Impossible d’en sortir ou de s’ennuyer, sauf à complètement se déconnecter.

À l’heure de la rentrée scolaire qui s’en vient à grands pas, l’enseignant que je suis trouve cette approche pédagogique extrêmement intéressante. Non seulement j’ai bien compris (alors que je n’ai qu’un piètre niveau d’anglais) mais je crois déjà, en une seule vision, en avoir retenu l’essentiel, sachant que, malgré la densité du discours, on fait tenir le tout en une dizaine de minutes top chrono[1] !

Et si jamais quelque chose vous a échappé, il suffit de la regarder à nouveau, quand vous voulez sur Internet, sans compter que, cerise sur le gâteau, vous obtenez à la fin un énorme, unique et cohérent poster de tous les dessins effectués prêt à être imprimé !

Le format est donc tout bonnement excellent (faudrait que Thierry Stœhr en consacre un billet sur son blog dédié, si ne c’est déjà fait).

Je me prends déjà à rêver d’une forge libre pleine à craquer de ce genre d’animations. Ce sont mes élèves qui seraient contents ! Mais aurait-on alors besoin des profs ? Si, oui, quand même un peu je pense 😉

D’ailleurs à ce propos, je suggère aux collègues d’anglais de trouver un prétexte pour montrer un jour cette vidéo à leurs lycéens, ça en vaut la peine et pourrait faire l’objet d’un intéressant débat dans la foulée, surtout si quelques uns ne savent pas encore ce qu’est Linux ou comment fonctionne Wikipédia.

Bon, il serait peut-être temps de la montrer, cette vidéo après une telle introduction…

—> La vidéo au format webm

URL d’origine de la vidéo sur RSA.org et au format Ogg sur TinyOgg.

Il en existe aussi une version sous-titrée en français, mais c’est presqu’alors impossible de suivre les dessins en direct live ! (mieux vaut plutôt écouter Dan Pink dire à peu près la même chose lors d’une conférences TED, autre format riche et pertinent).

Remarque : Il y a d’autres animations sur RSA.org sur des sujets aussi passionnants que l’empathie de notre civilisation, la question de l’éthique et de la charité et la crise du capitalisme.

Notes

[1] Note : L’article sur La Confiance a été peu parcouru, un commentaire me faisant de suite remarquer qu’il souffrait d’un syndrome qui affectie souvent ce blog, le syndrome TLDR, à savoir « Too Long; Didn’t Read » soit « Trop long pour être lu ». Il aurait dû lui aussi faire l’objet d’une telle animation !




Le Libre Accès ou le retour de la Grande Conversation par Jean-Claude Guédon

« Pour partir de loin, je dirai que le Libre Accès répond a une situation de base importante, qui est que la science, globalement et mondialement, est une Grande Conversation.

Et ce processus de découvertes et d’inventions, que l’on trouve dans la science et la technologie d’ailleurs, repose sur la facilite de converser, d’échanger et de construire sur la base de choses antérieures et ainsi de site.

Or on est dans une situation où pour des raisons multiples, complexes et historiques largement, la conversation a été entravée, empêchée, diminuée, ralentie, rendue plus exclusive pour certains au détriment d’autres et ainsi de suite.

Et tout le mouvement du Libre Accès vise quelque part à restaurer les conditions optimales de cette Grande Conversation.

C’est-à-dire de permettre à n’importe qui a les moyens de lire ces textes d’une façon ou d’une autre, d’aller chercher ces textes facilement, de les consulter facilement, de travailler avec eux, d’élaborer d’autres textes, d’autres recherches, d’autres résultats, et ainsi de suite.

Donc le Libre Accès est simplement une manière de mettre en oeuvre un rêve ancien qui était celui de la République des Lettres et des Sciences du XVIIe siècle, qui était de créer une Grande Conversation avec un certains nombres de pairs. Les pairs en l’occurrence étant ces gens qui étaient égaux les uns aux autres par la façon dont ils avaient réussi à se former, à devenir des scientifiques, à travailler ensemble.

Le Libre Accès à lui tout seul ne résoudra pas tous les problèmes de la science contemporaine. Mais le Libre Accès déjà donne une première réponse partielle aux inégalités qui se sont développées graduellement dans le monde scientifique, dans la Républiques des Sciences, en donnant une chance nouvelle à cette Grande Conversation.

