Pourquoi plus de dix ans de retard pour l’informatique à l’école ?

Classé dans : Éducation, Mouvement libriste | 16

Temps de lecture 16 min

image_pdfimage_print

QThomas Bower - CC by-saAuriez-vous deviné que l’article que nous vous proposons aujourd’hui date de 1998  ? Oui car il est question de francs et non d’euros, mais sinon force est de constater qu’il est toujours d’actualité.

On pourrait même ajouter qu’il est malheureusement toujours d’actualité car les arguments avancés restent pertinents alors que, douze ans plus tard, les solutions envisagées n’ont toujours pas été prises. Et il est alors légitime de se demander pourquoi, et qui a et a eu intérêt à ce qu’il soit urgent de ne rien faire.

J’ai donc voulu profiter du fait que le Framablog est relativement bien intégré dans la sphère des blogs et autres réseaux sociaux pour le sortir de sa naphtaline et vous le faire partager. Nous devons cet article à Bernard Lang, directeur de recherche à l’Inria et membre fondateur de l’AFUL.

Le sujet de la place de l’informatique à l’école est un sujet qui semble a priori un peu à la marge des logiciels libres. Il n’en est rien pourtant. Et c’est pourquoi nous publions régulièrement des articles sur ce thème, en soutenant le travail, enfin proche d’aboutir, de Jean-Pierre Archambault et d’autres, au sein notamment de l’EPI et de l’ASTI  :

C’est aussi pourquoi notre collection de livres libres Framabook accueille des titres comme Le C en 20 heurs ou Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Unix sans jamais oser le demander.

Il ne s’agit pas de faire de tout citoyen un programmeur chevronné. Mais logiciels (libres ou pas), données (personnelles ou pas), réseaux, Cloud Computing, Internet (filtrage, neutralité), Hadopi, Acta, Loppsi, Facebook, Microsoft, Apple, Google, Wikileaks, Anonymous… comment comprendre et appréhender au mieux ce nouveau monde si l’on n’a pas un minimum de culture informatique  ?

Parce que dans le cas contraire, on se met alors tranquillement à accepter, pour ne pas dire applaudir, l’entrée des iPad dans nos écoles, ce qui devrait d’ailleurs être le sujet de mon prochain billet[1].

L’Informatique  : Science, Techniques et Outils

URL d’origine du document

Bernard Lang (INRIA) – décembre 1998

(Présenté à LexiPraxi 98, journée de réflexion sur le theme « Former des citoyens pour maîtriser la société de l’information », organisée le 9 décembre 1998 à la Maison de l’Europe (Paris) par l’AILF. L’auteur remercie Pierre Weis pour sa relecture et ses nombreux commentaires.)

«  Le développement extrêmement rapide des technologies de l’information et de la communication ouvre un formidable potentiel de croissance et de création d’emplois, mêlant des enjeux industriels, économiques et sociaux considérables. Ces technologies constituent le premier secteur économique des prochaines années…  » (Bernard Larrouturou – L’INRIA dans dix ans – 1997)

Devant une telle analyse, devant l’importance de l’enjeu, l’on imagine aisément que l’une des premières choses à faire est de développer les sciences de l’information dans l’enseignement, afin de préparer les élèves aux défis du prochain siècle. C’est effectivement ce qui se passe, et l’on voit les USA dépenser des sommes de l’ordre de 100 milliards de francs par an pour l’informatisation des écoles. Sans être du même ordre, les efforts consentis par la France dans ce domaine sont également considérables. Et pourtant, selon un article de Todd Oppenheimer, The Computer Delusion, paru dans la revue Atlantic Monthly en Juillet 1997, l’introduction de l’informatique dans les établissements scolaires est loin de donner les résultats que l’on pourrait attendre de tels investissements, et l’on peut légitimement se demander si des investissements moindres, mais autrement employés, ne donneraient pas de meilleurs résultats.

Où est l’erreur  ?

L’une des premières remarques que l’on peut faire est que les plus ardents promoteurs de l’informatique à l’école sont les constructeurs de machines, et surtout les éditeurs de logiciels. Il s’agit donc de promotion corporatiste et commerciale, d’habituer les familles et les futurs consommateurs à ces produits, de capturer des marchés, bien plus que d’améliorer le système éducatif. À cet égard l’Union Européenne n’est pas en reste. Si l’on analyse une document comme le Rapport de la Task force Logiciels éducatifs et Multimédia de la Commission Européenne, on constate que la Commission est bien plus préoccupée de développer des marchés lucratifs que d’améliorer le système éducatif. Devant cet assaut mercantile, beaucoup de voix s’élèvent contre l’introduction excessive, trop vite planifiée et mal analysée de l’informatique à l’école, en se demandant si l’utilité pédagogique en est réelle, si l’on n’est pas en train d’appauvrir le système éducatif, que ce soit par le choix d’innovations faussement pédagogiques, ou simplement par une mauvaise évaluation des priorités d’investissement.

