Khrys’presso du lundi 22 avril 2019

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Brave New World

Spécial France

Spécial Gilets Jaunes

Spécial Notre Dame

Spécial GAFAM

Les autres lectures de la semaine

  • L’intelligence artificielle dans son contexte, ou comment le quotidien des travailleurs change petit à petit (maisouvaleweb.fr)
  • Intelligence artificielle : biaise-moi (liberation.fr)
  • La confuse vérité sur le crédit social (logicmag.io – en anglais)

    Les médias étrangers ont déformé le système de crédit social en une dystopie technologique très éloignée de ce qui se passe réellement en Chine. Jeremy Daum, juriste à la Yale Law School’s China Center, a suggéré qu’une partie de la raison pour laquelle les rapports erronés persistent est que les États-Unis et l’Europe projettent leurs craintes concernant la surveillance numérique dans leurs propres sociétés sur la montée technologique rapide de la Chine. L’idée que la Chine pourrait en quelque sorte perfectionner un modèle exportable d’État totalitaire de surveillance a rendu les gens plus enclins à croire à des descriptions exagérées du système de crédit social, ce qui est encore aggravé par la rhétorique entourant une « course aux armements » entre les États-Unis et la Chine pour développer l’intelligence artificielle.

  • Peer to Peer: un manifeste des communs (commonstransition.org – en anglais)
  • Le pouvoir de l’effet nocebo (motherboard.vice.com)
  • Les pigeons, taillés pour le renseignement (lemonde.fr)
  • Les Furtifs – Alain Damasio [Bonnes feuilles] (lundi.am)
  • En dix ans, radios et télévisions ont élargi le champ de ce spectacle aussi insolite qu’insensé: remplir le vide avec du néant. (20minutes-blogs.fr)
  • D’abord, ils sont venus pour Assange… (lundi.am)

    Au cours de ses 13 ans d’existence, WikiLeaks n’a eu de cesse de jeter en rafale des pavés dans la mare d’un journalisme d’investigation croupissant. En osant publier des documents confidentiels impénétrables, puis des caches entières de documents administratifs, militaires puis diplomatiques, WikiLeaks a démontré au monde entier les réalités d’une asymétrie informationnelle dont usent les États pour cacher leurs crimes. WikiLeaks nous a montré, sans filtre, la routine des États pour oppresser en silence, loin de toute attention à l’ombre d’acronymes et de règles administratives complexes. Le pari initial était que chacun, porteur ou non d’une carte de presse, pourrait participer à des entreprises visant à exposer et inquiéter les puissants, par l’analyse collective de documents confidentiels.
    […]
    WikiLeaks n’a eu de cesse de lever le voile sur des mécanismes obscurs par lesquels les États s’émancipent du droit international, de leurs constitutions, de la défense de leurs citoyens et du respect de la dignité humaine.
    […]
    Pour une génération entière biberonnée au rêve d’un Internet qui rendrait “auto-magiquement” les individus plus libres et les espaces plus démocratiques, WikiLeaks a fait l’effet d’une douche froide, en utilisant l’outil informatique comme une fenêtre sur un monde brutal, secret, dans lequel les empires trahissent, mentent, torturent et assassinent.
    […]
    il est urgent de reconnaître la portée de l’héritage de WikiLeaks : de ce qu’il inspire pour le présent et pour le futur d’une presse libre et d’une information qui permettrait de collectivement et durablement rétablir les rapports de force, d’inquiéter les dominants et d’espérer un jour les faire payer pour leurs crimes et mensonges.

  • Comment ruiner un pays en trois décennies (braveneweurope.com – en anglais)
  • De l’ENA à l’ISF. Ou la fabrique de l’innommable (affordance.info)
  • La charité contre l’Etat (monde-diplomatique.fr – article de décembre 2014)

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Décidément, c'est fou, tout ce qu'il se passe en une semaine !- la personne de droite répond : Si tu en veux encore plus, clique sur ma tasse !

Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Avec une nouvelle fois un gros merci à Goofy pour son coup de patte !

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).




Khrys’presso du lundi 15 avril 2019

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Spécial Julian Assange

Spécial France

Spécial fin du Grand Débat

Spécial Gilets Jaunes

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Les autres lectures de la semaine

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Mobicoop : prenez part au covoiturage libre !

