MyPads : version admissible

Après deux semaines de tests sur la bêta 2, nous atteignons aujourd’hui un nouveau palier et n’avons jamais été aussi proches de la version stable : nous vous présentons aujourd’hui MyPads version admissible (release candidate).

MyPadsDerniers travaux réalisés

Depuis le point du 30 juillet :

  • Comme prévu, la gestion de l’envoi de mails depuis MyPads avec
    • au souhait de l’administrateur, la vérification des adresses mails avant activation du nouvel inscrit;
    • une procédure de recouvrement de mot de passe;
    • la génération de jetons dont la validité est limitée dans le temps pour ces deux actions;
    • côté administration la configuration du serveur SMTP qui sera employé pour l’envoi des mails.
  • La possibilité de fournir des paramètres propres à chaque pad. Par exemple, dans un groupe sur invitation, il est dorénavant possible d’y créer un pad public ou en lecture seule. Dans un groupe protégé par mot de passe, vous pouvez créer un pad qui aura son propre mot de passe etc. Par défaut le comportement reste le même, à savoir que les pads héritent des propriétés de leur groupe parent.
  • L’ajout d’un champ facultatif de description pour chaque groupe.
  • Un certain nombre de corrections concernant les visibilités publiques et par mot de passe, notamment lorsque les pads ont des options différentes des groupes auxquels ils sont rattachés.
  • Quelques améliorations concernant les traductions.

Plus récemment, une refonte conséquente de l’authentification a du être entreprise. L’un des plugins d’etherpad, dont nous avions parlé en semaine 17, a la fâcheuse tendance à empêcher le fonctionnement de MyPads. Ce comportement s’est avéré aléatoire en fonction de la base de données utilisée par l’instance et le temps que celle-ci mettait à répondre après le lancement d’etherpad. Il faut dire que les plugins etherpad sont lancés suite à un événement global et que nous ne pouvons à notre connaissance pas contrôler leur ordre de lancement. Pour passer outre, il a fallu initialiser MyPads plus tôt, ce qui a empêché ce dernier de se brancher sur le système de sessions utilisé d’etherpad. C’est pourquoi, afin de garantir un fonctionnement sans conflit, il a été nécessaire de passer d’un système d’authentification simple en local vers un système à jetons,  JSON Web Token, mais toujours au travers de la bibliothèque passportjs.

L’aboutissement

Cela fait un peu plus d’un an que le projet MyPads a été financé. Le développement, dont le début était prévu pour novembre, a été reculé à février de cette année et la charge de travail initialement prévue a été largement dépassée, en partie en raison d’une mésestimation du travail nécessaire pour créer un tel plugin pour Etherpad (ce type d’extension étant rare) et de bonus vis à vis du cahier des charges initial, ajoutés gracieusement par le prestataire. Ce dernier s’étant engagé, le dépassement est resté à sa charge et le plugin ne coûtera pas davantage que ce qui était prévu. Notez que Framasoft n’a de son côté pas souhaité appliquer des pénalités pour les retards constatés (MyPads, une fois le développement repris en février, devait être publié avant la fin du mois d’avril).

Quelques chiffres : MyPads, c’est aujourd’hui un peu plus de 13.000 lignes pour 10.000 lignes de code. Les deux tiers de ce total sont consacrés aux tests unitaires et fonctionnels du plugin. En tout, le logiciel aura vu passer un peu moins de 80.000 lignes – ajouts et suppressions – dont une faible partie provient des dépendances et le reste de refactorisations du code.

De nouvelles tâches sont prévues pour les mois à venir mais il ne devrait plus y avoir d’ajout avant la version stable et la mise en production sur les serveurs de Framasoft.

Testez

Merci à ceux qui ont déjà fait l’effort de tester MyPads. Pour cette toute dernière ligne droite, nous avons à nouveau besoin de vous. MyPads a été installé sur notre instance bêta. Plus cette version sera utilisée et plus les anomalies rencontrées seront rapportées, moins il y aura de mauvaises surprises pour le déploiement et l’utilisation par tous. Ceci est prévu dans à peine quelques semaines.

MyPads

MyPads : release candidate

After two weeks of beta 2, today we reach another step and we’ve never been so close to release: here we have MyPads RC – release candidate.

Last progress

Since our last point:

  • As planned, email sending management into MyPads with
    • as the administrator desires, email addresses checking before subscriber account activation;
    • password recovery procedure;
    • token generation with a time limited validity for both actions;
    • on the plugin administration,  SMTP server configuration.
  • The ability to opt for pad personal parameters. For example, in a restricted group, it is now possible to create a public pad  or a readonly one. In a password-protected group, you can add a pad with its own password etc. By default, behavior stays as before : pads inherit their properties from their parent group.
  • An optional description field for each group had been added.
  • Some bugs around public and private visibility have been fixed, in particular when pads have their own properties.
  • Some enhancements on translations.

Recently, a substantial rewriting of the authentication system has been made. One of the etherpad plugins, which we talk about into week 17 point, has a nasty tendency to prevent MyPads to work. This behavior has been randomly experienced, depending on the database used by the instance and the time it needs to setup after etherpad launch. Etherpad plugins are called through a global event and we can not, as far as we know, control their order. To disregard, we had to setup MyPads sooner, what prevents it to correctly plug with the session system used by etherpad. That’s why we decide, to secure functioning, to migrate from a simple local authentication to a token system, JSON Web Token, but still with the help of the passportjs library.

Completion

MyPads crowdfunding campaign has ended more than a year ago. Development, which has been initially expected on November, has been delayed to February and the predictable workload has been overstepped to a great extent. Reasons include a wrong initial estimation of needed work to create such a plugin (this kind of extension is rare into etherpad ecosystem) and some bonus features regarding the specifications; features added free of charge. The contractor has been engaged to complete the plugin, so the overload is on him and the plugin won’t cost more than expected. Note that Framasoft has not wanted to apply some fees for the delays (MyPads, once the development starts again in February, has been announced to be published before the end of April).

Some numbers : MyPads today represents a little more than 13,000 lines for 10,000 lines of code. Two thirds has been dedicated to unit and functional testing. In all, the plugin has regrouped a bit less than 80,000 lines – additions and deletions – including a little part from dependencies and mainly code refactorizations.

New features are planned next monthes but it won’t be any addition before stable version and deployment on the Framasoft and Framapad servers.

Tests

Thanks to all who have already took some time to test MyPads. For this last home straight, we need you, again. MyPads has been installed on our beta instance. More this version will be used and bugs will be reported, less we got bad surprises in a few weeks, when MyPads will be published and installed publicly.




Apple bloque les pubs sur iOS… pour son bien.

Que l’on considère la publicité en ligne utile ou néfaste, qu’on l’ignore ou qu’on la bloque, il est important de se rendre compte des stratégies mises en œuvre par les géants du net (les GAFAM pour les intimes) pour contrôler cette manne et comprendre l’influence qu’a cette guerre sur le Web ouvert.

Eric Lawrence nous explique ici celle d’Apple, traduit par l’équipe de Framalang.

Dommage collatéral

Source : http://textslashplain.com/2015/06/10/collateral-damage/

Traduction : egilli, Piup, andionuma, amaha, sinma, goofy, Obny

 

iSiphonne
Modifié par Obny à partir d’une image par Kelvinsong (CC-BY).

La plupart des utilisateurs du Web tolèrent les pubs ; beaucoup la haïssent avec la passion dévorante de mille soleils. Il existe beaucoup de bonnes raisons pour lesquelles les utilisateurs n’aiment pas les pubs (elles dégradent les performances, la sécurité et la vie privée) ainsi que des reproches moins universels et plus discutables (par exemple, elles sont pénibles, la valeur des services que l’on obtient en échange est contestable, etc.).

Apple, une entreprise qui tire environ 80 % de ses revenus de produits basés sur iOS (son système d’exploitation, NdT), a annoncé récemment que iOS 9 forcera l’usage de son interface de programmation pour le filtrage des publicités dans le navigateur Safari.

De plus, et c’est probablement une pure coïncidence, le seul vrai concurrent d’Apple et iOS tire environ 90 % de ses revenus de la publicité.

Si vous trouviez déjà agaçantes les fenêtres d’invitation qui vous demandaient « Installez notre application » sur les sites web, imaginez ce qui va se passer quand seules les applications natives pourront afficher des publicités de façon fiable ! Il n’y aura probablement plus de lien « Non merci », en particulier quand le site détectera que vous utilisez un bloqueur de publicités (cf. l’article en anglais sur l’évaluation des mécanismes de blocage, NdT).

Récapitulons :

  • Les sites web se chargent (temporairement) ≃40 % plus rapidement sur iOS ? Apple et ses utilisateurs sont gagnants.
  • Les sites web sont obligés d’avoir recours à des applications natives pour être payés ? Apple est gagnant.
  • Les sites d’information sont obligés d’utiliser l’application Apple News pour être payés ? Apple est gagnant.
  • Les revenus de Google diminuent inexorablement ? Apple est gagnant.
  • Les sites financés par la publicité et qui ne peuvent se payer une application native ? Dommage collatéral.
  • Le web ouvert ? Dommage collatéral.

