Paul Ariès et le logiciel libre ont-ils des choses à se dire ?

Classé dans : Mouvement libriste | 39

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Un internaute a eu l’idée de compiler les interventions de Paul Ariès (et uniquement celles-ci), lors de l’émission Ce soir ou jamais du 1er avril dernier consacrée à l’actualité économique  : bouclier fiscal, taxe carbone. situation de la Grèce, etc. Vous trouverez cette vidéo à la fin du billet.

Montage oblige, il n’y a plus ni dialogue ni débat, et on mouche ainsi facilement l’autre invité qu’était Alain Madelin (ce qui, je le confesse, ne m’a pas dérangé). Mais j’ai néanmoins trouvé cela fort intéressant et parfois très proche de certains articles parus dans la rubrique «  Hors-sujet ou presque  » du Framablog, où il s’agit souvent, avec moult précautions, de voir un peu si le logiciel libre et sa culture sont solubles dans le politique, l’économique, l’écologique ou le social.

Paul Ariès était ainsi présenté sur le site de l’émission  :

Paul Ariès est politologue, directeur du journal Le Sarkophage qui se veut un journal d’analyse critique de la politique de Nicolas Sarkozy, rédacteur au mensuel La Décroissance, collaborateur à Politis et organisateur du «  Contre-Grenelle de l’Environnement  ». Paul Ariès est considéré par ses adversaires comme par ses défenseurs comme «  l’intellectuel de référence  » du courant de la décroissance. Auteur d’une trentaine d’essais, il vient de publier «  La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance  » (La Découverte), et un pamphlet intitulé «  Cohn Bendit, l’imposture  » (Max Milo).

Extrait (autour de la 13e minute)  :

On peut reprocher tout ce que l’on veut au système capitaliste et à cette société d’hyper-consommation, mais il faut reconnaître que c’est une société diablement efficace. Pourquoi  ? Parce qu’elle sait susciter le désir et le rabattre ensuite sur la consommation de biens marchands. Or, comme le désir est illimité, on va désirer toujours plus de consommation.

Donc, si on veut être a la hauteur il ne s’agit pas de vouloir faire la même chose mais en moins. Il faut avoir un principe aussi fort à opposer. Et à mes yeux la seule chose aussi forte que l’on peut opposer au toujours plus, c’est la gratuité. Parce que la gratuité, on l’a chevillée au corps. C’est le souvenir du paradis perdu, c’est le sein maternel, c’est les relations amoureuses, amicales, associatives, c’est les services publics, c’est le bien commun.

Le bon combat pour les XXIe siècle, ce n’est pas de manifester pour l’augmentation du pouvoir d’achat, c’est de manifester pour la défense et l’extension de la sphère de la gratuité.

Sémantiquement parlant, on se méfie beaucoup sur ce blog et ailleurs de cette notion de «  gratuité  ». Alors j’ai eu envie d’en savoir plus et je suis tombé sur ce tout aussi intéressant article (issu du site du NPA)  : La révolution par la gratuité de Paul Ariès.

Extrait  :

Il ne peut y avoir de société de la gratuité sans culture de la gratuité, comme il n’existe pas de société marchande sans culture marchande. Les adversaires de la gratuité le disent beaucoup mieux que nous. John H. Exclusive est devenu aux Etats-Unis un des gourous de la pensée «  anti-gratuité  » en publiant Fuck them, they’re pirates («  Qu’ils aillent se faire foutre, ce sont des pirates  »). Il y explique que le piratage existe parce que les enfants sont habitués à l’école à recopier des citations d’auteurs, à se prêter des disques, à regarder des vidéos ensemble, à emprunter gratuitement des livres dans les bibliothèques, etc. L’école (même américaine) ferait donc l’éducation à la gratuité.

Les milieux néoconservateurs proposent donc de développer une politique dite de la « gratuité-zéro » qui serait la réponse du pouvoir aux difficultés des industries «  culturelles  » confrontées au développement des échanges gratuits, via les systèmes «  peer-to-peer  ». La politique à promouvoir sera totalement à l’opposé et passera par la généralisation d’une culture de la (quasi)gratuité. Nous aurons besoin pour cela de nouvelles valeurs, de nouveaux rites, de nouveaux symboles, de nouvelles communications et technologies, etc. Puisque les objets sont ce qui médiatisent le rapport des humains à la nature quels devront être le nouveau type d’objets de la gratuité  ?

L’invention d’une culture de la gratuité est donc un chantier considérable pour lequel nous avons besoin d’expérimenter des formules différentes mais on peut penser que l’école sera un relais essentiel pour développer une culture de la gratuité et apprendre le métier d’humain, et non plus celui de bon producteur et consommateur. Parions que la gratuité ayant des racines collectives et individuelles beaucoup plus profondes que la vénalité en cours, il ne faudrait pas très longtemps pour que raison et passion suivent…

Je ne sais pas ce que vous en penserez mais j’ai comme eu l’impression que l’auteur ignorait tout simplement l’existence du logiciel libre, qui n’est pas cité une seule fois dans ce long article.

Est-ce que la «  gratuité  » de Paul Ariès ne ressemble pas finalement à la «  liberté  » du logiciel libre (dont la gratuité n’est qu’une éventuelle conséquence)  ? Cette liberté du logiciel libre n’est-elle pas plus forte, subversive, et au final plus pertinente et efficace pour étayer les arguments de Paul Ariès  ?

Voici quelques unes des questions qui me sont donc venues en tête à la lecture du passage vidéo ci-dessous[1]  :

—> La vidéo au format webm

Une vidéo qui fait écho, plus ou moins directement, aux billets suivants du Framablog  :

Notes

[1] Merci à Dd pour la conversion de la vidéo au format Ogg sur Blip.tv.

