Pourquoi Framasoft n’ira plus prendre le thé au ministère de l’Éducation Nationale

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Cet article vise à clarifier la position de Framasoft, sollicitée à plusieurs reprises par le Ministère de l’Éducation Nationale ces derniers mois. Malgré notre indignation, il ne s’agit pas de claquer la porte, mais au contraire d’en ouvrir d’autres vers des acteurs qui nous semblent plus sincères dans leur choix du libre et ne souhaitent pas se cacher derrière une « neutralité et égalité de traitement » complètement biaisée par l’entrisme de Google, Apple ou Microsoft au sein de l’institution.

Pour commencer

Une technologie n’est pas neutre, et encore moins celui ou celle qui fait des choix technologiques. Contrairement à l’affirmation de la Ministre de l’Éducation Mme Najat Vallaud-Belkacem, une institution publique ne peut pas être « neutre technologiquement », ou alors elle assume son incompétence technique (ce qui serait grave). En fait, la position de la ministre est un sophisme déjà bien ancien ; c’est celui du Gorgias de Platon qui explique que la rhétorique étant une technique, il n’y en a pas de bon ou de mauvais usage, elle ne serait qu’un moyen.

Or, lui oppose Socrate, aucune technique n’est neutre : le principe d’efficacité suppose déjà d’opérer des choix, y compris économiques, pour utiliser une technique plutôt qu’une autre ; la possession d’une technique est déjà en soi une position de pouvoir ; enfin, rappelons l’analyse qu’en faisait Jacques Ellul : la technique est un système autonome qui impose des usages à l’homme qui en retour en devient addict. Même s’il est consternant de rappeler de tels fondamentaux à ceux qui nous gouvernent, tout choix technologique suppose donc une forme d’aliénation. En matière de logiciels, censés servir de supports dans l’Éducation Nationale pour la diffusion et la production de connaissances pour les enfants, il est donc plus qu’évident que choisir un système plutôt qu’un autre relève d’une stratégie réfléchie et partisane.

Le tweet confondant neutralité logicielle et choix politique.
Le tweet confondant neutralité logicielle et choix politique.

Un système d’exploitation n’est pas semblable à un autre, il suffit pour cela de comparer les deux ou trois principaux OS du marché (privateur) et les milliers de distributions GNU/Linux, pour comprendre de quel côté s’affichent la créativité et l’innovation. Pour les logiciels en général, le constat est le même : choisir entre des logiciels libres et des logiciels privateurs implique une position claire qui devrait être expliquée. Or, au moins depuis 1997, l’entrisme de Microsoft dans les organes de l’Éducation Nationale a abouti à des partenariats et des accords-cadres qui finirent par imposer les produits de cette firme dans les moindres recoins, comme s’il était naturel d’utiliser des solutions privatrices pour conditionner les pratiques d’enseignement, les apprentissages et in fine tous les usages numériques. Et ne parlons pas des coûts que ces marchés publics engendrent, même si les solutions retenues le sont souvent, au moins pour commencer, à « prix cassé ».

Depuis quelque temps, au moins depuis le lancement de la première vague de son projet Degooglisons Internet, Framasoft a fait un choix stratégique important : se tourner vers l’éducation populaire, avec non seulement ses principes, mais aussi ses dynamiques propres, ses structures solidaires et les valeurs qu’elle partage. Nous ne pensions pas que ce choix pouvait nous éloigner, même conceptuellement, des structures de l’Éducation Nationale pour qui, comme chacun le sait, nous avons un attachement historique. Et pourtant si… Une rétrospective succincte sur les relations entre Microsoft et l’Éducation Nationale nous a non seulement donné le tournis mais a aussi occasionné un éclair de lucidité : si, malgré treize années d’(h)activisme, l’Éducation Nationale n’a pas bougé d’un iota sa préférence pour les solutions privatrices et a même radicalisé sa position récemment en signant un énième partenariat avec Microsoft, alors nous utiliserions une partie des dons, de notre énergie et du temps bénévole et salarié en pure perte dans l’espoir qu’il y ait enfin une position officielle et des actes concrets en faveur des logiciels libres. Finalement, nous en sommes à la fois indignés et confortés dans nos choix.

Extrait de l'accord-Cadre MS-EN novembre 2015
Extrait de l’accord-Cadre MS-EN novembre 2015

L’Éducation Nationale et Microsoft, une (trop) longue histoire

En France, les rapports qu’entretient le secteur de l’enseignement public avec Microsoft sont assez anciens. On peut remonter à la fin des années 1990 où eurent lieu les premiers atermoiements à l’heure des choix entre des solutions toutes faites, clés en main, vendues par la société Microsoft, et des solutions de logiciels libres, nécessitant certes des efforts de développement mais offrant à n’en pas douter, des possibilités créatrices et une autonomie du service public face aux monopoles économiques. Une succession de choix délétères nous conduisent aujourd’hui à dresser un tableau bien négatif.

Dans un article paru dans Le Monde du 01/10/1997, quelques mois après la réception médiatisée de Bill Gates par René Monory, alors président du Sénat, des chercheurs de l’Inria et une professeure au CNAM dénonçaient la mainmise de Microsoft sur les solutions logicielles retenues par l’Éducation Nationale au détriment des logiciels libres censés constituer autant d’alternatives fiables au profit de l’autonomie de l’État face aux monopoles américains. Les mots ne sont pas tendres :

(…) Microsoft n’est pas la seule solution, ni la meilleure, ni la moins chère. La communauté internationale des informaticiens développe depuis longtemps des logiciels, dits libres, qui sont gratuits, de grande qualité, à la disposition de tous, et certainement beaucoup mieux adaptés aux objectifs, aux besoins et aux ressources de l’école. Ces logiciels sont largement préférés par les chercheurs, qui les utilisent couramment dans les contextes les plus divers, et jusque dans la navette spatiale. (…) On peut d’ailleurs, de façon plus générale, s’étonner de ce que l’administration, et en particulier l’Éducation Nationale, préfère acheter (et imposer à ses partenaires) des logiciels américains, plutôt que d’utiliser des logiciels d’origine largement européenne, gratuits et de meilleure qualité, qui préserveraient notre indépendance technologique.

L’année suivante, en octobre 1998, le Ministère de l’Éducation Nationale signe avec l’AFUL un accord-cadre pour l’exploitation, le développement et l’expertise de solutions libres dans les établissements. Le Ministère organise même en juillet 1999 une Université d’été « La contribution des logiciels et ressources libres à l’amélioration de l’environnement de travail des enseignants et des élèves sur les réseaux ».

Microsoft : Do you need a backdoor ?
Microsoft : Do you need a backdoor ?

D’autres témoignages mettent en lumière des tensions entre logiciels libres et logiciels privateurs dans les décisions d’équipement et dans les intentions stratégiques de l’Éducation Nationale au tout début des années 2000. En revanche, en décembre 2003, l’accord-cadre1 Microsoft et le Ministère de l’Éducation Nationale change radicalement la donne et propose des solutions clés en main intégrant trois aspects :

  • tous les établissements de l’Éducation Nationale sont concernés, des écoles primaires à l’enseignement supérieur ;
  • le développement des solutions porte à la fois sur les systèmes d’exploitation et la bureautique, c’est-à-dire l’essentiel des usages ;
  • la vente des logiciels se fait avec plus de 50 % de remise, c’est-à-dire avec des prix résolument tirés vers le bas.

Depuis lors, des avenants à cet accord-cadre sont régulièrement signés. Comme si cela ne suffisait pas, certaines institutions exercent leur autonomie et établissent de leur côté des partenariats « en surplus », comme l’Université Paris Descartes le 9 juillet 2009, ou encore les Villes, comme Mulhouse qui signe un partenariat Microsoft dans le cadre de « plans numériques pour l’école », même si le budget est assez faible comparé au marché du Ministère de l’Éducation.

Il serait faux de prétendre que la société civile ne s’est pas insurgée face à ces accords et à l’entrisme de la société Microsoft dans l’enseignement. On ne compte plus les communiqués de l’April (souvent conjoints avec d’autres associations du Libre) dénonçant ces pratiques. Bien que des efforts financiers (discutables) aient été faits en faveur des logiciels libres dans l’Éducation Nationale, il n’en demeure pas moins que les pratiques d’enseignement et l’environnement logiciel des enfants et des étudiants sont soumis à la microsoftisation des esprits, voire une Gafamisation car la firme Microsoft n’est pas la seule à signer des partenariats dans ce secteur. Le problème ? Il réside surtout dans le coût cognitif des outils logiciels qui, sous couvert d’apprentissage numérique, enferme les pratiques dans des modèles privateurs : « Les enfants qui ont grandi avec Microsoft, utiliseront Microsoft ».

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Et si c’était MacDonald’s qui rentrait dans les cantines scolaires… ? Les habitudes malsaines peuvent se prendre dès le plus jeune âge.

