L’école Châteaudun d’Amiens ou le pion français de la stratégie planétaire Microsoft

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Temps de lecture 24 min

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Lee Carson - CC by-saLe saviez-vous  ? Grâce à la caution de partenaires associatifs et institutionnels a priori au dessus de tout soupçon, Microsoft entre comme dans du beurre (ou presque) à l’Éducation nationale, en déployant tranquillement son vaste et ambitieux programme globalisé «  Innovative Schools  ».

Si il ne s’agissait que de se substituer financièrement à un État de plus en plus désargenté, ce serait déjà grave, mais on en profite également pour marquer voire manipuler les esprits, sous le vernis d’un discours pédagogique soit disant progressiste et «  innovant  » (adjectif préféré du département marketing de la société).

Principales victimes collatérales  : non seulement le logiciel libre et sa culture mais aussi et surtout les enseignants et donc les élèves[1], à qui on ne donne pas accès à cette culture.

Attention, cette histoire est un peu longue et un peu triste. Mais elle se termine bien à la fin  !

Mondialisation mon amour

Qu’est-ce que le programme «  Innovative Schools  »  ? C’est un peu le jeu des poupées russes, car il s’insère dans le programme «  Partners in Learning  », lui-même intégré au programme «  Unlimited Potential  ».

Commençons par la plus grande poupée, telle que décrite sur le site de Microsoft  :

Microsoft Unlimited Potential vise à aider les personnes et les communautés du monde entier à réaliser leurs objectifs et leurs rêves par l’intermédiaire de la mise à disposition de technologies adaptées, accessibles et abordables. Nous nous sommes fixé pour mission d’ouvrir de nouvelles voies de développement social et économique, en particulier pour les cinq milliards de personnes qui, selon les estimations, ne bénéficient pas encore des avantages des nouvelles technologies. Avec nos partenaires publics comme privés, nous axons notre action sur la transformation de l’éducation, la stimulation de l’innovation locale et le soutien à la création d’emplois et de débouchés afin de créer un cercle vertueux de croissance économique et sociale durable pour tous.

Poursuivons en donnant quelques chiffres significatifs avec cette présentation maison du programme «  Partners in Learning  »  :

Microsoft Partners in Learning est une initiative internationale conçue pour rendre la technologie plus accessible aux écoles, à stimuler des conceptions innovatrices de l’éducation et à fournir aux éducateurs les outils pour gérer et mettre en oeuvre des changements. Depuis sa création en 2003, le programme Partenaires en apprentissage a bénéficié à plus de 123 millions de professeurs et d’étudiants dans 103 pays. Microsoft apporte un soutien financier continu à cette initiative depuis déjà cinq ans, et l’investissement d’une durée de dix ans atteint presque 500 millions USD, ce qui témoigne de l’engagement de la société à rendre la technologie plus adaptée et plus accessible à chacun grâce à des programmes, des formations et des partenariats de licence abordables.

Un demi-milliard de dollars… Ne cherchez pas plus loin la réponse à la question de la légitimité d’une entreprise américaine de logiciels que rien ne prédisposait au départ à vouloir ainsi participer à «  transformer l’éducation  » à l’échelle mondiale. Ce n’est pas avec le vinaigre des beaux discours philanthropiques (cf ci-dessus) que l’on attrape les mouches, mais bien avec cet argument massue d’un compte en banque qui donne le vertige.

Toujours est-il que c’est dans le cadre du programme «  Microsoft Partners in Learning  », que l’on trouve le réseau des «  Microsoft Innovative Teachers  », enseignants cooptés en charge notamment de mettre chaque année en place dans leur propre pays des «  Microsoft Innovative Teachers Forums  », dont le point d’orgue est le «  Microsoft Innovative Education Forum  » où sont invités tous les lauréats des forums nationaux (en 2009 c’était au Brésil).

C’est également dans ce cadre que s’inscrivent les «  Microsoft Innovative Schools  ». Il s’agit d’investir un établissement scolaire et d’en faire une école pilote de l’innovation à la sauce Microsoft, en mettant là encore le paquet sur les moyens.

Une nouvelle fois, tout réside dans l’art de présenter la chose  :

Le programme «  Écoles Innovantes  » fait partie de l’initiative internationale «  Partners in Learning  » au travers de laquelle Microsoft engage d’importants investissements matériels et financiers pour développer la formation dans le domaine des TICE , la personnalisation de l’enseignement, le support technique et, plus généralement, l’accès aux technologies informatiques de pointe dans l’éducation. Dans ce cadre, le projet «  Écoles innovantes » fondé sur l’innovation pédagogique et l’utilisation des technologies de l’information, a été lancé au niveau mondial. La première «  Ecole innovante » a ouvert ses portes au début de l’année 2006 à Philadelphie. Douze autres établissements à travers le monde font aujourd’hui partie de ce projet. L’objectif de ce projet est d’accompagner les établissements et plus largement l’institution dans son évolution vers l’école du XXIème siècle.

Du discours et de la méthode

Les citations ci-dessus donnent déjà une bonne idée de l’enrobage, pour ne pas dire de l’enfumage, d’un discours faussement lisse, neutre et consensuel dont l’objectif est de rencontrer l’adhésion des enseignants.

