Framagroupes : le service post Framalistes est ouvert !
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Framagroupes vient d’ouvrir ! Ce nouveau service permet aux groupes de continuer à échanger facilement par email, en arrêtant de surcharger un Framalistes archi plein… En repartant sur des bases saines !
« Dorlotons Dégooglisons »
Consacrer plus de temps et d’énergie à nos services en ligne, c’est un nouveau cap que nous voulons suivre. Et nous pourrons le garder grâce à vous, grâce à vos dons ! En savoir plus sur le site Soutenir Framasoft.
Les Framaservices, c’est avant tout des humain⋅es : sans elles et eux, pas de Framalistes. Pas d’envoi de centaines de milliers de mails par jour (malgré les embûches des gros fournisseurs de mails). Pas de gestion financière pour payer les factures des serveurs. Pas de support pour vous débloquer quand plus personne ne peut gérer votre liste. Personne pour vous dire que Framalistes, et maintenant Framagroupes, existent et pourquoi !
« Dorlotons Dégooglisons » est là pour mettre tout ce travail, et les personnes qui le réalisent, en valeur !
Framagroupes, un service de liste de discussion tout beau tout propre – Illustration de David RevoyCC-By 4.0
Framagroupes : apprendre de Framalistes
On ne le répétera jamais assez : Framalistes ne ferme pas ! Vous pouvez toujours gérer vos listes là-bas, ajouter des abonné⋅es, enlever des gestionnaires, demander au support de remettre un gestionnaire privilégié parce que « Oups, on a enlevé le dernier, on ne peut plus administrer notre liste 😅 » ! Framagroupes vient en soutien à Framalistes ! Vous n’avez pas besoin de migrer vers Framagroupes. Vous ne pouvez juste plus créer de nouvelles listes sur Framalistes.
Parce que, l’air de rien, maintenir un service de listes de discussions, ce n’est pas de tout repos ! Chaque jour vient avec son lot de mails bloqués par tel fournisseur de mails, son lot de contournements pour les écouler, alléger un serveur, supprimer les spams, vous débloquer sur le support…
Nous ne voulions pas fermer ce service (on vous a dit que Framalistes ne fermait pas ?!) tant il vous est utile et peu disponible sur le web, mais nous ne voulions pas nous esquinter non plus à le maintenir ainsi. C’est pour cela que nous ouvrons Framagroupes : un équilibre entre les fonctionnalités utiles, pour vous, de Framalistes, et un apaisement, pour nous, dans la gestion.
Framagroupes vous permet, tout comme le fait déjà Framalistes depuis des années, d’échanger avec vos camarades, par mails. Grâce au logiciel Sympa (oui oui, c’est bien son nom) qui fait tourner Framalistes et Framagroupes, vous pourrez envoyer un mail à votre-liste@framagroupes.org pour que toutes les personnes abonnées à cette liste le reçoivent et y participent en retour. Bien plus pratique que d’envoyer un mail avec 50 CC (adresses en copies) non cachées (ne faites pas ça chez vous : on ne dévoile pas les adresses mails des gens sans leur consentement).
Les mails, c’est compliqué en tant que fournisseur de service. C’est pour cela qu’il n’existe pas une offre pléthorique de fournisseurs de mails. Si nous avons le plaisir de vous offrir un nouveau service, c’est aussi pour nous assurer que vos mails arriveront à destination.
À force de recevoir du spam sur des listes complètement ouvertes (qu’il n’est plus possible de faire avec Framagroupes, ni avec Framalistes), et donc de renvoyer ces spams sur les adresses mails des membres, notre serveur Framalistes commençait à avoir mauvaise réputation auprès des autres fournisseurs de mails. Cela avait pour conséquence d’empêcher la réception des mails (ce qui est gênant pour une liste de discussions par mails, vous en conviendrez).
Accumulation des mails refusés par les fournisseurs de mail récalcitrants – Illustration de David RevoyCC-By 4.0
En-dehors des spams avérés, les anti-spams sont particulièrement sensibles à certains comportements. Aussi, envoyer un mail ne contenant qu’une image (même si c’est celle d’un chaton), un mail qui ne contient qu’un lien (ou, au contraire, trop de liens, même si c’est vers les chatons), un sujet en capitales, l’utilisation de couleurs pour le fond du mail ou les mots, ou encore mettre trop d’adresses en copie (ne faites pas ça chez vous), sont autant de comportements qui rendent notre service suspect aux yeux des gros fournisseurs.
Une autre source de mauvaise réputation : les lettres d’informations (ou newsletter). Framalistes, comme Framagroupes, n’autorise pas les lettres d’information (mais vous le saviez déjà grâce à notre foire aux questions que vous lisez régulièrement et avec entrain) !
Framagroupes, c’est un nouveau serveur, dont le paramétrage initial a été pensé et réalisé en prenant en compte nos années d’expérience du mail, pour éviter au maximum les soucis (notamment de spams). Parce que le but est de prendre soin de nos services et des personnes qui s’en occupent, nous avons dû mettre dès le lancement des limites supplémentaires à celles de Framalistes.
Limites et règles supplémentaires, sur Framagroupes :
pas d’archives
suppression des listes sans aucune utilisation depuis un an
pas de liste complètement ouverte, c’est-à-dire qui n’est ni limitée aux membres ni modérée
liste supprimée si le mail propriétaire / modérateur renvoie automatiquement sur la liste
lien de désabonnement dans les pieds de page des mails et les messages d’abonnement
pas d’espace de documents
pas de conservation des pièces jointes sur Framagroupes (elles ne seront disponibles que dans vos mails)
email de rappel d’abonnement à une liste, envoyé une fois par an aux membres
désabonnement automatique des adresses mails déclarées comme non existantes
Si nous vous expliquons les raisons de ces limites ci-dessus, sachez qu’à terme nous comptons implémenter les mêmes règles au sein de Framalistes (comme ça, pas de jalousie !).
De : betteraves@framalistes.org ; Objet : Collecte !
« Bonjour tout le monde,
Comme vous l’avez vu sur le Framablog, Framasoft vient d’ouvrir Framagroupes en soutien à Framalistes (qui ne ferme pas !). Pour les aider à dorloter les services, je me disais que ce serait une bonne idée de leur faire un don et/ou de faire passer le mot ! Si ce n’est pas possible pour nous, ça le sera peut-être pour d’autres !
Cela fait quand même quelques années que nous pouvons échanger sur la betterave grâce à Framalistes, que la documentation et la foire aux questions nous aident grandement (comme quand on a voulu ajouter un gestionnaire privilégié à la liste), et que le service fonctionne bien grâce à toutes ces petites mains invisibles.
Leur estimation pour cette première année de dorlotage est de 60 000€ : je propose 59 000€ ou 59€ ! La collecte prend fin le 13 juin !
À vous lire.
Betteravement,
Bisous. »
Quand nos donateurs et donatrices se mobilisent – Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0
À la semaine prochaine pour faire le bilan de cette collecte (et on peut déjà vous dire que l’objectif est atteint – un immense merci de votre mobilisation !).
Dorlotons Dégooglisons : pour des framaservices bichonnés !
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« Dorlotons Dégooglisons » consiste à prendre soin de nos services en ligne et à mettre en lumière le travail trop peu visible des personnes qui s’en occupent. La collecte en cours nous permettra de voir si ce nouveau cap vous motive autant que nous !
« Dorlotons Dégooglisons »
Consacrer plus de temps et d’énergie à nos services en ligne, c’est un nouveau cap que nous voulons suivre. Et nous pourrons le garder grâce à vous, grâce à vos dons ! En savoir plus sur le site Soutenir Framasoft.
Nous le savons : nos services « Dégooglisons Internet » ne sont pas parfaits.
Oui, Framadate n’est pas idéal sur mobile (avez-vous essayé de basculer votre smartphone à l’horizontale ?).
Oui, mettre des cellules en gras sur Framacalc n’est pas le plus intuitif (mais si ! Vous voyez en haut « Format » ? Ensuite vous repérez « Polices » et vous choisissez dans la liste « Gras & Italique ». Facile !).
Non, le partage d’administration sur Framaforms n’est pas possible (quoi ? Vous avez vraiment besoin d’être plusieurs à modifier vos formulaires ?).
Bref nous avons en interne une « liste au Père Noël » qui s’allonge au fil des ans… Et c’est normal : certains services « Dégooglisons Internet » vont bientôt fêter leurs 10 ans ! Ces services que vous utilisez tant – vous êtes près de 1,5 million de personnes par mois à naviguer sur nos sites (nous on trouve ça dingue !) – nous ne les oublions pas.
Même si nous les chouchoutons déjà, nous souhaitons en faire encore plus. Nous voulons leur consacrer plus de temps et d’énergie. Et du temps, de l’énergie, ce sont des ressources précieuses, qui ne sont pas gratuites. C’est pour cela que nous avons besoin de vous, et de votre soutien !
Nous souhaitons aussi rendre visible le soin humain apporté à nos services, sans lequel la magie n’opérerait pas ! Un « dorlotage » humain essentiel au bon fonctionnement de nos services, que nous voulons mettre en lumière.
Les envoûtements de la gestion. C’est nécessaire pour toute association : des petites mains s’activent au quotidien pour payer les factures (eh oui, louer des serveurs n’est pas gratuit !), faire du lien avec les îles de notre archipel et orchestrer tous ces esprits volontaires. Du boulot essentiel auquel on ne pense pas en écrivant sur un pad !
