Prototypo : vos polices sur mesure

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En marge de la préparation d’un événement organisé sur Lyon par la communauté Mozilla (dont on vous reparlera bientôt), nous avons eu le plaisir de rencontrer l’un des développeurs de Prototypo, un logiciel libre de dessin typographique, à l’usage très innovant.

Une soirée de présentation du logiciel ayant lieu ce soir (Lyon 7ème)[1], nous avons souhaité poser quelques questions aux créateurs du projet, afin qu’ils nous présentent le parcours de ce logiciel, qui sera bientôt disponible.

Faisons un peu connaissance : pouvez-vous vous présenter ?

Yannick, 28 ans. Depuis maintenant 4 ans je dessine et intègre des sites webs, des interfaces et parfois je touche un peu au papier. J’ai commencé à toucher au code durant ma dernière année des Arts Décoratifs de Strasbourg lorsque j’ai réalisé la version Alpha de Prototypo, développée en Processing. Après une année passée en agence à Paris, j’ai décidé de me lancer en freelance, à Lyon, et j’essaie depuis de me perfectionner dans tout ce qui m’intéresse, c’est-à-dire le dessin de caractère, le développement et le design interactif en général.

Louis-Rémi, 27 ans, développeur web indépendant depuis trois ans. Je suis tombé dans le logiciel libre en même temps que je suis tombé dans le web : sur le tard (en 2007), et très naturellement, parce le web et le libre étaient déjà largement entremêlés à cette époque. J’ai participé il y a quelques années au développement de la branche 1.X de jQuery et créé quelques plugins assez populaires. Et je suis un Mozillien depuis six ans, j’ai participé à “Jetpack / addon SDK”, à la documentation sur MDN. Aujourd’hui je développe Prototypo avec Yannick tout en essayant de rendre ce “logiciel libre de niche” viable financièrement.

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Alors, Prototypo, c’est quoi ?

Prototypo est un logiciel de dessin typographique, il permet de créer de nouvelles polices des caractère qui seront utilisées dans le design graphique (affiches, sites web, jeux vidéo, etc.). Dans Prototypo, le dessin démarre en modifiant une vingtaine de paramètres qui vont changer l’apparence de toutes les lettres de l’alhabet en même temps. Alors que dans les autres logiciels (Fontlab, Glyphs, Robofont et l’alternative libre Fontforge) on dessine chaque caractère un à un. L’intérêt c’est qu’on démarre plus vite, même avec des connaissances limités dans cette discipline exigeante, et que l’on peut explorer de nouvelles formes et proportions en quelques clics.

Comment vous est venu cette idée ?

Y. : En étant graphiste papier à la base, l’intérêt pour la typographie m’est venu tout naturellement, car c’est une pierre d’angle de la création graphique quelque soit son envergure et ses objectifs. Assez rapidement, j’ai essayé de créer moi-même un caractère typographique que je pourrais utiliser en petit corps (corps de labeur) dans mes projets. Mais dessiner un caractère de qualité requiert un investissement important et n’est pas du tout une tâche accessible si l’on n’y consacre tout son temps. Il existe une multitude de règles optiques, de dessin, à respecter (et avant tout à connaître) pour que le caractère soit fonctionnel. Étant donné que beaucoup de ces règles sont récurrentes et mesurables, je me suis dit qu’il serait possible de les systématiser et donc de les coder. Prototypo est né de cette idée : permettre à l’utilisateur de se concentrer sur le design et laisser la machine s’occuper des tâches répétitives et gérer ces micro-corrections.

LR. : moi j’ai découvert la vidéo de la première version développée par Yannick il y a à peu près un an. Visuellement c’était bluffant, et comme j’ai une écriture manuscrite déplorable, j’ai peut-être vu inconsciemment en Prototypo un moyen à ma porté d’avoir une écriture personelle ET lisible. Quoi qu’il en soit j’ai contacté l’auteur de cette vidéo pour savoir où en était le projet. Il aurait pu habiter aux US, il aurait pu ne jamais me répondre ou être passé à autre chose… Mais non, il habitait à Lyon, à trois kilomètres de moi, il avait envie de redémarrer le projet avec des technos web et il était prêt à me rencontrer (plus tard on s’est apperçu qu’on s’était croisé dans son école et à un déménagement sans le savoir). On a commencé à travailler sur notre temps libre et à voir que ça marchait, puis on s’est dits qu’on voulait faire les choses en grand, qu’on travaillerait à temps plein un mois ou deux avant de tenter une campagne de financement participatif.

Selon vous, quels sont les publics d’une telle application ?

Les logiciels de dessin typographique s’adressent aux graphistes et typographes. Prototypo est utile aux amateurs et étudiants pour s’initier de manière ludique, ainsi qu’aux professionnels, particulièrement pendant la phase de recherche graphique. Mais nous espérons aussi rendre cette discipline accessible aux novices qui veulent une police sur mesure pour leur site, leur jeu vidéo, ou toute autre création qui utilise du texte.

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Pourquoi avoir choisi une licence libre ?

LR. : Cétait une évidence. J’ai toujours publié le code que j’écrivais sur mon temps libre sous licence libre, parce que j’ai toujours développé avec du logiciel libre. Et Yannick s’était initié au développement principalement sur Processing dont la communauté est très encline au partage. Mais cette fois-ci il y avait un vrai défi : gagner sa vie en créant un logiciel libre.

Y. : J’ai aussi fait mes premiers pas avec des CMS comme SPIP et la communauté m’a beaucoup apporté. Depuis tout ce temps, j’ai beaucoup reçu mais jamais donné; avec Prototypo c’était l’occasion ou jamais.

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Parlons du financement : vous avez travaillé à plein temps dessus pendant plusieurs mois, vous ne viviez que de 0 et de 1 ?

Presque. Le plan initial était d’arriver rapidement à un prototype qui prouverait que le concept marchait aussi dans un navigateur, en plus de créer de la nouveauté pour les personnes qui suivaient le projet depuis plusieurs années. Et ensuite de lancer très tôt une campagne de financement participatif pour vérifier l’intérêt du public et la viabilité du projet. Dans les faits ça a pris beaucoup de temps. Nous rallongions contamment la liste des “fonctionnalités essentielles” et avons mis cinq mois à être satisfaits, puis encore un mois à lancer la campagne sur Kickstarter. À l’origine nous pensions donc devoir vivre deux ou trois mois sur nos économies (ce qui est tout à fait envisageable tant qu’on n’habite pas Paris). Finalement il a fallu se serrer la ceinture les trois derniers mois et accepter des petits contrats.

Vous avez lancé une campagne Kickstarter. Où en est-elle ?

La campagne visait à rassembler 12.000£ (15.000€) en un mois, pour financer les cinq mois de travail nécessaire à la sortie de la version 1. Nous avons atteint cet objectif en trois jours, et au bout de deux semaines nous en sommes à presque 20.000£ (24.000€). Cela va nous permettre d’ajouter des fonctionnalités avancées telles qu’un éditeur intégré permettant d’importer ses propres polices pour les rendre paramétrables, ou des extensions de navigateur pour prévisualiser en temps réel la police dans des pages web.

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C’est le résultat d’une longue préparation, entamée dès le début de notre collaboration : nous avons animé un blog et des comptes sur les réseaux sociaux, et aussi mis en place un formulaire pour s’abonner à notre newsletter, sur notre site principal. En six mois 10.000 personnes s’y sont inscrites, dont la moité après un effet boule de neige démarré par un simple tweet de Smashing Magazine. C’est grâce à ces inscrits que la campagne a connu un bon démarrage. Désormais nous sommes occupés à plein temps par son animation : nous répondons aux questions des utilisateurs, sollicitons des blogs pour des interviews (big up au Framablog), et participons à des évènements autour du design et de la typographie.

