Promouvoir le logiciel libre dès la maternelle

Michelle Adcock - CC by-sa Il y a quelques temps nous recevions une question fort pertinente via le formulaire de contact du Framablog. Une question du genre de celles dont on n’improvise pas la réponse dans la foulée, et il arrive alors que les réponses se fassent attendre un moment. Toutefois, les réponses une fois construites peuvent valoir le coup d’être partagées… [1]

Le plus facile, en matière de réponses, est de demander à ceux qui savent. Et les forums sont là pour ça. Mais pour aider dans le processus, la piqûre de rappel est un instrument qui se révèle efficace, et ainsi, le jeune père d’élève dont émanait la question, croisé samedi dernier au cours de l’une des nombreuses manifestations d’opposition à la LOPPSI qui animèrent le pays, en usa avec talent…

Pour la petite histoire, c’est un candidat aux élections de parents d’élèves de son école qui posa la question et c’est entre autre à un élu que s’adresse cette réponse, avec toutes nos félicitations et nos encouragements.

La question se présentait de la manière suivante :

Bonjour

Je vais me présenter aux élections de parents d’élève pour ma fille de 3 ans, en maternelle des petits. J’ai souvent lu des articles très intéressants sur le libre à l’école dans le Framablog et je suis moi même pirate et libriste. Je me demande si vous pourriez me conseiller sur, au niveau maternelle des petits, quels sont les actions que je pourrais tenter et sensibilisations que je pourrais entreprendre au niveau de l’école et de la municipalité, depuis ce poste de représentant des parents d’élèves. […]

La réponse que nous avons à lui fournir, dans la droite lignée de la catégorie Éducation de ce blog, émane d’un directeur d’école et animateur TICE. Il l’a découpée en quatre volets que voici.

Des difficultés

À l’école, l’informatique pour les élèves ce sont les TICE (Technologie de l’Information et de la Communication à l’École) parfois appelées TUIC (« U » pour « usuelle »).

Eh bien les TICE, le matériel informatique, ne sont plus mentionnés pour le cycle maternel dans les programmes 2008 de l’Éducation Nationale. Pas interdits, mais pas mentionnés : même pas comme exemple de support d’écrit.

Le niveau de maîtrise de l’outil informatique est très inégal parmi les enseignant(e)s de maternelle.

La dotation en matériel, pour les écoles maternelles et élémentaires, est du ressort de la municipalité. Les écoles maternelles sont souvent les parents pauvres en matière d’équipement informatique : souvent un poste pour la direction d’école… et c’est tout. Les parents d’élèves peuvent apporter leur concours en trouvant du matériel de récupération.

Des aides

Une remarque préalable : les enseignant(e)s sont responsables de leur pédagogie. On peut les aider, voire les inciter, mais en aucun cas les contraindre à faire utiliser l’outil informatique par les élèves.

Le mode de fonctionnement de la plupart des classes maternelles (en ateliers à certains moments) est favorable à l’utilisation de postes, par petits groupes, parmi d’autres activités. Il est nécessaire que le matériel soit fiable, et que les logiciels soient adaptés pour permettre rapidement une autonomie des élèves à cet atelier.

Dans de nombreuses circonscriptions, il existe un animateur TICE : un enseignant partiellement détaché. Parmi ces missions, il doit apporter son concours aux enseignants désirant mettre en œuvre une pédagogie utilisant les TICE. Il serait judicieux de se rapprocher de lui.

Il existe des packs logiciels (regroupant système d’exploitation et logiciels ludo-éducatifs) très bien conçus, et utilisables dès la maternelle à l’école ou à la maison. Ils se présentent sous forme de live-CD (on fait démarrer la machine sur le lecteur de cédérom) et on est assuré que les données contenues sur le disque dur ne risquent rien. Pratique pour l’ordinateur familial. On peut aussi les copier sur une clé USB, et la rendre amorçable [2]. On peut enfin les copier sur le disque dur à la place du système d’exploitation déjà existant (intéressant dans le cas d’une vieille machine un peu à bout de souffle).

Des réalisations très intéressantes

Il existe aussi la version monoposte d’AbulEdu (notice Framasoft), l’excellent FramaDVD École (page projet) et enfin de très nombreuses applications pédagogiques libres fonctionnant sous Windows.

Une remarque pour finir

Il me semble très maladroit de se présenter comme «  pirate et libriste ». Ça ne peut que renforcer la confusion dans l’esprit de certains, qui assimilent les deux termes. Ça ne peut que rendre plus difficile votre démarche d’aide aux équipes enseignantes.

Soyons clairs : le piratage à l’école… on n’en veut pas.

Pour des raisons éthiques : nous avons une mission d’éducation civique et morale. Tricher, voler, utiliser des logiciels piratés est en contradiction totale avec une démarche éducative.

Item 2.3 du Brevet Informatique et Internet (B2i)
Si je souhaite récupérer un document, je vérifie que j’ai le droit de l’utiliser et à quelles conditions.

Pour des raisons militantes : on sait bien que les pirates de logiciels font le jeu des maisons d’édition en renforçant la présence de leurs produits, en les rendant plus utilisés, donc plus désirables.

Soyons fiers des logiciels libres !

Notes

[1] Crédit photo : Michelle Adcock Creative Commons By-Sa

[2] On devrait même dire : « amorçante »




Ce que pense Jimmy Wales des App Stores et de la Neutralité du Net

Joi Ito - CC byVoici une courte traduction qui fait en quelque sorte la jonction entre les 10 ans de Wikipédia et notre récent billet évoquant la difficile cohabitation entre l’App Store d’Apple et les logiciels libres.

Il n’y pas que les libristes qui critiquent ces plateformes et qui y voient un possible « nœud d’étranglement », il y a aussi le fondateur de Wikipédia[1].

Pour ce qui concerne la neutralité du Net, il se montre plus prudent en ne partageant pas l’alarmisme de certains, mais il reconnaît que son avis est « fluctuant » sur le sujet.

Jimmy Wales, de Wikipédia : les App stores, une menace claire et actuelle

Wikipedia’s Jimmy Wales: App stores a clear and present danger

John Lister – 13 janvier 2011 – Tech.Blorge
(Traduction Framalang : Olivier Rosseler)

Le modèle des plateforme de téléchargement d’application (NdT : ou App Stores, du nom de la plus célèbres d’entre elles, celle d’Apple) est une menace plus immédiate pour la liberté d’Internet que les entorses à la neutralité du Net. C’est l’opinion de Jimmy Wales, le boss de Wikipédia.

D’après Wales, qui a clairement insisté sur le fait qu’il parlait en son nom propre, les plateformes de téléchargement d’applications, comme l’App Store d’iTunes, peuvent devenir des « nœuds d’étranglements très dangereux. » D’après lui, il est temps d’évaluer si ce modèle est « une menace pour la variété et l’ouverture des écosystèmes » en avançant que « lorsque nous achetons un appareil, nous devrions en avoir le contrôle. »

Wales s’exprimait lors d’un évènement à Bristol, en Angleterre, à l’occasion de l’anniversaire des 10 ans de Wikipédia. Pour lui, les inquiétudes exprimées sur la neutralité du Net ne sont souvent qu’hypothétiques et ne représentent pas un danger immédiat. Il reconnaît cependant que le sujet est complexe et que sa propre opinion est « sujette aux fluctuations » (ce qui signifie apparemment qu’il ne suivrait pas aveuglément un principe strict quelle que soit la situation). Il trouve que les arguments de la campagne pour la neutralité du Net sont « largement alarmistes » et plus centrés sur des craintes que sur des faits.

Wales s’est livré à une session de questions/réponses après une présentation sur le passé, le présent et le futur de Wikipédia. Il y cite notamment le tweet d’un enseignant qui disait : « Hier, j’ai demandé à une de mes étudiantes si elle savait ce qu’est une encyclopédie et elle m’a répondu « Quelque chose comme Wikipédia ? ». » D’après Wales, de tels exemples montrent que « la qualité de Wikipédia est un enjeu culturel majeur. » Mais il insiste sur le fait que les étudiants ne devraient pas citer WIkipédia dans leurs essais ou leurs dissertations, ni aucune autre encyclopédie d’ailleurs.

Partant du constat que 87% des contributeurs de Wikipédia sont des hommes, d’âge moyen 26 ans, et que les docteurs sont deux fois plus représentés que dans la population globale, l’un des plus grands défis du site est, selon lui, de s’ouvrir à une population plus diverse de contributeurs. Une solution serait de simplifier le système d’édition, éliminer autant que possible tout ce qui fait appel aux codes. Il reconnaît en particulier que la création de tableaux est un véritable « cauchemar ».

Mais il insiste également sur le fait que Wikipédia ne déviera pas de son but premier. S’il concède que l’ajout de fonctionnalités comme les e-mails ou le chat pourrait attirer plus de visiteurs, ce qui est l’objectif de services commerciaux, cela ne profiterait pas nécessairement à la qualité du contenu de Wikipédia, qui, d’après lui, devrait « égaler celle de l’encyclopédie Britannica, voire faire mieux. »

Notes

[1] Crédit photo : Joi Ito (Creative Commons By)




Pourquoi plus de dix ans de retard pour l’informatique à l’école ?

QThomas Bower - CC by-saAuriez-vous deviné que l’article que nous vous proposons aujourd’hui date de 1998 ? Oui car il est question de francs et non d’euros, mais sinon force est de constater qu’il est toujours d’actualité.

On pourrait même ajouter qu’il est malheureusement toujours d’actualité car les arguments avancés restent pertinents alors que, douze ans plus tard, les solutions envisagées n’ont toujours pas été prises. Et il est alors légitime de se demander pourquoi, et qui a et a eu intérêt à ce qu’il soit urgent de ne rien faire.

J’ai donc voulu profiter du fait que le Framablog est relativement bien intégré dans la sphère des blogs et autres réseaux sociaux pour le sortir de sa naphtaline et vous le faire partager. Nous devons cet article à Bernard Lang, directeur de recherche à l’Inria et membre fondateur de l’AFUL.

Le sujet de la place de l’informatique à l’école est un sujet qui semble a priori un peu à la marge des logiciels libres. Il n’en est rien pourtant. Et c’est pourquoi nous publions régulièrement des articles sur ce thème, en soutenant le travail, enfin proche d’aboutir, de Jean-Pierre Archambault et d’autres, au sein notamment de l’EPI et de l’ASTI :

C’est aussi pourquoi notre collection de livres libres Framabook accueille des titres comme Le C en 20 heurs ou Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Unix sans jamais oser le demander.

Il ne s’agit pas de faire de tout citoyen un programmeur chevronné. Mais logiciels (libres ou pas), données (personnelles ou pas), réseaux, Cloud Computing, Internet (filtrage, neutralité), Hadopi, Acta, Loppsi, Facebook, Microsoft, Apple, Google, Wikileaks, Anonymous… comment comprendre et appréhender au mieux ce nouveau monde si l’on n’a pas un minimum de culture informatique ?

Parce que dans le cas contraire, on se met alors tranquillement à accepter, pour ne pas dire applaudir, l’entrée des iPad dans nos écoles, ce qui devrait d’ailleurs être le sujet de mon prochain billet[1].

L’Informatique : Science, Techniques et Outils

URL d’origine du document

Bernard Lang (INRIA) – décembre 1998

(Présenté à LexiPraxi 98, journée de réflexion sur le theme «Former des citoyens pour maîtriser la société de l’information», organisée le 9 décembre 1998 à la Maison de l’Europe (Paris) par l’AILF. L’auteur remercie Pierre Weis pour sa relecture et ses nombreux commentaires.)