Et aussi en développant peut-être des possibilités tout à fait nouvelles pour la question de l’enseignement. Car évidemment quand on a accès aux derniers résultats de la recherche, on peut enseigner une science plus à jour, plus proche du fond de la recherche, et ainsi amener les étudiants plus près d’une capacité d’intervenir beaucoup plus forte… »

La suite de ce passionnant entretien avec Jean-Claude Guédon, ci-dessous en vidéo :

—> La vidéo au format webm

URL d’origine du document

Réalisation Alain Ambrosi – Image et montage Abeille Tard – Production Vecam / C&F éditions

Ce document est issue du très intéressant DVD, ou plutôt doculivre, Sciences & démocratie, véritable mémoire du premier Forum mondial éponyme qui s’est déroulé à Belém en janvier 2009. D’autres extraits sont disponibles sur le site du projet.

L’occasion pour nous de saluer et faire connaître l’excellent travail de la maison d’édition C & F Éditions animée entre autres par Hervé Le Crosnier.




Le logiciel libre et ses enjeux en trois minutes chrono par Frédéric Couchet

Voici une déjà vieille intervention de Frédéric Couchet, délégué général de l’April, ayant eu lieu dans le cadre des élections municipales françaises de 2008.

Mais, d’après moi, non seulement elle est toujours d’actualité (il suffit de remplacer Dadvsi par Hadopi) mais elle peut également être une intéressante source d’inspiration lorsque nous nous retrouvons en situation de tenter d’expliquer le logiciel libre à un public non averti (tout comme par exemple la citation de Stallman et le fameux extrait Canal+).

« Le logiciel libre est un logiciel qui respecte les libertés fondamentales de l’utilisateur. Il y a quatre libertés : utilisation, étude, modification et redistribution… »

Voilà qui a le mérite de la clarté. Et d’enchaîner ensuite sur le développement coopératif et l’Internet citoyen.

—> La vidéo au format webm
—> Le fichier de sous-titres

On pourra comparer la définition donnée ici du logiciel libre à celle, plus précise mais peut-être plus complexe à appréhender, du site GNU.org (celle que nous sert généralement Richard Stallman à chacune de ses conférences) :

« L’expression Logiciel libre fait référence à la liberté pour les utilisateurs d’exécuter, de copier, de distribuer, d’étudier, de modifier et d’améliorer le logiciel. Plus précisément, cela signifie que les utilisateurs ont les quatre libertés essentielles :

  • La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0).
  • La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins (liberté 1). Pour ceci l’accès au code source est une condition requise.
  • La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider votre voisin, (liberté 2).
  • La liberté d’améliorer le programme et de publier vos améliorations, pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3). Pour ceci l’accès au code source est une condition requise. »



Geektionnerd : Google Je t’aime Moi non plus

Il y a peu nous avions traduit un article de la FSF souhaitant voir Google libérer la vidéo sur le Web. Et c’est ce qu’ils viennent de faire !

Mais encore plus récemment nous avons évoqué le possible déclin de Firefox croisant l’ascension de Google Chrome, une billet qui fit couler beaucoup de commentaires.

J’aime Google : un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… pas du tout !

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Pourquoi le gouvernement du Québec ne s’ouvre pas davantage aux logiciels libres ?

Telle est en résumé la question posée le 26 avril dernier par Marie Malavoy, députée de Taillon pour le Parti Québécois, lors d’un échange public à la Commission des finances du Québec.

Cet échange est exemplaire et révélateur.

Exemplaire parce qu’il interpelle un gouvernement sur sa timidité vis-à-vis du logiciel libre. Et révélateur parce que les réponses données demeurent prudentes pour ne pas dire confuses voire embarrassées.

Mais ce passage est également à situer dans le contexte particulièrement tendu d’un procès local dénonçant la décision d’accorder sans appel d’offres un contrat public de 722 848 $ à Microsoft Canada pour une migration à Windows Vista. Nous l’avions évoqué dans un précédent billet.

Pour en savoir plus nous vous invitons à vous rendre sur le site de l’association FACIL dont nous profitons de l’occasion pour témoigner de notre soutien.

PS : Il est fait allusion, en fin d’intervention, à un remboursement de frais exorbitant demandé à FACIL dans le cadre d’une autre procédure (mais dont la coïncidence est plus que troublante). Nous savons désormais que l’association n’aura pas à payer cette somme indigente qui menaçait son existence même.

