Microsoft Office 2007 désormais gratuite pour tous les enseignants

Copie d'écran - OfficePourLesEnseignants.frIl fallait s’y attendre, la suite bureautique propriétaire Office 2007 de Microsoft est désormais proposé gratuitement à tous les enseignants (ils ne disent pas gratuit mais téléchargeable sans frais ou accessible à tous mais c’est du pareil au même).

C’est annoncé en Une du Café Pédagogique dont j’ai déjà eu l’occasion de pointer les relations plus qu’étroites avec Microsoft.

Du coup sur le très ambitieux site de l’opération on apprend, entre autres choses intéressantes, qu’un forum dédié sera hébergé par le Café Pédagogique.

Il n’y a pour le moment que deux messages d’ouverture et de bienvenue sur ce forum. Ils ont été rédigés par un membre fondateur de l’association Projetice dont, désolé pour la répétition, j’ai déjà eu l’occasion de pointer les relations plus qu’étroites avec Microsoft.

Il n’y a pas à dire ils sont bien organisés…

« Que cache une offre aussi importante ? » demande le Café Pédagogique à Eric le Marois, Directeur Education & Recherche chez Microsoft France. Réponse de l’intéressé : « Rien ».

Bon, je retourne en cours (en salle informatique pour être plus précis, équipée de la suite bureautique libre OpenOffice.org pour être encore plus précis) et m’en irai poster un billet plus complet quand la cloche aura sonné.




25 (bonnes) raisons de passer à Linux

Adpowers - CC byVous souhaitez convaincre votre hiérarchie, votre direction, voire votre conjoint de migrer vers GNU/Linux ? Rédigé il y a plus de deux ans par le Bellevue Linux Users Group (Seattle), ce petit inventaire vous sera peut-être utile pour fourbir quelques arguments bien sentis[1].

Les 22 trucs cools que l’on peut faire sous Linux mais pas sous Windows ou Mac avaient fait jaser dans les chaumières (comprendre dans les commentaires). En ira-t-il de même cette fois-ci ?

25 raisons de migrer sous Linux

25 Reasons to Convert to Linux

Janvier 2006 – The Linux Information Project
(Traduction Framalang : Don Rico, Daria et Olivier)

Partout dans le monde, des entreprises, des institutions scolaires ou universitaires, des agences gouvernementales et d’autres organisations abandonnent[2] de plus en plus massivement leur système d’exploitation Microsoft Windows et le remplacent par Linux. De la même façon, elles abandonnent des applications propriétaires et commerciales pour des logiciels libres (également connus sous le nom de logiciels open-source). Il existe au moins 25 raisons à ce mouvement, dont nous allons dresser la liste ici.

1. Étant enregistré sous une licence logicielle libre[3], Linux (ainsi que d’autres logiciels libres) peut être obtenu gratuitement. On peut télécharger gratuitement une distribution Linux par Internet et l’on peut l’acquérir sous forme de CD ou de boîte pour une somme modique. On peut installer sa copie du logiciel sur autant de postes qu’on le souhaite et ce sans aucune restriction. Voilà qui constitue une immense différence avec Microsoft Windows, qui coûte au bas mot 100€ par ordinateur.

2. Linux est aussi un logiciel libre dans le sens où quiconque peut le modifier, y compris son code source, comme bon lui semble. Si les versions modifiées ne sont pas redistribuées (par exemple données gratuitement ou commercialisées auprès du grand public), elles peuvent rester secrètes. La différence est là aussi énorme avec Microsoft Windows, qu’il est généralement interdit de modifier. Le code source constitue la version originale d’un programme tel qu’il a été écrit par un programmeur à l’aide d’un langage de programmation, avant d’être compilé de sorte que ses instructions puissent être comprises directement par le processeur d’un ordinateur ; la plupart du temps, il faut accéder au code source pour apporter des modifications à un programme. La possibilité de bidouiller et de modifier en toute liberté le code source, et de le faire sans être tenu de dévoiler ses modifications, a été un élément de choix très important pour de nombreuses organisations d’envergure[4].

3. Un support de qualité pour Linux est disponible gratuitement sur Internet, notamment par le biais de groupes de diffusion ou de forums. Certains considèrent que ce support est au moins aussi performant que celui fourni pour des systèmes propriétaires (c’est-à-dire commerciaux) moyennant finance. On peut aussi obtenir un support payant pour Linux si on le désire. Parmi les types de support dont on peut avoir besoin pour un système d’exploitation, on peut trouver l’aide à la personnalisation, l’assistance pour l’installation de nouveaux programmes, l’installation de mises à jour pour se préserver des nouvelles menaces de sécurité ou corriger les bogues récemment découverts (par exemple des failles). Par chance, ces deux derniers cas de figure sont relativement peu fréquents pour un système Linux.

4. Le risque que le support pour Linux soit interrompu à l’avenir, en raison d’un abandon prévu de son développement ou toute autre raison, est très faible, car son code source sera toujours disponible pour qui le souhaite, y compris ceux qui proposent un support gratuit via Internet et les entreprises qui le fournissent contre paiement. À l’opposé, avec Microsoft Windows et d’autres logiciels propriétaires pour lesquels le code source est la plupart du temps gardé secret, il devient difficile d’obtenir de l’assistance (d’un point de vue à la fois technique et légal) si le développeur décide de ne plus la fournir (par exemple pour forcer les utilisateurs à payer la mise à jour vers une version plus récente).

5. Il n’est pas à craindre que Linux devienne un jour complètement obsolète, de façon planifiée ou non, pour la simple raison que l’architecture UNIX sur laquelle il est basé est mise à l’épreuve et fignolée depuis plus de trente-cinq ans et qu’elle s’est révélée extrêmement performante, robuste et sûre. Son amélioration se poursuit à une cadence accrue, mais les nouvelles versions restent quoi qu’il arrive compatibles avec l’architecture UNIX qui constitue leurs fondations.

6. Les utilisateurs de Linux ne sont jamais poussés vers des mises à jour forcées[5], car les versions antérieures bénéficient toujours d’un support (par exemple, le développement de nouveaux correctifs de sécurité et de pilotes pour le matériel) et parce que les nouvelles versions, si on souhaite les acquérir, sont disponibles gratuitement (comme la plupart des logiciels libres) et offrent par essence une compatibilité élevée avec les précédentes. Les développeurs de logiciels propriétaires, en revanche, sont incités par de fortes motivations financières à pratiquer l’obsolescence planifiée, de façon à pousser les utilisateurs de versions antérieures à dépenser de l’argent pour acheter ou louer les nouvelles versions.

7. Lorsqu’un utilisateur décide de passer à une version plus récente de Linux, il ne devra payer aucun frais de licence et n’aura rien à dépenser en logiciels s’il choisit une distribution (version) gratuite. En outre, les conversions ou modifications d’un programme donné, l’acquisition de nouveau matériel ou autres dépenses induites par la mise à jour sont également minimes, grâce à la compatibilité avec les versions antérieures.

8. Aucun équipement onéreux n’est requis pour passer d’une version de Linux à une autre. Dans une entreprise équipée de centaines ou de milliers d’ordinateurs, il peut être nécessaire d’employer un équipe entière à temps plein pour s’assurer que tous les postes utilisés sont en régularité avec les termes complexes des CLUF (contrat de licence de l’utilisateur final) de Microsoft Windows, Microsoft Office et autres logiciels propriétaires. Qui plus est, pour les utilisateurs de Linux, il ne plane aucune menace d’audit par la BSA (Business Software Alliance)[6], pouvant déboucher sur des amendes lourdes pour des infractions mineures aux licences.

9. Linux offre une sécurité supérieure, à savoir un taux très faible d’infection par virus, chevaux de Troie, vers, espiogiciels et autres programmes malveillants, et ce parce que le système UNIX et tous ses dérivés (et parmi eux Linux) ont été conçus depuis leurs fondations en prenant en compte la sécurité, au lieu d’y ajouter après coup des mesurettes de sécurité. Par exemple, les utilisateurs ne se connectent pas à leur système en tant qu’utilisateur root (c’est-à-dire en tant qu’administrateur), protégeant ainsi les fichiers clés du système même en cas d’intrusion par un programme malveillant. Un puissant pare-feu est également intégré dans les distributions majeures et activé par défaut. Autre facteur important : l’accès libre au code source, qui permet à des milliers de personnes de par le monde d’y rechercher des failles de sécurité et de les combler[7].

10. Linux est très résistant aux crashes système et nécessite rarement un redémarrage. C’est là un atout essentiel pour les grosses organisations, pour lesquelles quelques minutes de panne seulement peuvent se traduire par des pertes financières substantielles. Linux a été intégralement bâti pour être un système d’exploitation extrêmement robuste et stable, bénéficiant de l’expérience acquise en ce domaine en plus de 35 ans de développement des systèmes d’exploitation de base UNIX.