39 Responses

  1. goom

    « Je ne sais pas ce que vous en penserez mais j’ai comme eu l’impression que l’auteur ignorait tout simplement l’existence du logiciel libre, qui n’est pas cité une seule fois dans ce long article. »

    Non seulement l’auteur ne sait peut être, sans doute, pas ce qu’est le logiciel libre, mais il est comme … disons 75%, 85%, 95% de la population qui ne sait pas ce qu’est le logiciel libre. Il me semble difficile d’imaginer beaucoup de domaine dans lesquels on trouve un concept similaire au logiciel libre. L’exemple le plus connu est sans doute wikipedia, l’encyclopédie libre (et pas gratuite 😉 ) mais qui reste souvent décrié dans les médias. Le concept de liberté qu’on retrouve dans le logiciel libre, ce mélange d’entraide, de synergie, de collaboration, de bien commun est totalement incompréhensible pour l’immense majorité de nos concitoyens. Sorti du monde du logiciel libre, le logiciel libre est un total inconnu, les concepts qu’ils véhiculent sont incompréhensibles à un grand nombre de personnes, une autre partie ne peut pas, ne veut pas croire qu’un tel système puisse exister et qu’il soit viable. Tout ça, les logiciels libres, ne les concernent pas disent-elles, c’est un problème de spécialistes. Je m’arrête là sinon je vais sombrer dans le pessimisme :o)

  2. vvillenave

    Enfin, les masques tombent et ce blog dévoile sa vraie nature crypto-trotskiste bréchtienne ! Rien d’étonnant à ce qu’il soit tenu par un enseignant, tant l’on sait combien nos enfants sont à la merci d’une engeance anarcho-syndicaliste qui répand son venin et instille le culte de la paresse dans l’esprit des jeunes, jusque dans les quartiers les plus décents de Neuilly ! (Heureusement qu’il y a le privé, Dieu merci.)
    Ces dangereux "libristes", comme ils se surnomment (ils ne sont en vérité qu’une émanation larvaire de l’islamo-gauchisme grouillant dans l’Internet putride) viennent voler le pain de la bouche des pauvres entrepreneurs et des actionnaires de Microsoft, qu’une concurrence libre-et-non-faussée digne de ce nom se devrait de favoriser !
    Sus à la gratuité ! Oui à la Valeur Travail, Oui à la Famille et la Patrie, Non à la bienpensance droitdelhommiste ! Mort au Libre ! Mort à l’Internet !

    (ça va, il est assez velu ou faut que j’en remette ? 🙂

  3. tuxmouraille

    @Aka: comment veux tu récupérer la vidéo au format theora/ogg?
    Vidéo convertie depuis le mp4 de dailymotion avec OggConverter. L’ennui c’est qu’elle est plus lourde: 74Mo.

  4. guillaumev

    Bonjour,

    Je suis allé voir sur amazon.fr: le livre Cohn-Bendit, l’imposture, signé par Paul Ariès, est vendu à 16,15 euros. Après une recherche rapide sur amazon.fr, la moyenne du prix de ses livres doit tourner aux alentours des 13 euros. Je précise, bien entendu, qu’après une rapide recherche sur google, il est impossible de se procurer un de ses livres au format électronique, gratuitement (si quelqu’un trouve un lien, qu’il me le fasse savoir).

    Pour quelqu’un qui souhaite soit-disant défendre "l’extension de la sphère de la gratuité", je trouve que c’est un comble !! Par ailleurs, je doute que les bénéfices qu’il tire des ventes de ses livres soient reversés aux personnes faisant partie des 80% les moins riches de la planète. Si il veut absolument une société plus équitable, pourquoi ne commence t-il pas par lui-même ?

    En ce qui me concerne, lorsque je crée un programme, je le distribue sous licence libre, et gratuitement (comme d’ailleurs tous les membres faisant partie de la communauté du logiciel libre). Par ailleurs, si je distribue ces travaux gratuitement, c’est parceque je fais justement partie de ces 20 % les plus riches. Si j’avais des problèmes de fin de mois, j’y réfléchirais sûrement à deux fois avant de distribuer mes travaux gratuitement.

    Même si bon nombre d’idées énoncées dans cette vidéo me paraissent intéressantes, il convenait selon moi de dégonfler une baudruche (il y en a beaucoup dans les médias, en ce moment) et de rappeler qu’il est beaucoup plus facile de parler de gratuité et de distribuer ses travaux gratuitement lorsque l’on fait partie des riches que lorsque l’on fait partie des pauvres…

  5. J

    @tuxmouraille et @aka
    video mp4 recup et reencode en ogm vbr 50,8% de la qualite/mp4 , 32kbps audio vorbis 48khz stereo , taille obtenue = 64,7 mio

    visionnage ogm ok / mp4
    audio bon

    critique : du bruit et du flou sont visibles
    codec theora 1.1

  6. Dd

    Bizare, sur Dailymotion, il y a un message sur la video "Created with a…".
    Quand je l’ai téléchargé, le message n’y était plus.
    Et là sur Blip.tv il y ait… bon pas grave 😉

  7. untel

    Je suis tombé il y a quelques mois sur ce "lyber" au sujet de la gratuité, par Jean-Louis Sagot-Duvauroux:

    http://www.lyber-eclat.net/lyber/sa

    Je ne l’ai plus relu depuis, mais il me semble qu’il y est fait allusion au logiciel libre.