—> La vidéo au format webm

Transcription

URL d’origine du document (extrait)

Mme Malavoy : Merci, M. le Président et bonjour. Moi, j’aimerais aborder, Mme la ministre, une question très précise. Je… J’entends la ministre parler des appels d’offres, j’entends la ministre parler d’une concurrence qui existerait malgré tout. Je l’entends, bien entendu, parler de l’impérieuse nécessité de réduire les coûts de tous nos systèmes d’exploitation. Mais il y a une chose dont elle ne parle pas, absolument pas, c’est d’ouvrir ces appels d’offres aux logiciels libres.

Et j’aimerais aborder cette question-là, cet après-midi. J’aimerais l’aborder d’abord parce que dans beaucoup de pays du monde, on a pris le virage des logiciels libres. On leur a permis de, non seulement, faire des soumissions, mais on leur a permis aussi de gagner un certain nombre de systèmes d’exploitation, et il s’agit de logiciels qui sont plus souples, plus efficaces, qui permettent de faire des choses qu’aucun logiciel propriétaire ne permet de…

Mme Malavoy : …mais on leur a permis aussi de gagner un certain nombre de systèmes d’exploitation, et il s’agit de logiciels qui sont plus souples, plus efficaces, qui permettent de faire des choses qu’aucun logiciel propriétaire ne permet de faire, ils sont mois coûteux pour les contribuables, et, à l’heure où on cherche désespérément de l’argent, j’aimerais comprendre pourquoi le gouvernement du Québec ne fait pas un virage important pour s’ouvrir aux logiciels libres.

Le Président (M. Bernier) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre.

Mme Gagnon-Tremblay : Alors, M. le Président, comme mon expertise n’est pas tellement poussée dans la matière, et j’aimerais que la députée ait véritablement la bonne réponse, si vous le permettez, je demanderais au secrétaire associé, M. Parenteau, si vous le souhaitez, de répondre à la députée pour lui donner la meilleure réponse possible.

Le Président (M. Bernier) : Est-ce qu’il y a consentement du côté de l’opposition officielle? Consentement. Allez-y, M. Parenteau, on vous écoute. La parole est à vous.

M. Parenteau (Alain) : Alors, bonjour aux membres de la commission. Écoutez, sur le plan de l’application ou de l’existence des logiciels libres, il y a déjà à des… c’est peut-être pas à une immense envergure, j’en conviens, mais le logiciel libre, au gouvernement du Québec, ça existe: le CSPQ, le MDEIE, le ministère des Services gouvernementaux, le MDEIE, c’est le ministère du Développement économique, là, bon, ont déjà pris en charge des logiciels libres au sein de l’organisation pour des applications peut-être un peu plus locales, mais ça existe.

L’autre défi auquel on est confrontés, puis il faut bien l’admettre, pour des grosses infrastructures, par exemple, si on parle des logiciels propriétaires, on parle des Microsoft et compagnie, quand arrive le temps de faire des changements au niveau des processus informatiques, il y a un… il faut prendre en considération les dimensions du coût d’impact que ça peut avoir que de transformer l’ensemble des… ce n’est pas juste une question de logiciel, il y a toute la mutation et les coûts d’impact que ça va avoir pour faire cette mutation-là.

Le défi auquel on est confrontés actuellement, et sur lequel on travaille, je ne vous dis pas qu’on ne travaille pas, au contraire, on travaille très fort pour essayer de déterminer comment on peut mettre en concurrence justement des entreprises qui favorisent les logiciels libres et les logiciels propriétaires. Je vous dis juste qu’au moment où on se parle sur le plan de la mécanique contractuelle, rien ne s’oppose dans la réglementation à ce qu’on y aille, mais il y a des limitations technologiques auxquelles on est confrontés, dont notamment le fait que, dans certains cas, le besoin est de mettre à niveau certains logiciels existants. Et le gain d’aller en logiciel libre dans un contexte comme celui-là doit être évalué au cas par cas, ce n’est pas nécessairement la meilleure solution, la panacée.

Partir à zéro, puis dire qu’on va y aller… mettons qu’on part qu’une nouvelle entreprise, une nouvelle organisation, puis on repart en logiciel libre, il n’y en a pas de problème. Le problème se pose lorsque tu as déjà une infrastructure de bien établie, par exemple, je ne sais pas, moi, Microsoft de niveau Vista, puis qu’on veut upgrader, par exemple, un certain niveau de logiciel, la question de l’opportunité doit être considérée, et ça, dans ce niveau-là, il y a des coûts d’impact comme je le mentionnais tantôt.