On ne saurait achever ce tableau sans mentionner le plus récent partenariat Microsoft-EN signé en novembre 2015 et vécu comme une véritable trahison par, entre autres, beaucoup d’acteurs du libre. Il a en effet été signé juste après la grande consultation nationale pour le Projet de Loi Numérique porté par la ministre Axelle Lemaire. La consultation a fait ressortir un véritable plébiscite en faveur du logiciel libre dans les administrations publiques et des amendements ont été discutés dans ce sens, même si le Sénat a finalement enterré l’idée. Il n’en demeure pas moins que les défenseurs du logiciel libre ont cru déceler chez nombre d’élus une oreille attentive, surtout du point de vue de la souveraineté numérique de l’État. Pourtant, la ministre Najat Vallaud-Belkacem a finalement décidé de montrer à quel point l’Éducation Nationale ne saurait être réceptive à l’usage des logiciels libre en signant ce partenariat, qui constitue, selon l’analyse par l’April des termes de l’accord, une « mise sous tutelle de l’informatique à l’école » par Microsoft.

Entre libre-washing et méthodes douteuses

Pour être complète, l’analyse doit cependant rester honnête : il existe, dans les institutions de l’Éducation Nationale des projets de production de ressources libres. On peut citer par exemple le projet EOLE (Ensemble Ouvert Libre Évolutif), une distribution GNU/Linux basée sur Ubuntu, issue du Pôle de compétence logiciel libre, une équipe du Ministère de l’Éducation Nationale située au rectorat de l’académie de Dijon. On peut mentionner le projet Open Sankoré, un projet de développement de tableau interactif au départ destiné à la coopération auprès de la Délégation Interministérielle à l’Éducation Numérique en Afrique (DIENA), repris par la nouvelle Direction du numérique pour l’éducation (DNE) du Ministère de l’EN, créée en 2014. En ce qui concerne l’information et la formation des personnels, on peut souligner certaines initiatives locales comme le site Logiciels libres et enseignement de la DANE (Délégation Académique au Numérique Éducatif) de l’académie de Versailles. D’autres projets sont parfois maladroits comme la liste de « logiciels libres et gratuits » de l’académie de Strasbourg, qui mélange allègrement des logiciels libres et des logiciels privateurs… pourvus qu’ils soient gratuits.

Les initiatives comme celles que nous venons de recenser se comptent néanmoins sur les doigts des deux mains. En pratique, l’environnement des salles informatiques des lycées et collèges reste aux couleurs Microsoft et les tablettes (réputées inutiles) distribuées çà et là par villes et départements, sont en majorité produites par la firme à la pomme2. Les enseignants, eux, n’ayant que très rarement voix au chapitre, s’épuisent souvent à des initiatives en classe fréquemment isolées bien que créatives et efficaces. Au contraire, les inspecteurs de l’Éducation Nationale sont depuis longtemps amenés à faire la promotion des logiciels privateurs quand ils ne sont pas carrément convoqués chez Microsoft.

Convocation Inspecteurs de l'EN chez Microsoft
Convocation Inspecteurs de l’EN chez Microsoft

L’interprétation balance entre deux possibilités. Soit l’Éducation Nationale est composée exclusivement de personnels incohérents prêts à promouvoir le logiciel libre partout mais ne faisant qu’utiliser des suites Microsoft. Soit des projets libristes au sein de l’Éducation Nationale persistent à exister, composés de personnels volontaires et motivés, mais ne s’affichent que pour mieux mettre en tension les solutions libres et les solutions propriétaires. Dès lors, comme on peut s’attendre à ce que le seul projet EOLE ne puisse assurer toute une migration de tous les postes de l’EN à un système d’exploitation libre, il est logique de voir débouler Microsoft et autres sociétés affiliées présentant des solutions clés en main et économiques. Qu’a-t-on besoin désormais de conserver des développeurs dans la fonction publique puisque tout est pris en charge en externalisant les compétences et les connaissances ? Pour que cela ne se voie pas trop, on peut effectivement s’empresser de mettre en avant les quelques deniers concédés pour des solutions libres, parfois portées par des sociétés à qui on ne laisse finalement aucune chance, telle RyXéo qui proposait la suite Abulédu.

Finalement, on peut en effet se poser la question : le libre ne serait-il pas devenu un alibi, voire une caution bien mal payée et soutenue au plus juste, pour légitimer des solutions privatrices aux coûts exorbitants ? Les décideurs, DSI et autres experts, ne préfèrent-ils pas se reposer sur un contrat Microsoft plutôt que sur le management de développeurs et de projets créatifs ? Les solutions les plus chères sont surtout les plus faciles.

Plus faciles, mais aussi plus douteuses ! On pourra en effet se pencher à l’envi sur les relations discutables entre certains cadres de Microsoft France et leurs postes occupés aux plus hautes fonctions de l’État, comme le montrait le Canard Enchaîné du 30 décembre 2015. Framasoft se fait depuis longtemps l’écho des manœuvres de Microsoft sans que cela ne soulève la moindre indignation chez les décideurs successifs au Ministère3. On peut citer, pêle-mêle :

Cette publicité est un vrai tweet Microsoft. Oui. Cliquez sur l'image pour lire l'article de l'APRIL à ce sujet.
Cette publicité est un vrai tweet Microsoft. Oui.
Cliquez sur l’image pour lire l’article de l’APRIL à ce sujet.

 

Du temps et de l’énergie en pure perte

« Vous n’avez qu’à proposer », c’est en substance la réponse balourde par touittes interposés de Najat Vallaud-Belkacem aux libristes qui dénonçaient le récent accord-cadre signé entre Microsoft et le Ministère. Car effectivement, c’est bien la stratégie à l’œuvre : alors que le logiciel libre suppose non seulement une implication forte des décideurs publics pour en adopter les usages, son efficience repose également sur le partage et la contribution. Tant qu’on réfléchit en termes de pure consommation et de fournisseur de services, le logiciel libre n’a aucune chance. Il ne saurait être adopté par une administration qui n’est pas prête à développer elle-même (ou à faire développer) pour ses besoins des logiciels libres et pertinents, pas plus qu’à accompagner leur déploiement dans des milieux qui ne sont plus habitués qu’à des produits privateurs prêts à consommer.

Au lieu de cela, les décideurs s’efforcent d’oublier les contreparties du logiciel libre, caricaturent les désavantages organisationnels des solutions libres et légitiment la Microsoft-providence pour qui la seule contrepartie à l’usage de ses logiciels et leur « adaptation », c’est de l’argent… public. Les conséquences en termes de hausses de tarifs des mises à jour, de sécurité, de souveraineté numérique et de fiabilité, par contre, sont des sujets laissés vulgairement aux « informaticiens », réduits à un débat de spécialistes dont les décideurs ne font visiblement pas partie, à l’instar du Ministère de la défense lui aussi aux prises avec Microsoft.

Comme habituellement il manque tout de même une expertise d’ordre éthique, et pour peu que des compétences libristes soient nécessaires pour participer au libre-washing institutionnel, c’est vers les associations que certains membres de l’Éducation Nationale se tournent. Framasoft a bien souvent été démarchée soit au niveau local pour intervenir dans des écoles / collèges / lycées afin d’y sensibiliser au Libre, soit pour collaborer à des projets très pertinents, parfois même avec des possibilités de financement à la clé. Ceci depuis les débuts de l’association qui se présente elle-même comme issue du milieu éducatif.

Témoignage usage de Framapad à l'école
Témoignage : usage de Framapad à l’école

Depuis plus de dix ans Framasoft intervient sur des projets concrets et montre par l’exemple que les libristes sont depuis longtemps à la fois forces de proposition et acteurs de terrain, et n’ont rien à prouver à ceux qui leur reprocheraient de se contenter de dénoncer sans agir. Depuis deux décennies des associations comme l’April ont impulsé des actions, pas seulement revendicatrices mais aussi des conseils argumentés, de même que l’AFUL (mentionnée plus haut). Las… le constat est sans appel : l’Éducation Nationale a non seulement continué à multiplier les relations contractuelles avec des firmes comme Microsoft, barrant la route aux solutions libres, mais elle a radicalisé sa position en novembre 2015 en un ultime pied de nez à ces impertinentes communautés libristes.

Nous ne serons pas revanchards, mais il faut tout de même souligner que lorsque des institutions publiques démarchent des associations composées de membres bénévoles, les tâches demandées sont littéralement considérées comme un dû, voire avec des obligations de rendement. Cette tendance à amalgamer la soi-disant gratuité du logiciel libre et la soi-disant gratuité du temps bénévole des libristes, qu’il s’agisse de développement ou d’organisation, est particulièrement détestable.

Discuter au lieu de faire

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À quelles demandes avons-nous le plus souvent répondu ? Pour l’essentiel, il s’agit surtout de réunions, de demandes d’expertises dont les résultats apparaissent dans des rapports, de participation plus ou moins convaincante (quand il s’agit parfois de figurer comme caution) à des comités divers, des conférences… On peut discuter de la pertinence de certaines de ces sollicitations tant les temporalités de la réflexion et des discours n’ont jamais été en phase avec les usages et l’évolution des pratiques numériques.

Le discours de Framasoft a évolué en même temps que grandissait la déception face au décalage entre de timides engagements en faveur du logiciel libre et des faits attestant qu’à l’évidence le marché logiciel de l’Éducation Nationale était structuré au bénéfice des logiques privatrices. Nous en sommes venus à considérer que…

  • si, en treize ans de sensibilisation des enseignants et des décideurs, aucune décision publique n’a jamais assumé de préférence pour le logiciel libre ;
  • si, en treize ans, le discours institutionnel s’est même radicalisé en défaveur du Libre : en 2003, le libre n’est « pas souhaitable » ; en 2013 le libre et les formats ouverts pourraient causer des « difficultés juridiques » ; en 2016, le libre ne pourra jamais être prioritaire malgré le plébiscite populaire4

…une association comme Framasoft ne peut raisonnablement continuer à utiliser l’argent de ses donateurs pour dépenser du temps bénévole et salarié dans des projets dont les objectifs ne correspondent pas aux siens, à savoir la promotion et la diffusion du Libre.