Et après ? Envisagez-vous d’autres modèles de financement pour ce projet ?

Pendant la campagne et par la suite, nous vendons un abonnement qui permet d’utiliser le logiciel sur nos serveurs pendant un an. Pour nous c’est un moyen d’obtenir un revenu régulier qui nous permette de nous consacrer à temps plein à l’amélioration du logiciel. Pour les utilisateurs, c’est la possibilité de bénéficier instantanément de tous les avantages d’une web-app (applications et données disponibles partout, toujours à jour), en gardant la possibilité d’installer l’application en local. Nous sommes aussi en discussion avec des éditeurs de solutions hébergées qui souhaitent intégrer Prototypo à leurs applications.

Techniquement, quelles solutions avez-vous retenues ?

Nous utilisons les languages de base du web : HTML, SVG, JS et SCSS (CSS avec des variables et règles imbriquées). Cela nous permet d’être le plus ouvert aux contributions externes. Pour structurer notre application et simplifier le développement de l’interface utilisateur nous avons choisi AngularJS, qui est très activement développé et dispose d’une bonne documentation et d’une forte communauté de développeurs. Pour que l’application fonctionne de manière “hors-ligne par défaut” nous utilisons Hoodie, un projet encore perfectible mais très activement développé par une équipe expérimenté et ambitieuse. Pour gérer les interactions tactiles et à la souris de manière unifiée nous utilisons la librairie PointerEvents, qui est un sous-projet de Polymer, développé par Google. Et nous utilisons encore jQuery, parce que les navigateurs modernes ont et auront toujours des bugs, que son API conserve des avantages par rapport à celle du DOM (chaînages des méthodes, délégation d’évènements), et qu’elle intègre des optimisations internes (différents caches et utilisation de fragments DOM). Enfin, nous nous sommes rapprochés d’autres développeurs de webapps libres de dessin typographique pour créer une librairie capable de générer des fichiers de polices binaires (.otf) directement dans le navigateur.

Par ailleurs, nous créons petit à petit notre propre language afin de créer les “caractères paramétrables” qui sont au coeur de Prototypo : des caractères qui se transforment lorsque l’utilisateur interragit avec les paramètres de l’interface. À la base c’était un mélange de SVG et de JS mais nous permettons de rajouter des contraintes (un point placé à une interection par exemple), et d’inclure dans un tracé des composants réutilisables. C’est en évolution constante et très spécifique à notre usage, mais nous espérons bien que les utilisateurs s’en saisiront pour enrichir les possibilités du logiciel. Quelle est la suite des évènements ? (annoncer entre autre l’apéro)

Nous allons encore être occupé à plein temps par la campagne pendant ses 15 derniers jours. Nous organisons mardi soir un Apéro Prototypo sur Lyon (chez KolleBolle) auquel nous convions tous nos amis, mais aussi les graphistes et libristes qui voudraient essayer la version de développement du logiciel et discuter avec nous autour d’un verre. Les 6 et 7 Mai nous seront au Automatic Type Design organisé par l’ANRT à Nancy. Une fois que la campagne sera finie nous nous remettrons enfin au dévelopement et essayerons de créer les conditions favorables à l’accueil de contributeurs externes. La version de travail sera accessible fin Mai et la version 1.0 devrait être disponible en Septembre prochain. Nous continuerons à développer Prototypo aussi longtemps que notre trésorerie le permettra.

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Merci à vous deux ! Un petit mot pour la fin ?

On remercie toutes les personnes qui nous ont soutenu jusqu’ici, en donnant de leur temps, en participant à la campagne de financement, en affichant leur soutien sur Twitter et Facebook, en nous inviant dans leurs colonnes, et on remercie par avance toutes les personnes qui vont le faire. Dès le début Prototypo a été un projet passionnant, maintenant grâce à vous c’est un projet exaltant.

Notes

[1] Oui, je sais, on prévient “un peu” tard :-/




Framasoft présente : Vosges Opération Libre, le 17 et 18 mai à Gérardmer

Vosges Opération Libre - Logo

Le samedi 17 mai et le dimanche 18 mai à Gérardmer se déroulera un événement inédit dans la région Grand Est : Vosges Opération Libre. Il est ouvert à tous et orienté à la fois vers le grand public et les professionnels.

Cette opération libre est à l’initiative de Framasoft et d’autres d’associations d’envergure nationale ayant une grande expérience dans le Libre, l’ouverture des données, les licences libres et le libre accès.

Vosges Opération Libre - Presse

Il s’agit de la seconde Opération Libre se déroulant sur le territoire français. La première ayant eu lieu à Brocas (Aquitaine) en 2013. Les Opérations Libres visent à rassembler, le temps d’un week-end, des acteurs du Libre en vue d’initier la démarche open data dans les petites villes et villages en présentant les outils disponibles, notamment des logiciels libres. Elles invitent les habitants à participer à l’ouverture et à la diffusion des données de leur territoire. Elles proposent aussi d’engager les citoyens dans un rapport différent avec leur territoire en montrant que le partage des connaissances leur permet d’être collectivement valorisées.

Cette initiative portera aussi sur les usages numériques, leur appropriation, leur potentiel de créativité et leur économie. Cette manifestation vise à promouvoir la culture libre et l’ouverture des données en organisant des actions thématiques formulées en stands, ateliers de formation, conférences, projection permanente de films libres, débats, etc.

Il s’agit d’un événement culturel et participatif où le logiciel libre et ses principes sont conçus comme autant de moyens au service des activités pratiques proposées à destination du grand public. Un travail préalable précédant la manifestation a été mené avec les acteurs de la vie culturelle locale, en particulier la médiathèque de Gérardmer (soirées Wikipédia, ateliers et conférence).

Le programme de la manifestation est disponible à l’adresse vosges.operation-libre.org. Il comprendra :

Vosges Opération Libre - Affiche

Vosges Opération Libre - Programme




FLOK Society en Équateur : et si cela changeait véritablement la donne ?

Il a été dit dans un article précédent qu’il suffit qu’un pays change ses règles du jeu pour que cela impacte tous les autres. Ce pays sera peut-être l’Équateur et son ambitieux projet FLOK Society.

FLOK est l’acronyme de Free/Libre Open Knowledge Society, la société pour la connaissance libre et ouverte. Le projet est ainsi présenté sur le site de nos amis de Remix the Commons :

Alors que le « Buen Vivir » vise à remplacer l’accumulation aveugle de la croissance économique par une forme de croissance qui profite directement au bien-être du peuple équatorien, le « Buen Saber » vise à créer des communs de la connaissance ouverts qui faciliteront une telle transition ; à travers le projet de recherche Free/Libre Open Knowledge (FLOK), l’Équateur entreprend de refonder son économie en déclenchant une transition nationale vers une société de la connaissance libre et ouverte.

Parmi les actions prévues, il y a la mise en place d’un réseau mondial de chercheurs sur la transition, emmené par Michel Bauwens dont le point d’orgue devrait être une grande conférence internationale organisée sous peu (Jérémie Zimmerman et Bernard Stiegler sont par exemple dans la boucle, parmi les Français).

Nous avons voulu en savoir plus en traduisant cette interview de quelques-uns des ses acteurs.