  8. aveldro

    @guilaumev : "il est beaucoup plus facile de parler de gratuité et de distribuer ses travaux gratuitement lorsque l’on fait partie des riches que lorsque l’on fait partie des pauvres…"
    … et également quand on dispose à côté d’une source de revenu stable…
    A ce sujet, le point de vue de Vincent Bénony (Arobas Music – Guitar Pro 6) est intéressant.
    Voir cet échange à l’occasion du portage de GP6 sur Linux :
    http://forum.ubuntu-fr.org/viewtopi

  9. tuxmouraille

    @guillaumev: comme toi je trouve qu’en général il y a trop d’incohérence dans ses propos.
    Mais il ne faut confondre matériel et immatériel. Editer un livre à coup, au moins celui du matériaux de support. Je peux donc comprendre qu’ils ne soient pas, dans un premier temps diffuser gratuitement au format électronique. Ne pas oublier que les créations ne peuvent être gratuites qu’après avoir été payées. Maintenant savoir qu’elle est la valeur qu’il, que nous donnons à notre travail, est une autre question? Ou bien considère t il ne pas déjà assez bien gagner sa vie pour avoir besoin de vendre ses livres.

    Je ne penses pas qu’ils; Paul Aries et ses amis du journal La Décroissance ont ou ont envie d’avoir une opinion sur les logiciels libres sachant ce qu’ils pensent de l’informatique et de l’Internet. Je le ne penses pas car la philosophie du libre remet en cause certaines de leur idées.

    Après avoir suivit le journal plus d’un an j’ai arrêté de le lire me rendant compte qu’en fait ils n’ont pas grand chose à dire, et tournent en rond. Ils se contentent de critiquer sans jamais parler ou apporter des solutions.

    Je lui préfère les revues Silences et L’âge de faire bien plus constructives et optimistes.

  10. aKa

    Merci à Dd (et aux autres) pour la conversion. J’ai édité la fin de l’article en conséquence.

  11. Samuel

    Ce monsieur Ariès est intéressant (Je note qu’il n’a pas dit une seule fois "Casse toi pov c…") mais il me laisse un arrière goût d’opportunisme. Encore un simple communiquant qui brasse des mots ?

  12. ours-blanc-

    Ce serait intéressant de connaître la position des objecteurs de croissance sur les logiciels libres. Sachant qu’ils sont à l’origine de la semaine sans écran http://www.casseursdepub.org, c’est a priori mal barré mais pourquoi ne pas leur poser la question, via le journal par exemple (http://www.ladecroissance.net/) ?
    Souvent dans la décroissance il y a un débat autour d’un grand thème, ça pourrait les intéresser peut-être?
    Je veux bien participer au cas ou ça vous intéresse.

    Mathieu

  13. Léo

    Oui, Sagot-Duvauroux avait théorisé l’extension de la sphère de la gratuité comme projet politique bien avant Paul Ariès, en évoquant déjà le mythe du paradis terrestre:

    « La Genèse met en scène la souveraine gratuité de la Création, la vie gratuitement offerte à l’homme et à la femme, les herbes portant semences, les arbres couverts de fruits. Le mythe du paradis terrestre est, depuis des milliers d’années, un symptôme du profond désir de gratuité. La résonance émotionnelle et poétique de cet archétype, la pensée qu’il exprime trouvent un écho répété dans les nostalgies des hommes et dans leurs espérances. »

    Et effectivement, il y inclut Internet et le logiciel libre. Ses positions sur le sujet sont bien plus intéressantes que la technophobie primaire de la Décroissance.

  14. bluetak

    Ariès a le vent en poupe car il a incontestablement une cohérence intellectuelle. On sent qu’il a pensé son propos et qu’il ne s’agit pas simplement d’un opportunisme. Il a évidemment des accointances avec la philosophie du logiciel libre et il peut aider à penser une alternative à la société actuelle.
    Encore faut-il creuser. Je ne connais pas suffisamment le bonhomme pour le cataloguer parmi les réactionnaires-à-la-mode ou les progressistes-de-demain.

    PS : En ce qui concerne les critiques sur le fait qu’il vend des livres, j’invite les bonnes âmes qui ont de meilleures solutions pour vivre en tant qu’intellectuel à adresser à Aries leurs bons plans… Et à les tester par eux-mêmes.

  15. lancetre

    Malgré les convergences évidentes, pas facile d’unifier ces deux mouvements que sont le logiciel (et la culture) libre et la décroissance. De manière générale, quelle place pour l’informatique, symbole de la course en avant technologique, grande consommatrice d’énergie, dans une société sobre et respectueuse ? Quelle place pour internet, réseau mondialisé, dans une société relocalisée ? Si les grandes idées de partage et de biens communs de la culture libre rejoignent celles de la décroissance, c’est surtout sur un plan social. Mais sont elle compatibles avec le nécessaire réajustement écologique que prônent les théories de la décroissance ?

  16. joan

    Je pense que Paul Ariès sait très bien ce que sont les logiciels libres, faut quand même pas pousser.
    Je ne suis pas sûr de sa position, mais je me souviens d’un gros papier de lui dans La Décroissance qui mettait en garde de façon très poussée tout ce qui touchait à l’informatique, côté matériel et contenus. Fausses impressions de militer, impacts écologiques, etc.

    Et c’est clair qu’Internet et l’informatique en général n’est pas super compatible avec la décroissance, je me souviens qu’ils donnaient l’exemple des câbles transatlantique de sous-marins qui connectent l’Europe aux US. Toute l’infrastructure matérielle sur laquelle se base Internet est-elle vraiment soutenable ?

  17. joan

    Ah voilà, c’était dans le n°58 qui a pile un an.
    http://www.ladecroissance.net/?chem

    Contrairement à mon souvenir ce n’est pas lui qui a signé le papier principal. Faudra relire le contenu de l’article "Contre la wifisation du monde" qui est de lui par contre.

  18. sf

    Etant militant et membre de l’équipe web du NPA, il me semble clair que l’anticapitalisme (certains diraient : le communisme) et le logiciel libre ont de nombreuses valeurs en commun.

