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Vous ne l’avez peut-être pas remarqué car on ne s’en est pas vanté, mais certains de nos sites web ont connu de notables améliorations ces derniers mois.
Ainsi, notre page de contact et notre page de dons ont vu leur design (structuration des contenus, ergonomie, valorisation graphique, etc. ) évoluer et l’ensemble de nos sites sont désormais dotés d’un nouveau menu.
Avec cet article, nous voulons non seulement vous informer de ces mises à jour, mais aussi vous accompagner dans leur prise en main. Par ailleurs, l’ensemble de ces améliorations s’inscrit dans une démarche que nous avons envie de décrire, afin qu’elle puisse être ouverte à la critique ou, pourquoi pas, recevoir les hommages de la copie.
Un million de personnes à accompagner autonomiser
En général, quand on décide de mettre à jour un site web, c’est parce qu’on a constaté que des améliorations pouvaient y être apportées. Notre motivation première derrière ces améliorations est de permettre aux internautes utilisant nos services d’être davantage autonomes dans leurs usages. Après avoir présenté, notamment lors de la campagne Degooglisons Internet, les possibilités offertes par les logiciels libres, Framasoft souhaite offrir un accès plus simple et plus rapide à la galaxie des services, projets et ressources qu’elle met à disposition de toutes et tous.
Accueillant chaque mois plus d’un million de visiteur⋅ses sur nos sites web, nous faisons le constat que nous ne pouvons accompagner humainement chacun⋅e dans la découverte de notre univers. Et parce que cet univers est foisonnant, nous sommes conscient⋅es que c’est souvent frustrant pour vous de ne pas bénéficier de cet accompagnement. Mais, contrairement aux géants du web qui appliquent un design de l’autorité sur leurs plateformes, vous mettant dans une position infantilisante d’hyper-consommateur⋅ices, chez Framasoft, nous vous considérons comme des contributeur⋅ices. Et c’est à ce titre qu’il est pour nous essentiel de repenser nos interfaces afin que vous puissiez, en toute autonomie, davantage vous y retrouver.
En parallèle, nous avons aussi constaté que nous recevons énormément de questions via notre formulaire de contact dont les réponses sont déjà publiées dans notre foire aux questions, dans les guides d’utilisation des outils que nous proposons ou bien sur notre forum d’entraide Framacolibri. Répondre à ces demandes (en renvoyant vers ces ressources) est une tâche répétitive assez peu valorisante pour les personnes en charge du support. En nous lançant dans cette refonte, nous avions donc aussi en tête la nécessité de cesser l’augmentation de ces demandes.
Cependant, simplifier l’accès à un ensemble de contenus nous a beaucoup questionné. Comment mettre cela en œuvre ? Comment ne pas tomber dans le piège du dédale de clics ? Comment autonomiser nos utilisateur⋅ices sans que cela créé avec elleux une relation froide et distante ? En gardant en tête que sur un site web, l’internaute doit identifier rapidement où il est (est-ce la page que je souhaitais voir ?), où il peut aller (vais-je pouvoir trouver facilement ce que je cherche sur ce site ?) et d’où il vient (quel chemin m’a amené à cette page ?), nous avons décidé de repenser totalement le menu de nos sites web et l’expérience d’utilisation de notre page de contact tout en améliorant la structuration des contenus et l’ergonomie de notre page de dons.
Une page de contact actualisée
Cette nouvelle page de contact vous informe dès votre arrivée de qui nous sommes et des moyens que nous mettons à votre disposition pour vous aider lorsque vous rencontrez des difficultés. L’accès au formulaire de contact n’est plus aussi immédiat qu’auparavant car nous espérons que vous n’aurez au final plus besoin de vous en servir, ayant trouvé l’information que vous recherchiez. C’est d’ailleurs en cherchant comment résoudre au mieux vos problèmes que nous avons trouvé comment résoudre le nôtre (l’augmentation de l’activité du support).
Vous l’aurez sûrement remarqué, nous avons revu totalement le design de cette page. Pour vous accueillir, la magnifique illustration de David Revoy se veut douce et rassurante. Car même si nous ne sommes pas en mesure d’accompagner humainement chacun⋅e d’entre vous, cette page de contact ne vous laisse pas seul⋅e face à votre question. C’est d’ailleurs en étant à l’écoute de vos besoins que nous avons reformulé les intitulés des six catégories de contact. En attribuant une couleur spécifique à chacune de ces catégories, vous pouvez vérifier à chaque moment de votre navigation que vous êtes sur le bon chemin.
Structuré en 4 étapes (pré-requis, service concerné, FAQ, formulaire), ce nouveau parcours est pensé pour que vous puissiez prendre connaissance des questions auxquelles nous avons préalablement répondu dans notre foire aux questions (FAQ) avant de nous contacter. Nous vous incitons aussi très fortement à consulter nos guides et astuces d’utilisation lorsque vous avez des questions sur un service en particulier. Nous avons d’ailleurs revu et enrichi les contenus de ces deux ressources pour qu’elles soient plus faciles à comprendre.