Remarque : Les vieux lecteurs du Framablog se souviendront peut-être de cette vibrante allocution de président Correa en faveur du logiciel libre (2007 déjà). Et on n’oublie pas que Julian Assange vit actuellement à l’ambassade d’Équateur à Londres depuis juin 2012.

FLOK Society

Comment la société FLOK apporte une approche des biens communs à l’économie de l’Équateur

How the FLOK Society Brings a Commons Approach to Ecuador’s Economy

Bethany Horne – 22 octobre 2013 – Shareable.net
(Traduction : lamessen, baba, lamessen, baba, Asta, Penguin)

Cette année, Rafael Vicente Correa Delgado, président de la République de l’Équateur, s’est intéressé à la communauté indigène sur le thème de « bien gagner sa vie », ou Sumak Kawsay en Kichwa.

J’ai eu récemment le plaisir d’interviewer mes collègues Carlos Prieto del Campo, Xabier Barandiaran et Daniel Vazquez de la société FLOK, un projet en Équateur qui a pour but de créer une société « gratuite, libre, où le savoir est accessible ». Lisez la suite pour découvrir nos plans pour influencer les changements structurels dans le modèle économique du pays, en utilisant le modèle des biens communs.

Bethany Horne : Qu’est-ce qui a inspiré le projet de société FLOK ? Pouvez-vous décrire ses liens avec la décision du gouvernement équatorien d’adopter l’accessibilité au savoir ?

Daniel Vazquez : L’idée d’une société FLOK — une société de « connaissance libre et ouverte » — est directement issue du plan quinquennal stratégique de l’Équateur appelé « Plan de Bonnes Conditions de Vie » (NdT : Plan of Good Living). Il a été publié la première fois en 2009. Une seconde version a été publiée cette année, mais elle n’est pas encore disponible en anglais. Le plan lui-même envisage des pistes pour quitter le modèle économique de l’Équateur, basé sur l’extraction pétrolière, au profit d’un autre basé sur la connaissance ouverte et partagée.

Plus précisement, quelques membres de aLabs, une société de logiciel libre, étaient à Quito (en Équateur) en 2012 quand Julian Assange a demandé asile à l’ambassade équatorienne de Londres. Quand le gouvernement a accepté sa requête, ces personnes ont contacté l’Institut National d’Éducation Supérieure (IAEN de ses initiales espagnoles), qui est en charge de l’étude sur la collaboration universitaire qui informera sur la transition que je viens de décrire. Carlos Prieto, le directeur de l’IAEN, a partagé avec eux les visions du Secrétaire des Sciences, de la Technologie et l’Éducation Supérieure sur le changement de la matrice productive de l’Équateur, ainsi que sa forte conviction selon laquelle l’Équateur doit devenir un « paradis de la connaissance ».

Ce fut le point de départ du FLOK. Nous avons proposé un processus d’étude qui pouvait être mené par un dialogue entre le public équatorien et les communautés scientifiques locales, régionales et internationales. À la fin de ce processus, notre objectif est de créer dix documents « de référence » à partir desquels les règles pourront être définies pour permettre la transition de l’Équateur vers une société de partage et de libre connaissance pour l’industrie, l’éducation, la recherche scientifique, les institutions publiques, les infrastructures, etc.

Je devrais aussi rappeler qu’aux côtés du gouvernement, les initiatives venant de la société civile et les mouvements sociaux en Équateur ont une longue histoire pour ce qui est de la contribution à une société de connaissances communes et ouvertes. Cette aspiration place l’Équateur au sein d’une communauté d’activistes d’Internet, de chercheurs, de hackers, et de commoners de tous types qui ont attendu longtemps de pouvoir s’engager politiquement, socialement et institutionnellement pour inventer une nouvelle économie et une société fondées sur les principes de connaissances communes libres.

Bethany Horne : Pouvez-vous nous en dire plus sur le concept de bien vivre et la façon dont il intervient dans la société FLOK ?

Daniel Vazquez : Le concept de bien vivre comprend l’harmonie, l’égalité, la justice et la solidarité. C’est l’antithèse de l’accumulation de richesses ou d’une croissance économique infinie qui n’est pas mise en commun. Le Plan de Bonnes Conditions de Vie définit le « bien vivre » comme un mode de vie qui permet le bonheur et maintient la diversité culturelle et environnementale. Le Bien Vivre est aussi un concept indigène, connu en Équateur et dans d’autres pays andins sous le nom de Sumak Kawsay, une phrase Kichwa. Pour nous, le Sumak Kasway est un produit de Sumak Yachay, qui signifie bonne connaissance. Une prospérité économique partagée provient du partage des connaissances, des efforts et des technologies. Le Plan de Bonnes Conditions de Vie établit un cadre clair pour une économie de pair à pair, fondée sur le partage de connaissances en Équateur.

Le Plan de Bonnes Conditions de Vie discute aussi explicitement de la révolution de la connaissance et de notre besoin de développer une connaissance ouverte de biens communs. La société FLOK a pour but de développer un plan détaillé qui rendra cette révolution durable à la fois socialement, écologiquement et économiquement, en suivant les principes du bien vivre.

Bethany Horne : Quel est le lien entre le projet de société FLOK et l’approche des biens communs ? Y a-t-il aussi un lien entre les équatoriens et les défenseurs mondiaux du bien commun ?

Xabier Barandiaran : Seule une approche politique et économique construite autour des biens communs peut ouvrir l’espace politique nécessaire pour créer un ensemble de politiques publiques qui réaliseront le pacte politique souscrit dans la constitution équatorienne de 2008. Les biens communs offrent une approche pragmatique de la transformation structurelle que nous devons accomplir dans les vingt cinq prochaines années, du modèle capitaliste au système mondial post-capitaliste.

L’économie et la société équatoriennes correspondent parfaitement au paradigme des biens communs. Il ne sera pas possible de transformer la structure de notre pouvoir actuel, de construire un modèle de société juste et durable, ou de concevoir un nouveau modèle à intégrer dans le marché mondial en utilisant une approche néolibérale, sociale-démocrate ou « développementiste ». Mais ce sera possible en utilisant une approche des biens communs, qui offre une logique post-capitaliste à la transformation.

Il y a aussi une convergence unique entre les objectifs du peuple équatorien, ses combats, notre histoire politique récente et les aspirations et expériences des défenseurs du bien commun mondial. Le projet de société FLOK tire parti de cette convergence extraordinaire. Par exemple, nous permettons aux hackers et aux communautés locales de faire ensemble ce qu’ils font le mieux : partager la connaissance. Nous attendions cette occasion depuis longtemps.

Bethany Horne : Quelle est la prochaine étape du projet de société FLOK ?

Carlos Prieto : Dans un futur proche, nous devons intégrer FLOK au sein du conseil qui oriente la restructuration de la matrice productive de l’Équateur. Michel Bauwens de la fondation P2P nous a rejoint à Quito en temps que chercheur en chef. Il forme actuellement une équipe de chercheurs avec des universitaires de haut rang du monde entier. L’équipe comprend Vasilis Kostakis, un chercheur dans le domaine de la collaboration libre qui a obtenu son doctorat avec Carlota Perez ; Daniel Araya, un éditeur de plusieurs livres universitaires sur l’éducation ouverte et l’apprentissage participatif ; Janine Figueredo, une activiste des biens communs au Brésil qui travaillait précédemment avec l’IADB à Washington et à Paris ; et John Restakis, l’ancien dirigeant de la British Columbia Cooperative Association (Association Co-opérative de Colombie Britannique), qui a étudié les formes les plus avancées, et celles émergentes, de néo-coopératives.