« Le développement extrêmement rapide des technologies de l’information et de la communication ouvre un formidable potentiel de croissance et de création d’emplois, mêlant des enjeux industriels, économiques et sociaux considérables. Ces technologies constituent le premier secteur économique des prochaines années… » (Bernard Larrouturou – L’INRIA dans dix ans – 1997)

Devant une telle analyse, devant l’importance de l’enjeu, l’on imagine aisément que l’une des premières choses à faire est de développer les sciences de l’information dans l’enseignement, afin de préparer les élèves aux défis du prochain siècle. C’est effectivement ce qui se passe, et l’on voit les USA dépenser des sommes de l’ordre de 100 milliards de francs par an pour l’informatisation des écoles. Sans être du même ordre, les efforts consentis par la France dans ce domaine sont également considérables. Et pourtant, selon un article de Todd Oppenheimer, The Computer Delusion, paru dans la revue Atlantic Monthly en Juillet 1997, l’introduction de l’informatique dans les établissements scolaires est loin de donner les résultats que l’on pourrait attendre de tels investissements, et l’on peut légitimement se demander si des investissements moindres, mais autrement employés, ne donneraient pas de meilleurs résultats.

Où est l’erreur ?

L’une des premières remarques que l’on peut faire est que les plus ardents promoteurs de l’informatique à l’école sont les constructeurs de machines, et surtout les éditeurs de logiciels. Il s’agit donc de promotion corporatiste et commerciale, d’habituer les familles et les futurs consommateurs à ces produits, de capturer des marchés, bien plus que d’améliorer le système éducatif. À cet égard l’Union Européenne n’est pas en reste. Si l’on analyse une document comme le Rapport de la Task force Logiciels éducatifs et Multimédia de la Commission Européenne, on constate que la Commission est bien plus préoccupée de développer des marchés lucratifs que d’améliorer le système éducatif. Devant cet assaut mercantile, beaucoup de voix s’élèvent contre l’introduction excessive, trop vite planifiée et mal analysée de l’informatique à l’école, en se demandant si l’utilité pédagogique en est réelle, si l’on n’est pas en train d’appauvrir le système éducatif, que ce soit par le choix d’innovations faussement pédagogiques, ou simplement par une mauvaise évaluation des priorités d’investissement.

Nullement compétent en matière de théorie pédagogique, je me garderai bien de trancher dans un sens ou un autre. Force est cependant de constater qu’il est clair que les nouveaux outils informatiques ont déjà montré qu’ils pouvaient, au moins dans certaines circonstances, apporter un plus pédagogique. Mais de là à faire un investissement massif, sur des ressources chères, sans analyse sérieuse des différentes alternatives, sans expérimentation sur le long terme, simplement sous la pression des marchés et des média, est-ce bien raisonnable ?

Mais là n’est pas l’essentiel de notre propos. Car nous avons parlé de pédagogie, alors que les enjeux du prochain siècle sont d’abord, nous le disions, dans la maîtrise des nouvelles technologies, et au moins autant dans la maîtrise d’une transformation radicale de notre environnement due à l’utilisation massive des ressources informationnelles, en particulier grâce à l’Internet. Mais cet aspect des choses est curieusement très largement ignoré dans l’évolution de nos programmes éducatifs. L’attention se focalise trop sur l’informatique comme support de la pédagogie, au sens le plus traditionnel du terme (même si les techniques sont très nouvelles dans certains cas), et l’on ignore assez systématiquement l’informatique en tant que discipline d’enseignement, l’informatique comme sujet d’étude.

A cette distinction évidemment essentielle, il convient d’ajouter une troisième catégorie, l’informatique comme outil dans l’enseignement. Je pense en particulier à l’intrusion d’outils, d’intermédiaires informatiques, dans certaines disciplines. Sans vouloir m’étendre sur ce sujet, qui relève également de la pédagogie, on peut se demander si la trop grande présence de médiations informatiques, par exemple dans la conduite d’expériences de physique, n’introduit pas une trop grande distanciation par rapport à l’objet étudié. L’élève ne risque-t-il pas de prendre l’habitude de faire plus confiance à ce que lui dit l’ordinateur qu’à ses sens, son esprit critique, ses facultés d’analyse. Combien d’élèves sont déjà totalement dépendants de leur calculette, et incapable d’un calcul mental simple sur des ordres de grandeur sans vérifier immédiatement sur l’écran magique. On retrouve ce problème dans l’enseignement de l’informatique elle-même, quand l’apprentissage passif des outils se fait dans l’ignorance de toute compréhension des mécanismes, même les plus simples, qu’ils mettent en jeu.

Si les enjeux réels sont dans la maîtrise des sciences de l’information, ce sont ces sciences, et en particulier l’informatique, qu’il faut enseigner en tant que discipline scientifique.

Mais comme beaucoup d’autres disciplines, l’informatique a de multiples facettes, science théorique et expérimentale objet de recherches d’une grande diversité, technologie donnant lieu à une activité industrielle considérable, et ensemble d’outils des plus en plus intégrés à notre vie quotidienne, familiale ou professionnelle. Probablement en raison de la jeunesse de cette discipline, et précisément à cause de son manque actuel d’intégration dans le cursus scolaire, la distinction entre ces aspects complémentaires, mais indissociables, n’est pas faite dans les esprits. Beaucoup en sont encore à confondre les aspects fondamentaux et pérennes avec leur expression actuelle dans des outils destinés à évoluer rapidement. Comme mes collègues et moi-même l’écrivions dans Le Monde, les disciplines plus anciennes distinguent sans problème ces trois composantes, et nul ne confond la thermodynamique, la technologie des moteurs à explosion et le mode d’emploi d’un véhicule automobile. Cette confusion, encore présente dans le cas de l’informatique, est en outre renforcée par le fait que chacun pouvant s’essayer assez facilement à certains de ses aspects originaux, comme la programmation sur des problèmes simples, on a l’illusion que c’est une discipline facile à maîtriser et sans réelle profondeur. Mais en fait cela revient à se prétendre spécialiste du génie civil et de la résistance des matériaux parce que l’on sait établir un pont en jetant une planche sur un ruisseau.

Pour en revenir à l’enseignement des outils fondés sur l’informatique, et non des outils de l’informatique, il est malheureusement fréquent de voir appeler cours d’informatique un enseignement qui se fonde uniquement sur l’apprentissage de la mise en marche d’un ordinateur, et sur l’utilisation de quelques outils de bureautique. Mais c’est là un cours de bureautique, et non d’informatique, aussi bien que d’apprendre à conduire et à remplir le réservoir de sa voiture ne saurait constituer un cours de thermodynamique, ni même de technologie automobile. C’est utile, certes, dans la vie courante, mais ce n’est aucunement formateur pour l’esprit des élèves. De plus, la technologie informatique étant en évolution rapide, la pérennité de cet enseignement est très aléatoire, d’autant plus que le manque de variété des outils utilisés prive les élèves de toute espèce de recul par rapport à ces outils.

Mais le problème est à mon sens beaucoup plus grave en ce qui concerne l’enseignement de la technologie informatique, que ce soit à l’école ou à l’université. Cette technologie est complexe, en évolution permanente, et très largement contrôlée par l’industrie informatique et notamment les grands éditeurs. Or l’on constate que trop souvent, cet enseignement consiste plus à apprendre à se servir des réalisations technologiques de ces éditeurs qu’à en comprendre les principes, à savoir les critiquer, à savoir les comparer avec d’autres approches, commerciales ou non. Sous le pretexte fallacieux de préparer les étudiant à la vie active, en fait aux besoins les plus immédiats de leurs futurs employeurs, on fait passer pour formations universitaires ce qui n’est que formations kleenex, destinées à devenir obsolètes aussi vite que les produits (souvent déjà obsolètes par rapport à l’état de l’art) sur lesquels elles se fondent. Manquant de profondeur, ces formations ne sauraient être durables, et c’est ainsi que le système éducatif prépare de futur chomeurs et la pénurie de professionnels compétents pour notre industrie. Une bonne façon de garantir la qualité et la pérennité d’un enseignement – et de former l’esprit critique des élèves – c’est de toujours l’asseoir sur une assez large variété d’exemples, que l’on peut comparer et opposer pour en extraire les aspects les plus essentiels, en évitant de se cantonner à l’apprentissage d’un seul type de solutions techniques.

Une première étape en ce sens consisterait à se départir du totalitarisme actuel, en matière de systèmes d’exploitation, de réseaux et de solutions bureautiques notamment, et à faire pénétrer une plus grande diversité de logiciels dans le système éducatif. Il est vrai que la gestion de la diversité a un coût, mais le bénéfice pédagogique le justifie. En outre, il ne faut pas oublier que l’enseignement public a un devoir de laïcité, d’indépendance, et qu’il est donc impératif qu’il évite de se faire le champion d’une marque, d’un produit ou d’une école de pensée. Enfin, il ne faut pas oublier non plus que la diversité est aussi un facteur de progrès et de stabilité « écologique » qui sont essentiels pour le développement d’un secteur technologique. Introduire cette diversité à l’école, quoi que puissent en dire des entreprises qui vivent par nécessité avec un horizon à six mois, c’est aussi garantir un meilleur équilibre futur de notre économie.

Si l’informatique est enseignée comme science fondamentale à l’université, au moins dans les enseignements les plus avancés, cet aspect n’est ni abordé ni même évoqué au niveau de l’enseignement général. Cela ne peut que renforcer une attitude de passivité vis à vis de ce qui apparaît alors comme une technologie ancillaire, ne méritant pas que l’on s’attarde sur son influence croissante, sur le pouvoir qu’elle s’octroie dans toutes nos activitées. Ainsi une meilleure compréhension du rôle fondamental des mécanismes de représentation et d’échange des données nous rendraient certainement plus sensibles à cette forme de dépendance qui s’établit insidieusement dans notre société quand tous nos modes de gestion et de communication de l’information sont peu à peu entièrement contrôlés par des entreprises privées, dont les seuls objectifs sont de nature mercantile.

Outre que l’informatique a ses propres problèmes, sa propre façon de les traiter, ses propres résultats fondamentaux, elle est intéressante du point de vue de l’enseignement général parce que c’est une science carrefour. Il y a bien sûr des aspects classiquement scientifiques dans l’informatique, mais en plus, par les concepts qu’elle met en oeuvre, elle se rapproche d’autres disciplines littéraires. Par exemple, en informatique, les notions de langage, de syntaxe et de sémantique sont très importantes. Dans l’enseignement actuel, ces concepts relèvent du français ou de la philo… et voilà que l’on peut les illustrer de façon plus concrète – peut-être imparfaite car trop formalisée et mécanique, mais ce défaut-même est source de considérations enrichissantes – par des exemples opérationnels, presques tangibles. À côté de cela, on y rencontre des problèmes de logique, des questions strictement mathématiques, des problématiques apparentées à la physique la plus théorique… On peut donc y trouver matière à discuter de nombreux concepts qui sont aussi pertinents dans d’autres domaines, et donc à éventuellement réduire la dichotomie qui est souvent perçue entre les sciences et les humanités. C’est une situation assez extraordinaire, un champ d’ouverture intellectuelle, dont il est vraiment dommage de ne pas profiter.

Tout n’est cependant pas négatif dans l’informatisation de notre enseignement. Le fort accent mis sur le développement de la connectivité avec l’Internet, bien que souvent décrié, est une avancée essentielle, et cela pour au moins deux raisons majeures.

La première de ces raisons est tout simplement que les élèves d’aujourd’hui seront appelé à vivre dans un monde où la maîtrise de l’information omniprésente sera un élement majeur de la vie sociale. À bien des égards, celui qui ne saura pas gérer cet espace de données, de connaissances et de communication sera dans une situation de dépendance analogue à ceux qui, aujourd’hui, ne savent pas lire, ne savent pas trouver leur chemin sur une carte ou remplir un formulaire. « Apprendre l’Internet », c’est apprendre à vivre dans la société de demain.

