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Comme chaque année maintenant, la Fête de l’Humanité hébergera un espace numérique largement dédié aux associations du libre.
Et c’est devenu une sorte de tradition aussi, le Framablog fait le point avec Yann Le Pollotec sur la programmation et les nouveautés.
Nous avons déjà évacué les questions des grincheux qui nous reprochaient une collusion politique avec le PCF.
Quand on fait de l’éducation populaire, il ne faut pas perdre une occasion d’aller parler à un public qui reçoit le discours avec plaisir.
La campagne Dégooglisons avait été extrêmement bien accueillie l’an dernier, notamment. Nous n’avions pas le moindre tract à ranger le dimanche soir.
Alors, Yann, verrons-nous de nouvelles têtes cette année ?
Nous aurons en particulier le projet Coopcyle de plateforme alternative et coopérative : pour un Pari(s) anti-uberisation !
Il s’agit d’une plateforme numérique développée en logiciel libre avec une condition d’utilisation : créer une coopérative. Le code ne peut être utilisé que dans le cadre d’une entreprise collective appartenant à ses travailleurs. Il a suffit qu’un développeur s’y mette pour qu’on ait la plateforme Coopcycle. Encore perfectible, elle est tout de même d’ores et déjà utilisée par une association à Toulouse. Les bases sont jetées, il reste alors à diffuser ce projet pour que coursiers et clients se les approprient.
Derrière cette plateforme l’idée est d’ouvrir une alternative concrète et viable aux coursiers en leur permettant de sortir de l’auto-entrepreneuriat sans passer par la case « salariat formel », en constituant leur propre coopérative. Au-delà du seul cas des coursiers, il s’agit de créer un nouveau bien commun, utilisable par tou.te.s, monopolisable par personne, et de participer à la construction d’un numérique au service de l’intérêt général.
Et nous présenterons aussi en démonstration permanente l’anti-Monopoly en version française : le Commonspoly. Il s’agit d’un nouveau jeu de plateau qui est une transgression du Monopoly car pour gagner il faut coopérer.
Pour en savoir plus :
- Commonspoly : le nouveau Monopoly où on ne peut gagner qu’en coopérant !
- Retour d’expérience d’usage du jeu Commonspoly
Le projet WikiDébats sera aussi à l’honneur. Il s’agit d’une encyclopédie en ligne de débats libre et collaborative. Chaque page rassemble et résume les arguments « pour » et « contre » d’un débat, ainsi que leurs objections, pour permettre à chacun de se forger une opinion « éclairée », en connaissance de cause.
Wikidébats sera présenté, à partir de divers supports de communication, de textes présentant les motivations et les enjeux du projet, et d’ordinateurs connectés à internet permettant de voir directement à quoi ressemble le site.
Côté lieux de fabrication numérique, le Fablab des Fabriqueurs sera présent pour la première fois au côté du Petit Fablab de Paris.
Enfin la webradio Libre à Toi qui maintenant émet aussi sur la bande FM, s’installera sur place et suivra en directe les trois d’activité de l’Espace.
Et de nouvelles initiatives ?
Trois grands débats :
- Vendredi 15 septembre à 17h30 : « Une société des Communs est elle possible face au capitalisme digital ? »
Avec Benjamin Coriat, économiste atterré auteur du « Retour des Communs », Alain Obadia président de la Fondation Gabriel Péri, Laurence Allard chercheuse et activiste du numérique, Arthur De Grave co-fondateur de OuiShare avec la présentation Coopcycle ; - Samedi 16 septembre à 10h30 : « Les civic-tech : Révolution citoyenne ou populisme numérique ? »
Avec Ciryl Lage président de « Parlement & Citoyens », Manu Reilhac créateur de la plateforme « Wikidébats », un.e- représentant.e de Framavox-Loomio 1 ; - Samedi 16 septembre à 18h : « L’intelligence artificielle va-t-elle nous piquer notre job et nous asservir ? Mythes et réalités »
Avec Jean Gabriel Ganascia, professeur à l’Université Pierre et Marie Curie, chercheur en Intelligence artificielle, président du comité d’éthique du CNRS, Jean-Luc Molins, secrétaire national de UGICT-CGT, Yann Le Pollotec, responsable de l’Espace numérique de la Fête de l’Huma.
Comme toujours, l’espace est auto-géré et nécessite un petit coup de pouce financier au-delà de ce qui est fourni par l’organisation de la Fête. C’est finalement un tout petit budget pour un si grand village du Libre, comment est-ce possible ?
La fête de l’Huma a un petit côté Robin des Bois puisqu’il y a une péréquation des coûts entre ceux qui peuvent le plus et ceux qui peuvent le moins. Cependant ce système de solidarité a des limites d’autant qu’en raison des événements tragiques des années 2015 et 2016 les coûts globaux de la fête liés à la sécurité ont augmenté de 400.000 €. C’est pourquoi nous devons financer de manière participative l’électricité, la liaison internet haut débit, la location du mobilier, les places de parkings exposants, les passes d’entrée pour les associations qui ne peuvent se les payer, et divers autres frais.
Et comme l’an dernier, les militant-e-s libristes sont cordialement invité-e-s à venir donner un coup de main, pour une journée ou pour une heure entre deux concerts, deux débats…
En effet, l’espace mobilise une bonne cinquantaine de bénévoles dans la joie et la bonne humeur… avec la présence déjà confirmée de l’April, du CECIL, de Creative Commons France, de Coopcycle, du Collectif Emmabuntüs, de la FDN/Franciliens.net, de Framasoft, de L’autre Net, de La Mouette, de Libre à toi, de Mageia, d’Open Edge, des Ordis libres, de Parinux, du Petit Fablab de Paris, des Fabriqueurs, d’Ubuntu, de Wiki Débat… 2
Donc rendez dès le vendredi 15 septembre sur l’Espace du numérique libre, des communs et des fablabs. Bonne fête de l’Huma 2017 à toutes et tous.