La société a évolué et l’école se doit de se mettre au diapason, mais cet inéluctable modernisme, où la technique semble omniprésente, ne doit en rien être anxiogène, c’est au contraire une formidable opportunité d’innovation. Ne vous inquiétez pas, Microsoft est là pour vous faciliter la tâche, accompagner votre créativité et vous aider à vous concentrer sur votre seule préoccupation  : la pédagogie et la réussite de vos élèves.

Le mantra est le suivant  : l’important ce n’est pas la technique, c’est l’usage que l’on en fait, si possible «  innovant  ».

L’informatique en tant que telle est volontairement occultée. Parce que si elle se fait oublier alors son choix n’a plus aucune importance. Et dans ces cas-là autant prendre «  naturellement  » les produits et les logiciels du généreux mécène (qui n’a absolument pas besoin de les mettre en avant, et il s’en garde bien, ça se fait tout seul  !).

Concentrons-nous donc sur les pratiques. Rassurons les enseignants et montrons-leur ce que l’on peut faire aujourd’hui de «  formidable  » avec les nouvelles technologies (ils se trouvent que les démonstrations se font avec des logiciels Microsoft mais c’est à peine si on a besoin de l’évoquer, c’est juste que c’est plus pratique et qu’on les avait sous la main). Mieux encore, construisons ensemble des «  écoles 2.0  », mettons les enseignants en relation et organisons de grandes manifestations où les plus dynamiques d’entre eux auront l’occasion de se rencontrer pour échanger, et éventuellement recevoir la «  Microsoft Innovative Médaille du Mérite  ».

Deux conséquences (fâcheuses)

Puisque l’informatique est un sujet plus que secondaire qui se doit de s’effacer pour être pleinement au service de la pédagogie, il n’y a pas lieu d’en parler, et moins encore d’en débattre. Il n’y a pas de choix à faire et le logiciel libre n’est ni cité, critiqué ou comparé, il est tout simplement nié. Jamais, ô grand jamais, vous n’y verrez la moindre référence sur les sites officiels des programmes «  Microsoft Innovative MachinChose  ».

Soit, le logiciel libre n’existe pas. Ce n’est pas si grave après tout si on a l’assurance que nos élèves sont entre les bonnes mains des professeurs innovants. Sauf que malheureusement ça ne peut pas être véritablement le cas, parce que ces professeurs sont sans le savoir handicapés car manipulés.

En effet, le logiciel libre à l’école va bien au delà du souhait d’installer et d’utiliser telle application plutôt que telle autre dans son ordinateur. Pris au sens large, c’est d’une véritable culture dont il s’agit, englobant les formats ouverts, les ressources en partage, les pratiques collaboratives spécifiques, la vigilance sur la propriété intellectuelle et la neutralité du réseau, etc.

Il me revient en mémoire cette citation extraite d’un billet sur la politique pro-active du Canton de Genève  :

Dans sa volonté de rendre accessibles à tous les outils et les contenus, le «  libre  » poursuit un objectif de démocratisation du savoir et des compétences, de partage des connaissances et de coopération dans leur mise en œuvre, d’autonomie et de responsabilité face aux technologies, du développement du sens critique et de l’indépendance envers les pouvoirs de l’information et de la communication.

Pensez-vous que ces objectifs soient important et qu’ils aient toute leur place dans une «  école du XXIème siècle  »  ? Si oui, alors ne comptez ni sur Microsoft ni sur ses enseignants sous influence pour sensibiliser réellement nos élèves sur ces questions pourtant devenues majeures aujourd’hui.

Autonomie et responsabilité face aux technologies, mais surtout sens critique et indépendance envers les pouvoirs, sont autant de thèmes qui ne font pas partie de la stratégie éducative de Microsoft. Et pour cause, ils risqueraient de dévoiler quelque chose que l’on cherche pernicieusement à cacher aux enseignants et à leurs élèves  : le fait qu’une autre informatique soit possible, impliquant par là-même une autre pédagogie. Et, ne vous en déplaise, cette prise de conscience est déjà «  innovante  » en soi.

De la déclinaison française du programme

Et en France me direz-vous  ?

Je ne connais pas l’étendue du programme «  Microsoft Partners in Learning  » de notre beau pays. Mais pour avoir ici-même participé à lever certains lièvres par le passé, je puis toutefois émettre quelques solides hypothèses.

Les «  Microsoft Innovative Teachers  » c’est avant tout l’équipe du Café pédagogique. Ce n’est pas moi qui l’affirme mais le site officiel répertoriant pays par pays les membres de ce réseau d’enseignants. Lorsque vous cliquez sur «  France  », vous êtes automatiquement renvoyé sur la page d’accueil du Café.

Le Café est accompagné par l’association d’enseignants Projetice (lire à ce sujet Projetice ou le cas exemplaire d’un partenariat très privilégié entre Microsoft et une association d’enseignants), dont la création a, semble-t-il, été directement souhaité et suggéré par Microsoft.

En toute logique, c’est à eux qu’il incombe de monter les «  Microsoft Innovative Teachers Forums  » dont la création a, c’est certain, été directement souhaité et suggéré par Microsoft. Nous avons ainsi eu Rennes en 2008 et Roubaix en 2009 (lire à ce sujet Du premier Forum des Enseignants Innovants et du rôle exact de son discret partenaire Microsoft et surtout le fort instructif Forum des Enseignants Innovants suite et fin).