C’est un plan résolument brillant.

Lors de son procès pour abus de position dominante, Microsoft était accusé d’essayer d’« asphyxier Netscape ». Cet été, Apple posera négligemment sa main sur la pompe à fric de Google.

On ne peut guère prédire comment cela finira, mais des dommages collatéraux semblent inévitables.

 

Note :

Suite à de nombreuses réactions concernant l’article original, l’auteur a tenu à y répondre dans un autre article (en anglais).

 




Aménager son igloo avec Sweet Home 3D

L’été c’est le moment des vacances, le farniente, les apéros, la plage… Mais c’est également la période où l’on profite des longues journées et du beau temps pour faire des travaux dans la maison.
Notre pinchot se sentant l’âme d’un bricoleur a choisi de réorganiser son igloo. Mais avant de tout casser, il aimerait bien voir ce que ces aménagements pourraient donner. C’est là qu’il tombe sur ce superbe logiciel Sweet Home 3D qui va lui permettre de visualiser les agencements prévus.

Rencontre avec Emmanuel Puybaret, son concepteur, et Véronique, sa community manager.

Bonjour, pouvez-vous nous présenter le logiciel Sweet Home 3D ?

Abri de jardin

Emmanuel : Sweet Home 3D est un logiciel libre d’aménagement intérieur qui permet de dessiner des plans de logements, d’y placer des meubles et de visiter le résultat en 3D. Il est très complet et facile d’utilisation. C’est un peu la 3D pour les nuls ! Sa première version date de 2006 et correspond à une étude de cas décrite dans Les cahiers du programmeur Swing que j’avais écrit pour les éditions Eyrolles. Cet ouvrage faisait lui-même suite à mon Cahier du programmeur Java dont la première édition date de 2003. Tout ça pour dire que Sweet Home 3D est développé en Java et que toute cette expérience acquise avec le temps m’a bien aidé pour obtenir un programme stable et performant.

 

La version 5 vient de sortir ce mois-ci, quelles sont les nouveautés les plus remarquables ?
Emmanuel : Depuis presque 10 ans – et notamment depuis votre dernier article qui regrettait l’absence de niveaux, ajoutés depuis ;-), le logiciel s’est vraiment beaucoup enrichi. La version 5 permet des rendus toujours plus réalistes (ajout de plinthes, intégration de portes arrondies ou de fenêtres triangulaires…) mais aussi la conception d’aménagements plus détaillés (dessin de flèches et de schémas de toutes sortes, ajout de textes libres en 3D…).
Véronique : Outre l’aménagement, on sent de plus en plus un besoin d’utilisation du logiciel dans des pré-projets de construction : avant de faire appel à un architecte, de nombreuses personnes, partout dans le monde, ont envie de « rêver » leur maison. C’est chouette.

 

J’ai envie d’aménager un igloo, c’est possible ?
Emmanuel : Zut, là, vous me posez une colle car, dans Sweet Home 3D, les murs ne peuvent être que verticaux ! On peut faire des murs arrondis, des murs en sous-pentes, mais, pour des igloos ou des coupoles, il faudra que vous passiez par une astuce… par exemple, en important un igloo de la bibliothèque 3D Warehouse au format KMZ / Collada. C’est étonnant d’ailleurs comment les utilisateurs de Sweet Home 3D arrivent à trouver des tas d’astuces pour arriver à leurs fins. Et puis, si vous voulez programmer des fonctionnalités plus complexes, vous pouvez essayer de développer un plug-in, tout est expliqué sur le site du logiciel.

 

Exemple de plan

Sweet Home 3D, cela a une consonance anglaise, mais ce ne serait pas un projet français ?
Emmanuel : 100 % français, oui, mais à visée 100 % mondiale.
Véronique : …et au-delà !
Emmanuel : Maintenant le logiciel est disponible dans 25 langues ! C’est un des trucs formidables du logiciel libre : nous avons régulièrement des propositions de traduction du logiciel et on trouve même des tas de tutoriels sur YouTube dans différentes langues. De même, le forum est très réactif, très sympathique. L’aménagement ou l’architecture semblent être des sujets sans fond et, si jamais je manquais d’idées pour améliorer ce logiciel, les propositions des utilisateurs fourmillent. Merci à eux !

 

Quel est le lien entre Sweet Home 3D et eTeks ?
Emmanuel : C’est le nom de ma boite, tout simplement. Comme Sweet Home 3D, ça sonne anglais, mais ce n’est pas non plus trop dépaysant pour un public français.

 

Vous pouvez nous présenter les différentes personnes qui interviennent autour de ce projet ?
Emmanuel : Euh… moi, essentiellement, pour le développement en tout cas. Mais il y a aussi les créateurs de meubles en 3D, les participants les plus actifs du forum, les traducteurs comme je l’ai dit… Et depuis 5 mois, il y a Véronique qui m’aide pour la communication. J’ai senti que c’était nécessaire pour mieux animer cette communauté que je ne prenais pas assez de temps de connaitre et de faire reconnaitre.
Véronique : J’ai mis notamment en place une série d’articles sur le blog sur les différentes utilisations du logiciel qui s’intitulent : « Et vous, vous faites quoi de votre Sweet Home 3D ? ». Je viens de commencer, mais il y a de quoi faire une véritable saga, vous verrez !

 

Dans les utilisations « détournées » de Sweet Home 3d, saviez-vous que notre ami Gee, utilise le logiciel comme support pour les décors dans sa BD « Superflu » ? Avez-vous eu d’autres retours atypiques d’utilisation ?

Emmanuel : Oui, on aime bien ce qu’il fait et Véronique projette de faire un entretien avec lui à la rentrée (s’il veut bien !). Dans le genre atypique, il faut aller voir aussi sur le blog de Sweet Home 3D ou sur notre page facebook la reconstitution du Château de Rochecorbon, le vaisseau spatial de Star Trek ou le projet de ferme écologique en Afrique. Ce sont des super projets !

 

Modélisation d’une chambre pour la BD Superflu de Gee.

Pourquoi le choix du libre ?
Emmanuel : C’était dans les gènes de Sweet Home3D. Il devait forcément être open source puisque publié dans un livre. Alors, quitte à ouvrir son code source, autant le faire sous une licence libre. Sans être super militant, j’avais bien perçu les avantages d’une licence comme la GNU GPL dans des projets précédents : le partage des connaissances, l’ouverture au monde, l’aide des contributeurs, l’accès à des référentiels comme SourceForge.net, mais aussi la possibilité, avec cette même licence, d’opter pour un modèle de licences multiples. C’est justement ce modèle qui nous permet de vivre de ce projet : ventes de licences propriétaires à des sociétés qui veulent étendre les fonctionnalités du logiciel sans publier le code source de leurs modifications, mais aussi ventes sur l’Amazon Store et le Mac App Store d’une version intégrant tous les meubles sous licence libre disponibles pour le logiciel.

 

Avez-vous besoin d’aide ? Si oui, comment peut-on faire ?
Véronique : Ce n’est pas toujours facile de savoir ce qui motive une communauté : sur Facebook, on avait fait un « jeu des 7 différences », mais personne n’a joué ! Plus sérieusement, toutes les contributions sont bienvenues : documentation, participation au forum, création de meubles en 3D libres avec Blender ou Art of Illusion, par exemple. Pour les designers 3D en quête de reconnaissance, sachez que les pages consacrées aux modèles 3D sont désormais très bien référencées dans Google.
Emmanuel : Quand on pense aux débuts de Sweet Home 3D où j’ai été obligé de concevoir les premiers meubles en 3D moi-même, je suis très content d’avoir contribué aussi à l’émergence de bibliothèques de modèles 3D libres, 10 ans après.

 

Envie de réagencer son salon ?

Un dernier mot pour conclure cet entretien ?
E & V : Merci beaucoup, Framasoft, de votre travail en général et, en ce qui nous concerne, de nous avoir référencés dès nos débuts et de continuer à nous donner la parole. À bientôt !

 




Quand on touche à la vie privée, c’est la démocratie qui est menacée (2/3)

Voici enfin la suite des conférences d’Eben Moglen sur les révélations d’Edward Snowden. Pour vous remettre dans le bain, reportez-vous à la première partie. Ce texte a été publié avant que le Congrès des États-Unis ne refuse de proroger tels quels les amendements à la loi dite FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act) donnant une grande latitude à la NSA pour surveiller les citoyens et résidents des États-Unis (la surveillance du reste de la planète restant inchangée).

Mais l’Union européenne et en particulier la France semblent suivre le chemin inverse ; il semble qu’elles n’aient rien appris des révélations de Snowden. Faites lire ce texte à vos proches, pour qu’à leur tour ils voient les conséquences de ce qui se trame et puissent nous aider à faire pression pour essayer d’éviter le pire.