Mobicoop, la première plateforme gratuite et collaborative de covoiturage, a lancé le 18 mars dernier la campagne Prenez votre part, prenez le pouvoir ! afin d’ouvrir sa gouvernance à celles et ceux qui souhaitent s’investir au sein de la coopérative.

Mobicoop agit sur les domaines du covoiturage, de l’autopartage entre particulier·ères et du transport solidaire. Les services sont proposés sans commission et sont basés sur les principes coopératifs. Et chez Framasoft, ces principes nous parlent. Nous avons donc donné la parole à Bastien Sibille, président de Mobicoop.

Bonjour Bastien ! Pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour ! Alors je me présente rapidement car Mobicoop est un projet coopératif porté par des centaines de coopérateur⋅rice⋅s et je pense que ma trajectoire personnelle n’a pas grand intérêt ;-). Je suis engagé depuis 20 ans pour développer les innovations sociales numériques. Président de covoiturage-libre depuis 2015 et donc de Mobicoop depuis la transformation de l’association en coopérative fin 2018. J’ai beaucoup milité, depuis le début des années 2000, pour les biens communs en général et pour le libre en particulier, notamment à travers l’association Vecam puis l’association internationale du logiciel libre.

Au fait : c’est quoi le problème avec BlaBlaCar ?

On pense qu’imposer une commission sur les trajets est contraire à l’idée d’une mobilité vraiment écologique et accessible à tou⋅te⋅s… Mais sinon on n’a pas vraiment de problème avec Blablacar, notre horizon est beaucoup plus large 😉 ! Pour nous, se déplacer c’est naturel et partager son moyen de mobilité un acte social simple. Avec le développement actuel des plateformes (Uber, Drivy, etc), la mobilité devient un business. Beaucoup de personnes en sont exclues (personnes âgées, personnes handicapées, à faibles revenus, vivant sur des territoires ruraux). Le double enjeu actuel fondamental de la mobilité : la réduction des pollutions liées aux transports par la réduction de l’usage de la voiture, et l’accessibilité de toutes et tous à la mobilité, n’est pas suffisamment pris en compte par ces modèles de plateformes numériques !

Que s’est-il passé ces deux dernières années pour que vous deveniez Mobicoop ?

En 2017, après 6 ans de route, l’association a relevé deux constats :

  • le covoiturage peut et doit être un bien commun, c’est-à-dire un service de transport au service de tou⋅te⋅s, dont les richesses doivent rester entre les mains de ses utilisateur⋅rice⋅s.
  • l’offre de Covoiturage-libre devait s’améliorer, tant au niveau quantitatif (nombre de trajets) que qualitatif (expérience utilisateur⋅rice).

Pour aller dans ce sens, il fallait prendre le tournant et devenir une coopérative pour une mobilité plus partagée : partage de la gouvernance selon le grand principe 1 personne = 1 voix. Tout le monde peut prendre une part et devenir acteur⋅rice pour une mobilité différente, vraiment écolo, inclusive et solidaire.

Aujourd’hui, comment fonctionne concrètement Mobicoop ?

L’équipe s’est agrandie et on se développe autour de 3 axes :

  • le covoiturage : toujours libre et sans commission, il sera bientôt possible de faire un don à la coopérative lors d’un trajet ;
  • l’autopartage entre particulier⋅ère⋅s : mise à disposition de son véhicule pour quelqu’un⋅e qui n’en a pas. Le principe de Mobicoop reste en effet toujours de réduire le nombre de voitures !
  • la mobilité solidaire : pour être vraiment inclusive, Mobicoop sait s’appuyer sur un grand réseau de bénévoles qui peuvent conduire des personnes exclues de la mobilité en raison de leur âge, santé, adresse, revenu…

La plateforme de covoiturage est en ligne et fonctionne grâce à ses 350 000 utilisateur⋅rice⋅s. L’autopartage et la mobilité solidaire sont en cours de développement. Et on a mis en place une gouvernance coopérative la plus inclusive possible, avec des modèles très participatifs (par exemple, tirage au sort d’un membre du CA au sein de l’AG).