Quant à la grande messe qui réunit les lauréats des forums du monde entier, vous pouvez compter sur le Café pour nous en faire de magnifiques et élogieux reportages, comme le dernier en date à Salvador de Bahia (lire à ce sujet En réponse au Café Pédagogique).

Pour le supérieur, il pourrait également y avoir les chercheurs du Groupe Compas (cf la présentation Microsoft) dont la création, elle aussi, aurait été fortement souhaité et suggéré par Microsoft, mais là je manque clairement d’informations.

Toujours est-il qu’on retrouve bien tout ce petit monde dans les encadrés de la brochure commerciale Microsoft 2010 en direction des établissements scolaires.

Un petit monde que l’on peut mobiliser à tout moment, comme par exemple lorsqu’il s’agit de relayer une campagne médiatique autour d’un nouveau produit de la société (lire à ce sujet L’influence de Microsoft à l’école n’est-elle pas disproportionnée  ?, campagne qui valu à Microsoft de recevoir le Grand Prix «  Acquisition et Fidélisation Clients  »).

L’école Châteaudun ou la «  Microsoft Innovative School  » de chez nous

Pour compléter cet impressionnant dispositif Microsoft, il ne manquait plus que «  l’École Innovante  ». Et c’est à l’école publique Châteaudun d’Amiens qu’est revenu cet insigne honneur, et ce depuis deux ans déjà.

Le Café pédagogique en a parlé ici, , et tout récemment . Rien d’anormal à cela puisque le Café étant la tête de pont des «  Microsoft Innovative Teachers  » français, c’est bien le moins que de relayer les annonces de cette grande famille. C’est du reste cette dernière annonce, vendredi 15 janvier, qui a motivé la rédaction de cet article (d’autant plus que chez eux, il est impossible de commenter). Et plus particulièrement cette histoire de «  fées autour du berceau  ».

À l’origine de ce projet, la rencontre entre le directeur de l’école primaire qui voulait améliorer l’expression écrite et orale de ses élèves, son maire, ministre de l’éducation à ce moment, et le groupe Microsoft qui soutient plusieurs écoles innovantes dans le monde avec le projet d’observer et retenir les innovations. Voilà beaucoup de fées autour du berceau et cela a joué sur le projet car l’équipe éducative a été très sollicitée par les accompagnateurs du projet.

Abondance de fées pourrait-elle nuire  ? En tout cas, il y a une fée singulièrement différente des autres, et l’on pourra toujours évoquer une «  rencontre  » entre les différents acteurs, c’est bien plus sûrement la fée Microsoft, en pleine «  Innovative Prospection  », qui a su murmurer de manière convaincante à l’oreille du ministre (en l’occurrence, à l’époque, c’était Gilles de Robien).

On remarquera donc d’emblée que les fées du projet et l’équipe éducative sont deux entités bien distinctes. Des fées qui savent manifestement manier leur baguette avec, quand il le faut, l’autorité nécessaire, puisque la décision est venue d’elles, c’est-à-dire d’en haut, et non du terrain, c’est-à-dire des professeurs qui auraient eu vent des «  Microsoft Innovative Schools  » et qui auraient choisi d’inscrire collectivement et spontanément leur école.

Pour plus de détails sur le projet, il y a, avec toutes les précautions d’usage quant à leur objectivité, cette présentation sur le site de Microsoft (voir aussi ce reportage vidéo interne, au format propriétaire wmv) et cette visite du Café pédagogique.

On pourra également se rendre sur le blog et le site de l’école, créés à l’occasion, dont je vous laisse juge de la qualité et du dynamisme (reposant tous deux sur des solutions libres soit dit en passant).

Quant à la communication, il faut croire qu’avoir aussi bien le ministre que Microsoft penchés au dessus du berceau, aident à la mise en lumière médiatique du projet, avec titres et contenus qui ont dû faire plaisir aux fées  : La première école innovante de France (Le Point – février 2008) et Amiens invente l’école numérique de demain (Le Figaro – mai 2008). Ajoutez juste un mot de plus au titre du Point et vous obtenez quelque chose qui oriente sensiblement différemment la lecture  : «  La première école innovante Microsoft de France  ».

Mais plus intéressant et a priori plus rigoureux, on a surtout ce rapport tout chaud réalisé par l’INRP, c’est-à-dire rien moins que l’Institut National de Recherche Pédagogique. Aujourd’hui c’est donc l’heure d’un premier bilan et c’était bien là le motif principal de l’annonce du Café.

Première phrase du rapport  : «  Cette étude a bénéficié du soutien de Microsoft Éducation  ». Et un peu après  :

Sollicité par Microsoft Éducation France pour être évaluateur du projet Innovative Schools, d’une durée de deux ans (de septembre 2007 à décembre 2009), au niveau national et international, l’INRP a signé une convention de recherche-évaluation pour (…) faire un suivi du projet et du process des 6i

On retrouve notre constante  : c’est toujours Microsoft qui sollicite et non l’inverse. Quant au «  process des 6i  », c’est absolument fascinant car il s’agit d’un véritable choc culturel.

Nous connaissons un peu les américains. Ils raffolent de ces méthodes en plusieurs points censés améliorer notre vie professionnelle, personnelle ou spirituelle (un exemple parmi d’autres, les douze étapes des Alcooliques Anonymes). On ne le leur reprochera pas, c’est dans leur ADN et certaines méthodes sont au demeurant tout à fait efficaces.

