Où est le bouton « J’aime pas » Facebook ?

ZuckRépondons sans attendre à la question du titre. Vous trouverez la version française du bouton « J’aime pas » Facebook, ci-dessous, sur le Framablog ! Explications…

Il aurait pu faire comme Le Monde et désigner Julian Assange mais non, le célèbre hebdomadaire américain Time Magazine a choisi le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg comme Personnalité de l’année 2010.

Et cette décision est restée un peu en travers de la gorge de la Free Software Foundation, qui du coup vous propose une contre-offensive en détournant ce pernicieux espion traceur que représente le bouton Facebook « J’aime », qui pullule déjà sur d’aussi naïfs que nombreux sites.

Bouton que notre ami Poupoul2 s’est fait un plaisir d’adapter à notre langue et que vous trouverez en pièce-jointe (au format .SVG) à la fin de la traduction du billet de la FSF expliquant et justifiant cette action.

À partager et diffuser sans modération si affinités dans la démarche.

J'aime pas Facebook

Mark Zuckerberg, personnalité de l’année selon TIME Magazine ? Où est le bouton « J’aime pas » ?

Mark Zuckerberg is TIME Magazine’s Person of the Year? Where’s the “dislike” button?

Matt Lee et John Sullivan – 4 janvier 2011 – FSF.org
(Traduction Framalang : Julien et Antistress)

TIME Magazine fait l’éloge de Mark Zuckenberg pour avoir créé un système qui a interconnecté les gens du monde entier.

Malheureusement, les conditions sous lesquelles il prétend avoir réalisé cela a créé un épouvantable précédent pour notre avenir — s’agissant de la maîtrise des logiciels que nous utilisons pour interagir avec les autres, du contrôle de nos données et de notre vie privée. Les dégâts ne sont pas limités aux utilisateurs de Facebook. Parce que tant de sites — y Compris TIME — utilisent le bouton Facebook « J’aime » de traçage des internautes, Zuckerberg, est capable de collecter des informations sur des personnes qui ne sont même pas utilisatrices de son site. Ce sont des précédents qui entravent notre capacité à nous connecter librement les uns aux autres. Il a créé un réseau qui est avant tout une mine d’or pour la surveillance gouvernementale et les annonceurs publicitaires.

Tout cela est bien connu s’agissant du comportement du site Facebook lui-même et de ses relations avec l’extérieur — mais les choses pourraient s’avérer en fait bien pires. Les utilisateurs de Facebook ne se connectent pas directement entre eux. Ils parlent à M. Zuckenberg qui commence par enregistrer et stocker tout ce qui est dit, et, alors seulement, le transmet éventuellement à l’utilisateur destinataire, si ce qui est dit lui convient. Dans certains cas, il ne le fait pas — comme en sont témoins les récents comptes-rendus montrant que le service de messagerie de Facebook bloque des messages en se basant sur les mots et liens qu’ils contiennent, parce que ces liens pointent vers des services que Facebook préférerait que l’on évite de mentionner.

Heureusement, il y a de nombreux efforts en cours pour fournir des services distribués, contrôlés par l’utilisateur, permettant de faciliter la mise en relation entre les gens, dont GNU social, status.net, Crabgrass, Appleseed et Diaspora. Ces services n’auront pas les mêmes types de problèmes parce qu’à la fois le code permettant le fonctionnement du réseau et les données échangées seront entre les mains des gens qui communiquent.

Ces efforts finiront par être couronnés de succès. Nous espérons que, lorsque ce sera le cas, TIME réparera son erreur d’appréciation en décernant le titre de la Personnalité de l’année avec plus de discernement.

Not Facebooked Me - FSF

Copiez et collez ce code dans votre propre site :

<a href="http://www.fsf.org/fb"><img src="http://static.fsf.org/nosvn/no-facebook-me.png" alt="Not f'd — you won't find me on Facebook" /></a>

En attendant, vous pouvez encourager les gens à ne pas se connecter à Zuckenberg lorsqu’ils croient qu’ils se mettent en rapport avec vous, en plaçant ce bouton sur votre blogue ou site web, avec un lien vers la méthode que vous préférez qu’ils utilisent pour vous contacter directement — peut-être votre compte sur identi.ca ou tout autre serveur status.net.

Sinon, vous pouvez faire pointer un lien vers ce billet ou tout autre article qui souligne les problèmes avec Facebook, tel que « Des amis tels que ceux-ci… » (NdT : dont il existe une traduction en français) de Tom Hodgkinson, ou les ressources disponibles sur http://autonomo.us — en particulier la « Déclaration sur la Liberté et les Services Réseaux de Franklin Street » (NdT : nommée d’après l’adresse des bureaux de la FSF à Boston).

Notre bouton n’est évidemment pas relié à une quelconque base de données de surveillance ou autre système de traçage.

Téléchargez notre bouton « J’aime pas » et ajoutez le à votre site web, ou imprimez vos propres autocollants.

Tous les boutons sont mis à disposition sous la licence Creative Commons Paternité – Partage des Conditions Initiales à l’Identique (CC BY SA).

Vous êtes libre de modifier les boutons, mais veuillez garder la mention des créateurs originaux intacte, et assurez-vous que vos boutons soient sous la même licence.

Vous ne me trouverez pas sur Facebook




Citation de Lessig à propos de la Free Software Foundation de Stallman

Il y a un an, Lawrence Lessig, qu’on ne présente plus (sinon un coup de Wikipédia et ça repart), rendait en vidéo un bel hommage à la Free Software Foundation (FSF) de Richard Stallman, dans le cadre de sa campagne de soutien[1].

Nous avons choisi d’en traduire un court passage jugé particulièrement fort et significatif.

Le monde se numérise à une vitesse telle que l’on n’a parfois même pas le temps de penser aux enjeux et conséquences de cette numérisation. Fort heureusement il existe quelques boussoles qui évitent de totalement nous perdre…

“The Free Software Foundation and Richard Stallman’s work represents the most important work for freedom that this culture (the American culture) has seen in many many generations, because it takes the idea of freedom and it removes it from the ivory tower and it removes it from lawyers and places it in a community—a technology community—that is one of the most important communities defining the contours of freedom that most people in our culture—and increasingly around the world—will know.”

Ce qui pourrait donner :

« Les activités de la Free Software Foundation et de Richard Stallman constituent pour la liberté le travail le plus important qu’ait vu cette culture, la culture américaine, depuis plusieurs générations. En effet, la Fondation s’empare de l’idée de liberté et la sort de sa tour d’ivoire, elle la soustrait à la chasse gardée des juristes, et la plonge au cœur d’une communauté – de nature technologique – qui est l’une des mieux à même de définir les contours de la liberté telle que vont la connaître la plupart des gens, dans notre société et dans le monde entier. »

Notes

[1] J’en profite pour signaler que la Free Software Foundation a toujours besoin de nous.




Pourquoi il nous tient à cœur de ne pas confondre Hacker et Cracker

Gregor_y - CC by-saSi vous êtes un lecteur assidu du Framablog, vous ne découvrirez probablement pas grand-chose de nouveau dans l’article qui suit. Mais il n’est pas non plus dépourvu d’intérêt, loin s’en faut : il peut être une référence pour tous ceux qui ne connaissent pas bien la différence entre les « hackers » et les « crackers », et ils sont nombreux. On dit souvent, à raison, que cette confusion est de nature médiatique, mais malheureusement ce n’est que partiellement vrai. Avec l’influence que les médias ont pu avoir, il est devenu très courant d’entendre au détour d’une conversation que des « hackers ont piraté (ou que des pirates ont hacké !) tel système ». Et même dans les GUL ! C’est pour cela qu’il m’a paru important de revenir aux sources… Pourquoi hacker n’a rien à voir avec cracker ?

Il me semble d’autant plus dommage de confondre ces deux notions qu’à mon avis le « hacking » a un grand rôle à jouer dans notre société. On a souvent beaucoup de préjugés sur Marx, à cause de la simplification de ses écrits qui a nourri le marxisme (à tel point qu’on appelle les personnes qui étudient directement Marx, les marxiens !). Sans tomber dans le marxisme, le concept de fétichisme de la marchandise me semble particulièrement intéressant pour décrire la situation actuelle : pour faire fonctionner le système économique tel qu’il est, il faut que l’acheteur se réduise à une simple fonction de consommation, sans produire par lui-même, ou pour lui-même. Le fétichisme est à la fois une admiration et une soumission. Il faut acheter des produits de marque. Apple est à mon avis un super exemple : le simple fait de poser une pomme (même pas entière) sur un produit de qualité moyenne, double son prix, et entraîne une myriade de « fans ».

Derrière ce nom barbare du fétichisme de la marchandise, se cache un double phénomène : la sacralisation de la marchandise, engendrant l’aliénation de l’homme à cette dernière. Tout cela pour dire que les produits sont pris pour plus qu’ils ne sont réellement, que par exemple l’homme est prêt à sacrifier beaucoup pour acquérir un objet. Ainsi, le fétichisme de la marchandise permet, à mon sens, de rendre compte de la situation de l’économie actuelle. Une instance économique (le plus souvent les entreprises) produit un objet ou un service qui apparaît cher aux yeux des consommateurs, qui ne doivent l’utiliser que dans le sens pour lequel il a été créé. Encore une fois Apple, cas extrême, permet de rendre compte de la situation : tout ne repose que sur leur image de marque, de haut de gamme, alors que la réalité est terrifiante (Big Brother censure, qualité de l’électronique tout à fait moyenne, matériel et logiciels fermés et propriétaires jusqu’à l’os, bidouillabilité et respect des utilisateurs faibles voire nuls, etc). Là où je veux en venir est que le fétichisme de la marchandise permet de masquer les yeux du consommateur pour que celui-ci se contente d’utiliser servilement ce qu’on lui propose tout en étant satisfait.

Pour entrer plus dans le détail du concept, selon Marx si l’objet est sacralisé c’est parce que le rapport social de production, qui est extérieur au produit, est pris comme faisant partie intégrante de la marchandise. Concrètement, un produit (ou un service) est conçu conformément à des exigences sociales, mais on croit que la valeur sociale attribuée à l’objet vient de l’objet lui-même. On croit que le produit peut exister tout seul, en dehors de tout contexte de société. Par exemple, on peut être fier d’avoir le tout dernier joujou à la mode qui en jette plein les yeux. Dans ce cas, la reconnaissance sociale liée à la possession de l’objet est prise comme étant intégralement due à l’objet que l’on achète. La marchandise est alors élevée à un statut supérieur par une opération certes magique mais inconsciente. L’objet est donc sacralisé, l’aliénation en est ensuite la conséquence : l’objet qui semble posséder des pouvoirs « magiques » doit être protégé, conservé, etc. C’est la soumission qui va de pair avec toute forme de sacré. Et c’est exactement ce qu’essaient de cultiver les entreprises.

De plus, un effet de mode étant très éphémère, l’objet devient vite un fardeau, une vieillerie, car son « pouvoir » secret se tarit. Ce qui, à mon sens, explique la frénésie du schéma achat-consommation-rejet-poubelle de notre système économique, et de nos modes de vie. Le fétichisme de la marchandise vient de là : un rapport social occulté qui entraîne une sacralisation du produit : il faut se contenter pour être heureux d’acheter, de ne pas abîmer, de préserver le produit à l’identique (pour essayer de garder ses vertus magiques que l’on a pu avoir l’impression de palper), de ne pas bidouiller, ni en faire une utilisation trop originale.

Quel est le rapport en fin de compte avec le hacking ? C’est une solution ! Je n’ai fait le rapprochement que très récemment dans une interview de la radio des RMLL de John Lejeune, un animateur du projet Hackable Devices, qui disait que « Tout ce qui est do-it-yourself, bidouille, réappropriation des connaissances, etc, est en train de revenir. L’intérêt est aussi de détourner des fonctions, savoir comment ça marche, comprendre, et désacraliser les objets ». Et effectivement, manipuler, bidouiller, faire par soi-même permet de démystifier le produit, de ne plus être dans une attitude de simple consommation, de ne pas se contenter de vivre en lecture seule[1]. On voit que ce n’est pas compliqué de créer, qu’à l’intérieur de la boîte noire du dernier joujou à la mode, il n’y a finalement rien d’extraordinaire, ni de magique. Le rapport à la marchandise s’inverse : au lieu de se soumettre à elle, on la maîtrise, la contrôle et l’adapte à ses besoins. Confondre « Hacking » et « Cracking » est donc d’autant plus dommageable que les deux notions recouvrent des modes de vie et des fonctionnements différents. Égaliser les deux notions, c’est faire réprimer le vrai « Hacking » par la société et donc en un sens se voiler la face sur des problèmes existants. Cet article me parait donc un début de solution !

Hacker vaillant, rien d’impossible 😉

Lettre ouverte aux médias sur le mauvais usage du terme « hacker »

Open letter to the media about the misuse of the term "hacker"

Matija Šuklje – 2 août 2010 – Hook’s Humble
(Traduction Framalang : Marting, Siltaar, Loque Humaine et Barbidule)

Ces derniers jours et semaines, on a beaucoup parlé dans les médias slovènes de trois Slovènes qui auraient collaboré au botnet Mariposa. Si vous ne savez pas de quoi il s’agit, vous pouvez lire ce communiqué de presse du FBI. Les médias n’ont cessé d’appeller ces présumés cybercriminels des « hackers ». Comme c’est un abus de langage et que nous sommes nombreux, au sein du groupe Slovène de la Free Software Foundation Europe, à nous définir par ce terme de « hackers », nous avons estimé que quelque chose devait être fait. Nous avons donc écrit et envoyé une lettre ouverte aux médias pour leur expliquer la différence entre « hacker » et « cracker » et les inviter aimablement à employer ces mots correctement à l’avenir. Cette action a été soutenue par plusieurs autres groupes et organismes. La suite correspond au texte entier de la lettre ouverte et à sa traduction.

Madame, Monsieur,

Ces dernières semaines, au sujet de l’action du FBI contre un cybercrime ayant abouti à l’arrestation d’un suspect en Slovénie, le mot « hacker » a été utilisé à plusieurs reprises dans les médias dans un contexte et dans un sens erronés. Ce terme ayant un sens différent pour les experts et pour le public profane, nous avons trouvé opportun de vous le signaler par cette lettre ouverte.

« Hacker » vient du verbe « to hack », « bidouiller ». Cette expression fut forgée au MIT (Massachusetts Institute of Technology) dans les années 50, et signifie résoudre un problème technique d’une manière originale. Dans le jargon de l’informatique, elle est encore utilisée pour désigner des modifications inventives ou originales d’un programme ou d’un système, basées sur une compréhension profonde et dans un but qui n’était pas celui prévu initalement.

Beaucoup d’autorités dans le domaine de l’informatique et de la sécurité entendent le terme « hacking » comme un état d’esprit, la capacité à penser hors des frontières, des façons de faire et des méthodes établies, en essayant de surmonter ces obstacles. Les exemples sont nombreux de « hackers » mettant leurs compétences et leur créativité au service de causes nobles et de l’intérêt général, en faisant en sorte que tout le monde puisse utiliser ou modifier leur programme. Des exemples de tels logiciels libres sont : GNU/Linux, Mozilla Firefox, Mozilla Thunderbird, Google Chromium, OpenOffice.org, SpamAssassin, GIMP, Scribus etc.

Ce furent les médias et l’industrie du film qui utilisèrent ensuite (à tort) le mot « hacker » pour désigner les cybercriminels, ce qui provoqua évidemment une certaine confusion. Ce désordre est encore alimenté par l’évolution de la terminologie, et par les traductions dans la langue slovène.

Pour désigner une personne qui s’introduit dans des systèmes informatiques avec une intention criminelle, il est plus approprié d’utiliser le terme « cracker ». Ce terme désigne les personnes qui contournent des systèmes de sécurité sans autorisation et/ou qui utilisent les TIC (c’est-à-dire habituellement des ordinateurs, des téléphones ou des réseaux) pour s’introduire dans des systèmes et se livrer à des activités illégales ou criminelles — vandalisme, fraudes aux cartes de crédit, usurpation d’identité, piratage, et autres types d’activités illégales.


Ainsi, le dictionnaire slovène d’informatique fait bien la distinction entre le terme « hacker », entendu comme « un passionné d’informatique orienté sur la technique » et le terme « cracker » « qui s’introduit dans les systèmes informatiques avec l’intention d’utiliser des données ou des programmes sans autorisation ».

C’est pourquoi il convient d’utiliser le terme « crackers » pour désigner ces personnes suspectées de crimes informatiques. Au cours des dernières décennies, de nombreuses avancées technologiques furent le fruit du phénomène « hacker » — les ordinateurs personnels, l’Internet, le logiciel libre — il serait donc abusif d’assimiler hackers et criminels. Cela équivaudrait à qualifier tous les pharmaciens d’empoisonneurs.

Nous comprenons que la confusion actuelle existe depuis assez longtemps et c’est d’ailleurs pour cela que nous pensons qu’il est largement temps de clarifier ce point ensemble. Aussi nous vous demandons, s’il vous plaît, de bien vouloir à l’avenir utiliser le terme approprié.

Bien cordialement,

Matija Šuklje : coordinateur du groupe slovène de la FSFE[2]

Co-signataires : Andrej Kositer (président du COKS[3]), Simon Delakorda, (directeur du INePA[4]), Andrej Vernekar (président du LUGOS[5]), Klemen Robnik (de Kiberpipa/Cyberpipe[6]) et Ljudmila[7].

Notes

[1] Crédit photo : Gregor_y (Creative Commons By-Sa)

[2] Le groupe slovène de l’association FSFE est un groupe supportant la « Free Software Foundation Europe » ainsi que le logiciel libre et open-source en général, organisé en tant que mouvement citoyen. Nous défendons le logiciel libre, les standards et les formats ouverts.

[3] Le Centre Open Source Slovène (COKS – Center odprte kode Slovenije) soutient au niveau national en Slovénie, le développement l’utilisation et la connaissance des technologies open-source ainsi que des systèmes d’exploitation libres. Nous aidons et soutenons les utilisateurs de ces systèmes d’exploitation dans le secteur public et privé, et coopérons avec les instances européennes dans le domaine de l’open-source et des politiques de gouvernance en informatique.

[4] L’Institut d’Apport en Électronique INePA (Inštitut za elektronsko participacijo) est une organisation non gouvernementale à but non-lucratif dans le domaine de l’e-democratie. L’INePA effectue aussi bien des projets applicatifs et de développement que des activités juridiques et en lien avec les ONG, les institutionsn et les individus qui supportent le consolidation de la démocratie et de la participation politique par l’usage des TIC. L’institut est membre du Réseau Pan-Européen d’eParticipation, et du Réseau de Citoyens d’Europe Centrale et de l’Est.

[5] LUGOS (Linux user group of Slovenia) est une association d’utilisateurs du système d’exploitation libre et open-source GNU/Linux. Parmi ses activités, elle propose entre autre un support aux utilisateurs et traduit des logiciels libres. Elle s’occupe aussi du réseau ouvert sans fil de Ljubljana (wlan-lj) et des lectures hebdomadaires de « Pipe’s Open Terms » (en coopération avec Cyberpipe).

[6] Kiberpipa/Cyberpipe est un collectif de défense de l’open-source et des libertés numériques. Dans le centre de Ljublljana, il crée une culture numérique, et informe experts et grand public par le biais de présentations, de lectures et d’ateliers.

[7] Ljudmila Le laboratoire de Ljubljana pour un média et une culture numérique (1994) est le premier laboratoire à but non-lucratif en Slovénie qui supporte la recherche inventive et créative, au travers de projets de travail autour de l’Internet, de la vidéo numérique, de l’art électronique, de la radio numérique, de la communication, du développement du logiciel open-source et connecte tout ceci dans une approche interdisciplinaire. Il promeut aussi aussi bien l’éducation en groupes autonomes qu’en ateliers et il est le fondateur du réseau de centres multimédia « M3C » en Slovénie.




Associations 1901, humanitaires, ONG… Windows ne doit plus passer par vous !

Hqhuyanh - CC byVoici une veille traduction que l’on ressort du placard à la faveur de l’été et du rattrapage du travail en retard 😉

Elle évoque la campagne des « 7 péchés de Windows » menée par la Free Software Foundation au moment de la sortie de Windows 7, campagne que nous avions traduite en partenariat avec l’April.

Mais elle se concentre ici sur les organisations à but non lucratif que sont les ONG et les associations (de type 1901 chez nous en France).

Parce que, tout comme le monde de l’éducation, il est en en effet plus que malheureux de constater que ces structures utilisent encore massivement les logiciels Microsoft, quitte à se placer en contradiction avec les valeurs qu’elles souhaitent véhiculer[1]. Certes des progrès ont été accomplis ces dernières années mais il reste encore beaucoup à faire…

Parce que c’est aussi et surtout pour vous que le Libre existe et se décarcasse !

Se libérer de la dépendance aux logiciels privateurs : un appel aux organisations à but non lucratif pour refuser Microsoft Window 7

Breaking the dependency on proprietary software: A call to nonprofits to refuse Microsoft Windows 7

Peter Brown – 14 avril 2009 – FSF.org
(Traduction Framalang : Cheval boiteux, Burbumpa et Don Rico)

« Engloutir du temps et de l’argent dans les logiciels privateurs est en contradiction avec les valeurs fondamentales que sont la liberté et le progrès. »

La Free Software Foundation (FSF) a lancé à l’automne 2009 l’étape suivante de sa campagne « Windows 7 Sins » (NdT : Les 7 péchés de Windows 7) sur http://fr.windows7sins.org/, où elle s’attaque à Microsoft et au logiciel privateur en écrivant aux 500 directeurs des organisations non-gouvernementales (ONG) les plus influentes dans le monde, en leur demandant de passer à l’utilisation de logiciels libres et de contribuer à répandre largement l’idée que la liberté de choix des utilisateurs a une importance éthique.

Cette lettre alerte les « décideurs Window 7 » sur « l’absence de respect de la vie privée, de la liberté et de la sécurité » qu’ils risquent d’affronter en adoptant Windows 7. Elle défend l’idée qu’ils feraient mieux d’adopter des logiciels libres, en ciblant sept domaines majeurs dans lesquels un logiciel propriétaire comme Windows 7 est néfaste à la société : invasion de la vie privée, empoisonnement de l’éducation, verrouillage, blocage des standards, comportement monopolistique, soutien des DRM et menaces pour la sécurité des utilisateurs.

Le directeur exécutif de la FSF a déclaré : « La dépendance des organisations œuvrant au changement et au progrès social envers les logiciels détenus et contrôlés exclusivement par Microsoft mène la société vers une ère de restrictions numériques, menaçant et limitant nos libertés. À l’opposé, le logiciel libre est du côté de la liberté et de la gratuité, développé pour donner la possibilité d’étudier et de modifier le logiciel selon ses propres besoins. Aujourd’hui, nous demandons aux responsables du secteur humanitaire et associatif de migrer vers le système d’exploitation libre GNU/Linux pour tous leurs ordinateurs comme pour les besoins de leur infrastructure informatique.

Le système d’exploitation GNU/Linux est accessible sans restriction, facile à utiliser, pris en charge par de nombreux fabricants et par un communauté mondiale. Les distributions GNU/Linux sont livrées avec des centaines d’applications sous licence libre, incluant une suite logicielle complète de comptabilité et de collecte de fonds convenant aux associations.

« Les œuvres de bienfaisance, les ONG, et autres organisations à but non lucratif qui ont choisi le logiciel privateur sont engagés dans une mauvaise politique publique", précise Matt Lee, responsable des campagnes de la FSF. « Le plus souvent à cause de la désinformation ou à cause de leur incapacité à voir que leurs choix technologiques sont en lien avec leurs missions sociales. Nous espérons attirer l’attention de ces responsables sur la contribution positive qu’ils peuvent faire à la société en choisissant de basculer leurs organisations vers les logiciels libres. J’espère que ces groupes auront une politique publique d’engagement en faveur de la liberté et rejoindront la liste grandissante des organisations qui ont compris qu’engloutir temps et argent dans le logiciel propriétaire est incompatible avec les valeurs fondamentales de liberté et de progrès ».

Plus d’informations sur cette campagne, incluant le texte de la lettre et la liste de diffusion pour fournir aux abonnés une mise à jour des informations ainsi que des alertes concernant les actions de la FSF sont disponibles en ligne : http://fr.windows7sins.org.

Notes

[1] Crédit photo : Hqhuyanh (Creative Commons By)




Les logiciels libres ne sont pas les bienvenus dans l’App Store d’Apple

Annia316 - CC byNous avons déjà eu l’occasion d’en parler, Apple enferme les utilisateurs dans une prison dorée et les développeurs de logiciels dans une prison tout court !

Pour que votre application soit en effet proposée dans l’App Store, il est d’abord nécessaire qu’elle convienne à Apple qui se réserve le droit de la refuser sans fournir d’explication (et gare à vous si un bout de sein dépasse !)[1].

Mais une fois cet obstacle franchi, il faut aussi et surtout accepter les conditions d’utilisation de la plateforme.

Or ces conditions sont restrictives et donc discriminantes si on les observe avec le prisme des quatre libertés d’un logiciel libre. Elles interdisent donc aujourd’hui à un logiciel libre de pouvoir faire partie du catalogue parce que sa licence se télescope alors avec les termes du contrat d’Apple.

Un logiciel libre simulant le jeu de Go, GNU Go, s’est pourtant retrouvé récemment dans l’App Store. Et qu’a fait Apple lorsque la FSF lui a écrit pour soulever la contradiction et voir ensemble comment améliorer la situation ? Elle a purement simplement retiré GNU Go de sa plateforme, manière pour le moins radicale de résoudre le problème !

C’est l’objet de notre traduction du jour, qui constate au passage que cela se passe pour le moment mieux dans le store Android de Google.

On est en plein dans la problématique d’un billet précédent opposant la liberté à la gratuité. Ce n’est pas le fait que GNU Go soit gratuit qui contrarie Apple. C’est bien qu’il soit libre. Libre d’échapper au contrôle et aux contraintes imposés aux utilisateurs, sachant que c’est justement pour cela qu’il a été créé !

Apple préfère supprimer une application plutôt que s’encombrer d’une licence Open Source

Apple would rather remove app than leave open-source license

Amy Vernon – 11 juin 2010 – NetworkWorld
(Traduction Framalang : Don Rico, Joan et Goofy)


Pourquoi GNU Go a disparu de l’App Store d’iTunes, et pourquoi Apple a tort.


Qu’ils soient gratuits ou payants, ce sont les jeux qui rencontrent le plus grand succès dans les app-stores pour mobiles. Rien de surprenant, donc, que GNU Go, version libre du Go, jeu aussi ancien que populaire, ait été disponible gratuitement sur la boutique en ligne de l’iTunes. Jusqu’à récemment en tout cas.

Sa disparition est le résultat direct d’une plainte de la Free Software Foundation, qui reprochait aux conditions d’utilisation d’Apple d’enfreindre la licence du logiciel.

GNU Go est placé sous licence GPLv2, dont la Section 6 interdit expressément d’ajouter la moindre « restriction supplémentaire » à une licence qui permet à tout un chacun de copier, distribuer ou modifier le logiciel. Mais ce sont précisément les faits reprochés aux conditions d’utilisation de l’App Store, qui restreignent les supports sur lesquels on peut installer le programme.

La FSF a envoyé un courrier à Apple pour demander à l’entreprise de permettre à GNU Go (et toute autre application sous licence GPL) d’être distribuée en respectant les termes non-restrictifs de la licence, mais Apple a préféré retirer l’application.

Je me suis donc demandé quelle était la politique de Google concernant son app-store Android. Le charabia juridique a manqué me donner la migraine, mais après plusieurs lectures, il semblerait qu’un simple extrait des conditions d’utilisation de Google élimine ce problème (c’est moi qui souligne) :

10.2 Vous n’êtes autorisé (et vous ne pouvez autoriser quiconque) à copier, modifier, créer une œuvre dérivée, pratiquer de l’ingénierie inverse, décompiler ou tenter de quelque façon que ce soit d’extraire le code source du Logiciel ou toute partie dudit Logiciel, sauf si cela est expressément autorisé ou requis par la loi, ou sauf si Google vous en donne l’autorisation expresse par écrit.

Dans l’ensemble, les conditions d’utilisation de Google semblent aussi restrictives que celles d’Apple. Et on n’a probablement pas fini d’avoir de mauvaises surprises en examinant le copyright et la licence. Mais au détour de ce petit bout de phrase, voici au fond ce que dit Google : « Oh là ! Si la licence de ce logiciel dit que tu peux en faire ce que tu veux, vas-y. Sinon, pas touche ! »

Voilà la formule magique. C’est elle qui permet à Google de protéger ses produits sous copyright et ceux de ses développeurs, mais qui permet également aux logiciels d’être diffusés dans la licence de leur choix.

Apple a le droit le plus absolu de règlementer les applications en vente ou téléchargées sur son App Store. Mais l’entreprise outrepasse ses droits si elle impose des restrictions plus importantes à l’usage d’un logiciel. Bon d’accord, peut-être que légalement, l’entreprise est juste dans son droit, il n’empêche que ce n’est pas…juste.

J’aimerais croire que la formulation choisie par Google est la conséquence directe de la nature open source d’Android et de l’investissement de l’entreprise dans le monde de l’open source. Mais je suis perplexe quand je vois qu’Apple, tout populaire qu’il soit parmi les utilisateurs et défenseurs de l’open source, ne se donne pas la peine d’une simple rectification qui permettrait aux applications libres et open source d’être diffusées partout dans les mêmes conditions.

C’est juste une petite décision à prendre. Mais c’est une décision juste.

Notes

[1] Crédit photo : Annia316 (Creative Commons By)




Pourquoi soutenir la Free Software Foundation – Benjamin Mako Hill

Soulfish - CC by-saBenjamin Mako Hill n’a pas encore trente ans mais cela ne l’empêche pas d’avoir un CV qui force déjà l’admiration.

Chercheur au MIT Media Lab, développeur Debian puis Ubuntu, membre des bureaux de la FSF et Wikimedia, impliqué dans le projet OLPC et dans la définition des Free Cultural Works… Excusez du peu ![1]

Après nous avoir expliqué dans ces mêmes colonnes pour il fallait soutenir Wikipédia, il récidive ici avec la Free Software Foundation, non sans enthousiasme et éloquence[2].

PS : Pour info, Framasoft est Associate Membership #7234 de la FSF.

Appel à soutenir la Free Software Foundation

Benjamin Mako Hill

Benjamin Mako Hill – 19 janvier 2010 – FSF Appeals
(Traduction Framalang : Don Rico et Mathieu Adoutte)

L’essence du logiciel libre est selon moi de permettre aux utilisateurs de micro-informatique d’être maître de leur machine et de leurs données. Dans la mesure où nos logiciels définissent notre rapport au monde et aux autres, la liberté logicielle est une part importante de ce qui nous permet de déterminer notre façon de vivre, de travailler et de communiquer.

Mako siège au comité directeur de la FSF.

En matière de logiciels libres, le programme créé n’est pas une fin en soi ; ce qui importe c’est d’apporter la liberté aux utilisateurs.

Avec l’immense succès que rencontre le Libre depuis vingt ans, nombreux sont ceux qui ont perdu de vue ce point pourtant simple. Nous avons créé un ensemble incroyable d’applications, d’outils et de bibliothèques. Nous avons mis sur pied des communautés d’entraide et de développement bouillonnantes. Nous avons mis au point de nouvelles méthodes de développement, de puissantes licences copyleft et d’immenses projets collaboratifs. Pourtant, tous ces éléments ne sont qu’une façon de conférer plus de liberté à ceux qui s’en servent. Ils ne forment pas la liberté en soi. Ils ne constituent pas notre réel objectif. Ce sont nos outils, et non notre but.

Dans un monde où la technologie est en mutation perpétuelle, cette distinction devient centrale. Car c’est bien dans un monde qui change en permanence que nous vivons. Alors que nombre de personnes font du téléphone portable leur ordinateur principal, et que beaucoup d’entre elles s’en servent principalement pour accéder à des services en réseau d’un genre nouveau, les anciennes applications, communautés, méthodes de développement et licences du Libre peuvent se révéler inadaptées ou inefficaces pour protéger la liberté de l’utilisateur.

Au cours des prochaines années, apporter la liberté aux utilisateurs d’informatique nécessitera une adaptation des logiciels et des discours. Il faudra de nouvelles licences et techniques pour les faire respecter. Il faudra renouveler notre façon de collaborer et de nous organiser. Pour atteindre son but, le logiciel libre doit rester concentré sur la liberté de l’utilisateur – sur la question de nos motivations à agir comme nous le faisons – puis se montrer créatif quant à la meilleure manière de respecter et préserver la liberté à laquelle nous aspirons. Si nous sommes trop axés sur ce que nous avons accompli par le passé, nous risquons de perdre de vue notre objectif fondamental : favoriser le contrôle qu’ont les utilisateurs sur leurs outils technologiques en général.

De nombreuses structures soutiennent le logiciel libre en s’attachant au « comment ». On trouve parmi elles des cabinets juridiques, des entreprises et des associations à but non lucratif, qui appuient divers projets associés au Libre.

La Free Software Foundation est de loin l’organisation la plus importante qui s’interroge sur le pourquoi – sur l’essence de la liberté logicielle. En tant que telle, elle a un rôle fondamental : celui de pousser notre communauté au sens le plus large à se focaliser sur les problèmes, les menaces et les défis les plus importants, lesquels ont une incidence sur la réussite de chaque projet de logiciel libre et sur chaque utilisateur de l’outil informatique, aujourd’hui et demain. En ces temps d’évolution rapide de la technologie, son action est plus vitale que jamais. Et les conséquences d’un échec seraient plus dramatiques.

Voici certains domaines dans lesquels je vais encourager la FSF à défendre le mouvement du Libre au cours de l’année à venir :

La téléphonie mobile

Dans un court billet, j’indiquais qu’il y avait aujourd’hui des milliards de téléphones portables dans le monde et que, même si ces appareils sont des ordinateurs de plus en plus puissants, ils constituent une des technologies les plus verrouillées, les plus privatrices et les moins libres parmi celles communément répandues.

Les conséquences de cette situation sont désastreuses quant au contrôle que les utilisateurs peuvent avoir sur leur technologie. Bien que certains modèles très répandus fonctionnent grâce à des logiciels libres, la plupart des appareils dits libres sont cadenassés, et leurs utilisateurs demeurent menottés, divisés et impuissants.

Nous devons informer les utilisateurs de mobiles des enjeux des logiciels libres, les avertir que les téléphones sont de puissants ordinateurs polyvalents, et leur expliquer que ces appareils ont des implications critiques pour l’autonomie de tout un chacun dans le futur. À cette fin, la FSF va lancer cette année une campagne de sensibilisation concernant la téléphonie mobile et la liberté informatique.

Les services en ligne

L’étendue et le taux de pénétration des services en ligne tels que Facebook, Google et autres n’ont cessé de croître au cours de l’année passée, et il en va de même pour la nécessité d’offrir des équivalents libres. Le lancement de produits réseau-centriques tels que le ChromeOS de Google offre un aperçu de ce à quoi une plate-forme informatique pourrait ressembler à l’avenir.

Les conséquences pour la liberté de l’utilisateur et l’efficacité de l’approche traditionnelle du logiciel libre sont effrayantes. Le fait que de nombreux services en ligne soient construits grâce à des logiciels libres ne rend pas moins catastrophique l’effet qu’ils auront sur l’autonomie et la liberté des utilisateurs.

Au cours de l’année à venir, la FSF compte publier la première annonce, qui je l’espère sera suivie par d’autres, sur la liberté informatique et les services en ligne. En s’appuyant sur les travaux du groupe Autonomous, que soutient la FSF, la Fondation fournira des conseils à ceux qui mettent en place des services en ligne, aux utilisateurs qui se demandent s’ils doivent ou pas s’inscrire à tel ou tel service, et aux développeurs souhaitant concevoir des services qui respectent davantage la liberté de leurs utilisateurs.

Communiquer au-delà de nos communautés habituelles

Pour lutter efficacement pour la liberté informatique, il va falloir s’adresser à des utilisateurs n’appartenant pas à la « base » historique de la FSF. C’est ce que fait la FSF par le biais de sa campagne anti-DRM Defective by Design et son action contre les brevets logiciels (End Software Patents). Cette année, la FSF a aussi cherché à toucher les plus jeunes avec sa campagne « GNU Generation » (NdT : soit « GNUvelle génération »), menée par et pour des lycéens. En outre, la FSF a organisé un colloque sur les femmes dans le logiciel libre. La FSF prévoit de cultiver ces réussites et de multiplier ce genre de projets d’ouverture.

Bien évidemment, promouvoir et défendre la liberté logicielle représente plus de travail que la FSF, avec ses ressources actuelles, ne peut en accomplir. Chacun des trois points mentionnés plus haut constitue une entreprise ambitieuse, mais ils ne représentent qu’une partie du pain que le personnel de la FSF a sur la planche. Poursuivre les projets existants exigerait déjà de la FSF qu’elle intègre des centaines de nouveaux membres avant la fin de cet exercice. Votre adhésion et vos dons nous aideront à atteindre ces objectifs.

C’est un mouvement du logiciel libre fort – et en particulier une FSF forte – attaché à défendre les principes de la liberté des logiciels, qui déterminera les libertés dont jouira la prochaine génération d’utilisateurs de l’outil informatique. Ce qui est en jeu, ce n’est rien de moins que l’autonomie de la génération qui nous suivra.

Je sais que ce n’est pas le premier appel aux dons qui vous est adressé depuis le début de l’année, et j’ai conscience qu’en cette époque de crise économique, donner se révèle délicat pour beaucoup. Je comprends qu’il sera plus difficile de consentir à la dépense que représente une adhésion ou un don. Mais à ce moment charnière dans le domaine technologique, il nous faut plus que jamais une FSF robuste.

Si vous n’êtes pas membre de la FSF, c’est le moment de le devenir. Si vous avez lu mes appels des années précédentes et choisi d’attendre, il est temps de vous lancer. La cotisation est de 120 dollars par an (60 dollars pour les étudiants), et elle peut être mensualisée. Si vous êtes déjà membre, je vous invite à faire comme moi un don généreux, ou à encourager un ami à adhérer. La FSF est une petite organisation composée de passionnés qui travaillent sans relâche pour notre liberté logicielle. Je sais d’expérience que même les contributions les plus modestes peuvent changer la donne.

Notes

[1] Et pour l’avoir rencontré aux RMLL d’Amiens en 2005, j’ajoute que le garçon est charmant. Si en plus il s’intéresse aux filles, je crois qu’il se rapproche du gendre idéal de ce nouveau siècle 😉

[2] Crédit photo : Soulfish (Creative Commons By-Sa)




Le CRM libre et citoyen CiviCRM adopté par la FSF

CiviCRM - LogoCRM est l’acronyme anglais de Customer Relationship Management, que l’on traduit chez nous par Gestion de la relation client.

Dans la communauté du libre, il y a un CRM qui a le vent en poupe actuellement, c’est CiviCRM. Déjà utilisé par Creative Commons ou la Fondation Wikimedia, c’est aujourd’hui la Free Software Foundation (FSF) de Richard Stallman qui a décidé de l’adopter (et nous invite à faire autant), en nous disant tout le bien qu’elle en pense dans un communiqué traduit ci-dessous.

Remarque : On est beaucoup plus ici dans la gestion de la relation de membres d’associations que dans la gestion de la relation de clients.

PS : La prochaine étape sera-t-elle la Paypal libération ?

Pour les associations à but non lucratif, il est temps d’abandonner les outils propriétaires de collecte de dons

Matt Lee – 14 avril 2010 – FSF.org
(Traduction Framalang : Eric Moreau)

La Free Software Foundation (FSF) annonce aujourd’hui que CiviCRM a obtenu son agrément en tant que système complet de gestion de donations et de relations clients pour les associations à but non-lucratif.

Dans le cadre de sa campagne hautement prioritaires, la FSF avait souligné la nécessité d’une solution libre dans ce secteur. En parallèle à ce communiqué, la FSF adopte CiviCRM pour ses propres besoins, et encourage vivement les autres associations sans but lucratif à en faire autant.

Depuis toujours, les associations sans but lucratif sont dépendantes de solutions propriétaires ou « SaaS » (NdT : Software as a Service, logiciel en tant que service en ligne) pour la collecte de dons, comme Blackbaud’s Raiser’s Edge ou eTapestry. Les organisations qui les utilisent en sont prisonnières, ont peu de contrôle sur les fonctionnalités du logiciel, et sont à la merci des caprices d’une seule entreprise. Ces associations doivent également assumer le coût de la migration si elles souhaitent passer à un système propriétaire différent, et ne parviennent pas à gagner leur indépendance. Dans ces conditions, les outils censés améliorer leur efficacité finissent en réalité par réduire leur capacité à accomplir leurs missions sociales.

CiviCRM, au contraire, partage le code de son logiciel pour permettre aux associations de comprendre son fonctionnement, offre la possibilité à tout un chacun de lui apporter des améliorations, et peut aussi l’héberger sur ses serveurs sécurisés. Le code et le format de données étant libres, utiliser ce programme n’implique pas qu’on en devienne prisonnier. Puisqu’il est disponible pour le système d’exploitation libre GNU/Linux, il permet aussi de s’affranchir d’un autre logiciel souvent nécessaire à l’utilisation des solutions propriétaires de collecte de dons : Microsoft Windows.

« Les avantages qu’offre CiviCRM satisferont les associations qui souhaitent organiser leurs relations avec les donateurs, les sympathisants et les médias. En plus de sa fonction de répertoire de contacts, il prend en charge la collecte de fonds en ligne, l’inscription à des manifestations, la gestion des adhésions et l’envoi de courriers personnalisés, électroniques ou traditionnels. Cerise sur le gâteau, ce logiciel libre est distribué sous la licence GNU Affero General Public License : les associations peuvent l’héberger elles-mêmes et garder la liberté nécessaire afin de mener leur activité sans entraves », a déclaré John Sullivan, le directeur des opérations de la FSF.

Les idéaux du logiciel libre encourageant le partage et la modification sont au cœur du développement de CiviCRM, explique le développeur Dave Greenberg. « Le projet CiviCRM a été lancé par un groupe de développeurs et de directeurs de projet qui avaient auparavant collaboré sur une application propriétaire de gestion des dons. Étant très désireux d’accroître la portée et l’efficacité des associations sans but lucratif, nous nous sommes rendu compte qu’existait le besoin d’une application de GRC capable de répondre aux demandes du secteur associatif. Dès le départ, il nous a paru évident que celle-ci devait être un logiciel libre, développée en collaboration avec une communauté qui en aurait la jouissance. En ce qui me concerne, je trouve l’interaction avec notre communauté d’utilisateurs stimulante et gratifiante intellectuellement. Voir des gens qui possèdent une expertise dans un domaine particulier donner de leur temps et nous soumettre des idées pour nous aider à améliorer le produit, c’est très excitant. »

En adoptant ce nouveau service, la FSF rejoint d’autres organisations telles qu’Amnesty International, Creative Commons et la Fondation Wikimédia, qui utilisent elles aussi CiviCRM.

Le directeur exécutif Peter Brown décrit comment la FSF utilise logiciel et a l’intention de la donner publiquement en exemple : « Je me réjouis d’encourager les autres associations sans but lucratif à échapper à leur logiciels propriétaires actuels ou à leurs systèmes de « logiciels en tant que service » et à essayer plutôt CiviCRM. La FSF gère plus de 40 000 contacts et 15 000 dons par an, une branche éditoriale, une boutique en ligne et plusieurs sites de campagne auxquels sont associées des listes de diffusions – le tout avec des logiciels libres.

Un système complet de gestion des dons et de relations clients constituera la dernière pièce du puzzle pour les associations caritatives qui désirent n’utiliser que des logiciels libres. Nous prévoyons de publier un guide destiné à faire partager notre expérience à d’autres associations soucieuses de l’aspect éthique de leurs logiciels.

Nathan Yergler, responsable des ressources informatiques de Creative Commons, fait lui aussi l’éloge de cet outil : « CiviCRM est une composante cruciale de l’infrastructure de Creative Commons. Nous avons vu cette application mûrir et s’améliorer au fil du temps, offrir de nouvelles fonctionnalités et des performances meilleures à chaque nouvelle version. La communauté de développeurs de CiviCRM est accessible et réactive, et se met en quatre pour aider ses utilisateurs lorsque c’est nécessaire. Je recommande chaudement CiviCRM aux associations semblables à Creative Commons qui cherchent une solution de GRC. »

Piotr Szotkowski, membre de l’équipe principale de CiviCRM, indique que malgré la maturité du projet, il reste encore du travail gratifiant à accomplir : « Tous ceux qui souhaitent nous aider sont les bienvenus. Contribuer au développement de CiviCRM est source de nombreuses satisfactions, par exemple lorsqu’on sait que le code qu’on a écrit a servi à aider les victimes de l’ouragan Katrina, qu’il aide les associations comme Amnesty International ou Front Line à se battre pour les droits de l’Homme, ou la Fondation Wikimedia à mieux organiser son excellent travail sur Wikipedia et tous ses autres projets. »

Pour savoir où télécharger CiviCRM, comment l’utiliser et comment y contribuer, rendez-vous à l’adresse : http://civicrm.org. Vous trouverez une discussion ayant pour sujet la comparaison des solutions disponibles pour les bases de données libres sur le wiki LibrePlanet de la FSF.

Pour connaître les dangers que représente l’utilisation des « logiciels en tant que service », consulter Who does that server really serve? (NdT : De qui ce serveur est-il vraiment le serviteur ?).




Mardi 4 mai 2010 : Journée Mondiale contre les DRM

Martin Krzywinski - CC byLe 21 mars 2010 aura lieu la dixième édition de l’initiative Libre en Fête, permettant de faire découvrir le logiciel libre sur tout le territoire français.

Mais il n’y a pas que des journées de promotion. Dicté par le contexte actuel, il existe également des journées de résistance.

Ainsi en va-t-il du 4 mai prochain que la Free Software Foundation et l’Open Rights Group ont décidé d’ériger en « Journée Mondiale contre les DRM », (ou GDN en français, pour Gestion des Droits Numériques).

Il faut dire que le sujet est malheureusement toujours, voire plus que jamais, d’actualité. Pour s’en convaincre il suffit de parcourir cette longue chronologie non exhaustive de faits et de méfaits qui courent sur une décennie sur le site Defective by Design (la lecture de l’article dédié de Wikipédia étant également particulièrement instructive)[1].

Il y a un choix à faire (ou tout du moins accepter les alternatives). Soit contraindre la technologie actuelle pour la forcer artificiellement à rentrer dans les cases de la production de valeur de l’économie d’avant (fondée principalement sur la captation du client et la rareté du produit). Soit s’adapter et tirer parti des formidables possibilités de création et d’échanges liées à l’interopérabilité des fichiers, leur copie et leur remix à coût marginal, ainsi que leur diffusion massive et rapide sur le réseau.

En 1997, Richard Stallman écrivait sa nouvelle Le droit de lire. De la pure science-fiction (ou du délire paranoïaque) a-t-on pu alors penser. Sauf qu’en 2009, Amazon a décidé, sans préavis et sans accord préalable, de s’introduire dans le Kindle de ses clients pour en effacer tous les romans 1984 de George Orwell (notes des lecteurs incluses). La réalité peut toujours dépasser la fiction…

Journée mondiale contre les DRM : mardi 4 mai 2010

Day Against DRM: Tuesday, May 4th 2010

Holmes Wilson- 25 février 2010 – Communiqué FSF
(Traduction Framalang : Don Rico)

« Chaque fois qu’une entreprise conçoit des produits destinés à limiter nos libertés, nous devons nous organiser afin de déjouer ses projets » — Richard Stallman, président de la FSF.

Le 25 février, des groupes pour la défense de la justice sociale et les droits en ligne ont annoncé que le mardi 4 mai 2010 aura lieu la Journée Mondiale contre les DRM.

La Journée contre les DRM réunira de nombreux acteurs — organisations pour l’intérêt public, sites Internet et citoyens —, qui mettront sur pied une opération destinée à attirer l’attention de l’opinion publique sur les dangers d’une technologie qui restreint l’accès des utilisateurs aux films, à la musique, à la littérature, aux logiciels, et d’ordre plus général à toutes les formes de données numériques. De nombreux dispositifs de DRM enregistrent les activités de l’utilisateur et transmettent leurs données aux grosses entreprises qui les imposent.

Dans le cadre de sa campagne anti-DRM, Defective by Design, la Free Software Foundation (FSF) participera à la coordination des activistes anti-DRM de par le monde pour mobiliser l’opinion publique contre cette technologie antisociale. Il a aussi été publié un billet offrant un bref historique d’une Décennie de DRM (NdT : Decade in DRM).

« Les DRM s’en prennent à votre liberté à deux égards. Leur but est d’attaquer votre liberté en limitant l’utilisation que vous pouvez faire de vos copies d’œuvres numériques. Pour cela, ils vous obligent à utiliser des logiciels privateurs, dont vous ne contrôlez pas les actions. Chaque fois qu’une entreprise conçoit des produits destinés à limiter nos libertés, nous devons nous organiser afin de déjouer ses projets, » a déclaré Richard Stallman, le président de la FSF.

Jim Killock, le directeur exécutif de l’Open Rights Group, précise quant à lui que « les dispositifs de DRM sont une catastrophe pour les usages légaux de musique, de films et de livres. Ils sont conçus pour enchaîner les utilisateurs à des logiciels et à des appareils particuliers, et anéantissent vos droits à l’usage de la liberté d’expression tels que l’information, l’enseignement et la critique. À cause des DRM, vous n’avez plus la maîtrise des données et êtes à la merci des fabricants. »

Richard Esguerra, de l’Electronic Frontier Foundation, partenaire de la Journée contre les DRM, explique que « Les activistes et les utilisateurs de technologie bien informés ont joué un rôle clé dans la dénonciation des méfaits des DRM à l’époque où les mesures techniques consistaient en programmes anticopie. À présent, les DRM évoluent car les entreprises cherchent à limiter les utilisateurs bien au-delà de leur capacité à copier des fichiers. La Journée mondiale contre les DRM est une nouvelle occasion de relever le défi et de se battre pour la liberté technologique. »

Les évènements, partenaires et partisans qui s’ajouteront à la « Journée contre les DRM » seront annoncés à mesure que la date approchera. Les organisations et les particuliers qui souhaitent s’impliquer peuvent contacter info@defectivebydesign.org ou se rendre sur le site http://defectivebydesign.org/ pour s’inscrire et suivre la campagne.

La Free Software Foundation

La Free Software Foundation, fondée en 1985, se consacre à la défense des droits des utilisateurs à utiliser, étudier, copier, modifier et redistribuer les programmes informatiques. La FSF promeut la conception et l’utilisation des logiciels libres — en particulier du système d’exploitation GNU et de ses dérivées GNU/Linux —, et d’une documentation libre pour les logiciels libres. La FSF contribue aussi à informer le public sur les questions éthiques et politiques qui sont en jeu dans la liberté d’utilisation des logiciels ; ses sites Web, que l’on trouve aux adresses fsf.org et gnu.org, offrent d’importantes sources d’information sur GNU/Linux. Si vous souhaitez soutenir financièrement l’action de la FSF, vous pouvez faire un don sur la page http://donate.fsf.org. Son siège se trouve à Boston, Massachusetts, aux États-Unis.

L’Open Rights Group

L’Open Rights Group est un groupe de défense des droits numériques basé au Royaume-Uni, qui vise à attirer l’attention sur les questions des droits numériques, à favoriser l’activité citoyenne, ainsi qu’à protéger et étendre les libertés civiques à l’ère numérique.

Notes

[1] Crédit photos : Martin Krzywinski (Creative Commons By) et Martin Krzywinski (Creative Commons By)