On se motive comme on peut chez Microsoft…

Voici une vraie fausse vidéo interne tournée récemment par Microsoft et qui fait le tour de net actuellement.

La blogosphère anglophone semble d’accord pour la trouver globalement ridicule mais je pense qu’elle correspond bien à la culture et à l’humour des employés de la société. Elle correspond bien aussi à la situation difficile de Windows Vista qui tarde à s’imposer en entreprise. Elle correspond bien enfin aux moyens que peut mettre Microsoft dans une simple parodie.

Auteur : Bruce ServicePack and the Vista Street Band
Titre : Our Ecosystem Rocks!




Le cri déchirant dans utilisateurs de Windows XP

Save XP - Petition - Inforworld

Quel est aujourd’hui le principal concurrent de Microsoft dans le domaine des systèmes d’exploitation ?

Non, non, vous n’y êtes pas. Bien sûr le Mac séduit de plus en plus de monde et GNU/Linux avance lentement mais sûrement confiant mais conscient de ce que la route est longue mais la voie est libre. Il n’empêche qu’à l’heure actuelle le principal concurrent de Microsoft c’est avant tout… Microsoft lui-même !

En effet, à moins d’acheter un ordinateur neuf en grandes surfaces sans trop se poser de questions (de toutes les façons il n’y pas le choix, c’est Vista), il est clair que les utilisateurs de Windows XP ne souhaitent pas pour le moment changer pour Vista (surtout avec la toute prochaine mise à jour de XP, le Service Pack 3, qui devrait encore le renforcer). Ceux-là en effet se renseignent, lisent la presse et les sites spécialisés, écoutent les témoignages de proches qui ont franchi le pas, et en tirent la conclusion qui s’impose. Comme le dit si bien l’adage populaire : le mieux est l’ennemi du bien.

Ils ne souhaitent pas la fin programmée de Windows XP par Microsoft et le disent un peu partout à commencer par cette pétition en ligne Save XP d’un site américain au dessus de tout soupçon : Infoworld, dont nous vous proposons l’appel en traduction ci-dessous (merci Guillaume).

Initiée en janvier dernier nous en sommes à ce jour à rien moins que 142.226 signataires ! D’accord les pétitions en ligne valent ce qu’elles valent mais c’est tout de même un ordre de grandeur (hautement) significatif.

Notons au passage que cela ne serait jamais arrivé dans le monde du logiciel libre. Si vous avez une communauté assez forte pour souhaiter qu’un projet ne disparaisse pas alors tel sera bien le cas quand bien même les développeurs d’origine souhaitent donner au projet une autre direction (ou tombent dans le côté obscur de la force, ce qui revient au même). Cela s’appelle un fork, c’est permis par la licence libre et c’est rendu techniquement possible par la mise à disposition du code source du programme.

À rendre les utilisateurs captifs de son système d’exploitation Microsoft est pris à son propre piège. Tant pis pour eux et tant mieux pour nous, car jamais la situation n’a été aussi favorable à une mutation écologique majeure qui verrait soudainement de nombreuses chenilles Windows se métamorphoser en papillons Linux 😉

Save XP - Petition - Inforworld

Sauvons Windows XP ! L’heure tourne

Save Windows XP! The clock is ticking

Galen Gruman – 13 avril 2008 – InfoWorld.com

Microsoft va arrêter la vente de Microsoft XP préinstallé et en boite le 30 Juin 2008, forçant les utilisateurs à passer à Windows Vista. (Les assembleurs pourront toujours vendre Windows XP jusqu’au 31 Décembre.) Ne laissez pas cela se passer comme ça !

Des millions d’entre nous se sentent à l’aise en utilisant Windows XP et ne ressentent pas le besoin de passer à Vista. C’est comme avoir un appartement confortable dans lequel vous avez apprécié revenir du travail pendant des années, tout cela pour vous retrouver avec avec un préavis d’expulsion dans votre boite aux lettres. L’idée de devoir partir dans une nouvelle demeure, même avec des huisseries en acier inoxydable, des surfaces en marbre, des meubles en bois d’érable (ou peut etre est-ce cerisier ces temps-ci), n’est pas agréable. Peut-être que le nouvel appartement sera plus moderne, mais il va aussi vous coûter beaucoup plus cher et ne vous conviendra pas si bien. Et vous n’avez pas d’autre raison de changer.

C’est exactement la sentiment qu’engendre Vista. Pour la plupart d’entre nous, il n’y a vraiment aucune raison d’y passer, mais nous n’avons pas le choix. Quand ce sentiment de continuer à utiliser Windows XP est devenu manifeste en 2007, d’importants constructeurs comme Dell et Hewlett-Packard on réintroduit furtivement XP sur leur nouveaux produits (uniquement pour les professionnels, pour ne pas s’attirer les foudres de Microsoft). Ce 30 Juin par contre, même cette option n’existera plus.

Que faire alors ? Laisser Microsoft choisir où vos logiciels personnels et professionnels doivent vivre ? Ou bien dire haut et fort que vous ne voulez pas changer ?

Nous avons choisi la méthode haute et forte. Rejoignez-nous, et dites à Microsoft que vous voulez que XP soit disponible indéfiniment. Pas pour six mois ou un an de plus mais indéfiniment.

Et demandez à vos amis et collègues de nous rejoindre aussi. Orientez-les vers SaveXP.com pour un accès rapide a cette page. Et si vous souhaitez mettre notre compte à rebours sur votre site web pour promouvoir cette pétition, envoyez un e-mail à l’éditeur en chef Galen Gruman pour avoir le code.