Et c’est ainsi que Microsoft, dans sa volonté universalisante (et uniformisante) de «  transformer l’éducation  » de ce nouveau millénaire, nous a pondu ce processus à 6 niveaux, ainsi résumé sur cette page  :

Cette méthode, les 6i, se déroule en 6 étapes réparties sur 2 années scolaires. Le processus des 6i (Introspection, Investigation, Inclusion, Innovation, Implémentation, Insight) de Microsoft, est un plan de route sur l’élaboration, la mise en œuvre et la gestion des changements basés sur les TIC. Il constitue un guide à l’intention des leaders scolaires pour mettre en place des changements éducatifs sur la base d’approches éprouvées.

Pour ceux que cela intéresse, Microsoft donne plus de détails sur son site anglophone (mais, là encore, méfiance, l’enfer est pavé de bonnes intentions pédagogiquement innovantes).

Le problème (enfin, ça dépend pour qui) c’est qu’à l’école française on n’est pas forcément familier avec cette manière d’appréhender les choses. Je vous laisse imaginer la tête du professeur des écoles, qui pour rappel a subi et non voulu le projet, lorsqu’on lui met une telle méthode entre les mains  ! Euh… ça veut dire quoi «  Insight  » déjà  ?

Toujours est-il que malgré le fait que ce «  process des 6i  » figurait donc noir sur blanc sur la feuille de route de l’étude commandé, le rapport n’en parle presque pas. Il se contente de le décrire à un moment donné (p. 18 à 21) mais sans que cela ait visiblement donné lieu à la moindre tentative d’application avec l’équipe pédagogique puisqu’on n’y revient plus par la suite. Pour tout vous dire, on sent l’INRP comme un peu gêné aux entournures ici (comme ailleurs du reste).

Résistance passive

Les rapports au sein de l’Éducation nationale, c’est tout un poème. Il faut parfois avoir le décodeur, en particulier lorsque l’on évoque les TICE où très souvent, politique moderne oblige, aussi bien l’auteur que le lecteur ont intérêt à ce que l’on décrive, quoiqu’il arrive, une situation positive et un projet réussi. Le projet fonctionne  ? On dira qu’il fonctionne très bien. Il ne fonctionne pas  ? Et l’on dira alors qu’il est un peu tôt pour en faire un bilan, ou que les conditions d’observation n’étaient pas optimales, etc., mais que malgré quelques «  résistances  », on note d’ores et déjà de significatives avancées, etc.

Et d’ailleurs, petite parenthèse, lorsqu’il s’agit d’un projet d’envergure dont le rapport remonte en passant par les indispensables étapes de la hiérarchie, on peut se retrouver au final avec un beau décalage entre ce qui se trouve sur le bureau du Ministre et la réalité du terrain (le B2i fournissant à cet égard un excellent exemple, on tient certainement là une cause principale de son étonnante longévité).

Bref ici, je vous invite à lire la conclusion du rapport (muni du fameux décodeur). Entre les lignes, on ne décrypte pas un échec patent mais on ne peut pas dire non plus, et loin de là, que ce soit l’enthousiasme qui prédomine.

Cette conclusion comporte deux parties (c’est déjà mauvais signe)  : «  Quelques failles constitutives sont repérables pour diverses facettes de l’opération  » (on craint le pire), mais heureusement il y a aussi «  Les avancées d’une école innovante  ».

Morceaux choisis  :

Les circonstances de la mise en œuvre de l’innovation dans l’école observée n’ont pas été idéales de ces points de vue et sont, sans l’ombre d’un doute, à l’origine des difficultés éprouvées à la fois par les acteurs locaux et par tous ceux qui ont été chargés de les suivre. L’empilement de dispositifs, de choix, de procédures, jamais clairement négociés avec les enseignants, a pu dérouter. Pour autant, les bénéfices de la démarche d’innovation sont visibles à l’échelle de l’école et encouragent à poursuivre.

On retrouve le plan d’un rapport-type tel que décrit théoriquement ci-dessus.

L’initiative est venue du ministre de l’Éducation nationale lui-même, maire de la ville. Le faible nombre d’enseignants réellement engagés dans l’opération traduit des réticences face à une opération (…)

La forme recherche-évaluation choisie par le Stanford Research Institute (SRI) comme cadre général du pilotage de l’innovation est très éloignée des principes courants d’observation et de suivi habituellement mis en œuvre en France.

C’est peu de le dire. Mais quand on s’embarque ainsi avec des américains, il faut en être bien conscient au départ. Là c’est un peu tard et il convient donc d’assumer.


La charge de travail imposée aux acteurs de l’école, dépassant de très loin la mise en place de l’innovation elle-même, a d’autant plus vite atteint un niveau insupportable qu’elle était inattendue et incompréhensible faute d’avoir été expliquée à l’avance.

L’extrême médiatisation de l’opération (à l’échelle locale puis nationale), avec ses inexactitudes, ses excès, ses effets pervers a achevé d’exacerber une situation dont la dimension politique était relancée par le changement de majorité municipale aux élections du printemps 2008.

Rien d’étonnant à ce que ces dispositions aient accentué la circonspection des enseignants et aient pu conduire au refus de toute observation de situations de classe à partir du mois d’avril 2008. Pour autant de nombreux aspects authentiquement innovants sont apparus dans le déroulement du projet d’école.