Les incantations techniques. Que ce soit pour la mise en place d’une belle page d’accueil, pour les mises à jour et en sécurité de services, pour des développements ponctuels ou pour se dépatouiller des problèmes rencontrés avec les géants fournisseurs de mail (calinternets bienvenus dans cette éventualité plus que réaliste !), une expertise technique est indispensable pour le bon fonctionnement de nos services. Sans elle, les services ne dureraient pas !
Les enchantements du support. « Pourquoi mon mail met du temps à être reçu ? », si vous n’avez pas trouvé la réponse dans notre documentation ou notre Foire Aux Questions, il vous arrive de contacter notre support. Et derrière toute réponse envoyée par notre support, ce sont des humains et des humaines qui s’activent pour trouver des solutions à vos questions parfois épineuses (processus souvent accompagné de quelques litres de café pour motiver les troupes lors des heures matinales – mais quelle idée de commencer la journée avant midi…!).
Le charme de la communication. Nos membres s’activent pour sensibiliser à des outils numériques éthiques, rassurent les inquiet⋅es en rappelant que tout changement prend du temps et, lors d’évènements, prennent plaisir à papoter de leurs militances avec passion (qu’elles concernent la défense du secteur associatif, les communs culturels ou le dernier rapport du GIEC).
« Dorlotons Dégooglisons », c’est aussi une manière de financer ce travail de soin à nos services bien trop souvent invisible et pourtant absolument essentiel.
Dès cette année nous bichonnons nos services en ligne, pour qu’ils puissent durer dans le temps et être plus pratiques pour vous, comme pour nous. Concrètement, voilà ce qui s’est passé cette année en coulisses :
Des réparations. Nous avons passé de nombreuses heures à trouver des solutions pour gérer les spams, que ce soit sur Framaforms, Framagit, ou Framalistes (coucou Orange qui ne laisse toujours pas passer nos mails de façon fluide…!). Nous avons aussi dû séparer Framagit sur 2 machines (la base de données du service devenait trop importante et pénalisait l’ensemble du service…). Pour Framacalc, nous avons dû corriger un bug Ethercalc (le logiciel derrière le service) qui générait un problème de saturation de la mémoire et faisait tomber le service.
Des mises à jour conséquentes. Nous avons (enfin !) pu mettre à jour Framavox en début d’année, vers une version récente particulièrement lourde à gérer pour nous (une mise à jour que nous avions reportée d’un an pour non disponibilité interne…), et nous en avons profité pour mettre mettre un bon coup de pinceau sur la page d’accueil du service. Framateam, Framindmap, Framagenda, Framadrive, Mobilizon.fr, mooc.chatons.org et Framapiaf ont également été mis à jour, corrigeant des bugs ou apportant de nouvelles fonctionnalités.
Des contributions aux logiciels libres qui font tourner nos services. Nous avons apporté des contributions à différents logiciels libres qui sont en coulisses de nos services – améliorations qui sont maintenant disponibles pour l’ensemble des utilisateur⋅ices de ces logiciels :
Logiciel uMap, pour Framacartes : résolution d’un souci de pertes de données, et correction d’un problème avec les liens d’édition secrets, qui empêchait l’accès à l’ancien lien
Prioriser nos services en ligne, c’est le choix que feraient 82% des 12 664 répondant⋅es à l’enquête lancée l’année dernière, s’iels étaient aux manettes de notre association. Et ça tombe plutôt bien car nous partageons cette envie !
Cette collecte, c’est aussi pour nous une manière de voir si nous prenons la bonne direction. Nous estimons que cette première année de dorlotage coûte 60 000 € (« estimons », car c’est très difficile de chiffrer précisément un travail de soin humain), et nous vous lançons le défi de les récolter en 3 semaines, du 23 mai au 13 juin. La suite ?
La semaine prochaine, le 7 juin, nous ouvrons et vous présentons le service Framagroupes.
Dans deux semaines, le 13 juin, nous ferons le bilan de ces 3 semaines de collecte.
Vous utilisez nos services en ligne ? C’est parce que d’autres (ou vous !) les ont financés, en nous faisant un don. Vous pouvez, vous aussi, soutenir « Dorlotons Dégooglisons », et nous conforter sur le choix de prendre cette nouvelle direction, celle du soin à nos services et une mise en valeur du travail qu’il demande. D’avance, merci de votre soutien !
Pour relayer ou participer à la collecte, une seule adresse à retenir : soutenir.framasoft.org.
Framalistes affiche complet, aidez-nous à ouvrir Framagroupes !
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Et si on dorlotait un peu nos services Dégooglisons Internet ? Ce travail de soin constant, quotidien, avec des temps forts et des coups de bourre, Framasoft ne peut pas le faire seule. Pour le mener à bien, nous avons besoin de votre soutien.
« Dorlotons Dégooglisons »
Consacrer plus de temps et d’énergie à nos services en ligne, c’est un nouveau cap que nous voulons suivre. Et nous pourrons le garder grâce à vous, grâce à vos dons ! En savoir plus sur le site Soutenir Framasoft.
Avec 60 000 Framalistes, notre service affiche complet
Commençons par vous rassurer : Framalistes va continuer de fonctionner, le service ne va pas fermer, vos listes resteront bichonnées !
État des lieux sur Framalistes — Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0
Basé sur le logiciel libre Sympa, ce service vous permet de créer une liste de diffusion. Concrètement, vous obtenez un email de groupe de type « monsupergroupe@framalistes.org » auquel les gens peuvent inscrire leur propre email (vous pouvez bien sûr modérer les inscriptions). Ainsi, chaque personne inscrite à « monsupergroupe@framalistes.org » peut écrire à toutes les autres, juste en envoyant un mail à « monsupergroupe@framalistes.org ». Plus besoin de retenir les emails de tout le monde ou les mettre à jour (pratique, non ?) ! Les membres du groupe gardent le contrôle et peuvent toujours se désinscrire, modérer des messages ou encore mettre à jour l’adresse mail sur laquelle ils recevront les messages du groupe.
Framalistes ne ferme pas : vous pourrez encore continuer de gérer vos listes, envoyer des messages, ajouter ou supprimer des membres (faire vivre votre groupe, quoi !). La seule chose qui s’arrête dès aujourd’hui, c’est la possibilité de créer une nouvelle liste, un nouvel email de groupe de type monautresupergroupe@framalistes.org.
Nous ne voulons pas laisser les nouveaux arrivant⋅es le bec dans l’eau, et leur dire « c’est fini, c’est complet, allez voir ailleurs ! ». Nous avons donc besoin de votre soutien et vos encouragements pour lancer un nouveau service : Framagroupes.
Avec près de 60 000 listes, un million d’utilisateur·ices, et plus de 250 000 emails envoyés chaque jour, le serveur de Framalistes arrive aujourd’hui au maximum de ses capacités. Pourtant nous n’avons pas hésité à le chouchouter et à lui réserver une machine à la hauteur du besoin !
Car en 2023, le besoin de trouver des alternatives aux « Google Groups » (parfois décrits comme « laissés pour morts [EN] ») et autres listes de diffusion des géants du web est toujours aussi grand. Et les structures du numérique éthique qui peuvent en proposer sont peu nombreuses (on pense aux ami·es de RiseUp et leurs 20 000 listes), parce que gérer des emails, c’est lourd, c’est compliqué.
Framalistes est, à notre connaissance, le plus gros service de listes de diffusion libre. Cela ne nous emplit pas d’orgueil, mais d’un sens des responsabilités : il y a un gros besoin, nous savons y répondre, ce n’est pas le moment de s’arrêter.
Nous allons donc, d’ici deux semaines, ouvrir Framagroupes, et continuer de proposer un service éthique de listes de diffusion.
Framagroupes, ce sera comme Framalistes… mais sur un serveur tout neuf. Nous appliquerons aussi dès le départ les leçons apprises avec des années d’expérience sur Framalistes (on ne va pas s’étaler ici, on vous en parle prochainement sur ce blog !).
Framasoft mettant en place Framagroupes grâce aux apprentissages de Framalistes – Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0
Alors oui, on aurait pu l’appeler « Framalistes 2 »… mais imaginez la confusion quand vous devrez expliquer à votre camarade au téléphone : « non l’adresse c’est monsupergroupe, tout attaché, arobase, oui at si tu veux oui, framalistes2, attention listes au pluriel, non pas d-e-u-x, deux en chiffre, le 2 au dessus du é, quoi, oui tout attaché… point org ! ». Sans vous parler du responsable de notre support, qui à la question « pouvez-vous m’aider avec ma Framalistes » devrait invariablement répondre « c’est une Framalistes tout court ou une Framalistes2 ? » faute de pouvoir consulter une boule de cristal…
Quoi qu’il en soit, avec votre soutien, nous souhaitons pouvoir offrir sur Framagroupes au moins autant de nouvelles listes que celles que nous hébergeons déjà sur Framalistes.
La collecte « Dorlotons Dégooglisons », pour nous aider à prendre soin des services vieillissants
Que vous regardiez le récent travail de mise à jour et de mise en valeur de Framavox (notre outil pour animer les discussions, votes et décisions de votre collectif), ou l’ouverture d’un nouveau serveur de listes avec Framagroupes, tout cela s’inscrit dans une nouvelle dynamique. Entre nous, nous l’appelons le projet « Dorlotons Dégooglisons ».
Car si vous regardez les 18 services que nous maintenons actuellement, certains existent depuis plus de 10 ans et commencent à accuser leur âge. Maintenir des services, ou en assurer le support, c’est déjà du boulot qu’on assure depuis plus de dix ans. Mais réaliser les grosses mises à niveaux, contribuer à leur amélioration et mettre en valeur leur évolution, ça c’est du Dorlotage !
Tout cela est un travail « de l’ombre », rarement valorisé, alors que l’accumulation de ces tâches demande un temps et des expertises non négligeables. Pour une fois, nous voulons mettre en valeur le coût de ce travail invisible (mais ô combien essentiel) de soin que nous apportons à ces outils financés par vos dons et mis à la disposition de toutes et tous.
Nous voulons surtout, sur les années à venir, vous donner un rendez-vous régulier pour faire le point sur les améliorations et contributions aux logiciels des services que nous proposons. Vos réponses à notre enquête de 2022 sont claires : vous aimeriez qu’on consacre de l’énergie à améliorer certains services (voire à leur donner un coup de jeune ?). Ça tombe bien : nous partageons cette envie !
Nous détaillerons nos envies de Dorloter Dégooglisons dans un article prochainement sur ce blog. Mais ne vous attendez pas à un nouveau plan triennal avec rétroplanning, diagramme de Kreuzbein-Field et 46 slides pour faire passer le tout ! L’idée est de, chaque année, prendre le temps de concrétiser des pistes d’améliorations que nous avons déjà identifiées.
3 semaines de collecte pour savoir si vous soutenez Dorlotons
Framasoft ne vit et n’agit que grâce à vos dons. Nous estimons que cette première année de Dorlotons coûte 60 000 € (« estimons », car c’est très dur de chiffrer précisément un travail de soin), et nous vous lançons le défi de les récolter en 3 semaines, d’ici le 13 juin.
Quand Framasoft estime le coût d’une année de « Dorlotons Dégooglisons » – Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0
Dès aujourd’hui, nous lançons la collecte et coupons la possibilité de créer de nouvelles listes sur Framalistes afin de préserver la qualité de service pour le million d’inscrit⋅es.
La semaine prochaine, nous vous détaillerons nos envies et raisons de Dorloter Dégooglisons.
Dans trois semaines, le 13 juin, nous ferons le point sur l’objectif de 60 000 €.
Notez qu’il n’y a pas de conditionnel : ce boulot est nécessaire, Framasoft fait partie des rares structures à pouvoir le faire, alors nous allons le faire, que l’on atteigne l’objectif ou non. Plutôt que de vous attiser avec un crowdfunding, nous préférons vous faire confiance avec une collecte.
Vous êtes dans une Framalistes et bénéficiez de ce service ? C’est parce que d’autres l’ont financé pour vous, en nous faisant un don. Aujourd’hui, vous pouvez, vous aussi, soutenir les futurs Framagroupes pour des personnes qui seront aussi ravies que vous de trouver un tel outil.
N’hésitez donc pas à partager la page soutenir.framasoft.org autour de vous (et à y faire un don, si vous le pouvez). C’est vraiment une des actions qui compte le plus : prendre le temps et le soin d’expliquer à votre entourage, aux personnes qui vous font confiance, pourquoi c’est important de contribuer à financer l’existence de tels outils, qui respectent leurs libertés et leur intégrité.
Rendez-vous dans 21 jours pour voir si vous nous donnez raison de consacrer des moyens à ce dorlotage et ce soin… d’outils mis en Communs !
Voici déjà le troisième volet du processus de dégooglisation de la ville d’Échirolles (si vous avez manqué le début) tel que Nicolas Vivant nous en rend compte. Nous le re-publions volontiers, en souhaitant bien sûr que cet exemple suscite d’autres migrations vers des solutions libres et plus respectueuses des citoyens.
Dégooglisation d’Échirolles, partie 3 : les solutions
par Nicolas Vivant
L’organisation est structurée, les enjeux sont posés, place à la mise en œuvre opérationnelle.
L’âge de la maturité
Les informaticiens utilisent des logiciels libres, pour le fonctionnement de leur système d’information, depuis toujours. Pas par militantisme, dans la plupart des cas, mais simplement parce que ce sont les plus stables, les plus sûrs et souvent les meilleurs. L’immense majorité des serveurs web, par exemple, fonctionne avec Apache ou, de plus en plus, NGINX, et tournent sur des systèmes d’exploitation libres (GNU/Linux, souvent).
La nouveauté concerne le poste client, la communication et les applications métier. Dans ces trois domaines, les logiciels libres ont atteint un niveau de maturité inédit jusqu’alors. L’absence de publicité et de marketing ne favorise pas la découverte des solutions disponibles, mais certains logiciels ont fait leur chemin dans les organisations. Comment ? Par le bouche à oreille, les échanges sur les réseaux sociaux, la communication (et le travail) de différentes associations et structures étatiques (Adullact, April, Framasoft, Etalab, etc.) ou la contagion entre collectivités : une collectivité utilise un logiciel, j’en entends parler (ou je l’utilise dans mes échanges avec elle), je me renseigne et je finis par l’adopter.
Souvent, plusieurs solutions libres existent pour un même usage. L’exemple de la messagerie électronique est parlant. Microsoft (avec Outlook/Exchange) et Google (Gmail) sont dominants sur le marché. Pourtant, il existe au moins 6 alternatives « open source » : Zimbra, BlueMind, OpenXchange, SOGo, Kolab et eGroupWare qui ont peu ou prou les mêmes fonctionnalités ? Comment faire un choix ?
Savoir faire un choix
À Échirolles, après que les aspects fonctionnels sont validés, nous nous appuyons sur 4 piliers :
la coopération intercommunale (qui utilise déjà, et comment ça se passe ?)
le coût (combien ça coûte, pour quel niveau de service ?)
→ Le schéma directeur évoque des solutions gérées et maintenues en interne et met en avant les concepts de souveraineté numérique et d’autonomie vis-à-vis des éditeurs. C’est une première base de jugement : lesquelles de ces solutions correspondent le mieux aux enjeux identifiés par nos élus ?
→ L’analyse technique permet de vérifier les qualités intrinsèques de la solution, son interopérabilité correcte avec les outils existants, notre capacité à la gérer en autonomie, sa cohérence avec notre préoccupation de l’impact environnemental
→ La coopération intercommunale nous permet d’avoir une idée des problèmes rencontrés, de la réactivité des éventuels prestataires et, globalement, du niveau de satisfaction des collègues.
→ Le coût est évalué sur devis (le code de la commande publique nous contraignant, à raison, à la consultation de plusieurs acteurs et à la justification de nos choix) et par la vérification des références existantes même si pour nous, bien souvent, libre veut dire gratuit.
Les échanges entre services, et en interne au sein de la direction de la stratégie numérique, éclairent également nos décisions.
Go go go !
Sur la base de ces critères, Échirolles a fait le choix de SOGo, une solution fonctionnelle, éprouvée (par Gandi, notamment, en France), solide et qui semble le mieux correspondre à ce que sont nos orientations. D’autres communes font d’autres choix, privilégiant d’autres critères (le nombre et la qualité des prestataires susceptibles d’apporter une assistance sur la solution, par exemple).
Le choix d’une solution de Cloud et d’édition collaborative (alternative à Microsoft Teams ou Google Workspace) s’est fait selon les mêmes critères. Pour la partie Cloud/gestion de fichiers, la coopération intercommunale nous a conduit à éliminer Alfresco Share, peu adapté à nos usages. Pour l’édition collaborative, nous avons préféré Collabora à OnlyOffice, sur les conseils de différentes associations et partenaires et parce que le projet nous semblait mieux correspondre à nos valeurs.
Enfin, le passage à un système d’exploitation libre pour les postes clients est entamé à Échirolles. La ville a fait le choix de Zorin OS, pour de nombreuses raisons qui ont été expliquées dans des articles plus complets :
Pour le reste, nous utilisons trop de logiciels libres pour les lister tous (les systèmes de gestion de bases de données, par exemple). Certains sont en place depuis très longtemps (Firefox, Thunderbird, 7zip…), d’autres ont été installés récemment (Peertube, Nextcloud, Joplin, Psono…), d’autres sont en cours de déploiement (Proxmox, Maarch courrier, Keycloak…). Quelques-uns, méconnus ou parce qu’ils ont fait l’objet d’une mise en œuvre particulière, ont fait l’objet d’articles dédiés sur mon blog : Mastodon, OBS Studio, Porteus Kiosk, BigBlueButton, etc.
Liste non exhaustive de logiciels libres utilisés à Échirolles
À noter l’excellente initiative de l’Adullact à destination des collectivités et des prestataires, qui permet d’identifier les acteurs pour chaque logiciel référencé : Comptoir du Libre. Échirolles y maintient les informations concernant les choix de logiciels de la commune.
Cet article ne serait pas complet sans dire un mot sur l’équipement des écoles maternelles et élémentaires, dont l’équipement en informatique incombe aux communes. Si les postes clients disposent des mêmes logiciels que ceux que nous déployons au sein des services municipaux, le passage à Linux attendra encore un peu, pour des raisons que j’ai détaillées dans un article dédié.
Structuration, transformation, mise en œuvre opérationnelle, tout cela est bel et bon. Mais comment être sûr de ne laisser personne au bord de la route ? C’est tout l’enjeu de l’inclusion numérique, sujet de l’article suivant.
Auteur : Erich Lessing Culture and Fine Arts Archives via artsy.net
Description : Tableau d’Eugène Delacroix « La Liberté Guidant le Peuple », commémorant la révolution des Trois Glorieuses (27-28-29 juillet 1830) en France.
On vous a partagé la semaine dernière la deuxième partie de La dégooglisation du GRAP qui vous invitait à découvrir comment iels avaient réussi à sortir de Google Agenda et gmail. Voici donc la suite et fin de ce récit palpitant de dégooglisation. Encore merci à l’équipe informatique du GRAP d’avoir documenté leur démarche : c’est vraiment très précieux ! Bonne lecture !
Dans l’épisode précédent…
Après la sortie de Google Drive remplacé par Nextcloud, Google Agenda par Nextcloud Agenda, nous avons fini par le plus gros bout en 2021-2022, sortir de Gmail et en finir avec le tentaculaire Google.
Le mardi 23 novembre, nous débranchions enfin Google. Nous voilà libres ! Presque 😉
Bilan dégooglisation
Après 4 ans de dégooglisation, où en sommes-nous de notre utilisation de logiciels non libres ?
Dans l’équipage ⛵
Système d’exploitation
Libre ?
Commentaire
Windows
❌
13 personnes
Ubuntu
✅
9 personnes
Gestion documentaire et travail collaboratif
Nextcloud Files
✅
Tout le monde depuis 2020 ✅
Nextcloud Agenda
✅
Tout le monde depuis 2021 ✅
Téléphonie et visio
3CX
❌
Tout le monde ❌
Nextcloud Discussions
✅
Mail et nom de domaine
Gandi
✅
Tout le monde depuis 2022 ✅
Logiciels métier
Odoo (suivi des actis, achat/revente, facturation)
✅
Pôles info, accompagnement et logistique
EBP (compta)
❌
Pôle compta
Cegid (paie)
❌
Pôle social
Gimp, Inkscape, Scribus (graphisme et mise en page)
✅
Pôle communication
BookstackApp (documentation)
✅
Tous pôles
Logiciels bureautique
Suite Office
❌
Suite LibreOffice
✅
Réseaux sociaux
Facebook, Linkedin, Twitter, Eventbrite
❌
Peertube
✅
Nos pistes d’amélioration en logiciel libre sont donc du côté du système d’exploitation et des logiciels métiers.
Les blocages sont dus :
à certains logiciels métiers qui n’existent pas en logiciel libre
→ à voir si on arrive à développer certains bouts métier sur Odoo dans les prochaines années
à la difficulté de se passer d’Excel pour certaines personnes grandement habituées à ses logiques et son efficacité
→ à voir si LibreOffice continue à s’améliorer et/ou si on se forme plus sur LibreOffice
Dans la coopérative 🌸
Système d’exploitation
Libre ?
Commentaire
Ubuntu
✅
Dans tous les points de vente
ordinateurs portables
Dur à dire, mais la majorité des activités de transformation utilise des tableaux Excel ou des logiciels dédiés
Logiciels bureautique
Suite Office
❌
Pas de référencement fait. Aucune visibilité actuellement
Suite LibreOffice
✅
Nos pistes d’amélioration sont donc du côté des logiciels mails et des logiciels métiers.
→ Un des gros chantiers de 2022-2023 est justement le développement et la migration sur Odoo Transfo. Pas pour le côté politique du logiciel libre mais bien de l’amélioration continue d’un même logiciel partagé dans la coopérative.
→ À voir si la dégooglisation de l’équipe « inspire » certaines activités pour se motiver à se dégoogliser. Nous serons là pour les accompagner et continuer à porter le message à qui veut l’entendre.
Bilan humain
À l’heure où nous écrivons (fin octobre 2022), il est trop tôt pour faire le bilan de la sortie de Gmail. Nous comptons d’ailleurs envoyer un nouveau questionnaire dans quelques mois qui nous permettra d’y voir plus clair. Mais nous pouvons d’ores et déjà dire que ce fut clairement l’étape la plus compliquée de la dégooglisation.
Sortir d’un logiciel fonctionnel, performant et joli est forcément compliqué quand on migre vers un logiciel aux logiques différentes (logiciel bureau VS web par exemple) et qui souffre de la comparaison au premier abord. Pour compenser cela, nous avons fait le choix de dédier beaucoup de temps humains (nombreuses formations par mini groupes ou en individuels, réponses rapides aux questions posées) et beaucoup de documentations et de partage de retour d’expériences.
La sortie de Google Drive et Google Agenda furent relativement douces et moins complexes que Gmail. Le logiciel Nextcloud étant assez mature pour assurer un changement plutôt simple et serein.
Ça paraît simple une fois énoncé, mais plus les gens travaillent avec un outil (Google par exemple), plus il sera difficile de les amener à changer facilement d’outil.
Conseil n°5 : Dans la mesure du possible, la meilleure des dégooglisation est celle qui commence dès le début, par l’utilisation d’outils Libres. En 2022, quasiment tout logiciel a son alternative Libre mature et fonctionnel. Si ce n’est pas possible, dès que les moyens humains sont disponibles et que la majorité le veut, envisagez votre dégooglisation ?
À Grap, il existe une certaine culture politique de compréhension autour des enjeux du logiciel libre et des GAFAM. Cela nous a aidé. Et cela nous parait quasiment obligatoire avant d’envisager une dégooglisation. Car c’est un processus long où l’on a besoin du consentement – au moins théorique – des gens impactés pour que celleux-ci acceptent de se former à de nouveaux outils, s’habituer à de nouvelles habitudes etc.
Conseil n°6 :avant d’entamer une dégooglisation, faire monter en compétences votre groupe sur les sujets autour du Logiciel Libre et des enjeux des Gafam à travers des projections de films par exemple. Voici un récap de quelques ressources.
Bilan technique
Voici nos choix de logiciels pour notre dégooglisation :
Nextcloud pour la gestion documentaire et le travail collaboratif (agenda, visio, gestion de tâches)
complété par Onlyoffice avec une image Docker sans limitation d’usage (pendant 2 ans l’image nemskiller007/officeunleashed puis désormais alehoho/oo-ce-docker-license)
sauvegarde quotidienne par le logiciel de sauvegarde Borg
BookstackApp et Peertube pour la documentation écrite et vidéo
Meshcentral pour la prise en main à distance d’autres ordinateurs
Gandi pour le prestataire de mails
Thunderbird pour le logiciel bureau pour gérer ses mails (et K9Mail sur téléphone)
Voici nos choix d’infrastructure :
OVH et Online pour la location de serveurs faisant tourner ses services (choix historique)
1 serveur dédié Nextcloud Test en miroir du Nextcloud
1 serveur de sauvegarde (mutualisé avec d’autres services de la coopérative)
1 serveur dédié à différents services (Peertube, Meshcentral, Bookstackapp)
Bilan économique
Pour calculer le coût économique de notre dégooglisation commencé en 2018, voici les chiffres retenus.
☀️ Le scénario « Dégooglisation » est celui réellement effectué depuis 2018.
Son coût comprend :
le temps de travail du service informatique, découpé en
l’aide au collègue habituelle : qui subit une augmentation du fait de l’internalisation de certaines questions, notamment avec le changement de Gmail à Thunderbird
le support et administration système des services :
toutes les recherches techniques (comment bien gérer les installations, sauvegardes etc.)
toutes les questions / réponses par mail et téléphone
le « temps de dégooglisation » qui correspond
les temps d’écriture de documentation et de formation
les mails d’annonce, de relance, de re-re-relance 😉
le coût des serveurs informatiques pour faire tourner les logiciels remplaçant les services Google et Teamviewer
🤮 À l’opposé, le scénario Google comprend :
le temps de travail du service informatique sur l’aide au collègue – accès stable dans le temps – qui augmente par le nombre de gens dans l’équipe, mais diminue par notre appropriation des logiciels, améliorations de l’existant, documentation etc.
la facturation des comptes Google Workspace
stable depuis 2018, Google a annoncé cet été l’augmentation de ces prix. Les pauvres n’ont eu que 6% de croissance en 2022 avec 14 milliards de dollars de bénéfices. Passant donc les comptes pro de 4€ à 10,40€/mois à partir de juin 2023.
la facturation hypothétique (car elle n’a jamais eu lieu) de Teamviewer Pro
En effet, jusqu’à juin 2019, nous utilisions Teamviewer pour aider les activités de la coopérative à distance. Mais notre utilisation intensive ne rentrait plus dans la version gratuite et Teamviewer nous bloquait l’usage du logiciel pour que l’on souscrive à leur abonnement.
Heureusement, nous sommes passés sur des logiciels auto-hebergés et libre : RemoteHelp (un logiciel libre abandonné depuis) puis en décembre 2020 sur Meshcentral.
En prenant en compte ces données, le scénario « Dégooglisation » finit par devenir moins cher que le scénario « Google ».
Pour le coût mensuel, cela arrive dès septembre 2022 (quasi à la fin de la sortie de Gmail donc) ! 🎉
Pour le coût cumulé, cela devient rentable deux ans après, en septembre 2024 ! 🎉
Ces chiffres s’expliquent par :
le coût important au démarrage de la sortie de Google Drive
128h passées sur les 5 premiers mois pour valider la solution Nextcloud
un temps de support / administration système pour Nextcloud qui baisse progressivement
passant de 14h mensuels en 2019, à 9h en 2020, à 5h en 2021, à 3h en 2022
le prix de Google qui aurait augmenté (mais on y a échappé avant, ouf !)
Bilan politique
Nous sommes fièr·es en tant que coopérative de porter concrètement nos valeurs dans le choix de nos logiciels qui sont plus que de simples outils.
Ces outils sont porteurs de valeurs démocratiques très fortes. Nous ne voulons pas continuer à engraisser Google – et autres GAFAM – de nos données privées et professionnelles qui les revendent à des entreprises publicitaires et des états à tendance anti-démocratique (voir les révélations Snowden, le scandale Facebook-Cambridge Analytica). Cela est en contradiction avec ce que nous prônons : la coopération, de l’entraide et le lien humain.
Nous avons besoin d’outils conviviaux, modulables et modifiables selon qui nous sommes. Nous avons besoin de pouvoir trifouiller les outils que nous utilisons, comme nous pouvons trifouiller un vélo pour y réparer le frein ou y rajouter un porte-bagages. Des outils émancipateurs en somme, qui nous empouvoire et ne rendent pas plus esclave de la matrice capitaliste.
Notre démarche n’aurait pas pu avoir lieu sans le travail et l’aide de millions de personnes qui ont construit des outils Libres, des documentations Libres, des conférences et autres vidéos Libres. Elle n’aurait pas eu lieu non plus sans l’inspiration de structures comme Framasoft ou la Quadrature du Net. Merci.
🍎 La route est longue, la voie est libre, et sur le chemin nous y cueillerons des pommes bios et paysannes. 🍏
Encore un grand merci aux informaticiens du GRAP pour leur travail de documentation sur cette démarche. D’autres témoignages de Dégooglisation ont été publiés sur ce blog, n’hésitez pas à prendre connaissance. Et si vous aussi, vous faites partie d’une organisation qui s’est lancée dans une démarche similaire et que vous souhaitez partager votre expérience, n’hésitez pas à nous envoyer un message pour nous le faire savoir. On sera ravi d’en parler ici !
La dégooglisation du GRAP, partie 2 : Au revoir Google Agenda et Gmail
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On vous a partagé la semaine dernière la première partie de la démarche de dégooglisation du GRAP qui vous invitait à découvrir comment iels avaient réussi à sortir de Google Drive. Voici donc la suite (mais pas la fin) de ce récit de dégooglisation qui nous permet de prendre conscience que ce n’est toujours facile de sortir des griffes de ces géants de la tech. Bonne lecture !
Dans l’épisode précédent…
En janvier 2020, après plus d’un an à avoir pris la décision de passer sur Nextcloud en remplacement de Google Drive, la migration était officiellement finie ! Mais voilà, nous passions encore pas mal de temps à ouvrir un onglet Google pour consulter nos agendas, ainsi que nos mails pour les personnes utilisant Gmail en ligne.
/2021/ Fini Google Agenda, go Nextcloud Agenda
Fin septembre 2020, nous décidons collectivement de passer sur l’agenda Nextcloud. Nous nous laissons 3 mois pour commencer l’année 2021 sur le nouvel outil. Quelques personnes (notamment le pôle informatique) vont alors tester en conditions réelles Nextcloud Agenda.
Le challenge est sympa car nous décidons de faire ça en pleine migration d’Odoo de version 8 à la version 12, qui est le résultat de pas moins de 1000 heures de temps de travail et 294 tests de non régression.
L’export de données de Google Agenda se passe relativement bien, et l’import sur Nextcloud Agenda aussi. Les seuls soucis viennent de soucis d’exportation d’évènements récurrents du côté Google. On demande alors de recréer ces évènements du côté de Nextcloud Agenda.
Début 2021, la migration n’est pas possible pour trop de monde dans l’équipe : nous décidons de nous donner du mou et de fixer une date de bascule au 29 mars 2021 après que certains temps collectifs soient passés (l’assemblée générale notamment).
Une procédure est écrite pour que chaque personne s’autonomise dans sa migration, mais la majorité de la migration se fait collectivement à la date choisie du 29 mars :
export de l’agenda Google
import dans l’agenda Nextcloud
partage de son agenda au reste de l’équipe
(optionnel) synchronisation de l’agenda avec Thunderbird
création des agendas partagés pour les salles de réunion
Depuis avril 2021, nous sommes donc officiellement toustes sur Nextcloud Agenda.
L’application reçoit régulièrement des mises à jour porteuses de fonctionnalités bien chouettes (corbeille, recherche d’évènements, recherche d’un créneau de disponibilité), ou de corrections de bugs.
/2021-22/ La transformation complète : sortir de Gmail
Nous voilà arrivé·es à la dernière étape qui nous permet de sortir des outils Google pour l’équipage (nouveau nom de l’équipe interne). La plus dure. Même si cette étape ne concerne « que » les membres de l’équipage, cette transformation fut la plus longue à mener.
Pourquoi ? Parce que :
le mail est l’outil principal de la majorité des salarié·es de l’équipe qui l’utilisent toute la journée
Gmail est très performant, notamment dans la recherche de mail
certain·es personnes ont jusqu’à 10 ans d’habitudes de travail avec Gmail
D’ailleurs, on l’a constaté empiriquement, les personnes les plus anciennes de Grap furent les personnes les plus compliquées à faire transiter. Autant du point de vue technique (transférer 10 ans de mail est forcement plus compliqué que pour une personne arrivée récemment) que des habitudes prises sur le logiciel.
Conseil n°1 : plus on s’y prend tôt à se dégoogliser, moins ça sera compliqué dans la conduite du changement de logiciel.
🌱 Été 2021 – Trouver la solution technique remplaçante
Nous travaillons avec Gandi pour la majorité des activités de Grap afin de gérer leur nom de domaine et leurs mails. Pourquoi Gandi ?
Gandi est engagé depuis longtemps dans le respect de la vie privée
Gandi est une entreprise qui roule à priori bien sur laquelle on peut compter sur la durée
Gandi a un support de qualité qui répond rapidement à toutes nos demandes (et ce fut bien utile lors des moments de doute technique pour cette dégooglisation)
Gandi est une entreprise française qui paye à priori ses impôts en France 😉
Thunderbird va être notre pierre angulaire pour cette dé-gmail-isation. Autant pour permettre le transfert des mails de Google à Gandi, que pour travailler ses mails pour la suite. Ce fut une évidence de partir sur Thunderbird au début.
Ce logiciel libre est complet. Peut-être même trop complet, ce qui rend son ergonomie critiquable.
Ce logiciel est aussi assez ancien, ce qui lui donne une bonne robustesse. Peut-être trop ancien, ce qui rend son ergonomie critiquable 😉
Ce logiciel a une communauté importante qui développe de très nombreux modules complémentaires(à voir ici) qui viennent se greffer à Thunderbird pour apporter une myriade de possibilités.
Quelques mois plus tard, après la prise en main de certain·es utilisateur·ices, et de leur critique légitime, on s’est senti obligé de réaliser un banc d’essai (benchmark), qui validera définitivement ce choix.
Le benchmark pour choisir notre logiciel de bureau pour la gestion des emails
Les critères suivants ont été retenus :
logiciel libre
fonctionne sur Linux Ubuntu et Windows
communauté vivante et grande
modèle économique viable
installation simple
rempli les fonctionnalités de base demandées par les collègues (voir plus tard dans le texte)
🌿 Automne 2021 – Identifier les besoins et fonctionnalités utilisées
Pour être certain de pouvoir sortir de Google, il faut s’assurer que les collègues vont retrouver leurs petits, ou que l’on assume collectivement que l’on perdra des usages / fonctionnalités en passant sur Thunderbird.
Pour cela, nous envoyons un sondage qui nous permet d’y voir plus clair sur les fonctionnalités utilisées par l’équipe pour ajuster nos formations, documentations et recherches de modules complémentaires dans Thunderbird.
Réponse à la question « Quelles fonctionnalités mail utilises-tu actuellement ? »
Réponse à la question « Quelles fonctionnalités mail AIMERAIS-tu découvrir ou utiliser ? »
Sur la question « Sur une échelle de 0 à 6, est-ce que tu souhaites être précurseur·se de ce changement ? (0 : non / 6 : trop chaud·e)« , la moyenne et la médiane est à 3,5. Les gens sont donc.. moyennent chaud·es en général !
⚠️ Voici les points les plus bloquants pour un passage sur Thunderbird selon notre analyse :
les mails ne sont pas gérés sous la forme de fils de conversation
la recherche Thunderbird est laborieuse et pas aussi précise et rapide que Gmail
la peur de perdre des mails anciens
l’ergonomie de Thunderbird, notamment la différence de fluidité par rapport à une page web comme Gmail
Pour réussir ce changement de logiciel, il faut que les étapes soient claires et transparentes pour les utilisateur·ices. Cela leur permet de se projeter : « ok dans 6 mois / 1 an je change d’outil et je sais à peu près ce qui m’attend ! ».
Après ce premier sondage, un calendrier a donc été partagé, indiquant les différentes dates menant à la dégooglisation de tout le monde.
🪴 Automne – Hiver 2021 – Formation et Documentation Thunderbird
4 personnes sur 20 utilisent déjà Thunderbird. Pour les 16 autres, nous prévoyons d’étaler les formations par petits groupes sur 3 mois : les personnes les plus intéressées commencent dès mi-octobre, et les personnes les plus frileuses seront formées en janvier, ce qui nous laissera le temps d’avoir des retours, d’ajuster la formation et la documentation.
Ce travail de plusieurs mois va être itératif : chaque formation apporte son lot de questions, ou de bugs, ou de besoins qu’il faut alors documenter et faire repartager à tout le monde. De nombreux points mails (ou des messages informels) sont envoyés à l’équipe pour leur faire part des retours, de l’avancée et des nouveaux modules complémentaires ou paramétrages trouvés pour faciliter l’utilisation de Thunderbird.
🙊 Une difficulté anticipée mais relou : le lien Thunderbird – Gmail
Thunderbird a des défauts indéniables. Mais dans cette dégooglisation, on n’est pas aidé par Gmail qui aime bien avoir des comportements… embêtants. Une de ses particularités est le traitement des mails dans un dossier appelé « Tous les messages ». Pour citer la doc officielle de Thunderbird :
Tous les messages : contient une copie de tous les messages de votre compte Gmail, en incluant le dossier « Courrier entrant », le dossier « Envoyé » et les messages archivés.
Donc si vous avez 10 000 messages entrants et sortants, Thunderbird va télécharger 20 000 mails. Sachant qu’on retrouve tous ses mails dans Courrier entrant et Envoyés, ce dossier ne sert donc à rien. Après plusieurs semaines d’utilisation, et certains ralentissements au lancement de Thunderbird, nous avons fini par conseiller aux gens de se désabonner de ce dossier.
☘️ Avril 2022 – Premier bilan et questionnement technique
Le calendrier des formations a été quasiment tenu. C’est seulement en janvier que certaines formations n’ont pas eu lieu, du fait de difficultés professionnelles rencontrées dans certains pôles de l’équipe. Il ne restait alors que 2 personnes à former.
Mais entre temps, Quentin qui est responsable de cette dégooglisation, est parti en congés sans solde en février-mars. La décision avait été prise de ne pas se presser avant son départ et de faire le point en avril, nous y voilà.
2 personnes non formées en janvier + 2 arrivées
Certaines personnes de l’équipe n’ont pas pris le pli et sont revenues un peu / beaucoup sur Gmail
Un tableau partagé a fait remonter les problèmes soulevés :
La plupart peuvent être réglés par contournement ou par une meilleure documentation.
s’interroger sur pourquoi certaines personnes n’ont pas pris le pli
demander l’avis des membres de l’équipe sur Thunderbird et la dégooglisation en cours
faire un benchmark des solutions (voir si Thunderbird est vraiment le cheval gagnant)
s’assurer et valider le processus technique de bascule qu’il faudra faire (le voici)
prendre une décision lors de notre comité de pilotage informatique qui arrive
Conseil n°2 :Nous prenons aussi la décision que Quentin ne soit pas le seul porter ce projet. Il ressent une charge mentale et une certaine pression à gérer les retours des personnes en difficulté. Pour ne pas non plus tomber dans une posture de l’informaticien libriste qui impose le choix, et pour bien affirmer que nous prenons des choix collectivement, nous allons dé-personnifier le projet. Désormais le travail sera soutenu et partagé avec Sandie, et les mails signés par le pôle informatique.
⚡ Mai 2022 – La recherche boostée à notre rescousse !
Enfin ! Nous avons trouvé un moyen de répondre aux soucis de recherche sur Thunderbird. Avec un habile mélange de dossier virtuel et d’un module complémentaire de recherche avancée, nous parvenons à lier rapidité et complexité de recherche !
🍀 Juin 2022 – Deuxième bilan : on y va, on sort de Google ?
Notre comité de pilotage ne prend pas une décision ferme. On continue juste à valider de travailler sur cette dégooglisation. En dehors de tous les aspects politiques, en sortant de Google, nous allons cesser de payer 2000€/an pour les comptes pros que nous avons, et c’est toujours ça de gagné dans un moment de crise économique !
Deux mois plus tôt, nous avions envoyé ce formulaire à l’équipe, commenté par cette phrase qui résume son intention « Vive le consentement, à bas la coercition 🌞 » pour prendre la température de l’équipe sur l’utilisation de Thunderbird. Voici notre analyse résumée des résultats :
🔴 les personnes n’ayant pas encore franchi l’étape Thunderbird sont :
une grande partie d’un pôle en surcharge
les « ancien⋅nes » qui sont là depuis longtemps
🔴 les difficultés principales vis-à-vis de l’outil sont :
la recherche de mail
le changement d’usage ergonomique
des problèmes liés à la connexion avec Google
des besoins spécifiques non fonctionnels (invitation Outlook)
des problèmes spécifiques réglés depuis (soucis d’antivirus, paramétrage mail d’absence, etc.)
✅ l’équipe est chaude pour sortir de Google !
✅ l’équipe se sent bien accompagnée à ce changement.
☑️ une minorité de l’équipe (3~4 personnes) ne se sent pas sécurisée ou perd quelques minutes par jour à l’utilisation de Thunderbird. Ces 3~4 personnes se recoupent avec les personnes utilisant Gmail. Nous pensons qu’avec l’usage et les améliorations du logiciel, nous parviendrons à améliorer ça.
⭕ les personnes revenues sur Gmail l’expliquent par :
de travailler sur la solution d’application smartphone adéquate pour sortir de l’application Gmail
de redonner une formation aux 5 personnes qui n’ont pas fait le switch afin qu’elles y arrivent
de fixer la date de sortie de Google : cela sera la 1ère ou 2ème semaine d’août
de commencer à créer toutes les boîtes mails et redirections mails nécessaires
Conseil n°3 :Nous avions 17 boîtes mails à recréer et 80 redirections de mails assez complexes à réaliser. C’est un travail fastidieux qui demande de se concentrer pour ne pas louper un mail dans la redirection mail créée. Car non, il n’existait pas d’export Google des « groupes Google » que nous utilisions. Le conseil est donc le suivant : partagez le travail 🙂 Merci Sandie pour ce gros taf !
🚀 Juillet 2022 – la bonne nouvelle : Thunderbird s’améliore
Alors que nous venions de fixer le créneau de départ de Google (début août), Thunderbird sort sa dernière version (la 102), le 29 juin. Cette version apporte de très nombreuses améliorations ergonomiques, rendant le logiciel bien plus agréable à utiliser. Et quand on utilise un logiciel toute la journée, ce n’est pas un petit détail que de pouvoir modifier la taille d’affichage, la taille de police, les couleurs des dossiers mails ou encore une gestion des contacts totalement re-désignée. Leur annonce officielle ici.
Et les bonnes nouvelles s’enchaînent :
Thunderbird annonce rejoindre le projet K-9 Mail pour une application libre sur Android qui va donc s’améliorer encore plus vite !
une ergonomie qui s’améliore de jour en jour avec notamment l’affichage des mails sur plusieurs lignes
une synchronisation de son compte qui permettrait d’avoir deux Thunderbird sur deux ordis différents
🌸 Voici à quoi pourrait ressembler Thunderbird en mi-2023 🌸
🌲 9 Août 2022 – Le fil rouge sur le bouton rouge..
Depuis quelques mois, on discutait avec Gandi pour nous assurer que la procédure était la bonne. Quel plaisir d’avoir des gens qui répondent rapidement à ces demandes. Merci ! Nous étions donc plutôt prêts pour ce switch. Le mardi 9 août à 22h, alors que les collègues sont pour la plupart en vacances, on change les DNS du domaine grap.coop (DNS = règles techniques qui disent ce qui se passe avec grap.coop) pour débrancher Google et brancher Gandi.
Le mardi 9 août à 23h50, après quelques tests d’envoi et de réception de mails, j’annonce officiellement que tout semble fonctionner comme prévu. Les mails de Gandi partent bien. On reçoit bien les mails sur la nouvelle boîte mail. Le monde n’a pas cessé de tourner. Victoire !
Grap vs Google, allégorie
🙊 Une difficulté pas anticipée : l’envoi de mail par notre logiciel Odoo [tech]
En créant toutes les boîtes mails sur Gandi, nous nous étions rendu compte des cas particuliers (des personnes qui avaient un compte mail mais qui n’étaient pas ou plus dans l’équipe par exemple) mais ce n’est que tardivement qu’on a réalisé que la boîte mail serveurs <arobase> grap.coop servait de boîte d’envoi à l’ensemble des mails du logiciel Odoo utilisé par les 65 activités. Comment cela allait se comporter en passant chez Gandi ? Deux soucis sont encore en cours :
1 – L’usurpation d’identité
En fait, chaque activité envoie ses bons de commandes et factures depuis Odoo. Odoo utilise une seule boîte mail serveurs grap.coop mais lors de l’envoi, prend l’identité de l’activité qui envoie un mail.
Cette « usurpation d’identité » était bien acceptée car nous étions chez Google. Mais avec le passage chez Gandi, cette usurpation d’identité n’est plus acceptée par les boîtes mail à la réception si celles-ci sont chez Google.
L’activité a un mail d’envoi géré par Gandi → envoi par serveurs qui est géré par Gandi → OK
L’activité a un mail d’envoi géré par Google / OVH / Ecomail etc. → envoi par serveurs qui est géré par Gandi → NOK si à la réception la personne utilise Google.
La solution future : améliorer l’envoi de mail sur Odoo pour que chaque activité puisse envoyer avec les informations de sa vraie boîte mail.
2 – Les mails envoyés par les serveurs <arobase> grap.coop ne sont pas automatiquement enregistrés dans le dossier Envoyés
À priori, l’envoi de mail n’est pas totalement bien développé et il manque quelques informations dans le mail pour que celui-ci soit bien mis dans le dossier Envoyés.
Mais avec Google, cela fonctionnait. Il devrait réussir à comprendre qu’un mail partait de sa boite mail, et il le plaçait le mail dans le dossier Envoyés. Ce qui était pratique pour vérifier que le mail était bien parti.
La solution future : améliorer l’envoi de mail sur Odoo pour que le mail arrive dans le dossier Envoyés.
🙊 Un comportement pas anticipé : Google, le mort-vivant
Malgré la déconnexion technique du nom de domaine grap.coop avec Google, il était encore possible de se connecter à Gmail et d’envoyer des mails. Alors certes, les réponses n’arrivaient plus sur Gmail, mais cela permettait encore aux irréductibles de résister au changement ! 😛
Surtout, même après avoir supprimé le compte Google sur Thunderbird (n’ayant alors que le compte Gandi), un paramétrage technique (le serveur SMTP d’envoi) faisait que les mails envoyés l’étaient par le serveur Google.
Donc au moment de la suppression réelle du compte Google, l’envoi par Thunderbird était bloqué. Ce n’est pas un gros souci, mais nous avons documenté le petit changement à faire.
🐢 Septembre 2022 – La fin de la route est longue, mais la voie est libre
Après la dégooglisation technique, place à la dernière étape, supprimer réellement les comptes Google. Chaque personne devait suivre un tutoriel nommé « Google débranché 💃🕺 La suite ✌️ » comportant ces étapes :
🧹 Nettoyer derrière soi
🚪 Fermer la porte
🔧 S’assurer que l’on envoie ses mails avec les bons paramétrages
🫑 Embellir son nouveau jardin
📫 Découvrir le webmail (logiciel en ligne) de Gandi
📱 Connecter son ordiphone
💥 Quitter définitivement Google
Il a fallu 2 mois pour que les 30 personnes concernées suivent réellement ce tutoriel – voire rattrapent leur « retard » pour sortir leur mail de Google. Ce fut l’une des étapes les plus chronophages en termes de relance, de suivi personnel, de questions / réponses, de gestion de cas particuliers (certaines personnes n’avaient pas pu transférer leur mail à cause d’une connexion Internet trop faible par exemple). C’est aussi à ce moment que l’on devait bien vérifier qu’aucune autre donnée n’était encore stockée sur Google Drive / Google Photos / Agenda etc., ce qui a ralenti quelques personnes.
Conseil n°4 : pour motiver chaque personne à passer le pas, communiquer de façon informelle et encourageante !
💀 Octobre 2022 – Au revoir Google, tu ne vas pas me manquer
Même si nous avons tout fait pour être coercitifs, certaines personnes ont besoin de date limite pour prioriser leur travail. Trois semaines avant, la date butoir du 07 octobre est donc fixée pour motiver les dernières personnes.
🎄 Novembre 2022 – Jusqu’au bout !
La première date butoir et les nombreuses relances n’ont pas suffi à faire remonter en priorité n°1 à tou·te·s les collègues de sortir de Gmail.
Comme nous ne sommes pas des grands méchants, et que nous comprenons les difficultés et calendrier de chacun·e, nous redonnons du rab : le mardi 23 novembre. La veille de la fête des 10 ans de Grap, cela semble une date symbolique et assez lointaine pour réellement partir. Pour de bon.
Le mardi 23 novembre, à 13h35, nous étions 5 à nous réunir autour d’un ordinateur, observant ce moment… un peu stressant, comme quand on part d’un lieu en espérant n’y avoir rien oublié. À 13h43, Google était derrière nous. ✊
To be continued…
Dans la troisième (et dernière) partie, nous continuerons notre récit de dégooglisation en faisant le bilan de cette démarche. A la semaine prochaine !
Si vous aussi, vous faites partie d’une organisation qui s’est lancée dans une démarche similaire et que vous souhaitez partager votre expérience, n’hésitez pas à nous envoyer un message pour nous le faire savoir. On sera ravi d’en parler ici !
La dégooglisation du GRAP, partie 1 : La sortie de Google Drive
On a donc sauté sur l’occasion lorsque le GRAP (Groupement Régional Alimentaire de Proximité), une coopérative réunissant des activités de transformation et de distribution dans l’alimentation bio-locale, a publié le récit de sa dégooglisation. Nous reproduisons ici ce long texte en trois parties pour vous partager leur expérience.
De 2018 à cette fin 2022, nous avons travaillé à Grap à notre dégooglisation. Nous vous proposons ce long texte en trois parties pour vous partager notre expérience.
Son premier intérêt est de laisser une trace du travail fourni et d’en faire le bilan.
Le deuxième intérêt est de partager cette expérience à d’autres structures qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure.
Nous partageons dans ce texte les processus mis en place, les différentes étapes de cette dégooglisation, les difficultés rencontrées et quelques conseils.
Pour toute question ou retour, vous pouvez contacter le pôle informatique de Grap : pole-informatique <arobase> grap.coop
Bonne lecture et longue vie aux outils numériques émancipateurs et Libres ! 🚲
Au début de Grap en 2012…
Il y a 10 ans, Grap naissait en tant que SCIC – Société Coopérative d’Intérêt Collectif. En 2012 est écrite une 1ère version du préambule des statuts qui décrit l’intérêt collectif qui réunit les associé·e·s de la SCIC. Ce préambule présentait alors que Grap aller « Contribuer au développement d’activités économiques citoyennes et démocratiques, c’est-à-dire […] travaillant dans une logique de partage des savoirs, en phase avec la philosophie Creative Commons ».
Cette 1ère référence au monde du Libre est complétée et enrichie 5 ans plus tard à l’occasion d’une révision du préambule des statuts, en 2017. Désormais le préambule des statuts indique que Grap entend :
Contribuer au développement d’activités économiques citoyennes et démocratiques […] promouvant l’économie des biens communs, c’est à dire :
Travailler dans une logique de partage des savoirs, en phase avec la philosophie Creative Commons
Promouvoir, contribuer et utiliser des logiciels libres au sens de la Free Software Foundation ; minimiser l’utilisation de logiciels sous licences privatives
Promouvoir, contribuer et utiliser des solutions informatiques qui n’exploitent pas de façons commerciales les données des utilisateurs et qui respectent leurs vies privées
Notre démarche de dégooglisation s’inscrit donc dans la continuité des choix politiques portés par les associé·e·s de la coopérative depuis sa création. Par dégooglisation, nous entendons ici le remplacement des logiciels propriétaires – qu’ils soient détenus par les GAFAM ou non – par des logiciels Libres.
Dès le début, il est décidé d’internaliser une partie de l’informatique au sein de l’équipe qui rend les services aux activités de la coopérative. [À Grap, nous utilisons le terme d’activité pour désigner les entreprises associées à Grap et les activités économiques de la Coopérative d’Activités et d’Emploi]. La majorité du temps informatique sera dédié au développement du progiciel libre OpenERP (nommé désormais Odoo) pour gérer la première activité d’épicerie (3 P’tits Pois à Lyon) de la coopérative.
Par pragmatisme économique et choix stratégique, les autres outils de la coopérative ne sont pas choisis par le critère de logiciel Libre ou non. Ainsi, la coopérative va utiliser Google Drive, Google Mail, Google Agenda, et aussi d’autres logiciels spécifiques comme EBP pour la compta ou Cegid Quadra pour la paie.
2018-2020/ Sortir de Google Drive pour Nextcloud
Après le départ d’un des cofondateurs et d’un informaticien en 2014, le service informatique va fonctionner avec 1 seule personne jusqu’à fin 2017. Sylvain Le Gal va alors consolider le périmètre existant (gestion d’une eBoutique, développements spécifiques à l’alimentaire dans OpenERP, connexion avec des balances client·es et migration de OpenERP 7.0 à Odoo 8.0).
Fin 2017, l’embauche de Quentin Dupont permet de gagner en temps de travail disponible et d’agrandir le périmètre des services du pôle informatique.
🌻 L’été 2018 pour valider l’alternative à Google Drive
Le choix du logiciel remplaçant se fait très facilement : Nextcloud est LA solution Libre qui s’impose autant par sa prise en main relativement simple pour des utilisateur·ices de tout niveau, que par l’engouement de sa communauté et son administration alors maîtrisée par le pôle informatique.
Il faut quand même s’assurer que toutes les fonctionnalités utilisées actuellement trouvent leur équivalent. Grâce aux différentes applications existantes sur Nextcloud, les différents besoins se retrouvent bien couverts.