Source : The Guardian, Privacy under attack: the NSA files revealed new threats to democracy

Traduction : Thérèse, fatalerrors (Geoffray Levasseur), goofy, audionuma, Diab, Paul, Omegax, lumi

 

En d’autres termes, le respect de la vie privée est requis pour l’exercice de l’autogouvernance démocratique. Les efforts tendant à soumettre la société humaine à ces méthodes de surveillance généralisée sont l’antithèse de la liberté. C’est la conversation que n’ont pas tenue tous ces « N’écoute pas mon téléphone portable ! » trompeurs [1]. Si cela ne tenait qu’aux gouvernements nationaux, le débat en resterait à ce niveau de charlatanisme pour toujours.
EbenMoglenbyDocSearls(CC BY 2.0)
Le gouvernement des États-Unis et ses grandes oreilles n’ont pas avancé un seul argument pouvant nous convaincre que ce qu’il font est compatible avec l’éthique de la liberté, les lois constitutionnelles américaines ou les droits de l’homme internationaux. Au lieu de cela, ils essaient autant que possible de changer de sujet, et s’ils ne parviennent pas à en changer, à accuser le messager.

Personne n’a besoin d’accéder à des documents classés secrets pour voir comment les forces armées et les stratèges se sont adaptés à la fin de la Guerre froide en planifiant la surveillance invasive des sociétés du monde. Depuis le début des années 90, la documentation publique concernant la politique de défense américaine montre que les planificateurs et stratèges militaires avaient prévu un monde dans lequel les États-Unis n’auraient pas d’adversaire étatique significatif. Par conséquent, nous serions forcés de nous engager dans un ensemble de « conflits asymétriques », ce qui signifiait des « guérillas » impliquant des « acteurs non étatiques ».

Au cours de la redéfinition du comportement stratégique des États-Unis, les stratèges militaires et leurs collègues de la communauté du renseignement en sont venus à voir les droits américains à la vie privée dans les communications comme l’équivalent d’un asile pour les groupes terroristes. Ils étaient convaincus que les forces armées des États-Unis, les grandes oreilles, devraient nécessairement s’attaquer à ces asiles.

Puis, à l’avènement du 21e siècle, une administration américaine qui restera dans l’Histoire pour sa tendance à tirer d’abord et réfléchir ensuite a tout gobé – hameçon, ligne et plomb [2] – du plan comportant « refus d’asile », surveillance invasive et « totale connaissance de l’information ». Dans un intervalle de temps vraiment court, depuis janvier 2002, principalement en secret, ils ont mis tout ça sur pied.

Les conséquences partout dans le monde n’ont pas été controversées, c’est à noter. Dans une large mesure, les États ont approuvé ou accepté. Après septembre 2001, le gouvernement des États-Unis a fait une démonstration de force tout à fait extraordinaire aux yeux du monde : vous étiez soit avec nous, soit contre nous. Par ailleurs, beaucoup d’autres gouvernements en étaient venus à fonder de manière capitale leurs propres services de renseignement sur la coopération avec les oreilles des États-Unis.

Une fois l’actuelle administration américaine bien installée, des responsables politiques de haut niveau ont considéré qu’il y avait un consensus multilatéral concernant les écoutes ayant pour objet les autres sociétés : elles ne pouvaient être arrêtées et donc ne devaient pas être limitées. Les Chinois ont approuvé. Les États-Unis ont approuvé. Les Européens ont approuvé ; leur position était quelque peu réticente, mais ils étaient dépendants des écoutes effectuées par les États-Unis et n’avaient pas tellement le pouvoir d’objecter.

Personne ne l’a annoncé aux peuples du monde. Depuis la fin de la première décennie du 21ème siècle, un fossé s’est ouvert entre les droits que les peuples du monde pensent posséder et ceux qui ont été bradés par leurs gouvernements en contrepartie d’un renseignement qui n’est utile qu’aux gouvernements eux-même. Ce fossé est si profond, si fondamental pour la signification de la démocratie, que les opérateurs de ce système ont commencé à douter de sa légitimité – ce qu’ils auraient dû faire plus tôt.

Snowden a vu ce qui est arrivé aux autres lanceurs d’alerte et a agi en conséquence. Sa théorie politique est tout à fait exacte et totalement cohérente. Il dit que l’existence de ces programmes, non révélée au peuple américain, est une violation fondamentale des valeurs démocratiques des États-Unis. Assurément, il ne peut y avoir d’argument pour le contester.

La position de Snowden est qu’un effort si global, si massivement puissant et si propice aux abus ne devrait pas être entrepris sans consentement démocratique. Il a exprimé à maintes reprises sa croyance que le peuple des États-Unis a le droit de donner ou refuser ce consentement informé. Mais Snowden a également identifié le fait de soumettre la population mondiale à ces programmes comme une action problématique méritant une forme d’analyse morale et éthique qui va bien au-delà de la simple raison d’État [3].

Snowden veut dire, je pense, que nous devrions prendre ces décisions, non pas dans l’intérêt étroit et égoïste d’une nation, mais avec un sens moral particulièrement élevé de ce qui est approprié de la part d’une nation qui voudrait se faire passer pour le symbole de la liberté aux yeux de l’humanité.

Nous pouvons parler, naturellement, des lois constitutionnelles des États-Unis et de l’importance de l’appareil législatif américain – règles, protections, droits, devoirs – avec le respect qui leur est dû. Mais il doit être clair dans notre esprit que, lorsque nous parlons des traditions constitutionnelles des États-Unis en matière de liberté et d’esclavage, nous ne parlons pas seulement de ce qui est écrit dans les livres de droit.

Nous sommes confrontés à deux affirmations — on les entend partout — qui résument bien les orientations contre lesquelles nous travaillons. La première dit : « C’est sans espoir, la vie privée n’existe plus, à quoi bon lutter ? » ; la seconde : « Je ne fais rien de mal, pourquoi devrais-je m’en soucier ? » Ce sont là les objections les plus significatives qui nous sont opposées lorsque nous faisons ce que nous savons devoir faire.

Si nous ne faisons rien de mal,

alors nous avons le droit de résister

Tout d’abord, notre lutte pour la survie de la vie privée est loin d’être sans espoir. Snowden nous a décrit quelle protection était encore efficace. Son souci était de différencier les formes de communication en réseau définitivement corrompues et inutilisables, de celles qui sont mises en danger par les assauts continuels d’une agence dévoyée et de celles que, même avec son immense pouvoir, son poids financier, ses ambitions déplacées et ses efforts consciencieux, cette agence n’arrive pas à casser.

Le désespoir est seulement une maladie qu’ils veulent vous voir attraper, pas une maladie inéluctable.

Quant à la seconde affirmation, nous nous devons d’y répondre tout à fait clairement : « Si nous ne faisons rien de mal, alors nous avons le droit de résister. » Si nous ne faisons rien de mal, alors nous avons le droit de faire tout notre possible pour maintenir l’équilibre traditionnel entre nous et le pouvoir qui écoute. Nous avons le droit d’être invisibles. Nous avons le droit de parler de manière inaudible. Nous avons le droit de parler des langues qu’ils ne comprennent pas. Nous avons le droit de nous rencontrer aux endroits, aux moments et de la manière qui nous conviennent.

Nous avons une tradition constitutionnelle aux États-Unis contre les mandats de portée générale. Elle est née au 18e siècle pour de bonnes raisons. Nous limitons la capacité de l’État à perquisitionner des lieux et à saisir des objets à ce qu’un juge indépendant estime raisonnable d’autoriser.

Ce principe qui lui était cher, le Premier Congrès l’a placé dans notre Déclaration des droits parce qu’il était cher aux Nord-Américains britanniques ; parce qu’au cours du 18ème siècle, ceux-ci avaient appris de quelle manière le pouvoir exécutif pouvait se servir des mandats de portée générale pour tout fouiller, partout, à la recherche d’une chose qui lui déplaisait et en forçant les pouvoirs locaux à l’y aider. Ce fut un problème au Massachusetts en 1761 [4] et cela resta un problème jusqu’à la fin de l’autorité britannique en Amérique du Nord. Et même alors le problème demeura parce que les présidents, sénateurs et chancellors (juges) étaient eux aussi sans scrupules dans leurs comportements. Thomas Jefferson aussi, comme le président actuel, a annoncé un jeu bien meilleur qu’il n’avait en réalité.

Ce principe est assez clair. Mais il n’y a que neuf votes à la Cour suprême des États-Unis, et ce sont les seuls qui comptent pour le moment [5]. Nous devons attendre de voir combien d’entre eux sont prêts à reconnaître la simple inconstitutionnalité d’un système scélérat beaucoup trop gros pour faire faillite. Mais puisque ces neuf votes sont les seuls qui ont de l’importance, le reste d’entre nous devons mener nos activités d’une autre façon.