11. Bien que les applications pour Linux ne soient pas aussi nombreuses et variées que celles disponibles pour les systèmes d’exploitation Microsoft Windows, il en existe déjà une vaste palette, et le choix continue de croître rapidement, car de plus en plus de développeurs conçoivent des programmes pour Linux. La plupart des applications Linux sont aussi des logiciels libres et gratuits (y compris la majorité des plus populaires) et nombre d’entre elles offrent des performances égales ou supérieures aux applications équivalentes sous MS Windows. D’ailleurs, les utilisateurs se rendent souvent compte que les applications dont ils sont besoin sont disponibles gratuitement sur Internet et qu’il ne leur est plus nécessaire d’acheter de logiciels propriétaires commerciaux.

12. Il existe un vaste choix de distributions Linux (plusieurs centaines), chacune possédant ses caractéristiques propres, mais d’ordre général toutes compatibles les unes avec les autres, ce qui permet aux utilisateurs de choisir les versions les mieux adaptées à leurs besoins. Cela signifie aussi que si une société proposant une distribution Linux venait à cesser ses activités, il resterait toujours un grand nombre de solutions de remplacement. Qui plus est, cette abondance de distributions favorise une émulation saine entre elles, ce qui contribue à l’amélioration constante de la qualité et des performances de Linux. Si l’on peut se sentir perdu face à une telle abondance, il est cependant difficile de se tromper en choisissant une des distributions les plus populaires, telles que RedHat ou SuSE.

13. Linux offre une grande souplesse de configuration : il est très facile de le personnaliser abondamment, et ce sans avoir à en modifier le code source. Par exemple, rien n’est plus simple que de configurer Linux au cours de l’installation d’une distribution afin de l’optimiser pour une utilisation en tant que poste de travail, sur un ordinateur de bureau, sur un ordinateur portable, un serveur Web, un serveur de base de données ou un routeur. De la même manière, l’apparence et le comportement du bureau, y compris les icônes et les menus, peuvent être configurés presque à l’infini, selon les goûts ou les besoins de l’utilisateur. On peut même lui donner l’apparence de Microsoft Windows. Si cela ne suffisait pas, la possibilité d’accéder librement au code source, de le modifier et de le recompiler, permet une souplesse de configuration quasi illimitée.

14. Linux et d’autres logiciels libres utilisent des formats de fichiers appelés formats ouverts. Parmi eux, il existe des formats pour le traitement de texte, les feuilles de calcul et d’autres types de fichiers conformes aux standards collectifs, lesquels peuvent être utilisés par tout développeur de logiciel pour créer des programmes compatibles, contrairement aux formats fermés généralement pris en charge par les logiciels propriétaires. Cela a l’avantage d’éliminer le problème de la dépendance aux standards propriétaires, laquelle engendre des difficultés et des coûts supplémentaires pour passer à un autre logiciel. Grâce à eux, l’utilisateur a donc la maîtrise complète de ses données, particulièrement dans le cas de figure où le développeur ayant créé le logiciel cesserait son activité ou interromprait le support de ses anciens logiciels.

15. De manière générale, Linux est plus rapide que ses concurrents à configuration matérielle égale, et ce grâce à une optimisation accrue de son code source, notamment en supprimant les lignes de code superflues.

16. Linux offre une grande compatibilté avec les autres systèmes d’exploitation. Par exemple, il peut lire, écrire, copier, effacer et manipuler les données présentes sur les partitions Windows d’un même disque dur (DD), se comporter comme un serveur Windows pour un réseau comprenant des postes Windows, formater des disques devant être utilisés sous Windows et même, si nécessaire, faire fonctionner des programmes Windows directement. À l’inverse, les systèmes d’exploitation Microsoft Windows sont incapables d’accéder aux partitions des DD contenant d’autres OS, ou de formater un disque pour d’autres systèmes d’exploitation, etc.

17. Linux et les logiciels libres respectent de fortes exigences éthiques, en grande partie en conséquence du caractère très ouvert de leur processus de développement et de la disponibilité de leur code source. Linux n’a jamais été condamné pour violation d’une loi anti-trust ni aucune autre infraction et n’a jamais dû payer d’amende pour la reproduction illégale d’une technologie développée par une autre entreprise. Les lois anti-trust découlent de la politique gouvernementale visant à réguler ou à briser les situations monopolistiques de façon à favoriser la libre concurrence et récolter les dividendes qu’une telle concurrence peut être bénéfique à l’économie et à la société dans son ensemble.

18. Linux réduit la nécessité de mettre à niveau ou de remplacer son matériel pour passer à une version plus récente, et ce parce que son code est aussi compact qu’efficace, permettant ainsi un fonctionnement performant sur des ordinateurs anciens trop peu puissants pour les dernières versions de Microsoft Windows.

19. Linux fonctionne sur une grande variété de plateformes (c’est-à-dire de processeurs et de types de systèmes), au lieu d’être limité aux processeurs et aux ordinateurs compatibles Intel. Il s’adapte parfaitement et convient à une utilisation sur une vaste palette d’équipements, allant des super-calculateurs aux robots industriels, du matériel médical électronique aux téléphones cellulaires (Linux peut même fonctionner sur une montre de poignet).

20. Linux est un choix plus judicieux pour une utilisation au sein des institutions scolaires, et ce pour un certain nombre de raisons. En particulier, le fait que les distributions Linux ne recèlent aucun secret (tout le contraire des logiciels propriétaires), ce qui donne aux étudiants la possibilié d’étudier comment fonctionnent vraiment les ordinateurs au lieu de se contenter d’apprendre à s’en servir. De nombreux enseignants et formateurs sont convaincus qu’il est bien plus important pour d’étudier les fondamentaux de l’informatique que de se former à l’utilisation d’applications spécifiques (telles que Microsoft Word ou Microsoft PowerPoint). Pourquoi ? Parce que les fondamentaux des sciences informatiques seront encore valables dans de nombreuses années, alors que les programmes à usage spécifique, particulièrment les logiciels propriétaires non conformes au standards collectifs, sont soumis à des modifications permanentes et que la plupart risquent de devenir obsolètes dans quelques années[8].

21. Pour les agences gouvernementales, Linux et les logiciels libres permettent la transparence des données, car ils les stockent sous des formats conformes aux standards collectifs. Cela s’oppose aux formats fermés propriétaires employés par les logiciels commerciaux. Cette transparence est primordiale pour le bon fonctionnement et la pérénité d’une démocratie efficace. Conserver des données non confidentielles sous des formats conformes aux standards permet à quiconque le souhaite d’y accéder sans devoir acquérir de coûteux logiciels propriétaires. En outre, stocker des données secrètes et confidentielles sous des formats conformes aux standards est généralement considéré comme plus sûr que de les conserver sous des formats propriétaires.

22. Avec Linux et les logiciels libres, l’existence de portes dérobées n’est quasiment pas à craindre, en grande partie parce que leur code source peut être examiné. Une porte dérobée est une méthode frauduleuse employée pour obtenir à distance l’accès à un ordinateur. De nombreux gouvernements et entreprises craignent (souvent à juste titre) que des portes dérobées aient été introduites dans des logiciels propriétaires, permettant ainsi au développeur du logiciel et aux agences d’autres gouvernements de fouiner dans leurs données les plus confidentielles.

23. Utiliser et promouvoir Linux contribue à entretenir une diversité saine et une concurrence accrue dans l’industrie des logiciels. Cette concurrence encourage les avancées technologiques, l’amélioration des performances et la baisse des coûts des logiciels libres comme des logiciels propriétaires. Les sciences économiques et des centaines d’années d’expérience empirique montrent clairement que les monopoles ont peu de raisons d’innover, ont tendance à fabriquer des produits de mauvaise qualité, à pratiquer des prix abusifs et qu’ils tendent à corrompre le système politique.

24. Linux et les logiciels libres, en plus d’avoir rattrapé – et dans certains cas surpassé – leurs équivalents propriétaires, se développent à une cadence plus soutenue[9]. Cette tendance ira croissant à mesure que la demande pour ces logiciels augmentera et que particuliers et organisations s’impliqueront de façon plus active dans leur développement.

25. Linux et les logiciels libres offrent la possibilité aux utilisateurs de contribuer à l’avancée de la technologie logicielle, car le code source est accessible à tous et peut être étudié, amélioré, enrichi et redistribué. C’est une démarche fort répandue et l’exemple le plus connu de contribution par une entreprise est celui d’IBM. En plus d’apporter leur pierre à l’édifice de la communauté du logiciel et de constituer un geste bénéfique en soi, ces contributions peuvent avoir des retombées très positives sur l’image de l’entreprise.

26. Il existe en réalité plus de 25 raisons pour que les entreprises du monde entier se convertissent à Linux et aux logiciels libres. La vingt-sixième pourrait être, par exemple, qu’avec Linux, contrairement aux systèmes d’exploitation Microsoft Windows, il est inutile de défragmenter les DD. La fragmentation, la dispersion des données à des emplacements non contigus sur les disques durs, peut affecter l’efficacité du stockage des données et ralentir le fonctionnement de l’ordinateur. Défragmenter n’a rien de difficile, mais devoir le faire régulièrement peut se révéler pénible, alors qu’il s’agit d’une opération inutile sur un système d’exploitation bien conçu.