🌸 À l’automne 2018, on prend la décision de sortir de Google Drive
Un changement de logiciel peut être l’occasion de revoir ses pratiques. Nous en profitons pour revoir notre arborescence de fichiers et de dossiers. Nous créons alors :
Un compte Nextcloud par :
personne physique de l’équipe interne
personne physique des activités qui ont des mandats particuliers (administrateur·ice au CA par exemple)
activité de la coopérative (donc par « personne morale ») et non pas par personne physique de la coopérative pour différentes raisons :
de nombreuses activités partagent réellement leurs ordinateurs tout au long de la journée
aucun intérêt à ce que chaque personne ait son compte, cela rajouterait une dose énorme de suivi de création de compte, de support, etc.
ce choix vient avec une limite : l’accès aux documents personnels avec le pôle social n’est pas possible
Un « groupe » Nextcloud pour chaque groupe autonome
un groupe par pôle de l’équipe interne
un groupe par mandat : DG, CA
un groupe par activité de la coopérative – regroupant le compte de la personne morale + les comptes des personnes physiques de cette activité qui ont des mandats particuliers.
Des dossiers communs pour travailler collaborativement
entre pôles de l’équipe
entre membres de la coopérative
entre mandataires (DG ou CA)
La structure de dossiers présentée en nov. 2018 et qui est en place depuis.
Avec Nextcloud, nous avons donc pu créer une architecture plutôt simple pour les utilisateur·ices mais permettant de répondre aux complexités du travail collaboratif entre des profils bien différents.
Grâce aux droits d’accès paramétrables finement, le Nextcloud permet ainsi d’offrir plus de transparence et de collaboration dans la coopérative, que ce soit par les dossiers partagés totalement ou, à l’inverse, les dossiers dont l’accès n’est possible qu’en lecture sans possibilité de modifier.
💮 2019 – 2020 : la dégooglisation de 150 personnes dans 50 activités
Google Drive n’est pas seulement utilisé par l’équipe interne. L’outil est partagé à l’ensemble de la coopérative. C’est à dire à une cinquantaine – à l’époque – d’activités indépendantes, allant de l’entrepreneuse seule à la petite équipe de 10 personnes.
Il faut donc embarquer tout le monde dans ce changement.
Politiquement/théoriquement pas de soucis. Les méfaits de Google sont connus de la majorité des gens et théoriquement, nous n’avons jamais eu de désaccords sur l’idée de sortir de Google Drive.
En pratique, Google Drive s’avère être plutôt lourd à l’utilisation, pas bien maîtrisé ni maîtrisable, surtout concernant la gestion des partages qui est un véritable enfer (« Qui est le fichu propriétaire de ce fichier dont le propriétaire originel est parti de la structure / n’a plus de compte Google ? »).
En allant sur Nextcloud, nous allions maîtriser – et donc être responsables – des données de la coopérative, nous allions retrouver de la souveraineté et de la compétence sur le sujet.
Au printemps 2019, nous changeons aussi d’outil de documentation. Pour sa simplicité d’utilisation et son ergonomie générale, nous choisissons le logiciel Libre BookstackApp. Depuis, notre librairie tourne toujours aussi bien et héberge notre documentation informatique mais aussi toute la documentation stable de la coopérative.
💩 Une première difficulté : l’export des données de Google
L’export fut en effet très compliqué, trop compliqué pour un logiciel conçu par l’une des entreprises les plus puissantes au monde. L’export des données d’un Google Drive (à l’époque en tout cas) est extrêmement long et très peu sécurisant : Google fournit l’export en archives coupées en plusieurs parties (du style « ARCHIVE-PART01 » « ARCHIVE-PART02 »), archives dont une partie… pouvait être manquante (ex : on a la partie 01, 02, 04, 05 mais pas la partie 03), nécessitant de refaire un export entier.
Nous avons donc passé de nombreuses heures à exporter les données, puis nous les avons sécurisées sur un disque dur externe, avant de les envoyer sur notre Nextcloud.
🚀 Et tu formes formes formes, c’est ta façon d’aimer
Pour réussir à dégoogliser la coopérative, pas de miracle, on a enchaîné la formation des activités une à une, en mutualisant des formations par territoire géographique.
Chaque formation durait environ 1h30. En 2019, nous avons passé environ 150 heures de travail à la formation, l’accompagnement et la documentation de cette étape de dégooglisation (+ les heures techniques, voir bilan financier à la fin de ce récit). L’ensemble de la documentation – qui est un travail continu – est consultable ici : https://librairie.grap.coop/books/nextcloud
En janvier 2020, soit plus d’un an après la décision de passer sur Nextcloud, la migration était officiellement finie ! 🎉
🙊 Une difficulté pas anticipée : les limitations d’Onlyoffice pour les commandes groupées
Tout allait bien dans la dégooglisation progressive de la coopérative. Au cours de l’année 2019, la moitié de la coopérative utilise désormais Nextcloud au lieu de Google Drive !
Un des avantages de la coopérative pour les activités est de pouvoir mutualiser de nombreux sujets. Un de ces sujets est l’approvisionnement en produits artisanaux en circuits courts grâce à une logistique interne – Coolivri. Cette logistique s’appuyait à l’époque sur un GROS fichier tableur en ligne sur Google Drive.
Le 2 août 2019, une première commande groupée d’oranges et d’agrumes est lancée sur le Nextcloud et toutes les prochaines commandes groupées vont débarquer sur le Nextcloud, géré par l’application Onlyoffice.
Et c’est vers cette période que l’on se rend compte que l’application disponible d’Onlyoffice a une limitation : pas plus de 20 personnes connectées simultanément sur l’ensemble des fichiers collaboratifs du nuage ! À l’époque nous devions avoir une soixantaine d’utilisateur·ices et une équipe interne qui l’utilise toute la journée : ce n’était pas tenable.
Cette limitation n’est pas technique, mais bien un choix délibéré de l’entreprise développant le logiciel pour amener à payer une licence permettant d’accéder au logiciel sans limitation. Un modèle freemium en soi. Cette question du modèle économique et de ce qu’est un « vrai » logiciel libre est bien sûr compliqué, et amènera de nombreux débats dans les forums de discussion de Nextcloud.
Fin 2019, nous nous questionnons réellement sur le fait de payer cette licence (coût à l’époque : ~1500€ en une fois pour 100 utilisateur·ices simultanées).
Après avoir écumé les Internets, contacté toutes les structures amies qui auraient la même problématique, la solution vient finalement de la communauté elle-même qui est partagée sur le fait de contourner cette limitation qui constitue le modèle économique de l’entreprise développant Onlyoffice. Un développeur bénévole a réussi à reproduire le logiciel (légalement car le logiciel est Libre) en enlevant cette limitation !
Depuis, nos commandes groupées ont été rapatriées sur Odoo grâce à un gros développement interne, en faisant un outil beaucoup plus résilient et solide. Et nous continuons d’utiliser Onlyoffice dans des versions communautaires trouvées par ci par là.
Google en 2022 s’inquiète 😉
To be continued…
Dans la seconde partie, nous continuerons notre récit de dégooglisation, nous permettant de nous débarrasser de Google Agenda puis du mastodonte.. Gmail !
Si vous aussi, vous faites partie d’une organisation qui s’est lancée dans une démarche similaire et que vous souhaitez partager votre expérience, n’hésitez pas à nous envoyer un message pour nous le faire savoir. On sera ravi d’en parler ici !
#Framastats – Framasoft en chiffres, édition 2022
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Vous aimez les chiffres ? Ça tombe bien, nous aussi ! Framasoft sert à combien de personnes ? Combien de Framadate, Framapads, d’emails envoyés par Framalistes ?
« Collectivisons Internet / Convivialisons Internet 🦆🦆 »Les actions de notre nouvelle feuille de route étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet sur le site Soutenir Framasoft.
Framasoft est en campagne de dons pour pouvoir vous offrir de nouveaux services et maintenir l’existant. Vous trouverez plus d’explications dans cet article bilan :
Mais au fait, Framasoft : ça donne quoi en chiffres ?
L’idée de cet article n’est pas (que) de montrer qu’on a de gros bras.
Mais aussi qu’on est peut-être légitimes à accueillir vos dons. Non pas parce qu’on les mériteraient plus qu’une autre asso, mais parce qu’un tel résultat ne peut s’obtenir qu’avec beaucoup de temps, d’énergie, voire d’amour ❤️
Vous pouvez aimer ou pas ce que Framasoft fait, mais en (presque) toute objectivité, pour une micro-asso francophone, on pense qu’on peut être fier⋅es du travail accompli cette année !
Framasoft souhaite, dans les années à venir, continuer à vous outiller numériquement, vous aider à développer vos compétences collaboratives et coopératives afin de transformer le monde.
Notre budget 2021, c’est (on a arrondi, mais nos rapports financiers et d’activités sont publiés ici) 640 000 € de dépenses, financées par les dons (à 98,5 %) avec 80 000 € de dons de fondations (NLnet, Fondation pour le Progrès de l’Homme), cela signifie que 86 % des dons qui ont financé notre année viennent… de vous !
À Framasoft, nous sommes fiers de ce modèle solidaire où les dons de quelques milliers de personnes permettent à plus d’un million de bénéficier de tout ce que l’on fait. Rappelons d’ailleurs que Framasoft est reconnue d’intérêt général. Ainsi, un don de 100 € revient, après déduction fiscale, à 34 € pour les contribuables de France.
À l’heure où nous publions ces lignes, nous estimons qu’il nous manque 39 100 € pour boucler notre budget annuel et nous lancer sereinement dans nos actions en 2023.
Si vous le pouvez (eh oui, en ce moment c’est particulièrement compliqué), et si vous le voulez, merci de soutenir les actions de notre association.