Si vous ne trouvez réponse à votre question ni dans la FAQ, ni dans nos guides d’utilisation, peut-être votre question vaut-elle la peine d’être publiée sur notre forum. Framacolibri est un espace d’entraide où de nombreuses personnes pourront vous aider à comprendre pourquoi vous n’arrivez pas à utiliser telle fonctionnalité de tel service. D’ailleurs, dans l’article Ce que Framasoft a fait durant le (premier) confinement que nous avons publié il y a quelques jours, nous rappelions que pendant cette période si particulière, une communauté d’aidant⋅es numériques avaient spontanément proposé leur aide sur le forum (merci à elleux !). Cette dynamique d’entraide collective ne s’est pas essoufflée et nous vous invitons à en faire l’expérience.
Ce nouveau dispositif d’aiguillage (catégorie, faq, guides, forum) nous permet d’identifier au plus vite votre besoin afin d’y répondre au mieux en mettant en avant des ressources adaptées pour que vous puissiez vous les approprier. Mais il peut arriver que nos ressources ne répondent pas à votre besoin. Dans ce cas, ou si votre question doit rester confidentielle, qu’elle implique de devoir divulguer des informations personnelles et privées, alors nous vous invitons à utiliser notre formulaire de contact.
Un menu enrichi pour mieux vous orienter
Avant, tous nos sites web étaient dotés d’un menu situé, de manière très classique, en haut de toutes les pages. Ce menu vous permettait d’accéder à notre galaxie de sites web. Mais comme on est plutôt prolixe en la matière, ce menu avait grossi avec le temps et la multiplication de nos projets, ce qui ne le rendait plus vraiment utilisable facilement. C’était particulièrement le cas si vous vous rendiez sur nos sites web à partir d’un appareil mobile, doté d’un écran plus petit : certaines rubriques du menu étaient si longues qu’elles ne pouvaient s’afficher en entier. De plus, sur certains de nos services, cette barre de menu pouvait être perturbante car elle se superposait au menu de l’outil lui-même, pouvant troubler certain·es internautes.
On a donc repensé totalement la façon dont vous pouvez accéder à nos contenus dans ce nouveau menu désormais accessible via un bouton situé en haut à droite de chacun de nos sites web. Placé ainsi, il ne perturbe plus l’affichage des menus des outils que nous proposons et il s’adapte de façon automatique à la taille de votre écran. Reproduit sur l’ensemble de nos sites web, ce nouveau menu vous permet de savoir d’un seul coup d’œil que vous êtes sur l’un des sites de la galaxie Framasoft. Une fois que vous avez cliqué sur ce bouton, une barre latérale s’affiche à droite, en surimpression du site sur lequel vous êtes.
Par défaut, ce menu vous est proposé selon une vue par catégories (4 en l’occurrence) pour favoriser la découvrabilité des actions de Framasoft. Vous avez la possibilité de modifier cet affichage en sélectionnant la vue sous forme de grille pour trouver plus aisément un service ou un outil spécifique (puisqu’ils sont classés par ordre alphabétique). Nous avons aussi ajouté un bloc de recherche où vous pouvez directement indiquer ce que vous cherchez. Lorsque vous utilisez la recherche directe, il vous est proposé d’étendre votre recherche sur le web ou à l’ensemble des sites de Framasoft, au Framablog, au forum Framacolibri, à l’annuaire Framalibre ou à notre instance PeerTube de diffusion de vidéos, Framatube.
Conceptualisée en 2012, la structuration du menu n’était plus pertinente au regard de l’évolution de nos projets. Nous nous sommes donc questionné⋅es sur la meilleure façon de vous mener vers nos différents outils. Pour cela, nous avons pris en compte des remarques qui nous ont été faites. Nous avons, par exemple, décidé d’archiver certains de nos projets, certes pertinents au moment de leur création, mais n’ayant pas été mis à jour depuis plusieurs années. De plus, nous avons souhaité que ce menu vous donne accès directement à davantage d’informations. Ainsi, vous n’avez plus besoin de vous rendre sur la page d’un outil ou d’un projet pour savoir exactement de quoi il s’agit.
En plus d’un accès totalement remanié à nos contenus, ce nouveau menu s’enrichit d’un bloc intitulé Entraide qui vous donne immédiatement accès à plusieurs ressources. Notez que les contenus qui apparaissent lorsque vous cliquez sur la rubrique « Obtenir des réponses » sont adaptés au service (ou projet) que vous êtes en train de consulter. Nous vous affichons l’information la plus adaptée à votre usage pour que vous puissiez y accéder en seulement 2 clics. Notez aussi que nous utilisons le même habillage graphique pour ces ressources.
Une nouvelle peau pour notre page de dons
Alors que ça faisait un moment qu’on y pensait (quasiment 2 ans), alors qu’il s’agit du fameux « nerf de la guerre » (Framasoft ne vit que grâce à vos dons), notre page de dons a finalement fait peau neuve, elle aussi. Nous avons repensé l’organisation des contenus afin de vous apporter plus facilement des réponses, mais sans vous surcharger d’informations.
Cette page se compose désormais de 4 blocs horizontaux :
- un nouveau formulaire de dons valorisé par une illustration de David Revoy,
- 6 textes synthétiques répondant à la question Pourquoi soutenir Framasoft ?