Il existe cependant plusieurs cas de figure dans lesquels les entreprises ou d’autres organisations pourraient au contraire profiter d’abandonner leurs systèmes d’exploitation Linux pour passer à Microsoft Windows :

1. Une organisation qui réduirait ses effectifs et possèderait déjà des licences Microsoft Windows valides mais non utilisées devrait pouvoir réduire ses coûts en personnel en remplaçant ses experts Linux par des administrateurs Windows, ces derniers pouvant être engagés pour des salaires bien inférieurs à ceux des administrateurs Linux.

2. Si Microsoft proposait à une organisation une offre incitative à un coût extrêmement réduit, comprenant des licences (et des mises à jour) à long terme et à prix minime, de lui fournir du matériel neuf, des formations et du support gratuits, cette proposition pourrait se révéler des plus alléchantes. Cette proposition pourrait d’ailleurs profiter aux deux parties, grâce à la forte valeur publicitaire que pourrait récolter Microsoft si une entreprise migrait son parc informatique de Linux vers Windows.

Notes

[1] Crédit photo : Adpowers (Creative Commons By)

[2] Pour des liens vers des articles consacrés à de récentes conversions à Linux, voir Linux Success Stories, The Linux Information Project, Décembre 2005.

[3] Linux et la plupart des logiciels libres sont enregistrés sous la licence GNU General Public License (GPL). Cette licence, qui connaît un immense succès, a été spécialement conçue pour offrir autant de liberté que possible aux utilisateurs, tant du point de vue financier que celui de la souplesse d’utilisation. La GPL permet à tous d’accéder librement au code source des logiciels enregistrés sous cette licence dans le but de l’étudier, de l’utiliser, de le modifier, de l’enrichir et de le redistribuer à l’envi, en contrepartie d’un minimum de conditions exigeant qu’une copie du texte de la GPL soit incluse dans le logiciel et que le code source soit toujours accessible afin de permettre la redistribution des version modifiées. Il convient de préciser qu’il existe aussi des versions compilées de Linux payantes, ce qui est également permis par la GPL. Toutefois, ces distributions ne sont pas forcément meilleures que les versions gratuites. Les entreprises et autres organisations ont la possibilité de choisir entre une version gratuite ou payante et, s’ils optent pour la première, un grand choix de distributions s’offre à eux.

[4] C’est là une des raisons majeures pour laquelle Google a choisi Linux, d’après des sources internes.

[5] Les mises à jour forcées se produisent quand le développeur cesse le support d’une version précédente de son logiciel et que les patches de sécurité protégeant le système des virus et autres programmes malveillants les plus récents ne sont plus disponibles et que les pilotes pour le nouveau matériel ne sont plus développés. Par conséquent, de nombreux utilisateurs n’ont d’autre choix que d’acheter ou de louer la version la plus récente du logiciel. Cela peut se révéler très coûteux à cause des frais de licence et des autres prestations à régler au développeur ou au revendeur. S’ajoutent à ces coûts la nécessité fréquente de renouveler son matériel pour faire fonctionner correctement ces nouvelles versions du logiciel au code hypertrophié. En outre, installer le logiciel et résoudre les problèmes induits par cette mise à jour peut prendre beaucoup de temps aux administrateurs système et perturber la bonne marche de l’entreprise.

[6] La BSA est une organisation internationale très controversée créée à l’initiative des plus grands développeurs de logiciels propriétaires. Les CLUF obligatoires qui accompagnent ces logiciels donnent à la BSA le pouvoir de procéder à des audits surprise chez les utilisateurs et à leur imposer des amendes colossales en cas d’infraction aux licences.

[7] C’est le même principe qui est utilisé par le chiffrement asymétrique, qui est la forme de chiffrement de données la plus sûre. Et c’est à l’opposé des pratiques des éditeurs de logiciels propriétaires, qui tentent de garder le secret sur leur code source afin d’en dissimuler les failles de sécurité.

[8] Pour en savoir davantage sur les raisons qui font de Linux le choix idéal pour les institutions scolaires, se reporter à Linux and Education, The Linux Information Project, Mars 2004.

[9] On peut citer de nombreux exemples. Par exemple, Apache est le système de serveur le plus utilisé, qui héberge bien plus de sites Web que ses concurrents propriétaires. De la même façon, tout le monde s’accorde à reconnaître que le navigateur libre Firefox est bien plus performant (en termes de sécurité, d’ergonomie, etc.) que l’Internet Explorer de Microsoft. Internet Explorer a beau être distribué gratuitement, ce n’est pas un logiciel libre, parce que son code source n’est pas ouvert et qu’il est interdit de le modifier.




MSN Windows Live Messenger : Un succès qui interpelle

Copie d'écran - MSN Windows Live Messenger

– Papa tu m’achètes un ordinateur ?
– Euh, oui, enfin, pourquoi faire, pour les cours ?
– Pour tchater avec mes copines sur MSN.

Il y a quelque chose dont je n’arrive pas du tout à mesurer la portée c’est l’usage de MSN chez les jeunes. C’est bien simple, j’ai l’impression qu’ils l’utilisent tous ![1] (en dehors de l’école où il est en général prohibé)

Notons que ce qu’ils appellent MSN n’est autre que le logiciels MSN Messenger qui a récemment changé de nom en Windows Live Messenger (nous en ferons de même pour ce billet). Mais, plus révélateur, ce qu’ils appellent MSN est purement et simplement synonyme de messagerie instantanée. Un peu comme quand mon nouveau voisin me parle de Word lorsqu’il veut évoquer le traitement de texte (alors qu’évidemment mon ancien voisin, désormais sous OOo, il fait bien la distinction lui).

Tirer de grandes généralités sur la base de quelques témoignages est pour le moins dangereux, mais quand j’aborde la question avec mes élèves, rarissimes sont ceux qui ne l’utilisent pas. Il faut alors soit ne pas être connecté à la maison, soit être connecté mais subir les foudres de l’interdiction parentale, soit être connecté mais être barré par la grande sœur qui est déjà dessus (l’accès à MSN étant certainement aujourd’hui dans le top five des engueulades fratricides lorsqu’il n’y qu’une seule machine par foyer), soit enfin, dernière et étrange catégorie, l’avoir… décidé ainsi ! « J’aime pas MSN » proclame fièrement l’ado dark-rebelle schtroumpf-grognon par pur esprit de contradiction, quitte à ce que cet acte héroïque mais désocialisant ne lui fasse plus conserver qu’un seul ami : son psy. Quant à celui qui vous dirait : « J’aime pas MSN parce que derrière MSN il y a Microsoft dont je n’aime pas la vision du monde depuis que j’ai découvert le logiciel libre » alors là ce n’est plus chez le psy qu’il faut l’emmener mais directement en centre de rééducation !

Mais redevenons un peu sérieux. Et répétons-nous pour le moment cette hypothèse de travail : Tous les jeunes connectés sont sur MSN ! (même mon lycéen).

Il faut dire que pour confirmer ou informer cette radicale supposition, je ne suis guère aidé par la blogosphère et autres grands médias présents sur le net qui semblent briller par leur quasi-silence sur le sujet (encore plus que pour le logiciel libre, c’est vous dire…). On pourrait néanmoins penser qu’ils sont au courant mais juge le phénomène indigne d’intérêt ou marginal. J’y vois quant à moi plutôt une énième illustration d’un fossé générationnel d’autant plus troublant que tout se passe dans la maison où la génération du dessus sont les parents de la génération d’en dessous. « Il est tranquille dans sa chambre, on ne va tout de même aller le déranger, et puis, vous savez, on peut apprendre plein de choses avec internet… »

Petite parenthèse. Pour être tout à fait exact, il arrive que MSN soit évoqué dans la presse mais on le trouve alors le plus souvent dans la rubrique faits divers lorsque tel enfant a rencontré tel adulte d’abord virtuellement via MSN puis ensuite physiquement (malheureusement parfois dans tous les sens du terme). Il est absolument FONDAMENTAL d’éduquer nos enfants à reconnaitre et éviter ces risques bien réels (lien 1, lien 2, lien 3). Mais se borner à citer MSN dans ce seul cas de figure me fait penser à ceux qui n’évoquent Wikipédia que pour pointer ses bouts d’articles malveillants ou erronés, histoire de mettre en doute sa pertinence voire d’inspirer la méfiance. Inconsciemment ou non, une certaine presse continue encore de nous communiquer sa crainte du réseau (qui participe il est vrai du bouleversement actuel de la profession).

En attendant MSN est bien omniprésent dans l’univers numérique de nos adolescents jusqu’à faire office de véritable plaque tournante de leurs sessions internet (bien plus que le navigateur, il faudra que j’en parle à Tristan Nitot). Ouvrir son compte MSN est en effet de loin la première chose que fait notre jeune lorsqu’il se connecte (quand il ne l’a pas automatiquement paramétré), compte qu’il laissera ouvert en toile de fond pendant toute la durée de la session. Et quand bien même il s’en irait par la suite consulter son blog ou plutôt, correction, son skyblog (parce qu’un contact MSN vient de lui dire qu’il y a laissé un commentaire), voir une vidéo YouTube (parce qu’un autre contact lui signale le lien), ou consulter Wikipédia (parce qu’il y a la dissert’ de français à finir et qu’un contact propose d’y copier/coller un passage de l’encyclopédie), il y revient toujours sachant que tout contact peut le solliciter à tout moment.