La tradition constitutionnelle des États-Unis que nous admirons a principalement été établie par des personnes qui ont fui l’Europe et sont venues en Amérique du Nord pour être libres. Ce sont leurs activités politiques et intellectuelles que nous retrouvons traduites dans les documents qui ont construit la République.

Mais il y a une seconde tradition constitutionnelle. Elle fut établie par des personnes qui ont été amenées ici contre leur gré ou qui sont nées dans l’esclavage et ont dû fuir pour pouvoir être libre, ici même. Cette seconde tradition constitutionnelle est légèrement différente par sa nature de la première, même si elle a conduit, en fin de compte, à des conclusions similaires.

Biard_Abolition_de_l'esclavage_1849

Fuir l’esclavage est une activité de groupe. Fuir l’esclavage requiert l’assistance de ceux qui pensent que l’esclavage est une mauvaise chose. Les gens, aux États-Unis, ont oublié ce que notre tradition constitutionnelle doit au contact entre des personnes qui avait besoin de fuir pour devenir libres et des personnes qui savaient qu’elles devaient les aider, parce que l’esclavage est mal.

Nous avons maintenant oublié que durant l’été 1854, quand Anthony Burns — qui avait fui l’esclavage depuis Richmond en Virginie — fut renvoyé en esclavage par un juge d’État agissant comme commissaire fédéral pour le Second Fugitive Slave Act [6], Boston dut être placée sous la loi martiale pendant trois jours entiers. Les troupes fédérales bordaient les rues alors que Burns était conduit sous escorte vers le port de Boston et placé à bord d’un bateau pour le renvoyer à l’esclavage. Si Boston n’avait pas été contenue par la force, il y aurait eu une émeute.

Quand Frederick Douglass a fui l’esclavage en 1838, il eut l’aide de sa chère Anna Murray, qui lui envoya une partie de ses économies et les vêtements de marin qu’il porta. Il eut l’aide d’un marin noir libre qui lui donna des papiers d’identité. De nombreuses personnes prirent beaucoup de risques pour l’aider à atteindre New York.

Notre tradition constitutionnelle ne repose pas seulement sur les droits négatifs qui se trouvent dans la Déclaration des droits. Elle repose également sur l’histoire d’une lutte de la communauté, souvent illégale d’un point de vue formel, pour la liberté et contre l’esclavage. Cette partie de notre tradition dit que la libération du contrôle oppressif doit être accordée à tous les peuples, partout, comme un droit. Elle dit que l’esclavage est tout simplement immoral, qu’il ne peut être toléré, ni justifié par la peur du maître ou un besoin de sécurité.

Par conséquent, la tradition constitutionnelle que les Américains devraient défendre actuellement est une tradition qui va bien au-delà de toute limitation spatiale ou temporelle pouvant s’appliquer au quatrième amendement [7]. Le peuple des États-Unis ne doit pas se contenter de défendre le droit d’être libre des intentions oppressives du gouvernement national, il ne doit pas simplement se battre pour une chose qui est incarnée par la clause de procédure régulière [8] du quatorzième amendement. Nous devrions plutôt nous battre contre les processus totalitaristes ; car l’esclavage est mal. Parce que soumettre l’ensemble du genre humain à la surveillance du maître est mal. Parce que fournir l’énergie, l’argent, la technologie, le système pour assujettir la vie privée de tous dans le monde — pour détruire l’asile de la liberté de parole américaine — est mal.

Snowden nous a donné la chose la plus précieuse qu’un peuple jouissant de l’autonomie démocratique puisse avoir, l’information sur ce qui se passe. Si nous voulons exercer nos droits en tant que peuple autogouverné en exploitant les informations qu’il nous a livrées, nous devons avoir clairement à l’esprit les fondements politiques de notre action. Elles ne se limitent pas seulement aux paroisses, ou aux nations, ou à ce que l’on trouve dans les archives des décisions de la Cour suprême.

Une nation conçue dans la liberté et dévouée à la proposition que tous les hommes sont nés égaux a réduit en esclavage des millions de personnes. Elle s’est lavée de ce péché dans une terrible guerre. Le peuple des États-Unis devrait en tirer la leçon et est appelé à le faire aujourd’hui.

chaque gouvernement doit subordonner ses écoutes domestiques

aux principes de l’État de droit

À la lumière de ce que nous savons grâce à Snowden, les citoyens, partout, doivent exiger deux choses de leur gouvernement. En premier lieu, nous devons dire à nos dirigeants « Vous avez la responsabilité, le devoir, de protéger nos droits en nous protégeant de l’espionnage venant de l’extérieur ». Tout gouvernement a cette responsabilité. Il doit protéger le droit de ses citoyens à être libres de la surveillance intrusive de masse d’autres États. Aucun gouvernement ne peut prétendre à la souveraineté et à la responsabilité à moins de tout mettre en œuvre, dans la mesure de son pouvoir et de ses moyens, pour garantir ce résultat.

En second lieu, chaque gouvernement doit subordonner ses écoutes domestiques aux principes de l’État de droit. L’arrogance monumentale des grandes oreilles et la stupidité de la dernière administration ont laissé le gouvernement des États-Unis dans un piège qui n’avait pas lieu d’être. Avant que la dernière administration n’affranchisse ses oreilles de la loi, le gouvernement américain aurait pu regarder le monde en face et proclamer que seules ses oreilles étaient soumises aux règles de l’État de droit. Cela aurait été une prétention exacte. Mais pour presque rien, l’histoire s’en souviendra, ils ont jeté cela aux orties.

Aux citoyens américains revient une plus grande responsabilité. Le gouvernement projette l’immensité de son pouvoir dans la destruction de la vie privée au sein des autres sociétés du monde. Il le fait sans aucun contrôle ni supervision démocratique et son peuple doit l’arrêter. Le rôle des Américains comme symbole de liberté dans le monde n’exige rien de moins.

La liberté a été pourchassée tout autour du globe. L’Asie et l’Afrique l’ont expulsée depuis longtemps. L’Europe a été harcelée pour que cette liberté soit traitée comme une étrangère et le Royaume-Uni l’arrêterait à Heathrow s’il la voyait arriver. Le président des États-Unis a exigé que personne n’accepte la fugitive et il n’est peut-être que la présidente brésilienne, Dilma Rousseff, pour souhaiter préparer le moment venu un asile pour l’humanité.

Les dirigeants politiques du monde entier ont eu beaucoup de choses à dire depuis que Snowden a commencé ses révélations, mais pas une fois on n’a entendu une déclaration du genre « Je regrette d’avoir soumis mon propre peuple à ces procédés ». La chancelière allemande, malgré une réélection triomphale sans un nuage dans son ciel politique, n’est pas en position de dire « J’ai été d’accord avec les Américains pour autoriser l’interception de 40 millions d’appels téléphoniques par jour ; je veux juste qu’ils arrêtent d’écouter mon téléphone ! »

Les grandes oreilles américaines ont affaire à une crise politique allant bien au delà de ce qu’ils avaient pu imaginer. Elles n’apprécient pas d’apparaître au grand jour, ni même d’être simplement visibles. Elles ont perdu leur crédibilité auprès de l’industrie de la cybersécurité, car cette dernière a pris conscience qu’elles ont trahi leurs promesses implicites sur ce qu’elles ne pirateraient pas. L’industrie de la finance mondiale est envahie de peur à la vue de ce qu’elles ont fait. Les autres agences du gouvernement des États-Unis, sur le soutien desquelles elles peuvent habituellement compter, les fuient.

ils sont en train de faire du net un espace de guerre perpétuelle

Nous n’aurons plus jamais un tel moment de désarroi politique dans le camp qui agit contre la liberté. Non seulement ils ont rendu ce problème évident pour tout le monde — non seulement ils ont fait des martyrs de nos camarades résidant à Fort Leavenworth [9], à l’ambassade d’Équateur à Londres [10] et dans un endroit secret de Moscou [11] — non seulement ils ont allumé un incendie qu’ils ne peuvent plus éteindre en pissant dessus, mais ils ont aussi perdu leur armure. Ils se tiennent devant nous dans la totalité de qui ils sont réellement. Il nous appartient de montrer que nous les reconnaissons pour ce qu’ils sont.

Ce qu’ils ont fait, c’est de créer un état de guerre permanent sur le net. Douze années d’une guerre qui semble sans fin ; ils sont en train de faire du net un espace de guerre perpétuelle. Nous devons imaginer à nouveau de quoi aurait l’air un Internet en paix — la cyberpaix. Les jeunes gens de par le monde qui travaillent en ce moment sur la théorie de la cyberpaix font le travail politique le plus important de notre temps. Il nous faudra désormais assurer ce que les démocraties assurent le mieux, la paix. Nous devons être disposés à déclarer la victoire et rentrer chez nous. Quand nous le ferons, nous laisserons derrière nous un Internet qui ne sera plus en état de guerre, un Internet qui n’utilisera plus la surveillance pour détruire la vie privée, fondement de la démocratie.