Vous pensez que Microsoft n’écoutera pas ? Considérez cela : Bien que Microsoft refuse d’admettre qu’il y ait le moindre problème avec Vista ou que la majorité des gens n’en veulent pas, l’entreprise a déjà reporté la retraite de XP de six mois. C’est un début, mais ce n’est pas suffisant.

Microsoft n’a pas à accepter son échec. Ils n’ont qu’à dire qu’ils vont laisser Windows XP disponible indéfiniment pour satisfaire la demande des clients. Ils peuvent prendre cette opportunité pour améliorer Vista, ou développer le prochain Windows qui nous donnera peut-être envie de changer.

Il y a un précédent à cela aussi : Vista est en de nombreux points similaire à Windows Millenium qui devait remplacer Windows 98 en 2000 mais qui a fait plus de mal que de bien. À l’époque, Windows 2000 était prometteur mais ne supportait pas beaucoup de matériel, donc les utilisateurs étaient coincés avec deux mauvais choix. Sans admettre l’échec de Millenium, Microsoft réintroduisit furtivement Windows 98 sur le marché jusqu’à la sortie de la version améliorée de Windows 2000 (SP1). Microsoft doit refaire quelque chose comme ça aujourd’hui.

Faites entendre votre voix à Microsoft. Signez dès maintenant la pétition pour sauver XP. Nous la présenterons à Microsoft.




Pour que la démocratisation du logiciel libre ne soit pas un rendez-vous manqué

Extranoise - CC by« …ils auraient tout aussi bien fait d’être restés sous Windows. »

Voici un sujet souvent traité ici comme ailleurs : la risque de dilution de certaines valeurs du libre dans son processus en marche de démocratisation.

Parce que si le nouvel utilisateur de logiciels libres est avant tout préoccupé par son propre confort matériel (pris dans tous les sens du terme) alors il se pourrait bien que l’occasion offerte devienne un rendez-vous manqué[1].

De la domination de GNU/Linux pour de mauvaises raisons

GNU/Linux World Domination for the Wrong Reasons

Bruce Byfield – 11 mars 2008 – Datamation
(Traduction Framalang : GaeliX)

A chaque fois que j’entends les gens parler des opportunités qu’a GNU/Linux de devenir de plus en plus populaire, je me souviens d’une réflexion de Tommy Douglas[2], le social-démocrate qui est devenu un héros pour la création de la couverture sociale universelle au Canada : « Si je pouvais appuyer sur un bouton et gagner un million d’électeurs qui n’ont pas compris ma politique », a-t-il dit, « je n’appuierais pas sur ce bouton ». Il voulait dire par là qu’il ne faisait pas de la politique simplement pour être élu, mais pour amener d’autres personnes à partager ses idéaux – et qu’il était déterminé à ne pas perdre de vue ses objectifs à long terme tout en poursuivant ceux à court terme.

Cette reflexion a du sens pour moi parce que, de plus en plus, dans la hâte de s’attribuer des parts de marché, beaucoup de gens semblent perdre de vue que l’objectif de GNU/Linux et des logiciels libres n’est pas en soi d’être populaire, mais de faire accepter un ensemble d’idéaux à une plus grande audience.

A la base, le logiciel libre est là pour aider les utilisateurs à prendre le contrôle de leurs ordinateurs afin qu’ils puissent participer sans entrave aux communications numériques sur les réseaux et Internet. Il s’agit de pouvoir installer un logiciel librement, plutôt qu’encadré par un fabricant. Il s’agit de pouvoir utiliser votre ordinateur comme vous le voulez, plutôt que d’en céder le contrôle à des boites noires installées par les éditeurs de logiciels sans votre autorisation.

On pourrait qualifier cet objectif d‘activisme de consommateurs si cela vous fait plaisir, mais une description plus adéquate serait extension de la liberté d’expression, et peut-être même extension de la liberté d’association, qui sont des droits fondamentaux sur lesquels les sociétés industrielles modernes sont censées être construites.

Toutefois, ce sont rarement ces objectifs qui sont décrits par les bloggers et chroniqueurs quand ils évoquent les possibilités que GNU/Linux devienne plus populaire. Selon eux (et leurs critères n’ont pas beaucoup évolués entre 2002 et 2008), ce dont ce système d’exploitation a besoin c’est de plus d’applications commerciales, d’un meilleur support matériel, de l’amélioration de l’interopérabilité avec Windows, et de plus de machines pré-installées. Et quand ils évoquent l’embellie dans l’utilisation de GNU/Linux pour cause de résistance à Vista, ils vont plus se servir du mot « libre » (NdT : free en anglais) pour parler de prix ou de coût total d’acquisition, que pour parler de politique ou de philosophie.

Ils abordent le sujet, en résumé, d’un point de vue business ou technique, plus fondé sur la facilité que sur les idéaux. Et, sur le court terme, il n’y a rien de vraiment gênant là dedans (même si je ne peux m’empêcher de penser que l’interopérabilité avec Windows est l’une des excuses pour le tristement célèbre accord Microsoft-Novell en novembre 2006).

Ceci dit, j’apprécie l’excellence technique autant que tout un chacun et si tout ce que vous souhaitez est une excellente alternative à Windows, alors OS X fera votre bonheur (et peut-être plus encore, d’après certains). Comme GNU/Linux, c’est un sytème dérivé d’Unix mais dont la facilité d’utilisation est inégalée. Si votre priorité est la performance technique, le fait qu’il soit propriétaire ne devrait pas trop vous poser de problèmes.