Par contre, faire la nique à Microsoft en proposant du Serious Gaming éducatif, ça c'est concret !
Par contre, faire la nique à Microsoft en proposant du Serious Gaming éducatif, ça c’est concret !

L’éducation populaire : pas de promesses, des actes

Framasoft s’est engagée depuis quelque temps déjà dans une stratégie d’éducation populaire. Elle repose sur les piliers suivants :

  • social : le mouvement du logiciel libre est un mouvement populaire où tout utilisateur est créateur (de code, de valeur, de connaissance…) ;
  • technique : par le logiciel libre et son développement communautaire, le peuple peut retrouver son autonomie numérique et retrouver savoirs et compétences qui lui permettront de s’émanciper ;
  • solidaire : le logiciel libre se partage, mais aussi les compétences, les connaissances et même les ressources. Le projet CHATONS démontre bien qu’il est possible de renouer avec des chaînes de confiance en mobilisant des structures au plus proche des utilisateurs, surtout si ces derniers manquent de compétences et/ou d’infrastructures.

Quelles que soient les positions institutionnelles, nous sommes persuadés qu’en collaborant avec de petites ou grandes structures de l’économie sociale et solidaire (ESS), avec le monde culturel en général, nous touchons bien plus d’individus. Cela sera également bien plus efficace qu’en participant à des projets avec le Ministère de l’Éducation Nationale, qui se révèlent n’avoir au final qu’une portée limitée. Par ailleurs, nous sommes aussi convaincus que c’est là le meilleur moyen de toucher une grande variété de publics, ceux-là mêmes qui s’indigneront des pratiques privatrices de l’Éducation Nationale.

Néanmoins, il est vraiment temps d’agir, car même le secteur de l’ESS commence à se faire « libre-washer » et noyauter par Microsoft : par exemple la SocialGoodWeek a pour partenaires MS et Facebook ; ou ADB Solidatech qui équipe des milliers d’ordinateurs pour associations avec des produits MS à prix cassés.

Page SocialGoodWeek, sponsors
Page SocialGoodWeek, sponsors

Ce positionnement du « faire, faire sans eux, faire malgré eux » nous a naturellement amenés à développer notre projet Degooglisons Internet. Mais au-delà, nous préférons effectivement entrer en relation directe avec des enseignants éclairés qui, plutôt que de perdre de l’énergie à convaincre la pyramide hiérarchique kafkaïenne, s’efforcent de créer des projets concrets dans leurs (minces) espaces de libertés. Et pour cela aussi le projet Degooglisons Internet fait mouche.

Nous continuerons d’entretenir des relations de proximité et peut-être même d’établir des projets communs avec les associations qui, déjà, font un travail formidable dans le secteur de l’Éducation Nationale, y compris avec ses institutions, telles AbulEdu, Sésamath et bien d’autres. Il s’agit là de relations naturelles, logiques et même souhaitables pour l’avancement du Libre. Fermons-nous définitivement la porte à l’Éducation Nationale ? Non… nous inversons simplement les rôles.

Pour autant, il est évident que nous imposons implicitement des conditions : les instances de l’Éducation Nationale doivent considérer que le logiciel libre n’est pas un produit mais que l’adopter, en plus de garantir une souveraineté numérique, implique d’en structurer les usages, de participer à son développement et de généraliser les compétences en logiciels libres. Dans un système déjà noyauté (y compris financièrement) par les produits Microsoft, la tâche sera rude, très rude, car le coût cognitif est déjà cher payé, dissimulé derrière le paravent brumeux du droit des marchés publics (même si en la matière des procédures négociées peuvent très bien être adaptées au logiciel libre). Ce n’est pas (plus) notre rôle de redresser la barre ou de cautionner malgré nous plus d’une décennie de mauvaises décisions pernicieuses.

Si l’Éducation Nationale décide finalement et officiellement de prendre le bon chemin, avec force décrets et positions de principe, alors, ni partisans ni vindicatifs, nous l’accueillerons volontiers à nos côtés car « la route est longue, mais la voie est libre… ».

— L’association Framasoft

Par contre, si c'est juste pour prendre le thé... merci de se référer à l'erreur 418.
En revanche, si c’est juste pour prendre le thé… merci de se référer à l’erreur 418.

  1. Voir aussi sur education.gouv.fr. Autre lien sur web.archive.org.
  2. Mais pas toujours. Microsoft cible aussi quelques prospects juteux avec les établissements « privés » sous contrat avec l’EN, qui bénéficient d’une plus grande autonomie décisionnelle en matière de numérique. Ainsi on trouve de véritables tableaux de chasse sur le site de Microsoft France. Exemple : Pour les élèves du collège Saint Régis-Saint Michel du Puy-en-Velay (43), « Windows 8, c’est génial ! ».
  3. Certes, on pourrait aussi ajouter que, bien qu’il soit le plus familier, Microsoft n’est pas le seul acteur dans la place : Google est membre fondateur de la « Grande École du Numérique » et Apple s’incruste aussi à l’école avec ses tablettes.
  4. On pourra aussi noter le rôle joué par l’AFDEL et Syntec Numérique dans cette dernière décision, mais aussi, de manière générale, par les lobbies dans les couloirs de l’Assemblée et du Sénat. Ceci n’est pas un scoop.
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Membre du conseil d'administration de Framasoft

52 Responses

  1. Blue

    La stupidité des gouvernements face au libre m’exaspère… Je vais prendre l’air.

  2. Mehdi

    Bonjour,

    il me semble, mais je n’en suis pas sûr, qu’il y a aussi eu un accord avec Amazon pour vendre une appli permettant de faire des manuels scolaires.

    A mon sens il y a un problème plus global de désengagement de l’état dans l’école publique. Ce que microsoft (ou amazon) vend ce sont des logiciels et surtout la maintenance et l’administration de serveurs ce qui constitue l’activité de maintenance qui est la plus couteuse et la plus délaissée dans les établissements. Comme dépenser de l’argent dans du personnel du secteur public est considéré est tabou pour nos dirigeants, ils aiment se tourner vers ce genre de services non libre et payant mais sans dépense de personnel.

    Sinon un texte informatif qui explique les relations de nos politiques avec l’amérique triomphante : http://www.monde-diplomatique.fr/2016/11/QUATREPOINT/56762

    Bon courage

    • Framatophe

      Bonjour et merci pour ce commentaire.

      > il me semble, mais je n’en suis pas sûr, qu’il y a aussi eu un accord avec Amazon pour vendre une appli permettant de faire des manuels scolaires.

      Effectivement, le Syndicat National de l’Edition avait interpellé le Ministère à ce propos. Si les éditeurs râlent, c’est aussi pour d’autres raisons que celles qui préoccupent ceux qui oeuvrent pour l’intérêt des biens communs numériques, à l’instar de S. Pene, membre du CNNUM dans cet article.

  3. Olivier

    Addict n’existe pas en français, on dira plus dépendant…

  4. Alexis

    13 ans! ha oui quand même :o, je suis dans la tech et au boulot, quand la hiérarchie est hermétique à nos idées, on essaye de les faire adopter par les couches du bas.
    Quand on a la voix du peuple c’est plus simple pour se faire écouter.

    +1 pour votre démarche

  5. Yakumo

    Pas surpris pas la démarche de l’Etat. L’Etat fonctionne comme une gigantesque société et elle cherche à évacuer les problèmes qui ne sont pas rattachés à son activité métier. L’Informatique est l’un des premiers domaines à être externalisé (maintenance, sauvegarde etc…).
    Gros intérêt d’externaliser? La puissance du contrat. Et oui…
    Avec un contrat vous pouvez faire pression sur l’autre partie. elle refuse? Vous cassez le contrat et elle perdra un gros client. Elle plie? Vous obtenez un larbin. Il y a un problème sérieux? c’est le prestataire qui va devoir gérer le bordel, pas vous; de vôtre côté, vous vous contentez de pourrir le presta au téléphone quand ça ne va pas assez vite et pouvez toujours exiger une ristourne au commercial parce que vous n’avez pas un service.
    Et quand l’Etat passe un contrat, elle a de facto une exigence de résultat, peu importe les moyens que doit employer le prestataire pour réussir. (« ah ben hé, je paye, donc tu te démerdes, faut que ça marche »…quoi? comment ça, ça sent le vécu?)

    Quel rapport avec Microsoft? Microsoft vend des produits oui, mais aussi du service (support notamment). Ca marche pas? pas de problème, Microsoft prendra le relais, et si c’est pas un tech français au téléphone, ça sera un indien francophone qui répondra.