Ce dernier paragraphe est symptomatique. Des enseignants ont carrément refusé de jouer le jeu. C’est une lourde et concrète information impossible à censurer. Mais elle est tout de suite suivie et contre-balancée par un argument positif vague et flou, que vient corroborer l’ultime phrase du rapport  :

L’innovation est ainsi reconnue et même souhaitée. Ce n’est pas l’innovation en tant que telle qui est recherchée, mais c’est, bien davantage, l’amélioration des résultats de tous les élèves, y compris les moins performants, qui est attendue. Cette exigence s’inscrit dans la droite ligne de l’histoire de notre école républicaine.

Certes, certes. Mais pourquoi notre école républicaine à la si riche histoire aurait-elle besoin de s’appuyer ici sur la «  méthode des 6i  » tout droit sortie de la cuisse de la multinationale Microsoft  ?

Et le Café pédagogique, de s’adonner lui aussi à la conclusion positive aux forceps  :

S’il est trop tôt selon l’étude pour constater des changements chez les élèves, elle confirme l’impact sur l’équipe pédagogique. Le projet a bien développé sa capacité d’adaptation aux changements – une faculté tant individuelle que collective qu’exige une société en constante évolution. Ça donne déjà une longueur d’avance à cette école.

En gros, on est venu perturber des professeurs qui n’avaient au départ rien demandé. Et comme il a bien fallu qu’ils s’adaptent, on les félicite d’avoir fait face aux changements. Que l’adaptation ait été vécue positivement ou négativement ne compte pas, c’est une qualité en soi. Voilà une bien maigre «  longueur d’avance  ».

Et pour en avoir le cœur net, l’idéal serait de recevoir dans les commentaires de ce billet, quelques témoignages de professeurs de cette école.

Parce que, autant appeler un chat un chat , malgré la débauche d’énergies et de moyens matériels et humains mis à disposition, l’expérience Innovative School Châteaudun d’Amiens n’a semble-t-il pas forcément donné tous les résultats escomptés. Microsoft pourra toujours cocher la case «  école française  » sur sa jolie mappemonde, on ne m’ôtera pas de l’idée que nous sommes face à une belle déception qui ne veut dire son nom.

Résistance active

Mais il y a des résistances bien moins passives et donc bien plus intéressantes que celles de l’école Châteaudun d’Amiens.

Infiltrer une école primaire ne suffisait semble-t-il pas aux responsables de Microsoft France Éducation. Il leur fallait également un établissement du secondaire pour parfaire le tableau.

Ils avaient ainsi repéré un lycée de l’Académie de Créteil. Et là encore il s’agissait de faire passer le projet par le haut, sans en référer au préalable à l’équipe pédagogique de l’établissement.

Mais il y eut un magnifique grain de sable, quelque chose d’imprévisible et inattendu s’est alors produit. Deux enseignantes ont pris leur plume pour courageusement protester publiquement sur le site d’informations rue89. Ce qui a donc donné l’article Pour ses «  innovations  », l’Éducation nationale s’en remet à Microsoft, qui figure en bonne place dans ma rétrospective personnelle de l’année 2009.

Je vous invite à le lire dans son intégralité (on notera que le logiciel libre y est évoqué et même souhaité), mais je n’ai pu résister à en reproduire ici la percutante introduction  :

Nous sommes professeurs de lettres et de philosophie dans un établissement public de France et nous voulons dire notre tristesse. Notre colère. Nous avons appris, il y a peu, que notre établissement déposait un projet d’«  école innovante  » auprès du rectorat, mené en partenariat avec Microsoft  !

Les établissements publics français ont une mission publique d’éducation. Ils doivent, cela va sans dire, évoluer avec leur société  : si l’on tient absolument au novlangue actuellement en vigueur à l’Éducation nationale, disons qu’ils doivent «  innover  »  ; mais quel besoin de le faire sous le coaching de Microsoft  ?

Que vient donc faire une multinationale dans nos innovations pédagogiques  ? Et comment comprendre que ce soit le responsable des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) au rectorat, autrement dit l’Éducation nationale elle-même, qui encadre ce «  partenariat  »  ?

Nous, enseignantes du service public français, sommes choquées d’avoir à innover par la «  méthode des 6i  » («  introspection, investigation, inclusion, innovation, implémentation, insight  ») mise au point – et brevetée  ! – par le groupe Microsoft pour pouvoir formater de façon homogène l’innovation pédagogique de pays différents, et faire émerger l’école du XXI siècle, comme on peut le lire sur le site de Microsoft.

Quelle éloquence, mais surtout quelle évidence  !

On remarquera que l’INRP s’est quant à elle tout à fait accommodée de la «  méthode des 6i  » à Châteaudun. Les «  experts pédagogiques  » sont semble-t-il plus flexibles et malléables que les profs d’en bas.

Suite à cette tribune, l’une des auteurs m’a contacté pour échanger, voire prendre conseil, parce que figurez-vous qu’elle subissait du coup menaces et pressions de la part de sa hiérarchie  !

Mais la hiérarchie s’est ravisée. Je pense qu’elle a réalisé que plus cette histoire allait se médiatiser, plus sa position deviendrait intenable, car les collègues se rangeraient plus que majoritairement derrières les arguments des enseignants.