La deuxième raison est sans doute encore plus fondamentale pour l’éducation citoyenne. Même sans l’informatique, notre monde a atteint une complexité extrème où les citoyens ont de moins en moins leur mot à dire, où même les pouvoirs politiques sont de plus en plus impuissants devant la complexification des structures économiques et sociales et surtout la mondialisation généralisée. Pour ne prendre qu’un exemple, majeur, les entreprises ont acquis une existence autonome, fortes de leur puissance économique et de leurs dispersion géographique, dans un système où les êtres humains, clients, employés, dirigeants ou actionnaires, ne sont plus que des pions sans aucun pouvoir indépendant. Elles en sont au point où elles disputent leur pouvoir aux nations, aux représentant élus de la population. Face à une situation où la place même de l’homme sur cette planète est radicalement remise en cause, il est nécessaire de trouver de nouvelles structures, de nouveaux modes d’échange, de communication et d’organisation qui permettent au citoyen de retrouver la place qui lui revient dans une société devenue mondiale. Et cela est possible, grâce à l’Internet, à condition d’apprendre à en maîtriser les ressources, à comprendre, voire à tolérer – ce qui n’est pas toujours facile – les points de vues d’autres cultures maintenant à notre porte, à communiquer, à partager et à coopérer avec les autres citoyens du monde. Ce discours, qui peut paraître à certains idéaliste, utopique, voire irréaliste ou fantaisiste, correspond pourtant à une réalité vécue par un nombre tous les jours croissant d’individus. L’action d’un individu sur l’Internet peut faire sentir ses effets dans le monde entier, si tant est qu’elle est pertinente. Et quand une fraction, même minuscule, des centaines de millions d’individus qui accèdent l’Internet décide de coopérer, cela fait une masse énorme susceptible de renverser des montagnes, de mettre en difficulté ou de faire concurrence aux entreprises les plus puissantes, de tenir en échec les tentatives hégémoniques les plus soigneusement préparées, comme cela s’est produit encore récemment pour l’AMI, l’Accord Multilatéral sur l’Investissement préparé en catimini par l’OCDE.

« Apprendre l’Internet », c’est apprendre la citoyenneté de demain.

Notes

[1] Crédit photo : QThomas Bower (Creative Commons By-Sa)




À qui la faute si les logiciels libres sous licence GPL sont éjectés de l’App Store ?

Chris Willis - CC byOn peut reprocher beaucoup de choses à Microsoft mais jamais on n’a vu un logiciel libre empêché de tourner sous Windows parce que la licence du premier était incompatible avec le contrat d’utilisation du second (sinon un projet comme Framasoft n’aurait d’ailleurs pas pu voir le jour).

Il semblerait qu’il en soit autrement avec Apple et son App Store, la plateforme de téléchargement d’applications pour les appareils mobiles fonctionnant sous iOS (iPod, iPhone et iPad).

C’est que révèle la récente « affaire VLC », célèbre logiciel libre de lecture vidéo, dont la licence semble tant et si bien poser problème à Apple qu’il a été brutalement et unilatéralement décidé de le retirer de l’App Store.

Et tout le monde se retrouve perdant, à commencer par l’utilisateur qui ne pourra plus jouir de cette excellente application sur son iPad & co[1].

Derrière ce malheureux épisode (qui n’est pas le premier du genre) se cache une question en apparence relativement simple : logiciels libres et App Store peuvent-ils cohabiter ? Un logiciel, dont les libertés d’usage, de copie, de modification et de distribution, sont garanties par sa licence, peut-il se retrouver dans un espace dont le contrat stipule un nombre limité de copies sur un nombre limité de machines ? Et comme la réponse est en l’occurrence négative, le risque est réel de voir les logiciels libres totalement écartés de l’App Store, et par extension des nombreuses autres plateformes privées qui poussent comme des champignons actuellement.

Mais attention, il s’avère que dans le détail c’est plus complexe que cela. Et c’est pourquoi nous avons pris la peine d’ajouter notre grain de sel au débat en traduisant l’article ci-dessous qui résume assez bien à nos yeux la situation. C’est complexe mais ça n’en est pas moins intéressant voire enrichissant car les particularités de la situation éclairent et illustrent de nombreux aspects du logiciel libre.

Il convient tout d’abord de préciser que ce n’est pas le logiciel libre en général mais le logiciel libre sous licence GPL (et son fameux copyleft) qui est pointé du doigt ici. Ensuite il y a l’existence d’un troisième larron en la personne de la société Applidium à qui l’on doit le portage de VLC dans iOS et sa présence dans l’App Store (dans un premier temps accepté puis aujourd’hui refusé). App Store dont les règles d’utilisation définies par Apple sont floues et changeantes. Enfin c’est bien moins la « communauté VLC » dans son ensemble que l’un de ses développeurs qui est impliqué dans cette histoire.

Choisir de placer son logiciel sous licence libre, a fortiori sous licence GPL, n’est pas un acte anodin. La liberté « en assurance-vie » que vous offrez là à vos utilisateurs peut s’opposer parfois frontalement à d’autres logiques et objectifs.

Tout le monde se retrouve perdant, mais le logiciel libre le serait davantage encore s’il devait céder en y perdant son âme.

La GPL, l’App Store et vous

The GPL, the App Store, and you

Richard Gaywood – 9 janvier 2011 – Tuaw.com
(Traduction Framalang : Olivier Rosseler et PaulK)

Mon collègue Chris a rédigé un article sur l’éviction de l’App Store du célèbre logiciel de lecture video VLC, après la plainte d’un développeur du projet sur la base d’une violation de la GNU Public License (l’application a depuis été mise à disposition sur Cydia pour les appareils jailbreakés).

Les réactions de la blogosphère Mac ont été virulentes après cette décision, et Chris s’est admirablement fait l’avocat des plaignants. Mais il ne faut pas oublier qu’une histoire a toujours plusieurs versions (et que la vérité se trouve souvent à mi-chemin entre les deux). Aujourd’hui, je me fais avocat de la défense : pourquoi Rémi Denis-Courmont était parfaitement dans son bon droit. Mais pour mieux étayer mon argumentation, je vais revenir un peu sur l’historique de l’Open Source. Alors accrochez-vous !

Commençons par le commencement : pourquoi VLC a été retiré de l’App Store

L’histoire a déjà été traitée, mais voici quelques faits que vous devez connaître. VLC (hébergé à l’adresse http://videolan.org) est un lecteur audio et vidéo complet, multi-plateforme qui a maintes fois fait ses preuves. VLC est publié sous la version 2 de la licence GNU Public License (GPL). Une entreprise nommée Applidium, sans lien avec le projet, a utilisé le code source de VLC pour en faire une application pour iOS gratuite, afin que les utilisateurs d’iPhone et d’iPad puissent s’en servir pour lire plus de formats de fichiers que leur appareil n’en supporte nativement, comme les fichiers AVI et MKV. En accord avec la GPL, Applidium a libéré le code source de la version modifiée de VLC.

L’accueil reçu par ce projet sur les listes de diffusion des développeurs de VLC fut contrasté. Alors que certains développeurs n’y voyaient pas d’inconvénient, le portage de leur travail (censé être ouvert) sur une plateforme, iOS, connue pour sa fermeture et ses restrictions sur la ré-utilisation du code des applications distribuées sur l’App Store, gênait les autres. En point d’orgue de cette histoire, l’un des développeurs, Rémi Denis-Courmont (auteur d’une bonne partie du code de VLC) demanda à Apple de retirer l’application VLC pour iOS de l’App Store pour violation de la GPL, à laquelle est soumise sa contribution au projet.

Finalement, quelques mois plus tard, il semblerait qu’Apple ait obtempéré sans poser de question puisque l’application a été retirée. Denis-Courmont s’interroge malgré tout sur les délais. Si c’était effectivement la réponse d’Apple à sa demande, l’entreprise aurait pu agir bien plus tôt.

Et donc, qui est dans le vrai ?

Une courte histoire des licences Open Source

Tout d’abord, à quoi sert l’Open Source ? Parfois, des programmeurs initient des projets sur leur temps libre (ou en tant qu’universitaire, ne subissent pas les pressions commerciales, tous les systèmes d’exploitation basés sur Unix trouvent leurs racines dans l’Open Source et dans les universités, ce qui n’est pas une coïncidence), puis ils deviennent trop gros pour s’en sortir seuls. Une aide extérieure est la bienvenue, par exemple pour réparer les bogues ou pour ajouter de nouvelles fonctionnalités, et grâce à Internet les volontaires sont nombreux. Ils mettent donc le code sous une licence Open Source afin d’en publier la source et de recruter des collaborateurs.

Dit ainsi, ça paraît assez utopique, mais le fait est que de nombreux logiciels de qualité sont nés ainsi, grâce à l’Open Source : le compilateur C GCC, le noyau Mach, le serveur web Apache HTTPd, l’interface de commande bash, les langages de programmation Perl et Python et le moteur de rendu Webkit utilisé par Safari. Ces quelques exemples ainsi que des centaines d’autres sont tous Open Source et font tous partie de Mac OS X. Apple utilise donc clairement l’Open Source.

Au-delà des logiciels, nous devons Wikipedia à la famille des licences Creative Commons, créées pour étendre les idées des logiciels Open Source à d’autres activités créatives. On peut même dire que l’Open Source reproduit approximativement les processus scientifiques où les chercheurs publient leurs méthodes et leurs découvertes librement afin que d’autres chercheurs puissent s’appuyer sur leurs travaux. Ce sont là des concepts très importants à mes yeux puisque je suis titulaire d’un doctorat en informatique. Je pense que l’on peut s’accorder sur le fait que les idées derrière les logiciels libres nous sont bénéfiques à tous.

Prenons l’exemple d’Alice, une programmeuse qui a écrit un petit utilitaire. Un autre programmeur, Pierre, apprécie beaucoup son programme, mais il voudrait le modifier pour qu’il réponde mieux à ses besoins. Alice décide alors de dévoiler le code source de son programme pour que Pierre puisse y apporter des changements.

La licence la plus simple qu’Alice puisse appliquer à son code est celle du domaine public. Cela signifie que l’auteur a volontairement abandonné tous ses droits sur le code et que chacun peut en faire ce qu’il veut. Pierre peut faire ses modifications et garder la nouvelle version pour lui-même, ou ouvrir sa boutique et la vendre. Il peut même en parler à son patron, Paul, chez Microsoft, et peut vendre l’outil d’Alice dans la prochaine version de Windows, sans qu’elle ne touche jamais un centime. Si vous vous dites que c’est pas très juste pour Alice, vous n’êtes pas les seuls. Gardez cet exemple à l’esprit.

Alice a également le choix entre des familles de licences similaires : la licence MIT, la licence BSD et la licence Apache. Grâce à elles, Alice conserve son droit d’auteur sur le code, mais elles octroient également à quiconque le télécharge le droit légal de le modifier et d’en distribuer la version modifiée. Différentes variantes de ces licences imposent également à Pierre de mentionner le nom d’Alice quelque part dans le logiciel, à l’instar de la licence Creative Commons Attribution. Mais rien ne l’empêche de le vendre sans rien verser à Alice en échange.

La GPL et les autres licences copyleft

En réponse à ce problème, la Fondation pour le Logiciel Libre (FSF) a créé la GNU Public License. Elle est aussi appelée copyleft pour bien marquer la rupture qu’elle représente par rapport aux autres licences dont il est question ici. Philosophiquement, la GPL a été créée pour assurer aux utilisateurs de logiciels sous GPL les quatres libertés suivantes :

  • La liberté d’exécuter le logiciel, pour n’importe quel usage ;
  • La liberté d’étudier le fonctionnement d’un programme et de l’adapter à ses besoins, ce qui passe par l’accès aux codes sources ;
  • La liberté de redistribuer des copies ;
  • La liberté de faire bénéficier à la communauté des versions modifiées.

Évidement, la licence en elle-même est un charabia juridique assez dense, dont le but est d’assurer une validité légale à cette philosophie, mais ces quatre libertés en sont vraiment le cœur. Vous remarquerez que la deuxième et la quatrième libertés imposent que le code source de tout programme sous GPL soit mis à disposition en plus de l’exécutable, que l’on utilise vraiment. C’est la raison pour laquelle de nombreuses entreprises qui font usage de code sous GPL dans leurs produits hébergent des pages entières de code source, comme le fait Netgear par exemple. Alors, évidemment, leurs concurrents peuvent analyser le fonctionnement exact de leurs produits, pourtant ils estiment que cet inconvénient est largement compensé par les avantages qu’il y a à s’appuyer sur des produits Open Source.