    Désolé pour vous Framasoft, mais depuis l’éclatement de la « Bulle Internet » c’est comme ça que l’informatique est pratiquée :/

  6. tuxtux

    deux petits commentaires:

    1) Le logiciel libre est « payant » et arrêtez de dire que c’est gratuit. Un logiciel libre n’est jamais gratuit. Sauf que, dans le logiciel libre on « paye » autrement. Ne serait ce que de prendre un peu de temps pour remonter un bug, c’est déjà commencer de payer. Évidemment, contribuer en développant c’est mieux. Et c’est toute la force du logiciel libre (ou de « l’open source » même si je préfère la notion de logiciel libre) qui permet précisément de « mutualiser » les moyens en informatiques.
    Et dire que le logiciel libre est gratuit dessert *toute* la communauté car ce qui est gratuit est inconsciemment pris par le public comme étant moins bien que le payant. Donc le logiciel libre est payant.

    2) Tous ces accords sont des catastrophes pour l’innovation en France et en Europe. Toutes les données personnelles seront « ailleurs ». Pris individuellement, cela pourrait ne pas poser de problèmes. Mais pris collectivement, voici des compagnies qui finissent par tout savoir sur tout. Ce qui, potentiellement et à terme certainement va être un frein pour l’innovation, puisque nous serons « à poil ». Sans les données.

    Tout cela n’est juste que du business court terme, qui permet en effet à un état « exsangue » financièrement de faire des économies immédiates. sans se poser de question. A terme, la France, l’Europe… le paiera très très cher.
    Bref c’est du zéro vision long terme.

    • Framatophe

      Bonjour et merci pour ce commentaire.

      > arrêtez de dire que c’est gratuit.

      Je n’ai pas compris si ce commentaire s’adresse à un autre commentaire ou si il est question d’affirmer que Framasoft (et dans ce billet) confond « gratuit » et « libre », ce qui n’est évidemment pas le cas 🙂

  7. Alain Mille

    Le déploiement des outils et services du libre (pas gratuit puisqu’il faut trouver les moyens de continuer à le développer !) constitue une chance d’expérimenter sans s’aliéner et de participer aux processus de spécifications, conception, de formation mutuelle, …
    Introduire Microsoft comme maillon critique dans les missions de l’éducation nationale, c’est introduire de la fragilité dans le système alors qu’investir dans l’offre du libre, c’est en garantir la robustesse et partager avec la société les bénéfices de l’investissement…
    Même avec des critères « standard » de choix, on devrait faire le choix du libre comme on fait le choix du « durable »…

  8. François Belgique

    Scientifique au cnrs, convaincu de l’importance du logiciel libre, utilisateurs de ceux-ci depuis 2 décennies, auteurs de plusieurs programmes open source, j’arrête de lire dès l’apparition du terme « privateurs ». Ridicule.

    • Denis Reboul

      Bonjour François,
      est-ce juste un problème sémantique? Je n’ai pas bien compris ce que vous vouliez affirmer par là.

    • raspbeguy

      Je ne vois pas ce qu’il y a de ridicule dans l’emploi du terme « privateur », si c’est la cause de ton énervement.
      C’est le terme officiel francophone pour « non libre ».

  9. David Lépinois

    J’ai été admin réseau pendant 9 ans dans l’Educ Nat, malheureusement les enseignants sont aussi reaponsables que leur hiérarchie. Ils ne veulent pas entendre parler de libre, enfermés dans leur petites habitudes, leur pack Office…

    • remich

      Bonjour,
      Je ne suis pas d’accord pour dire que les enseignants sont aussi responsables dans cette affaire que leur hiérarchie. Simplement ils ne sont pour la plupart pas à l’aise avec les outils numériques et ont donc peur de changer leurs habitudes. On voit d’ailleurs ici l’importance de telles habitudes, et donc l’importance de faire entrer le libre dans les écoles !
      La hiérarchie n’écoute pas tellement les enseignants me semble-t-il, sur ce point comme sur d’autres, donc peut-être bien que ça arrange beaucoup d’entre eux que ce partenariat existe, mais je ne pense pas du tout qu’ils en soient responsables pour autant.
      J’ajouterais qu’à mon avis, une bonne partie des enseignants qui sont à l’aise avec le numérique (et il y en a de plus en plus), sont plutôt pour l’introduction du libre dans les écoles car ils ont conscience du problème.

  10. Christophe

    Merci énormément d’avoir cité le projet EOLE, Ce projet permet une démonstration éclatante de la fiabilité, de la stabilité et du professionnalisme d’outils libres. Dans l’académie (Midi-Pyrénées) ou je me trouves, les solutions EOLE fournissent le pare feu, le serveur d’authentification et de fichiers des réseaux administratifs de chaque établissement. Bref, choisis pour leur fiabilité ces systèmes libres ont montré depuis un nombre d’années conséquents leur adéquation aux besoins et leur pertinence. Les réseaux pédagogiques d’établissements, quand a eux sont sous système microsoft et sont beaucoup plus régulièrement en panne… des questions a se poser sur la fiabilité relative des solutions libres et des solutions propriétaires. Pas que les solutions microsoft ne soient pas des outils professionnels qui puissent concurrencer leurs équivalents Libres, mais ils semblent moins fiables sur leur utilisation dans le milieu de l’éducation. Peu être est-ce du au milieu lui même… qui n’a pas une vision professionnelle de l’informatique…

  11. Jean-Éric

    article un peu (trop ?) long 😉
    je ne l’ai pas lu en entier, mais le § “Du temps et de l’énergie en pure perte” (https://framablog.org/2016/11/25/pourquoi-framasoft-nira-plus-prendre-le-the-au-ministere-de-leducation-nationale/#du-temps-et-de-l%C3%A9nergie-en-pure-perte) m’amène à réagir : « Vous n’avez qu’à proposer » n’est PAS une réponse si “balourde” …

    j’ai moi-même ‘adopté’ Linux début 2001 – à titre ‘personnel’, et en ai même équipé ensuite mon laptop professionnel durant les dernières années de ma carrière (‘en pause’ depuis 1,5 an …) en SSII (aujourd’hui ESN) : je suis donc un fervent ‘adepte’ du logiciel libre – et open source
    par ailleurs, j’ai été prestataire durant 3,5 ans au service informatique du Parlement Européen – période durant laquelle j’ai pu suivre de près, la tentative (avortée …) de définir et déployer un poste informatique Linux pour répondre aux besoins informatiques internes de cette institution, restreints aux seuls aspects “administratifs” – dans un 1er temps, et dernier temps …

    cette précision apportée, j’insiste : « Vous n’avez qu’à proposer » n’est pas une réponse si “balourde”, et mériterait d’être prise en considération :

    1> ce qui fait ‘la force’ de M$ (Microsoft ou MégaShit, comme on voudra …) – et de la pomme cyanurée (dont – personnellement, je trouve la perversion du ‘modèle économique’ encore plus aboutie/abjecte …), est de proposer une offre “packagée, et donc ‘aliénante’ : on vous facilite la vie, pourquoi vous la compliquer ? oubliez votre indépendance/liberté, asservissez/abrutissez vous – peu importe ce qu’il vous en coûte !…

    2> à l’inverse, la pléthore de distributions Linux (quand bien même elle reflète sa richesse/diversité) nuit (à elle seule …) à sa ‘popularisation’ : le simple fait de se décider pour laquelle opter est un frein incontestable à son adoption par ‘le commun des mortels’/citoyens
    que dire alors d’institutions étatiques – qui au delà même du simple débat ‘idéologique’, restent avant tout (et entre autre …) concernées par la “facilité d’adoption”? …

    en bref
    il me semble que le collectif EduNathon devrait s’offrir les moyens d’aller au delà de la simple contestation ‘idéologique’, et se montrer plus ‘pragmatique’ – en ‘combattant’ M$ (et autres) sur leur(s) propre(s) terrain(s) : financier et logistique, en soumettant une alternative concrète/argumentée, dans les moindres détails …

    • Framatophe

      Bonjour et merci pour ce commentaire

      En fait le collectif Edunathon affiche clairement sur son site :

      L’objectif d’EduNathon est de permettre aux Entreprises du Numérique Libre (ENL) et ESN (Entreprises de Services du Numérique) Françaises et Européennes de pouvoir fournir les services, équipements, contenus indiqués dans la convention signée et que celle-ci respecte, simplement, le code des marché publics Français.

      Cela va donc un peu plus loin que la simple contestation idéologique. Quoiqu’il en soit, comme dit dans ce billet (« trop long »), les communautés libristes en général n’ont pas à rougir de leurs propositions, et il existe déjà des sociétés qui proposent leurs produits, basés sur des solutions libres / open source. Il n’y a pas de secret : si on ne fait que regarder la vitrine Microsoft sans même tourner la tête, on ne risque pas de les voir 🙂

  12. raspbeguy

    Ça existe les stages de mises à niveau pour les ministres qui n’ont aucune idée du domaine qu’ils administrent ? Parce que je crois que tout le monde aurait beaucoup à y gagner.

  13. Père Des Peuples

    Evidemment 100% d’accord, et on peut rajouter l’aspect historique que Microsoft est le premier qui a tenté et réussi le lock-in de sa clientèle dans les années 90s, donc ils sont dans leur coeur de métier (bien plus que MacDonald’s oserai-je même), mais une question me turlutte comme dirait Fatal Bazooka :

    Je trouve le billet super bien et les nombreux liens en font une synthèse très utile mais pourquoi le sortir maintenant ? quel est le timing dans l’actualité ? Pourquoi pas à la rentrée de septembre à l’ocasion de l’actualité de l’échec du procès? (c’est une vraie question, je ne sais pas du tout)

    • Framatophe

      Bonjour et merci pour ce commentaire.