Autrement dit, victoire, on n’a plus du tout entendu parler de ce projet Microsoft depuis  ! La prochaine «  Innovative School  » française devra attendre. Comme quoi quand on veut…

Et l’article de s’achever ainsi  :

L’école en a, des profs «  innovants  », si l’on tient absolument à les appeler ainsi.

Non, ce n’est vraiment pas le désir d’inventer et de créer qui manque, à l’Éducation nationale.

Mais un prof qui s’entend dire qu’il devra accepter comme une condition nécessaire pour accéder aux moyens de mettre en œuvre ses projets de travailler avec telle entreprise privée, sous sa direction et dans son formatage, dans l’idéologie de ce que doit être l’école du XXIe siècle (sic) selon ladite entreprise, ce prof, dès lors, ne sent plus tellement en lui le désir d’«  innover  ».

Parce qu’il pressent qu’«  innover  » dans ces conditions impliquera qu’il abdique une part de sa liberté pédagogique au nom du modèle idéologique en question.

Ce sera également notre conclusion.

Notes

[1] Crédit photo  : Lee Carson (Creative Commons By-Sa)

22 Responses

  1. Earered

    C’est un détail, mais…

    > (voir aussi ce reportage vidéo interne, au format fermé wmv)

    Propriétaire, pas fermé, les spécifications sont dispo depuis 2004, mis à jour en 2007 :
    http://www.microsoft.com/windows/wi
    Et a priori, c’est un format de conteneur qui n’est pas dégueulasse en plus.

    A ma connaissance, le seul format de conteneur ouvert et non propriétaire, c-à-d spécifié par un organisme _indépendant_ (contrairement à Microsoft, Xiph ou CoreCodec), c’est le MP4

  2. gut

    Le webmaster a été innovant.
    Je clique au hasard. Je ne sais pas ce qu’es une carte mentale, mais le spam est bien passé et il n’y a pas eu de nettoyage.
    http://blogs.ac-amiens.fr/generalis

    Rien plublié de puis mai 2008.
    Le site est mort.

  3. Pirlouis

    Excellent ! Du moins l’article pas la situation.
    C’est emblématique de la nouvelle donne : la puissance folle et démesurée de certaines entreprises face à des états de moins en moins riches. Merci la mondialisation (et merci l’Europe).
    Quand on prend la peine d’y réfléchir deux secondes, on se rend compte de l’absurdite et du danger d’avoir laissé les choses se dérouler ainsi.
    Heureusement qu’il y a quelques poches de résistance, mais elles ne semblent pas avoir les moyens de faire autre chose que retarder l’échéance.

  4. Gilles Foulon

    Dans le "process des 6i", il y a l’Implémentation :
    "Réalisation des idées et du planning. Les actions et la durée pourra varier selon les écoles et pourront inclure la construction de nouveaux espaces de travail, des formations pour les enseignants, la création/achat d’infrastructure informations, mise en place de nouvelles techniques d’enseignement, etc."

    Achat d’infrastructure d’informations, tss, tss…
    CQFD

    ps : article long mais intéressant et plaisant à lire, merci

  5. Wetneb

    Bravo pour cette énergie argumentative inépuisable 🙂 . Je suis content d’avoir lu l’article jusqu’au bout, c’est rassurant de savoir que malgré les apparences Microsoft n’a pas toujours les portes grandes ouvertes (et le porte-monnaie aussi)…

    Une petite coquille, il me semble :
    Dans le paragraphe "De la déclinaison française des dégats" : "Je ne connais pas l’étendu du programme". J’aurais mis un e à la fin de l’étendu(e), mais je peux me tromper.

  6. gavroche93

    Difficile pour un politique de résister à Microsoft et sa World Compagny, car à l’arrivée ça fait du matériel tout neuf dans ses écoles et des articles dans la presse.

    Faut-il s’écarter de Microsoft ou tenter d’infléchir son idéologie vers plus de libre et de bien commun ?

  7. mjoly

    Il est bien possible en tant qu’individu / citoyen, formé & informé de faire des choix, et de choisir pour une entreprise qui n’a en aucun cas la liberté des utilisateurs de ses logiciels en mire, est un trop gros risque à prendre.. surtout que le but non déguisé de tout cela, est de formater pour le long terme des utilisateurs qui n’auront pas d’autre connaissance que celle des logiciels propriétaires / privateurs.

    Alors, oui, infléchir son "idéologie" vers le libre et le bien commun, est, à mon avis… plus qu’une obligation, mais un devoir…

    … surtout quand tout cela concerne l’école de la / d’une république.. libre?

  8. Olive

    Le BETT de Londes, c’est THE salon international du numérique en éducation. Il vient de se terminer.

    Notre ministre de l’Education y était. Et voici ce que nous en dit le Café Padagogique (encore lui) :

    "Accompagné d’Alain Madelin, ancien ministre de l’industrie et de l’économie, de Jean-Michel Fourgous, chargé d’une mission parlementaire sur les TICE et de diverses personnalités, Luc Chatel a effectué une visite rapide du BETT. Accueilli par une délégation des organisateurs du salon, il s’est arrêté en particulier sur le stand de Gaïa technologies, pour une démonstration 3D, sur celui d’Hodder education (la branche britannique d’Hachette) pour un aperçu des ressources numériques offertes par cet éditeur sur sa plate-forme Dynamic Learning et sur celui de Young digital planet dont le projet yTeach s’apparente à l’utilisation d’un supermarché virtuel de ressources pour l’auto apprentissage. Il a également participé à une courte réunion avec les dirigeants de Microsoft."