Ce que vous voyez actuellement dans certains ministères qui décident d’aller en appel… en gré à gré, c’est justement à cause de cette difficulté à pouvoir amener la mise à niveau et de mettre en concurrence potentiellement des logiciels libres, puis dire: On fait fi de tout ce qui existe, puis on rentre du logiciel libre. Il faut voir un peu du cas par cas puis comment on peut l’amener. Mais je vous dis: Sérieusement, on travaille là-dessus. Le Président (M. Bernier): Merci, M. Parenteau. Mme la députée de Taillon.

Mme Malavoy : J’apprécie beaucoup les commentaires de M. Parenteau, mais il y a aussi une dimension politique à ma question. Et, à cette dimension-là, j’aimerais aussi que la ministre me réponde. Le problème des logiciels propriétaires, c’est qu’à chaque fois que vus voulez les mettre au niveau, vous devez tout racheter. Ça on n’a pas besoin d’être spécialiste pour comprendre ça. Vous êtes pris avec une suite Office, Microsoft Office, vous voulez la mettre à niveau, vous ne pouvez pas l’ajuster à vos besoins, vous devez la mettre de côté, en racheter une autre. Ce sont des coûts astronomiques.

L’avantage du logiciel libre, c’est qu’il a justement dans sa nature même la possibilité d’une évolution permanente en fonction de expertises qu’on a chez nous, mais en fonction des expertises qu’il y a dans le monde entier. Et je pense qu’il ne s’agit pas à ce moment-ci de regarder: Est-ce que l’on peut, cas par cas, à petite dimension, les introduire timidement? Je pense qu’il s’agit de voir si le gouvernement du Québec pourrait, comme par exemple, les 27 pays de l’OCDE, faire un virage et exprimer une volonté politique. Il y a des millions de dollars en cause dans cette aventure, et je pense qu’il est temps que le Québec prenne le tournant.

Le Président (M. Bernier) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre.

Mme Gagnon-Tremblay : Bien, écoutez, M. le Président, c’est qu’on n’est pas en défaveur, là, d’avoir des coûts ou d’essayer d’avoir des coûts moins élevés, au contraire, on est en faveur de ça. Mais, en même temps, il faut dire que c’est des logiciels propriétaires qu’on appelle. Alors, est-ce que, demain matin, on met tout à la porte et on recommence…

Mme Gagnon-Tremblay : …des faveurs, là, de… d’avoir des coûts ou d’essayer d’avoir des coûts moins élevés. Au contraire, on est en faveur de ça. Mais en même temps, c’est… il faut dire que ça, c’est des logiciels propriétaires, qu’on appelle, alors, est-ce que demain matin on met tout à la porte et on recommence à zéro? Alors, c’est ça, là, je pense qu’il faut le faire graduellement, mais tu ne peux pas d’une journée à l’autre arriver puis dire: Bien, voici… Ça, c’est comme je vous dis, c’est des logiciels qui sont déjà la propriété. Alors donc, on ne peut pas demain matin tout balancer puis revenir. Alors, il faut le faire correctement, mais il faut le faire aussi, je dirais, régulièrement, mais ça ne peut pas… on ne peut pas tout balancer demain matin. Alors donc, nous, est-ce qu’on est en faveur? Oui, on est en faveur de… d’avoir… de… on est en faveur d’aller chercher des sommes, des… c’est-à-dire des réductions de coûts, mais il faut le faire correctement. On ne peut demain matin faire table rase et puis dire: Bien, voici, on met de côté tout ce que nous possédons actuellement et on recommence à zéro avec ce genre… ce libre… ces logiciels libres. Mais on n’est pas en défaveur, mais encore faut-il faire correctement.

Le Président (M. Bernier) : Merci. Mme la députée de Taillon.

Mme Malavoy : Bien, j’aimerais en profiter, M. le Président, pour dénoncer une situation qui me semble un peu aberrante. Je comprends donc qu’il y a, mettons, une timide volonté politique pour s’ouvrir petit à petit au logiciel libre, en même temps il y a un groupe qui s’appelle le FACIL, qui plaide sa cause depuis des années et le gouvernement du Québec actuellement le poursuit pour 107 000 $. J’essaie de comprendre comment on peut, d’un côté, croire que le logiciel libre est une voie d’avenir éventuellement, et, d’un autre côté, mettre dans la misère, parce que c’est ça qui va se passer, un groupe qui se porte à la défense de ce type d’exploitation qui est assez révolutionnaire, mais qui n’est pas unique au Québec, qui a fait ses preuves déjà dans bien des pays du monde. Et vous me permettrez de donner un seul exemple qui devrait nous toucher. L’Assemblée nationale française, après un projet pilote, est passée entièrement au logiciel libre. Alors, je me demande pourquoi au Québec on devrait être en retard par rapport à d’autres pays de la planète qui ont compris que c’est un virage essentiel.