      > mais pourquoi le sortir maintenant ?

      Alors là c’est très simple : pas eu le temps avant. Un tel billet doit avoir l’aval de tous les membres de l’asso, il faut prendre le temps de s’arrêter, utiliser un pad pour travailler dessus, etc. Et comme vous l’avez sans doute remarqué on a sorti quelques projets depuis septembre, le projet Chatons, et des présences à plusieurs évènements… sans compter notre campagne de don sur laquelle nous investissons beaucoup d’efforts pour faire vivre l’asso et pérenniser les emplois…

      Il y a aussi le fait que nous avons (encore) été démarché cet été pour un projet certes intéressant mais tellement décalé avec la position officielle du Ministère de l’EN (on n’en dira pas plus sur ce point, c’est inutile de toute façon).

      Enfin… être un peu en décalage par rapport à l’actualité ne fait pas de mal : le billet est peut-être long mais il essaye de faire un tour un peu exhaustif de la situation et la posture de Framasoft tout en prenant de la distance par rapport à l’actualité si nous l’avions publié juste après la signature de l’accord-cadre, par exemple.

  14. Zaharia Raymond

    Bravo pour cette analyse ! 100% d’accord !
    Pour aller plus loin, je me demande si une collection de PME de l’ESS, si admirable soit-elle, peut suffire pour contrer l’action tentaculaire du « GAFA-MS »?

    Lorsque nous aurons suffisamment transformé nos institutions pour éviter la soumission du pouvoir politique aux géants industriels et financiers comme MS, et GAFA, (sans oublier les banques pachydermes « Too big to fail »…), nous pourrons peut être nous dispenser de cette question sur la taille éventuellement insuffisante ? (Qui se conjugue avec l’absence de recours – pour des raisons éthiques, j’imagine ? – au matraquage publicitaire.)

    En attendant cette émancipation des politiques… il me semble décisif de convaincre le public, (dont je fais partie), qu’il n’est pas si difficile de mettre fin à sa situation de « client captif » du GAFA-MS.
    Une situation proche de la schizophrénie, en ce qui me concerne:
    je vomis « Maquereau soft », Windows 10 &Co… je sais que je pourrais m’en affranchir en installant un OS Libre inconnu et une machine virtuelle émulant Windows XP (pour pouvoir continuer à bosser, pendant la période de transition /apprentissage vers les produits libres.)
    MAIS… je ne sais pas à qui m’adresser en confiance, en étant raisonnablement certain que je ne vais pas « mal tomber »… que ce changement d’OS se passera bien, sans perte d’autonomie, ni de données.
    Si vous pouvez m’indiquer un prestataire dont vous avez évalué la fiabilité, je suis tout a fait « mur »… pour me libérer avec délectation de cette situation de client captif !

    Combien de centaines de milliers de personnes, (notamment parmi les enseignants), ressentent-ils le même dilemme que moi ? Comment faire cette transition tant désirée, se libérer enfin, c. à d. sortir de sa zone de confort… sans perturber l’utilisation quotidienne ?!
    Comment franchir « la marche » dont je tente, en décrivant ma situation personnelle, de situer la hauteur ?
    Encore Bravo pour votre action émancipatrice !

    • Framatophe

      Bonjour et merci pour ce commentaire.

      J’ignore où vous habitez mais il y a de grandes chances qu’autour de vous il y ai un GUL (Groupe d’Utilisateurs de Linux) ou une association ayant rapport avec le numérique dans laquelle vous pouvez trouver quelques libristes prêts à vous aider.

      Ici une liste des GUL par département : https://aful.org/gul

      Cela peut constituer un début. Et puis n’oubliez pas : le plus souvent, faire confiance, cela rend possibles des projets inespérés. C’est ce que m’a appris ma fréquentation des libristes…

      • Nathalie BIWER

        Malheureusement pas partout. Je vis dans un département un peu perdu et comme pour bcp d’autres choses, aucun GUL.
        Enseignante intéressée par le numérique, mais techniquement incapable de gérer du Linux, je ne vois pas où trouver le temps de m’y mettre sérieusement et d’y passer mes ordis, même si la réflexion existe depuis un certain temps.
        L’actuelle réforme du collège ne va pas aider.
        Ni la territorialisation : les parcs informatiques de nos établissements vont désormais (septembre17) relever de la compétence des départements. Et quand on voit ce qui s’annonce, Microsoft Google Apple peuvent se réjouir. Alors que ce serait une chance inouïe de passer tous les collèges d’un département en libre…
        Mais comme vous le dites: on ne demande pas leur avis(même pédagogique) aux enseignants. Cela n’a visiblement plus aucune importance.

  15. Sylvette Aligé

    Bravo pour ces explications très exhaustives sur les difficultés à faire utiliser les logiciels libres dans nos instances dirigeantes, ce qui serait pourtant une très bonne solution en matière de sécurité, de confidentialité et d’éducation. Sans compter les économies générées, qui pourraient permettre d’acquérir de biens meilleurs outils, ou d’utiliser cet argent dont on manque tellement de façon plus judicieuse.

  16. gabrielstuff

    Bonjour/Bonsoir,

    Merci pour ces informations. Une question me taraude. Il y a 25 ans, la salle informatique de l’école maternelle était gérée par une association et on utilisait des AMSTRAD. En primaire c’était me semble-t-il géré par qui souhaitait devenir responsable informatique. On avait Windows 3.1, le DOS et aucun Linux. On ne s’en portait pas plus mal.
    Dans les années 2000, lycée, c’était Windows partout.
    Puis à la faculté Linux en force.
    Aujourd’hui qui gère les salles informatiques ? qui fournit les PCs ? Pourquoi ne pas faire de l’entrisme en direct, par en bas ? Intervenir de force pour installer des versions d’OS libre avec tous les soft semble au Windows ? Les instituteurs y verraient-ils quelque chose ? Avoir un dual-boot n’a jamais fait de mal à personne.
    Keep up the good work.

  17. NumOpen

    Je pense qu’essayer de décider ce que les utilisateurs doivent utiliser, à la place d’un service de l’état ou d’une collectivité ne sert à rien. Framasoft n’est pas une entreprise. Si les gens ne veulent pas utiliser, inutile de perdre son temps et son argent à vouloir les convaincre à tout prix. Framasoft devrait plutôt continuer à développer des produits et solutions libres. L’opération des chatons est une très bonne idée.
    Intégrer par exemple l’éditeur WYSIWYG inline https://github.com/PANmedia/raptor-editor dans ses outils et dans un CMS simple comme http://www.razorcms.co.uk serait un projet intéressant.
    Proposer une plateforme de déploiement de LL pour Windows (style http://dev.tranquil.it/wiki/WAPT_-_apt-get_pour_Windows, https://chocolatey.org), permettant de déployer et mettre à jour ses LL via une interface web et aussi de générer à la volée une compilation de LL pour clé USB, avec un installeur style http://www.numopen.fr/compilibre (basé sur Mozilla Firefox, à faire évoluer de XPFE vers HTML5) ou un autre installeur répertorié sur http://www.numopen.fr/propositions

  18. Père Des Peuples

    @gabriel : il me semble que dans les écoles primaires (c’est un souvenir du temps où ma fille y était il y a quatre cinq ans) les gens ne sont pas administrateurs de leur PC sous windows, personne à l’école n’a le droit (et les droits) d’y installer quelque chose

    Dans mon université, toutes les salles sont sous windows et la raison pour les service informatique est simple: proposer des dual/boot ou alors certains PCs sous linux multiplie par deux les problèmes et donc le nombre d’interventions à faire pour eux.

  19. Marie-odile Morandi

    Bonjour,

    Excellent historique. Excellent développement.

    Et dire que ça avait tellement bien commencé Fra .- Ma, français maths, avec des profs visionnaires.

    Votre décision n’est pas définitive, n’est-ce pas ? Nous attendons ce jour où « l’Éducation nationale décide finalement et officiellement de prendre le bon chemin ».

    Amicalement

  20. Patricia

    Bonjour
    Existe-t-il une association qui s’occuperait de ce problème et vers qui se tourner? Comment faire entendre notre désaccord auprès du ministère de l’éducation nationale?

  21. ttoine

    Cet article et et les commentaires montrent une chose importante: vous n’avez toujours pas compris que Microsoft a changé. En fait, ils ont le meilleur argument au monde face aux solutions libres pour un décideur.

    Depuis quelques mois, Microsoft est le plus gros contributeurs aux logiciels open source et libres, en terme de lignes de code et de salariés payés à temps plein pour ça. Sur Github, notamment, Microsoft est cette année l’entreprise qui a le plus poussé de code sous license libre.

    Donc, oui, Windows et Office ne sont pas libres (ils pourraient le devenir, par contre). En revanche, pour que leurs clients puissent faire tourner leurs applications sur le « cloud » Azure de Microsoft, ils ont depuis 2-3 ans des équipes nombreuses de développeurs, payés pour être sûr que toute application puisse fonctionner, que la technologie utilisée soit propriétaire ou libre ou open source. (logiciel libre et open source c’est pas tout à fait pareil)

    Il leur est donc facile pour Microsoft d’aller voir un ministre et lui dire à propos des logiciels libre qu’ils sont un des plus gros contributeurs dans le monde.