Si on reprend notre histoire d’Alice et Pierre, voyons ce qu’il se passe maintenant. Alice rend son code source public. Pierre rédige son patch et décide sournoisement de vendre cette nouvelle version du programme d’Alice. Mais Alice n’est pas bête et voit bien ce qu’il se trame. Elle pose alors un ultimatum à Pierre : soit il rend public le code source de sa version modifiée , soit ils se retrouveront devant un juge pour rupture du contrat grâce auquel il a obtenu la version d’Alice (c’est à dire, la GPL). Bob s’incline évidemment et publie son code. Aucun cas n’est allé jusqu’au tribunal dans la vraie vie. Pour beaucoup, cela prouve que la GPL est valide et incontournable : personne n’ose la contester.

L’App Store et la GPL peuvent-ils co-exister ?

Le conflit le plus évident entre l’App Store et la GPL réside dans la troisième liberté ? « La liberté de redistribuer des copies ».

Ce sujet a été largement débattu, chaque camp avançant ses arguments. Malheureusement, la résultat est que : premièrement, c’est un terrain plutôt flou et deuxièmement, il ne sera jamais certain qu’une des deux partise a plus raison que l’autre sans décision de justice. Il est peu probable que l’on en arrive à une telle situation car Apple (en tant que distributeur de logiciel pour tout l’App Store) n’ira probablement pas se battre en justice pour un logiciel Open Source. Concrètement, tant que le contraire n’est pas prouvé, l’App Store et la GPL sont incompatibles. C’est sans doute l’avis d’Apple en tout cas, ils n’auraient sûrement pas supprimé VLC (et d’autres logiciels Open Source comme GNU Go) de l’App Store dans le cas contraire.

Les membres de la Fondation pour le Logiciel Libre (FSF), auteurs de la GPL ne pensent pas non plus que l’on puisse concilier la GPL et l’App Store. Leur principal argument réside dans la clause suivante de la GPL v2 :

À chaque fois que vous redistribuez un programme (ou n’importe quelle réalisation basée sur le programme), l’utilisateur final reçoit automatiquement une licence du détenteur originel du programme l’autorisant à copier, distribuer et modifier le programme sujet à ces termes et conditions. Vous ne devez imposer à l’utilisateur final aucune autre restriction à l’exercice des droits garantis par la licence.

Regardons maintenant les Règles d’utilisation des produits App Store :

(i) Vous êtes autorisé à télécharger et synchroniser un Produit à des fins personnelles et non commerciales sur tout produit de la marque Apple tournant sur iOS (« Produit iOS ») que vous possédez ou contrôlez.

(ii) Si vous êtes une société commerciale ou un établissement scolaire, vous êtes autorisé à télécharger et synchroniser un Produit destiné à être utilisé soit (a) par une seule personne sur un ou plusieurs Produits iOS que vous possédez ou que vous contrôlez, soit (b) par plusieurs personnes sur un Produits iOS partagé dont vous êtes propriétaire ou que vous contrôlez. Par exemple, un seul salarié peut utiliser le Produit aussi bien sur son iPhone que sur son iPad, ou encore, plusieurs étudiants peuvent utiliser le Produit en série sur un seul iPad situé dans un centre de ressources ou une bibliothèque.

(iii) Vous pourrez simultanément stocker des Produits App Store à partir d’un nombre maximum de cinq Comptes différents sur des Produits iOS compatibles, tels qu’un iPad, un iPod ou un iPhone.

(iv) Vous pourrez procéder à la synchronisation manuelle de Produits App Store à partir d’un ou plusieurs appareils autorisés par iTunes vers des Produits iOS munis d’un mode de synchronisation manuel, à condition que le Produit App Store soit associé à un Compte existant sur l’appareil principal autorisé par iTunes, étant précisé que l’appareil principal est celui qui a été synchronisé en premier avec le Produit iOS ou celui que vous avez ultérieurement désigné comme tel en utilisant l’application iTunes.

Le conseil Légal de la FSF considère ces termes comme des restrictions à l’utilisation que peut faire l’utilisateur des logiciels obtenus sur l’App Store, c’est donc directement une atteinte à la GPL. Il importe peu que le port de VLC sur iOS soit libre. En fait, il aurait été plus simple d’imaginer qu’il ne l’était pas.

Imaginez, si Applidium avait fait payer 5$ pour leur port de VLC, tout en distribuant le code source complet sur leur site web. Rien dans la GPL n’empêche les développeurs de facturer leurs logiciels dérivés, c’est donc convenable. Mike achète une copie du logiciel pour 5$ et veut donner une copie à son ami Steve (c’est son droit, garanti par la GPL), mais il ne peut pas. Steve peut acheter sa propre copie à 5$, mais ne peut pas l’avoir par Mike ; il doit aller voir Apple.

Dans la réalité, VLC était gratuit, ce n’est donc pas gênant pour Steve de ne pas pouvoir dupliquer la copie de Mike ; mais ce ne sera pas forcément le cas avec d’autres logiciels et dans tous les cas, ça ne change rien, étant donné que les termes de la GPL n’acceptent pas plus que l’on restreigne la liberté de partager le logiciel parce que le logiciel dérivé se trouve être gratuit.

Notez que la FSF considère également le fait de ne pouvoir installer la même application que sur cinq iOS en même temps comme une autre restriction aux droits de l’utilisateurs ; cela semble être une erreur, puisque ce terme du contrat n’apparaît que sur la partie dédiée au contenu iTunes du Contrat de l’Utilisateur et ne s’applique donc pas aux applications de l’iOS. Il est également possible que le Contrat de l’Utilisateur pour iTunes ait été modifié après la publication de l’article de la FSF.

Qu’en est-il des autres programmes sous GPL présents dans l’App Store ?

On croit souvent, à tort, que lorsqu’un code est publié sous GPL, il ne peut plus l’être sous une autre licence. Ce n’est pas vrai. Si tous les ayants-droits, c’est-à-dire toutes les personnes ayant contribué au code, se mettent d’accord, le logiciel peut être placé sous une double licence.

Prenez l’exemple de Java. Java est placé sous GPL et Apple a pourtant utilisé la source de Sun pour la modifier (afin que la machine virtuelle Java sous OS X soit mieux intégrée à cet environnement) sans pour autant distribuer le code source de la version modifiée. Comment ? Simplement parce qu’ils ont utilisé le code source de Sun sous une autre licence, ce que Sun pouvait proposer car (à l’époque) le code de Java leur appartenait. Libre à eux donc de l’offrir au monde entier sous GPL tout en le proposant à Apple sous une autre licence.

Mais pour les grands projets, comme VLC, qui acceptent des correctifs publics de la communauté depuis longtemps, il n’est pas envisageable d’obtenir la permission rétroactive de tous les contributeurs pour appliquer une licence double. D’autres projets, en revanche, sont proposés sous GPL mais n’ont jamais accepté de correctifs extérieurs, ce qui signifie que leur code est toujours sous le contrôle d’une seule et même personne ou entreprise. On peut citer l’exemple de Doom, qui est sur l’App Store. BeTrains en est un autre exemple et les développeurs ont récemment décrit comment ils arrivent à concilier GPL et App Store.

Doit-on modifier la GPL pour la rendre compatible avec l’App Store ?

Cette question ne relève plus du problème légal, mais plutôt de la politique des logiciels. Les défenseurs de la GPL adoptent souvent une attitude méfiante, ce qui est, à mes yeux, souvent perçu comme du fanatisme en dehors de la communauté Open Source. Mais pourtant, les violations de la GPL sont malheureusement courantes. Par exemple, une étude récente de Matthew Garret montre que parmi des centaines de tablettes Android, la quasi-totalité violent la GPL. En d’autres termes, les systèmes de tous ces fabricants s’appuyent à 99% sur du code libre mais contiennent 1% de leurs propres modifications. Ensuite ils les vendent comme s’ils étaient à l’origine de la totalité du système.

Il va sans dire que les développeurs qui ont participé à ces projets sur leur temps libre sont indignés par ces pratiques, c’est pourquoi ils condamnent aussi facilement tout ce qui ressemble de près ou de loin à une violation de la GPL. C’est souvent pris pour du fanatisme ou même de l’hostilité, mais au fond, c’est juste l’expression du dégoût de groupes de bénévoles face aux pratiques d’entreprises qui tentent de se faire de l’argent facile avec leur travail.

Sans oublier cette peur que tout signe d’indulgence fasse basculer les choses du mauvais côté, que cela encourage plus encore les entreprises à violer la GPL, et que la FSF, avec ses maigres ressources, n’ait plus les moyens d’identifier et de menacer les entreprises qui se comportent mal pour qu’elles respectent la communauté sur laquelle elles s’appuient.

Les règles de l’App Store doivent-elles changer pour être compatibles avec la GPL ?

C’est ce qu’aimeraient certains développeurs de VLC, comme Ross Finlayson. Plutôt que de voir VLC banni de l’App Store, ils préfèreraient que ses règles soient modifiées afin de créer une exception pour les applications sous GPL. Rien n’est impossible, mais Apple (pourtant bien enclin à piocher largement dans l’Open Source pour créer Mac OS X) n’est pas vraiment réputé pour son ouverture aux compromis lorsqu’on touche à l’App Store. Il y a très peu de chance qu’un tel changement arrive, surtout pour des applications gratuites qui ne rapportent rien à Apple.

Est-ce que VLC pourrait être publié sous une autre licence ?

Actuellement, il serait presque impossible que VLC puisse paraître sous une autre licence, même réservée uniquement à Applidium, car chaque développeur ayant travaillé sur le projet devrait donner son accord, ce qui n’est pas gagné pour certains, dont Denis-Courmont.

Si VLC n’avait jamais été publié sous GPL, ou plutôt, s’ils n’avaient jamais accepté de contributions extérieures placées sous GPL, alors il n’y aurait pas de problème. Mais sans la forte protection apportée par la GPL, ils n’auraient certainement pas attiré autant de contributeurs. Impossible de dire si le projet aurait abouti ou pas.

Conclusion

Lorsqu’un projet choisit une licence comme la GPL ou tout autre licence copyleft, en opposition à des licences plus ouvertes, comme la MIT ou la BSD, les développeurs veulent s’assurer que toutes les œuvres dérivées seront libres. Cette protection a cependant un prix. En choisissant la GPL, l’équipe de développement originelle de VLC a fait la promesse à tous ses futurs collaborateurs que leur travail resterait libre, pour toujours. Ce que dit ouvertement la FSF et ce que concède implicitement Apple, c’est que l’App Store ne reconnaît cette définition de la liberté. Aucune des deux organisations n’est réputée pour accepter des compromis, donc, jusqu’à ce que l’une d’entre eux cède, les applications construites sur du code sous GPL, comme VLC, n’honoreront pas l’App Store de leur présence. C’est dommage, c’est sûr, mais pour les deux camps c’est une question de principes bien plus importants que quelques applications.

Je finirai en m’adressant aux commentateurs : ce débat englobe bien d’autres aspects, certains que j’ai juste abordés, d’autres que j’ai complètement omis, parfois par souci de clarté ou encore par manque de compétence. Je vous demanderai donc simplement d’être indulgents car c’est un sujet complexe et même un article de cette longueur ne permet pas d’en faire le tour. Mais je vous en prie, débattez-en !

Notes

[1] Crédit photo : Chris Willis (Creative Commons By)




Qui veut être complice d’un concours à la con lancé par Microsoft à l’école ?

Alex Proimos - CC byLorsqu’un lecteur m’a signalé ce drôle de concours j’ai d’abord cru à un fake pour discréditer Microsoft tant cela me semblait gros. Et pourtant non, après vérification, ce projet existe bel et bien et le naïf c’est moi !