En quoi le fait que ça soit une SCIC (et d’ailleurs, c’est quoi une SCIC ?) change-t-il quelque chose à l’affaire ?

Une SCIC c’est une Société coopérative d’intérêt collectif. C’est un des statuts possibles pour une coopérative (les autres sont les SCOP ou les coopératives de consommateurs par exemple) et c’est celui qui nous correspond le mieux. Dans une SCIC, les collectivités peuvent aussi devenir membres. L’objet d’une SCIC est de fournir des services d’intérêt collectif qui présentent un caractère d’utilité sociale : c’est le cas d’une mobilité partagée, non ?

D’ailleurs, c’est quoi l’intérêt de devenir membre coopérateur⋅ices de Mobicoop ?

L’intérêt, il est d’abord social et écologique : on se bat pour un autre modèle de développement des services de la mobilité. Être membre Mobicoop, c’est surtout faire partie de ce grand mouvement, initié par d’autres dans différents domaines : la finance éthique, l’énergie, la consommation, les médias… On fait notre part, et on invite tout le monde à prendre une part ! On dit aussi que prendre une part, c’est prendre le pouvoir : dans ce grand mouvement pour les biens communs, on est plus directement lié⋅e⋅s aux décisions qui nous concernent. Sur le principe 1 personne = 1 voix, chacun⋅e a son mot à dire sur la gouvernance de la coopérative : lors des assemblées générales, et même au Conseil d’Administration…

Et, donc, le code de Mobicoop est libre. Pourquoi avoir fait ce choix ? Qu’est-ce que cela apporte ?

Ce choix était juste une évidence. Comment avoir une approche coopérative sincère dans son ouverture à tous, tout en ne permettant pas à n’importe qui de s’approprier et de s’investir dans nos projets de logiciels ? La bataille de la mobilité partagée est culturelle avant tout : passer de la logique propriétaire sur son automobile à une logique de commun. Avoir un code libre, ça nous apporte de la cohérence dans cette bataille culturelle : nous promouvons une culture des communs de manière systémique.

Quelle est la licence de ce code ? Croyez-vous qu’elle va plaire à tonton Stallman ?

Notre code est en double licence AGPL/propriétaire. Tonton Stallman râlerait forcément un peu… Mais c’est que nous n’avons pas exactement les mêmes objectifs que la FSF. Notre hiérarchie d’objectifs place en effet en premier l’impact écologique et social visé par nos solutions de mobilité, et en deuxième la nature libre de nos services. Le deuxième est un moyen essentiel pour le premier, mais reste au registre des moyens et pas des fins. Par prosaïsme, on ne s’interdit donc pas de vendre du service à des clients qui voudraient une plate-forme en code fermé. Deux raisons sous-tendent cette idée : les ressources financières de ce client profiteraient à la coopérative dans son ensemble et un client en plus c’est toujours plus d’impact écologique et social et plus de pouvoir pour notre position dans cette bataille culturelle de la mobilité partagée.

Quels sont vos espoirs pour cette plateforme ?

Une mobilité partagée tout à fait libre : plus personne seul⋅e dans sa voiture, plus personne bloqué⋅e chez soi, moins de bagnoles, plus de rossignols !

S’attaquer à l’une des (rares) licornes françaises, c’est un vrai pari ! Comment comptez-vous y arriver ?

On s’appuie sur une magnifique et grande communauté de 350 000 personnes qui résistent depuis 2011 ! Grâce à l’équipe élargie des développeurs, nos services vont être très performants, et surtout plus accessibles. On croit aussi que les gens sont attirés par les alternatives aux quasi-monopoles qui dictent leurs faits et gestes ! Enfin, le mouvement écolo actuel prouve que l’enjeu est de plus en plus pris en compte dans les décisions des gens. Et puis, chaque membre est responsable de la coopérative… alors ce sera de plus en plus facile 😉

On ouvre l’open-bar Utopique ! Dans votre Contributopia à vous, il y a quoi et ça se passe comment ?

Dans notre Contributopia à nous, une bascule culturelle a enfin été faite. Pour leur mobilité – comme pour le reste – la majorité ne se perçoit plus dans un dualisme client d’un fournisseur tout puissant ou propriétaire jouissant seul de sa liberté, mais selon un nouveau référentiel usager⋅ère ou contributeur⋅rice de trajets ou voitures partagées en commun selon des règles équitables. De telles bascules ont déjà eu lieu dans l’histoire. Avec Internet qui refaçonne en profondeur nos imaginaires de collaboration, cette bascule paraît tout à fait à portée de main. Et le logiciel libre, précurseur dans cette résurgence des communs, a montré la voie de longue date !

Et comme souvent sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin !

Aujourd’hui, il est possible de Prendre sa part ! Pour ce grand mouvement pour basculer vers la mobilité partagée, rendez-vous sur http://lacampagne.mobicoop.fr ! Merci à tou⋅te⋅s de partager cette campagne à vos connaissances : ensemble, nous libérons la mobilité, parce qu’être mobile, c’est être libre !




Khrys’presso du lundi 8 avril 2019

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Spécial 1er avril : des poissons et des autres

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Khrys’presso du 1er avril 2019

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Khrys’presso du lundi 25 mars

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Khrys’presso du lundi 18 mars

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  • Lingua Libre, une bibliothèque d’enregistrements audio que chacun peut compléter en donnant quelques mots, quelques proverbes, quelques phrases, etc. (projet WikiMédia France)

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Demain, les nains…

Et si les géants de la technologie numérique étaient concurrencés et peut-être remplacés par les nains des technologies modestes et respectueuses des êtres humains ?

Telle est l’utopie qu’expose Aral Balkan ci-dessous. Faut-il préciser que chez Framasoft, nous avons l’impression d’être en phase avec cette démarche et de cocher déjà des cases qui font de nous ce qu’Aral appelle une Small Tech (littéralement : les petites technologies) par opposition aux Big Tech, autrement dit les GAFAM et leurs successeurs déjà en embuscade pour leur disputer les positions hégémoniques.

Article original sur le blog d’Aral Balkan : Small technology

L’antidote aux Big tech : la Small Tech

une basket posée sur le rebord d’un carrelage, avec une minuscule plante qui pointe quelques feuilles et qui sort du joint entre deux tuiles.

Les géants du numérique, avec leurs « licornes » à plusieurs milliards de dollars, nous ont confisqué le potentiel d’Internet. Alimentée par la très courte vue et la rapacité du capital-risque et des start-ups, la vision utopique d’une ressource commune décentralisée et démocratique s’est transformée en l’autocratie dystopique des panopticons de la Silicon Valley que nous appelons le capitalisme de surveillance. Cette mutation menace non seulement nos démocraties, mais aussi l’intégrité même de notre personne à l’ère du numérique et des réseaux1.

Alors que la conception éthique décrit sans ambiguïté les critères et les caractéristiques des alternatives éthiques au capitalisme de surveillance, c’est l’éthique elle-même qui est annexée par les Big Tech dans des opérations de relations publiques qui détournent l’attention des questions systémiques centrales2 pour mettre sous les projecteurs des symptômes superficiels3.

Nous avons besoin d’un antidote au capitalisme de surveillance qui soit tellement contradictoire avec les intérêts des Big Tech qu’il ne puisse être récupéré par eux. Il doit avoir des caractéristiques et des objectifs clairs et simples impossibles à mal interpréter. Et il doit fournir une alternative viable et pratique à la mainmise de la Silicon Valley sur les technologies et la société en général.

Cet antidote, c’est la Small Tech.

Small Tech

  • elle est conçue par des humains pour des humains 4 ;
  • elle n’a pas de but lucratif 5 ;
  • elle est créée par des individus et des organisations sans capitaux propres6 ;
  • elle ne bénéficie d’aucun financement par le capitalisme de la surveillance des Big Tech7 ;
  • elle respecte la vie privée par défaut8 ;
  • elle fonctionne en pair à pair9 ;
  • elle est copyleft10 ;
  • elle favorise les petits plutôt que les grands, les simples plutôt que les complexes et tout ce qui est modulaire plutôt que monolithique11 ;
  • elle respecte les droits humains, leurs efforts et leur expérience12 ;
  • elle est à l’échelle humaine13.

Ces critères signifient que la Small Tech :

  • est la propriété des individus qui la contrôlent, et non des entreprises ou des gouvernements ;
  • respecte, protège et renforce l’intégrité de la personne humaine, des droits humains, de la justice sociale et de la démocratie à l’ère du numérique en réseau ;
  • encourage une organisation politique non-hiérarchisée et où les décisions sont prises à l’échelle humaine ;
  • alimente un bien commun sain ;
  • est soutenable ;
  • sera un jour financée par les communs, pour le bien commun.
  • ne rapportera jamais des milliards à quiconque.

  1. Lectures suggérées : La nature du « soi » à l’ère numérique, Encourager la maîtrise de chacun et la bonne santé des biens communs, et Nous n’avons pas perdu le contrôle du Web — on nous l’a volé[retour]
  2. Nous avons un système dans lequel 99.99999% des investissements financent les entreprises qui reposent sur la surveillance et se donnent pour mission de croître de façon exponentielle en violant la vie privée de la population en général [retour]
  3.  « Attention » et « addiction ». S’il est vrai que les capitalistes de la surveillance veulent attirer notre attention et nous rendre dépendants à leurs produits, ils ne le font pas comme une fin en soi, mais parce que plus nous utilisons leurs produits, plus ils peuvent nous exploiter pour nos données. Des entreprises comme Google et Facebook sont des fermes industrielles pour les êtres humains. Leurs produits sont les machines agricoles. Ils doivent fournir une façade brillante pour garder notre attention et nous rendre dépendants afin que nous, le bétail, puissions volontairement nous autoriser à être exploités. Ces institutions ne peuvent être réformées. Les Big Tech ne peuvent être réglementées que de la même manière que la Big Tobacco pour réduire ses méfaits sur la société. Nous pouvons et devrions investir dans une alternative éthique : la Small Tech. [retour]
  4. La petite technologie établit une relation d’humain à humain par nature. Plus précisément, elle n’est pas créée par des sociétés à but lucratif pour exploiter les individus – ce qu’on appelle la technologie entreprise vers consommateur. Il ne s’agit pas non plus d’une technologie construite par des entreprises pour d’autres entreprises [retour]
  5. Nous construisons la Small Tech principalement pour le bien commun, pas pour faire du profit. Cela ne signifie pas pour autant que nous ne tenons pas compte du système économique dans lequel nous nous trouvons actuellement enlisés ou du fait que les solutions de rechange que nous élaborons doivent être durables. Même si nous espérons qu’un jour Small Tech sera financé par les deniers publics, pour le bien commun, nous ne pouvons pas attendre que nos politiciens et nos décideurs politiques se réveillent et mettent en œuvre un tel changement social. Alors que nous devons survivre dans le capitalisme, nous pouvons vendre et faire des profits avec la Small Tech. Mais ce n’est pas notre but premier. Nos organisations se préoccupent avant tout des méthodes durables pour créer des outils qui donnent du pouvoir aux gens sans les exploiter, et non de faire du profit. Small Tech n’est pas une organisation caritative, mais une organisation à but non lucratif.[retour]
  6. Les organisations disposant de capitaux propres sont détenues et peuvent donc être vendues. En revanche, les organisations sans capital social (par exemple, les sociétés à responsabilité limitée par garantie en Irlande et au Royaume-Uni) ne peuvent être vendues. De plus, si une organisation a du capital-risque, on peut considérer qu’elle a déjà été vendue au moment de l’investissement car, si elle n’échoue pas, elle doit se retirer (être achetée par une grande société ou par le public en général lors d’une introduction en bourse). Les investisseurs en capital-risque investissent l’argent de leurs clients dans la sortie. La sortie est la façon dont ces investisseurs font leur retour sur investissement. Nous évitons cette pilule toxique dans la Small Tech en créant des organisations sans capitaux propres qui ne peuvent être vendues. La Silicon Valley a des entreprises de jetables qu’ils appellent des startups. Nous avons des organisations durables qui travaillent pour le bien commun que nous appelons Stayups (Note de Traduction : jeu de mots avec le verbe to stay signifie « demeurer »).[retour]