    Cela dit, le vrai problème est qu’il semble qu’il n’y ait toujours pas, depuis toutes ces années, une entreprise en France capable de se positionner face à Microsoft pour les services rendus au ministère de la défense (qui a en plus les problèmes de la compatibilité OTAN) et à celui de l’éducation nationale (qui a certainement des problèmes équivalents). Et effectivement, venir se positionner sur la maintenance, la livraison, le support, la formation (très important, coût énorme) des équipes internes de maintenance (ne parlons pas des utilisateurs finaux), et éventuellement tout un tas de service comme la migration des documents, macros et applications spécifiques pour les faire tourner dans un environnement open source.

    Le problème est d’ailleurs certainement complexe sur ce dernier point: quid des macros, des applications .net, des données dans les serveurs SQL, etc? Des experts confirmerons sans doute que c’est très compliqué techniquement à faire (migrer de Microsoft SQL à Postgresql??? hahaha). Alors, quelle entreprise sérieuse accepterait de prendre un tel risque, sans être sûr d’y arriver? Des volontaires parmi vous, même en tenant compte du pactole que représente le contrat?

    Alors oui, je comprend l’argument de Framasoft, de dire que les ministères devraient avoir des équipes, qu’elles devraient investir, contribuer, développer des trucs et des machins, avoir des versions optimisées. Mais en faisant cela, on devient éditeur de ses logiciels. Et c’est du coup créer un problème complexe, à long terme: certes, le code est ouvert, on contribue, on utilise, mais qui en assure la gouvernance?

    Et voilà la dernière question qui tue: qui assure la gouvernance des logiciels libres? qui est le chef de produit que l’ont peut aller voir pour demander une fonctionnalité, comme quand on est un « gros client »? en cas de problème de license, de brevet violé, etc. vers qui se retourne-t-on? une communauté? une multitude d’acteurs? contre un contributeur dans un pays étranger, qui aura fixé un bug, mais qui se faisant en aura créé un autre? ou éventuellement contre les sous-traitants à qui on aura confié le développement de modules et fonctionnalités?

    En fait, ce qu’apporte Microsoft aujourd’hui, c’est une solution qui va du poste de travail au serveur en passant par toutes les applications de collaboration, et les outils pour développer. Le tout avec une seule une seule gouvernance, un seul interlocuteur, un seul écosystème cohérent et compatible.

    Y-t-il vraiment une entreprise pouvant concurrencer ça? Sun Microsystem, un des plus gros promoteurs de l’open source n’y est pas arrivé et a disparu. Les incompatibilités de licences entre GPL, EPL, Apache, MIT … rendent la tâche super difficile pour ne serait-ce que juste distribuer une solution clef en main avec plein de solutions logicielles, d’un point de vue purement légal et respect des copyright.

    Et migrer du tout Microsoft vers des bases de données open source, du .net/C# au Java, passer les documents sour Libre Ofice, choisir des distributions Linux… C’est passer d’un interlocuteur global, à une multitude d’interlocuteurs de différents pays, législations, statuts, licences, technologies, …

    Je tiens à préciser que l’adore le logiciel libre. J’ai fait partie des créateurs d’Ubuntu Studio. J’ai un label de musique qui utilise principalement des logiciels libres pour enregistrer de la musique. Et j’ai la chance de travailler pour la fondation Eclipse, qui gère un des grands écosystèmes open source pour l’industrie.

    Alors, pour conclure, notez qu’en moins de 10 ans, Microsoft est passé du statut de principal combattant contre l’open source, à celui de plus gros contributeur, et est en train de rendre open source tous ces outils de développement. Qui aurait pu penser il y a 5 ans que Microsoft SQL serait disponible pour une distribution Linux? (en l’occurence, Ubuntu). Pourquoi? Parce que leurs clients ne leurs laisse pas le choix. Des grosses entreprises comme Bosh ou Airbus sont des gros utilisateurs et contributeurs de logiciels open source, ils en ont compris l’intérêt. Microsoft ne peux que les suivre dans cette voie, s’il ne veut pas disparaitre.

    En fait, d’une certaine façon, nous avons gagné une grosse partie du combat pour le logiciel libre. Nous l’oublions, mais nous en avons tous dans notre poche, nous conduisons avec, communiquons avec, sans même nous en rendre compte.

    Il ne nous reste donc plus qu’à être attentif et continuer, pour que Microsoft continue de rendre ses produits open source. Et nos ministères utiliseront de plus en plus de logiciels libres. D’ailleurs, il le font déjà certainement… sans même le savoir.

  22. ttoine

    ah, oui, je tiens à préciser que j’ai conscience que certains de mes propos être perçus comme un peu provocateurs, et je m’excuse par avance de toute réaction exagérée. ce n’est évidemment pas mon but de troller.

  23. libre fan

    > les milliers de distributions GNU/Linux
    Plutôt moins de 300 actives, selon Distrowatch. À part ça, d’accord avec la position de Framasoft. C’est comme la Quadrature du Net, qui laisse tomber le cercle des élus et représentants.

    @ttoine oui, le logiciel libre a gagné car il est partout et M$ se met dedans. Mais pour Azure, j’ai compris que M$ demande les services de Canonical car M$ est incapable de fournir un truc qui marche.
    Windows libre et M$Office libre : comme Android et ses Apps privatrices.
    Enfin, je n’oublie pas la politique de M$ “embrace” = étouffer.

    Pour ce qui est des choix des ministères Éduc et Culture, ce n’est pas M$ entrant sur le marché du libre qui les piègent. C’est des arguments risibles à la Albanel (l’argument de la ministre actuelle de la culture, arf)

    > qui est le chef de produit que l’ont peut aller voir pour demander une fonctionnalité, comme quand on est un « gros client »?
    Ben, la Société de logiciels libres qui a remporté l’offre de marché, non? Et si moi, je peux écrire aux développeurs de Debian pour leur signaler que la mise à jour coince à cause d’une bibliothèque dont la version est incompatible avec la version nouvelle d’un logiciel, comment une SSLL (ou autre appelllation plus récente) ne pourrait pas le faire. Et une SSLL a des programmeurs qui peuvent modifier le code à leur façon.

    • ttoine

      En fait, si un jour ils remplacent tout par du logiciel libre, ça ne baissera pas la facture. Donc tu devras quand même continuer à mettre un $ à place du s (je pensais que ce genre de chose avait disparu des forums, d’ailleurs…)

      Pour te donner une idée plus précise de leur implication, et du respect que les développeurs ont envers ce que fait Microsoft, voici un exemple concret. En publiant leur nouvel éditeur de code, VS Code, sur Github, ils sont en train de révolutionner l’architecture des IDE. Même chez les développeurs Eclipse, c’est l’effervescence, car ce sont des anciens gros contributeurs qui travaillent désormais pour Microsoft, qui ont créé VS Code. Et je peux te dire qu’ils sont éminemment respectés par leur pairs, a tel point que certaines technos partagées par Microsoft seront probablement disponibles dans d’autres IDE open source prochainement.

      Ensuite, le paradigme dans lequel Microsoft se place vis à vis de l’open source, c’est celui de Redhat, ou en tout cas ça y ressemble. Ils ne font pas du logiciel libre pour le principe d’en faire, mais parce que c’est une bonne façon de gérer la gouvernance et la propriété industrielle. Le code est libre, mais pour avoir le support on paie. Et pour rappel, même notre cher Stallman a vendu des copies d’Emacs par le passé, on l’oublie souvent.

      Android n’est pas parfait, mais il est le plus libre des OS pour mobile. Sinon avant il y avait quoi, Symbian, BlackberryOS, … que des trucs en voie de disparition. Et je préfère largement qu’un OS comme Android ait plus de part de marché qu’un iOS à l’écosystème complètement fermé… Même si, on l’oublie souvent, Apple contribue et maintient des projets essentiels pour GNU/Linux comme Cupsd pour l’impression, est à l’origine de Webkit pour Safari, Chromium ou désormais Opera si je ne me trompe (basé il est vrai sur KHTML, mais bon, quand même.) Facebook et l’initiative open hardware, les amélioration de PHP 7, etc. Les exemples sont nombreux.

      Les gafam sont parmis les plus gros utilisateurs et contributeurs de logiciels libres, en fait. Sans eux, ça n’aurait pas autant d’importance, notamment d’un point de vue infrastructure. Juste, on ne le remarque pas sur l’expérience utilisateur. Ils ne sont pas cool pour autant, mais c’est une facette intéressante. La question est, comment les faire changer dans le bon sens, comment les aider à faire évoluer leur business model. Il y a là un vrai challenge, auquel participer me plairait beaucoup, car c’est plus constructif que de juste se plaindre ou de leur casser du sucre sur le dos.

      Enfin, c’est une erreur que de penser que dans un contrat type « Ministère », le chef de produit ‘logiciel libre » serait celui de la société de logiciel libre en charge du contrat.

      En effet, ce n’est pas parce qu’un développeur de SSLL va proposer un fix sur un bug, ou une nouvelle fonctionnalité, que cela va être accepté par les committers du projet, et mis dans le produit final. Ce sont toujours les committers qui ont le dernier mot, ou les project leads (cherche sur google comment Linus Torvald gère ça). Cela signifie que pour avoir un poids significatif sur un projet comme Debian, Libre Office, Postgresql, Gimp ou Inkscape, il va falloir embaucher des contributeurs expérimenté sur ces projets, avec un statut spécifique. Ces personnes sont rares, et peu sont en France. Comme chaque projet est développé dans un language différent, un workflow différent, et des licenses différentes, c’est un peu le bordel si tu veux faire un package complet. Peu d’entreprises ont en fait les moyens de se constituer une équipe de gens compétents sur autant de projets, et en plus d’avoir un service juridique compétent pour gérer les droits de distribution multi-licence.