    Le mouvement du logiciel libre est basé sur le principe du partage de la connaissance, qui n’est finalement qu’un cas particulier du partage des richesses prôné par l’anticapitalisme.
    Les militants politiques s’intéressent évidemment en premier lieu aux richesses indispensables à la vie (besoins matériels de base : logement, alimentation…), mais aussi aux richesses immatérielles (savoirs, culture) dont l’accès doit également être possible pour toutes et tous.

    L’anticapitalisme se base sur une conception du bien commun similaire à celle qu’on trouve dans le logiciel libre : de même que le libriste voit les connaissances techniques comme un bien commun à partager, l’anticapitaliste lutte pour la réappropriation par la communauté de biens communs que certains cherchent à privatiser et marchandiser, qu’il s’agisse des revenus du travail (inégalités salariales de plus en plus criantes), des espaces publics (délit d’occupation de hall d’immeuble), de l’eau (privatisation de l’eau potable), du système éducatif (subventions à l’éducation privée tandis qu’on diminue les postes dans l’éducation publique), etc.

    Je pense aussi qu’on peut tirer un parallèle entre les 4 libertés fondamentales du logiciel libre, assurées par la mise à disposition du code source sous les conditions d’une licence libre, et la mise en commun des moyens de production (outils, usines, etc.) par le communisme : dans les 2 cas, la mise en commun des outils de travail permet à chaque contributeur d’être réellement acteur, et évite la dictature d’un individu ou d’un conseil d’administration sur les conditions d’utilisation du produit final.
    Pour schématiser, dans le monde capitaliste le patron possède l’usine, il décide ce qui y est produit, et il peut la délocaliser du jour au lendemain (ça peut surprendre, mais c’est déjà arrivé que des ouvriers arrivent le lundi matin pour constater que l’usine avait été vidée dans le week-end).
    Dans le monde du logiciel propriétaire, l’éditeur décide des fonctionnalités ajoutées ou supprimées au logiciel (ça va jusqu’à la désactivation à distance de certaines installations).
    Quand les ouvriers possèdent une usine, le patron ne peut pas la délocaliser, de même quand les utilisateurs possèdent le code source d’un logiciel, l’éditeur ne peut plus imposer sa loi.

    Avec le traité ACTA, on voit bien que la direction prise par les dirigeants politiques va toujours vers plus de restrictions sur les échanges pour satisfaire les besoins de rentabilité des grands groupes financiers et industriels, qu’il s’agisse de textiles, de "produits culturels", de logiciels ou de médicaments…
    On remarque d’ailleurs que la lutte contre ce traité a occasionné une action commune LQDN – Act-Up, j’espère que ça sera le point de départ d’une convergence plus large, et que ça contribuera à faire connaître le mouvement libriste dans le monde militant (ce qui a déjà commencé avec l’énorme travail de LQDN sur la bataille HADOPI).

    Pour finir sur les rapports entre logiciel libre et politique, concernant le parti dont je fais partie, je dois bien reconnaître que la question du logiciel libre n’est pas très connue au sein du NPA. Il faut dire que les militants ne sont pas très technophiles en général !
    Mais les moyens informatiques du parti sont basés sur des logiciels libres, et le NPA a tout de même pris position contre les brevets logiciels et les lois HADOPI et LOPPSI 2.

    Voir une sélection d’articles sur le sujet :
    http://www.npa2009.org/content/loi-
    http://www.npa2009.org/content/la-m
    http://www.npa2009.org/content/droi
    http://www.npa2009.org/content/lopp

    Concernant le Mouvement des Objecteurs de Croissance, dont les convictions sont en général assez proches de celles du NPA (si bien que les 2 partis ont fait liste commune aux élections régionales dans les régions où le MOC est présent), il faut bien étudier leurs arguments avant de les taxer d’anti-progrès ou anti-technologie : ce qu’ils proposent est avant tout une gestion raisonnable des ressources dont nous disposons et une réflexion sur l’impact écologique et social de nos modes de production et de consommation, ceci en utilisant les technologies quand elles ont un apport réellement bénéfique (pas comme le "biocarburant" par exemple, qui exige de consacrer de grandes étendues de terre à une monoculture, qui réduit la biodiversité, utilise massivement les pesticides et engrais chimiques, appauvrit les sols et pollue les eaux).
    Pour en savoir plus, voir par exemple ce document (plus particulièrement la partie intitulée "cul de sac") : http://www.les-oc.info/index.php?po

    Enfin, ça a déjà été signalé plus haut, d’un point de vue écologiste, l’informatique en général et internet en particulier sont très criticables pour leur impact écologique (câbles sous-marins et autres, consommation électrique, composants difficilement recyclables…), ce à quoi je n’ai pas vraiment de réponse.

    PS. Désolé pour la longueur du message…

  19. Mister T

    @gloom:
    "Le concept de liberté qu’on retrouve dans le logiciel libre, ce mélange d’entraide, de synergie, de collaboration, de bien commun est totalement incompréhensible pour l’immense majorité de nos concitoyens. Sorti du monde du logiciel libre, le logiciel libre est un total inconnu, les concepts qu’ils véhiculent sont incompréhensibles à un grand nombre de personnes, une autre partie ne peut pas, ne veut pas croire qu’un tel système puisse exister et qu’il soit viable."

    Hors du cadre informatique, on appelle cela du communisme. On peut s’en offusquer, parler de dénigrement, crier au troll, au fud, rappeler que le logiciel libre est né au sein de grandes entreprises capitalistes, qu’elles continuent d’y contribuer massivement, évoquer les entreprises privées qui viennent s’y greffer pour vendre des services, il n’en reste pas moins que le logiciel libre est une application du communisme (anti-autoritaire) à la production et la diffusion de logiciels.