De la même façon, si les graticiels vous intéressent, il y a suffisamment d’applications à disposition pour que vous n’ayez jamais à payer un cent, sans parler d’Acrobat ou des lecteurs Flash qui sont téléchargeables gratuitement.

En fait, au moins autant de gens se tournent vers ces solutions de rechange que vers GNU/Linux du fait de leur ressentiment envers Windows. Sans trop réfléchir, je pense à au moins une douzaine de consultants qui distribuent des solutions de serveurs libres basées sur Drupal ou Joomla et qui utilisent OS X sur leurs ordinateurs portables.

De la même manière, il vous suffit de jeter un coup d’œil sur les forums des principales distributions comme Fedora ou Ubuntu pour voir que les utilisateurs sont plus intéressés par obtenir les pilotes vidéos propriétaires que d’avoir le contrôle de leurs ordinateurs. Après tout, les pilotes propriétaires sont disponibles, gratuitement, tout comme les pilotes libres qui le sont par choix éthique, alors pourquoi ne pas les utiliser, surtout quand ils sont technologiquement plus au point ? J’ai même vu certains utilisateurs reprocher à Fedora de ne pas fournir les pilotes propriétaires dans ses dépôts.

Il ne leurs viendrait jamais à l’esprit que le faire serait contraire à la politique de Fedora de ne mettre à disposition que des logiciels libres. Avec ces utilisateurs, l’avantage à court terme d’avoir des pilotes propriétaires techniquement supérieurs l’emporte sur l’éthique de la liberté. D’ailleurs, la plupart de ceux qui se plaignent semblent ne jamais avoir entendu parler des idéaux défendus par les logiciels libres. Pas plus qu’ils ne se fatiguent à écouter quand ces idéaux sont évoqués.

Certes, certains d’entre eux utilisent temporairement les pilotes propriétaires en attendant que des pilotes libres performants soient disponibles. Mais l’attitude générale donne à penser qu’ils n’ont aucune compréhension des objectifs à long terme. Peut-être qu’ils pourraient aider à augmenter suffisamment le nombre d’utilisateurs GNU/Linux pour encourager les fabricants à mettre à disposition des pilotes libres, mais je crains que leur contribution réelle ne fasse que conforter les fabricants dans leurs pratiques habituelles. En terme de bénéfice à long terme, pour eux-mêmes ou pour les autres, ils auraient tout aussi bien fait d’être restés sous Windows.

On retrouve le même manque de perspective dans d’autres raisons à court terme d’utiliser GNU/Linux. Toute personne ayant le sens l’équité se doit de s’interroger sur Microsoft ou tout autre logiciel en situation de monopole. Bien que le refus ou la règlementation des monopoles puisse conduire à des victoires à court terme, sur le long terme, de telles attitudes ou efforts font très peu de différence. Détruisez un monopole, et un autre se précipitera pour combler la brèche. Plus important encore, qu’importe la société qui a le monopole, il y a de fortes chances qu’elle soit propriétaire.

« Le problème quand on parle des monopoles », m’a dit il y a quelques années Peter Brown, directeur exécutif de la Free Software Foundation: « C’est qu’on laisse à penser que si il ne s’agissait pas d’un monopole, si il y avait de la concurrence entre les sociétés propriétaires, alors cela ne nous poserait pas de problème. Mais c’est faux, ce ne serait pas satisfaisant notre point de vue. »

Et Brown de continuer, « Nous ne voulons nous battre pour une victoire à court terme, car cela focalise les gens sur de mauvaises questions. Nous avons toujours eu à cœur de nous concentrer sur les plus gros problèmes, de façon à ce que si des gens s’orientent vers les logiciels libres, ils les fassent pour de bonnes raisons. »

Ou, comme Richard Stallman me l’a expliqué en 2007, « L’objectif du mouvement logiciel libre est de vous donner le contrôle du logiciel que vous utilisez. Ensuite, si vous voulez le rendre plus puissant, vous pouvez travailler à le rendre plus puissant ».

Oubliez ces priorités, et ce n’est même pas la peine de vous ennuyez à configurer un poste de travail ou un portable sous GNU/Linux. Vous avez perdu de vue ce qui est important et différent.

Comme Peter Brown a déclaré au nom de la Free Software Foundation, « A la fin de la journée, nous ne cherchons pas à être l’organisation la plus populaire du monde. Beaucoup d’organisations examinent leur situation et se disent : Quelle est la meilleure façon d’être en avance sur les autres ? Comment allons-nous composer avec notre ligne de conduite pour réaliser quelque chose, pour devenir plus populaire et réussir ? Mais quand vous avez un chef de file comme Richard Stallman, ces considérations ne sont jamais de mise. Il n’y a pas de considérations à court terme. Notre travail consiste élever le logiciel libre au statut de question éthique. Et à partir de là, nous pouvons aller de l’avant ».

Voir GNU/Linux passer de l’ombre à la lumière est passionnant, aucun doute là dessus. S’impliquer dans cette transformation l’est plus encore. Pourtant, dans la joie rebelle de regarder ces paradigmes évoluer, il nous faut prendre en compte que l’acceptation se fait parfois à un prix trop élevé. Il est vrai qu’insister pour que l’éthique de partage à la base de ce système d’exploitation fasse partie de son succès peut retarder ou même de mettre fin à ce même succès. Pourtant si cette éthique ne survit pas ce succès ne vaudra rien.