Ces gens vont vite arriver dans le pays pour commencer leurs recherches. En mars, le processus de recherche aura suffisamment avancé pour que nous puissions tenir le sommet prévu.

Bethany Horne : Quel est votre objectif final ?

Carlos Prieto : Après plus de vingt ans de néolibéralisme, nous devons démontrer que le paradigme des biens communs peut nous aider à créer et implémenter de nouveaux modes de production, de circuits de distributions monétaires et de flux. Nous espérons que le projet de société FLOK impactera la possibilité d’un changement structurel et démontrera que le champs de l’économie politique est plus large que ce que voudraient nous faire croire les paradigmes dominants.

Nous comptons créer un réseau mondial de chercheurs , en pair-à-pair, qui produit un ensemble complet de connaissances. Même si les résultats de ce processus de recherche collaborative et de conception participative ne pourra pas être pleinement ou immédiatement partie intégrante du cadre institutionnel équatorien, il fera partie des biens communs comme un plan soigneusement conçu pour ouvrir de nouvelles formes d’économies sociales — une forme qui casse les clôtures imposées par le capitalisme cognitif dans le but de créer un avenir durable.




Le Libre est-il dans le pré ?

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Nous avons reçu il y a quelque jours un appel téléphonique. Jusque là, rien d’anormal. Ce qui l’était plus, c’était qu’il émanait d’un groupe d’agricultrices. Leur demande ? Faire réaliser un logiciel qui leur permettrait de suivre un programme expérimental d’utilisation de produits en médecines alternatives (homéopathie/aromathérapie notamment). Pour le suivi de l’expérimentation, elles souhaiteraient utiliser un logiciel leur permettant de saisir des données sur leurs smartphones, ainsi qu’obtenir différents types de bilans ou statistiques.

Ce type de développement (quand bien même rémunéré, ce qui serait le cas ici) ne rentre pas vraiment dans le cadre des missions de Framasoft. Cependant, en répondant à leurs questions, il nous est apparu assez clairement que nous avions des valeurs communes (partage du savoir, non appropriation du bien commun, volonté d’agir “ensemble”, etc.).

Nous avions déjà, il y a quelques mois, mis en avant un logiciel libre dédié à l’agriculture : Agritux (on me souffle à l’oreille que si vous êtes intéressés par le sujet, vous devriez aussi jeter un œil à Ekylibre). Il est donc plutôt passionnant de voir des liens se tisser entre ces deux mondes en théorie relativement éloignés.

Pour en savoir plus, nous avons demandé à ces agricultrices de répondre à quelques questions.

Et si vous souhaitez développer une application libre (avec une interface pour smartphone) répondant à leur problématique, n’hésitez pas à les contacter.

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Bonjour, pouvez-vous vous présenter, ainsi que votre projet ?

Nous sommes 8 agricultrices regroupées en collectif GEDA (Groupe d’Études et de Développement Agricole) au niveau d’un canton au Nord de Rennes.

Nous échangeons régulièrement sur des thèmes variés techniques ou pas, professionnels ou pas suivant nos propres choix. Nous cherchons également à faire mieux connaitre notre métier en intervenant dans les écoles primaires et maternelles. Nous collaborons également avec les élus de notre territoire. La réflexion collective est en effet un moyen de nous sentir rassurées dans notre métier. Elle nous donne la force d’oser dialoguer avec l’ensemble des acteurs non agricoles de notre territoire et de partager nos travaux au-delà des frontières de nos fermes.

Nous avons décidé en 2012 d’en connaitre davantage sur les médecines alternatives en élevage bovin pour maîtriser la santé de nos troupeaux d’une manière plus respectueuse de l’environnement et de la santé humaine. Très vite nous avons donc commencé à tester l’homéopathie et à observer des résultats positifs sur nos troupeaux. Et depuis notre soif de savoirs et d’expériences s’est accrue : l’aromathérapie, les méthodes d’observation du troupeau (Obsalim®), la phytothérapie, … sont aujourd’hui autant de voies que nous souhaitons découvrir et tester sur nos exploitations pour adapter au mieux notre stratégie d’exploitation. En parallèle notre envie de communiquer pour revaloriser notre beau métier s’est développé. De là est né notre projet sur trois ans qui nous permettra de :

  • Assurer le bien-être et améliorer la santé de nos vaches ;
  • Acquérir une plus grande autonomie décisionnelle ;
  • Limiter l’impact de nos élevages sur l’environnement ;
  • Valoriser notre beau métier d’éleveur auprès des acteurs de notre territoire.

Pour atteindre ces objectifs, nous avons notamment décidé de travailler à la conception d’un outil de suivi de notre expérimentation sur Smartphone. C’est dans ce cadre que notre collectif vous a contacté.

Pour cela, vous souhaitez éventuellement faire réaliser un projet logiciel. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Pour bien appréhender les problèmes de santé des animaux, une observation minutieuse des bovins est indispensable au quotidien et à tout moment. Un suivi également des traitements alternatifs appliqués (homéopathie, aromathérapie,..) est indispensable aussi pour ensuite pouvoir identifier les facteurs d’échecs ou de réussites de nos expérimentations. Un support pour enregistrer ces informations est donc nécessaire et doit correspondre à nos conditions de travail : plus on a d’animaux, plus le nombre de remarques et d’actions effectuées est important. Comment tout noter en permanence de façon confortable et surtout efficace ?

De nombreux agriculteurs sont aujourd’hui équipés de smartphones. Celui-ci permettrait un enregistrement rapide et confortable quel que soit le lieu d’observation : de la salle de traite aux pâturages. Toutes les informations concernant chaque animal dès sa naissance doivent pouvoir être enregistrées dans cette application: les événements importants et marquants, ses particularités (caractère, physique,…), son comportement, avec les dates, etc… Pour être efficace dans la pratique des médecines alternatives, le moindre événement dans la vie de l’animal peut être important et le choix du traitement à appliquer tout comme sa réussite en dépendent. Ce logiciel nous permettra également de capitaliser plus facilement puis d’analyser collectivement nos résultats d’expérimentations de soins alternatifs aux traitements conventionnels.

Le logiciel libre semble porter certaines valeurs communes avec votre projet, comme par exemple la mutualisation, la coopération, la volonté de partager le savoir et les connaissances, etc. Pourtant, le monde du logiciel et celui de l’agriculture semblent bien éloignés. Aviez-vous entendu parler de logiciel libre ou de culture libre avant d’avoir ce projet logiciel ?

Bien sûr nous en avions entendu parler mais uniquement dans le cadre de la sphère privée avec les logiciels libres de traitement de texte par exemple.

Avant l’émergence de notre projet collectif, nous n’avions pas vraiment fait le lien entre notre métier et le monde de la culture libre, mais dès que l’idée d’un logiciel a émergé nous avons tout de suite pensé à une application gratuite et diffusable à tous. Pourquoi ? Tout simplement parce que notre démarche collective qui vise l’échange et le partage, la reconquête notre autonomie, notre liberté de choisir et celle du mouvement des logiciels libres sont parallèles et cohérentes. Dans les 2 cas il s’agit de démarche de partage et de liberté.

Pour aller plus loin dans le parallèle, grâce à ce projet et en partenariat avec le lycée agricole de notre secteur, nous voulons également transmettre nos expériences au plus grand nombre agriculteurs et aux générations futures d’agriculteurs. Les communautés qui prônent le logiciel libre sont également dans cette démarche puisque les outils développés sont transmissibles, modifiables et adaptables librement.