    @Aveldro:
    "Mais il ne faut confondre matériel et immatériel. Editer un livre à coup, au moins celui du matériaux de support. Je peux donc comprendre qu’ils ne soient pas, dans un premier temps diffuser gratuitement au format électronique."

    Il existe des livres qui sont disponibles gratuitement et légalement sur internet, et qui sont vendus en parallèle dans le commerce. Je n’ai plus de titre en tête, mais j’en ai vu passer plusieurs, toujours au sujet de l’informatique. Je pense d’ailleurs que leur relatif succès vient de ce choix de diffusion.
    Ah si tient, il y a un autre bouquin, qui en plus d’être librement diffusé sur internet, est vendu à prix coutant dans le commerce: L’insurrection qui vient :o)

    @guillaumev: "il est beaucoup plus facile de parler de gratuité et de distribuer ses travaux gratuitement lorsque l’on fait partie des riches que lorsque l’on fait partie des pauvres…"

    Paul Aries est loin d’être pauvre, il appelle vigoureusement à la gratuité, pourtant il ne la met pas en pratique. Il participe activement à deux journaux, écrit également pour le monde diplomatique et un journal catho, publie presque deux livres par an au prix du marché, tout en étant prof à science po. Certains ont mis en pratique la gratuité sans avoir une situation si confortable.

    Je suis cependant assez admiratif du "mouvement" décroissant, entre la Décroissance, les objecteurs de croissance, les déboulonneurs, et d’autres encore, qui fournissent un travail intellectuel auquel on n’est plus vraiment habitué. Je rejoins leurs opinions sur bon nombre de sujets (ils n’en ont pas vraiment la paternité cela dit) et trouve certaines analyses très juste. Il y a cependant deux choses qui me dérangent profondément:

    Le recours à l’Etat.
    Paul Aries & co sont partit à la conquête de l’Etat. C’est parfaitement assumé, de même que l’utilisation de la coercition, de la transformation de l’économie et du social par l’autorité étatique. La vidéo concluant l’article en est un bel exemple. Déjà, pour des personnes appelant à la décentralisation, user du pouvoir centralisé est pour le moins contradictoire. Ensuite, sans vouloir les traiter de staliniens, du moins pour l’instant, cette méthodologie de communiste autoritaire a montré historiquement une tendance certaine à se gripper à mi-parcours, une fois le pouvoir obtenu.

    Il y a aussi un je ne sais quoi dans leurs écrits, leurs discours, leurs choix de reportages, qui me fait bondir. Je n’ai pas encore bien identifié ce que c’est, mais on dirait un fond religieux, réactionnaire, qui m’évoque les primitivistes et les millénaristes, sans en être vraiment. Et ce n’est pas pour le coté intégriste envoyant ballader les éco-tartufferies, je les en félicite au contraire ^^.
    Un coté très famille de france en fait, avec les bonnes valeurs, les bons exemples, la bonne famille, la bonne éducation, le reste c’est le mal (mouarf, je viens juste de voir sur wikipedia que le 1er bouquin de Paul Aries s’appelle "Le Retour du diable" et traite des sectes satanistes… je commence à me demander si ce n’est pas un repaire de communistes chrétiens, d’oeucommunistes).

    Les voir défendre le logiciel libre alors qu’ils condamnent sans grande nuance l’informatique et le "culte de la techno-science", mouais. Quoique… Paul Aries est bien un anti-télé qui passe à la télé sans critiquer la télé.

  20. zecopyshop

    Juste pour dire merci pour ces belles citations. Merci aussi pour vos commentaires. C’est très instructif. Comme quoi, on est toujours l’imposteur de quelqu’un d’autre…

    Moi ça ne me choque pas, que mes héros favoris aient des contradictions entre leurs actes et leurs paroles… En cela ils sont comme beaucoup d’entre nous, et ça ne doit surtout pas nous empêcher de nous exprimer.

    Mais quel dommage tout de même qu’ils n’aient pas encore perçu la portée subversive des licences libres : ils pourraient au moins commencer par négocier avec leur éditeur que leurs livres et leurs journaux montent en Creative Common by-nc au bout de respectivement trois ans et trois mois.

    Les idées ne sont pas en concurrence, elles se nourrissent les unes les autres. Sans renier l’utilité des bibliothèque et des échanges de livres entre amis, il arrive aussi que l’échange gratuit transite, ne serait-ce que furtivement, par la voies numérique. Ce serait dommage de s’en priver. D’autant plus que sans cela, vos livres risquent de se trouver DRMisés, et de devenir une arme au service des adversaires de la gratuité que vous dénoncez.

    Si tu te lance, Paul, en échange, je m’engage à faire preuve moi aussi d’un peu de courage. Par exemple, rapiécer mes pantalons et les porter ostensiblement sans soucis du quant dira-t-on. Ensuite, déposer mes vieux journaux à côté des boites aux lettre avec une affichette "servez-vous", et je signerai une pétition pour les transports en commun gratuit pour l’usager, par exemple… Il doit bien y avoir moyen de changer de vie tout en se faisant plaisir…

  21. deadalnix

    Cette personne n’est pas libérale pour un sous. Je ne crois pas qu’il nous parle d’un concept similaire au LL.

  22. al

    Paul Aries est anti-productiviste. Son slogan est "décroissance". L’angle d’attaque n’est ni libéral ni libertaire (+1 @deadalnix).

    La stratégie qu’il prône, la gratuité, est par défaut celle des libristes : GNU/linux est libre et pour mieux conquérir les esprits, il est distribué gratuitement.

  23. Erwann

    Dépêche AFP (extrait) :
    http://www.google.com/hostednews/af

    La situation est tout à fait favorable au changement. Il faut juste que les gens prennent conscience qu’ils ne sont pas tout seuls alors que le système fait tout justement pour les fragmenter en consommateur individualiste.