    Nous n’aurons pas plus de précision sur cette "courte réunion" Microsoft Ministre, mais c’est déjà un information en soi. Le Framablog nage à contre-courant malheureusement.

    http://www.cafepedagogique.net/comm

  9. cricri

    L’Education Nationale est le Ministère le moins ouvert aux logiciels libres ! C’est un peu logique vu que c’est là que le Lobying de Microsoft y est le plus actif.
    L’ignorance et l’incompétence de nos responsables politiques dans les TICs (tous bords confondus) font de Microsoft (et Google) au yeux de ces responsables les seuls acteurs et interlocuteurs connus ce qui n’arrange pas les choses ! Il n’y a qu"à voir à l’Assemblée Nationale, le responsable de la majorité pour ces questions est … garagiste !
    Dans les partis de tous bords, les responsables TICs sont méconnus et jamais entendus : Quelqu’un connait le responsable Tic du PS ?
    Le gouvernement Chirac n’avait même pas d’interlocuteur dans ces domaines !
    C’est une question de génération mais le manque de dynamisme de nos élites sur un marché qui dépasse en valeur le secteur automobile au profit des limonadiers, marchands de disques, vendeurs d’avions ou de voitures pourrait bien nous coûter plusieurs dizaines de milliers d’emplois.
    Les choix techniques autour d’Internet (HADOPI, numérisation des ouvrages, filtrage etc..) et les arlésiennes sur des projets nationaux ( carte d’identité avec certificat numérique) révèlent l’immaturité de nos responsables politiques et hauts fonctionnaires sur ce sujet.

  10. WeepyCreep

    J’aime bien cette manière de faire et c’est pas la première fois ici je crois. C’est une sorte de "mashup journalistique" : on prend des citations du web, on y ajoute quelques commentaires, on organise le tout selon un plan cohérent, et ça fait sens.

    Sinon, oui Houston, on a un problème avec Microsoft, mais surtout aussi avec ceux qui les laissent développer leur stratégie.

  11. no spam

    On peut aussi s’interroger sur le fait que tous ces programmes se font sous le sigle de Microsoft et non sous celui de la Fondation Bill & Melinda Gates. Si on avait vraiment voulu être philanthropique et désintéressé, on aurait plutôt choisi la fondation non ?

  12. Quentin L.

    Article intéressant et plaisant à lire (le coup des alcooliques anonymes, j’ai beaucoup ri !). Mais c’est quand même un article à charge contre Microsoft et ses "complices".

    Ce serait encore plus intéressant d’avoir les avis de tous ceux qui sont cités, sans être nommés : Microsoft France, Café Pédagogique, INRP, profs de l’école, etc.

    On aurait alors un autre son de cloche et un bon petit débat pourrait s’installer.

  13. O MAnn

    Lol! Statisiques d’aujourd’hui de l’école pro et vendu à Microsoft:
    11 visites de Linux et 5 de Windows!!!
    Peut être que l’article du framablog boost les visites!
    Plus sérieusement Microsoft continue à avancer droit devant, se considérant comme indispensable dès qu’on parle d’informatique et d’éducation. Ils se montrent envahissant (on a rien demander) et les collectivités territoriales laissent faire…

  14. titou_vef

    Au Sénégal, le programme "Partners in Learning" est directement intégré au site du ministère de l’éducation nationale locale ! Ce qui serait quand même impossible en France.
    http://www.education.gouv.sn/politi

    La description qui y est donnée est intéressante avec cet étrange concept "d’entreprise citoyenne".

    "Établie en 2003, l’initiative Partners in Learning est fondée sur la philosophie de l’Entreprise citoyenne. L’entreprise citoyenne est celle qui au delà du profit, reconnaît que son propre développement est lié à celui de la Communauté au sein de laquelle elle prospère. Partant de ce constat, l’entreprise qui se veut citoyenne se doit de contribuer d’une manière ou d’une autre au développement de sa communauté."

    Perso je ne me réjouis pas qu’on en arrive à demander à des entreprises de jouer un tel rôle dans nos vies.

  15. degoute

    Ouais bin c’est mal barré votre histoire 🙁

    Je sais pas si vous avez lu ce communiqué de presse de Microsoft sur le site Génération-NT – à la botte de Microsoft d’ailleurs – mais il fait carrément peur. C’est daté du 13 janvier 2010. Avec toujours le même jargon à la con. Mais ce que je note c’est qu’il y a des pays, l’OCDE, la Banque Mondiale et même l’UNESCO !!!

    – Un projet d’étude pionnier se concentrera sur le rôle de la technologie dans l’enseignement et l’apprentissage innovants
    http://www.generation-nt.com/commen

    "Partners in Learning de Microsoft collaborera avec les gouvernements nationaux dans le cadre d’une étude multinationale majeure. Microsoft investira 1 million USD chaque année dans l’étude qui s’étalera sur plusieurs années, en partenariat avec les gouvernements de la Finlande, de l’Indonésie, de la Russie et du Sénégal. L’axe principal de cette étude, qui est guidée par des conseillers externes provenant de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), de l’UNESCO, de la Banque mondiale, l’International Society for Technology in Education (la société internationale pour la technologie dans l’éducation, ou ISTE ) et d’autres organisations, est d’évaluer l’adoption par les professeurs de pratiques d’enseignement en classe innovantes et la mesure dans laquelle ces pratiques apportent aux étudiants des expériences d’apprentissage personnalisé qui développent les compétences qu’ils devront exercer au XXIe siècle."