Notes

[1] Crédit Photo : Extranoise (Creative Commons By)

[2] NdT : Tommy Douglas sur Wikipédia.




Entretien avec un lycéen

Gregory - CC by-saEt si on donnait la parole aux lycéens ? Enfin non, à un lycéen, qui plus est rencontré sur… LinuxFr.

Merci en tout cas à Fabien (alias Xion345) d’avoir trouvé le temps, en pleines révisions du BAC, de répondre à quelques questions[1].

Bonjour, peux-tu rapidement te présenter…

Bonjour,

Je suis Fabien André, lycéen en terminale S option SVT (spé Maths). J’envisage des études d’ingénieur dans le domaine de l’électronique, de l’informatique ou des télécoms.

Quels logiciels libres utilises-tu au quotidien ?

J’utilise surtout les logiciels libres sur l’ordinateur familial, sous GNU/Linux (Kubuntu, majoritairement). Les logiciels que j’utilise le plus souvent sont le navigateur web Firefox, le client mail Thunderbird et le lecteur multimédia VLC. J’utilise également l’environnement KDE (Kopete pour la messagerie instantanée, amaroK comme lecteur musical).

Parmi les logiciels libres moins connus que j’apprécie particulièrement, il y a BasKet qui permet d’organiser ses notes simplement et efficacement ainsi que Freemind qui permet de créer des "cartes mentales", utiles pour classer ses idées.

Comment as-tu découvert les logiciels libres et en quoi te semblent-ils intéressants ?

J’ai découvert les logiciels libres il y a 4 ans avec Firefox (à l’époque dans sa version 0.7 :-)). Internet Explorer plantait tout le temps et j’étais à la recherche d’un bon navigateur. J’ai rapidement découvert Firefox et en cherchant un peu plus d’informations à propos de celui-ci, j’ai découvert qu’il s’agissait d’un logiciel libre. Impressionné par la qualité de ce logiciel, je me suis mis à utiliser VLC et OpenOffice. Plus tard, j’ai découvert qu’il existait même un système d’exploitation libre: Linux. Je me suis ensuite fait télécharger une Knoppix 3.6 par un ami que j’ai après installé par curiosité.

Ce n’est que plus tard, que j’ai vraiment cherché à m’informer sur les valeurs et l’esprit du logiciel libre.

Ils me semblent intéressants car on peut comprendre leur fonctionnement voir même les améliorer. Je suis souvent impressionné par leur capacité à fédérer les gens, à les faire coopérer. Je trouve que ce modèle de partage, de coopération et de diffusion du savoir est très riche !

Au cours de ton parcours scolaire as-tu souvent rencontré des logiciels libres ? Y a-t-il des professeurs qui t’en ont parlé, qui les ont utilisés en classe avec vous ?

J’ai très rarement rencontré des logiciels libres, que ce soit au collège ou au lycée. La dernière fois que j’en ai entendu parler remonte à la troisième : mon prof de techno installait Ubuntu sur un poste de la salle !

Je crois que les professeurs (en tout cas pour ce que j’en ai vu) ne sont pas mieux informés que le reste de la population en ce qui concerne les logiciels libres. Ils font un peu comme tout le monde et nous présentent les logiciels utilisés dans les Travaux Pratiques de bac (ce qui est on ne peut plus normal) : Excel et Geoplan en Mathématiques, Aviméca et Regressi (voire Excel) en Physique, Anagène, Phylogène et Sismolog en SVT.

Lorsqu’ils nous proposent de l’aide pour certains devoirs, ils nous demandent d’envoyer nos documents au format Word par e-mail !

Penses-tu que les logiciels propriétaires comme Windows et MS Office (Word, Excel…) sont trop présents à l’école. Et si oui que proposerais-tu pour améliorer la situation ?

En fait, plus que la trop forte présence des logiciels propriétaires dans l’éducation, c’est la quasi-absence des logiciels libres qui me gène un peu. Je n’ai rien contre les logiciels propriétaires mais dans le domaine de l’éducation, je pense que les logiciels libres présentent de nombreux avantages : possibilité pour les élèves de les utiliser à la maison, possibilité pour les profs de demander l’ajout de nouvelles fonctionnalités… Le navigateur Firefox était installé dans mon lycée sur les postes du CDI mais il n’est pas mis a jour ni correctement configuré pour utiliser le proxy de l’établissement.

Pour améliorer la situation, je pense qu’il serait possible d’installer des logiciels comme Firefox, OpenOffice, VLC, Geogebra ou 7-zip sur les postes des CDI des lycées. Je suis conscient que ce n’est pas si simple et que cela engendre des couts de maintenance mais ça reste faisable. Pourquoi ne pas également informer les profs de l’existence de ces logiciels et même les encourager à présenter certains logiciels libres utiles dans leurs matières ?

Il me parait que la distribution de clés USB équipés avec des logiciels libres (ou de CD) aux profs ou aux élèves est une bonne chose mais je crois que pour être totalement efficaces, ces opérations devraient être assorties d’une courte présentation des logiciels et d’explication de ce que sont les logiciels libres.

Certains caricaturent les jeunes et leur usage d’internet qui se résumérait à MSN, Skype, Skyblog, World of Warcraft et du copier/coller de Wikipédia. Qu’as-tu envie de dire à ces gens là ?