    C’est pour cela que le logiciel libre est intéressant, parce qu’il met les gens en relation en leur proposant des modes originaux et différents de travail en commun. C’est pour cela aussi qu’il est fondamental de conserver la Neutralité du Net.

    ———-

    "Le "système capitaliste" est jugé inégalitaire et incompatible avec le développement durable par une large majorité des Français, qui appellent de leurs voeux, sans trop y croire, un modèle plus efficace, selon un sondage publié mardi par l’Institut de France.

    Pour 71% des personnes sondées par l’institut Opinionway, le terme "capitalisme" évoque quelque chose de négatif, un sentiment qui transcende les générations et les catégories sociales et qui est même partagé par 47% des sympathisants de droite.

    La croissance économique ne bénéficie qu’à un petit nombre pour 77% des personnes interrogées.

    Le fait que ce sont "toujours les mêmes" qui profitent de l’économie de marché est le principal défaut cité par les sondés. Ces bénéficiaires présumés du système sont les actionnaires d’après 87% des Français. Et deux tiers d’entre eux estiment que les salariés en sont les principales victimes, une certitude qui se renforce en descendant dans l’échelle sociale.

    Enfin, un Français sur deux considère que l’économie de marché n’est pas compatible avec le respect de l’environnement.

    Du coup, 58% des sondés assurent qu’on pourrait "inventer mieux" que ce système "imparfait", un sentiment qui convainc 48% des sympathisants de droite et 66% de ceux de gauche. Mais seuls 7% des Français s’attendent à des modifications profondes après la crise."

  24. maurice

    @tuxmouraille: le problème du journal La Décroissance est qu’il concentre des écorchés de la technique qui se fait; au niveau du Sarkophage, ou des Objecteurs de Croissance, les positions traduisent déjà des idées plus vivantes…
    l’essentiel étant que de nouvelles idées fassent leur chemin en politique.

  25. al

    @Mister T : Aries a travaillé sur les sectes, et leur a consacré le livre que tu cites. Il s’y est intéressé d’un regard de chercheur, c’est tout.

  26. Baal

    Les mots ont un sens : les Objecteurs de Croissance luttent contre le culte de la croissance économique. Dire qu’ils ne sont pas "libéraux" n’est possible que si l’on n’en a jamais vu de près. D’ailleurs, "libéraux" ou "libertaires" ? Encore une fois, le choix du terme n’est pas anodin et l’amalgame entretenu entre ennemi des libertés individuelles et ennemi du libéralisme économique.

    Pour ce qui est du NPA, ses militants sont incités à utiliser des LL (OO.org, Scribus, Inkscape, Firefox et Thunderbird en particulier). Les LL remettent la question de la propriété, du travail et de l’usage au centre des débats. Comment peut-on croire que des anticapitalistes ne se sentent pas concernés par le mouvements des LL ? C’est d’une évidence ! Aujourd’hui, alors que le LL s’impose sur la scène économique, les industriels aimerait bien que les considérations d’ordre politique du LL soient mises en sourdine et tentent de faire passer le LL comme un phénomène a-politique.

    PS : Ne pas évoquer un sujet n’implique pas forcément qu’on ne le maîtrise pas ou que l’on n’en a rien à faire, cela veut juste dire ben … qu’on en a pas parlé ! 🙂

  27. Mister T

    @al
    "Aries a travaillé sur les sectes, et leur a consacré le livre que tu cites. Il s’y est intéressé d’un regard de chercheur, c’est tout."

    J’ai l’impression que ça va plus loin qu’un simple travail de recherche. Le livre en question a été édité en 1996 par les éditions Golias, ouvertement catholiques. Je te conseille d’aller y jeter un oeil, c’est vraiment consternant de niaiseries, on dirait du puritanisme américain des années 80. Aries à publié un nouvel ouvrage sur le sujet, 9 ans plus tard: Satanisme et vampirisme, le livre noir, dont une critique détaillée est facilement trouvable sur internet. Il semble tenir autant à ce sujet qu’aux autres évoqués. Il a travaillé pour la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), dont la politique a été fortement critiquée, y compris en son sein, avec démission de certains membres. Il est également proche de l’Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu (UNADFI), qui défend des positions nettement plus dures, et étant surnommée la "secte anti-secte".

    Je découvre juste cette facette des combats de Paul Aries. Elle correspond plutôt bien au "malaise" que j’ai en l’écoutant ou en lisant le journal La Décroissance (je n’ai presque rien lu des objecteurs de croissance et des déboulonneurs, ils n’ont peut être pas ce coté puritain, et d’après maurice ils sont plus nuancés sur la technique).

    Je lui demanderais bien ce qu’il pense du HellFest, pour voir :-]

  28. lou passejaire

    @ Mister T :
    – dire de Golias qu’ils sont ouvertement catholique reléve du même genre de malhonnéteté intellectuelle dont je pourais faire preuve si j’affichais que le monde du logiciel libre est un symbole du libertarianisme yankee …
    Golias est sur des positions dont l’origine historique n »est pas éloignée de la théologie de la libération…
    – sur " l’insurrection qui vient " , vendu à prix coutant … je me marre … faudra réviser les cours … quand m’ssieur Carrouf ( chez qui le bouquin était vendu, sans la mention "à prix coutant" ) annonce "prix coutant" , il intégre ses "couts" …

    Sur le reste , et entre autres sur la question du P2P mais pas que ça, on peut aussi rajouter tous les usages nombrilistes de la modernitude webistique ( genre accumulation d’amis sur fesse-bouc, qui n’est pas sans me rappeler l’accumulation capitaliste, dans ses ressorts ) j’ai un putain de doute …. "usage de la gratuité" ou "mésusage de l’inutile" ?