De quoi s’agit-il exactement ?

Le plus simple est d’en recopier ci-dessous les modalités qui se suffisent à elles-mêmes[1].

« Tout le monde connaît un enseignant. Allez à la rencontre de l’un d’entre eux. Vivez une expérience extraordinaire en classe, grâce à Microsoft.

Aujourd’hui nous proposons à notre communauté un nouvel appel à création très original pour Microsoft, qui vous lance un nouveau type de challenge, avec plus de 50 prix à gagner ! Une opportunité extraordinaire d’être mis en avant et de gagner une belle dotation grâce à eYeka !

Faites équipe avec un enseignant pour utiliser les Produits Microsoft dans sa classe et partagez votre histoire à travers un mini-documentaire vidéo (jusqu’à 3 mn de long), un montage de photos ou un PowerPoint en 3 parties : Découverte, Défi & résultats, Évaluation. »

La dotation globale est de 15 000 dollars dont 5 000 dollars pour la meilleure production.

eYeka est une société spécialisée dans le « marketing participatif ». Elle met « en relation » les marques avec les internautes « créateurs », en invitant ces derniers, avec promesses de rémunération à la clé, à faire des vidéos virales à la gloire de la marque dans le but de créer le buzz en faisant tourner ces vidéos dans les réseaux sociaux.

Au tout début de YouTube & co ces vidéos virales étaient spontanées et évidemment non rémunérées. Il en va tout autrement aujourd’hui, la fraîcheur a quasiment disparu et a laissé la place à un business florissant. Un business qui tente de continuer à faire croire que ces vidéos demeurent fraîches et spontanées parce que cela a plus d’impact sur un consommateur croyant encore souvent ne pas être en face d’une publicité classique.

Et c’est tout bénéfice pour la marque qui se retrouve en possession de vidéos produites par les autres pour un prix totalement dérisoire (ici 15 000 dollars) comparé au budget d’une publicité traditionnelle. Il y a bien possession parce qu’il va sans dire qu’en participant à de tels concours, vous cédez tous vos droits sur l’utilisation ultérieure de vos créations (en tout petit en bas du contrat). Et pas la peine de relever les prix, la crise mais surtout la culture actuelle de la surreprésentation du moi sur Internet faisant le reste.

Si l’on est un peu malin et que l’on jouit d’une situation favorable, on peut même proposer cela gratuitement aux internautes. J’en veux pour seul exemple cette spectaculaire vidéo Google à la gloire de Gmail.

Bon, ici, Microsoft ne possède ni la force du réseau Google ni son image positive. Elle a parfaitement conscience que rares seront les enseignants qui accepteront de se faire VRP Microsoft rien que pour ses beaux yeux. Alors elle doit s’y prendre autrement si elle veut pouvoir montrer qu’on utilise ses produits à l’école dans la joie et dans la bonne humeur, en passant donc par les services d’eYeka.

Bon courage ceci dit pour ce qui concerne les établissements scolaires publics français. Parce que l’on n’entre encore pas si facilement que cela dans les salles de classes, encore moins pour y filmer quelque chose, et encore encore moins si l’on se permet d’y filmer des élèves.

En tout cas, rendez-vous fin février pour la clôture du concours. Je suis bien curieux de voir si des collègues se seront effectivement livrés à cette mascarade commerciale sur un lieu de travail naguère associé à un sanctuaire.

Un exemple de plus qui révèle les difficultés croissantes de Microsoft à l’école. Un exemple de plus qui témoigne d’une époque en crise.

Ici comme ailleurs, un autre monde est possible. Celui du logiciel libre par exemple 😉

Source eYeka : l’annonce sur le blog et la page du concours.

Notes

[1] Crédit photo : Alex Proimos (Creative Commons By)




Où est le bouton « J’aime pas » Facebook ?

ZuckRépondons sans attendre à la question du titre. Vous trouverez la version française du bouton « J’aime pas » Facebook, ci-dessous, sur le Framablog ! Explications…

Il aurait pu faire comme Le Monde et désigner Julian Assange mais non, le célèbre hebdomadaire américain Time Magazine a choisi le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg comme Personnalité de l’année 2010.

Et cette décision est restée un peu en travers de la gorge de la Free Software Foundation, qui du coup vous propose une contre-offensive en détournant ce pernicieux espion traceur que représente le bouton Facebook « J’aime », qui pullule déjà sur d’aussi naïfs que nombreux sites.

Bouton que notre ami Poupoul2 s’est fait un plaisir d’adapter à notre langue et que vous trouverez en pièce-jointe (au format .SVG) à la fin de la traduction du billet de la FSF expliquant et justifiant cette action.

À partager et diffuser sans modération si affinités dans la démarche.

J'aime pas Facebook

Mark Zuckerberg, personnalité de l’année selon TIME Magazine ? Où est le bouton « J’aime pas » ?

Mark Zuckerberg is TIME Magazine’s Person of the Year? Where’s the “dislike” button?

Matt Lee et John Sullivan – 4 janvier 2011 – FSF.org
(Traduction Framalang : Julien et Antistress)

TIME Magazine fait l’éloge de Mark Zuckenberg pour avoir créé un système qui a interconnecté les gens du monde entier.

Malheureusement, les conditions sous lesquelles il prétend avoir réalisé cela a créé un épouvantable précédent pour notre avenir — s’agissant de la maîtrise des logiciels que nous utilisons pour interagir avec les autres, du contrôle de nos données et de notre vie privée. Les dégâts ne sont pas limités aux utilisateurs de Facebook. Parce que tant de sites — y Compris TIME — utilisent le bouton Facebook « J’aime » de traçage des internautes, Zuckerberg, est capable de collecter des informations sur des personnes qui ne sont même pas utilisatrices de son site. Ce sont des précédents qui entravent notre capacité à nous connecter librement les uns aux autres. Il a créé un réseau qui est avant tout une mine d’or pour la surveillance gouvernementale et les annonceurs publicitaires.

Tout cela est bien connu s’agissant du comportement du site Facebook lui-même et de ses relations avec l’extérieur — mais les choses pourraient s’avérer en fait bien pires. Les utilisateurs de Facebook ne se connectent pas directement entre eux. Ils parlent à M. Zuckenberg qui commence par enregistrer et stocker tout ce qui est dit, et, alors seulement, le transmet éventuellement à l’utilisateur destinataire, si ce qui est dit lui convient. Dans certains cas, il ne le fait pas — comme en sont témoins les récents comptes-rendus montrant que le service de messagerie de Facebook bloque des messages en se basant sur les mots et liens qu’ils contiennent, parce que ces liens pointent vers des services que Facebook préférerait que l’on évite de mentionner.

Heureusement, il y a de nombreux efforts en cours pour fournir des services distribués, contrôlés par l’utilisateur, permettant de faciliter la mise en relation entre les gens, dont GNU social, status.net, Crabgrass, Appleseed et Diaspora. Ces services n’auront pas les mêmes types de problèmes parce qu’à la fois le code permettant le fonctionnement du réseau et les données échangées seront entre les mains des gens qui communiquent.

Ces efforts finiront par être couronnés de succès. Nous espérons que, lorsque ce sera le cas, TIME réparera son erreur d’appréciation en décernant le titre de la Personnalité de l’année avec plus de discernement.

Not Facebooked Me - FSF

Copiez et collez ce code dans votre propre site :

<a href="http://www.fsf.org/fb"><img src="http://static.fsf.org/nosvn/no-facebook-me.png" alt="Not f'd — you won't find me on Facebook" /></a>

En attendant, vous pouvez encourager les gens à ne pas se connecter à Zuckenberg lorsqu’ils croient qu’ils se mettent en rapport avec vous, en plaçant ce bouton sur votre blogue ou site web, avec un lien vers la méthode que vous préférez qu’ils utilisent pour vous contacter directement — peut-être votre compte sur identi.ca ou tout autre serveur status.net.

Sinon, vous pouvez faire pointer un lien vers ce billet ou tout autre article qui souligne les problèmes avec Facebook, tel que « Des amis tels que ceux-ci… » (NdT : dont il existe une traduction en français) de Tom Hodgkinson, ou les ressources disponibles sur http://autonomo.us — en particulier la « Déclaration sur la Liberté et les Services Réseaux de Franklin Street » (NdT : nommée d’après l’adresse des bureaux de la FSF à Boston).

Notre bouton n’est évidemment pas relié à une quelconque base de données de surveillance ou autre système de traçage.

Téléchargez notre bouton « J’aime pas » et ajoutez le à votre site web, ou imprimez vos propres autocollants.

Tous les boutons sont mis à disposition sous la licence Creative Commons Paternité – Partage des Conditions Initiales à l’Identique (CC BY SA).

Vous êtes libre de modifier les boutons, mais veuillez garder la mention des créateurs originaux intacte, et assurez-vous que vos boutons soient sous la même licence.

Vous ne me trouverez pas sur Facebook




Orthophonie et logiciel libre – Rencontre avec Rémi Samier

Woodley Wonderworks - CC byFin octobre, la version 1.0 du FramaDVD École, un DVD ressources et logiciels libres à destination des écoles primaires, était finalisée et proposée au téléchargement. Cette sortie a été particulièrement bien accueillie et relayée par de nombreux sites, notamment des sites de circonscription de l’éducation nationale, mais également par des magazines[1].

Le DVD est disponible à l’achat[2] depuis le mois de décembre depuis notre boutique EnVenteLibre et les premières ventes sont encourageantes.

Différents témoignages que nous avons reçus, nous ont montré que le FramaDVD École n’était pas utile qu’aux écoles primaires. Le message envoyé par Rémi Samier, orthophoniste et webmestre du site Orthophonie Libre[3], nous a semblé particulièrement significatif. Nous lui avons donc proposé une interview que je vous laisse découvrir.

Bonjour Rémi, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour à toute l’équipe de Framasoft et aux lecteurs du Framablog, je suis orthophoniste, membre du collectif Giroll et initiateur du projet Contributions et Logiciels Libres en Orthophonie – Logopédie.

Pourquoi portes-tu un intérêt particulier au logiciel libre ? Depuis quand ?

J’ai commencé à m’intéresser au logiciel libre vers 2007 – 2008, principalement par l’intermédiaire des réflexions de Bernard Stiegler et de l’association Ars Industrialis sur les nécessités de développer une politique des technologies de l’esprit et une économie de la contribution.

Puis fin 2008, un ami m’a montré une distribution linux installée sur son PC. J’ai trouvé ça tellement génial que, quelques semaines plus tard, je franchissais le pas en installant Ubuntu sur mon ordinateur portable.

Comment as-tu fait le lien entre orthophonie et logiciel libre ?

Je dois avouer que je me suis lancé dans l’univers du libre en partant de rien, puisque je n’avais aucune connaissance en terme d’informatique, de programmation ou de logiciel. Ayant bien conscience du vaste domaine que je devais découvrir, je me suis rapproché du collectif Giroll pour apprendre en discutant avec d’autres personnes. Puis, comme, j’ai commencé mon exercice professionnel en même temps que mon aventure dans le domaine du libre, je me suis dit que le plus simple pour avancer, c’est d’utiliser dans ma pratique d’orthophoniste tout ce que je pourrais apprendre sur le libre.

Les logiciels libres sont-ils fréquemment utilisés par les orthophonistes ou est-ce marginal ?

Comme une grande partie de la population, les orthophonistes utilisent des logiciels libres, mais sans en avoir vraiment conscience, via leur navigateur web, leur suite bureautique ou le lecteur de contenus audio et vidéo. Par contre l’usage intentionnel de logiciels libres en tant qu’outils pour la pratique orthophonique est relativement marginal. Ce que l’on peut observer, c’est que beaucoup d’orthophonistes vont chercher des outils logiciels ou des ressources gratuites pour leur pratique, sans opérer de différenciation entre libre et gratuit.