Nullement compétent en matière de théorie pédagogique, je me garderai bien de trancher dans un sens ou un autre. Force est cependant de constater qu’il est clair que les nouveaux outils informatiques ont déjà montré qu’ils pouvaient, au moins dans certaines circonstances, apporter un plus pédagogique. Mais de là à faire un investissement massif, sur des ressources chères, sans analyse sérieuse des différentes alternatives, sans expérimentation sur le long terme, simplement sous la pression des marchés et des média, est-ce bien raisonnable  ?

Mais là n’est pas l’essentiel de notre propos. Car nous avons parlé de pédagogie, alors que les enjeux du prochain siècle sont d’abord, nous le disions, dans la maîtrise des nouvelles technologies, et au moins autant dans la maîtrise d’une transformation radicale de notre environnement due à l’utilisation massive des ressources informationnelles, en particulier grâce à l’Internet. Mais cet aspect des choses est curieusement très largement ignoré dans l’évolution de nos programmes éducatifs. L’attention se focalise trop sur l’informatique comme support de la pédagogie, au sens le plus traditionnel du terme (même si les techniques sont très nouvelles dans certains cas), et l’on ignore assez systématiquement l’informatique en tant que discipline d’enseignement, l’informatique comme sujet d’étude.

A cette distinction évidemment essentielle, il convient d’ajouter une troisième catégorie, l’informatique comme outil dans l’enseignement. Je pense en particulier à l’intrusion d’outils, d’intermédiaires informatiques, dans certaines disciplines. Sans vouloir m’étendre sur ce sujet, qui relève également de la pédagogie, on peut se demander si la trop grande présence de médiations informatiques, par exemple dans la conduite d’expériences de physique, n’introduit pas une trop grande distanciation par rapport à l’objet étudié. L’élève ne risque-t-il pas de prendre l’habitude de faire plus confiance à ce que lui dit l’ordinateur qu’à ses sens, son esprit critique, ses facultés d’analyse. Combien d’élèves sont déjà totalement dépendants de leur calculette, et incapable d’un calcul mental simple sur des ordres de grandeur sans vérifier immédiatement sur l’écran magique. On retrouve ce problème dans l’enseignement de l’informatique elle-même, quand l’apprentissage passif des outils se fait dans l’ignorance de toute compréhension des mécanismes, même les plus simples, qu’ils mettent en jeu.

Si les enjeux réels sont dans la maîtrise des sciences de l’information, ce sont ces sciences, et en particulier l’informatique, qu’il faut enseigner en tant que discipline scientifique.

Mais comme beaucoup d’autres disciplines, l’informatique a de multiples facettes, science théorique et expérimentale objet de recherches d’une grande diversité, technologie donnant lieu à une activité industrielle considérable, et ensemble d’outils des plus en plus intégrés à notre vie quotidienne, familiale ou professionnelle. Probablement en raison de la jeunesse de cette discipline, et précisément à cause de son manque actuel d’intégration dans le cursus scolaire, la distinction entre ces aspects complémentaires, mais indissociables, n’est pas faite dans les esprits. Beaucoup en sont encore à confondre les aspects fondamentaux et pérennes avec leur expression actuelle dans des outils destinés à évoluer rapidement. Comme mes collègues et moi-même l’écrivions dans Le Monde, les disciplines plus anciennes distinguent sans problème ces trois composantes, et nul ne confond la thermodynamique, la technologie des moteurs à explosion et le mode d’emploi d’un véhicule automobile. Cette confusion, encore présente dans le cas de l’informatique, est en outre renforcée par le fait que chacun pouvant s’essayer assez facilement à certains de ses aspects originaux, comme la programmation sur des problèmes simples, on a l’illusion que c’est une discipline facile à maîtriser et sans réelle profondeur. Mais en fait cela revient à se prétendre spécialiste du génie civil et de la résistance des matériaux parce que l’on sait établir un pont en jetant une planche sur un ruisseau.

Pour en revenir à l’enseignement des outils fondés sur l’informatique, et non des outils de l’informatique, il est malheureusement fréquent de voir appeler cours d’informatique un enseignement qui se fonde uniquement sur l’apprentissage de la mise en marche d’un ordinateur, et sur l’utilisation de quelques outils de bureautique. Mais c’est là un cours de bureautique, et non d’informatique, aussi bien que d’apprendre à conduire et à remplir le réservoir de sa voiture ne saurait constituer un cours de thermodynamique, ni même de technologie automobile. C’est utile, certes, dans la vie courante, mais ce n’est aucunement formateur pour l’esprit des élèves. De plus, la technologie informatique étant en évolution rapide, la pérennité de cet enseignement est très aléatoire, d’autant plus que le manque de variété des outils utilisés prive les élèves de toute espèce de recul par rapport à ces outils.