      Et je suis le premier à le déplorer.

      Ce qui me rassure, comme je l’ai dit, c’est que sur le back-end, le libre et l’open source ont gagné. Reste à trouver comment toucher le grand public efficacement, et en ce sens, l’approche de Framasoft m’a toujours paru être la bonne. La position de l’association, comme des autres acteurs de l’évangélisation auprès du grand public est compréhensible: marre de perdre du temps. Et je suis d’accord.

      Des fois, je me plais à rêver qu’ils aillent plus loin que les chatons, et répondent à un appel d’offre avec l’aide d’experts, etc… ce serait un gros travail, mais ça serait vraiment intéressant de voir la proposition.

  24. Père Des Peuples

    @ttoine, même si c’est un peu provocateur quand même, ce que tu dis est intéressant, du point de vue de la maintenance pour une grosse administration et du business des appels d’offres.

    Ceci dit, du point de vue de ce qui est « libre » ou pas, on est bien d’accord qu’un service dont le client est libre mais pas le serveur, ça peut convaincre un directeur de cabinet d’un ministère invité aux Bahamas par Microsoft que c’est du « libre », mais pas les gens qui écrivent des articles sur le Framablog ?

  25. pro-LL

    Je trouve certains un peu durs avec l’EN et les enseignants. Moi-même, sans être informaticien professionnel, j’ai adopté Linux relativement tôt. Je me souviens avoir passé deux nuits entières à installer ma première distribution Linux, une Suse 4.2. au milieu des années 90 …

    Ayant dans mon université un service informatique refusant Linux et même nous interdisant de l’installer, je l’ai quitté pendant quelque temps puis j’ai décidé de passer outre … Mon vieux notebook a une Ubuntu spécial Notebook (avec un bureau épouvantable où je ne trouve jamais rien), édition épuisée depuis qq temps, les sites de packages ne sont plus valide, et je ne suis pas parvenu (et mes copains non plus !) à modifier les sites, j’ai une distrib pas à jour. J’ai tenté une usb bootable, ça a foiré … J’en ai acheté une (une dérivée d’Ubuntu que l’on trouve sur amazon), message d’erreur dès le début de l’installation. Après plus de 8h de recherche sur les forums et tenté d’être allé voir pendant plusieurs jours le code source, j’ai abandonné … Donc oui personnellement même si je suis un défenseur des logiciels libres, malgré mes connaissances qui sans être au top ne sont pas nulles (j’avais fait un peu d’info à Polytechnique, DEA d’informatique parallèlement à un Doctorat / HDR en maths), je reconnais que même pour moi Linux est trop compliqué et chiant à l’usage. Oui j’ai mis plusieurs softs libres, mais finalement sous windows, en espérant qu’enfin un jour une installation « basique » de Linux puisse se faire sans devoir lire pas mal de doc sur les forums. Il est vrai cependant que le ministère envoie des docs à remplir avec des macros excel, qui ne passent pas bien sur des LL (en tout cas ne passaient pas lorsque j’ai eu à remplir ces docs) ; je leur en avait fait la remarque.

    • Framatophe

      Bonjour et merci pour ce commentaire

      Non, l’argument est éculé : une distribution GNU Linux n’est pas compliquée à l’usage, et cela depuis des années. C’est même plutôt l’inverse (expérience personnelle récente de personnes âgées complètement perdues sur Windows 8 et à qui j’ai installé une distribution Ubuntu : plus aucune problème depuis lors).

      Une université (en France??) qui interdirait d’installer GNU/Linux sur les machines des enseignants-chercheurs? C’est la première fois que j’en entends parler, surtout dans des disciplines comme les maths. Je serais assez curieux de voir la circulaire qui vous oblige à utiliser MSWindows. Comment font ceux qui utilisent des Mac ? Ceci sans compter que certains instituts ont leurs propres serveurs. C’est très curieux.
      Le personnel administratif, par contre, doit souvent utiliser Microsoft, mais généralement ce parc est géré différemment.

      Je crois que fondamentalement, il y a surtout pour vous un problème de méthode et de compréhension de comment fonctionne une distribution GNU Linux :

      1. Il vous faut réinstaller une distribution, par exemple via une distribution « live » sur clé usb. Un outil qui marche plutôt bien : Unetbootin
      2. Si vous n’êtes pas à l’aise, contactez un GUL (cf quelques commentaires plus haut)
      3. le bureau peut très bien se changer si l’ergonomie ne satisfait pas : Ubuntu propose Unity mais aussi d’autres bureaux et le choix est assez large, entre Unity, KDE, Gnome, Cinnamon, et une floppée de bureaux « light »

      Et bien sûr, une distribution GNU/Linux n’est pas plus compliquée à installer qu’une version de Windows : il y a toujours un risque d’incompatibilité matérielle.

      Par contre, une dernière chose : peut⁻être que pour vous une machine sous windows mais utilisant des logiciels libres pour vos tâches quotidiennes serait la meilleure solution. Il n’y a pas d’obligation à utiliser GNU/Linux ! Après tout : un Windows équipé de LibreOffice, Gimp, une suite LaTeX (pour faire des maths et vos publications scientifiques), Firefox et Thunderbird, vous voilà déjà bien équipé !

      • pro-LL

        Disons simplement que j’ai moi-même une modeste expérience de Linux (d’une vingtaine d’années), étant passé par Suse, Debian, un peu Slackware (mais là objectivement un peu plus compliqué pour moi) puis Ubuntu.

        Il est cependant vrai que ça ne m’amuse plus de fouiller les forums, recompiler mon noyau ou corriger qq bugs en allant programmer (ma vie étant désormais trop bien remplie par ailleurs).

        Je veux bien donc que vous éclairiez ma lanterne (parce que j’ai beau être un peu idiot, je suis parvenu à installer un win 7 mais là avec (C)ubuntu je suis bloqué dès l’install (ou la MAJ)) :

        – boot d’une Cubuntu live, message d’erreur :

        « no default or ui configuration directive found »
        inutile de me dire d’aller sur les forums ou RTFM, tout ce que j’ai essayé (il y a 6 mois) s’est soldé par un échec. Là j’avoue que j’ai passé l’âge (et l’envie) d’écumer les forums et j’ai déjà perdu plus de 8h à tester ce qui est dessus. Merci donc de proposer quelque chose qui marche à coup sûr, et non les pseudos solutions sur les forums qui n’ont pas eu de succès avec moi.

        – quels sont les chemins de package pour mettre à jour une Ubuntu 12.04 édition Notebook svp ?

        Merci !

        Sinon la politique du service informatique de notre université est le contrôle intégral de tous les postes et ils ne veulent pas assurer de maintenance sous des Unix (bien que eux l’utilisent). Ca n’empêche pas la plupart des collègues du département de maths / info de ne pas respecter l’ordre.

        • Framatophe

          Hum, votre erreur « no default or ui configuration directive found » ressemble fortement à un problème lié à l’ISO de votre distribution sur votre clé USB. Soit votre clé est défectueuse, soit la somme MD5 n’est pas la bonne (entre l’image que vous avez téléchargé et al source ou la fabrication du live USB).
          Bref, c’est un problème avec ou sur votre clé, à mon avis.
          Tout ce que je peux vous conseiller (mais nous ne sommes pas un forum d’entre-aide), surtout si vous n’avez pas envie de trainer sur le net pour trouver de l’aide, c’est :
          – de refaire votre live USB de zéro (y compris en téléchargeant votre iso), et de bien vérifier l’intégrité des fichiers
          – réessayer l’installation
          – contacter un groupe d’utilisateurs de Linux ou un ami à vous qui pourra vous aider.

          Librement

  26. Yann

    L’éducation nationale achète un produit fini (win-m$), et s’en sert.

    Ou alors, l’éducation nationale paye des informaticiens pour produire les applications dont elle a besoin. C’est déjà le cas, les applications de la gestion de la paye des 1 200 000 employés, des congés, des retraites, et autres applications de gestion sont déjà codées et hébergées en interne.

    Là faudrait aussi que le poste de travail dans l’établissement soit codé en interne. Bon, l’éduc. nat. ne va peut-être pas TOUT faire, si ? Surtout que dans d’autres administrations, autant le besoin en applications de gestion sera différent car les missions sont différentes, autant les postes de travail seront identiques. Donc si chaque administration se met à coder son poste de travail de son côté, vous allez encore dire que l’administration gaspille et qu’elle devrait faire de l’inter-ministériel.

    Bref, vous demandez qu’on passe de X ministères indépendants informatiquement, qui n’ont rien à demander les une aux autres, à X ministères qui travaillent ensemble, main dans la main, à développer un poste de travail. Je vous laisse imaginer la difficulté de l’exercice (le ministère des affaires sociales travaillant avec les militaires… « drôle de mélange »).