    Et tout le reste du communiqué est dans le même style. Le plus déprimant c’est encore l’intervention du gars de l’UNESCO : "Ceci est un projet d’étude ambitieux qui aidera à édifier une meilleure compréhension de la façon dont les pratiques d’enseignement soutenues par la technologie peuvent se transformer en des outils plus efficaces pour l’enseignement et l’apprentissage , a déclaré Tarek Shawki, directeur et coordinateur international pour les partenariats et les projets de développement des capacités en TIC à l’UNESCO. L’UNESCO corrobore totalement l’importance et la nécessité de cette étude. Nous espérons que les enseignements que nous tirerons de cette étude nous aideront à guider les politiques en matière d’éducation pour mieux répondre aux besoins éducationnels en évolution des enseignants et des étudiants impliqués dans la technologie ."

    Je veux pas être défaitiste mais on va avoir du mal à lutter contre une organisation super bien huilée qui sait ce que c’est que faire du lobbying, à l’éducation comme ailleurs.

  16. aKa

    Merci pour les premiers commentaires et les infos complémentaires. Du coup je suis allé faire quelques recherches et je suis tombé sur ces deux vidéos :

    La première est très impressionnante. Une dizaine de minutes en compagnie de Microsoft Partners in Learning au Sénégal. Tout y est, et impossible pour le logiciel libre et ses communautés de lutter sur ce terrain là à mon avis. Tout au plus peut-on tenter de diffuser un peu d’informations pour expliquer qu’avec le matériel installé on peut faire sensiblement la même chose mais dans un autre état d’esprit.
    http://www.youtube.com/watch?v=JjQV

    La seconde est une clip marketing célébrant avec emphase l’union Unesco Microsoft.
    http://www.youtube.com/watch?v=vum_

    Il est noter que l’Unesco possède tout de même un portail dédié aux logiciels libres (peu actif) :
    http://portal.unesco.org/ci/fr/ev.p
    Mais c’est sûr que c’est insuffisant pour un organisme d’une telle renommée dont les objectifs devraient a priori si bien s’accorder avec le logiciel libre et sa culture.

  17. Utoopist

    Gauche, droite, c’est dépassé. L’un des combat politique du futurs se situe exactement là.

    Allons-nous laisser ces montres que sont les multinationales prendre petit à petit mondialement possession de secteurs aussi précieux que celui de l’éducation ou bien allons-nous résister et renverser la tendance en affirmant que nos intérêts divergent et que l’éducation est un bien commun qui ne se négocie pas ?

    Rendez-vous dans quelques années. Mais, comme dirait l’autre, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.

  18. Arthur Louis

    Tiens, on parle tellement de Google en ce moment que j’avais fini par oublier Microsoft ! Merci de cette brillante piqûre de rappel 🙂

  19. Di

    En Égypte c’est Microsoft qui fait les programmes des cours d’informatique et les bouquins de classe.

  20. Syl

    Je suis sûr que ça intéressera aKa puisqu’on retrouve tout ce petit monde réunis pour un projet de jeu sérieux. Microsoft et ses amis sont bien intégrés c’est certain.

    Le projet de Jeu vidéo sérieux Donjons et Radon soutenu par Microsoft parmi 3 projets présentés en conférence de presse par le secrétariat d’Etat chargé de la Prospective et du Développement de l’Economie Numérique
    http://www.microsoft.com/france/edu

    "Développé par la Société AD-Invaders, Lip 6 (Laboratoire d’Informatique de l’Université Pierre et Marie Curie), en partenariat avec Microsoft, l’Association PROJETICE, le groupe COMPAS de l’Institut de l’ENS, et GameDevLab de l’école d’informatique Epitech, Donjons et Radon est un jeu de rôle se déroulant dans un univers fantastique virtuel dont l’objectif est de sensibiliser des élèves de collège aux sciences expérimentales et plus particulièrement aux sciences physiques."

  21. aKa

    Le Canada s’y met également avec un enthousiasme non dissimulé !
    http://www.cybercarnetdt03.ca/distr

    "Lors du Forum international de l’innovation en éducation tenu récemment au Brésil, l’école Régionale de Saint-André a été nommée au réseau mondial des écoles innovatrices, Partenaires en apprentissage, de Microsoft.

    Trente et une écoles ont été sélectionnées pour faire partie de ce réseau mondial, et ce, à partir de 104 candidatures provenant de 41 pays.

    L’école Régionale-de-Saint-André devient la première école francophone au Canada et la seconde au monde à joindre ce réseau qui vise à faire la promotion de différentes approches pédagogiques innovatrices ainsi qu’à outiller les leaders scolaires dans la gestion du changement du côté de leur école et de leur communauté.

    Félicitations à l’école Régionale-de-Saint-André pour ce bel exploit. Nous sommes fiers de voir une des nôtres se démarquer ainsi."