C’est une question de droit public international. Au final, c’est semblable à l’interdiction des armes chimiques ou des mines antipersonnel, une question de traités de désarmement, une question de maintien de la paix.

La difficulté, c’est que nous n’avons pas seulement affaire à nos concitoyens, bons et patriotes, pour qui des élections sont un remède suffisant, mais également à une immense structure de surveillance privée qui est devenue réalité. Cette structure a tout à fait le droit d’exister dans un marché libre, mais elle génère maintenant un désastre écologique dont seuls les gouvernements ont bénéficié. Par conséquent nous ne devons pas seulement réfléchir à ce que sont nos politiques vis-à-vis des États mais également vis-à-vis des entreprises.

En fait, nous en sommes encore à un spectacle de marionnettes où les objets légitimes de la surveillance internationale — nommément les politiciens, chefs d’état, cadres de l’armée et diplomates — sont en train de pleurer en nous disant qu’ils ne devraient pas être écoutés. Comme s’ils étaient nous et avaient le droit d’être laissés tranquilles.

Et ceci, bien sûr, c’est ce qu’ils veulent. Ils veulent nous induire en erreur. Ils veulent que nous pensions qu’ils sont nous — qu’ils ne sont pas les personnes qui ont permis à tout ceci d’arriver, qui l’ont applaudi, qui en ont fait commerce.

Nous devons faire face aux problèmes que leurs duperies ont créés. Les grandes oreilles ont détruit la politique de liberté d’Internet du gouvernement des États-Unis. Ils ont eu une bonne main tant qu’ils ont pu jouer des deux côtés à la fois. Et à présent, nous avons des collègues et camarades partout dans le monde qui travaillent pour la liberté du net dans les sociétés dangereuses ; ils dépendent du support matériel et de l’assistance du gouvernement des États-Unis et ils ont maintenant toutes les raisons d’être effrayés.

Que se serait-il passé si les chemins de fer clandestins [12] avaient été constamment soumis à un effort de pénétration de la part du gouvernement des États-Unis au nom de l’esclavage ? Que se serait-il passé si tous les livres des 500 dernières années avaient signalé leurs lecteurs à la maison mère ?

Lorsque nous décidons de donner des informations personnelles,

nous fragilisons également la vie privée d’autres personnes.

La mauvaise nouvelle pour les peuples de la planète, c’est que tout le monde nous a menti de manière éhontée pendant près de vingt ans. La bonne nouvelle, c’est que Snowden nous a dit la vérité.

Edward Snowden a révélé des problèmes auxquels nous devons trouver des solutions. La vaste organisation industrielle de surveillance qui s’est développée depuis 2001 n’aurait pas pu se construire sans les sous-traitants du gouvernement ni l’industrie de l’extraction de données. Tous deux sont impliqués dans une crise écologique causée par la surenchère industrielle. Nous avons échoué à saisir la nature de cette crise parce que nous avons mal compris la nature de la vie privée. Les entreprises ont cherché à profiter de notre confusion et les gouvernements en ont profité encore davantage, ce qui menace la survie même de la démocratie.

nsa_inside_bruce_sterling(CC BY-NC 2.0)

Dans ce contexte, nous devons nous souvenir que la vie privée concerne notre environnement social, pas les interactions isolées que nous avons individuellement avec d’autres. Lorsque nous décidons de donner des informations personnelles, nous fragilisons également la vie privée d’autres personnes. Par conséquent, la vie privée est toujours une relation entre de nombreuses personnes, plutôt qu’une transaction entre deux d’entre elles.

Beaucoup de gens vous prennent de l’argent en occultant cette distinction. Par exemple, ils vous proposent des services de messagerie gratuits. En retour, ils vous demandent de les laisser lire tous vos messages. Leur objectif affiché est de vous envoyer des publicités. Ce n’est qu’un échange entre deux parties. Ou alors, ils vous offrent un hébergement gratuit pour vos communications sociales, puis ils observent tout ce que regarde tout le monde.

C’est pratique pour eux, mais frauduleux. Si vous acceptez cette supposée offre bilatérale de service de messagerie qui vous est fourni gratuitement pour autant qu’ils puissent tout lire, alors chaque personne qui correspond avec vous est soumise à ce marché. Si dans votre famille il y a quelqu’un qui reçoit ses messages avec Gmail, alors Google obtient une copie de toutes les correspondances de votre famille. Si un autre membre de votre famille reçoit ses messages à l’aide de Yahoo, alors Yahoo reçoit également les correspondances de toute votre famille.

Peut-être que déjà ce niveau de surveillance des messages de votre famille par des grandes entreprises est trop pour vous. Mais comme les révélations de Snowden ont pu le montrer, à la déconfiture des gouvernements et de ces entreprises, elles ont aussi partagé tout ces courriers avec le pouvoir — qui les achète, obtient des tribunaux des injonctions à les produire ou les vole — que cela leur plaise ou non.

Ce sera la même chose si vous décidez de vivre votre vie sociale sur un site Internet géré par un abruti qui surveille toute interaction sociale en gardant une copie de tout ce qui est dit et en regardant tout le monde regarder tous les autres. Si vous amenez de nouveaux « amis » vers ce service, vous les attirez dans cette inspection dégueulasse, en les forçant à subir tout cela avec vous.

C’est un problème écologique parce que nos choix individuels aggravent l’état du groupe dans son ensemble. L’intérêt des entreprises de service, mais pas le nôtre, est de cacher cet aspect du problème et de se concentrer sur l’obtention de consentements individuels. D’un point de vue juridique, l’essence d’une transaction est le consentement. Si la vie privée est transactionnelle, votre consentement à l’espionnage est tout ce dont l’espion commercial a besoin. Mais si la vie privée est comprise correctement, le consentement est généralement hors sujet et se focaliser dessus est fondamentalement inapproprié.

En ce qui concerne la pureté de l’air et de l’eau, nous ne fixons pas les limites acceptables de pollution par consentement ; la société a établi des normes de propreté que tout le monde doit respecter. Les lois environnementales ne sont pas des lois de consentement. Mais pour ce qui est du respect de la vie privée, on nous a autorisés à nous faire des illusions ; ce qui est véritablement un sujet de réglementation environnementale nous a été vendu comme un simple problème de négociation bilatérale. Les faits montrent que ceci est totalement faux.

(à suivre…)

Notes

[1] Référence aux protestations de dirigeants politiques, notamment d’Angela Merkel.

[2] Il y a ici double référence ; swallow something hook, line and sinker pourrait se traduire en « gober n’importe quoi », mais aussi il y a référence au roman d’espionnage en trois parties, Spy Hook, Spy Line et Spy Sinker de Len Deighton.

[3] En français dans le texte.

[4] En 1761 eurent lieu les toutes premières révoltes d’une colonie britannique d’Amérique du Nord, suite au Navigation Act limitant le commerce colonial et à l’insistance du roi Charles II pour y établir l’église anglicane. Le roi réagira en ordonnant des perquisitions, saisies et exécutions massives. Ces révoltes seront considérés comme les prémisses de la Guerre d’Indépendance.

[5] Aux États-Unis, la Cour suprême n’est pas seulement la plus haute autorité judiciaire, elle statue également sur la constitutionnalité de la loi, comme le fait notre Conseil constitutionnel.

[6] « Deuxième loi sur les esclaves fugitifs » votée par le Congrès le 18 septembre 1850, annulée de facto par le vote du 13ème amendement en 1865 abolissant l’esclavage.

[7] Amendement fixant le cadre de la juridiction fédérale des États-Unis et les limites du droit de vote ou d’éligibilité, ainsi que l’invalidation de toutes dettes financières en rapport avec des activités de rébellion ou esclavagistes.

[8] Due process clause : cette clause interdit à l’État toute condamnation sans procédure judiciaire régulière.

[9] Lieu de détention de Chelsea Manning.

[10] Lieu de retranchement de Julian Assange.

[11] Résidence actuelle d’Edward Snowden.

[12] Underground railroad : réseaux de fuite des années 1850 pour les esclaves aux États-Unis.

 

Crédits images

    • Eben Moglen par Doc Searls (CC-BY-2.0)
    • François-Auguste Biard Abolition de l’esclavage (détail) – Domaine public
    • Logo NSA inside par Bruce Sterling (CC-BY-2.0)



Aujourd’hui, je dégooglise ma famille !

Dégoogliser le monde ? Oui, mais par où commencer ? Une fois qu’on a soi-même fait un premier effort pour se désintoxiquer des services prédateurs si pratiques, on souhaite qu’autour de soi aussi l’assuétude générale s’atténue et que peu à peu se dessine une autre tendance : que chacun ait la possibilité de reprendre la main sur sa vie numérique.

— Commençons par nos proches !