Le Président (M. Bernier) : Merci. Mme la ministre.

Mme Gagnon-Tremblay : Bien, M. le Président, c’est qu’on… comme je le mentionnais tout à l’heure, on ne l’exclut pas, il faut le faire, je dirais, graduellement. Mais en même temps, bon, la députée de Taillon a fait mention d’une compagnie qui est actuellement devant la cour face au gouvernement, alors vous comprendrez que je vais m’abstenir de… d’élaborer sur ce sujet.




Vu à la télé – Le logiciel libre pour nos enfants demain ?

Le logiciel libre pour nos enfants demain ?

C’est la question que l’on se pose depuis des années, en se désespérant de constater que l’Éducation nationale ne fait pas grand chose pour que ce demain devienne aujourd’hui.

Mais nous ne sommes pas les seuls, parce que c’est aussi la question que posait le 17 mars dernier le titre de la chronique « Clair et Net » d’Emma Rota dans l’émission Les Maternelles de France 5 (reproduite et transcite ci-dessous).

Elle y mettait en avant les trois projets éducatifs libres bien connus ici que sont Abuledu, Sésamath et OOo4Kids.

Pour ce dernier projet, elle pointait directement vers un billet « énervé » du Framablog : 0,01% du budget licences Microsoft pour soutenir et déployer OOo4Kids à l’école ! Force est de constater que l’argument du manque de soutien a été bel et bien repris et de quelle manière :

« Si ces enseignants optent pour le logiciel libre à l’école c’est parce qu’ils adhèrent à une éthique que personne ne peut décemment rejeter : notre école publique n’est pas un lieu marchand ; donc il devrait être interdit de laisser toute la place à des logiciels propriétaires type ceux de Microsoft (…) Ce qui ne veut pas dire que ces initiatives n’ont pas un coût (…) Et vous serez d’accord avec moi pour décréter que c’est au ministère de l’éducation nationale de les financer un minimum. »

Après merci Emmanuelle, merci Emma !
😉

—> La vidéo au format webm

Le logiciel libre pour nos enfants demain ?

URL d’origine du document

Emma Rota – 17 mars 2010 – Clair et Net / Les Maternelles

Il y a un mois est sorti dans le silence le plus total un rapport de 326 pages commandé par le ministère de l’éducation nationale intitulé « Réussir l’école numérique ». Il s’agit d’un recueil de 12 000 contributions et témoignages d’enseignants, d’élèves, de parents d’élèves qui démontrent combien l’usage de l’ordinateur et d’internet à l’école est un facteur d’égalité des chances et de réussite scolaire. Le rapport préconise la connexion en haut débit pour 100% des écoles d’ici 2012.

Pour rappel, lorsque je faisais cette même chronique il y a maintenant 8 ans à cette même place (ça ne nous rajeunit pas) je rapportais déjà les mêmes genres de vœux pieux de la part du ministère de l’éducation nationale… 😉

Et nous on aime les vœux pieux. Surtout lorsqu’on reçoit en parallèle des mails d’instituteurs excédés qui disent en substance – et c’est la réalité du terrain, tous les chiffres le démontrent - : « nous ne recevons pas le moindre centime de l’état, ce que nous bâtissons de numérique dans nos écoles c’est avec notre énergie toute personnelle et les deniers de notre collectivité locale ».

D’où, vous l’aurez compris, l’énorme disparité du matériel, des logiciels et du savoir numérique selon l’école primaire que fréquente ou que va fréquenter votre enfant…

C’est pourquoi aujourd’hui j’ai décidé de mettre à l’honneur trois belles initiatives numériques montées par des instits, avec leur passion et sur leur temps personnel.

1 – Allons d’abord sur le fantastique site www.abuledu.org, né en 1998 – il y a déjà 12 ans, par un instit passionné de Pessac.

C’est aujourd’hui un site qui propose une liste énorme de logiciels éducatifs scolaires pour les élèves de la maternelle à l’université. Pour y accéder, on clique sur ce qu’ils appellent « le Terrier » et regardez la liste : je vous propose de tester « A nous les nombres » par exemple : un petit logiciel de maths qui permet à l’enfant de dénombrer des barques ou des éléphants en s’amusant. Ou encore le logiciel « Associations » qui lui est pour les enfants dès la fin de la maternelle : il permet d’entendre le son associé à un mot et associé à une image, des exercices pour débuter l’apprentissage de la lecture.