Mais le problème est à mon sens beaucoup plus grave en ce qui concerne l’enseignement de la technologie informatique, que ce soit à l’école ou à l’université. Cette technologie est complexe, en évolution permanente, et très largement contrôlée par l’industrie informatique et notamment les grands éditeurs. Or l’on constate que trop souvent, cet enseignement consiste plus à apprendre à se servir des réalisations technologiques de ces éditeurs qu’à en comprendre les principes, à savoir les critiquer, à savoir les comparer avec d’autres approches, commerciales ou non. Sous le pretexte fallacieux de préparer les étudiant à la vie active, en fait aux besoins les plus immédiats de leurs futurs employeurs, on fait passer pour formations universitaires ce qui n’est que formations kleenex, destinées à devenir obsolètes aussi vite que les produits (souvent déjà obsolètes par rapport à l’état de l’art) sur lesquels elles se fondent. Manquant de profondeur, ces formations ne sauraient être durables, et c’est ainsi que le système éducatif prépare de futur chomeurs et la pénurie de professionnels compétents pour notre industrie. Une bonne façon de garantir la qualité et la pérennité d’un enseignement – et de former l’esprit critique des élèves – c’est de toujours l’asseoir sur une assez large variété d’exemples, que l’on peut comparer et opposer pour en extraire les aspects les plus essentiels, en évitant de se cantonner à l’apprentissage d’un seul type de solutions techniques.

Une première étape en ce sens consisterait à se départir du totalitarisme actuel, en matière de systèmes d’exploitation, de réseaux et de solutions bureautiques notamment, et à faire pénétrer une plus grande diversité de logiciels dans le système éducatif. Il est vrai que la gestion de la diversité a un coût, mais le bénéfice pédagogique le justifie. En outre, il ne faut pas oublier que l’enseignement public a un devoir de laïcité, d’indépendance, et qu’il est donc impératif qu’il évite de se faire le champion d’une marque, d’un produit ou d’une école de pensée. Enfin, il ne faut pas oublier non plus que la diversité est aussi un facteur de progrès et de stabilité «  écologique  » qui sont essentiels pour le développement d’un secteur technologique. Introduire cette diversité à l’école, quoi que puissent en dire des entreprises qui vivent par nécessité avec un horizon à six mois, c’est aussi garantir un meilleur équilibre futur de notre économie.

Si l’informatique est enseignée comme science fondamentale à l’université, au moins dans les enseignements les plus avancés, cet aspect n’est ni abordé ni même évoqué au niveau de l’enseignement général. Cela ne peut que renforcer une attitude de passivité vis à vis de ce qui apparaît alors comme une technologie ancillaire, ne méritant pas que l’on s’attarde sur son influence croissante, sur le pouvoir qu’elle s’octroie dans toutes nos activitées. Ainsi une meilleure compréhension du rôle fondamental des mécanismes de représentation et d’échange des données nous rendraient certainement plus sensibles à cette forme de dépendance qui s’établit insidieusement dans notre société quand tous nos modes de gestion et de communication de l’information sont peu à peu entièrement contrôlés par des entreprises privées, dont les seuls objectifs sont de nature mercantile.

Outre que l’informatique a ses propres problèmes, sa propre façon de les traiter, ses propres résultats fondamentaux, elle est intéressante du point de vue de l’enseignement général parce que c’est une science carrefour. Il y a bien sûr des aspects classiquement scientifiques dans l’informatique, mais en plus, par les concepts qu’elle met en oeuvre, elle se rapproche d’autres disciplines littéraires. Par exemple, en informatique, les notions de langage, de syntaxe et de sémantique sont très importantes. Dans l’enseignement actuel, ces concepts relèvent du français ou de la philo… et voilà que l’on peut les illustrer de façon plus concrète – peut-être imparfaite car trop formalisée et mécanique, mais ce défaut-même est source de considérations enrichissantes – par des exemples opérationnels, presques tangibles. À côté de cela, on y rencontre des problèmes de logique, des questions strictement mathématiques, des problématiques apparentées à la physique la plus théorique… On peut donc y trouver matière à discuter de nombreux concepts qui sont aussi pertinents dans d’autres domaines, et donc à éventuellement réduire la dichotomie qui est souvent perçue entre les sciences et les humanités. C’est une situation assez extraordinaire, un champ d’ouverture intellectuelle, dont il est vraiment dommage de ne pas profiter.

Tout n’est cependant pas négatif dans l’informatisation de notre enseignement. Le fort accent mis sur le développement de la connectivité avec l’Internet, bien que souvent décrié, est une avancée essentielle, et cela pour au moins deux raisons majeures.

La première de ces raisons est tout simplement que les élèves d’aujourd’hui seront appelé à vivre dans un monde où la maîtrise de l’information omniprésente sera un élement majeur de la vie sociale. À bien des égards, celui qui ne saura pas gérer cet espace de données, de connaissances et de communication sera dans une situation de dépendance analogue à ceux qui, aujourd’hui, ne savent pas lire, ne savent pas trouver leur chemin sur une carte ou remplir un formulaire. «  Apprendre l’Internet  », c’est apprendre à vivre dans la société de demain.