En savoir plus
Fête de l’Humanité : 15-16-17 septembre 2017 – Parc départemental Georges Valbon à La Courneuve (93) – Pass 3 jours 35€ – http://fete.humanite.fr/
Espace numérique de la Fête : http://fete.humanite.fr/La-planete-numerique
SISalp
Merci pour cette contribution et tout ce que vous faites.
Je recherche des partenaires pour un projet technique d’échange entre personnes décentralisé genre « Post-Uber ».
Dommage que CoopCycle ne soit pas sous licence de logiciel libre. Il ne nous sera d’aucune utilité.
Rendez-vous à La Courneuve.
Frédéric Urbain
Bonjour
C’est pourtant ce qu’a l’air de dire Yann. Apparemment la licence est celle-ci : Peer Production License
https://wiki.p2pfoundation.net/Peer_Production_License
Alexandre Segura
Bonjour @SISalp,
Effectivement le logiciel est open-source, mais pas libre.
Le logiciel est un bien commun, et on n’utilise pas un bien commun n’importe comment, c’est à dire en ayant une attitude prédatrice et en piétinant le droit du travail.
On considère que le modèle de la coopérative est raisonnable pour éviter ce genre d’abus.
On est tout de même dans un secteur très prédateur de l’ubérisation, donc si on met le logiciel en libre, ce sera la loi du plus fort qui s’appliquera : ceux qui auront de l’argent pourront créer les effets de réseau indispensables.
N’hésitez pas à nous contacter pour des précisions, nous allons ajouter des explications sur notre modèle économique et notre vision politique dans les jours qui viennent.
Aussi, si vous souhaitez mettre en place un système de ride sharing simple et léger, je vous conseille de regarder LibreTaxi http://libretaxi.org/
Bonne journée 🙂
Nicolas Floquet
Bonjour @Alexandre Segura. Je repère deux erreurs dans votre réponse.
1. Vous écrivez « Effectivement le logiciel est open-source, mais pas libre. ». En fait, votre logiciel ne pas être qualifié d’open source non plus.
Consultons la page wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Open_source. On y lit : « La désignation open source, ou « code source ouvert », s’applique aux logiciels (et s’étend maintenant aux œuvres de l’esprit) dont la licence respecte des critères précisément établis par l’Open Source Initiative » (OSI).
Or selon l’Open Source Definition rédigée par l’OSI (https://fr.wikipedia.org/wiki/Open_Source_Definition), un logiciel open source doit respecter cette condition de « non-discrimination contre des champs d’application : La licence ne doit pas limiter l’utilisation du logiciel à un champ d’application particulier. Par exemple, elle ne doit pas interdire l’utilisation du logiciel dans le cadre d’une entreprise […]. »
Ainsi, si la PPL (https://wiki.p2pfoundation.net/Peer_Production_License) restreint l’usage de votre logiciel au cadre des coopératives, on ne peut plus dire qu’il s’agit d’un logiciel « open source ».
Alexandre, vous commettez l’erreur malheureusement courante de résumer l’open source à « source consultable », C’est effectivement une erreur : si on retourne à l’article wikipedia de l’open source, à la section Distinction (https://fr.wikipedia.org/wiki/Open_source#Distinction), on lit : « La différence formelle entre open source et free software n’a quasiment pas de conséquence dans l’évaluation des licences. » Cette page du site de GNU https://www.gnu.org/philosophy/categories.fr.html à la section « Logiciel open source » confirme : « Le terme « open source »[…] est utilisé […] pour qualifier plus ou moins la même catégorie que le logiciel libre […] les différences entre les deux catégories sont minimes : pratiquement tous les logiciels libres sont open source et presque tous les logiciels open source sont libres. »
On peut donc dire que les expressions « logiciel open source » et « logiciel libre » sont synonymes (bien que je recommande de dire « logiciel libre » ^^). Bien entendu, elles présentent des nuances (comme tous les synonymes, en fait). Et pour mieux comprendre la différence entre Open Source et Logiciel Libre, voici un article de rms : https://www.gnu.org/philosophy/open-source-misses-the-point.html
2. Vous écrivez « Le logiciel est un bien commun ». Vous auriez certainement pu écrire « Tout logiciel publié devrait être un bien commun ».
D’une part, en ce qui concerne les logiciels publiés : oui, j’aimerai tout comme vous que ce soit le cas un jour. Mais — vous le savez bien — tous les ayant-droits de logiciels ne sont pas d’accord avec nous, et ils privent actuellement l’humanité d’une partie des droits de propriété sur les logiciels publiés, cela donne « les logiciels privateurs ». Les logiciels privateurs ne sont pas des biens communs.
D’autre part, il y a aussi le cas des logiciels non-publiés, ceux qui restent dans un cadre privé. Dans leur cas, les termes de « bien commun » ou « bien public », « open source »,« logiciel libre », et même « logiciels privateurs » sont sans objet puisque ces expressions ne peuvent s’appliquer qu’à des logiciels publiés. Un logiciels non publié peut-être appelé « logiciel privé », il s’agit d’un « bien (immatériel) privé ». Confère la section « Logiciel privé » de cette page : https://www.gnu.org/philosophy/categories.fr.html.
Merci d’avoir tout lu. ^^