Tous ces logiciels sont des logiciels libres : c’est à dire que leur créateur a voulu dès le départ que tous les enseignants et élèves de la France entière puisse en profiter s’ils le désirent ; chacun de ces logiciels est copiable, distribuable et même modifiable si on veut y apporter des changements soi même ! C’est la différence d’avec un logiciel propriétaire du type Word qui, en plus d’être payant ne va pouvoir être partagé avec personne…

2 – Seconde initiative qui elle aussi connaît actuellement une adhésion phénoménale dans le milieu enseignant : www.sesamath.net Des logiciels libres pour les enseignants ET les élèves pour rendre plus ludique l’apprentissage des mathématiques à tous les âges. Tenez vous bien, quasi 9000 profs de maths ont abonnés à ce site, c’est à dire le quart des profs de maths en France ! Ils profitent des exercices interactifs, des cours et des corrections animés tout en échangeant sur leur manière d’enseigner. Car il est là le principal attrait du logiciel libre éducatif?: partager son savoir, évoluer dans sa manière d’enseigner et donc forcément enrichir ses élèves qui je le rappelle, sont nos enfants. Et personnellement je rêve que mon fils lorsqu’il sera à l’école primaire puisse bénéficier de la curiosité d’enseignants de la trempe de ceux qui sont sur ces sites là…

3 – Enfin troisième initiative à encourager car elle est en train de se construire, on la voit sur cette vidéo.

il s’agit d’une suite bureautique spécialement conçue pour les 7/12 ans avec un design simplifié et adapté aux enfants, avec un traitement de texte et un tableur aux outils simplifiés eux aussi.

Si ces enseignants optent pour le logiciel libre à l’école c’est parce qu’ils adhèrent à une éthique que personne ne peut décemment rejeter : notre école publique n’est pas un lieu marchand ; donc il devrait être interdit de laisser toute la place à des logiciels propriétaires type ceux de Microsoft alors qu’il existe d’autres solutions plus neutres.

Ce qui ne veut pas dire que ces initiatives n’ont pas un coût. Elles ont un coût comme toute chose sur cette Terre, au moins le coût de la sueur et du temps de celui qui le fabrique.

Et vous serez d’accord avec moi pour décréter que c’est au ministère de l’éducation nationale de les financer un minimum. Surtout lorsque l’on se souvient à quel point il s’extasie depuis 10 ans sur les prouesses des outils numériques dans ses écoles.

Ah les vœux pieux, les vœux pieux…




La vidéo qui donnait envie de connaître et comprendre le logiciel libre

Collègues, amis, membres de la famille… il n’est pas toujours facile de faire partager son intérêt, voire même son éventuelle passion, pour le logiciel libre et sa culture à un public qui nous est proche mais qui ne s’intéresse pas à « l’informatique ».

Or, pour l’avoir faite suivre à de nombreuses reprises, j’ai constaté qu’une vidéo particulière possédait, si ce n’est des vertus miracles, tout du moins l’inédite capacité d’interpeller un large auditoire qui, rendu curieux, se retourne alors vers vous pour vous poser moult questions.

L’élan a changé de sens. Ce n’est plus vous qui venez faire votre petit topo à des gens qui ne vous ont souvent rien demandé. Ce sont eux qui, la puce à l’oreille après la projection, souhaitent spontanément que vous leur apportiez quelques précisions. Pédagogiquement parlant ce mouvement inversé a bien plus de chances de porter ses fruits.

Quelle est donc cette vidéo qui murmure le Libre (et non « l’open source ») à l’oreille du profane ? Il s’agit de la chronique d’Emmanuelle Talon sur « notre » biographie de Richard Stallman, proposée le 22 janvier 2010 dans le cadre de La Matinale de Canal+ (reproduite et transcrite ci-dessous).

Nous en avions déjà parlé sur le Framablog. Mais le nez dans le guidon de la sortie du livre, nous avions surtout fièrement souligné qu’un grand média évoquait le projet, sans prendre véritablement conscience des qualités intrinsèques de la vidéo. Avec le recul, on s’aperçoit en fait que le livre est ici secondaire. C’est un pretexte pour parler de Richard Stallman et par extension pour parler du Libre.