La deuxième raison est sans doute encore plus fondamentale pour l’éducation citoyenne. Même sans l’informatique, notre monde a atteint une complexité extrème où les citoyens ont de moins en moins leur mot à dire, où même les pouvoirs politiques sont de plus en plus impuissants devant la complexification des structures économiques et sociales et surtout la mondialisation généralisée. Pour ne prendre qu’un exemple, majeur, les entreprises ont acquis une existence autonome, fortes de leur puissance économique et de leurs dispersion géographique, dans un système où les êtres humains, clients, employés, dirigeants ou actionnaires, ne sont plus que des pions sans aucun pouvoir indépendant. Elles en sont au point où elles disputent leur pouvoir aux nations, aux représentant élus de la population. Face à une situation où la place même de l’homme sur cette planète est radicalement remise en cause, il est nécessaire de trouver de nouvelles structures, de nouveaux modes d’échange, de communication et d’organisation qui permettent au citoyen de retrouver la place qui lui revient dans une société devenue mondiale. Et cela est possible, grâce à l’Internet, à condition d’apprendre à en maîtriser les ressources, à comprendre, voire à tolérer – ce qui n’est pas toujours facile – les points de vues d’autres cultures maintenant à notre porte, à communiquer, à partager et à coopérer avec les autres citoyens du monde. Ce discours, qui peut paraître à certains idéaliste, utopique, voire irréaliste ou fantaisiste, correspond pourtant à une réalité vécue par un nombre tous les jours croissant d’individus. L’action d’un individu sur l’Internet peut faire sentir ses effets dans le monde entier, si tant est qu’elle est pertinente. Et quand une fraction, même minuscule, des centaines de millions d’individus qui accèdent l’Internet décide de coopérer, cela fait une masse énorme susceptible de renverser des montagnes, de mettre en difficulté ou de faire concurrence aux entreprises les plus puissantes, de tenir en échec les tentatives hégémoniques les plus soigneusement préparées, comme cela s’est produit encore récemment pour l’AMI, l’Accord Multilatéral sur l’Investissement préparé en catimini par l’OCDE.

«  Apprendre l’Internet  », c’est apprendre la citoyenneté de demain.

Notes

[1] Crédit photo  : QThomas Bower (Creative Commons By-Sa)

16 Responses

  1. Cyrille L.

    En ce qui concerne l’école primaire, je ne suis vraiment pas persuadé qu’un enseignement de l’informatique comme matière soit d’une réelle pertinence. Les choix actuels de l’informatique au service des autres apprentissages me paraît en effet aller dans le bon sens. En effet, quel intérêt pour un enfant de savoir comment on fait un copier / coller ou comment on fait un É s’il n’a pas un objectif derrière ? Alors que si on lui enseigne ces connaissances parce qu’il en a besoin car il est en train de faire, par exemple, un exposé en géographie, qu’il devra présenter à ses camarades, il y a plus de chances pour qu’il les intègre. Cela n’empêche donc pas des moments théoriques, mais toujours dans le cadre d’une autre discipline. On peut travailler sur les droits d’auteurs (et ainsi sur les ressources libres) lorsque l’élève a besoin de rechercher une image sur Internet, pour cet exposé, et qu’il ne sait pas s’il a le droit de l’utiliser ou pas. Au début, ils sont tous persuadés qu’ils ont forcément le droit d’en faire ce qu’ils veulent, puisque l’image est disponible. Et puis, on leur apprend à lire les informations présentes à côté de l’image (quand il y en a). Ce n’est pas facile pour des élèves de primaire, mais ils commencent au moins, pour certains, à prendre les bons réflexes. Pour l’enseignement dans le secondaire, la problématique est sûrement différente et je comprends que la possibilité d’un enseignement de l’informatique se pose.
    Quant au matériel couteux qui arrive dans les écoles, cela me fait penser à l’arrivée, ces dernières années, des tableaux interactifs. Comme l’équipement informatique est, pour les écoles primaires, à la charge des municipalités, on se retrouve dans des situations assez déséquilibrées et parfois étonnantes. Cela va de la commune qui fait les choses « dans le bon sens » en équipant d’abord une école où l’usage de l’outil informatique est déjà bien implanté. Elle a ensuite équipé, les années suivantes, les autres écoles de sa ville en prenant appui sur l’expérience de la première école. Dans d’autres cas, on peut se retrouver avec des tableaux numériques qui dorment dans un coin car le maire a choisi d’équiper l’école juste pour faire un coup de publicité (en vue d’une élection par exemple). Et dans cette école, personne n’a été consulté et comme, manque de chance, ce ne sont que des enseignants qui n’ont pas touché à un clavier depuis que le minitel a été rangé dans un placard, alors le tableau interactif dort profondément.
    Et ces tableaux interactifs seraient vraiment intéressants s’ils n’étaient pas uniquement utilisés pour remplacer les tableaux noirs (qui sont verts d’ailleurs), mais s’ils permettaient réellement de modifier la pédagogie de l’enseignant en passant d’une pédagogie complètement frontale à une pédagogie avec plus d’échanges enseignant / élèves et élèves / élèves.

  2. Ginko

    @ Cyrille L.

    Désolé pour cette critique de ton commentaire, je ne veux pas me faire agressif, mais:

    ton commentaire est très révélateur à la fois de l’état actuel des choses et d’une de ses causes, que dénonce justement Bernard Lang.

    Dans le premier paragraphe, tu plaides pour une « informatique outil », enseignée quand et où l’élève en a besoin. (Ce qui implique de ne pas former les enseignants sur ces sujets, à la marge de leur propre discipline).

    [PS: dans ce même paragraphe, tu prétends qu’un enseignement théorique de l’informatique en primaire est impossible. Je te conseille de cliquer sur le deuxième lien de la liste proposée par aKa dans l’entête du billet, intitulé « Enseigner et apprendre l’informatique sans ordinateur ». C’est très intéressant pour quiconque n’a pas suivi un cours d’informatique théorique au MIT tout en étant réellement très abordable.]