  7. La révolution ne sera pas parrainée par ceux contre qui nous nous révoltons. Small Tech rejette le parrainage par des capitalistes de la surveillance. Nous ne permettrons pas que nos efforts soient utilisés comme des relations publiques pour légitimer et blanchir le modèle d’affaires toxique des Big Tech et les aider à éviter une réglementation efficace pour mettre un frein à leurs abus et donner une chance aux alternatives éthiques de prospérer.[retour]
  8. La vie privée, c’est avoir le droit de décider de ce que vous gardez pour vous et de ce que vous partagez avec les autres. Par conséquent, la seule définition de la protection de la vie privée qui importe est celle de la vie privée par défaut. Cela signifie que nous concevons la Small Tech de sorte que les données des gens restent sur leurs appareils. S’il y a une raison légitime pour laquelle cela n’est pas possible (par exemple, nous avons besoin d’un nœud permanent dans un système de pair à pair pour garantir l’accessibilité et la disponibilité), nous nous assurons que les données sont chiffrées de bout en bout et que l’individu qui possède l’outil possède les clés des informations privées et puisse contrôler seul qui est à chacun des « bouts » (pour éviter le spectre du Ghosting).[retour]
  9. La configuration de base de notre technologie est le pair à pair : un système a-centré dans lequel tous les nœuds sont égaux. Les nœuds sur lesquels les individus n’ont pas de contrôle direct (p. ex., le nœud toujours actif dans le système pair à pair mentionné dans la note précédente) sont des nœuds de relais non fiables et non privilégiés qui n’ont jamais d’accès aux informations personnelles des personnes.[retour]
  10. Afin d’assurer un bien commun sain, nous devons protéger le bien commun contre l’exploitation et de l’enfermement. La Small Tech utilise des licences copyleft pour s’assurer que si vous bénéficiez des biens communs, vous devez redonner aux biens communs. Cela empêche également les Big Tech d’embrasser et d’étendre notre travail pour finalement nous en exclure en utilisant leur vaste concentration de richesse et de pouvoir.[retour]
  11. La Small Tech est influencé en grande partie par la richesse du travail existant des concepteurs et développeurs inspirants de la communauté JavaScript qui ont donné naissance aux communautés DAT et Scuttlebutt. Leur philosophie, qui consiste à créer des composants pragmatiques, modulaires, minimalistes et à l’échelle humaine, aboutit à une technologie qui est accessible aux individus, qui peut être maintenue par eux et qui leur profite. Leur approche, qui est aussi la nôtre, repose sur la philosophie d’UNIX.[retour]
  12. La Small Tech adhère  au manifeste du Design éthique.[retour]
  13. La Small Tech est conçue par des humains, pour des humains ; c’est une approche résolument non-coloniale. Elle n’est pas créée par des humains plus intelligents pour des humains plus bêtes (par exemple, par des développeurs pour des utilisateurs – nous n’utilisons pas le terme utilisateur dans Small Tech. On appelle les personnes, des personnes.) Nous élaborons nos outils aussi simplement que possible pour qu’ils puissent être compris, maintenus et améliorés par le plus grand nombre. Nous n’avons pas l’arrogance de supposer que les gens feront des efforts excessifs pour apprendre nos outils. Nous nous efforçons de les rendre intuitifs et faciles à utiliser. Nous réalisons de belles fonctionnalités par défaut et nous arrondissons les angles. N’oubliez pas : la complexité survient d’elle-même, mais la simplicité, vous devez vous efforcer de l’atteindre. Dans la Small Tech, trop intelligent est une façon de dire stupide. Comme le dit Brian Kernighan : « Le débogage est deux fois plus difficile que l’écriture du premier jet de code. Par conséquent, si vous écrivez du code aussi intelligemment que possible, vous n’êtes, par définition, pas assez intelligent pour le déboguer. » Nous nous inspirons de l’esprit de la citation de Brian et l’appliquons à tous les niveaux : financement, structure organisationnelle, conception du produit, son développement, son déploiement et au-delà.[retour]

Crédit photo : Small Things, Big Things by Sherman Geronimo-Tan. Licence Creative Commons Attribution.

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