    Le probléme informatique et réseaux n’est en général pas perçu par la gauche comme un probéme "politique"et "écologique" , mais exclusivement "technique" . Certains sombrent dans la vague démagogique en twittant et fesse-bouquant sur le mode "lelogiciellibresaytropdelaballe" ou "edwigesaymal" , épicétou … pas une once de réflexion sur le réseau en tant que ressource finie, ( et donc pas une interrogation sur la transformation des réseaux en autoroutes de la consommation ) pas une once de réflexion sur la technophilie comme argument marketing , etc …

    Pas plus que le monde du LL ne s’interroge sur l’illusion qu’est "la neutralité du web" quand on confie en la charge au marché …

    Paul Ariés ( et pas que lui ) prone la gratuité , Google ( et quelques autres ) aussi … est ce la même ?
    J’ai comme un doute …
    La "gratuité du logiciel libre", comme l’écologie à la mode Daniel Cohn Bendit , est soluble dans le capitalisme …

  29. lou passejaire

    le papier de jean zin est intéressant, mais il met à coté de la plaque , comme le font pas mal de verts , omnubilés qu’ils sont par l’économie d’énergie …
    la saturation des réseaux de communication , comme celle des autres réseaux , par "mésusage" n’est jamais prise en compte … voir les conneries genre "téléchargez la chanson qui va sauver la planéte" ….
    la bombe atomique existe , donc il faut l’utiliser , c’est un peu le raisonnement qu’a mme michu en matiére de TIC … et poser la question de savoir si c’est "éthiquement acceptable" vaut des volées de bois vert ….

    l’illustration parfaite est donnée ces derniers temps par les smartphones …

  30. Dd

    Heu… Merci, j’ai carrément un lien vers mon site dans un article du framablog ^^ (alors que c’est à la portée de n’importe qui de convertir une vidéo en ogg (surtout avec ffmpeg2theora ^^))

  31. Mister T

    @lou passejaire:
    – Les éditions Galios se définissent elles-mêmes comme catholiques. C’est l’Eglise officielle qui lui conteste ce titre. Ce sont des cathos de gauche très critiques envers l’institution religieuse, ok. Ca n’en reste pas moins des bondieuseries, un petit tour sur le site suffit pour le comprendre, et les voir éditer les bouquins d’Aries sur les méfaits pour nos chers têtes blondes du rock satano-viking n’est pas sans importance à mes yeux…

    – Pour "l’insurrection qui vient", je ne me suis pas montré affirmatif parce que je n’ai pas retrouvé la source de ce que j’avançais. Il me semblait simplement avoir lu qu’il était vendu à prix coutant. 7€ pour un livre d’une petite maison d’édition et tiré à peu d’exemplaires ne laisse que peu de place aux profits, s’il y en a. La médiatisation du bouquin suite à l’affaire Tarnac, sa présence dans les grandes surfaces et sa vente par millions en France et dans d’autres pays, c’est une autre histoire, qui n’était pas franchement prévisible. Il y a tout de même une légère différence avec les bouquins d’Aries ventant la gratuité mais non librement accessibles sur internet et vendus 20€ dans le commerce.

    Le parallèle entre accumulation de contacts sur les réseaux sociaux, ou d’oeuvres téléchargées, avec l’accumulation de capital est pour le moins infondée, dans le 1er cas l’accumulation ne prive pas les autres. Et avec les systèmes d’échange P2P, accumulation et partage sont indissociables.

    50 contacts virtuels et 100go de musique ne remplacent pas une soirée ou un concert avec 3 bons potes, on s’en rend vite compte. Selon moi ce comportement est passager. D’ailleurs pas besoin d’internet pour avoir pleins de contact sans aucun réel ami, il suffit d’aller aux beuveries étudiantes. Les réseaux sociaux (et les soirées festives ^^) ne sont pas pour autant sans intérêt…

    Ton parler sur le mésusage des réseaux de communication me laisse perplexe. Il y a de bonnes et de mauvaises communications ? Il faut un comité de censure pour trier ce qui est "bon et utile" du reste ?

    "Paul Ariés ( et pas que lui ) prone la gratuité , Google ( et quelques autres ) aussi … est ce la même ?"
    Tu n’as vraiment pas l’air de connaitre le logiciel libre…

  32. dormomuso

    Adieu siatz lou passejaire !

    << "Pas plus que le monde du LL ne s’interroge sur l’illusion qu’est "la neutralité du web" quand on confie en la charge au marché … Paul Ariés ( et pas que lui ) prone la gratuité , Google ( et quelques autres ) aussi … est ce la même ? J’ai comme un doute … La "gratuité du logiciel libre", comme l’écologie à la mode Daniel Cohn Bendit , est soluble dans le capitalisme …>>

    🙂
    C’est vrai, mais c’est un peu trop facile de se débarrasser du libre à si bon compte.