    Dans le second, tu fais le constat que « l’informatique support » dans l’école d’aujourd’hui ne marche pas. Parce que les enseignants n’y sont pas formés.
    Tu vas même jusqu’à paraphraser Bernard Lang (quand tu parles des tableaux interactifs) quand il dit:
    « Et pourtant, [..], l’introduction de l’informatique dans les établissements scolaires est loin de donner les résultats que l’on pourrait attendre de tels investissements, et l’on peut légitimement se demander si des investissements moindres, mais autrement employés, ne donneraient pas de meilleurs résultats. »

    On retombe deux fois sur le même constat (vu une fois positivement, la seconde négativement) qu’il n’existe pas de ressource ensignante qualifiée en informatique.

    Ce qui est tout l’objet de l’article de Bernard Lang!!! Comment peut-on passer à côté de ça?

    Tout cela parce que comme il l’explique très bien:
    Beaucoup de gens, en informatique, arrivent « à se prétendre spécialiste du génie civil et de la résistance des matériaux parce qu[‘il savent] établir un pont en jetant une planche sur un ruisseau. »

    Et dans ces gens, il y a tous les décideurs de l’État qui pensent, parce qu’ils arrivent chez eux à taper une lettre sur Crimosoft Office que n’importe quel ensignant est capable de manipuler un tableau interactif (les commerciaux l’ont montré… c’est aussi simple qu’un traitement de texte!). En plus, le matériel est financé à des niveaux bas (mairies, conseil régionnaux) au lieu que la charge (formation d’ensignants) soit assumée à un plus haut niveau dans l’EN.

    Bref, j’ai pas encore de recul sur ce texte, mais j’ai bien l’impression qu’il détient un bon 90% (sinon un bon 100%) de l’argumentaire pour la construction d’un véritable enseignement informatique en France. Avec des enseignants formés à cela, des vrais cours d’informatiques dès le collège, pour tout le monde. Parce que comme dit Bernard Lang, les incultes en informatique sont les analphabètes de demain. Même les éboueurs (je choisi cet exemple car c’est il me semble un boulot où l’on ne touche pas d’informatique, mais j’imagine que je pourrais parler du bâtiment, par ex.), en ont besoin, ne serait-ce que dans leur vie privée (payer les impôts, par exemple).

    Je suis presque chagriné à l’idée que ce texte a été publié en 1998… s’il avait attéri dans les bonnes oreilles il y a 12 ans, les premiers véritables profs d’informatique seraient maintenant devant les élèves…
    Il faudrait peut-être tenter une action politique… faire entendre ce message pour que dans 10 ans, aKa n’ait pas à refaire un article sur ce même article.

  3. killapowaa

    C’est toujours un peu con-con et « complotiste » de dire « le système », mais oui, le système a tout intérêt à ce que nous ne mettions jamais les mains dans le capot pour comprendre un peu comment le monde marche.

    Ça vaut pour les banques et le système financier mondial, ça vaut aussi pour les nouvelles technos qui échappent totalement à la majorité d’entre nous, avec toutes les conséquences que cela implique sur la manipulation des masses.

  4. Amic

    @ Cyrille L.
    Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ta première phrase. Disons que tu considères l’enseignement de l’informatique comme une matière à part entière comme l’enseignement de l’outil seul.
    Alors que je pense plutôt que l’enseignement en tant que matière est plutôt un enseignement sur des choses plus fondamentales (qu’est-ce qu’un bit, qu’est-ce qu’un réseau, qu’est-ce qu’un algorithme, qu’est-ce que la cryptographie…) qui n’ont même pas besoin d’avoir un ordinateur pour être enseignées. On peut très bien apprendre à compter en binaire avec des jetons, ou coder un truc en morse en classe, ou faire un algorithme de tri avec des bouts de papiers.
    Sur le reste, pour l’apprentissage de l’outil, je suis d’accord avec toi.

  5. K.

    Encore des commentateurs qui commentent et des polémiqueurs qui polémiquent

    Aux usa : dès 8 ans les enfants programment , voir lifelong kindergarten du MIT

    Alors oui je dirai cela vaut aussi pour disons la philosophie , la pensée et l’analyse critique : est ce que les enfants sont capable de penser et doit on leur apprendre ?

    OUI : POINT

    Sinon ils n’apprendront jamais, ce qui est pourtant vital dans le monde d’aujourd’hui , et de demain

    Le cerveau d’un enfant de 10 – 12 est aussi évolué que celui d’un adulte, ils doit juste Apprendre des concepts, oui APPRENDRE des méthodes

  6. Ginko

    K.: Je suis tout à fait d’accord avec toi… mais faut se mettre à la place des mecs de 50+ balais qui décident pour nous. Ils ont eu leurs premiers PC en 95 (pour les plus aventureux) et donc à 35+ ans.

    Ils ne comprennent pas ce qui est pour toi (et moi aussi) l’évidence. Il faut leur expliquer les tenants et les aboutissants en repartant de la base, à savoir: l’informatique est une matière à part entière, au mêm titre que le français ou les maths.