Et nous ne nous étendrons pas sur la similitude entre les semences agricoles qui pourraient être comparées à des logiciels. Si aujourd’hui nous avons le droit de pouvoir ressemer l’année suivante notre propre semence récoltée (cela est de plus en plus remis en question), nous ne pouvons échanger ou vendre des semences non certifiées. Pourquoi devoir en permanence dépendre des grosses firmes multinationales “de semences” ? Le côté économique est un élément important car une semence “certifiée” a un coût beaucoup plus élevé qu’une semence récoltée sur l’exploitation. Et on ne parle que de blé et d’orge car le maïs hybride ne se développera pas ou de manière dégénérée l’année suivante si on tente de le semer. Sur ce point encore nos idées se rejoignent : à quand la semence libre ? 🙂

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Pour les non-initiés, l’informatique (et internet) semble jouer un rôle croissant dans le quotidien d’une exploitation agricole. Vous confirmez ?

Effectivement, sans internet, l’exploitation fonctionne au ralenti…L’accès à l’information se fait de plus en plus via les sites agricoles spécialisés : marchés, réglementation, résultats d’analyses (réaction plus rapide si résultats connus précocement).

La gestion financière de l’exploitation se fait au jour le jour et est facilitée par la consultation régulière des comptes bancaires. La gestion administrative, de plus en plus exigeante et importante est facilitée par les messageries électroniques qui permettent de communiquer plus rapidement et efficacement avec nos différents partenaires, le téléchargement de formulaires.

La gestion des cultures et de ses différents enregistrements se fait fréquemment sur des logiciels spécialisés qui permettent de répondre aux exigences réglementaires (intrants…).

La gestion des troupeaux peut être gérée informatiquement via différents supports : quantités de lait produites, gestion de la reproduction via des aides à la détection de chaleurs, de vêlage, gestion de l’alimentation (en production porcine notamment). L’identification animale se fait via des serveurs spécialisées qui permettent l’accès aux bases de données animales.

Merci ! 🙂 Un petit mot pour la fin ?

Nous aurons bien sûr besoin d’un développeur pour notre logiciel :=), donc si des personnes sont intéressées, contactez-nous par email : frgeda.bretagne (chez) gmail (point) com

Pour financer notre projet sur trois ans, nous avons répondu à l’appel à projet de la Région Bretagne sur Agriculture Écologiquement performante, alors croisez les doigts pour nous 😉

Et surtout merci à vous de nous guider pour nos premiers pas dans ce monde du logiciel libre!!!!




Bye Bye Google épisode 3 : les statistiques (Bonjour Piwik)

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Libération de Google, le feuilleton continue… Après la messagerie (Gmail -> BlueMind) et nos listes de discussion (GoogleGroups -> Sympa), l’étau se desserre aujourd’hui sur notre outil de statistiques web.

Avant, donc, nous utilisions Google Analytics pour l’ensemble de notre réseau, comme près de… 70% des autres sites[1] ! C’était “gratuit”, c’était pratique (un simple bout de code à poser) et roule ma poule. Mais, la communauté du Libre le sait bien, le confort a un prix : celle de notre liberté d’utilisateur. Le site Don’t Track Us, par exemple, explique images à l’appui le processus de collecte massive des nos données personnelles par Google via Analytics et, avant même que n’éclate l’affaire Snowden, il faut bien reconnaître que cela fait peur.

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En autorisant Google à surveiller ainsi les visiteurs de notre réseau, nous participions indirectement à engraisser la bête alors que nous tenons un discours opposé dans les colonnes de ce blog. Faites ce que je dis et non ce que je fais, là encore ça n’était plus possible de poursuivre dans ces conditions. D’autant que, pas d’excuses, il existe de nombreuses alternatives libres, parmi lesquelles nous avons retenu Piwik (dont un français, Matthieu Aubry, est à l’origine soit dit en passant).

Cela ne s’est pas fait d’un claquement de doigts parce que notre réseau est aujourd’hui constitué d’une bonne cinquantaine d’applications déployées sur une quinzaine de serveurs. Nous avons ainsi installé Piwik sur l’une de nos machines virtuelles, et nous avons laissé Analytics et Piwik tourner en parallèle pendant un mois. Les retours sont bons et jusqu’à maintenant la charge a bien été tenue.

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Ainsi, notre instance de Piwik nous permet de gérer les statistiques de 22 sites différents, représentant un total de plus de 30 000 pages vues par jour, tout en étant respectueux de vos données et de votre vie privée. Par exemple, nous respectons les en-têtes “Do Not Track”, qui indiquent à Piwik que vous ne souhaitez tout simplement pas être enregistré comme visiteur sur nos sites[2]. Par ailleurs, vos adresses IP sont anonymisées (les derniers caractères sont masqués) et nous ne conservons que 3 mois de données brutes.

Chroniquer l’aventure de notre migration Google, c’est évidemment montrer que nous tenons nos engagement de la campagne de l’automne dernier mais c’est aussi, nous l’espérons, donner à d’autres l’idée d’en faire autant en témoignant que c’est possible.


Voilà, encore une bonne chose de faite. La suite au prochain épisode.

Notes

[1] Source : http://www.datanyze.com/market-share/Analytics/

[2] Pour information, le nombre de visiteurs comptabilisé avec Piwik est environ inférieur de 20% à celui comptabilisé avec Analytics, ce qui tend à montrer que nos visiteurs seraient nombreux à utiliser l’option Do Not Track.




Windows XP est mort. Et après ?

Le support pour Windows XP s’arrête le 8 avril prochain.

Cela signifie notamment que son éditeur, Microsoft, ne publiera plus de mise à jour de sécurité. En conséquence de quoi, il parait extrêmement risqué, pour ne pas dire totalement inconscient, de confier ses données (privées ou celles de son entreprise) à un système d’exploitation que personne n’ira réparer en cas de faille. C’est un peu comme rester sur un bateau dont aucun port ne voudrait, et dont l’armateur vous aurait même interdit de le réparer vous-même. Autant vous dire qu’à la moindre attaque de pirates, vous et vos fichiers seront bons pour nourrir les poissons…

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De plus, Windows XP est encore très présent. Chez les particuliers, dans les entreprises, dans des terminaux bancaires, etc.

Alors que faire ?

Vous pouvez évidemment changer de système d’exploitation. Rester chez Microsoft (malgré un Windows 8 détesté par de nombreux utilisateurs). Ou passer à Mac OS (malgré les nombreux verrouillages d’Apple pour le bien de l’utilisateur). Mais cela signifie dans la plupart des cas racheter une machine (avec des racketiciels dedans), ce qui n’est bon ni pour la planète, ni pour votre porte-monnaie. Et surtout, la même situation d’abandon logiciel se reproduira tôt ou tard.

Vous pouvez aussi passer aux logiciels libres.

Après tout, vous utilisez peut-être déjà de nombreux logiciels libres avec Windows XP ? Firefox, LibreOffice, VLC sont biens répandus et proposent une alternative viable aux logiciels de Microsoft et autres éditeurs. Donc, pourquoi ne pas sauter le pas et passer à Linux ? Ce ne sont pas les distributions qui manquent. En dehors des particuliers et des entreprises de nombreux gouvernements, états, villes, ou institutions l’ont fait.

Une autre solution, moins répandue, pourrait aussi tout simplement de… ne plus se préoccuper du système d’exploitation de votre machine !

Depuis votre ordinateur, vous vous connectez sur un autre ordinateur (un serveur qui peut être chez vous, ou à l’autre bout du monde), dont vous utilisez les ressources (processeur, logiciel, disque dur, etc). Cet ordinateur vous renvoie l’image de ce que vous faites, exactement comme si vos actions étaient effectuées *dans* votre ordinateur.

Cela a de nombreux avantages, et quelques inconvénients (dont celui d’avoir besoin d’une connexion internet, même à débit modéré).

Nous vous proposons ici un entretien avec François Aubriot, Directeur fondateur de DotRiver, et Président de Ploss Rhône Alpes.

Windows Timeline, source WM Commons

Bonjour François, peux-tu te présenter, ainsi que la société DotRiver ?

Bonjour, perso j’ai été un peu élevé dans un monde bleu, un monde dans lequel nous avions des milliers de terminaux (vert et noir), des connexions à 2400bauds. Dès l’arrivée d’internet sur la planète, je me suis mis à connecter ces grands systèmes avec les plus petits en trouvant dans les environnement GNU/Linux des solutions pertinentes en terme de sécurité, de rapidité et robustesse.

En 2008 nous avons décidé de pousser une nouvelle approche concernant la bureautique qui se trouvait sous une chape monopolistique d’un éditeur américain.

Nous avions déjà plus de 4 ans de retours d’expériences avec de vrais utilisateurs en face de nous. L’idée ? Elle est simple : utiliser les matériels existants, accéder à son environnement de travail depuis n’importe où (ses programmes, ses données…) et ne le faire qu’avec des solutions libres et ou open source pour sortir du carcan imposé par les éditeurs. Lors de la création il nous a fallut choisir entre différents modèles. Faire un logiciel et retomber dans les problématiques des éditeurs ; avoir une approche appliance et mettre des serveurs de partout, mais c’était continuer à faire fonctionner les usines à charbon ; ou proposer un service, celui de garantir que toute la bureautique fonctionne. C’est cette dernière voie que nous avons choisie, certainement la plus dure, mais assurément la plus vertueuse. Et garantir que la bureautique fonctionne… personne ne l’avait jamais fait !

Alors, DotRiver… c’est quoi ?

Le principe est simple : votre ordinateur est sur un serveur. Vos fichiers, votre fond d’écran, vos programmes. Tout est sur un serveur. Vous pouvez changer d’ordinateur (à la maison, au travail), vous retrouvez votre espace de travail, les photos de vos vacances, vos courriers, vos documents. Et le plus sympathique dans tout ça, c’est que tout fonctionne nettement plus vite car un serveur est toujours plus rapide qu’un simple PC.

On pense alors : mais la sécurité dans tout ça ? Justement ! Il est nettement plus sécurisé d’avoir toute son informatique sur un serveur plutôt que sur un PC classique. DotRiver est excessivement sécurisé. Tous les fichiers sont contrôlés pour les virus. Personne d’autre que vous ne peut accéder à votre espace, à vos mots de passe enregistrés dans votre navigateur. DotRiver s’occupe de tout.

De 3 à 113 ans, nos utilisateurs ne se préoccupent plus des tracas de l’informatique locale, et ils peuvent se concentrer sur les usages, sur les métiers dans l’entreprise.
Un détail tout de même : pour utiliser un serveur DotRiver, il faut être connecté à ce serveur. Si vous avez un serveur DotRiver local (dans votre organisation), pas de problème, vous serez toujours connecté. Mais si vous êtes au milieu de l’Amazonie, cela sera plus difficile. Au niveau débits, une connexion ADSL à 512 kbs suffit largement pour utiliser DotRiver. On peut utiliser son bureau DotRiver à partir de 64 kbs.

Ce 8 avril sonnera la date de la mise à la retraite de Windows XP (après 13 ans de pas très loyaux services). Qu’est-ce que cela implique pour les particuliers, associations et entreprises qui l’utilisent encore ?

Il serait bon de tout arrêter et de commencer à réfléchir. Si les entreprises ont encore du Windows XP après la fin du support de sécurité assuré par Microsoft, elles pourront publier leurs listes de clients sur internet. Dans tous les cas, si elles ne le font pas, d’autres le feront ! Il faut donc changer. Vite !

On pourrait penser qu’il faut changer en passant à un autre Windows. Mais pourquoi repartir sur un système dont on voit bien les limites aujourd’hui ? Changement des ordinateurs tous les 2 ou 3 ans, licences payantes… pour un service rendu qui souvent n’est pas au rendez-vous. En effet, combien de temps est-il perdu avec une informatique classique ? Des heures par jour ? Des jours par an.

A l’opposé, DotRiver permet d’utiliser le matériel pendant des années, ce qui est économique. C’est par ailleurs écologique ! DotRiver, peut garantir un bon fonctionnement dans le temps car l’ensemble des logiciels utilisés sont libres. Il est donc possible de corriger des erreurs, de profiter d’améliorations gratuitement, mais surtout de comprendre comment le système fonctionne. Cela n’est pas possible avec un logiciel propriétaire ou un environnement propriétaire.

Enfin, DotRiver fait travailler des salariés locaux (en France), et une société française, qui paye ses impots… en France ! C’est loin d’être le cas de bon nombre de solutions actuelles où les sommes payées partent dans divers paradis fiscaux et ne servent pas du tout à l’économie locale.

Quelles solutions peut alors apporter DotRiver ?

DotRiver propose des serveurs dans le cloud ou des serveurs dédiés installés dans les entreprises ou les organisations.En 2008, nous sommes partis de 2 constats fondateurs : des terminaux nous en avons de partout, et nous en aurons de plus en plus, et pour les connexions c’est pareil, nous en aurons de plus en plus.

Pourquoi donc s’acharner à tout avoir en local, sur sa machine, son doudou numérique et continuer à payer une machine à écrire ?

Dans certaines écoles primaires par exemple, au lieu de devoir faire fonctionner 25 ordinateurs, on se concentre désormais uniquement sur un serveur qui fait fonctionner les 25 ordinateurs. Tous les enfants, tous les professeurs ont LEUR environnement quel que soit le clavier et la souris utilisée. Les enseignants peuvent aussi utiliser la solution depuis leurs domiciles, exactement comme si ils étaient à l’école. Et bientôt les élèves ! Le serveur est bien local dans l’école. Les fichiers sont dans l’école. DotRiver peut avoir accès ou pas aux fichiers. Chez certains clients, qui utilisent notre solution, nous n’avons pas accès aux fichiers. DotRiver se concentre sur tout le périmètre bureautique et permet bien entendu tous les accès aux applications métiers. Les logiciels sont puissants et à jour. Le système fonctionne bien 24/24. C’est cela la garantie de fonctionnement de DotRiver, que nous pouvons assurer car nous avons accès à 100% des sources.

Passons aux question qui fâchent 🙂 Le code de DotRiver est-il libre ? En plus, je confie potentiellement mes données à un tiers, pourquoi avoir confiance dans cette solution ?

Sur le périmètre bureautique toute les données stockées le sont dans des formats ouverts, dans des formats connus et maîtrisés (un avantage encore d’utiliser des standards). Du jour au lendemain tout client récupère toutes ses données (si elles ne sont pas déjà stockées chez lui sur son serveur).

En terme de sécurité que ce soit chez nous, sur des infrastructures hébergées, le cloud, etc., le seul et unique protocole utilisé pour accéder au service est SSH (protocole qui est utilisés par tous les administrateurs systèmes du monde entier pour accéder aux serveurs). Tous les serveurs que nous gérons sont installés sur une base Debian mais DotRiver est avant tout un service, pas un logiciel.