    Et en attendant que ça se fasse, que les ministres et leurs cabinets se mettent d’accord pour bosser together, ben ils achètent windows, parce que sinon libremachin va encore écrire que l’administration gaspille à coder des postes de travail sans mutualiser…et il aura raison, ça coûterait sûrement plus cher que win$…

    • Yakumo

      Et pourtant, il y a ça: http://www.ssi.gouv.fr/administration/services-securises/clip/ (ok très orienté « milieu sécurisé » comme l’armée, ou le renseignement)

      D’un autre côté, spécifiquement pour les élèves, y a-t-il des solutions « libres » alternatifs à Microsoft (active directory et GPO) + IACA (http://iacasoft.fr/Presentation.htm) ?
      Pour ceux et celles qui l’ignorent (vu que le site officiel n’est pas forcément très explicite dessus), IACA est une surcouche à Active Directory pour les usages suivants:
      * gestion des élèves
      * gestion des profs
      * regroupement des élèves par classe
      * assignation des logiciels / imprimantes aux salles de classe
      * assignation des logiciels par classe

      -> un élève qui ouvre une session nominative dans une classe données aura:
      * les logiciels qui lui sont destinés
      * l’imprimante qui se trouve dans sa salle de classe
      * accès à son dossier personnel où il peut stocker ses exercices en cours voire ses devoirs à rendre
      * un durcissement de la sécurité sur le poste pour empêcher l’élève de faire n’importe quoi

  27. ttoine

    Le truc qu’on oublie souvent, c’est la dette technologique, en fait. Pour une startup, c’est facile de prendre une stack toute neuve, avec que des technos open source « trendy »: ils partent de rien. En revanche pour une grosse boite ou une administration qui a des bases de données métier depuis les années 70, c’est super compliqué de migrer les données et les outils. C’est pas pour rien qu’on trouve encore des AS/400 et du Cobol un peu de partout.

    Pour les plus téméraires, je vous propose de tenter de migrer une « petite » base données de 300 ou 400 Mo d’Oracle vers Postgresql (possible en théorie avec une solution comme Talend). Une fois fait, vous allez devoir ré-écrire votre application métier pour qu’elle fonctionne sur la nouvelle bdd. On parie que vous abandonnez avant de commencer, parce que ça coute moins cher de continuer à payer Oracle ?

    Et puis une équipe formée depuis 20 ans à administrer un grand réseau Microsoft, avec Windows, Active Directory, ou à l’inverse, au tout Apple, ben pour eux, installer des GNU/Linux c’est devoir se reformer, apprendre à tout configurer, mettre en place une politique de sécurité, sans pour autant être expérimenté et compétant, et tout ça pour juste quelques postes. Ils sont déjà souvent débordés avec l’activité de base, alors pourquoi se tirer une balle dans le pied en compliquant les choses?

    J’ai enseigné à l’Université Lyon II au pôle Communication, comme vacataire. Il y a une licence « Colibre » qui fait tout avec du logiciel libre (génial, d’ailleurs), alors que les autres filières sont sous Apple/Adobe. Je crois que j’en suis au stade où je préfèrerai qu’il y ait des logiciels libres bien choisis sur les Mac, en fait, plutôt que de continuer à me faire ch..r à passer moins de temps à enseigner qu’à faire de la maintenance pendant les cours sur leurs pc…

  28. Jb

    Allez hop juste un petit grain à l’édifice : comme le dit Framatophe, une partie de l’enseignement supérieur utilise plutôt linux.
    Dans les 3 universités où j’ai pu travailler ainsi que dans celles où j’ai pu étudier, le choix est simple : linux ou mac. Pas windows. Alors oui, cela concerne les maths/info/physique et est moins vrai dans d’autres domaines.
    Oui, mac a une belle part. Mais les « postes par défauts » (comprendre les pc fixes de bases par oppositions au portables qui nécessitent d’avoir des crédits « spécifiques » – ça coute plus cher) sont tous sous linux.
    Enfin un dernier mot : mac est en train de reculer. Et tous les utilisateurs universitaires de mac que je connais :
    1 – savent utiliser linux (et enseigne sous linux et utilisent plusieurs outils libres)
    2 – achètent mac pour des raisons historiques et liés au marchés publics : quand on constate que plusieurs pc (non mac) achetés sur les marchés tombent vite en panne et ceux beaucoup plus vite que les mac, on achète mac parce que le hardware est (ou du moins était) meilleur. Quant au prix … certains usage académiques nécessitent de la puissance, qui en portable a le même prix que l’on soit pc ou mac. Surtout que les marchés publics obligent de passer, pour les pc aussi, par un « gros » assembleur désigné au niveau national.

  29. Notme

    Bonjour,

    Est-ce que le timing est bon ? Najat Vallaud-Belkacem et son ministère sont très décriés dans la presse comme ailleurs. À quelques mois d’un remaniement ministériel d’envergure (et pas celui tampon qui vient d’arriver), il aurait peut-être fallu attendre une réponse nette de la « prochaine Éducation Nationale », non ? Je continuerai à installer Linux, Libre Office et Scratch dans les écoles primaires, en attendant que le gouvernement devienne compétent.

  30. Félicien

    Bonjour,
    Les articles dénonceant les prises de position aveugles et corrompues de l’institution pour les logiciels propriétaires ne manquent pas, ne serait-ce qu’à voir la quantité de références que vous incluez dans votre (très bon) article.
    En revanche, tout comme le votre, ils ne restent que des articles d’actualité (plus ou moins subjectifs), sans valeur scientifique pertinente permettant une argumentation solide.

    Je suis actuellement étudiant en Master MEEF (préparant au concours et au métier d’enseignant du premier degré), et je prépare un mémoire de recherche sur ce sujet, précisément. À l’heure qu’il est, ma question de recherche est la suivante :
    « Pourquoi l’Institution est-elle si réticente à l’introduction d’une éducation au Logiciel Libre et aux bénéfices curriculaires qu’amènent ses usages, autant dans la formation qu’au sein des pratiques scolaires ? »

    J’espère, avec ce mémoire, amorcer un début de réflexion scientifique sur les intérêts pédagogiques, éducatifs et didactiques du logiciel libre.
    Je suis encore en phase de recherche exploratoire, et je peine à trouver le moindre article en sciences de l’éducation ou même en sciences sociales, qui parle de ce refus de présenter le Libre à l’école, comme philosophie, méthode d’apprentissage ou contenu d’enseignement.
    Auriez vous des pistes ou des contacts à me proposer ?

    • Niltugor

      Bonjour,
      Je pense que pour commencer vous pouvez consulter le mémoire de Yolaine Valdati, La place du libre dans l’éducation, sous la direction de Nikos Smyrnaios, ESPE Toulouse Midi-Pyrénées, soutenu le 25/05/2016.

      • pyg

        @Niltugor : merci pour ce mémoire que je ne connaissais pas.
        Dès l’intro, tout est dit : « Les résultats de cette double étude montrent que le ministère de l’Éducation nationale
        n’est pas défavorable au libre car il représente des enjeux économiques, techniques et
        pédagogiques importants. Toutefois, l’usage des outils et des ressources libres est globalement
        en diminution à cause d’un manque de moyens, notamment à cause d’une insuffisance en
        matière de formation en TICE des enseignants. De plus, ni les personnels de l’Éducation
        nationale interrogés ni l’institution ne se posent en faveur d’un usage exclusif du libre car ils
        considèrent comme primordial de respecter la liberté pédagogique des enseignants. »

        @Félicien : bon courage pour votre mémoire !
        Ma réponse à votre question est probablement partiale et un peu simpliste, mais le rasoir d’Occam étant ce qui est…
        En effet, je pense que la raison de la réticence du Ministère tient tout simplement dans le fait qu’il n’y voit pas d’intérêt à court terme, et que les mandats électoraux poussent les ministres à lui préférer le long terme.
        Voire que maintenir le libre en état d’indigence, mais d’existence malgré tout lui permet de mieux négocier auprès de éditeurs propriétaires.
        Voire que le libre, de par ses moyens financiers structurellement très faibles, ne peut lutter contre l’influence très forte et incommensurablement plus puissante de celle des GAFAM, Microsoft en tête.
        Et la réponse tient probablement d’un mix de ces trois réponses.

        Ce qui est certain, c’est que le Ministère connait parfaitement le *potentiel* du libre, et qu’il n’y a aucun soutien volontaire, sous un fallacieux prétexte d’égalité et de neutralité (qui ne sont pas du tout respectés par ailleurs). L’équité et l’étique passent donc après le court-termisme et l’économique…

  31. DE ALMEIDA

    Bonjour,
    Prof en congé formation à l’IUT de [modération : information nominative], voici (voir ci-dessous) ce que j’ai reçu sans sollicitation de ma part sur mon adresse mail étudiant. L’IUT a donc fourni mon adresse à Microsoft!
    J’ai reçu ensuite deux relance de [modération : information nominative], Responsable du Service Informatique, [modération : information nominative]. Fonctionnaire moi-même, je croyais que les statuts de la fonction publique ne permettait pas de faire la promotion d’une entreprise privée (principe de neutralité).
    Mais avec les exemples en haut lieu, pourquoi se gêner.
    Je me demande d’ailleurs si un tel comportement n’est pas répréhensible de par la loi.

    1er message envoyé aux étudiants de l’IUT de [modération : information nominative]
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    [modération : information nominative] – Technologie de l'information – Microsoft Imagine Premium

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    [modération : information nominative] – Technologie de l’information – Microsoft Imagine Premium

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