Telle est la démarche modeste et pragmatique qu’a choisie Nathanaël Leprette. Un drôle de numéro, comme vous allez le découvrir dans l’interview qui suit : une sorte de généreux citoyen du monde, un globe-trotter humanitaire… ce n’est pas un hasard si ce libriste convaincu a aussi retroussé ses manches pour proposer à son cercle familial des adresses mail personnalisées, un hébergement. Et ce n’est sans doute qu’un début…

Chez Framasoft, nous sommes ravis de voir poindre, s’épanouir et se multiplier de telles initiatives, parce que ce sont précisément ces intermédiaires convaincus et disposant d’un minimum de compétences techniques qui peuvent aider le mieux à diffuser la dégooglisation. Comme Nathanaël aujourd’hui, nombreux sont les lecteurs de ce blog qui peuvent franchir le pas ou ont déjà commencé à le faire, seuls ou dans un réseau familial, associatif, professionnel…

Faites-nous part de vos projets et de vos succès de dégooglisation quelle qu’en soit l’échelle, vous donnerez des idées aux autres et le mouvement s’accroîtra d’autant plus vite !

Bonjour Nathanaël, tu fais quoi dans la vie ?

nathanaelLepretteJe suis volontaire un peu partout sur des projets très différents mais je n’ai plus de travail rémunéré depuis trois ans et demi (parfois je paie même pour être volontaire… en Asie, c’est devenu courant). Je vis en autofinancement, sur mes épargnes, un voyage à petit budget donc 🙂

J’ai travaillé dès que j’ai pu pour mettre des sous de côté. J’ai étudié mais n’ai jamais vraiment exercé le métier d’ingénieur en Thermique du Bâtiment et Énergies Renouvelables auquel mon diplôme m’a pourtant formé.

Je voyage pour partager avec mes frères et sœurs du monde entier. Je suis parti pour les connaître. J’avais prévu un tour du monde en trois ans, cela fait 3 mois que les trois ans sont écoulés et je n’ai pas encore complètement quitté l’Asie.

Je retourne bientôt en Iran pour y apprendre pendant un an les langues perses et arabes. J’y travaillerai aussi sans doute un peu. Et puis je veux renouveler mon projet Ecole, World y Camino qui jusqu’alors m’emmenait dans les écoles du monde à la rencontre des enfants pour leur ouvrir une fenêtre sur l’ailleurs et leur proposer de participer à un relais international de dessins d’enfants.

Pour proposer des services comme l’hébergement de pages et la gestion d’adresses mail, il faut tout de même avoir des compétences que tout le monde n’a pas dans ta famille, je suppose. Tu peux nous dire comment tu t’y es pris techniquement pour pouvoir faire cette sympathique proposition à tes proches ?

J’ai eu cette idée dès le début en fait. Je veux dire, dès que j’ai compris ce qu’est Internet et le monde libre. Je suis un visiteur de Framasoft depuis de très nombreuses années (vers 2004 au moins) et j’ai toujours préféré utiliser Firefox et VLC. OpenOffice portait un autre nom à l’époque et Libre Office n’existait pas encore… « Le logiciel libre » est un concept qui m’attirait avant même de bien le comprendre. Le déclic s’est fait à la suite de deux vidéos qui ne parlaient pas de Logiciels Libre mais d’Internet, celle très connue de Benjamin Bayart sur le Minitel 2.0 et celle de Michel Serres, plus confidentielle, Les nouvelles technologies : révolution culturelle et cognitive.

C’est une phrase expliquant qu’une adresse de courriel devrait être du genre quiATquoiDOToù ou quiATnomdecompanieDOTcom qui m’a fait tilt et je me suis dit :

ça serait bien une adresse en @leprette.fr pour ma famille.

Sauf qu’à l’époque je découvrais. J’ai d’abord fait ma propre éducation, je suis passé aux Logiciels Libres, je me suis intéressé au problème des réseaux sociaux (j’ai eu assez tôt un compte Facebook mais l’ai quitté depuis). J’ai apporté mon soutien à un projet qui n’existe plus aujourd’hui qui s’appelait Beedbox (un projet d’autohébergement) que je rêvais de voir travailler en collaboration avec les réseaux sociaux décentralisés comme Movim ou Jappix, ou encore mieux acentralisé comme Newebe.

Le dernier déclic quant aux logiciels libres c’est quand Stéphane Laborde, l’auteur de la Théorie Relative de la Monnaie, fait la remarque dans un de ses podcasts que fondamentalement, ce n’est pas le logiciel qui est libre mas bien l’utilisateur du logiciel qui se voit attribuer des libertés grâce aux licences dites libres. Je crois que le raccourci que nous faisons tous de « logiciel sous licence libre » en « logiciel libre » a ralenti ma compréhension du phénomène et mon adhésion. Si le premier gars qui m’a parlé de Linux quand j’étais ado m’avait parlé des libertés utilisateurs plutôt que des logiciels, j’aurais basculé 5 ans plus tôt, lorsque j’ai quitté Windows pour Mac.
Et puis je me suis lancé. J’ai découvert l’hébergement web en mettant en place mon propre blog ainsi que celui de ma mère qui raconte ses histoires d’expat’ avec beaucoup d’humour.

Après des déboires avec HostPapa, j’ai migré chez OVH en début d’année et j’en ai profité pour acheter le nom de domaine leprette.fr en le gardant sous le coude pour plus tard. Le plus tard est venu quelques mois après, quand j’ai résidé quelque temps en Arabie Saoudite. C’est là que j’ai travaillé sur ce projet, en mai 2015.

lpretteOffre1

Ils sont nombreux, les Leprette potentiellement intéressés par ta proposition ? Et combien ont déjà dit banco ?

Les Leprette ne sont pas bien nombreux, une grosse centaine je crois et si je limite à ma famille (ceux qui ont reçu le message au sujet de leprette.fr), une quarantaine peut-être. Ensuite, combien prendront connaissance de l’offre, comprendront sa justification et son intérêt, pour eux avant tout, mais aussi pour l’Internet dans son ensemble, je l’ignore, mais sans doute très peu dans un premier temps. Peut-être qu’à force de recevoir petit à petit des courriels en xxx@leprette.fr, ils commenceront à se poser des questions, à aller lire la page web, etc.
Aujourd’hui, nous sommes 6 à utiliser une adresse en leprette.fr.
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Tu n’as pas un peu peur que ça ne te donne beaucoup de boulot : entre expliquer, dépanner, aider à installer, initier, encourager à franchir le pas, accompagner…

Je suis prêt à prendre le temps nécessaire pour les accompagner et les aider. Ils savent que, si je n’ai ni compte facebook, ni twitter etc, je réponds toujours à mes emails le plus rapidement possible. Certains savent même que je réponds à des invitations skype.

J’offre à ma famille un moyen simple de participer à la décentralisation dans l’Internet mais j’ai choisi pour l’heure la simplicité, j’ai pris un hébergement partagé chez OVH. Le jour où je serai sédentaire avec une connexion qui le permet, je me lancerai le défi de tout autohéberger.

Les explications des services sont toutes sur la page web leprette.fr. Il me manque deux inscrits pour changer de formule chez OVH et simplifier les explications en omettant mes problèmes de MYSQL et FTP…

Pour l’heure il n’y a donc aucun problème d’installation ni, à priori, de dépannage.

Et ensuite ? Que proposeras-tu à moyen ou long terme si tout se passe idéalement ? Élargir la base d’utilisateurs au-delà du cercle familial, proposer des solutions de réappropriation de ses données plus complètes (owncloud, cozy…) ? Autre chose ?

Le futur est très excitant. J’aimerai vraiment un jour pouvoir m’autohéberger mais ce n’est pas pour tout de suite et ça semble compliqué, surtout concernant le serveur de courriel. Les courriels risquant d’être facilement considérés comme spam (j’ai lu ça un jour, je n’ai jamais poussé plus loin, on verra).

Idéalement, ce serait top que chaque membre puisse même s’autohéberger chez lui et que je puisse administrer à distance leur « leprettebox » en cas de problème, mais aujourd’hui ce n’est pas pensable. Je ne sais même pas d’ailleurs si je peux rediriger des sous-nomdedomaine vers une adresse ip spécifique, celle de la box d’un membre de ma famille, et encore moins ce qu’il en serait pour les emails…

kittens
Des chatons tout excités à l’idée de fournir un jour des lepretteBox !

En attendant que tout cela soit réalisable, je continuerai avec un système de centralisation familiale avec un serveur leprette.fr, que j’espère un jour être « dédié » et qui hébergerait des cozy-cloud. Du côté de chez kimsufi j’ai trouvé des offres viables pour moi économiquement si je demande à chacun 5€/mois (l’offre d’aujourd’hui, email et espace web est à 5€/an). le KS-3 pour un minimum de 4 utilisateurs et jusqu’à 8 utilisateurs. Pour cette offre là, je n’ai pour l’heure que deux intéressés, ce qui n’est pas suffisant pour démarrer un serveur. Il m’en faudrait deux de plus pour qu’on puisse se lancer. Si cela devait arriver, alors deux questions se poseront à moi, quid du backup ? (il me faudrait un KS-1 de Kimsufi avec 2To de DD mais ils n’acceptent pas de changer leurs offres), et surtout, comment faire pour gérer les courriels ? Je suppose que je ne pourrais pas continuer avec l’offre d’OVH, il faudra les héberger sur le même serveur, ce sera à moi d’apprendre…

Je donne des coups de main de temps à autre à cozycloud. Je ne perds pas l’idée d’un réseau social familial. J’espère y voir arriver un jour Newebe ou Movim bien sûr, et même d’y installer une instance de LibreOffice online pour qu’on puisse travailler sur ses propres documents directement depuis son cozy, rêvons un peu !