  7. Cyrille L.

    @Amic
    En effet, pour moi, l’informatique en primaire se résume à l’utilisation en tant qu’outils et à une partie « citoyenneté » (droits d’utilisation, respect des droits d’auteurs et de la vie privée…). Les sujets que tu évoques (qu’est-ce qu’un bit, qu’est-ce qu’un réseau, qu’est-ce qu’un algorithme, qu’est-ce que la cryptographie…) me semblent en effet intéressantes mais pour des élèves du secondaire (collège, lycée…), même si cela ne doit pas nous empêcher d’évoquer ces sujets avec les élèves, mais de la à en faire un traitement théorique à l’école primaire.

    @Ginko
    Aucun soucis pour la critique, c’est ce qui fait avancer les choses. D’autant que tu critiques certains propos que tu m’attribues, mais que je n’ai pas eu 😉
    A aucun moment je ne souhaite que les enseignants ne soient pas formés pour l’utilisation de l’informatique à l’école primaire, bien au contraire (même si la formation n’est malheureusement pas extraordinaire). Mais cette formation ne doit pas être axée sur des aspects techniques seulement. La technique est utile (indispensable ?) uniquement si elle sert à quelque chose et en particulier, pour l’école primaire, les autres apprentissages.
    Et pour les élèves, cela ne sert en effet à rien de leur faire de la technique s’ils n’en n’ont pas besoin. Maintenant, c’est à l’enseignant de susciter ce besoin. Quand je prépare une séance dans laquelle on va avoir besoin de l’outil informatique, j’identifie les points techniques que les élèves auront à travailler. Mais il serait aberrant de dire : « Aujourd’hui, on va faire des copier / coller pendant 45 minutes! ».

    Pour un enseignement théorique de l’informatique, je ne dis pas que c’est impossible, je dis juste, qu’à l’école primaire cela manque cruellement d’intérêt. Autant les activités proposées dans le livre « L’informatique sans ordinateur » peuvent parfois être intéressantes (et encore), autant le titre est pompeux et je défie quiconque de demander à des élèves d’utiliser simplement un traitement de texte après avoir fait les activités de ce livre. Je ne vois, par exemple, aucunement l’intérêt pour des élèves d’école primaire de compter en binaire pour utiliser un ordinateur.

    Si à l’école primaire, nous arrivions à ce que les élèves utilisent régulièrement l’outil informatique (au moins une fois par semaine) et que les enfants aient une formation « citoyenne » liée à l’utilisation de l’informatique, alors, je pense qu’on aurait bien préparé le terrain pour l’enseignement secondaire. Enseignement secondaire où un enseignement informatique me paraît beaucoup plus pertinent, comme en université.

  8. Ginko

    Cyrille L.:

    Tu « refuses » encore d’aborder l’informatique en tant que matière théorique…

    Tu relis tout enseignement informatique à une utilité directe (utiliser un traitement de texte, copier/coller, etc).
    Tu dis même:
    « Pour un enseignement théorique de l’informatique, je ne dis pas que c’est impossible, je dis juste, qu’à l’école primaire cela manque cruellement d’intérêt. »

    Est-ce que dessiner, chanter, connaitre les équations de pythagore, les maths au collège, la philo, l’histoire ont un quelconque intérêt direct pour tous les élèves?
    Est-ce une raison de tous les enlever du programme? Est-ce que calculer l’hypothénuse d’un triangle rectangle va servir à plus de 2% des gens dans leur vie future?

    Comprendre d’un point de vue théorique le fonctionnement d’un algorythme simple de compression est sans doute aussi inutile que le théorème de Pythagore dans la vie de tous les jours. Mais ça démystifie l’informatique. Ça donne un apreçu de l’intérieur de la boite noire et un point d’entrée, une base pour un approfondissement vers des choses plus complexes comme les protocoles, les langages, les structures en réseaux, etc : vers des choses plus concrètes (de la même façon que la thermodynamique permet de comprendre le fonctionnement un moteur à vapeur, d’un frigo ou d’un radiateur à eau).

    Quand à l’idée qu’un ensignement approfondi ne soit pertinent qu’à l’université, je me répète: non! Est-ce qu’on repousse les maths approfondies (fonctions, dérivées, géométrie complexe, etc) à l’université? Le collège est bien là où ça doit se passer pour que tout le monde y touche, même si c’est pour l’oublier quelques années après.

    Je ne comprends pas qu’on ne traite pas l’informatique théorique pour ce qu’elle est: une science au même titre que les mathématiques, la physique, le chimie, la biologie, etc. Parce qu’elle est jeune? Parce qu’elle s’exprime souvent comme un outil pour les autres?
    Mais dans ce dernier cas, que sont les mathématiques sinon la trousse à outils théorique de la plupart des autres sciences?

    Surtout que l’informatique envahit de plus en plus nos vies et va continuer à les envahir. Laisser nos enfants voire l’informatique comme une boite noire, c’est donner sans cesse plus de pouvoir aux multinationales de l’informatique (et donc moins de pouvoir pour nous, pour eux, nos enfants).

  9. Cyrille L.

    @Ginko
    Tu dis :
    « Le collège est bien là où ça doit se passer pour que tout le monde y touche, même si c’est pour l’oublier quelques années après. »

    Si tu lis correctement mes messages tu verras que je ne dis pas le contraire et que je distingue l’enseignement de l’informatique à l’école primaire de l’enseignement de l’informatique durant le reste de l’informatique ailleurs.

  10. Cyrille L.

    Oups, la fin de ma phrase précédente a été écrite trop vite.
    […] durant le reste de la scolarité.

  11. Christelle Membrey

    J’aime votre façon de mettre les pieds dans le plat !
    Alors je vous signale que, dans mon établissement, je travaille sur ce projet : « On ne naît pas internaute, on le devient! » : http://www.cicla71.com
    Comment dire ? Je me suis reconnue dans l’ultime paragraphe dédié à l’éducation du citoyen numérique 🙂

  12. desoies

    Parfaitement d’accord sur presque tout sauf sur une chose : l’obsession informatique !!!
    La maîtrise n’est pas la maîtrise de l’informatique mais la maîtrise du numérique.
    La différence ?
    Le numérique est la combinaison de trois technos qui n’ont au départ pas grand chose à voir les unes avec les autres (informatique, télécommunications, audioviduel).
    La différence entre 1998 et 2010 est justement là. En 1998 il n’y avait ni Facebook, ni Youtube, ni twitter, ni Foursquare… autant d’outils, de codes culturels… à maîriser que personne n’annonçait en 1998.
    Alors bravo sur le raisonnement mais attention à l’appliquer au numérique et pas seulement à l’informatique, ça change tout. Les dix années qui viennent de passer ont tout changé de ce point de vue et l’école s’en est d’ailleurs en partie saisie…
    Mais cela ne change pas la pertinence d’une grande partie des arguments, cela change seulement les conclusions à en tirer.

  13. anonymous

    J’ajoute que ce serait pas mal aussi d’avoir de jeunes français dans des mouvements comme les Anonymous et les autres futurs qui émergeront. Si on continue comme ça, on ne pourra que subir sans agir dans le monde qui nous entoure. A qui profite le crime ? Je pense avoir la réponse.

  14. Robert R

    Je suis d’accord avec l’auteur de l’article, nous avons bien pris une vingtaine d’années de retard pour l’informatique à l’école. Je précise que je suis un instituteur à la retraite depuis 1999. Au moment du lancement du plan IPT de Fabius, j’avais un peu d’avance sur mes autres collègues car je m’étais formé au Basic pour écrire quelques applications au service du comité départemental de tennis de table dont j’étais membre. Je me suis vite aperçu que seule la programmation était vraiment intéressante pour les enfants. J’avais donc créé et animé bénévolement un atelier de programmation en basic à la garderie du soir en activité post-scolaire. Or, au cours d’un stage de formation à l’informatique, je fus accusé par un jeune professeur de mathématiques de l’école normale, de massacrer mes élèves. Il revenait lui-même d’un stage au rectorat où il aurait entendu ces allégations de prétendus savants. Ce langage Basic avec ses boucles inextricables dues à la fonction Goto allant de numéro de ligne en numéro de ligne allait fabriquer des esprits embrouillés. Jamais, ces élèves ne seraient bons, plus tard, en mathématiques.
    J’avais donc mis fin à mes ateliers. Mais les enfants qui disposaient d’un ordinateur à la maison continuèrent à programmer. Vingt-deux ans plus tard, je peux affirmer avec certitude que je n’ai massacré personne car je connais individuellement ces enfants devenus des citoyens adultes. Grâce à Internet, j’ai retrouvé d’autres programmeurs précoces. Si moi, j’ai commencé avec des enfants de CE2, certains parents n’ont pas hésité à initier leurs enfants dès l’âge de la maternelle. Je pourrais nommer une dizaine de ces jeunes « massacrés » par le basic, qui après des études supérieures longues et brillantes, enseignent aujourd’hui dans des grandes écoles ou à l’université ou bien sont chercheurs au CNRS ou à l’étranger.
    Evidemment, dès les premiers pas dans l’apprentissage d’un langage de programmation, l’enfant utilise des variables, des nombres négatifs,… ce qui pourrait paraître inaccessible à de jeunes enfants. Tous les psycho-pédagogues, qu’ils prônent la transmission verticale ou horizontale des savoirs, devraient revoir leur copie. L’animateur de site informatique de ma circonscription avait désiré un jour me remplacer à ma garderie car j’avais rendez-vous chez mon dentiste. Une vingtaine d’années plus tard, il se souvient toujours de cette soirée, tant il avait été marqué par l’attention, le comportement et les résultats des enfants. Il m’écrit être à 100% en accord avec moi sur ce sujet. Celui qui a vu des enfants écrire des lignes de codes aura remarqué, à moins d’être aveugle, comment leur concentration gagne en intensité et dans la durée. Dans la conclusion de son dernier livre « La bosse des maths 15 ans après », Stanislas Dehaene le dit aussi.
    L’un des élèves que j’ai initié au basic en CE2, programmait couramment en assembleur au CM1, en Pascal au CM2. A 10 ans il utilisait le debugger pour corriger, tracer, assembler, désassembler un programme.
    Ainsi, seulement quelques privilégiés parmi les trentenaires d’aujourd’hui ont pu bénéficier des effets de la programmation. Miscosoft fournissait un langage de programmation avec son système d’exploitation (GWBASIC, QBASIC). Puis avec Windows, ce géant de l’informatique a écrasé le marché et dès 1995 on est entré dans l’informatique de consommation qui sévit aujourd’hui. Windows 95 était fourni sans logiciel de programmation. Pour des raisons obscures on a même mis fin au gentillet langage Logo à l’école. On aurait pu avancer avec HTML, puis PHP au moment de l’arrivée d’Internet. Malheureusement, on a toujours découragé l’instituteur qui s’écartait des ornières. Vers 1997, j’ai vu arriver LINUX. Mais il ne pouvait pas concurrencer Microsoft car il était alors trop complexe et réservé à une élite. Je pense que le logiciel libre pourrait avoir un boulevard devant lui, maintenant. La programmation dès le primaire serait une activité post-scolaire intéressante pour tous les enfants si elle pouvait être organisée, coordonnée, au niveau national, avec des buts motivants à atteindre.