Je crois que leur répondrait qu’ils se trompent assez lourdement ! Je peux comprendre qu’ils ait rencontré des "djeuns’" utilisant Internet de cette façon. Il y en a une partie, je veux bien le croire. Cependant, il ne faut pas généraliser, ils représentent une minorité.

La plupart ont bien compris qu’Internet ne se résume pas à MSN et Skyblog. Nous l’utilisons pour nous informer sur les sujets qui nous intéressent, discuter sur des forums et bien sur pour nos documenter sur nos exposés (voir même développer des logiciels libres !). Et il peut arriver que certains publient des informations intéressantes sur leurs blogs ou sites personnels ! En revanche, tout le monde utilise MSN (et moi le premier), ce qui n’est pas forcément une bonne chose pour l’interopérabilité mais sous Jabber, je n’ai aucun contact !

Quant au copier/coller, j’aimerais leur dire que nous ne somme pas complètement dupes. Nous nous rendons bien compte qu’un prof peut vérifier en deux secondes si un article a été copié de Wikipédia. En plus, nous avons tout de même un certain esprit critique : nous vérifions nos informations, essayons des les comprendre. Nous les adaptons au sujet. Et ça prend du temps! Bref, les gens qui disent que Wikipédia ne sert qu’au copier/coller m’énervent profondément ! De plus, on aurait inventé le plagiat avec Wikipédia ? Il est tout aussi facile de copier un article de "Tout l’univers", d’Encarta ou de l’Encyclopedia Universalis.

Est-il difficile d’expliquer à ses camarades ce qu’est un logiciel libre ? Penses-tu que la diffusion de la pratique du piratage et la confusion libre/gratuit compliquent la situation ?

Oui, en général, ce n’est pas facile car une partie (pas tous !) s’en moquent complètement.

La confusion libre/gratuit complique grandement la situation : peu arrivent à saisir la distinction libre/gratuit car au final "ça ne change rien" pour eux. J’essaye de leur montrer qu’ils se trompent, que c’est différent, que par exemple, du fait de l’ouverture du code source, on a un certain contrôle sur le logiciel, on peut savoir exactement ce qu’il fait.

Penses-tu que ce serait une bonne idée de créer un "cours d’informatique" comme cela se discute actuellement ? Et si oui pour quel niveau et pour quel contenu ?

Oui, je pense que ce serait vraiment une bonne idée étant donné l’importance de l’informatique et d’Internet à la fois dans l’éducation, dans la vie économique, mais aussi dans notre vie personnelle, pour s’informer, se divertir voire même pour entretenir nos relations sociales.

Cependant, je ne pense pas qu’il serait utile d’apprendre aux élèves à utiliser le traitement de texte XYZ, le tableur XYZ ou encore tel logiciel de géométrie dynamique. Ce genre de chose est déjà fait, et je pense que c’est une bonne chose, dans les matières où l’utilisation de tels logiciels est pertinente. Je pense qu’il faudrait plutôt traiter certaines questions comme : Qu’est ce qu’un format ? Quelle est la différence entre interopérable et compatible ? Qu’est-ce que la licence d’un logiciel ? Pour quels usages a-t-on le droit de copier tout ou partie d’un article sur internet ? En matière de liberté d’expression, qu’est-ce qui est autorisé ou non sur internet ?

Bref, plus un cours d’informatique citoyenne, ou un cours de bon usage de l’informatique plus qu’un cours d’informatique technique. Je crois que 4 ou 5 heures par an seraient suffisantes pour nos informer sur ces questions.

Comment vois-tu l’avenir du logiciel libre ?

Ce n’est pas une question facile ! 🙂

Je pense que le logiciel libre a avenir prometteur. De toutes façons, il a réussi à se développer dans des conditions pas très favorables avec une société qui domine le secteur de l’informatique. Un nombre incroyable de personnes le soutiennent que ce soit en écrivant du code, de la documentation ou simplement en aidant les nouveaux venus…

Je crois aussi qu’en ce moment, au niveau économique, le vent souffle dans le sens du logiciel libre, l’économie migre vers les services (les SSLL ont une croissance importante), les constructeurs de matériel ouvrent leurs spécifications, de grosses sociétés comme Sun ou IBM s’y intéressent.

Il reste cependant menacé par les DRM, la soi-disant "informatique de confiance" et la vente liée.

Bonne chance pour le BAC 😉

Merci. Je me prépare, je me prépare ;-).

Notes

[1] Crédit photo : Gregory (Creative Commons By-Sa)




Les élèves de Genève sous Linux à la rentrée prochaine

Reprise d’un article de la Tribune de Genève. Histoire de se donner du baume au cœur après la triste nouvelle concernant la normalisation du format OOXML (le plus triste dans cette histoire ce sont surtout les conditions de cette normalisation).

On patine encore un peu sur l’exercice difficile de la définition d’un logiciel libre mais il y a des choses qui font vraiment plaisir à lire. Voici en tout cas une administration scolaire qui se targuera plus tard d’avoir fait partie des premières à franchir le pas.

Et pendant ce temps-là en France, c’est l’inertie. Une inertie qui n’est pas perdue pour tout le monde…

Copie d'écran - Tribune de Genève

Le DIP met le cap sur les logiciels libres

Luca Sabbatini – 02 avril 2008 – Tribune de Genève
URL d’orgine du document

Dès la rentrée de septembre 2008, les ordinateurs des écoles genevoises auront migré vers des programmes gratuits. Explications.

Vive les logiciels libres ! Au Département de l’instruction publique (DIP)[1], le mot d’ordre est d’actualité. A la prochaine rentrée scolaire, en septembre 2008, les quelque 9000 ordinateurs des écoles du canton vont définitivement abandonner le système d’exploitation payant Windows pour migrer sur son concurrent gratuit Linux. Et ils n’utiliseront plus que des programmes ouverts. Un changement qui prend des allures de petite révolution dans l’administration cantonale genevoise.

Un logiciel libre, qu’est-ce que c’est? On le dit libre, par opposition à propriétaire. On le dit aussi ouvert, car son code de programmation reste accessible à tous et peut être librement modifié (en anglais «open source). Pour simplifier, il s’agit d’applications informatiques développées non par une société dans le but de les commercialiser, mais par une communauté de programmeurs. Qui codent pour le plaisir, pour se faire la main ou pour encourager la qualité.

Gratuits et multiplateformes (Windows, Mac, Linux), constamment mis à jour, testés et améliorés, les logiciels libres concurrencent avantageusement les coûteux programmes des grandes firmes d’informatique. Ainsi, OpenOffice est-il un parfait équivalent de Microsoft Office, alors que Gimp remplit toutes les fonctions du Photoshop d’Adobe (lire ci-dessous).

Pourquoi passer aux logiciels libres? Gratuits, efficaces, pédagogiques, «ils n’ont que des avantages», assure Manuel Grandjean, directeur du Service Ecoles-Médias du DIP et à ce titre maître d’oeuvre de la migration du département vers l’open source. D’une part, ils offrent de quoi satisfaire le plan d’économie du Conseil d’Etat, dont la mesure 28 préconise de «promouvoir les logiciels libres» dans l’administration. Mais il ne s’agit en aucun cas d’une solution au rabais. «Nous avons choisi les logiciels libres pour leurs qualités», insiste Manuel Grandjean.

On trouve, analyse-t-il, «une vraie convergence» entre les bases de l’enseignement pratiqué au DIP et les logiciels libres. Par leur développement communautaire, ces derniers «encouragent le partage et la démocratisation des savoirs, ainsi que l’autonomie dans l’acquisition des compétences».

Autre atout non négligeable: les élèves peuvent travailler chez eux en utilisant gratuitement les mêmes programmes qu’à l’école, ce qui «renforce l’égalité des chances», estime Manuel Grandjean. Et puis, souligne-t-il avec un brin d’ironie, «on évite ainsi de fournir des clients captifs aux grosses sociétés informatiques»…

Qu’en est-il à l’usage? Au Collège de Candolle, on a anticipé les directives du DIP. Après des années de «dual boot, c’est-à-dire d’ordinateurs équipés d’un double système d’exploitation Windows/Linux, les machines tournent désormais exclusivement sous Ubuntu, une «distribution» de Linux.

«Il a fallu un temps d’adaptation», concède Jean-Daniel Gavillet, qui est en charge du parc informatique à Candolle, «mais c’est bénéfique pour tout le monde». L’avantage n’est pas que financier, insiste l’informaticien. «D’un point de vue pédagogique, c’est un plus considérable.» Et comme les logiciels libres adoptent des formats ouverts, privilégiant «l’interopérabilité», ils devraient mieux vieillir que les autres.

Notes

[1] Le DIP a produit un DVD contenant sa sélection de logiciels libres. Téléchargez-le !




Comment je suis devenu un enseignant innovant

aKa - BSOD - CC-By

Suite à un coup de téléphone avec le responsable Microsoft des partenariats éducatifs en France, j’ai décidé d’adhérer à l’association Projetice m’assurant ainsi une promotion immédiate au rang d’enseignant innovant (et accessoirement une place pour le prochain voyage à Bangkok).

J’aurais a priori en charge l’aspect communication du dossier Déploiement de Windows Vista et MS Office 2007 à l’école, dossier rendu difficile par la pression constante (et, il faut bien le dire, souvent malintentionnée) exercée par les partisans du logiciel libre qui serait, dit-on, mais cela reste à prouver, une alternative crédible aux produits Microsoft que tant de professeurs, élèves et parents utilisent au quotidien.

L’école a à l’heure actuelle bien d’autres chats à fouetter et il serait inopportun de créer une perturbation en obligeant la communauté scolaire à changer ses habitudes numériques durement acquises au fil des années.




Windows Vista ce sont ceux de Microsoft qui en parlent le mieux

Quand le New York Times se met à évoquer Windows Vista et ses déboires, on ne peut le soupçonner de partialité…

Big thanx à Mallorie pour la traduction.

Copie d'écran - Randall Stross - New York Times

Ils ont critiqué Vista. Parce qu’ils savaient.

They Criticized Vista. And They Should Know.

Randall Stross – 9 mars 2008 – New York Times

Un an après l’arrivée de Windows Vista, pourquoi tant d’utilisateurs de Windows XP refusent encore de passer à cette nouvelle version ?

D’après Microsoft, les prix élevés joueraient un rôle dissuasif. Le mois dernier, la compagnie a baissé les prix des packs Vista, en espérant voir les clients passer outre leurs réticences. Aux Etats-Unis, un utilisateur XP peut maintenant acquérir une version Vista Home Premium pour 129.95$ au lieu de 159.95$.

Mais une autre théorie circule sur l’échec de Vista : sa réputation le précèderait. Les utilisateurs XP seraient peu enthousiastes en entendant leurs amis ou connaissances leur narrer leurs expériences ratées de passages à Vista. La carte graphique qui ne supporte pas les effets spéciaux de Vista. Le temps de chargement trop long. La lenteur d’exécution des applications. Les imprimantes, scanners ou autres périphériques qui cessent de fonctionner correctement sous Vista, faute de pilotes adéquats, alors qu’ils tournaient sans problème sous XP.

En quoi Vista pourrait-elle être qualifiée de « version supérieure » ?

Voici l’histoire d’un passage à Vista plutôt malheureux qui s’est déroulé au début de l’année dernière. Jon (appelons-le Jon, je vous révélerai d’ici peu son identité) décide de passer deux machines sous XP à Vista. Il se rend alors compte qu’il manque des pilotes pour faire fonctionner son imprimante et son scanner sous Vista et qu’il doit réinstaller XP sur un des PC pour pouvoir encore utiliser ses périphériques.

Jon a-t-il simplement joué de malchance ? Apparemment pas. Lorsque Steve apprend les déboires de Jon, il confirme qu’il manque les pilotes de périphériques de toutes sortes – « c’est pareil dans tout l’écosystème ».

Vient alors le tour de Mike, dont le nouveau portable arbore le rassurant logo Windows Vista Capable. Il pense pouvoir profiter de toute la magnificience de Vista, ainsi que de ses programmes Microsoft préférés comme Movie Maker. Conclusion : « Je me suis fait avoir ». Logo ou pas, son nouveau portable ne comporte pas la puce graphique nécessaire pour utiliser son éditeur vidéo préféré et ne peut faire tourner qu’une version bridée de Vista. Comme il dit lui-même : « je possède désormais une machine à mails de 2100$ ».

Or, il s’avère que Mike n’est pas précisément un novice. Il s’agit de Mike Nash, vice-président de Microsoft, chargé de la gestion des produits. Et Jon, dépité d’apprendre que les pilotes dont il a besoin n’existent pas ? C’est Jon A. Shirley, membre du conseil d’administration et ancien président directeur géneral de Microsoft. Et Steven, que le manque de pilotes n’étonne plus, est bien placé pour le savoir : il s’agit de Steven Sinofsky, vice-président en charge de Windows.

Leurs remarques sont tirées d’e-mails internes à Microsoft, échangés en février 2007, donc après le lancement de Vista – alors considéré comme un produit achevé que les consommateurs achèteraient au prix fort. Entre les pilotes manquants et les étiquettes Prêt pour Vista apposées sur des portables qui ne l’étaient visiblement pas, Vista a tout de suite eu mauvaise réputation: Attention : Pas Prêt à l’Emploi.

Il est surprenant d’entendre les pontes de Microsoft se plaindre de leurs frustrations personnelles dues à Windows. Mais une action intentée contre Microsoft en mars 2007 devant la Cour de Justice de Seattle a révélé de nombreux documents internes. D’après les plaignants, Dianne Kelley et Kenneth Hansen, qui ont acheté leurs PC fin 2006, peu avant la sortie de Vista, les autocollants de Microsoft Windows Vista Capable induisent en erreur lorqu’ils ont apposés sur des machines qui s’avèrent incapables de faire tourner les versions de Vista pourvues des fonctionnalités les plus emblématiques que Microsoft mettait en avant pour promouvoir cet OS.

Le mois dernier, le juge Marsha A. Pechman a accordé à l’action intentée le statut d’« action groupés » (class action) et le procès est prévu pour octobre prochain. (Microsoft a fait appel de la décision de ce statut la semaine passée.)

Les personnes ayant acheté un PC labelisé Windows Vista Capable sans être également mentionné Premium Capable peuvent maintenant se joindre à la partie civile. Le juge a aussi rendu public quelque 200 e-mails et rapports internes, couvrant des débats internes à Windows au sujet de la meilleure façon de présenter Vista, entre 2005 et janvier 2007, au moment de sa sortie officielle.

Microsoft se vante aujourd’hui d’avoir deux fois plus de pilotes disponibles pour Vista que lors de son lancement, mais les problèmes graphiques et de performance perdurent. (En tentant de contacter la semaine dernière M. Shirley et ses collègues à propos de leurs expériences actuelles avec Vista, le porte-parole de Microsoft, David Bowerman, a déclaré qu’aucune des personnes citées dans les e-mails ne pourrait faire de commentaire tant que le procès serait en cours).

Les e-mails ont été publiés dans le désordre, mais en les remettant dans l’ordre chronologique, on peut y lire une tragédie en trois actes :

Acte I : En 2005, Microsoft a l’intention d’annoncer que seuls les PC suffisamment équipés pour supporter les exigences graphiques de Vista seront Vista Ready.

Acte II : Début 2006, Microsoft décide de revoir à la baisse les exigences graphiques théoriques afin de ne pas nuire aux ventes de Windows XP sur des machines bas de gamme alors que Vista est disponible. (Un client pourrait raisonnablement tirer la conclusion que Microsoft lui souffle: achetez maintenant, passez à Vista plus tard). Un ajustement sémantique est fait: au lieu de dire d’un PC qu’il est Vista Ready, ce qui peut amener à croire comme son nom l’indique qu’il est prêt à tourner sous Vista, on dira qu’il est Vista Capable, ce qui sous-entend que les résultats attendus pourraient ne pas être atteints.