Enfin, il y aura bien sûr un serveur de crypto-monnaie Ucoin pour aider les membres de ma famille à prendre en main leur participation à l’économie du libre en utilisant une Monnaie Libre, un dividende universel, dont la création monétaire est distribuée (pas de préfixe « re ») sous la forme d’un revenu de base entre tous les membres (tel que décrit par la « Théorie Relative de la Monnaie »).

[ Placement de produit : ci-dessous pub gratuite pour Cozy ]

Une des utilisatrices de @leprette.fr et qui utilise aussi un cozy (je l’ai inscrite pour l’heure à la béta de cozy-cloud) m’a confié « Je suis super contente, tu ne peux pas savoir, un cadeau de Noël quand ce n’est pas Noël ». Elle m’expliquait récemment :

« Je communique assez peu sur internet mais je ne fais pas assez attention quand j’utilise l’internet, tout en étant tellement incapable de me protéger. Je supporte très mal l’idée que des inconnus puissent s’introduire dans mon univers et dans ma vie privée. Je veux que l’on ne puisse ni identifier ni influencer mes enfants ou mes choix. Bref je vais pouvoir enfin faire une page perso et partager avec mes amis.

Avec le métier que je fais, on nous demande une totale neutralité de parole et d’opinion, le respect des coutumes et usages du pays hôte, et une stricte confidentialité de nos données. J’ai besoin d’un accès sécurisé à mes données quand je voyage, le cloud c’est une bonne idée, c’est pratique, mais, jusqu’ici je n’avais pas confiance. Souvent, je ne peux pas me permettre de me promener avec un ordi ou un disque dur qui contienne trop d’informations sur moi, mes livres, mes musiques, mes courriels… Donc j’ai bien regardé le cozy cloud et je suis définitivement intéressée. Tu me diras comment faire ? »

succesLeprette

Avec cozy, elle aura tout ce dont elle a besoin sauf l’accès à ses livres. Pour l’heure, il manque une application de lecture d’ebook. J’en parle ici, j’ai même trouvé un ebook reader en node.js en développement histoire de ne pas partir de zéro. Si quelqu’un dans le coin savait l’adapter à cozy, ce serait super cool !

Tu peux compter sur nous pour transmettre ces suggestions au cozygang. Comme il est de tradition dans nos interviews, je te laisse le mot de la fin…

Il me semble que j’ai oublié une évidence… le jour où Leprette.fr sera sur un serveur dédié, des petits services à la framasauce fleuriront. Car derrière chaque Français se cache un paysan. Je cultiverai le jardin Leprette.fr en suivant les tutos de Framasoft !

 

Crédit photos




RMLL 2015 et Résistances : Framasoft en Festivals !

C’est la canicule, on sort les recettes d’eau libre (à consommer avec modération ^^), les stands, les beaux T-shirts… c’est officiel, on arrive à l’été des Rencontres et échanges Libristes !

 

RMLL 2015 : rendez-vous à Beauvais

Logo RMLL
Logo RMLL

Rendez-vous incontournable du monde Libre, les « ReuMeuLeuLeu » (ou Rencontres Mondiales du Logiciel Libre) sont cette années accueillies et organisées par Beauvais, et c’est du 4 au 11 Juillet !

Comme nous vous l’avions annoncé, nous ne tiendrons un stand que lors des Journées Grand Public (samedi 4 et dimanche 5 juillet). Ce qui nous nous empêchera pas d’être présents lors du reste des rencontres, que ce soit entre les stands (un indice : repérez les badges « Framateam ») ou durant des conférences.

Car les RMLL proposent un programme complet de conférences, tables rondes et autre réjouissances auxquelles Framasoft se joint avec plaisir… Vous nous retrouverez donc :

Bien entendu, au delà des Framasofteries, TOUT le programme des RMLL est empli de pépites qui sauront faire pétiller votre intérêt, vos neurones et vos processeurs…

Résistances, du cinéma et des idées

affiche2015Du 3 au 11 juillet, dans la ville de Foix[1] (en Ariège), a lieu un festival de cinéma aussi engageant qu’engagé : Résitances.

L’idée de ce festival, qui fête cette année sa 19e édition, est de mettre en valeur des films qui bousculent notre vision du monde, montrent d’autres façons de vivre, de voir de raconter et de partager… bref : qui nous nourrissent l’esprit comme la société.

Framasoft sera présent lors du week-end final (10 et 11 juillet) à l’occasion de leur thématique Une civilisation du partage. l’occasion pour nous d’échanger avec un public pas forcément rompu aux codes du Libre, et pour Pouhiou de réitérer sa conférence Créateurs, la confiance paye

 

Voilà pour les quelques rencontres estivales… promis, il y aura encore plus d’occasions de se voir, de boire de la limonade libre (avec modération ^^) et de parler Dégooglisation dès la rentrée !

 

 Note inutile et donc indispensable :

[1] Et le premier ou la première qui commente « Il était une fois, dans la ville de Foix… » Pouhiou se jure de lui émonder les arquemuses… soyez prévenu-e-s !)




Ça dégooglise pépère

Aujourd’hui, quittons un peu l’ambiance morose et faisons un petit point sur l’avancement du projet Dégooglisons Internet

Ça dégooglise pépère

Bon. On n’va pas s’mentir, entre les religio-zinzins amoureux de la gâchette qui flinguent à tout-va et nos propres politico-zinzins qui mettent le pays entier sur écoute, soi-disant pour repérer les religio-zinzins susnommés (même si, en fait, on les repérait déjà avant), l’année 2015, pour l’instant, c’est pas folichon.

Gee, en panique : « Et puis y'a les taxis.  Et la Grèce.  Et Sarko qui revient.  Et Strauss-Kahn aussi.  La vache.  Qu'est-ce qu'on a fait pour mériter ça ?  »

Mais trêve de Sirius Black sinistrose, parlons un peu de ce qui va bien.

Par exemple, chez nous, à Framasoft, on se débrouille. On dégooglise, petit à petit, comme on l’avait annoncé à l’automne dernier.

Un logo Google est dans une poubelle, avec des mouches qui tournent autour. Deux mecs sont attablés et boivent des bières. L'un dit : « Tu vois ? Quand on nous fait pô chier… on s'contente de joies simples. »

Déjà, puisque Google a décidé de fermer sa forge et Sourceforge de déféquer dans la sienne, on s’est dit que c’était le moment d’ouvrir notre forge à nous au public.

Le Geek représenté en forgeron, en train de taper sur une enclume marquée « Git » avec un marteau marqué « pull request ». Il chante : « J'voudrais programmeeeer encore ! Programmeeeer encore !  Forger le code source ! Avec mes doigts d'or ! »

Comme on est un peu monomaniaques, on a aussi sorti plein de Framatruc et de Framabidules.

Un livre marqué « Framabookin » ; une manette marquée « Framagames » ; un appareil photo marqué « Framapic » ; un paquet de 0 et de 1 marqués « Framabin ». Le smiley dit au sujet de « Framabookin » : « Des guerres de tranchées s'organisent pour savoir s'il faut dire “bouquin” ou “book in”. » Gee, blasé : « J'en ai un peu Framamarre de ces Framanoms à la Framanoix. »

Bon, du coup, sur les noms, on a aussi essayé d’innover un peu :

Une femme : « Le raccourcisseur d'URL s'appelle Huit.re, et c'est une vraie perle !  Parce que c'est court, ça se retient bien et les liens font huit caractères par défaut.  Oui, on aime aussi avoir 15 justifications pour un unique nom. »

(Au passage, je vous conseille d’accéder à http://huit.re/caca/, ça vaut le détour !)

Le summum de l’innovation a été atteint à l’AG de janvier où nous avons tenté de nous mettre d’accord sur le nom du moteur de recherche. Autant vous dire que ça n’a pas été de la Framatarte…

Une AG Framasoft, avec plein de monde qui propose plein de conneries : « Faut l'appeler Framasearch, un peu de cohérence ! » « Nan, faut un nom fun, genre Robert ! Tu cherches un truc ?  Demande à Robert ! » « N'importe quoi !  Un truc COURT qui se retient bien. Genre Frama.link ! » « Attends, Frama.link, c'est pas pour le raccourcisseur d'URL ? » « Mais nan, c'est huit.re, le raccourcisseur… »

Après 12 heures de discussions arrosées acharnées, nous avons finalement décidé de couper la poire en trois.