- une présentation de Framasoft en quelques chiffres
- une liste de réponses aux Questions les plus fréquentes
Vous aurez peut-être remarqué que le design du formulaire de dons change désormais de couleur en fonction du type de dons (entourage jaune pour les dons mensuels et entourage bleu pour les dons ponctuels). Nous recevions de temps en temps un message de certain⋅es donateur⋅ices qui croyaient avoir complété leurs informations pour un don ponctuel alors qu’iels avaient réalisé un don mensuel. Nous nous sommes donc dit que cette différence n’était pas assez explicite sur le formulaire et que nous devions penser un nouveau design pour que cette situation ne se reproduise pas. C’est aussi suite à plusieurs de vos retours que nous avons ajouté à ce formulaire une case (cochée par défaut) « Je souhaite recevoir un reçu fiscal » qui automatise l’envoi de votre reçu fiscal chaque année.
En mettant à jour les textes explicitant à quoi servent vos dons, nous avons souhaité mieux expliquer comment nous fonctionnons, quelles sont nos principales actions et quelles valeurs nous portons. Ces textes sont moins longs, plus synthétiques, car nous voulons aller à l’essentiel. Nous avons repensé le bloc Framasoft en quelques chiffres pour ne faire apparaître que quelques chiffres-clés. Nous n’étions plus très à l’aise avec cet effet un peu racoleur de « performance » qui arrive lorsqu’on met en valeur certains chiffres. Nous avons choisi un affichage qui, nous l’espérons, rend sobrement compte de nos actions, sans se pavaner, et sans fausse modestie.
voir la page « Soutenir Framasoft »
Vos retours font leur chemin !
Ce n’est pas facile de réfléchir aux interfaces qui nous permettent de vous mettre en relation avec nos actions : voilà donc une bonne chose de faite ! On espère que vous partagez notre enthousiasme pour cette refonte.
Prenez le temps de vous approprier la nouvelle version de ces outils et n’hésitez pas, ensuite, à nous dire ce que vous en pensez sur le forum : ça nous permettra de réfléchir à de futures améliorations. Mais, ne vous emballez pas trop tout de même, on ne vous promet pas une nouvelle refonte tous les ans !
Un grand merci à l’équipe salarié⋅es pour le travail réalisé, et un grand merci à vous de continuer à nous soutenir.
Yugzh
Cet article est un exemple parmi tant d’autres de ce qui est à mes yeux un des piliers fondamentaux de Framasoft : son formidable aspect éducatif.
Chacun de vos choix, quel qu’il soit, semble être questionné librement, réfléchi collectivement et proposé ensuite à toute la communauté de manière claire, argumentée et transparente. J’ai l’impression grâce à vous d’apprendre jour après jour un peu plus ce qu’est le libre, bien au delà du logiciel. Je me sens véritablement guidé petit à petit vers une prise en main autonome de ma vie numérique, vers une posture non plus de consommateur mais bien de contributeur émancipé. Et, l’air de rien, faire un article qui expose de simples évolutions dans la navigation et l’interface des sites de Framasoft nous invite encore une fois à nous questionner. Alors merci encore de prendre ce temps de documentation !
(ps : il est écrit dans l’article « Framasoft en vit que grâce à vos dons », peut être une erreur de frappe : « en » au lieu de « ne » ?)
Booteille
Complètement d’accord avec toi !
Je pense sincèrement que Framasoft, de par son humanité, ouvre des voies importantes sur la manière de pouvoir s’organiser en collectif.
D’ailleurs, l’article m’a incité ce coup-ci à faire un don mensuel au lieu de rester sur du don ponctuel. Comme ça, les membres de Framasoft peuvent voir venir l’argent et s’adapter en conséquence.
Pouhiou
Marchi !
(et l’erreur a été corrigée par Yann, merci à lui)
C’est toujours compliqué de parler de ce que l’on fait, d’une part parce qu’on peut avoir tendance à romantiser (même sans forcément avoir envie de se la péter, hein), d’autre part parce qu’on ne veut pas se poser en exemple.
Mais on a la volonté de montrer que le numérique c’est pas magique, ce sont des humain·es qui font des choix dans des circonstances selons leurs moyens… Et que ces choix ont une portée… politique (sur la vie de la société), du coup.
Avec ce commentaire, j’ai l’impression qu’on a atteint le but de cet article : exposer simplement non pas ce que l’on a fait, mais dans quelels conditions et pourquoi, et ce que cela implique dans le relationnel.
Bref : merci de ce retour !
Piup
[Coquilles – ce message pourra être supprimé ensuite]
– « nous avons pris en comte » => compte
– « Framasoft en vit que grâce à vos dons » => « en » => ne
Yann Kervran
Merci pour les indications, c’est corrigé.
Donat ROBAUX
Je me suis permis de piquer l’intro pour remettre sur la page Contacts d’OSM 😉 car c’est aussi un pb pour nous.
Pouhiou
Obah si ça peut aider les ami·es d’OSM, c’est encore plus mieux ! Merci à toi !