Faut pas croire, c’est important cette histoire de contacts. « Combien t’as de contacts MSN ? » est une question courante dans une cour de récré. Et, si elle ne se confond pas (encore) avec « Combien t’as d’amis ? », elle n’en constitue pas moins un repère majeur chez nos adolescents. Il y a bien sûr quantité et qualité, mais pour faire bonne figure il convient impérativement de donner une réponse à deux chiffres sous peine d’éveiller les soupçons !

Bon, le décor étant planté, un certain nombres de questions affleurent inévitablement.

Il y a toutes celles, plus ou moins sociologiques, concernant la messagerie instantanée en général. Pourquoi un tel attrait chez les jeunes ? Combien de temps y passent-ils dessus ? Les filles plus que les garçons ? Pour quels usages ? Peut-on évoquer une sorte de réseau social entre contacts ? La langue, la lecture et l’écriture sortent-elles renforcées de leur passage sur MSN au style SMS si particulier (où l’on a vite fait de se disqualifier si l’on commence à… rédiger normalement). Les options à disposition (VoIP, MSN sur votre mobile, webcam, partage de fichiers, de musique, jeux en ligne…) sont-elles prisées ? Quelles perceptions ont les parents de ce jardin secret cultivé par leurs enfants ? (souvenez-vous des temps préhistoriques où les parents contrôlaient de près ou de loin toutes les communications via le seul et unique téléphone fixe du salon !). N’oublions pas non plus la fracture numérique, quid d’une jeune sans MSN parce que sans ordinateur ? Etc.

Mais il y a également toutes les questions qui concernent MSN en particulier. Regardez un peu comment Microsoft présente la nouvelle version de son logiciel sur le site dédié dont on comprend tout de suite à qui il s’adresse. C’est beau, c’est lisse, c’est clair et la jeune fille qui en fait la démonstration vidéo est souriante et pleine d’énergie (pour ne pas dire tout à fait craquante). Idem pour la version MSN pour votre mobile qui permet donc potentiellement d’être absolument tout le temps en contact avec vos contacts !

On se retrouve donc peu ou prou avec un logiciel qui a su capter toute une génération. Et pas n’importe quel logiciel, un logiciel propriétaire de l’éditeur Microsoft qui a visiblement mis tout son savoir faire technique et marketing à son service pour aboutir au succès actuel. Le tout… gratuitement. Pourquoi ? Pourquoi Microsoft accorde-t-il tant d’attentions et d’efforts à son logiciel de messagerie qu’il s’en va proposer gratuitement à la jeune génération ?

Je passe outre les réponses du type « parce que les enfants aiment et qu’on veut leur faire plaisir » qui ne peuvent convaincre que ceux qui pensent que Microsoft est une association à but non lucratif. Les mêmes sans doute qui pensent que Microsoft le philanthrope accompagnent les enseignants sans arrière-pensée.

Plus sûrement il y a la publicité. Elle est en effet présente dans MSN sous la forme d’onglets à gauche de la fenêtre de contacts et en bannière sous cette même fenêtre. Sachant que MSN est utilisé par plusieurs millions d’utilisateurs globalement moins publiphobes que leurs ainés, si ça n’est pas le pactole ça y ressemble fortement.

J’en veux pour preuve la récente nouveauté de Windows Live Messenger : le module de contrôle parental. Quand bien même il aura mis un certain temps à arriver, c’est une excellente initiative : les parents peuvent désormais surveiller la liste des contacts MSN de leurs enfants et autoriser ou non les nouveaux ajouts (moyennant, tiens, tiens, création d’un identifiant Windows Live ID). Par contre rien n’a été fait pour proposer de bloquer également la publicité, ce qui aurait pourtant été dans la logique d’une meilleure protection. Du coup, même si vos parents ont installé ce contrôle, rien n’empêche des publicités pour, par exemple, des sites de rencontres d’apparaitre dans MSN ! Si vous n’y voyez pas une contradiction…

Et l’on pourrait multiplier les exemples éducativement problématiques. On trouve ainsi une étude de cas fort intéressante sur la page McDonalds goûte au succès de MSN pour toucher un public jeune et branché du site Microsoft Advertising. Cela concerne l’Espagne mais j’imagine que la France n’a pas été épargnée. Extraits. « Des publicités élégantes sous forme de bannières et de skyscrapers sur la page d’accueil de MSN Espagne, sur MSN Hotmail, MSN Entertainment et MSN Messenger attiraient l’attention des utilisateurs par une question teaser avant de les rediriger vers le mini-site et leur donner la possibilité de recevoir gratuitement une ceinture tendance ». Quant aux résultats : « La campagne en ligne a généré 180400 clics en seulement deux mois » et un peu plus loin « La campagne globale a généré une augmentation de 19 % de la perception de McDonalds comme une marque « tendance », dépassant de 15 % l’objectif pré-campagne ».

Certains m’objecteront alors peut-être qu’il existe le généreux programme i’m où l’utilisateur MSN a la possibilité de choisir une organisation caritative à qui sera versée une partie (combien exactement ?) des bénéfices issues de son propre affichage publicitaire. Depuis le lancement de l’opération c’est ainsi plus d’un millions de dollars qui ont été distribués à l’Unicef ou la Croix Rouge américaine. Agir pour un monde meilleur grâce à la pub de mon MSN, je tire un grand coup de chapeau à la division marketing de Microsoft !

Toujours est-il que les 180400 clics en deux mois de la campagne McDonalds uniquement circonscrite à l’Espagne me laissent songeur. Il est vrai qu’ils ne provenaient pas tous de MSN Messenger mais également des autres services MSN. Or justement, blog (Spaces), mail (Hotmail), galerie photographique (Gallery), espace de stockage (SkyDrive), bureautique en ligne (Office Live), etc. MSN constitue une excellente porte d’entrée vers les autres services et produits Microsoft avec qui il est en totale synergie. Il y a clairement là une volonté de contrer Google en retenant l’utilisateur sur sa plate-forme, concurrence de la publicité en ligne oblige. Mais ce que je vois surtout c’est que lorsqu’un élève me poste un message avec son email perso il s’agit presque exlusivement d’une adresse Hotmail, conséquence directe de son inscription à MSN. Du coup on se retrouve non seulement avec une génération MSN messenger mais également avec une génération Hotmail. Il n’y a pas à dire, c’est bien pensé.

L’intégration est en effet poussée à son maximum. Une fois sur MSN vous pouvez d’une simple clic accéder à votre Spaces (blog) ou votre Gallery (photo). De plus lorsque vous recevez une nouvel email Hotmail (et uniquement Hotmail) vous êtes automatiquement prévenu. Tout comme vous êtes prévenu lorsque le Spaces d’un contact vient de se mettre à jour. Autant de raisons de conserver tous ces avantages et donc de rester dans l’univers Microsoft. Dernier élément concernant la publicité inhérentes à tous ces services. Très souvent il s’agit d’autro-promotion Microsoft. Nos millions d’adolescents MSN peuvent donc très souvent voir apparaitre telle ou telle info-promo sur par exemple Windows Vista ou la suite MS Office 2007. Et la boucle est bouclée en quelque sorte.

Si je résume mon propos on pourrait dire que, vis-à-vis de la jeunesse, MSN est un peu à Microsoft ce que l’iPod est à Apple. Une petite poule aux œufs d’or qui rapport directement, doublée d’un formidable produit d’appel, qui justifierait presqu’à lui tout seul l’achat d’un ordinateur sous Windows, triplée d’une fonction cheval de Troie susceptible par la suite de faire adopter les autres logiciels et services de l’univers Microsoft. Le tout en donnant au passage à la société une excellente image de marque auprès des adolescents, futurs étudiants puis futurs travailleurs et donc futurs clients et consommateurs. C’est a priori imparable et l’on comprend bien dans ces conditions que Microsoft fasse tout pour bichonner son joyau (comprendre mettre un paquet de développeurs sur le coup pour ajouter toujours plus de fonctionnalités et de confort à l’utilisateur).

Tout ceci m’interpelle. En tant que parent, en tant que prof, mais aussi en tant que rédacteur du Framablog.

Admettons que je n’exagère pas l’importance de MSN chez les adolescents, ou tout du moins chez les adolescents français (parce que j’ai cru comprendre que le taux de pénétration de MSN était très différent d’un pays à l’autre). Admettons que les nouveaux entrants comme MySpace mais surtout Facebook ne soient pas encore à même de rivaliser dans la tranche d’âge. On peut alors se demander si la situation, telle que décrite ci-dessus, est un problème lorsque l’on souhaite faire la promotion du logiciel libre et son état d’esprit ? N’y a-t-il pas là, quelque part, un frein à sa diffusion ?