Tous les composants utilisés sont libres ou opensource. Le cœur de la solution est basée sur FreeNX. La valeur de notre solution réside dans le service que nous produisons.

Ce que nous avons fait depuis 10 ans, c’est d’industrialiser, rechercher, comprendre, tester et surtout écouter nos clients de façon à pouvoir leur fournir le service dont ils ont tant besoin : une bureautique puissante, qui fonctionne.

Depuis 2 ans, dans le cadre du projet de R&D nuage France, soutenu par l’état dans le domaine du cloud, auquel nous participons auprès de 5 autre PME Françaises et le LIP6 dirigé par Monsieur Pujol, nous avons fait d’importants développements sur le client OpenNX (client SSH-X). Le projet n’étant plus actif nous pensons sérieusement le reprendre à notre compte et publier le code sous licence Libre. Cela nous permettra, entre autre, de ne plus utiliser le client édité par la société NoMachine dont le client est en GPL mais dont nous n’avons pas les sources 🙁 Raison pour laquelle nous avons travaillé sur le client openNX pour des clients fonctionnant sur des OS Microsoft.

Merci François ! Un dernier mot pour la fin ?

Il est temps de changer de modèle informatique, changer de paradigme de feu le PC et surtout accepter, ne pas avoir peur d’évoluer, d’apprendre.

Les plus gros freins que nous rencontrons sont la résistance au changement et le véritable pouvoir des lobbies. Nous essayons de faire évoluer une économie d’acquisitions vers une économie d’usages, ce qui est bien en phase avec les principes du développement durable et nos valeurs. Les logiciels libres, l’open source sont également extrêmement pertinents pour l’économie locale, nationale et l’emploi. Il serait temps que les collectivités le comprennent, l’intègrent, que l’argent de nos impôts profite aussi à notre pays.

Enfin je ne pourrais que vous conseiller de tester DotRiver… mais attention vous risquez de ne plus regarder votre machine actuelle comme avant. Rassurez vous, vous pourrez continuer à l’utiliser mais uniquement pour quelques usages ultra locaux. Conservez votre clavier, votre écran, votre PC ou Mac mais pour toute la bureautique, votre disque dur local ne fera plus rien.




Un seul pays suffirait à renverser le monopole du copyright

Et si un pays, un seul et unique pays, décidait de changer ses règles du jeu concernant le copyright ? À cause, ou plutôt grâce à Internet, cela aurait des conséquences directes sur la législation et les accords des autres pays. Sur nos usages aussi, puisqu’il nous suffirait d’aller sur les sites de ce pays pour télécharger, échanger, partager et contribuer à la culture de ce pays ou de cette zone, accessible à tous, toujours grâce à Internet.

Telle est l’hypothèse de Rick Falkvinge, son espoir aussi.

Remarque : Pour parfaire sa culture sur le sujet des zones autonomes, on poura lire ou relire Hakim Bey.

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Le monopole du copyright finira par se désagréger : il suffit d’un seul pays

Copyright Monopoly Disintegration Inevitable As It Only Takes A Single Country

Rick Falkvinge – 1 décembre 2013 – TorrentFreak
(Traduction : Dalz, goofy, Omegax, Llu, KoS, Asta, Penguin, peupleLà, Diin + anonymes)

Des zones autonomes expérimentales mais légales sont en train d’émerger au Honduras et ailleurs dans le monde. C’est l’une des choses les plus passionnantes qui se soit développée depuis longtemps et cela annonce l’effondrement de la tyrannie qu’exerce l’industrie du copyright sur la culture et la connaissance.

Je crois en la compétition. Je crois en l’expérimentation pour voir ce qui fonctionne le mieux et ce qui peut être répété de manière prévisible ? appelez ça méthode scientifique appliquée à la société, si vous voulez. C’est devenu un problème géopolitique parce que les États-Unis garantissent leur recherche d’une rente mondiale en forçant les autres pays à accepter ce qu’ils appellent les accords de « libre-échange » qui sont, dans le plus pur style novlangue, l’exact opposé : ce sont des accords qui empêchent le libre échange en faveur des détenteurs de monopoles.

Mais un monopole ne dure que tant que tous les pays le respectent. En particulier, un monopole qui concerne Internet ? tel que celui du copyright ? demande une coopération de chaque pays connecté à Internet pour survivre. Le premier pays qui s’échappera de cette structure oppressive permettra la diffusion de la culture et du savoir ? imaginez que The Pirate Bay soit situé dans un pays où il serait légal à 100%, et où il serait illégal de harceler cette énorme bibliothèque.

Trois zones géopolitiques menacent la domination des États-Unis sur cette recherche de rente et les monopoles que nous connaissons comme les monopoles sur les droits d’auteur et les brevets.


L’Europe, qui est puissante par sa tradition de libertés civiles et son économie pure ? c’est la plus grande puissance économique du monde, et donc, tout monopole dont l’Europe ne veut pas cesse d’exister dans la pratique. Malheureusement, les dirigeants politiques européens sont perpétuellement en admiration devant ce que font les États-Unis et ne les défieront pas de sitôt, sauf s’ils sont défiés à leur tour par le Parti Pirate par exemple (quand cela arrive, comme avec la défaite d’ACTA l’année passée, c’est grâce à l’indignation citoyenne ? et non à cause d’une quelconque volonté politique).

La Chine, qui a une tradition culturelle et idéaliste différente de l’Europe et des Amériques. L’Asie travaille sur des générations et des siècles plutôt qu’à l’échelle de semaines ou de mois. C’est un degré de patience inconnu en Occident. Les Chinois ont un poids économique comparable à celui des États-Unis ou de l’Europe et sont tout sauf idiots. Ils copient les régimes de propriétés intellectuelles des États-Unis, et voient comment ils peuvent en profiter une fois que la Chine deviendra leader : le protectionnisme vise à préserver l’influence et les Chinois l’ont parfaitement compris.

Enfin, il y a l’Amérique latine, qui ne porte pas les États-Unis dans son cœur après 50 ans d’interventionnisme. Sur le plan économique, elle représente la moitié du PIB des États-Unis ou de l’Europe et ne peut donc pas rivaliser directement. Cependant, elle peut être compétitive dans le cadre d’une concurrence différente et cela semble être un des changements géopolitiques les plus excitants depuis très longtemps.

Hier, il est devenu clair que de nouvelles zones légalement autonomes vont être établies en Honduras et dans d’autres endroits, sous l’œil intéressé du Panama et du Guatemala. Ces zones légalement autonomes sont de petits endroits qui peuvent écrire leurs propres lois expérimentales, dans le but de rivaliser à petite échelle avec les lois nationales afin de savoir, à l’échelle d’un laboratoire, si les choses fonctionnent mieux.

Beaucoup de ces zones sont envisagées en Amérique Latine. Et l’Amérique Latine, à juste titre, en a plus qu’assez du monopole du copyright. J’ai l’espoir qu’un, juste un, de ces pays laisse tomber ce concept de monopole en faveur d’un vrai libre-échange et des droits de propriétés réels. Dans un réseau international, il suffit qu’un seul pays déclare obsolète le monopole du droit d’auteur pour que la planète entière perde toutes les fonctions du monopole du droit d’auteur, sans exception. Nous sommes aujourd’hui arrivés à un point où l’émergence d’une seule zone autonome en faveur d’Internet suffit pour y arriver.