Pouhiou
Le talent de Jo est à la hauteur de sa discrétion. Sur ces travaux qu’il a orchestré, il a aussi été aidé entre autres de Maiwann (principalement) ainsi que de Spf, Angie, Pyg et moi (et j’oublie forcément du monde, et pardon).
Henri
Bonjour,
… et bravo à toute l’équipe de Framasoft pour les valeurs que vous défendez, pour votre professionnalisme, votre technicité (que j’ai eu l’occasion d’apprécier) et la qualité du travail que vous réalisez au quotidien.
Vous faites une large part, dans votre dernier billet, au financement de Framasoft par les dons des visiteurs et de l’amélioration de la page dédiée à ce service.
Ceci a suscité chez moi une petite réflexion que je me permets de vous livrer :
Quand je fais un don de 100€ à Framasoft, l’état me reverse 66€ en crédit d’impôt.
Le bilan final de l’opération est donc le suivant :
– je verse 33€ à Framasoft de ma poche,
– l’état verse 66€ à Framasoft,
– Framasoft reçoit 100€.
De la somme de 100€ que reçoit Framasoft, la plus grosse partie provient des fonds publics, donc des impôts de tous les français, qu’ils soient ou non donateurs, qu’ils utilisent ou non les services de Framasoft, qu’ils soient ou non imposés sur le revenu (tout le monde paye la TVA, entres autres multiples taxes !…).
Le fait, pour moi, d’effectuer un don qui me coûte en réalité 33€, me permet, en fait, de DÉCLENCHER le versement automatique de 66€ d’argent public à Framasoft. Grâce à ce mécanisme, l’ensemble des français (qu’ils le veuillent ou non) participent au financement de cette association. Les donateurs versent simplement « un peu plus » que les autres et surtout ils contrôlent le montant de l’argent public qui est versé.
Pourquoi un dispositif aussi avantageux pour l’association a-t-il été mis en place et perdure-t-il ?
Parce que l’association Framasoft a été reconnue « d’Intérêt Général », ce qui est une excellente chose !!! Mais cet avantage est assorti d’obligations…
Framasoft étant une association par cooptation, il n’y a aucun moyen d’adhérer. De plus, l’équipe ne souhaite pas s’étoffer pour mieux s’organiser et se mettre ainsi en capacité de répondre à la demande toujours croissante qu’elle rencontre. Ceci est pourtant la rançon de son succès et la preuve de son « Intérêt Général » !
La charte de l’association précise bien que : « Si un grand nombre de personnes encouragent financièrement Framasoft à maintenir ses services, un plus grand nombre encore sera en mesure de les utiliser et ils pourront de même être améliorés ». Fort heureusement, le financement de Framasoft par les dons n’est absolument pas en péril, comme cela a été expliqué, à maintes reprises, sur le site.
Malgré cela, Framasoft a engagé une démarche de fermeture de certains de ses services. Je prends l’exemple de Framasite, car c’est un merveilleux service qui fonctionne fort bien et que j’utilise modestement. Il est apprécié et très utilisé. Pour preuve : il n’y a pas moins de 3886 sites, 2380 wikis et 4782 pages créées (source Framasoft) !
Une recherche Internet montre que beaucoup de Framasites ont été créées par des associations ayant de très petits moyens et dont c’est la seule vitrine. On trouve des enseignants, des associations d’entraide, d’écoles, d’autres visant à faire découvrir les logiciels libres, la musique, la poésie, d’autres faisant la promotion de l’écologie, des circuits courts, des valeurs humanistes ou incitant à la réflexion… Ce service présente donc bel et bien un « Intérêt Général » tout à fait en conformité avec la Charte et les articles 200 et 238bis du CGI.
Que dirait-on si la SPA (autre association d’Intérêt Général) décidait, pour ne pas trop grossir (!), de limiter son activité en fermant les refuges qui ne sont pas situés dans la région lyonnaise ?
Tout cela fait réfléchir…
Bonne journée et longue vie à Framasoft !
Bien cordialement
Henri
Pouhiou
Bonjour,
Et merci Henri de poser ici ces réflexions.
L’esprit de la loi des déductions fiscales, tel qu’il m’a été expliqué, est que l’état se désengageant (ou « ne pouvant pas s’engager ») de certains fronts, il permet à des contribuables de « flécher » une partie de leurs impôts par le mécanisme de la déduction fiscale.
On n’est donc pas sur une décision publique (de l’état ou de collectivités) de financer telle association : sinon il s’agirait de subventions, encadrées par des dossiers des rapports, des commissions, etc. On est sur des multitudes de décisions individuelles, qui sont de l’ordre du don, et dont une partie d’entre elles (et il est impossible de déterminer combien) induisent déduction fiscale de 66 % de la somme.
Cette nuance est très importante pour la notion de reddition des comptes et le positionnement : Framasoft n’est pas financé par l’impôt, mais par le don. Nos obligations morales (de transparence, de reddition des comptes, etc.) ne sont donc pas envers l’état, ni même envers le « grand public », mais envers les personnes qui bénéficient de nos actions, ce qui englobe les personnes qui nous font un don.