    Voici ce que disait un célèbre mathématicien, Pierre-Louis Lions, lors des journées MathsAvenir 2009 en conclusion de son intervention :
    http://www.maths-a-venir.org/2009/e

    « Je fais partie de ceux qui considèrent qu’on pourrait envisager d’apprendre les maths et l’informatique en même temps. C’est à dire de repenser un peu ça, car après tout, qu’est-ce que compter ? C’est un algorithme, ce sont des algorithmes. Déjà quand je prends les maths, j’aurais du dire l’apprentissage du calcul.
    Comme en même temps c’est un enjeu absolument crucial d’avoir des gens qui soient alphabétisés en profondeur sur l’informatique, je crois que c’est absolument crucial pour le pays vu le déficit que l’on a en particulier d’ingénieurs qui parlent l’informatique couramment et pas simplement qui appuient sur des boutons couramment. Si on veut penser que l’innovation est vraiment très importante, une question de survie pour un pays comme le nôtre, on est obligé de se poser ce genre de questions. Donc ça va bien au delà de l’apprentissage de la notion de dérivées ou pas. C’est encore plus sérieux et plus urgent. Mais bon, ce que j’en dis, à nouveau, mes convictions, je m’égare… »

    C’est passé inaperçu. Dommage ! Je ne cache pas que j’aimerais connaître en détail les projets de Pierre-Louis Lions. Je rappelle que, tout de même, il est professeur au Collège de France et il est titulaire de la médaille Fields. Son exposé, que j’ai trouvé personnellement très captivant, n’a eu aucun écho vraiment sérieux.

  15. Ginko

    Robert R:

    Comme j’aurais aimé être l’un de vos élèves de CE2…

    En ce qui concerne le jeune professeur de l’école normale… la sagesse ne s’apprend pas à l’école, qu’elle soit normale ou pas, mais avec l’expérience… 🙂

    Avec ce second exemple d’un scientifique reconnu qui considère l’informatique théorique comme une science à part entière, au même niveau que les mathématiques, j’en viens à me poser des question sur ce qui cloche là dedans.
    Est-ce que ces scientifiques émérites sont si éloignés des instances directrices de l’EN? Ou est-ce que ces dernières sont insensibles à ces appels? Si oui, quelles sont leur raisons?
    Sans céder à la théorie du complot, est-ce que des espèces de lobbyistes seraient de la partie pour que le peuple reste le plus loin possible des algorithmes? (Entendons nous bien: le peuple français, et donc donner un avantage compétitif à l’enseignement informatique US tout en soumettant les français à un consommation totalement passive des produits informatiques… par exemple)
    Bon après, Pierre-Louis Lions n’a énoncé son avis qu’en 2009. Peut-être que le résultat ne sera pas si nul que ça.

  16. ropib

    Ok pour un enseignement théorique de la programmation, comme approche langagière même. Mais je pense que apprendre à utiliser internet par exemple, comme objectif en soi est une erreur: on n’apprend à utiliser un papier et un crayon, comme objectif en soi, que très temporairement, ensuite on l’utilise comme support. Travailler sur internet, c’est à dire que tout examen pourrait être un travail collaboratif de rédaction au sein d’un contenu ouvert à l’extérieur (type wikipedia), ce serait plus intéressant. Et je ne dis pas qu’il faudrait que ce soit accidentel, expérimental, même si ce serait déjà pas mal, du genre « aujourd’hui on va faire quelque chose de différent: on va aller sur wikipedia » mais il faudrait que ce soit la norme.
    Le fait de recracher du par coeur c’est structurant par exemple, mais on apprend quand même par ailleurs que les machines le font mieux que nous. Et ceux qui sont favorisés apprennent, en dehors de l’école, que le principal problème désormais n’est pas la gestion de la rareté de l’information, mais la gestion du surplus d’information, l’école, à ce niveau, nous rend désemparé et entraîne même des biais cognitifs à l’origine de dysfonctionnements par la suite. Le fragment, le lien vers le travail des autres, la négociation sociale… sont désormais inévitables dans la société et sont pourtant carrément proscris à l’école.