    Tout d’abord, je préfère un capitalisme "libre",
    – plein de logiciels libres et sans brevets logiciels : c’est la seule façon de préserver l’indépendance des démocraties face aux géants du logiciel. Vous n’imaginez ce que serez le monde si Richard n’avait pas pointé le bout de son nez, vous y regretteriez Google à coût sur.
    – plein de semences libres, sans OGM brevetés, ni brevet tout court où les agriculteurs oublieraient le nom de Monsanto et partageraient leur meilleur grain.
    – plein de bibliothèque d’Alexandrie réellement accessible par tous (en droit et en fait), sans DRM, sans format propriétaire, sans licences privatives. Accessible y compris par l’enfant le plus pauvre du monde. Tous les livres, tous les documentaires, tous les livres de cours, toutes les langues, toutes les thèses, toutes les lois, c’est très loin d’être suffisant, mais c’est un moyen nécessaire pour commencer à mettre en place une véritable égalité des chance à l’échelle mondiale, et où les inégalités sociales soient limité à une échelle de un à dix, par exemple. C’est aussi un monde où le "mécénat global" permet enfin aux créateurs de vivre de leur art.
    – Plein de recherche scientifique réellement public, réellement partagé et disponible, sans brevet industriel, permettant le transfert de technologies (décroissantes) vers les pays du tiers-monde (et dans l’autre sens aussi, d’ailleurs :-).
    – Plein de médicament dont les recette sont libres et reproductibles librement par les Etats du tiers-monde pour sauver leur population. Je souhaite que l’on interdise tout médicament dont la recette ne soit pas libre. Ainsi il n’y aurait pas plus de recherche pour les maladies des riches que pour celles des pauvres !
    Etc Etc Etc… Ce serait toujours le capitalisme, ça ne dispenserait pas d’analyser, de résister, de créer, de se révolter, de s’organiser, de penser, de proposer, d’imaginer, de s’associer, de collectiviser s’il le faut… mais en attendant je préfère ce capitalisme là, par rapport à l’autre qui vient et qui frappe déjà à notre porte.

    Ensuite tout cela crée une mythologie de l’intelligence collective et du partage du savoir : oui c’est possible, c’est plus efficace, plus conviviale, plus humain. La coopération redevient plus désirable que que la compétition. Il y a vingt ans on se résignait à la fin de l’histoire, désormais la richesse des possibles peut à nouveau nous faire oublier la misère du présent. On peut commencer à imaginer un autre futur, quelque chose qui ressemblerait un peu aux théories du communisme libertaire des anciens, mais qui serait infiniment plus varié, plus complexe, et à la fois moins compliqué à mettre en place. Ce n’est pas une conséquence obligatoire des logiciels libres, mais c’est une conséquence possible, ce serait dommage de ne pas la saisir. Même si pour cela on doit faire les premiers pas avec de gros capitalistes libéraux (contre d’autres gros capitalistes néo-féodaux encore pire).

    Tout ça pour dire que Paul Ariès serait beaucoup plus crédible à mes yeux s’il nous envoyait un petit mot pour dire qu’il aimerait bien publier en licence verbatim (Creative Common Non-derivative) mais qu’il ne peut pas pour l’instant parce qu’il a besoin que que ses textes profite du réseau de distribution et de communication d’un grand éditeur classique. Je ne demande pas la lune, je remercie Paul Aries pour tout ce qu’il fait, je sais que ce n’est pas facile d’être sur tous les fronts, je demande juste qu’il négocie avec un éditeur plus sympa que les autres une licence évolutive, c’est la moindre des choses… Parce que comme c’est parti, ses bouquins vont se retrouver DRMisé sur l’Ipad dans pas longtemps !!!

    Víver e decidir au país !

  33. Linumbrs

    Pour répondre à certains arguments postés ici
    – P. Ariès ne souhaite pas diffuser par Internet, je suis d’accord avec cette position. Diffuser son livre au format numérique, pourquoi faire ? Pour encourager le livre numérique ? Donc tuer les petit libraires et généraliser une technologie "jetable" et polluante, qui gaspille les métaux lourds et qu’on envoie en décharge dans le Sud en fin de vie ?
    – Le coup du bouquin qui parle de gratuité et qui coûte 10 – 15 euros n’est pas scandaleux, même si c’est paradoxal. Sur un bouquin comme un disque, l’auteur ne touche qu’environ 10%. Ensuite, je peux comprendre ce genre d’attaque, mais je ne comprends pas pourquoi on n’attaquerait pas aussi toutes les stars "contestataires" type Manu Chao, Tryo et compagnie qui se disent anticapitalistes et qui en profitent bien, et sûrement plus que Paul Ariès.
    – Qu’il se fasse payer pour ses bouquins ou pour ses conférences, je peux comprendre, vu qu’il passe beaucoup de temps à les préparer. Après, étant donné qu’il a quelques ambitions politiques (il est susceptible de se présenter en 2012), je conçois qu’il gagne de l’argent en plus de son salaire de prof, s’il doit claquer plein d’argent pour sa campagne électorale ou d’autres activités militantes non subventionnées. Une clarification de l’intéressé à ce sujet serait toutefois meilleure que mes spéculations.
    – la gratuité de Paul ariès est plus "terre à terre" que le logiciel libre, car elle concerne des choses plus essentielles. Il propose "la gratuité de l’eau pour boire, et le renchérissement de l’eau pour remplir sa piscine". Il met sur la table le revenu minimum. En ce sens, le logiciel libre est marginal dans cette sphère de la gratuité.
    – Paul Ariès est à juste titre contre l’informatisation de l’école primaire. Le logiciel libre s’il permet de lutter contre le scandale de Microsoft (grand bandit du grand capital, qui vend des logiciels fonctionnant mal), il ne résout en rien les problèmes liés à une utilisation excessives de l’informatique (dépendance à internet, monde virtuel, problème de concentration, pollution générée par les oridnateurs…). De la même manière, un boulimique qui mange des bananes ne résoudra pas son problème en mangeant des bananes équitables. Dans sa logique Paul Ariès a raison de ne pas "faire la pub" du logiciel libre, et la meilleure manière de le faire est de ne pas en parler, sans pour autant en dire du mal.
    – C’est très chiant d’avoir des gens qui ont des avis sur tout pour raconter n’importe quoi. Qu’Ariès ne s’exprime pas sur le logiciel libre, me convient très bien. Je me contrefiche aussi de l’avis qu’il pourrait avoir sur le mouvement hip-hop, ou sur l’aménagement paysager des jardins de Versailles.