Je distingue ces obligations morales des obligations légales, qui sont encadrées par la loi (respect de la loi de 1901, compta validée par un commissaire au comptes indépendant, etc.) et relativement faciles à respecter. Notez que cela inclut la reconnaissance d’intérêt général : la majeure partie des assos loi 1901 en France peuvent en bénéficier (il faut une gestion désintéressée,une activité non lucrative et un cercle de bénéficiaires étendu : https://www.economie.gouv.fr/cedef/association-reconnue-interet-general ). C’est hyper commun et loin d’être aussi lourd que la reconnaissance d’utilité publique (dont Framasoft ne bénéficie pas).
Tout cela pour dire qu’il ne s’agit pas d’un dispositif avantageux qui a été mis en place pour Framasoft : il est à la portée d’un très grand nombre d’assos, dont une partie des membres du collectif CHATONS, auquel nous contribuons activement. Les structures membres de ce collectif proposent, avec la même éthique que Framasoft, des hébergements de services (dont la possibilité de faire des sites web), ainsi que des modes de gouvernance différents de celui de Framasoft (il y a beaucoup d’associations qui ne sont pas par cooptation par exemple).
Mon problème de fond avec votre commentaire est que vous essayez, avec l’argument de la reconnaissance d’intérêt général d’une part et celui la masse de Framasites et Framawikis d’autre part, de faire reposer la charge de maintien de service sur les épaules de Framasoft. Comme s’il s’agissait d’un devoir dont nous devrions nous acquitter.
Cela me pose d’abord un problème de gouvernance.
Certes, les choix de Framasoft en la matière sont discutables. Nous pensons qu’être une association par cooptation est pour beaucoup dans notre efficacité et dans la réussite du collectif créé, mais nous n’ignorons pas qu’il ne s’agit pas d’une gouvernance restreinte à un petit nombre de personnes. Nous avons fait le choix (discutable, certes) de ne pas mettre du temps et de l’énergie à l’animation de décisions impliquant le public que l’on touche (que ce soient les ~ 10 000 personnes qui nous font un don ou les ~ 1 000 000 personnes qui bénéficient de nos actions). Ce serait un travail pharaonesque : pour l’entreprendre il nous faudrait cesser bien des activités : lesquelles ? Pour quelle efficacité ? Est-ce l’objet de nos actions et de notre association ?
Pour autant, je ne crois pas qu’être reconnu d’intérêt général induise un devoir de gouvernance ouverte à chacun·e. Ce n’est pas parce que j’ai fait un don (déductible de mes impôts) à l’asso de théâtre de ma commune qui a joué Les Fourberies de Scapin l’an dernier qu’ils et elles ont le devoir de monter Le Malade Imaginaire cette année (ou de rejouer les fourberiesr). Le fait que leur travail soit utile aux profs et classes de ma commune n’induit pas que la troupe a le devoir de doubler ses membres (et perturber ainsi son collectif, ses équilibres : bref les vies qui la composent) afin de jouer ces deux pièces de Molière cette année.
L’autre problème que j’ai avec ça est un problème humain.
Si vous avez le droit d’imposer un « Framasoft doit maintenir Framasites » alors vous m’imposez (je suis co-directeur de l’association) la tâche d’envoyer un ou une de mes collègues au burn out. Ou de leur imposer des tâches qu’ils vont trouver ridicules, absurdes, ingrates (on en a notre lot, hein, mais on essaie d’éviter la souffrance au travail, tant que faire se peut). Ou de leur imposer un changement radical dans l’organisation de l’asso en rajoutant X nouveaux collègues (et de risquer le burn out pour la co-direction qui doit donc tout réorganiser dans le salariat à Framasoft).
Sans vouloir dramatiser, ce que je veux exprimer c’est que de telles décisions ont des ramifications. Maintenir « Framasite », c’est pas juste pousser un bouton ou taper trois lignes de code. Cela induit de la charge d’infogérance, mentale voire émotionnelle (si, par exemple, un pédocriminel utilise votre service de site web pour héberger du contenu révulsant et criminel, qui envoyez-vous gérer la situation ?). Imposer un devoir de maintenance, c’est l’imposer à des humains.
Je ne veux certainement pas pour autant dédouaner Framasoft de toute responsabilité. Nous essayons d’avoir un maximum de transparence, d’affirmer nos choix comme tels (sans subterfuges de type « il n’y avait pas d’autre alternative »), d’être à l’écoute de tous les commentaires et retours (que l’on soit d’accord ou non), et nous avons toujours conscience que ce que nous impulsons ne marche que lorsque des personnes s’y intéressent, s’en emparent, voirent y contribuent ou soutiennent par un don.
Les choix que nous prenons ne sont jamais pris à la légère (même quand il s’agit de faire une connerie comme Framaprout). Ces choix, nous les remettons régulièrement en question (hier encore, nous avons eu une réunion sur les fermetures de services et prévoyons de modifier certaines décisions). Nous essayons de peser toutes les implications pour chaque décision, et cela demande une connaissance de nombreuses composantes que tout le monde n’est pas prêt à apprendre et prendre en compte.
Pour conclure (et vraiment merci, car vous avez offert une belle matière à réflexion), j’entends que les choix d’être une association par cooptation et de la limitation de croissance de Framasoft sont au cœur de votre problème. Ils sont aussi au cœur de votre solution. Ces choix nous ont poussé à proposer l’essaimage en répons à la croissance, la décentralisation face au cumul des usages sur les Framachins. Ils nous ont poussé à initier et soutenir le collectif CHATONS (nous y contribuons beaucoup car nous y croyons beaucoup), et nombre de ses structures-membres proposent des solutions alternatives aux framasites et framawikis. C’est, d’ailleurs, une des 10 bonnes raisons de Déframasoftiser Internet que nous avions évoqué pour expliquer notre démarche.
Henri
Bonjour,
Et merci d’avoir pris le temps de me lire et de me répondre de manière aussi précise.
Il y a quelques points, cependant, dans votre argumentaire, qui m’ont interpellé :
[Maintenir « Framasite », c’est pas juste pousser un bouton ou taper trois lignes de code. Cela induit de la charge d’infogérance, mentale voire émotionnelle (si, par exemple, un pédocriminel utilise votre service de site web pour héberger du contenu révulsant et criminel, qui envoyez-vous gérer la situation ?)]
==> Est-il besoin de préciser que j’en suis parfaitement conscient (tout autant que vous, je pense !). Et d’ailleurs, je salue ici le travail remarquable des personnes qui assument, dans l’ombre de leurs écrans, ces tâches au quotidien. Qu’elles en soient sincèrement remerciées !
[Si vous avez le droit d’imposer un « Framasoft doit maintenir Framasites » alors vous m’imposez (je suis co-directeur de l’association) la tâche d’envoyer un ou une de mes collègues au burn out. Ou de leur imposer des tâches qu’ils vont trouver ridicules, absurdes, ingrates (on en a notre lot, hein, mais on essaie d’éviter la souffrance au travail, tant que faire se peut). Ou de leur imposer un changement radical dans l’organisation de l’asso en rajoutant X nouveaux collègues (et de risquer le burn out pour la co-direction qui doit donc tout réorganiser dans le salariat à Framasoft).]
==> Je ne prétends bien évidemment à aucun droit dans ce domaine ! Je suis juste un modeste utilisateur de services Framasoft, et aussi l’un des 10000 donateurs annuels… Loin de moi l’idée d’imposer une charge de travail exagérée ou inappropriée à certains de vos collaborateurs.
Ce que je ne comprends pas, en revanche, c’est que vous raisonnez sur la base du postulat d’un « effectif constant » (9 salariés et 35 membres) alors que les besoins sont croissants et que les ressources ne manquent pas. Il est évident qu’une augmentation progressive des moyens humains, si elle était décidée, devrait s’accompagner d’une augmentation tout aussi progressives des moyens dédiés à la gouvernance, des moyens matériels et d’une adaptation de l’organisation. Il me semble que c’est le lot de toute entreprise humaine en pleine croissance, qu’elle soit associative, humanitaire ou dédiée au business ! D’aucuns s’en féliciteraient et prendraient plaisir à relever le défi !
La crainte, parfois évoquée, d’un risque d’explosion comparable à celui des GAFAM me semble tout à fait infondée : Framasoft en est encore infiniment loin !!! De plus, seule la conservation de l’esprit et de la finalité sont déterminants. Pour reprendre l’exemple de la SPA qui m’est cher, sa croissance (660 salariés, 21209 adhérents, 4000 bénévoles…) ne l’a pas empêchée de garder le cap et de fournir toujours plus de services, tellement utiles ! Bien au contraire !
Plutôt que d’organiser et de soutenir la croissance de Framasoft, vous avez choisi l’essaimage (l’un n’empêchant pas l’autre…). Je respecte ce choix et, comme probablement beaucoup d’autres bénéficiaires, je vais m’employer à l’intégrer, le plus intelligemment possible, dans ma propre démarche. Pour ce faire j’ai (nous avons…) besoin d’informations, de guides, de tutos, de conseils, bref d’accompagnement…
Ça tombe bien : Framasoft est issue du monde éducatif et se définit comme étant, avant tout, une association d’éducation populaire !
Bien sûr, on ne part pas de zéro. Il existe des tutos et des guides sur Framacloud, des softs sur Framagit… Le tout d’un bon niveau ! Cependant, ce qui manque, à mon sens, c’est une procédure globale décrivant pas-à-pas les étapes d’une migration réussie (en les expliquant pour permettre au lecteur de les comprendre et donc de les adapter).
On partirait d’un Framasite en production (avec le thème, tous les plugins, l’administration, Mathjax, la page contact, etc.) et aboutissant au même site auto hébergé ou installé sur la plateforme d’un Chaton. Au besoin, en renvoyant vers des docs déjà écrites, en les complétant si nécessaire. Ça commencerait par la sauvegarde compressée des pages du site (qu’on sait déjà faire)…
Compte tenu des orientations prises, c’est mon attente la plus pressante et je sais que Framasoft dispose de toutes les compétences requises pour mener à bien la rédaction d’un tel document.
Je vous remercie encore !
Bien cordialement
Henri
PS : Pardonnez-moi si vous me trouvez un peu direct, voir agressif… Sachez que je suis, depuis de longues années, un défenseur indéfectible de l’éthique Frama et de tous les Framachins. Chaque fois que je peux, j’essaie de placer un Framaservice en lieu et place d’un Googleservice ou autre. Le plus souvent, mes interlocuteurs ignoraient l’existence de l’alternative proposée, et après l’avoir essayée, ils en sont plutôt contents. Face aux géants, il n’est pas facile de se ménager une « visibilité » satisfaisante !
Pouhiou
Bonjour Henri,
Avant tout, je veux répondre à votre : [ Pardonnez-moi si vous me trouvez un peu direct, voir agressif… ]
Pas du tout ! Le fait que vous remettiez en question nos choix, leurs prédicats, voire que nous ne soyons pas d’accord sur les méthodes ou les priorités, ce n’est pas agressif, c’est de la discussion. Personnellement, j’ai pris un grand plaisir à vous répondre (et vous noterez que moi-même je n’ai pas hésité à décrire de manière frontale certains enjeux et leurs conséquences, sans que cela ne soit agressif à votre égard, du moins je l’espère !).
C’est vraiment agréable de faire cet effort de transparence et de remise en question (d’ailleurs, la première réponse que je vous ai faite risque d’être réadaptée en réponse dans notre FaQ).
Par ailleurs, merci de vos compliments pour le travail accompli, que je prendre soin de transmettre à qui de droit.
Le point de désaccord que nous avons, c’est notre choix de freiner la croissance de Framasoft.
Il faut d’abord savoir que Framasoft sort tout juste d’une crise de croissance. En octobre 2014, nous lançons Dégooglisons Internet avec 2 salariés que l’asso n’est pas sûre de pouvoir payer à la fin du mois. C’était un baroud d’honneur, Framasoft risquait de mourir, plutôt que de lancer un appel au secours on a visé la lune.
En Janvier 2015, je suis embauché à mi temps par l’asso (alors encore fauchée, mais sortie du danger : je suis embauché en contrat aidé CUI-CAE) comme « 3e salarié », ce qui était le nombre maximal d’employé·es connu par Framasoft.
En 3 ans de Dégooglisons (fin 2014 => fin 2017), on est passé·es de 3 à 8 salariées, avec un budget multiplié par 3. Cela a induit de gros changements dans notre fonctionnement : déséquilibre entre les rythmes salariés et bénévoles dans l’association, nouveaux besoins de direction et d’accompagnement salarié, augmentation de la charge de travail et de projets, etc.
Cette expérience n’a pas forcément été facile (j’ai, pour ma part, vécu un burn out suite à cette période, et ce malgré le soin que l’on prend les uns des autres), cela nous a bousculé·es, et nous en avons tiré des leçons sur nos priorités. Nous avons donc passé du temps et de l’énergie à réorganiser et accompagner la croissance interne à Framasoft. Nous avons notamment acté le fait que pour prendre soin des bénéficiaires de nos services, il faut d’abord prendre soin de nous en interne.
Cela signifie prendre un temps pour se détacher des attentes très fortes d’outils numériques éthiques, visibles, pratiques, gratuits, etc. afin de mieux écouter en nous ce que nous sommes capables d’accepter et ce qui va au delà de nos limites. Clairement, le fait de grossir dans un collectif qui aille au delà de la bande de potes est au delà de nos limites.
Oui : devenir une une entreprise (une coop, que sais-je) de 11 à 50 employé·es serait à notre portée sans que Framasoft ne devienne une Google du Libre. Cependant cela remettrait en question à la fois nos modèles internes (d’organisation collective) et externes (on ne pourrait plus, dès lors, être financé à 98 % par les dons, par exemple). Cela changerait drastiquement le travail de chacun·e des membres présent·es, bénévoles comme salarié·es. Or nous n’en avons tout simplement pas envie.
Personnellement, alors que je suis hyper privilégié par mes conditions de travail à Framasoft (autonomie, reconnaissance, humanité, sens, relationnel, rémunération), je n’hésiterai pas à remettre en question mon poste au sein de l’association si le choix est de grossir en mode PME. Je pense que je préférerais démissionner, et me remettre à écrire mes romans. Je sais que je ne suis pas le seul. Il me semble même que nous sommes majoritaires au sein de l’association.
Car on ne peut décorréler la manière dont nous montons nos actions (à la fois avec une éthique et un soin des humain·es, mais aussi un côté trublion associé à l’efficacité rustre d’un bulldozer) de la manière dont nous voulons être au monde. Si nous pouvons appliquer certaines valeurs dans nos actions, c’est parce que nous les avons d’abord expérimentées au sein du groupe que nous sommes.
Je pense que cela peut être vu comme égoïste : mais c’est parce qu’on priorise les humain·es qui font des actions au sein de Framasoft que ces actions parlent et bénéficient ensuite efficacement à de nombreuxses humain·es. À mes yeux, cela juste marche, avec une certaine limite (celle de notre croissance). Si en revanche on considère comme prioritaires les besoins qui nous sont exprimé·es, alors Framasoft sera (j’en ai l’intime conviction) noyée sous le tsunami et devra changer drastiquement son identité.