Culture du gratuit, publicité banalisée, contrat que l’on signe les yeux fermés et donc absence totale de réflexion sur le devenir de ses données personnelles (qui transitent par les serveurs de Microsoft), protocole de communication centralisé et fermé (était-il besoin de préciser que c’est bien le cas ici ?), hégémonie Microsoft renforcée, etc. J’ai bien peur qu’il ne faille répondre affirmativement à cette ultime question.

Le logiciel libre est certes habitué à faire face à des situations de monopole : « Tout le monde travaille sous Word, pourquoi changer ? ». Mais ici c’est encore plus complexe parce que MSN n’est pas une activité solitaire et capte des citoyens en devenir.

Que faire alors ? Impossible de demander à un jeune de quitter son réseau de contacts, ce qui serait à peu près équivalent pour lui a s’en aller sur une île déserte. Il n’y donc plus que la solution de créer des clones libres de MSN qui ont de bons arguments et font de réels efforts pour se rapprocher de l’original mais ont néanmoins du mal à suivre (notamment à cause de cette histoire de protocole fermé que Microsoft ouvre de temps en temps selon son bon vouloir). Allez-y, faites l’expérience, montrer à un jeune qu’on peut faire du MSN via aMSN, emesene ou PixaMSN. Il vous dira « Ouais c’est pas mal mais il n’y a pas ceci ou cela » (comme par exemple l’audio/vidéo) et il retournera invariablement à son MSN. Et ce n’est pas qu’une question d’habitudes parce qu’il y a l’ergonomie, le confort, les options… bref tout ce qui fait qu’aujourd’hui MSN est, me semble-t-il, intrinsèquement le meilleur logiciel de messagerie instantanée disponible sur le marché (et je ne demande qu’à être contredit).

Vous pouvez bien sûr sans crier gare, dans une double crise d’autorité parentale et d’éveil mystique à la culture libre, décréter unilatéralement qu’à partir d’aujourd’hui tous les ordinateurs de la famille passent désormais aux logiciels libres à commencer par le système d’exploitation. Bon courage alors, je suis de tout cœur avec vous. Parce qu’il faudra tenir bon, surtout quand la petite dernière arrivera les yeux plein de larme vous soupirer : « C’est nul, y’a plus mon MSN, mais pourquoi papaaa tu me fais çaaa à môaaa ? »

Ne reste plus qu’à faire preuve d’écoute, de dialogue et de pédagogie où vous évoquerez avec votre enfant non seulement la messagerie instantanée en général mais aussi (voire surtout) MSN en particulier. Et qui sait, peut-être arriverez-vous à le convaincre de renoncer au client Microsoft pour adopter un client libre comme Pidgin, Kopete ou Miranda, (en plus de ceux cités plus haut). Peut-être aussi, rêvons un peu, en fera-t-il de même avec tous ces amis/contact. Jusqu’à, soyons fous, abandonner le circuit MSN et adopter ensemble un protocole de communication ouvert comme Jabber.

Sauf à penser qu’il faut bien que jeunesse numérique se passe (c’est-à-dire reconnaitre à demi-mot que Microsoft est trop fort sur ce terrain-là). Et d’attendre alors qu’il soit un peu plus grand pour envisager que ce fils chéri mais un poil conditionné devienne un homme de plus en plus libre.

Couverture de la BD @accrocs d'MSN par Lol et Mdr

Notes

[1] L’illustration initiale est une copie d’écran de la page d’accueil de site officiel de Windows Live Messenger. L’illustration finale est un détail de la couverture de la BD @ccrocs d’MSN tome 1 de Lol et Mdr.




Quand l’étudiant hongrois se trompe de cible ?

La vidéo fait sourire et est certainement promise à une belle carrière sur YouTube.

Lors d’une récente conférence à Budapest, Steve Ballmer le PDG de Microsoft planqué derrière sa tribune pour échapper aux œufs lancés (mollement) par un étudiant en colère (tee-shirt « Microsoft = Corruption » dans le dos) qui exhorte Microsoft à rendre l’argent qu’il aurait volé aux hongrois en passant, si j’ai bien compris, des accords avec les universités du pays.

Au delà de l’anecdote médiatique (qui nous rappelle celle de l’étudiant chinois), je crois que ce genre de manifestations (aussi dérisoires et pathétiques soient-elles) témoignent de l’irritation croissante des étudiants vis-à-vis de la société de Redmond dont ils comprennent petit à petit que non seulement ils peuvent s’en passer mais qu’utiliser des alternatives libres est bien plus en phase avec la culture et l’éthique des valeurs éducatives.

Dans ce contexte, lorsque leurs administrations signent des accords avec Microsoft, l’argument « c’est pour le bien de nos étudiants » (et accessoirement de notre budget) a de plus en plus de mal à passer. Ce qui me fait dire qu’en toute logique il vaudrait mieux réserver les œufs aux directeurs des institutions publiques éducatives qui entérinent ces accords (puisque Microsoft ne fait que son boulot après tout).

Quant à la situation en France autour du même sujet, si on prenait la peine de la regarder d’un peu plus près, peut-être porterait-elle Monsieur Darcos à rendre plus souvent visite à son teinturier.




22 trucs cools que l’on peut faire sous Linux mais pas sous Windows ou Mac

Sur son blog, Matthew Helmke[1] a listé une vingtaine de choses sympas qui peuvent selon lui être réalisées si votre ordinateur est sous GNU/Linux mais pas si vous êtes sous Windows ou Mac.

Une manière de rechercher les avantages et les caractéristiques de Linux. Une manière aussi de rendre curieux voire de convaincre ceux qui n’y sont pas. Une manière enfin de poser la même question à ceux sous Linux qui passeront par ici et qui voudront bien compléter ou critiquer ce billet via les commentaires pour alimenter le débat 😉

Copie d'écran - Matthew Helmke

Quels est le truc le plus sympa qu’on peut faire avec Linux mais pas avec Windows ou un Mac ?

What is the coolest thing you can do using Linux that you can’t do with Windows or on a Mac?

Matthew Helmke – 2 février 2008

C’est une question qu’on m’a posée récemment. Comme je n’ai pas qu’une seule réponse, j’ai dressé une liste des trucs auxquels j’ai pensé et je l’ai mailée à mes amis… puis je me suis dit que je pourrais la publier ici et m’en servir de référence pour plus tard. Vous êtes libres de faire des ajouts à cette liste !

1. Mettre à jour légalement et sans avoir à payer.

2. Obtenir les dernières versions du système d’exploitation qui fonctionnent plus rapidement sans toucher au matériel.

3. Installer et exécuter facilement différentes interfaces graphiques si je n’aime pas la configuration par défaut.

4. Installer une vingtaine de programmes par une simple commande.

5. Avoir un système qui met à jour automatiquement les programmes déjà installés.

6. Installer la même copie de mon OS (Ubuntu) sur plusieurs machines sans me soucier des restrictions de licences ou de clés d’activation.

7. Distribuer des copies de mon système d’exploitation et des programmes qui tournent dessus sans violer aucune loi, gouvernementale, éthique ou morale, parce que tout a été prévu dans ce sens.

8. Avoir le contrôle total du matériel installé sur ma machine et savoir qu’il n’y a pas de porte dérobée dans mes logiciels, installés là par des éditeurs peu scrupuleux ou par le gouvernement.

9. Fonctionner sans utiliser d’anti-virus, de protection anti-adware ou spyware, ne pas avoir à redémarrer ma machine pendant des mois tout en recevant toujours les derniers correctifs de sécurité.

10. Fonctionner sans avoir à défragmenter mon disque dur, jamais !

11. Essayer des logiciels, décider qu’ils ne me plaisent pas, les désinstaller et savoir qu’ils ne laissent pas derrière eux des traces dans la base de registre, s’y accumuler et ralentir ma machine.

12. Pouvoir faire une énorme erreur qui nécessite la réinstallation complète de mon système et être capable de le faire en moins d’une heure, parce que j’ai mis toutes mes données sur une partiton séparée du système d’exploitation et des programmes.

13. Pouvoir démarrer mon système avec de supers effets, aussi sympa que ceux de Vista, sur une machine qui a 3 ans… en moins de 40 secondes, temps d’identification compris (nom d’utilisateur + mot de passe).

14. Etre capable de configurer tout ce que je veux, légalement, y compris mes programmes fétiches. Je peux même contacter les développeurs du logiciel concerné pour leur poser des questions, leur donner des idées et être impliqué dans la construction ou le développement de la version en cours si j’en ai envie.

15. Avoir plus de 4 fenêtres de traitements de texte ouvertes, écouter de la musique, jouer avec les effets graphiques du bureau, être en contact avec une large communauté sympathique et avoir Firefox, ma messagerie instantanée et mon client de courrier électronique ouverts en même temps sans que le système se mette à tourner si lentement qu’il en deviendrait inutilisable.

16. Utiliser la commande dpkg –get-selections > pkg.list pour obtenir la liste exhaustive et détaillée de tous les logiciels que j’ai installés, faire une sauvegarde de mes répertoires /etc et /home sur une autre partition et ainsi être capable de restaurer mon système à tout moment, facilement.

17. Faire tourner plusieurs bureaux en même temps, voire autoriser plusieurs utilisateurs à se connecter et à utiliser la machine en même temps.

18. Redimensionner une partition du disque dur sans avoir à la détruire et perdre les données qu’elle contient.

19. Pouvoir utiliser le même matériel pendant plus de 5 ans avant qu’il n’ait réellement besoin d’être remplacé… J’ai toujours du matériel qui a presque 10 ans, qui tourne sous Linux et qui est toujours utile.

20. Pouvoir surfer sur internet pendant que l’OS s’installe !

21. Utiliser à peu près n’importe quel matériel en sachant que le pilote est déjà présent dans le système d’exploitation… éliminant ainsi la nécessité de rechercher le site du fabriquant pour trouver ce pilote.

22. Obtenir le code source de pratiquement n’importe quoi, y compris celle du noyau du système d’exploitation ou celle de la plupart de mes applications. Je pourrais encore en rajouter, mais je pense que c’est déjà pas mal !

Notes

[1] Traduction GaeliX puis relecture Olivier et enfin validation Don Rico.




Education – Pourquoi la Finlande ?

Finnish Flag - Wstryder - CC-By-Sa

Le Framablog étant tenu par un enseignant, il se permet de temps en temps des petites digressions comme celle d’aujourd’hui sur la réussite du système scolaire finlandais.[1]

En effet, en décembre dernier paraissait le nouveau rapport du programme PISA qui vise à mesurer les performances des systèmes éducatifs de la plupart des pays. Pour cette session l’accent était mis sur les sciences. Comme par le passé la Finlande a trusté les premières places tandis que la France ou les USA sont demeurés dans le ventre mou du classement (avec même une légère baisse pour la France).

Contrairement aux enquêtes précédentes, les réactions nationales furent cette fois-ci nombreuses et variés. On peut bien entendu interroger les conditions de l’évaluation PISA mais on peut aussi étudier la spécificité finlandaise pour finir par se demander pourquoi eux et pas nous ?

Pour ce qui nous concerne nous avons choisi de traduire[2] un article du Wall Street Journal qui présente la particularité pour un francophone d’étudier le cas finlandais au travers du filtre du système éducatif américain (vous trouverez également en annexe un extrait vidéo Dailymotion d’un petit reportage de France 3 dans une école finlandaise où l’on y évoque le Mind Mapping).

Quant au rapport avec le logiciels libre, a priori il n’y en a pas, si ce n’est l’anecdote historique qui a vu ce système enfanter de Linus Torvalds le papa de Linux. Et pourtant voici mon hasardeuse hypothèse (qu’il conviendrait de développer, peut-être dans un prochain billet) : Les caractéristiques du système scolaire finlandais sont bien plus susceptibles de favoriser l’émergence d’une culture libre que celles du système scolaire français.

Copie d'écran The Wall Street Journal

Qu’est ce qui rend les enfants finlandais si intelligents ?

What Makes Finnish Kids So Smart?

Ellen Gameran – 29 février – The Wall Street Journal

Les adolescents finlandais obtiennent des notes remarquables à un test international. Des professeurs américains tentent de déterminer pourquoi.

Les lycéens ici reçoivent rarement plus d’une demi-heure de devoir à faire le soir. Ils ne portent pas d’uniformes, il n’y a pas sociétés honoraires, pas de major de classe, pas de bonnet d’âne et pas de classes réservées aux meilleurs. Il y a peu de tests standardisés, les parents ne se saignent pas aux quatre veines pour payer l’université à leurs enfants et les élèves ne commencent pas l’école avant l’âge de 7 ans.

Et pourtant d’après un test international, les adolescents finlandais sont parmi les meilleurs dans le monde. Ils obtiennent certaines des meilleurs notes dans la catégorie des 15 ans qui ont passé le test dans 57 pays. Les adolescents américains ont obtenu la note moyenne de C (sur une échelle de A à F, A étant la meilleure note) alors même que les professeurs américains matraquent leurs élèves avec encore plus de devoirs, de standards et de règles. La jeunesse finlandaise, comme son alter-ego américaine, passe également beaucoup d’heures connectée. Ils se teignent les cheveux, aiment les sarcasmes et écoutent du rap et du heavy metal. Mais arrivés en 3ème ils sont bien en avance en math, en sciences et en lecture, et bien partis pour permettre aux Finlandais de conserver leur titre de travailleurs les plus productifs au monde.

Les Finlandais ont attiré l’attention grâce à leurs résultats lors des tests triennaux sponsorisés par l’Organisation de Coopération et de Développement Economique, un groupe financé par 30 pays qui suit les tendances sociales et économiques. Dans le test le plus récent, qui était axé sur les sciences, les élèves finlandais se sont classés premiers en sciences et n’étaient pas loin des meilleurs en mathématiques et en lecture d’après les résultats publiés en fin d’année dernière. Un décompte officieux des notes combinées obtenues par les Finlandais les classe premiers au général, d’après Andreas Schleider, qui dirige les tests de l’OCDE, connus également sous le nom de Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves ou PISA. Les Etats-Unis se positionnent en milieu de classement en mathématiques et en sciences, leurs scores de lecture ne sont pas pris en compte à cause d’une erreur. Environ 400 000 élèves de par le monde ont répondu à des questionnaires à choix multiples et ont rédigés des dissertations qui évaluaient leur sens critique et la mise en pratique de leurs connaissances. Un exemple de sujet : Discutez de la valeur artistique des graffitis.

Les prouesses académiques des étudiants finlandais ont attiré beaucoup la curiosité et ce sont des professeurs de plus de 50 pays qui au cours de ces dernières années ont tenté de percer le secret du pays, parmi eux : un membre du Ministère de l’éducation américain. Ce qu’ils découvrent est simple mais pas facile : des professeurs bien formés et des enfants responsables. Très tôt les enfants se débrouillent sans l’intervention des adultes et les professeurs adaptent leurs cours à leurs élèves. "Nous ne possédons pas de pétrole ou d’autres richesses. Le savoir est ce que nous les Finlandais avons." dit Hannele Frantsi, Diréctrice d’école.

Les visiteurs et les professeurs en formation peuvent avoir un aperçu de cette formule magique depuis un balcon surplombant une salle de classe à l’école Norssi à Jyväskylä, une ville dans le centre de la Finlande. Ils y observent une approche détendue, un retour au source. L’école, qui est un campus modèle, n’a pas d’équipe de sport, pas d’orchestre ou de bal de fin d’année.

Suivre Fanny Salo, une jeune fille de 15 ans de Norssi, nous donne un aperçu de ce cursus sans fioritures. Fanny est une élève de collège pétillante qui adore lire "Gossip Girl", regarder la série télévisée "Desperate Housewives" et qui adore fouiller dans les rayons des magasins H&M avec ses amies.

Fanny n’obtient que des A et comme il n’y a pas de classe spéciale pour les meilleurs, elle griffonne parfois dans son journal en attendant que les autres terminent. Elle aide aussi souvent ses camarades en difficulté. "C’est sympa d’avoir un peu de temps pour se décontracter en plein cours" dit-elle. Les professeurs finlandais pensent qu’ils obtiennent de meilleurs résultats globalement en concentrant leurs efforts sur les étudiants plus faibles plutôt que de pousser les bons élèves, ce qui tendrait à accroître les différences. L’idée est que les bons élèves peuvent aider leurs camarades moyens sans que cela ne nuise à leurs progrès.

A l’heure du déjeuner, Fanny et ses amis quittent l’établissement pour acheter du salmiakki, de la réglisse salée. Ils reviennent pour le cours de physique qui commence quand tout le monde s’est calmé. Les professeurs et les élèves s’appellent par leurs prénoms. Les seuls règles qui s’appliquent en classe sont : pas de portable, pas d’iPod et pas de chapeau.

Les amies de Fanny les plus rebelles se teignent leurs cheveux blonds en noir ou portent des dreadlocks roses. D’autres portent des débardeurs ou des talons aiguilles pour se la jouer dur dans le climat froid. L’auto-bronzant est populaire dans un groupe. Les groupes d’adolescents se distinguent par leur style, on y retrouve les "fruittari" ou BCBG, les "hoppari" ou hip-hop, ou encore, plus déroutant, les "fruittari-hoppari" qui mélangent les deux genres. Si vous posez une question évidente on vous répondra "KVG", une abréviation qui signifie "Utilise Google idiot". Les fans de heavy-metal écoutent Nightwish, un groupe finlandais et les adolescents se rencontrent sur internet sur irc-galleria.net.

L’école de Norssi est dirigée comme un hôpital universitaire avec environ 800 professeurs formés chaque année. Les étudiants de troisième cycle travaillent avec les enfants et leurs instructeurs les évaluent. Les professeurs doivent détenir un diplôme de Master et une forte compétition existe : il arrive que plus de 40 personnes postulent pour un même poste. Les salaires sont équivalents à ceux des professeurs aux Etats-Unis, mais ils bénéficient en général de plus de libertés.

Les professeurs finlandais choisissent les livres et adaptent leurs leçons mêmes s’ils visent tous les mêmes standards nationaux. "Dans la plupart des pays, l’éducation ressemble à une usine de fabrication de voitures. En Finlande, les professeurs sont les entrepreneurs" confie M. Schleicher de l’OCDE Paris, l’organisme qui a lancé le test international des élèves en 2000.

L’une des explications au succès finlandais est leur amour pour la lecture. Les parents de nouveaux-nés reçoivent un cadeau de l’Etat, on y trouve en particulier un livre d’images. Certaines bibliothèques sont construites à côté des centres commerciaux et des bibliobus sillonnent le pays pour atteindre les quartiers reculés.

Le finnois n’est parlé que dans ce pays et les livres étrangers ne sont traduits que longtemps après leur parution, même pour les plus populaires en anglais. Beaucoup d’enfants se sont donné le mal de lire le dernier Harry Potter en anglais par crainte d’entendre la fin avant qu’il ne soit disponible en finnois. Les films et programmes TV sont sous-titrés en finnois et non pas doublés. Une étudiante de l’université dit qu’elle a appris à lire rapidement quand elle était enfant parce qu’elle était accro à la série des années 90 "Beverly Hills, 90210".

En novembre, une délégation américaine s’est rendue en Finlande en espérant découvrir l’usage que font les professeurs finlandais des nouvelles technologies. Les membres du Ministère de l’Education, de la National Education Association et de l’American Association of School Librarians se sont retrouvés devant des professeurs utilisant des craies et un tableau noir plutôt que des feutres et un tableau blanc et affichant le cours grâce à un rétro-projecteur plutôt que grâce à Powerpoint. Keith Krueger a été moins impressionné par la technologie que par les bonnes méthodes d’enseignement dont il a été témoin. "On se demande comment on pourrait accomplir la même chose chez nous." s’interroge M. Krueger, PDG du Consortium for School Networking, une association de responsables des TIC dans les écoles qui a organisé le voyage.

Elina Lamponen, élève de terminale, peut parfaitement témoigner de ces différences puiqu’elle a passé un an au lycée de Colon, Michigan. Là-bas des règles plus strictes ne se traduisaient pas en leçons plus dures ou en élèves plus dévoués, dit-elle. Lorsqu’elle demandait à ses camarades s’ils avaient fait leurs devoirs ils répondaient : "Nan. Et toi, t’as fait quoi hier soir ?" se rappelle-t-elle. Les tests d’histoire étaient souvent des questionnaires à choix multiples. Les questions de dissertation, dit-elle, ne laissaient pas beaucoup de place pour s’exprimer. Les projets en cours se résumaient surtout à "colle ça sur ce poster pendant 1 heure". Son lycée finlandais a forcé Mlle Lamponen, jeune fille de 19 ans aux cheveux coiffés en pointes, a refaire son année quand elle est revenue.

Lloyd Kirby, administrateur des écoles de Colon dans le sud du Michigan, dit que l’on propose aux étudiants étrangers de demander du travail supplémentaire s’ils trouvent l’enseignement trop simple. Il révèle qu’il tente de rendre ses écoles plus rigoureuses en demandant aux parents d’être plus exigeants avec leurs enfants.

Malgré l’apparente simplicité de l’éducation finlandaise il serait difficile de la reproduire aux Etats-Unis. Avec une population très homogène, les professeurs ont peu d’élèves qui ne parlent pas finnois. Aux Etats-Unis, ce sont environ 8% des élèves qui apprennent l’anglais d’après le Ministère de l’éducation. Il y a moins de disparités dans l’éducation et moins d’écarts de revenus chez les Finlandais. La Finlande fait une sélection pour l’entrée au lycée, cette sélection se base sur les notes et 53% des élèves vont au lycée et le reste intègre le lycée technique. (Tous les élèves de 15 ans ont passé le test PISA). Dans les lycées finlandais le taux d’échec est de 4%, et de 10% dans les lycées techniques, comparé à environ 25% aux Etats-Unis, d’après les ministères de l’éducation des deux pays.

Une autre différence est économique. Chaque année scolaire, les Etats-Unis dépensent une moyenne de $8700 par étudiant alors que les Finlandais dépensent $7500. Le système de taxes élevées en Finlande assure aux élèves un financement à peu près équitable, à l’opposé des disparités entre les écoles publiques de Beverly Hills par exemple et les écoles dans des districts plus pauvres. L’écart entre l’école la meilleure et la plus mauvaise en Finlande était le plus faible de tous les pays au test PISA. Les Etats-Unis se situent dans le milieu du classement.

Les étudiants finlandais connaissent peu l’angstata ou l’angoisse de l’adolescent au sujet de l’entrée dans les meilleures universités et ils n’ont pas d’inquiétude pour le financement de leurs études. L’université est gratuite. Il existe une compétition entre les universités, mais elle se joue entre les spécialités offertes, comme l’école de médecine par exemple. Mais même les meilleures universités n’ont pas un statut élitiste comme Harvard.

Sans la compétition pour entrer dans "les bonnes écoles", les enfants finlandais peuvent profiter d’une jeunesse où ils subissent moins de pression. Alors que beaucoup de parents américains se tracassent pour faire entrer leurs bambins dans des écoles maternelles orientées sur la réussite, les Finlandais ne commencent pas l’école avant 7 ans, un an plus tard que la plupart des élèves de classe préparatoire aux Etats-Unis.

Une fois qu’ils commencent l’école les Finlandais sont plus indépendants. Alors que certains parents aux Etats-Unis pestent lorsqu’ils doivent accompagner ou aller chercher leurs enfants à l’école et préparent toutes les excursions et sorties, les jeunes Finlandais se débrouillent beaucoup plus par eux-mêmes. A l’école de Ymmersta dans une banlieue proche de Helsinki, quelques élèves de CP se trainent sous les arbres au feuillage persistant dans l’obscurité presque totale. Quand vient l’heure du repas de midi ils choisissent leurs plats, que toutes les écoles proposent gratuitement, et portent leur plateau jusqu’à leur table. L’accès à Internet n’est pas filtré dans la bibliothèque de l’école. Ils peuvent se promener en chaussettes pendant les cours, mais, à la maison, même les plus jeunes sont censés savoir lacer leurs chaussures ou chausser leurs skis seuls.

Les Finlandais bénéficient d’un niveau de vie parmi les plus élevés au monde, mais eux aussi ont peur d’être pris de vitesse par les changements liés à la mondialisation de l’économie. Leurs emplois dépendent de leurs entreprises d’électronique et de télécommunications, comme le géant finlandais du téléphone portable Nokia, ainsi que de l’exploitation forestière et minière. Certains professeurs seraient d’avis de favoriser leurs plus brillants élèves, comme le font les Etats-Unis, avec des programmes plus poussés afin de produire plus de battants. Les parents commencent également à faire pression pour que leurs enfants reçoivent une attention particulière, admet Tapio Erma, principal de l’école de Olari. "Nous sommes de plus en plus conscients du développement des idées américaines chez les parents" dit-il.

L’école de M. Erma est un établissement témoin. L’été dernier, pendant une conférence au Pérou, il a évoqué l’idée de l’adoption des méthodes d’enseignement finlandaises. Récemment, pendant un de ces cours de mathématiques avancés de l’après-midi, un lycéen s’est endormi sur sa table. Le professeur ne l’a pas dérangé et s’est plutôt concentré sur les autres élèves. Même si faire une sieste pendant les cours n’est pas excusé, M. Erma pense que "Nous devons simplement accepter le fait que ce ne sont que des enfants et qu’ils apprennent à vivre."

Annexe

Extrait vidéo du JT de France 3 (daté du 6 novembre 2004) : Reportage dans une école finlandaise (où il est notamment question de Mind Mapping ou Carte heuristique.

Notes

[1] Crédit photo : Finnish Flag par Wstryder sous licence Creative Commons By-Sa

[2] Une traduction Framalang by Olivier supervisée par Daria et GaeliX.




Conversion Windows Linux en 10 étapes – Le guide de l’accompagnateur

Un article que la rédaction du blog a jugé d’autant plus pertinent de traduire (merci Olivier) qu’il correspond à l’une des marottes de Framasoft : le switch Windows GNU/Linux.

L’originalité ici c’est que l’on ne s’adresse pas directement au candidat à la migration mais à l’accompagnateur du candidat à migration. Ce qui, à n’en pas douter, décuple les chances de succès.

PS : En fait il n’y a que neuf étapes, la dernière étant récursive comme le GNU 😉

Copie d'écran - Techthrob.com

Convertir un utilisateur de Windows à Linux en 10 étapes

10 Steps to Convert a Windows User to Linux

Jonathan DePrizio – mars 2008 – Techthrob.com

Comme Linux devient plus populaire et facile à utiliser, de plus en plus de personnes l’adoptent comme système d’exploitation principal. Mais la transition d‘utilisateur de Windows à utilisateur de Linux peut être un cheminement complexe. La plupart des nouveaux utilisateurs ne restent et ne deviennent des utilisateurs à long terme que parce qu’ils ont des amis pour leur présenter Linux et pour les aider, durant les premières semaines, à essuyer les plâtres. Voilà 10 étapes pour vous aider à faire connaître Linux à quelqu’un qui ne demande qu’à être converti.