Par ailleurs, il existe très peu de logiciels libres spécifiques ou très en lien avec l’orthophonie. Parmi les plus connus, qui sont parfois présentés lors des études d’orthophonie, on peut citer les logiciels CLAN pour l’analyse linguistique de corpus et PRAAT pour l’analyse des paramètres phonétiques et acoustiques de la parole et de la voix sous licence GNU-GPL. Ces logiciels portés par les sciences du langage notamment sont souvent utilisés pour les travaux de recherche en orthophonie et plus rarement en pratique clinique.

C’est pourquoi, avec Alexandre Dussart, auteur du logiciel FriLogos, nous travaillons à l’élaboration de logiciels libres pour la pratique orthophonique et avec le projet Contributions et Logiciels Libres en Orthophonie – Logopédie, nous œuvrons pour la promotion des outils libres afin de faciliter la création et le partage de matériels et de logiciels libres pour l’orthophonie via la plateforme Logophonia.

Comment as-tu eu connaissance de l’existence du FramaDVD École ?

C’est Alexandre Dussart qui m’a parlé du FramaDVD École, car FriLogos est dans la liste des logiciels proposés sur le FramaDVD École. Quand il m’a appris la nouvelle, c’était pour nous un grand pas qui venait d’être franchi !

Comment t’est-il parvenu ?

J’ai téléchargé l’image disque du DVD et je l’ai gravé. Ensuite comme j’utilise VirtualBox pour certains logiciels sous Windows, j’ai découvert que je pouvais ouvrir directement l’image disque sous Windows avec la machine virtuelle, ce qui augmente la rapidité d’exécution du DVD.

Pourquoi t’est-il utile ?

Le FramaDVD École m’est utile pour de multiples raisons :

  • En tant que promoteur du logiciel libre en orthophonie

Le FramaDVD École réunit une grande partie des logiciels libres que nous trouvons intéressants pour l’orthophonie. Il me permet donc de disposer d’un support que je peux diffuser auprès de mes collègues et qui présente l’avantage de faciliter l’installation et la prise en main de ces logiciels. Pour 2011, je vais notamment animer quelques ateliers sur les logiciels libres en orthophonie auprès de mes collègues et je graverai bien évidemment quelques DVD pour leur remettre.

  • En tant qu’orthophoniste

Comme le FramaDVD École s’adresse aux élèves, aux enseignants et aux parents, je vais recommander ce support à mes patients et leurs parents. En effet, pour les enfants qui présentent un trouble (qu’il soit du langage ou autre) ayant souvent pour conséquence de compliquer leurs apprentissages scolaires, il est fréquemment nécessaire de recourir à des supports et des outils pédagogiques complémentaires et adaptés pour faciliter les apprentissages de ces enfants. Généralement, les enseignants, comme les parents vont développer des outils pour aménager et présenter autrement les situations d’apprentissage. Souvent ce travail se fait de façon isolé et les personnes ont parfois le sentiment d’être démuni. Mon objectif sera de proposer de m’appuyer sur les outils du FramaDVD École pour proposer des ressources qui permettront aux enseignants comme aux parents de développer les adaptations nécessaires aux élèves.

Prenons par exemple l’apprentissage de l’anglais qui s’avère problématique notamment pour les élèves au collège présentant une dyslexie-dysorthographique avec un trouble portant sur la discrimination et la manipulation des phonèmes. La difficulté de l’apprentissage de l’anglais est une plainte qui revient très fréquemment par les parents et les enfants présentant une dyslexie-dysorthographie. C’est un point sur lequel les parents se sentent souvent démunis. Maintenant que j’ai découvert le FramaDVD École et les logiciels pour l’apprentissage de langues étrangères, je vais inviter les parents et les élèves dyslexiques-dysorthographiques à s’appuyer sur le logiciel Shtooka, les bases de données audio swac et même le logiciel Anki pour développer des programmes de mémorisation comprenant la forme verbale, la forme écrite et la signification selon la progression et les listes de vocabulaire données par l’enseignant.

L’idéal ensuite, ce serait que toutes les personnes qui développent ce type d’aménagements ou de supports pédagogiques, permettant de faciliter l’accès aux savoirs et aux apprentissages, puissent les partager sur une plate-forme sous licence libre. Cela permettrait notamment lors de la mise en place de Projet d’Accueil Individualisé ou de Projet Personnalisé de Scolarisation de pouvoir proposer aux enseignants, aux parents et aux élèves une palette d’outils en fonction des difficultés et des troubles repérés.

Pour toi, que manque-t-il au DVD ? Quelles perspectives ?

Il est difficile pour moi de dire ce qui manque sur le DVD, car je n’ai pas fini de faire le tour du contenu du DVD. Je ne l’ai pas écrit précédemment, mais j’ai beaucoup apprécié les contenus libres photos, musique, livres, ressources pédagogiques et ressources sur le libre. Notamment les photos sont très utiles en orthophonie pour construire des supports pour travailler la communication verbale et non-verbale.

Au niveau des perspectives, comme je le disais à la question précédente, il serait intéressant de développer en complément du DVD un site de partage de ressources pédagogiques libres.

Par ailleurs pour faciliter l’utilisation et l’appropriation des logiciels et des ressources libres, un système, qui permettrait de synthétiser des retours d’expériences et d’utilisation des outils, couplé à un bon moteur de recherche par mots-clés notamment, serait un outil extraordinaire pour se faire rapidement une idée des possibilités offertes par ces logiciels et ressources libres. En fait, il s’agirait de développer, en complément de plateforme ou d’annuaire présentant les outils, le même type de plateforme mais plus orienté sur les réalisations, les objectifs, les finalités et en présentant les outils libres permettant d’arriver à un tel résultat.

Pour finir, des formations ou des ateliers à destination d’enseignants ou du grand-public (puisque le FramaDVD École s’adresse aussi aux parents) renforceraient également l’appropriation, le partage de ces outils et des ressources ainsi créées.

Quels usages envisages-tu pour le FramaDVD École ?

Un usage pour découvrir de nouveaux outils et exploiter leurs potentialités/possibilités

Un usage pour partager facilement auprès des professionnels et des étudiants en orthophonie les logiciels libres qui sont intéressants en orthophonie

Un usage auprès de mes patients et de leur entourage afin qu’ils puissent disposer de nouveaux outils pour faciliter leur apprentissage.

As-tu des idées pour le diffuser plus largement ?

Un partenariat avec le SCEREN, le CNDP et ses instances régionales permettrait de toucher encore plus facilement la communauté des enseignants. Idem avec les Fédérations de Parents d’Élèves pour toucher les parents.

Le FramaDVD École pourrait également intéresser les organisations de Jeunesse et d’Éducation Populaire, comme le CNAJEP. En y pensant tout-à-l’heure et après avoir effectué quelques recherches, j’ai notamment pu me rendre compte que ces organisations se sont saisies de ces questions. Il est donc possible de s’appuyer sur cette dynamique pour proposer une diffusion du FramaDVD École via les réseaux des associations de Jeunesse et d’Éducation Populaire.

Il pourrait également être bénéfique pour le FramaDVD École d’obtenir la marque Reconnu d’intérêt pédagogique (RIP) par la Ministère de l’Éducation Nationale. Ce serait une véritable avancée, car dans la liste des ressources qui bénéficient de cette marque, il n’y a pas ou peu à ma connaissance de ressources libres. Ce serait également un bon vecteur pour que les instances ministérielles se saisissent des enjeux du libre pour l’enseignement et l’éducation.

Ensuite, je pars du principe que le développement de nouvelles pratiques ou de nouveaux outils doit passer par la formation initiale. Il est ainsi possible d’aller à la rencontre des Universités, des IUFM et des responsables des Masters préparant aux métiers de l’enseignement.

Enfin, avec le développement des ressources libres pour les élèves présentant un trouble ou un handicap se répercutant sur les apprentissages, il est certain que les associations de parents de patients s’approprieront l’outil FramaDVD École.

Quels logiciels libres conseillerais-tu à tes collègues ?

  • Tous les outils facilitant les créations graphiques et notamment la triade : Gimp, Inkscape, Scribus.
  • Tous les logiciels permettant de travailler des fonctions cognitives et/ou permettant de créer de programme d’entraînement de ces fonctions (Anki, FriLogos, etc.) qu’ils soient spécifiques ou non à l’orthophonie.
  • Tous les logiciels permettant de compenser les effets des troubles de nos patients (Clavicom, Chewing Word, etc.)

Si des lecteurs du Framablog souhaitent t’aider, comment peuvent-ils le faire ?

Dans le cadre du projet Contributions et Logiciels Libres en Orthophonie – Logopédie, nous travaillons sur plusieurs axes :

  1. Création de matériels, de supports, de jeux pour un usage thérapeutique (logiciels PAO, dessin, etc.)
  2. Utilisation de logiciels libres non spécifiques à l’orthophonie mais pouvant être adaptés à un travail en séance (logiciels de jeux, de mémorisation, de mindmap, etc.)
  3. Utilisation de logiciels libres comme outil de compensation d’un trouble ou d’un handicap
  4. Création de logiciels libres spécifiques à l’orthophonie

Au-delà des compétences techniques en terme de programmation pour le développement de logiciels libres spécifiques à l’orthophonie, une des ressources précieuses pour l’avancée de notre projet comme celui de Framasoft va être le partage de connaissances et d’expériences : Rédaction de présentations de logiciels et/ou de ressources libres, retours d’expériences sur l’utilisation des outils, rédaction de documentations (guides d’utilisation, tutoriels), etc.

Bien évidemment, si notre travail est très centré sur l’orthophonie avec la participation d’étudiants et de professionnels en orthophonie, nous travaillons avec une diversité de personnes aux compétences diverses, mais toutes très motivées par les enjeux du développement du libre en orthophonie et ce pour le bénéfice des patients et de leur entourage.

Si vous êtes motivés par ce challenge, n’hésitez pas à consulter notre site ou à nous envoyer un courriel.

Pour finir, nous commençons à développer différents partenariats avec des acteurs du libre et de l’orthophonie.

Nous envisageons également :

  • de contacter des équipes et des laboratoires de recherche dans les domaines en lien avec l’orthophonie pour développer des outils thérapeutiques qui s’appuient sur les avancées de la recherche,
  • et de renforcer nos liens avec les communautés libres pour que nos initiatives aient des retombées positives sur les autres initiatives libres et bénéficient du soutien et des compétences de ces acteurs.

Il s’agit de partenariat libre, car le projet n’a pas de personnalité morale. Nous fonctionnons pour le moment comme un collectif et sommes ouverts à toutes les initiatives !

Y a-t-il une question que tu souhaiterais qu’on te pose ?

Ce n’est pas vraiment une question. Ce sont plus des souhaits qui nous tiennent à cœur. Et en cette période de fêtes de fin d’années, c’est plutôt de circonstance !

« We have free dreams! »

Tout d’abord, nous avons un rêve depuis quelques mois, celui d’une distribution linux adaptée aux élèves présentant un trouble spécifique des apprentissages. A l’heure actuelle, certains élèves via la Maison Départementale de la Personne Handicapée (MDPH) et l’Inspection Académique peuvent bénéficier d’un ordinateur avec différents logiciels de compensation pour faciliter leur scolarité. Néanmoins, il est de plus en plus difficile d’obtenir ce type d’aide. Et pour avoir plusieurs patients collégiens qui disposent d’un tel outil, il n’est pas rare que je sois amené à dépanner les ordinateurs, notamment à cause des virus et autres malwares.

Face à ces différents constats, nous pensons qu’un outil informatique sous linux avec des logiciels pour la compensation des troubles pourrait être une solution pour pouvoir équiper un plus grand nombre d’élèves et pour gagner en stabilité sur l’utilisation de l’outil.

Ensuite, étant, depuis plus d’un an, un grand fan de la Framakey et maintenant du FramaDVD École (C’est mon deuxième Noël, où j’offre des clés USB et des DVD pour faire découvrir les supports de Framasoft et le monde du libre à mes amis), je rêve d’une Framakey et/ou d’un FramaDVD, orientés vers les étudiants et professionnels orthophonistes-logopèdes, qui permettraient également d’installer des outils libres sur les ordinateurs de leur patient.