En guise d’exemple, prenons le livre de George Orwell, 1984. Il est toujours soumis à un monopole de droits d’auteurs aux États-Unis et en Europe, mais pas en Australie, où il est publié dans le domaine public. La distribution de cet ouvrage est donc clairement illégale aux États-unis et en Europe, alors que son accès est particulièrement simple, puisque distribué légalement en Australie, et que l’Australie est connectée à cette chose que nous connaissons sous le nom d’Internet.

Maintenant imaginez si un État – ou une zone autonome – désirait faire cela pour tout le savoir et toute la culture de l’humanité ! Le futur serait extrêmement radieux, et il n’y aurait plus de monopole du copyright du tout. Cela demande juste qu’une seule juridiction renverse entièrement cette oppressante structure mondiale.

Crédit photo : Gauravonomics (Creative Commons By)




Logiciels et matériels libres font le bonheur de l’éducation

Avec du logiciel et du matériel libres, on est aujourd’hui en mesure de proposer des cours tout à fait passionnants, ouverts, modulables et sans entrave à la création.

Le témoignage d’un prof qu’on aurait bien aimé avoir lorsqu’on était jeune.

Maltman23 - CC by-sa

Un programme universitaire qui enseigne l’interaction homme-machine avec du logiciel et du matériel libres

University course teaches computer-human interaction with open hardware and OSS

Jonathan Muckell – 28 mars 2014 – OpenSource.com
(Traduction : Omegax, Mounoux, lamessen, Piup, aKa, lumi, Kcchouette, ton, Gatitac)

La plupart des gens considèrent que leurs interactions avec les systèmes informatiques se passent via un clavier, une souris ou un écran tactile. Cependant, les humains ont évolué pour interagir avec leur environnement et leurs congénères de manière bien plus complexe. Réduire l’écart entre les systèmes informatiques du monde numérique et le réel est en train d’être étudié et testé dans le cours de Physical Computing (NdT : Difficile à traduire, informatique physique/démonstrative) de l’université d’État de New-York (SUNY) à Albany.

En tant que professeurs de ce cours, nous profitons en ce moment d’une grande variété de projets de logiciels et matériels libres pour en apprendre plus sur les principaux concepts fondamentaux grâce à des expériences pratiques et la mise en place d’outils libres. Côté logiciel, nous utilisons un environnement de développement intégré (Arduino Sketch) et nous développons des modélisations pour les imprimantes 3D en utilisant OpenSCAD. Pour la partie matériel libre du cours, nous utilisons des Arduino et la PrintrBot Simple.

Le cours de Physical computing associe l’utilisation du matériel et du logiciel pour détecter et contrôler les interactions entre les utilisateurs et l’environnement. Elle peut repérer et répondre à des actions, par exemple en détectant la localisation des véhicules à une intersection et en ajustant le réglage des feux. Le domaine de l’informatique physique est relativement vaste, englobant des spécialités telles que la robotique, les microcontrôleurs, l’impression 3D et les vêtements intelligents.

D’après mon expérience, les étudiants aiment avoir la possibilité de combiner la pensée créative et sa mise en œuvre pratique. Il naît un sentiment d’émerveillement et d’accomplissement quand ils sont capables de faire quelque chose qui se passe dans le monde physique. L’une des premières activités du cours est simplement d’écrire du code et de créer un circuit pour faire clignoter une ampoule LED. Je ne me lasse jamais de voir leur joie quand ils y arrivent la première fois. L’un des objectifs principaux est de maintenir cet état d’émerveillement et d’excitation. Quand le cours progresse, nous avons les « Jeux olympiques des robots » où les étudiants se font rivalisent avec leurs robots construits sur mesure dans différentes catégories. Plus tard, nous plongeons dans l’impression 3D, où ils créent des objets personnalisés.

Chaque fois que nous abordons un nouveau domaine, je vois cette étincelle, cette excitation sur le visage de mes étudiants. Je veux que la passion et un véritable intérêt pour le matériel se développent. Je veux qu’ils expérimentent en rentrant dans leurs dortoirs. Si je réussis, les étudiants ne devraient pas avoir la sensation de travailler comme dans une école traditionnelle. Durant le processus et spécialement pour leur projet de fin d’étude, j’insiste sur l’inovation et la pensée créatrice. Quelle est la valeur de ce qu’ils génèrent à travers les conceptions qu’ils proposent ? Je veux que les étudiants pensent de façon créative et non pas qu’ils suivent un processus établi ou des tâches séquentielles prédéfinies.

J’utilise souvent le circuit imprimé Arduino pour enseigner car c’est un moyen fantastique pour apprendre. Non seulement il est très utile pour introduire des sujets tels que la programmation embarquée et l’électronique, mais c’est aussi une plateforme phénoménale pour le prototypage rapide et l’innovation. Des étudiants ont accompli des projets de fin d’étude vraiment innovants. Deux de mes étudiants ont utilisé une commande WiiMote de Nintendo pour jouer à pierre-feuille-ciseaux contre l’ordinateur. Si vous jouez suffisamment longtemps, l’ordinateur mémorise vos précédents mouvements et prédit ce que vous allez choisir avant vous. Des étudiants ont controlé une voiture à partir d’un smartphone et un autre groupe a programmé l’envoi automatique d’informations de détecteurs sur Twitter. Au début du semestre, les cours sont basés sur les concepts fondamentaux, avec du temps dédié aux travaux pratiques en équipes réduites. La dernière partie du semestre est basée sur des projets intégrés et créatifs.

Ce semestre, nous avons introduit l’impression 3D comme sujet principal du programme scolaire. C’est l’occasion pour les étudiants de construire des objets physiques, ainsi que de combiner capteurs, pièces mécaniques et processeurs pour donner vie aux objets. D’un point de vue éducatif, le Printrbot Simple est vraiment l’idéal. Nous avons commandé l’imprimante en kit et avons demandé aux élèves d’effectuer l’assemblage. Ce procédé a non seulement fourni une occasion pour les étudiants d’apprendre les mécanismes de fonctionnement d’une imprimante 3D, mais leur a aussi donné un sentiment d’appropriation par l’utilisation et l’entretien des imprimantes au fil du temps. Les imprimantes 3D ont des problèmes similaires à ceux des imprimantes 2D — elles se bloquent, elles ont des problèmes mécaniques et d’entretien. Toutefois, le Printrbot Simple est conçu de façon à faire participer les élèves. Et ils ont acquis les compétences nécessaires pour corriger et résoudre les problèmes quand ils surviennent.

Le Libre en classe

La plupart des élèves ont une certaine expérience du Libre et de l’open source. Le Département Informatique de l’Université d’Albany repose sur ??l’utilisation d’outils libres. En particulier, de nombreux étudiants utilisent GitHub, qui est exploité dès les premiers cours. Le département donne aussi des cours spéciaux qui sont purement focalisés sur le logiciels libre. L’élément nouveau pour les étudiants est la notion de matériel libre.

La majorité des gens ont tendance à penser que le Libre ne concerne que le développement logiciel. Le matériel libre est un concept novateur et passionnant pour les étudiants.

Le matériel et les logiciels libres ont permis à notre cours de Physical Computing d’éviter les problèmes de licences, et donc de pouvoir évoluer librement. Cela nous a aussi apporté de la flexibilité : nous se sommes pas enfermés sur une seule plateforme ou un outil unique. Le Libre autorise les modifications sans être bloqué par les modalités de contrat de licence du vendeur.

Crédit photo : Maltman23 (Creative Commons By-Sa)