Cette décision de revoir à la baisse les exigences graphiques de départ est accompagnée de protestations internes considérables. La configuration matérielle minimale est si basse que « même un vieux PC pourri ferait l’affaire », selon les propres termes de Anantha Kancherla, manager des programmes Microsoft, dans un des e-mails internes récemment rendus publics, tout en ajoutant « Ce serait une tragédie complète si on laissait faire ça. »

Acte III : 2007 voit la sortie des différentes versions de Vista, dont l‘Edition Familiale Basique, dépourvoue des fonctionnalités graphiques emblématiques de l’OS. Ce qui a placé les partenaires de Microsoft dans une situation embarrassante. Dell, dans un rapport également étudié lors du procès, enterrait d’ores et déjà Microsoft et faisait sèchement remarquer : « Les clients n’ont pas compris ce que signifiait Capable et s’attendaient à davantage que simplement pourrait être disponible. »

Tout était écrit. En février 2006, quand Microsoft a abandonné l’idée de réserver l’étiquette Vista Capable aux PC les plus puissants, son propre personnel a essayé de prévenir le déluge de plaintes de consommateurs à propos des PC plus limités. « Il serait beaucoup moins coûteux de faire les choses correctement pour les clients dès maintenant », déclara Robin Leonard, directeur commercial chez Microsoft, dans un e-mail à ses supérieurs, « plutôt que de devoir débourser par la suite pour essayer de résoudre les problèmes. »

Maintenant que Microsoft doit faire face à une action groupée, c’est un juge qui devra gérer la réparation de ces problèmes. Entretemps, Microsoft pourra-t-il racheter sa crédibilité perdue ?




Passer à Windows Vista et MS Office 2007 coûterait 150 millions d’euros à l’éducation

150 milions d’euros, autrement dit 1 milliard de francs, c’est l’ordre de grandeur de ce qu’il en couterait à l’école française (ou au contribuable, c’est comme vous voulez) si tous les ordinateurs du parc informatique des établissements scolaires devaient adopter le nouveau système d’exploitation Windows Vista et la suite bureautique qui va avec, MS Office 2007.

C’est entre autres choses très intéressantes, ce que j’ai retenu de l’étude Rôle des états et positions dominantes dans le secteur informatique qui vient d’être publié et dont je ne saurais trop vous recommander la lecture (voir extrait du communiqué ci-dessous).

Ce document est certes orienté puisqu’il souhaite par là-même faire prendre conscience aux pouvoirs publics de leurs responsabilités dans ce domaine. Mais il est on ne peut plus sérieusement documenté avec de nombreuses références citées et chiffrées.

J’ajoute que :

  • Ce prix est l’hypothèse basse de l’étude ! (pour l’hypothèse haute cela avoisine les 200 millions d’euros)
  • Ce prix ne tient pas compte du coût matériel engendré par l’opération sachant que ces deux logiciels exigent des ordinateurs puissants et donc récents.
  • Ce prix ne tient pas compte du coût social lié au fait que les familles risquent alors de s’équiper des mêmes logiciels que l’école de leurs enfants pour être au diapason.

Combien de projets éducatifs libres francophones pourrions nous soutenir avec cette somme-là ? Combien de personnes pourrions-nous former à l’usage des logiciels libres avec cette somme-là ? Combien d’emplois dans le libre francophone éducatif (développement, maintenance, services…) pourrions-nous créer avec cette somme-là ? etc.

Au risque de me répéter voici mon crédo : Les écoles ne devraient pas passer à Windows Vista et MS Office 2007 alors que le système d’exploitation GNU/Linux et la suite bureautique libre OpenOffice.org sont prêts à prendre le relai.

Etude - FFII France - AsSoLi

Extrait du communiqué de presse

Bruxelles, le 19 mars 2008

Dans une étude envoyée à plusieurs membres du Parlement européen, la FFII France et l’AsSoLi, Associazione per il Software Libero, mettent en lumière les responsabilités des différents pouvoirs publics dans la perpétuation des positions dominantes dans le marché des technologies de l’information.

L’existence de monopoles dans le secteur informatique et l’abus des positions acquises par les grands éditeurs de logiciel ne datent pas d’hier. Néanmoins, souvent par ignorance ou incompétence, les décideurs politiques continuent à agir contre les intérêts de la collectivité.

Il est important de documenter ces comportements de façon approfondie. C’est le pari que s’est lancé Antonio J. Russo, auteur de l’étude "Le rôle de l’Etat dans la constitution des positions dominantes dans le secteur informatique", dont l’AsSoLi et la FFII France souhaitent aujourd’hui diffuser le travail.

Paolo Didoné, Président de l’Associazione per il Software Libero déclare : « Nous espérons pouvoir sensibiliser les autorités nationales et européennes quant aux dangers des choix politiques effectués jusqu’à présent dans le secteur des TIC. Il est nécessaire aujourd’hui de procéder à un changement radical afin de respecter le principe de liberté d’initiative économique, en favorisant l’économie du logiciel libre et en mettant fin aux aides publiques destinées à renforcer les positions dominantes des principaux éditeurs de logiciel propriétaire. »

Le document expose divers arguments, parmi lesquels on peut souligner :

  • la stratégie fiscale de Microsoft et son impact négatif dans la majorité des pays européens ;
  • la multiplication des marchés publics hors la loi ;
  • le rôle de l’éducation nationale dans le développement d’une hégémonie culturelle ;
  • la diminution des emplois chez les grands éditeurs de logiciel propriétaire ;
  • le profit excessif dérivé de l’imposition de certains produits aux consommateurs.