Pour y arriver, nous avons encore besoin de travailler nos connaissances sur les logiciels libres et de bien déterminer nos objectifs pour que le support ainsi créé réponde au mieux aux attentes de la communauté des orthophonistes. Mais nous espérons pouvoir réaliser un tel outil pour 2011 !

Pour finir, nous tenions vraiment à remercier toute l’équipe de Framasoft pour l’intérêt que vous portez à nos réalisations. Nous nous inspirons de plus en plus de la philosophie et des idées développées par Framasoft. Par exemple, pour la vidéo de notre intervention au Congrès National des Étudiants en Orthophonie, nous avons suivi le choix de Framasoft avec le projet Framatube en proposant notre vidéo sur le site blip.tv afin de mettre en avant la licence libre de la vidéo.

Nous avons bien conscience que le projet que nous avons initié est très vaste et qu’il nous faudra du temps pour réaliser nos rêves, mais nous faisons nôtre la maxime de Framasoft. Pour la paraphraser quelque peu, nous dirions : « Les champs à explorer sont infinis, les outils à développer sont multiples, mais le chemin pour y parvenir est libre ! »

Joyeuses fêtes de fin d’années à tous, sous l’étoile du libre !

Notes

[1] À notre connaissance, des articles ont été publiés dans les magazines Les Cahiers Pédagogiques, La Classe, La Classe Maternelle et OpenSource Magazine ainsi que sur les sites recensés sur notre wiki. Nous tenons sincèrement à les remercier. Si vous avez vu circuler l’information ailleurs, n’hésitez pas à nous le signaler.

[2] Les prix sont dégressifs. De 5 € pour un exemplaire acheté à 2,50 € par DVD à partir de 100 exemplaires. Exceptionnellement, les chèques et mandats administratifs sont acceptés pour les établissements scolaires.

[3] Crédit photo : Woodley Wonderworks (Creative Commons By)




Ne pas subir, toujours agir ! Rencontre avec Patrick d’Emmaüs

David Dennis - CC by-saPatrick A., je l’ai rencontré en novembre dernier lors de l’Ubuntu Party 10.10 à la Cité des Sciences. Il était assis près du stand Framasoft et j’ai tout de suite été intéressé par son projet liant la communauté Emmaüs et les logiciels libres.

Nous nous sommes retrouvés pour déjeuner et nous avons discuté pendant près d’une heure dudit projet, de la société actuelle et bien sûr, des logiciels et ressources libres. « Ne pas subir, toujours agir ! », telle est la devise première d’Emmaüs, et elle lui va si bien que j’ai eu envie de mettre son projet mais aussi son engagement en valeur, en lui proposant une interview ultérieure par courriel pour le Framablog.

Patrick contribue à sa manière à aider les plus démunis en reconditionnant d’anciens PC avec des logiciels libres (soit sous Windows, soit directement sous GNU/Linux Ubuntu) et en les revendant à très bas prix. L’argent ainsi récolté permet de faire vivre des compagnons d’Emmaüs. À sa manière, et à la manière de l’abbé Pierre il y plus de 60 ans, il participe à un monde plus ouvert, plus respectueux de l’humain et plus solidaire [1].

Si il n’est pas seul sur ce projet, il est toujours à la recherche de bonnes volontés pour l’aider à améliorer ses scripts d’installation, ou plus généralement à mettre ses compétences informatiques au service de cette noble cause. N’hésitez pas à nous contacter, nous nous ferons un plaisir de relayer votre message à Patrick.

Entretien avec Patrick, bénévole chez Emmaüs

Bonjour Partick, peux-tu te présenter ?

Cette question est la première que vous me posez, mais c’est ma dernière à laquelle j’ai répondu, car la tâche n’est pas aisée. En essayant de ne pas faire trop long, pour ménager les lecteurs, à mes yeux ce sont les autres questions les plus importantes.

Pour vous répondre, je vais faire une liste style interrogatoire de police, il faut que je me prépare à cela, car ça pourrait me servir dans un futur proche 😉

  • âge 45 ans ;
  • marié depuis 20 ans, un enfant de 23 ans ;
  • né à Perpignan, vécu plus exactement à Pollestres, village de mes grands-parents paternels ;
  • études : Lycée technique Bac F2, DUT et diplôme d’ingénieur en Génie Électrique ;
  • je travaille depuis plus de 20 ans sur la région parisienne dans un groupe de « haute technologie », comme ils disent 😉

Mon engagement au sein d’Emmaüs et du bénévolat date de mai dernier. Jusque là j’avais envie de faire du bénévolat, mais comme beaucoup je n’avais pas le temps, ou plutôt je ne voulais pas le prendre. Mais à cette époque, je me suis dit qu’il fallait essayer de faire quelque chose, car je ne supportais plus que notre société laisse tout partir à la dérive.

Cela correspond aussi à une phase de changement de vie, où l’on comprend que si on ne fait pas ce que l’on a envie de faire à 45 ans après il sera trop tard.

Avec ces interrogations sur mon futur et à la lecture de cette phrase, « Dans toute difficulté, il y a une opportunité » d’Albert Einstein, j’ai décidé d’agir pour une cause et je me suis tourné vers le bénévolat chez Emmaüs. D’abord je voulais aider les personnes dans la rue, celles que je croisais dans le RER sans oser agir, puis sur les conseils de ma femme, je me suis tourné vers une aide dans le domaine informatique (voir ci-dessous), mais je ne pensais pas que cet acte allait me conduire aussi loin dans mon engagement.

À l’heure actuelle je me suis engagé dans d’autres combats face à cette société en crise. Je fais référence aux dernières lois de réforme de la retraite, à la catastrophe économique provoquée par les puissances financières, tout cela quand il y a de plus en plus de gens qui se retrouvent à mourir de froid dans les rues d’une des plus grandes capitales du monde !

Mes engagements sont pour les libertés en général et pas uniquement le logiciel libre. Si il n’y avait que ce dernier à libérer, nous serions dans un monde idyllique. Mais non, il y a beaucoup de choses à libérer. C’est pourquoi j’ai pris comme fond d’écran des PC reconditionnés : « Un jour, le monde sera libre ! » (voir image ci-dessous en fin d’article), mais seulement si nous faisons tous front ensemble.

Actuellement j’œuvre aussi pour la liberté des personnes, des biens et des entreprises, en aidant les autres dans ces combats, et en m’engageant syndicalement au sein de mon entreprise.

J’espère que mon témoignage aura un écho au sein des communautés du logiciel libre, afin que certains viennent à leur tour participer et soutenir. Car il y a urgence à faire bouger cette société qui a remplacé notre belle devise républicaine par : « Libéralisme, Égoïsme, Finance (ou Futilité) ».

Voila mes engagements et mon état d’esprit actuel, qui ne sont pas facile à vivre avec mes ex-amis et mes collègues de travail. Je n’ai pas la même vision du monde, et je suis parfois considéré dans mon milieu professionnel comme un « fou de gauche » !

Quelques mots sur Emmaüs ? (on a tous une vague idée, mais noir sur blanc, c’est mieux)

Vous savez, je ne suis pas un spécialiste du mouvement Emmaüs, mais en voici ma vision :

Le mouvement a été créé par l’abbé Pierre (originaire de Lyon, ville d’une partie des membres de Framasoft je crois), figure emblématique au point d’avoir été élu l’homme le plus aimé des français, plus d’une quinzaine de fois (il a même demandé à la presse de ne plus le faire figurer dans ces sondages pour laisser un peu de visibilité aux autres).

Cet homme était un religieux, ça tout le monde le sait, mais il s’est aussi engagé dans la résistance en 1940. Il aurait participé à fonder le maquis du massif du Vercors. Ami du général de Gaulle, il a fait de la politique sous ses conseils, après la Seconde Guerre Mondiale, et a été élu député à plusieurs reprises. Le mouvement Emmaüs est né en 1949 à Neuilly-Plaisance, dans une ancienne auberge de jeunesse. Durant le terrible hiver 54, il a lancé un appel radiophonique en faveur des plus démunis, c’est ce que l’on a appelé « l’Appel de la bonté » (cf le film Hiver 54). C’est à ce moment là que les communautés d’Emmaüs vont prendre leur essor. À l’heure actuelle il y environ 148 communautés en France, et plus d’une trentaine dans le monde.

Le principe des communautés est d’aider les plus démunis en leur fournissant un logement, de la nourriture et de l’argent de poche. En retour les compagnons (c’est comme cela qu’on appelle les personnes pour lesquels ce mouvement est né) doivent travailler pour la communauté en fonction de leurs moyens physiques, intellectuels et de leurs choix. Comme dans le monde libéral, les compagnons ont droit à une retraite (je ne sais pas à quel âge ils y ont droit), mais lorsqu’ils ne peuvent plus travailler, ils peuvent s’il le veulent, rester dans la communauté.

Pour pouvoir faire vivre les compagnons chaque communauté vend les dons des particuliers, et plus rarement des entreprises. Ces dons sont de toutes sortes, cela va du cendrier de bistrot à la marque d’une boisson alcoolisée jusqu’à un pavillon. Les dons sont triés, remis en état, puis vendus au sein de chaque communauté. Chaque communauté est indépendante et vit du fruit de son propre travail. Une communauté est gérée par un ou plusieurs directeurs par alternance, afin de coordonner le travail des compagnons.

Les objectifs de chaque communauté sont :

  • Fournir le logement aux compagnons (environ une cinquantaine de personnes par communauté);
  • Fournir la nourriture à ces mêmes compagnons, et aux salariés pendant leurs services;
  • Payer toutes les charges : salaires des directeurs, essence des camions de livraison, etc.
  • Donner de l’argent pour aider d’autres associations humanitaires à l’étranger;
  • Envoyer du matériel pour des associations humanitaires;
  • Acheter des maisons pour loger d’autres démunis;
  • etc.

À la tête des communautés, il y a Emmaüs-France qui coordonne et assure la logistique de l’ensemble. Il y a aussi la Fondation Abbé Pierre plus axée sur la communication (exemple de campagne) et la collecte des dons des entreprises. Au total ce sont environ 14 000 personnes qui participent au mouvement (4 000 compagnons, 4 000 salariés et 6 000 bénévoles).

Comment as-tu connu le logiciel libre ?

Dans le cadre de mon travail et de ma passion j’ai découvert le logiciel libre il y a une dizaine d’années.

J’ai connu Framasoft vers 2004, et c’est vous qui m’avez aidé sur le choix de SPIP pour développer un petit site intranet dans le cadre de mon travail. J’avais déjà à l’époque fait des tests d’installations sur les distributions Mandrake, Knoppix, et un peu plus tard Ubuntu. J’ai migré mon informatique personnelle sous Ubuntu il a deux/trois ans quand j’ai cassé un Windows XP Pro en voulant mettre à jour un logiciel de musique propriétaire (iTunes pour ne pas le nommer) !

Comment en es-tu venu à faire le lien Emmaüs / logiciel libre ? (motivations personnelles, éthique, etc.)

Je voulais participer à une cause humanitaire à force de voir cette misère quotidienne dans les transports en commun que je prend tous les jours de la semaine. D’abord j’ai voulu faire de la distribution de nourriture pour les plus démunis, mais ma femme m’a conseillé d’utiliser mes compétences en informatique pour aider Emmaüs.

J’ai pris contact avec leur service bénévolat, je voulais être affecté à la place la plus adaptée pour leur organisation. Je ne voulais pas spécialement travailler pour la communauté de Neuilly-Plaisance, que je connais depuis quinze ans maintenant, car je ne savais pas qu’il faisait du reconditionnement de PC, je n’en avais vu aucun lors de mes visites en tant que client, et pour cause, ils se sont vendus très vites, et c’est très bien.