En quoi cette ressource apporte-elle de l’eau à notre moulin de la sensibilisation en captant favorablement le temps de cerveau disponible de celui qui l’a sous les yeux ?

Il y a d’abord le facteur « vu à la télé ». Internautes assidus que nous sommes, c’est quelque chose que nous avons appris à désacraliser. Mais pour bon nombre de nos compatriotes (dont les quelques 40% encore non connectés) le passage par le petit écran continue de faire son petit effet.

Il y a la durée. L’attention est maintenue par cette chronique qui ne dépasse pas les cinq minutes.

C’est beaucoup plus subjectif – et me vaudra quelques virulents commentaires – mais je crois que l’attention est également maintenue par le facteur « dialogue entre deux femmes avenantes », les femmes appréciant que ce soit des femmes et les hommes qu’elles soient avenantes (sic).

Il y a la posture prise par la journaliste. D’ordinaire c’est l’objectivité et la neutralité qui priment. Or ici, au diable la mise à distance, débordée par son enthousiasme communicatif, elle semble prendre fait et cause pour le sujet traité.

Au delà de la forme, il y a aussi et surtout le fond, c’est-à-dire tout ce qui est évoqué dans ce très court laps de temps : définition du logiciel libre qui s’oppose au logiciel privateur, code source, contre-exemple Microsoft, alternatives OpenOffice.org et Firefox, libre ne veut pas dire gratuit, Hadopi… et même Sarkozy !

Mais, d’expérience, ce qui fait surtout mouche ce sont les formules originales permettant de sortir du cadre et d’élargir le débat. Elle sont vos précieuses alliées parce qu’elles intriguent et appellent à des compléments d’information :

  • « Il ne s’agit pas vraiment d’informatique, il s’agit en fait de philosophie. Richard Stallman c’est vraiment un grand philosophe, c’est un vrai penseur. »
  • « Pourquoi au fond il s’est lancé dans cette aventure ? Il s’est lancé dans cette aventure tout simplement pour améliorer le monde, pour encourager le partage et la fraternité. »
  • « C’est une forme de nouveau socialisme, de socialisme logiciel. Et à l’heure où l’on pleure sur la fin des grandes ideologies, on peut se réjouir de voir qu’il y a encore des gens qui essayent de changer le monde. »
  • « En fait la compétition, elle se fait vraiment dans nos têtes. »
  • « Stallman c’est un peu le Luke Skywalker de l’informatique, il faut qu’on se libère des machines et c’est ce jour-là que le Libre pourra gagner. »

Cette vidéo n’est pas parfaite (et prend même quelques libertés avec le droit d’auteur). Mais ces propos étonnent et surprennent. Ils modifient chez l’autre non seulement la perception du logiciel libre mais également la perception de celui qui s’intéresse au logiciel libre (vous en l’occurrence). Ne dites pas à ma mère que je participe à changer le monde, elle croit que je fais bien sagement de l’informatique dans ma chambre !

À vous ensuite d’enchaîner avec brio et éloquence. Mais la stimulation est là, votre interlocuteur veut en savoir davantage et, ça tombe plutôt bien, vous êtes à ses côtés et tout disposé à satisfaire cette soudaine soif de connaissance.

Merci Emmanuelle !

—> La vidéo au format webm

Transcript

Maïtena Biraben : Le logiciel libre, c’est l’une des très grandes révolutions du siècle passé et aujourd’hui on en sait un peu plus sur le créateur du logiciel libre.

Emmanuelle Talon : Oui, Richard Stallman il a aujourd’hui 56 ans, il n’est pas très connu du grand public mais c’est un dieu vivant pour les informaticiens, parce que c’est un des pères du logiciel libre, le père du logiciel libre.

Alors pourquoi on en parle aujourd’hui ? Parce qu’il y a sa biographie qui vient de paraître en français aux éditions Eyrolles « Richard Stallman et la révolution du logiciel libre ». Alors au début des années 80…

Maïtena Biraben : C’est un bouquin de geek ?

Emmanuelle Talon : Non, justement pas. C’est ça qui est bien, parce que ça n’est pas un bouquin de geek, et même si on ne s’y connaît pas trop, on peut vraiment vraiment comprendre, j’insiste.

Et donc Stallman, au début des années 80 a créé la Fondation pour le Logiciel Libre. Il est à l’origine du projet GNU.

Et juste un petit rappel : qu’est-ce qu’un logiciel libre ? Quand même, voilà c’est important. C’est un logiciel que n’importe qui peut utiliser, copier ou même modifier, pour l’améliorer en quelque sorte, en accédant au code source.