Nous avons donc voulu répondre à cette limite de la croissance par un positionnement fort. Notre rôle n’est pas de fournir des services éthiques à toutes les personnes qui en ont le besoin et l’envie, notre rôle est de montrer que ça marche et de paver le chemin pour les fournisseurs de services éthiques de demain (et y’a de la place pour monter des offres commerciales et en vivre dignement).
C’est ce positionnement qui fait qu’une grande partie de nos activités aujourd’hui concernent l’essaimage et les outils d’émancipation : animation du collectif CHATONS (avec un wiki où on partage les expériences), outils d’éduc pop (Résolu, Mooc CHATONS, Métacartes), accompagnement de structures et collectifs dans leur émancipation numérique… Ces actions répondent (ou répondront, une fois arrivées à maturité) en grande partie aux besoins que vous exprimez. Si ce n’est qu’il n’y a pas vraiment de solution unique clé en main (même si pour certains usages un Nextcloud ou un Yunohost peuvent y répondre, c’est même pour cela que nous contribuons aussi à ces projets).
Aujourd’hui, nous voyons plus Framasoft comme une pépinière d’expérimentations, qui permet à des idées farfelues de croître puis de prendre leur place ailleurs dans la société.
Et nous n’avons pas encore pris le temps d’expliciter et de communiquer ce rôle et ces valeurs, donc c’est normal que ça grince et que ça interroge. Nous voulons prendre du temps sur les années à venir pour formaliser tout cela plus clairement (par un Framanifeste ?), afin que ce soit plus clair pour nous mais surtout pour les personnes qui nous soutiennent dans et contribuent à nos actions.
Mais c’est prévu : la route est juste, une nouvelle fois, longue ;).
kinou
Bonjour,
Je fais partie des bénévoles de Framasoft et mon point de vue est assez proche de celui de Pouhiou ce qui se comprend la décision de limiter les services est commune à l’asso. Même si j’ai du temps de libre je ne passe pas autant de temps pour Framasoft qu’un salarié. Plus ils sont nombreux et plus nous, les bénévoles, nous « prenons du retard » sur ce qui se passe.
Si Framasoft continuait de grossir alors, personnellement, je ne serai plus sûre de pouvoir être utile et dans ce cas peut-être arrêterais-je et je ne serai peut-être pas la seule. Souvent nous nous posons la question de notre légitimité. Notre petite participation à la vie de l’asso a-t-elle son importance ? Grossir serait, à mon avis, perdre le côté asso pour devenir entreprise et ce ne serait plus Framasoft.
Nous fonctionnons surtout avec de l’humain, de l’affect, c’est notre moteur. Notre mode de « recrutement » repose sur ce besoin. Nous avons besoin de trouver une pièce qui nous ouvrira de nouveaux horizons, mais qui, aussi, s’intègre à notre schéma.
La grosse croissance en effectif dont parle Pouhiou je l’ai vécu du côté bénévole. Il a fallu plus de personnes pour s’occuper de nos salariés. Passer de 2 entretiens d’évaluation à 10 c’est pas la même chose, suivre les désirs de chacun en matière de projets, personnels et pros, les changements de temps de travail. Suivre l’actualité de ces personnes qui sont nos amies, mais dont on a aussi la responsabilité.
Ne pas grossir n’est pas forcément une solution facile. Nous aimons ce que nous faisons, nous aimerions faire plus. Se retrouver avec une année tel que 2020 et se dire que nous aurions pu aider plus de monde, mais qu’il aurait fallu être plus nombreux, croître sans réflexion, sans être sûrs de garder notre esprit, nos convictions.
Entre Dégooglisons et Contributopia nous avons changé. Nous n’avions plus rien à perdre et on s’est lancé à fond, un baroud d’honneur, et nous nous sommes fait prendre à notre propre jeu. On a perdu pied et il a fallu nous rattraper pour ne pas se faire submerger. Maintenant nous sommes un peu plus posés.
Cela peut paraître étrange vu de l’extérieur. Des amis libristes m’ont dit que nous aurions dû aller à fond lors du premier confinement, pousser le libre, mais pousser pour pousser quel est l’intérêt ?
La route est longue, c’est même un chemin sans fin, il nous faut des bases solides pour avancer.
kinou
V. Mottu
Bonjour,
Je suis professeure-documentaliste, j’ai fait tout mon apprentissage informatique grâce à un collègue avec qui j’ai partagé mes quatre premières années de professionnelle. Avec lui, j’ai appris les base de l’informatique, et à fouiner sur un site qui venait de sortir et qui s’appelait Framalibre. J’y ai découvert des tas de petits logiciels qui m’ont permis de progresser, et surtout toute la réflexion autour de l’informatique libre. Si aujourd’hui je suis plus utilisatrice que consommatrice, c’est grâce à Framasoft.
J’aurai encore bien des choses à vous dire, mais je vais résumer : merci pour tout, merci pour vos réflexions et vos conversations. Merci aussi pour m’avoir fait découvrir, incidemment, David Revoy dont je suis devenue fan.