Toujours est-il que le service du bénévolat, m’a renvoyé sur la communauté de Neuilly-Plaisance. Lors de mon arrivée, j’ai rencontré Djebar, le bénévole responsable informatique, qui travaillait tout seul à l’époque et qui avait beaucoup de mal à s’en sortir. Je lui ai demandé comment il travaillait et ce qu’il voulait que je fasse, ce qui lui prenait le plus de temps. Il m’a répondu que c’était l’installation des machines, donc j’ai commencé par faire un petit script d’installation en mode « unattend » [2].

Comme il perdait encore plus de temps sur la partie désinstallation des logiciels sur les machines XP, je me suis lancé également sur la désinstallation.

Quels sont les services que toi et les autres compagnons proposez ?

Maintenant, depuis deux semaines nous avons mis en place un mini Cyber-Espace (deux machines) pour présenter l’utilisation d’Ubuntu, avant la vente des machines. Notre but étant de vendre des machines pour faire vivre la communauté, mais aussi de faire en sorte que les acheteurs soient satisfaits de leurs achats. Nous préférons, ne pas vendre, que faire de la vente forcée, car le but est d’avoir le moins de retour possible et donner une bonne image de notre engagement et de notre travail.

Pour participer à rompre la fracture numérique nous vendons des machines d’occasions de l’ordre de 60 à 80 euros et les écrans plats de 15, 17 pouces entre 20 et 40 euros.

Je tente de diffuser mon travail à toutes les personnes et associations qui œuvrent pour les biens communs. En ce moment j’essaye de faire une installation Ubuntu en mode PXE [3], pour permettre la mise à jour de machines dans une école au Burkina Faso. Cette école a été équipée par Hervé S. et d’autres professeurs il y a deux ans. Je suis en contact avec lui depuis la dernière Ubuntu Party de Paris.

D’où proviennent les matériels à reconditionner ?

Le matériel reconditionné vient essentiellement de dons de particuliers. Les entreprises donnent mais c’est alors un lot de machines d’un seul coup et depuis huit mois que je travaille chez Emmaüs, je n’ai pas encore vu un don de machines provenant des entreprises.

Pourquoi avoir choisi de faire deux versions (GNU/Linux et Windows) ? Pourquoi ne pas l’avoir fait uniquement sous GNU/Linux ?

Mon responsable voulait vendre des machines et cela est plus simple sur XP, car les clients ne connaissent pas Ubuntu et GNU/Linux. Il avait déjà fait une expérience à ce sujet par le passé, mais cela n’avait pas donné de bons résultats. Et c’est aussi pour cela que je médiatise notre travail (merci à vous), car la communication est un outil nécessaire aujourd’hui.

Pourquoi Ubuntu ? Pourquoi XP ?

Pour XP, la vente est plus facile, mais le temps et les scripts d’installations plus complexes.

Pour Ubuntu, l’installation est plus simple, car on formate le disque dur, mais la vente est beaucoup plus difficile.

Comment sont gérées les licences Windows XP ? Achat ? Récupération ?

C’est à cause des problèmes de licences que nous mettons pour l’instant des machines sous Ubuntu, car les licences sont celle incluses dans le PC, et nous prenons grand soin à désinstaller les programmes hors XP pour conserver la licence d’origine.

Peux-tu nous en dire plus sur ces scripts d’installation ?

Pour les scripts sous XP vous trouverez en pièce-jointe ci-dessous le manuel d’installation.

Pour Ubuntu j’utilise à l’heure actuelle un fichier « preseed » [4] pour l’installer, puis un script Bash pour installer les programmes annexes, configurer Firefox, le bureau, le dock…

Ces scripts sont-ils librement téléchargeables ? Si oui, peut-on avoir le lien ?

Non pas pour l’instant, car je ne suis pas encore pleinement satisfait de mon travail et je n’ai pas de site pour mettre ces scripts. Je pourrais faire un site ou un blog mais avant d’avoir une grande visibilité, je serai à la retraite, même en tenant compte des prolongations présentes et futures 😉

En revanche, si vous me proposez de mettre ces scripts sur votre site je suis partant et j’en serais ravi. J’aimerai avant que vous fassiez des essais pour mettre quelque chose de vraiment opérationnel et même utilisable par Madame Michu.

Quels sont les retours des utilisateurs ? (sur XP modifié et sur Ubuntu ?)

Nous n’avons pas de retour des utilisateurs, sauf une fois, une personne avait rapporté sa machine, car il n’arrivait pas à lancer certains logiciels et pour cause, le script ne les avaient pas installés. Il y avait un petit bug dans le script. C’était les premières machines livrées avec ce XP modifié.

Maintenant nous n’avons pas de retour, donc cela fonctionne. Lors de la vente de la première machine Ubuntu, j’ai demandé à la cliente de me faire un retour sur l’utilisation de sa machine, mais toujours rien depuis 15 jours. C’est dommage de ne pas avoir de retour, mais c’est dans la logique de l’époque actuelle, les gens ne font rien et sont en permanence en train de zapper d’un loisir à l’autre sans autre but que celui d’oublier leur vie routinière.

Il faudrait que les gens suivent plus souvent la devise des compagnons d’Emmaüs, « Ne pas subir, toujours agir », mais on se retrouve plutôt avec « Métro Boulot Dodo ». On est loin du « Liberté Égalité Fraternité » qui anime mon travail et le logiciel libre.

Quelles sont les perspectives d’avenir pour ce projet ? (ce qui marche, ce qui bloque, etc.)

Les perspectives au niveau développement sont les suivantes :

  • Faire une installation PXE;
  • Faire une version ISO d’Ubuntu et des scripts ainsi que les paquets pour pouvoir faire une installation offline, afin de fournir un DVD à tout le monde car beaucoup de personnes n’ont pas encore Internet;
  • En même temps que cette version ISO, faire la documentation de mise en œuvre de l’installation (remarque : je ne l’ai pas fait car je veux l’effectuer pour une installation indépendante);
  • Faire une version dérivée de la Framakey Ubuntu Remix, personnalisée avec le dock que j’utilise (Pyg de Framasoft m’a dit que cela était faisable, donc à suivre);
  • Associer des artistes musiciens, photographes pour promouvoir leurs œuvres et leurs talents (à l’heure actuelle j’ai mis un lien sur le site de Pat D., qui fait des photos pour Emmaüs et j’ai un projet de diaporama avec elle pour une vente d’objets recyclés et personnalisés à la communauté de Neuilly-Plaisance).

Les perspectives au niveau diffusion sont les suivantes :

  • Avoir une visibilité sur le site Framasoft, cela serait super bien pour faire du buzz 😉
  • Évangéliser l’Emmaüs de Perpignan/Pollestres (je cite ce village car il y a peine 6 mois, je ne savais pas que l’Emmaüs de Perpignan se trouvait dans mon village natal, comme quoi le monde n’est peut-être pas encore libre mais il est petit !). J’emploie ce verbe « Évangéliser » même si je ne suis pas croyant, car cela va être difficile de convaincre le directeur, avec qui j’ai déjà eu un contact téléphonique, de passer sur Ubuntu, car il pense que les clients ne sont pas prêts. Mon but étant qu’il accepte de faire un mini Cyber-Espace avec deux machines en libre service (pour tout le monde ou en fonction de la configuration des lieux en libre service pour les futurs clients), et qu’il mette deux machines Ubuntu toujours en vente;
  • Prendre contact avec les « Ateliers sans frontière », contact fournit par YoBoY;
  • Diffuser les versions XP, et surtout la version Ubuntu sur les Emmaüs de la région parisienne.
  • Diffuser sur les MJC, puisque j’ai des contacts à ce niveau.
  • Puis m’attaquer à la diffusion sur les associations de la ville de Paris.

Comment peux-t-on aider ?

Déjà en me témoignant votre enthousiasme, mais aussi en informant comme ici sur nos actions.

Si vous voulez aller plus loin dans votre soutien, ma dernière idée serait de mettre en réseau les Emmaüs et/ou toutes les associations vendant des machines avec des logiciels libres et/ou ayant mis un place un Cyber-Espace, etc. On pourrait ainsi dessiner une carte de France sur un site web où nous trouverions à chaque fois les contacts, le nombres de machines vendues, celles disponibles, etc. Ce serait utile pour les personnes ou associations désireuses d’avoir des informations, voulant utiliser ces distributions, cherchant une formation, etc.

Quelles sont les personnes qui participent de près ou de loin à ce projet ?

Je ne suis pas tout seul pour faire vivre ce projet, même si pour l’instant je suis le seul à faire du développement (ce n’est pas faute d’avoir essayé d’impliquer des ex-amis pour les sortir de leur mal de vivre) et de faire de la diffusion.

Dans l’ordre d’arrivée et de soutien à ce projet, je tiens à remercier les compagnonnes et les compagnons de route suivants :

  • Laurence A. – Pour m’avoir entrainé malgré elle sur cette route sinueuse, et qui m’épaule quotidiennement;
  • Djebar R. – Pour son implication dans le bénévolat, et son enthousiasme;
  • Olive et Sab – Pour leurs engagements au sein de la communauté Emmaüs Neuilly-Plaisance, et d’être toujours partants pour suivre mes idées les plus folles;
  • José – Pour me mettre à la porte tous les samedi soir de la « Fontaine », et m’éviter ainsi de passer la nuit à l’atelier;
  • Antony 81 – Pour son travail tous les jours, et sa volonté : « Don’t give up my friend »;
  • César Henri – Pour ces connaissances en informatique de pointe, et ses tests de destruction de machines XP 😉
  • Yann D. – Pour son enthousiasme et ses implications futures, quand il aura réussi ces examens 😉
  • Sylvain D. – Pour son support dans le monde nébuleux et pas très libre d’Apple;
  • Ubuntu et plus particulièrement YoboY et Kinouchou – Pour leurs accueils à la dernière Ubuntu-Party;
  • Gérard P. – Pour son soutien inconditionnel à mon travail, pour avoir fait du buzz sur ce travail lors de la dernière Ubuntu-Party et son idée géniale de Cyber-Espace interne au sein des communautés Emmaüs pour montrer « l’EmmaBuntu », comme il souhaite que j’appelle cette distribution 😉
  • Hervé S. – Pour son travail pour une école au Burkina Faso, son soutien et ses conseils techniques, sans oublier ses corrections sur mon catalan;
  • Pat D. – Pour ses photos et son soutien au mouvement ;
  • et vous bien sûr, toute la grande équipe de Framasoft, sans qui ce travail n’aurait pas été possible.

Un dernier mot pour la route (nécessairement longue, mais nécessairement libre) ?

La route est longue cela tout le monde le sait, mais elle est sinueuse et glissante par temps de neige. Ce qui est dommage c’est que si peu de monde s’y engage ne serait-ce que pour un temps. Ils préfèrent souvent tous prendre des autoroutes déjà tracées.

Pour ma part je l’ai prise lorsque j’ai lu phrase d’Albert Einstein (pour rappel : « Dans toute difficulté, il y a une opportunité. »), et j’espère ne plus la quitter.

Merci pour ton engagement en faveur du logiciel libre et pour la réponse à cette interview.

Merci à vous tous pour votre travail, sincèrement sans vous je ne serais pas là où j’en suis. C’est pour cette raison que j’ai choisi un fond d’écran Framasoft (voir ci-dessous) pour mettre en valeur les PC reconditionnés et non pas un fond écran dédié aux causes d’Emmaüs.

Je suis désolé d’avoir donné autant de détails à vos questions, mais ce n’est pas ma faute c’est à cause de mon nom 🙂

Bonnes fêtes de fin d’année à vous tous, en liberté.

Patrick

Emmaüs - Bureau Ubuntu

Notes

[1] Crédit photo : David Dennis (Creative Commons By-Sa)

[2] Qui ne nécessite pas la supervision d’un humain pour cliquer sur « Ok » à tout bout de champs. Un peu à l’image de Framapack.org

[3] Directement depuis le réseau, et sans nécessiter de système d’exploitation sur la machine cible.

[4] Fichier d’instructions pour l’installation.