Et le logiciel libre, ça s’oppose à ce que Stallman appelle les logiciels privateurs. Ce sont des logiciels qui nous privent de notre liberté. On ne peut pas modifier le code source, c’est pour cela que Windows est la propriété de Microsoft. Si Windows ne vous convient pas, vous ne pouvez pas l’améliorer. Tandis que l’on peut améliorer par exemple la suite bureautique OpenOffice ou le navigateur Firefox.

Maïtena Biraben : Si on y arrive !

Emmanuelle Talon : Si on arrive, bien sûr, mais vous avez cette liberté.

On l’impression que c’est un peu complexe mais en fait pas tellement parce que cette histoire de logiciel libre… Il ne s’agit pas vraiment d’informatique, il s’agit en fait de philosophie. Richard Stallman c’est vraiment un grand philosophe, c’est un vrai penseur. Et avec cette histoire de logiciel libre… Pourquoi au fond il s’est lancé dans cette aventure ? Il s’est lancé dans cette aventure tout simplement pour améliorer le monde, pour encourager le partage et la fraternité.

Donc c’est une forme de nouveau socialisme, de socialisme logiciel. Et à l’heure où l’on pleure sur la fin des grandes ideologies, on peut se réjouir de voir qu’il y a encore des gens qui essayent de changer le monde. Et aujourd’hui ces gens-là ce sont des informaticiens, et c’est Richard Stallman. C’est pour ça que c’est important de le connaître.

Maïtena Biraben : On a vu son playmobil…

Emmanuelle Talon : Oui on a vu son playmobil, mais en fait c’est un personnage assez amusant, qui a beauocup d’humour, qui a une bonne tête…

Maïtena Biraben : Est-ce que le logiciel libre a des chances de gagner face au logiciel non libre, donc commercialisé, que l’on ne peut plus toucher ?

Emmanuelle Talon : Alors, le logiciel libre il progresse beaucoup en France. Il y a quelques années la Gendarmerie nationale est passée… elle a adopté un logicie libre. Mais, si vous voulez, la compétition elle ne se fait pas vraiment sur cette question-là, sur cette question technique, parce qu’un logiciel libre, on peut considérer que ça vaut au niveau technique un logiciel privateur. En fait la compétition, elle se fait vraiment dans nos têtes.

Le Libre il pourra gagner le jour où, d’après Stallman, on aura, nous, envie de nous libérer et puis de ne pas être soumis à la machine. Parce qu’il explique que quand on utilise un logiciel comme Windows, on ne peut pas le modifier si on n’y va pas, et donc on est esclave de la machine. Stallman c’est un peu le Luke Skywalker de l’informatique, il faut qu’on se libère des machines et c’est ce jour-là que le Libre pourra gagner.

Maïtena Biraben : Est-ce que libre ça veut dire gratuit Emmanuelle ?

Emmanuelle Talon : Alors non, libre ne veut pas forcément dire gratuit. Il y a des logiciels libres qui ne sont pas gratuits, donc il faut faire attention à cette confusion. C’est vrai que quand on est juste un utilisateur, on peut estimer que la gratuité c’est le principal avantage, mais libre ne veut pas dire gratuit.

Maïtena Biraben : Si on ramène cette idée de logiciel libre à la France, la prochaine bataille c’est Hadopi.

Emmanuelle Talon : C’est Hadopi et Stallman est mobilisé sur cette question. Il estime que c’est une loi tyrannique. Il dit que Nicolas Sarkozy est un ennemi de la démocratie et des Droits de l’Homme. Et pour lui empêcher le téléchargement de musique pour sauver l’industrie du disque, c’est tout simplement comme empêcher les gens de faire la cuisine pour sauver les emplois dans la restauration !

Voilà, juste pour finir, le livre, vous pouvez l’acheter, il coûte 22 euros et c’est bien d’avoir un livre papier. Mais vous allez voir la cohérence de la démarche, en fait le livre est en téléchargement, gratuit, sur le site www.framasoft.net. Vous pouvez modifer le texte du livre, et si vous voulez le traduire, et bien vous pouvez tout à fait le traduire librement dans la langue que vous souhaitez, en ourdou par exemple, je pense que ça n’est pas encore fait.

PS : Pour l’anecdote lorsque avons signalé la vidéo à Richard Stallman, il nous a répondu texto : « C’est très bon (malgré des petites erreurs), mais c’est quoi un playmobil ? ».