1. Choisissez votre cible

Il faut le reconnaître, Linux n’est pas fait pour tout le monde. Vos grands-parents, les gros joueurs, les technophobes, tous ceux-là ne sont pas de bons candidats à la conversion à Linux. Il faut que vous choisissiez quelqu’un qui s’intéresse à l’informatique et même quelqu’un d’au moins moyennement qualifié dans le domaine. Le candidat idéal est celui qui a entendu parler de Linux mais qui, pour une raison quelconque, pense que ça serait trop compliqué pour lui. Une autre qualité importante de votre cible sera sa motivation pour prendre un peu de temps pour passer outre la phase d’adaptation initiale à un nouveau système d’exploitation. Si un candidat ne montre pas ces qualités vous feriez mieux de chercher ailleurs.

2. Familiarisez votre cible aux logiciels libres sous Windows

Une fois que vous avez choisi votre converti potentiel, présentez-lui les logiciels libres sous Windows. Il est probable qu’il ou elle utilise déjà Firefox (si c’est un utilisateur d’IE, peut-être devriez vous choisir quelqu’un d’autre à convertir), mais il y a une chance qu’il ou elle ne réalise pas que c’est un logiciel libre. Faites allusion au processus de développement de Firefox qui est le même que celui de Linux ; reposant sur le travail d’une communauté de développeurs plutôt que sur une entreprise énorme. Expliquez pourquoi vous pensez que c’est mieux : plus d’yeux signifie moins de bogues, plus de fonctionnalités et plus de développeurs. Pour une liste complète de logiciels libres fonctionnant sous Windows rendez-vous à cette page (NdT : lien modifié vers… Framasoft !).

3. Montrez un bureau Linux

L’une des raisons qui font que les gens se disent il faut que je l’ai en parlant de Linux est l’aspect attirant des bureaux avec Compiz. Évidemment c’est très superficiel et nous savons tous que Linux représente bien plus qu’un cube qui pivote et des fenêtres qui se minimisent en faisant des flammes, mais c’est un très bon moyen de rapidement captiver l’attention de quelqu’un et pour qu’il pose des questions. Qu’est-ce que c’est ? Comment tu fais ça ? Comment est-ce que je peux l’avoir ? Vos réponses à toutes ces questions pointeront vers Linux.

4. Donnez un LiveCD à votre cible

Vous ne voulez pas voir votre futur converti se précipiter puis ensuite être frustré. C’est le plus sûr moyen de le voir revenir très vite à Windows. Donnez lui plutôt un LiveCD ; c’est une très bonne manière de le familiariser avec l’environnement Linux, l’interface et les fonctionnalités présentes à l’installation. Voyez cela comme un jouet avec lequel il peut s’amuser durant son temps libre. Ne le lui imposez pas, dites simplement Si tu veux l’essayer, tu peux démarrer sur ce CD sans toucher à ton disque dur. C’est un bon moyen pour que votre cible teste la température de l’eau.

5. La première installation

Avec un peu de chance votre cible a été impressionnée avec ce qu’elle a trouvé sur le LiveCD et est prête à faire le grand plongeon. Tant mieux pour elle ! Rassurez la en lui disant que ça n’est pas si compliqué. Assistez-la lors de l’installation et expliquer qu’elle peut conserver sa partition Windows et utiliser un dual-boot avec Linux, elle pourra ainsi choisir lequel elle veut utiliser. C’est une très bonne manière pour que les gens s’habituent en douceur à un nouveau système d’exploitation. Il faut absolument que vous soyez présent pour aider le nouvel utilisateur. La chose la plus importante à propos de Linux est l’aide de la communauté, en étant présent et en donnant un coup de main vous encouragerez votre cible à s’appuyer sur la communauté pour trouver des solutions à ses problèmes.

6. Le premier démarrage

Encore une fois il est obligatoire, obligatoire, obligatoire que vous restiez disponible pour aider même après que le système d’exploitation ait été installé, mais laissez votre nouveau converti essayer de se débrouiller par lui même. Laissez-lui le temps de s’adapter au bureau, de découvrir les programmes installés, de surfer sur le Web et de faire tous les trucs qu’il veut faire sur l’ordinateur. Votre rôle maintenant est de regarder ça de loin tout en restant disponible lorsqu’il a une question. Montrez lui comment ajouter et retirer des programmes ; recommandez des programmes si on vous demande Quel programme dois-je utiliser pour (insérer une tâche ici) ? Mais tout au long de ce processus laissez l’utilisateur faire ce qu’il veut.

7. Les premiers jours

Si tout se passe bien, le nouveau converti devrait être satisfait de sa première expérience sous Linux. Mais évidemment, il y aura des problèmes. Restez à disposition pour l’aider à surmonter les grosses difficultés et le choc initial de la nouvelle expérience, mais n’imposez pas vos conseils lorsqu’on ne vous demande rien.

8. La deuxième semaine

Le temps est arrivé d’expliquer les autres manières d’obtenir de l’aide avec Linux. L’idée est ici de rendre l’utilisateur indépendant pour ce qui est du dépannage et de la résolution des problèmes, mais restez toujours aussi disponible et utile que possible.

9. Le premier mois et au-delà

Si votre converti utilise toujours son nouveau bureau Linux vous pouvez certainement crier victoire ! Félicitations ! Vous avez converti quelqu’un à un système d’exploitation libre. Maintenant son bureau devrait être bien configuré et tous les programmes dont il a besoin devraient être installés et devraient fonctionner correctement. A ce moment vous commencerez sûrement à recevoir des questions plus pointues qu’avant ; des questions comme Comment je fais pour personnaliser telle fonction ? ou Qu’est-ce que cela signifie quand le gestionnaire de mise à jour fait ceci ou cela ? Si vous êtes chanceux vous connaitrez les réponses, mais si ce n’est pas le cas c’est l’occasion pour vous de trouver les réponses ! C’est toujours important d’en apprendre toujours plus soit-même afin de continuer avec l’étape 10.

10. Reprendre les étapes 1 à 9

Si vous avez réussi à convertir un utilisateur de Windows à Linux vous devriez vraiment retenter l’expérience avec quelqu’un d’autre ! Servez-vous de ce que vous avez appris avec lors de votre tentative précédente et adaptez-le à votre style et à votre cible. Si tout se passe bien vous devriez avoir votre propre armée personnelle de convertis à Linux en un rien de temps !




Quand Jeanne-Marie découvre le logiciel libre via l’Eee PC

Le Eee Pc tout le monde en a parlé et nous aussi. Dans cet article nous émettions l’hypothèse qu’on avait à faire avec un excellent vecteur de propagation du logiciel libre auprès du grand public. A condition de rester vigilant mais aussi d’informer les utilisateurs de cet ordinateur d’un nouveau genre qu’il repose quasi exclusivement sur du logiciel libre. Sinon ils feront, comme Monsieur Jourdain, du logiciel libre sans le savoir et ce serait bien dommage.

Grand public et information sur le logiciel libre, c’est pour cette double raison que j’ai particulièrement apprécié ce test de SVM TV auprès de Jeanne-Marie, collaboratrice au magazine.

Test ainsi présentée : Jeanne-Marie utilise un portable chaque jour pour son travail, pour ses loisirs, mais n’y connaît pas grand-chose à Linux, comme d’ailleurs près de 95 % des Français. Après avoir joué avec l’Eee PC d’Asus, son avis sur la question a complètement changé.

Vous me direz que travailler pour SVM c’est certainement être plus compétent que votre belle-mère. Certes mais, avec tout mon respect, elle joue parfaitement bien le rôle de la candide qui découvre ce nouvel objet et tente de l’apprivoiser. Quant à la conclusion, titrée Eee PC : Enfin une vitrine alléchante pour le logiciel libre ?, je ne sais pas si ils avaient répété avant mais elle méritait bien la retranscription ci-dessous.

Le vidéaste : Bon t’as paru assez étonnée du fait qu’on avait un espèce de Word sur cette machine, même un Powerpoint et un tableur qui t’ont paru assez performants. Tu m’avais l’air assez étonnée en fait.

Jeanne-Marie : Oui c’est vrai j’ai été très étonnée, je ne m’attendais pas à trouver des logiciels qui proposent autant de fonctionnalités, je pensais que ça existait pas.

Le vidéaste : T’es habituée quand même à la suite classique Word, Excel, Powerpoint…

Jeanne-Marie : Tout à fait. Et là je suis non seulement pas du tout dépaysée mais en plus je retrouve mes fonctions de base classiques dont j’ai besoin dans tous ces logiciels. Et voilà effectivrement je suis très agréablement surprise.

Le vidéaste : Ca t’a permis de découvrir une alternative à ce que propose Microsoft et tu penses que là, avec ta prochaine machine, au lieu d’installer une suite Office, tu te diras, tiens peut-être que je vais essayer d’utiliser régulièrement…

Jeanne-Marie : Ah ben complètement parce je ne m’attendais pas à trouver autant de qualité et autant de fonctionnalités. Donc oui, oui, tout à fait. Je pense que j’y réfléchirai et je pense que je sauterai le pas, si j’ai cette possibilité je pense que je le ferai.

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