Trois panneau : « Un nom Frama, Framabee » ; « Un nom fun, Tonton Roger », « Un nom simple, Trouvons.org ». Les trois panneaux pointent vers : « un moteur de recherche pour les gouverner tous ». L'admin-sys de Framasoft s'en va d'un air énervé : « Voilà. Fallait pas m'chercher. » Une flèche pointe vers lui et dit : « (Admin Sys qui profite de sa position de force pour nous faire fermer nos mouilles.) »

Ça a l’air d’être un peu le boxon, comme ça, mais on consolide aussi l’existant, notamment notre tête d’affiche Framapad qui prend du poil de la bête !

Un mec masse un énorme gugusse plein de muscles, avec un t-shirt Framapad et l'air hargneux. Le mec qui masse : « Mon gros, quand le plugin MyPads pour les comptes et les pads privés va être prêt, tu vas déboîter mémé ! » Le gugusse plein de muscles : « Grrrrrrrr ! »

Et puis bien sûr, votre serviteur n’est pas en reste puisque, non seulement Framasoft héberge le nouveau blog BD libre « Grise Bouille », mais plus de 30 dessins ont également été ajoutés à GéGé*, le Générateur de Geektionnerd !

Remarquez que, question nom, ça partait déjà en sucette.

Gee, faussement énervé : « GéGé ? Vous voulez dire que vous allez faire des BD gratos avec mes dessins ?!  Tssss. Ça m'débecte. J'vais aller caillasser des VTC, ça va m'détendre. »

Voilà… dégoogliser, ça ne se fait pas en un jour, mais on avance.

Et surtout, n’oubliez pas que la dégooglisation, c’est avant tout avec vous et même chez vous qu’il faut la faire !

Un mec représenté en train de chevaucher un colibri géant : « Et si vous voulez mettre la main à la pâte avec nous, suivez le Framacolibri ! » Le smiley, blasé : « Va vraiment falloir arrêter avec les “Frama”… » Note : BD sous licence CC BY SA (grisebouille.net), dessinée le 29 juin 2015 par Gee.

Et bien sûr, vous pouvez retrouver ces nombreux projets en ligne :




Framadate : un tuto et un openbar.

Parmi les divers services en ligne que nous proposons, il en est un plus… « particulier » que les autres : Framadate. On pourrait croire qu’un simple service de sondages et d’organisations de rendez-vous ferait figure d’outsider face à un tableur, un réseau social ou un service d’hébergement d’images chiffré et libre. Mais en vérité, Framadate est le deuxième service le plus visité de la galaxie Framasoft, ce juste derrière les framapads.

En témoignent aussi les nombreuses attentes, réflexions et propositions d’améliorations que nous apportent les utilisateurs et utilisatrices de ce service. Régulièrement, via notre formulaire de contact ou depuis notre git, nous recevons ces attentes, suggestions et râleries (ben ça arrive, aussi, hein ^^) auxquelles nous nous efforçons de répondre.

Car Framadate est une exception : basé sur Studs (un logiciel créé par l’université de Strasbourg) il s’agit du seul code maintenu et développé par Framasoft (sans compter ce que font certains de nos membres de leur côté… n’est-ce pas, Luc ?). Framasoft n’a pas vocation à créer du code : d’autres le font très bien, et nous sommes bien plus à notre aise à mettre en valeur leurs travaux.

Le tutoriel comme arme d’éducation populaire massive

La vocation première de Framasoft, c’est l’éducation populaire au Libre. Derrière l’expression un poil pompeuse se cache une volonté simple : amener plus de Libre dans la vie de la famille Dupuis-Morizeau (et même des Michus, bien qu’ils veulent qu’on leur fiche la paix ^^). Il s’agit pour nous d’aider à accomplir le travail qui reste une fois que le code est écrit, vérifié, testé, arrangé. Mettre ce logiciel en valeur, le faire connaître (en en parlant ou en démontrant ses vertus), parfois le traduire… ou l’expliquer.

Parler d’un logiciel (et/ou d’un service) Libre c’est bien. Dire qu’il ne faut plus utiliser Doodle mais Framadate, c’est énorme (et merci à vous qui le faites, on le voit chaque jour !). Mais qui pense à la solitude de papy Dupuis ou de cousine Morizeau lorsqu’ils se retrouvent devant ce nouveau logiciel, sans leurs repères ni leurs habitudes ? Qui pense aussi au petit dernier, qui commence à peine à tâter de la souris et veut organiser son goûter d’anniversaire, tout seul, comme un grand ?

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Cliquez sur l’image pour découvrir notre tutoriel Framadate

Chez nous, sur ce coup, c’est Christophe, notre spécialiste du LaTeX[1]. C’est pour aider ses collègues à se dé-Doodliser qu’il a commencé ce tutoriel. C’est en pensant à vos proches qu’il l’a revu et amélioré. Désormais, si vous voulez présenter cette solution libre de sondages, vous pourrez donner le lien de ce tutoriel (que vous retrouvez aisément en page d’accueil de Framadate) pour que vos proches soient totalement autonomes dans la création et l’administration d’un sondage de rendez-vous.

Framadate vous ouvre son Openbar

Chez Framasoft, donc, Framadate est un cas à part. Lorsque Studs n’a plus été maintenu, nous avons décidé de remonter nos manches et notre framaslave[2] JosephK s’est évertué à créer une V2 avec de nouvelles fonctionnalités, une meilleure ergonomie et une accessibilité sans faille… Puis Jo s’est fait enterrer vivant par sa to-do list et a tenté, tant bien que vaille, de maintenir le code et d’appliquer tests et bugfix tout en continuant de dégoogliser les internets à temps plein.

Depuis quelque mois, Jo a été rejoint par Olivier Perez, un courageux bénévole qui s’est emparé du code pour tenter de lui apporter des modifications, améliorations, parmi lesquelles :

  • tel Mirza, on se demande parfois où est passé tel ou tel framadate. Cette époque est révolue ! Grâce à la possibilité (en page d’accueil) de retrouver tous les sondages par le mail de l’administrateur, vous pourrez retrouver en un clin d’œil tous les sondages dont vous êtes l’administrateur ;
  • le nom de l’auteur, la date d’expiration et l’intitulé du sondage sont modifiables : fini la corvée de refaire un sondage pour une faute de typographie ;
  • les votes « Si nécessaire » sont décomptés entre parenthèses, permettant de ne pas baser son choix uniquement sur le nombre de votants « fermes » ;
  • une nouvelle option « Chaque participant peut modifier son propre vote » donnera à vos sondés un lien leur permettant d’éditer leur vote (et uniquement le leur) ;
  • une nouvelle option « Vote caché, seul le créateur du sondage peut voir les résultats » permet de créer un sondage où le décompte des votes sera visible uniquement par l’administrateur. Il pourra d’un clic rendre les résultats visibles à la fin par transparence ;
  • le formulaire d’administration (si vous avez installé votre propre version de Framadate) a lui aussi été complètement revu.

Par ailleurs, le code a été en grande partie réécrit, et de plusieurs bugs existants corrigés !

La liste des modifications (changelog) est disponible à cette adresse. Tout un tas d’améliorations sont au programme de cette nouvelle version que nous avons nommée… Openbar[3].

Allez, cliquez : c'est openbar !
Allez, cliquez : c’est openbar !

Aujourd’hui, l’openbar est ouvert. C’est une version de test (donc pas encore de https, on le sait, ce n’est pas encore parfait ^^). Il y a encore certainement plein de petits bogues à chasser dans les coins, des morceaux pas tout à fait comme il faudrait… et pour cela on a besoin de vous.

Pensez à nous donner vos retours

Nous vous ouvrons cette version bêta justement pour que vous nous aidiez par vos retours et suggestions… Alors bien entendu, ne nous envoyez pas tout de suite vos envies de telle ou telle nouvelle fonctionnalité : nous allons d’abord tester et mettre en production celles de la version openbar avant de nous attaquer à une nouvelle montagne d’améliorations ;).

Mais si vous repérez des bogues, incohérences, soucis et autres astuces qui peuvent permettre d’améliorer cette version-ci, n’hésitez pas à nous en faire part que ce soit dans les issues et commits de notre dépôt git (où se trouve le code de Framadate) ou dans les commentaires de cet article.

Avec votre aide, nous espérons pouvoir passer au plus vite cette version openbar en production, c’est à dire en faire le Framadate officiel par défaut. C’est ça la force du Libre : pouvoir demander de l’aide à la communauté quand le besoin s’en fait sentir. Et pouvoir, aussi, vous ouvrir l’openbar.

Santé !

Notes superfétatoires :

[1] Ceci n’est pas une allusion textuelle. Merci de ne pas en tirer de conclusions personnelles.
[2] C’est le petit nom réservé aux employés de Framasoft, parce que nous ne manquons ni de lucidité ni d’ironie ;p.
[3] Les framasoftien-ne-s ont une réputation de buveurs et buveuses de bière -Libre- à tenir. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération !