Microsoft Office à l’école française : stop ou encore ?

Todd Baker - CC byEst-il si loin le jour où nous verrons en France un reportage similaire à celui que nous avons choisi de reproduire ci-dessous ? Titré « le boum des logiciels libres », il nous vient de la TSR (Télévision Suisse Romande) dans le cadre de son émission Nouvo consacrée aux « nouvelles tendances et technologies » (canal YouTube).

Que dire sinon que cela fait plaisir à voir et que nous applaudissons des deux mains ! Difficile en effet selon nous de faire mieux dans le temps imparti. Nous avions d’ailleurs publié un article dédié à cette évolution libre du Canton de Genève[1].

Faut-il le rappeler (et bien moins pour nous enorgueillir que pour déplorer l’immobilisme de la situation de l’autre côté des Alpes) : c’est peu ou prou exactement le même discours que tient le Framablog depuis un petit bout de temps déjà.

Ainsi, il y a tout juste un an (au moment même où le Café pédagogique se découvrait VRP de son généreux sponsor américain) nous avions fait l’effort de traduire un long rapport britannique qui déconseillait, étude sérieuse et détaillée à l’appui, l’usage en milieu scolaire de la suite bureautique propriétaire Microsoft Office 2007 ainsi que le nouveau (et tant décrié) système d’exploitation Windows Vista. Nous étions bien naïfs en pensant alors que ce rapport allait un tant soit peu émouvoir la communauté et réussir à faire naître un débat en haut lieu.

Car il n’en fut rien.

Peut-être parce que l’influence de Microsoft à l’école française demeure aussi efficace que disproportionnée ?

Cela n’empêche certainement pas la suite OpenOffice.org de se déployer silencieusement chaque jour davantage dans toutes les écoles Jean-Macé et les lycées Sud Médoc de France. Mais nous serions certainement allés bien plus vite sans cette résistance passive de notre administration, SDTICE en tête.

Le temps de la décision volontariste et du courage politique est-il enfin venu ?

On notera que le reportage ne se résume pas à l’éducation, puisqu’on y évoque par la suite brièvement la situation du logiciel libre dans le secteur privé (qui ne connait pas la crise) et le secteur public (ici en milieu hospitalier). Avec cette conclusion réaliste : « Pourtant le grand public hésite toujours à faire le pas, fidèle à Microsoft et autres leaders du marché ».

Le boum des logiciels libres

URL d’origine du document
Reportage : Zian Marro / Montage : Sandro Milone – 1 juin 2009 – TSR (Nouvo)

—> La vidéo au format webm

Transcript

Il s’agit de la retranscription de la première partie de la vidéo consacrée à l’éducation.

Voix off : Cours d’informatique dans cette classe de 8ème.

Le professeur : Le cours d’aujourd’hui consiste à faire faire aux élèves une feuille de calcul pour calculer leur moyenne à l’aide du logiciel libre Calc, qui est le correspondant en fait d’Excel.

Voix off : Les logiciels gratuits d’OpenOffice remplacent les bons vieux Word et Excel de Microsoft. Réputé compliqué, le libre a beaucoup évolué.

Un élève : C’est assez facile de travailler avec, surtout avec les profs qui nous donnent des consignes très claires. C’est très facile.

Voix off : Facile, mais aussi et surtout indépendant. Une ouverture qui plait aux profs.

Le professeur : On n’est pas soumis effectivement à l’hégémonie de certains logiciels. Pour avoir des nouvelles versions, à chaque fois il faut repayer etc. Donc, à mon avis, il faut s’affranchir dans une certaine mesure des logiciels dit propriétaires.

Voix off : Dans un ordinateur, le système d’exploitation, Windows par exemple, ainsi que les programmes sont payants. Aujourd’hui on peut facilement remplacer un, deux voire la totalité de ces coûteux logiciels par du libre. Et cette année l’État de Genève a édité un CD avec OpenOffice pour les élèves.

Une élève : Je trouve que c’est bien parce que comme ça on peut les avoir chez nous et on sait deja comment ça marche.

Voix off : Dans les écoles de Genève tous les ordinateurs sont equipés. L’État évite ainsi des frais de licences pour près de 900 000 francs par an, et surtout ne dépend plus de Microsoft.

Notes

[1] Crédit photo : Todd Baker (Creative Commons By)




Trop de Flash sur l’autoroute du Net

Garryknight - CC by-saCe bougre de Tristant Nitot le sait bien, il ne faut pas provoquer notre groupe de traducteurs Framalang sous peine de les voir se plier en quatre pour rester fidèle à leur réputation.

Ainsi mardi dernier, on pouvait lire sur son blog, dans un énième (et toujours pertinent) billet En vrac, le lien et le commentaire suivant : « Quand vous voyez Flash (un éclair) mettez vous à couvert. Mon petit doigt me dit que c’est un bon candidat pour la traduction par les infatigables bénévoles de Framalang ! »

Et la machine se mit en branle, pour un résultat que nous vous proposons ci-dessous.

Mais au fait, de quoi s’agit-il sur le fond ? Du fameux format Flash d’Adobe dont l’association « propriétaire + incontournable » n’est pas sans poser problème. L’auteur fait état de la situation et se demande comment en sortir en évoquant des solutions endogènes (pousser Adobe à « libérer » son format) et exogènes (s’en détourner et mettre au point nos propres alternatives).

Pour vous en donner une idée, voici la dernière phrase de l’article : « Tant qu’Adobe n’aura pas rendu le Flash plus accessible, ses utilisateurs n’auront pas d’autre choix que de se jeter dans la gueule du loup en espérant qu’il n’aura pas faim. »

Ce n’est qu’un volet de la problématique mais notons cependant que, pour ce qui concerne la vidéo en streaming Flash[1], les choses devraient évoluer positivement sous les coups de boutoir du HTML 5 (et sa balise vidéo), de Firefox 3.5[2] et du format Ogg Theora poussé par des poids-lourds comme Wikipédia et Dailymotion.

Si vous voyez du Flash, planquez-vous !

When you see Flash, Duck and Cover

29 mai 2009 – A High School Student’s Views on Software Freedom
(Traduction Framalang : Goofy, Daria et Don Rico)

La meilleure chose à faire si l’on veut continuer à enfermer Internet dans des restrictions barbelées d’interdictions, c’est d’utiliser Adobe Flash tel qu’il existe aujourd’hui. Internet a été conçu pour qu’un réseau ouvert et sans limites puisse partager des informations. Pourtant, on l’utilise de nos jours dans un but diamétralement opposé : pour interrompre cet immense flot d’informations. Beaucoup de gens ne considèrent pas le Flash comme un problème, et ne perçoivent pas Adobe comme un dictateur nuisible. En réalité, le Flash est le pire goulot d’étranglement qui menace l’efficacité d’Internet, tout comme l’immense diversité des langues parlées dans le monde entier est le pire goulot d’étranglement du réseau social planétaire. Un changement de stratégie commerciale d’Adobe en ce qui concerne le Flash est la seule façon de transformer ce bridage inutile du potentiel de la communauté connectée à Internet, pour en faire une véritable technologie innovante et favorable aux synergies.

Certains n’ont peut-être pas remarqué à quelles restrictions nous sommes confrontés au quotidien. L’une d’elles est due à des logiciels comme le Flash. Dans le seul secteur de la vidéo, le Flash est la méthode numéro un qu’on utilise pour contrôler l’accès à la « propriété intellectuelle ». Et pourtant, le Flash ne se contente pas de limiter les contenus vidéo. À la différence du HTML et du Javascript, qui sont enregistrés sous un format lisible par un être humain, les fichiers en Flash sont dans un format que seuls les ordinateurs savent lire, si bien que personne ne peut savoir exactement ce que fabriquent ces fichiers dans nos ordinateurs. Pour cette raison, tout le monde peut limiter l’accès au contenu des fichiers eux-mêmes, ou encore injecter des virus et autres codes malveillants grâce à l’utilisation du Flash Player.

Ce qui est contraignant au plus haut point, toutefois, c’est que les consommateurs sont obligés d’utiliser le logiciel distribué par Adobe s’ils veulent profiter pleinement des fichiers en Flash. C’est un problème crucial, parce qu’avec un taux de pénétration du marché de 99%, Adobe peut faire tout ce qui lui plaît. Adobe Flash est installé sur plus d’ordinateurs que Windows de Microsoft, ce qui lui confère naturellement un énorme pouvoir. Notre dépendance à Flash Player est telle qu’Adobe pourrait d’un jour à l’autre décider de désactiver toutes les installations de Flash Player tant que l’utilisateur n’aura pas versé une rançon de 40$. Si jamais Adobe venait à manquer d’argent, ce serait un moyen pratique et sans souci de gagner gros, en considérant que la plupart des gens finiraient par payer la note pour avoir accès aux jeux, aux vidéos, et une myriade d’autres services en ligne que nous considérons souvent comme allant de soi. Et ce n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg. Adobe pourrait bloquer les logiciels concurrents, espionner les usagers, ou encore se servir d’un « back door » (un accès secret) pour permettre à ses employés de prendre le contrôle à distance de n’importe quel ordinateur. Avec le gigantesque parc installé dont il dispose, Adobe pourrait techniquement faire ce que bon lui semble de votre ordinateur.

Des bénévoles dévoués ont commencé à développer des solutions alternatives en passant par la rétro-ingénierie, avec des projets comme « Gnash » et « swfdec», mais il est encore impossible de les mener à leur terme en raison du refus de coopération d’Adobe. Adobe a lancé le projet « Open Screen » pour se donner l’air de promouvoir le choix des plateformes et apaiser les craintes à l’égard du contrôle obsessionnel de sa part, alors qu’en réalité il s’agit simplement de récupérer le savoir-faire déjà acquis par des techniques de rétro-ingénierie existantes. Seul bénéfice du projet Open Screen : Adobe s’est engagé à ne poursuivre pénalement aucun projet alternatif au Flash, bien que cet engagement, en réalité, ne fasse qu’affirmer le contrôle démesuré qu’exerce Adobe sur la plateforme. Récemment, Adobe a envoyé une mise en demeure à SourceForge, une entreprise qui héberge des projets développés de façon collaborative, à propos d’un projet appelé « rtmpdump ». Ce dernier procurait aux utilisateurs lambda les fonctionnalités du Flash qui n’étaient auparavant disponibles qu’avec le lecteur Flash d’Adobe. En dépit des déclarations d’Adobe sur la transparence et la neutralité, SourceForge a été contraint de retirer le projet rtmpdump de son site, confirmant une fois de plus l’énorme pouvoir dont dispose Adobe.

Un autre problème que pose le format Flash est sa dépendance à des logiciels brevetés par de multiples sociétés. Ces brevets rendent vaines les promesses d’Adobe, puisque d’autres sociétés ont elles aussi le pouvoir de mener des poursuites si leurs droits sont violés. La loi sur les brevets a été créée pour encourager l’innovation, mais quand les ordinateurs sont entrés en scène, les entreprises y ont vu une occasion de tirer bénéfice du vide juridique qui permettait aux logiciels d’être placés sous licence. Finalement, essayer de breveter autant de concepts élémentaires que possible est alors devenu une stratégie commerciale, et toute entreprise qui ne suivait pas cette stratégie s’exposait à des poursuites judiciaires. Les brevets logiciels ont porté sur tout, depuis les tests en ligne jusqu’aux fenêtres pop-up en passant par les hyperliens et les barres de progression. Comme vous l’imaginez facilement, pratiquement tous les logiciels informatiques sont couverts par de multiples brevets détenus par diverses sociétés. Les plus grandes entreprises mettent en commun leurs brevets et s’entendent pour ne pas se faire de procès mutuellement, en échange d’un accès aux brevets des autres entreprises. C’est ainsi qu’Adobe ne peut être poursuivi pour l’utilisation de certains composants du Flash, alors que tous les autres risquent des poursuites s’ils utilisent ces mêmes composants.

Dans la mesure où les consommateurs sont dans l’impossibilité d’utiliser un quelconque lecteur de Flash autre que celui d’Adobe, on pourrait s’attendre à ce que le lecteur officiel soit d’excellente qualité, non ? Des études ont prouvé tout le contraire. Non seulement le Flash comporte un nombre élevé de failles de sécurité, mais il ralentit aussi les ordinateurs de façon significative, particulièrement ceux qui utilisent d’autres systèmes d’exploitation que Windows. Le Flash consomme en moyenne 50 à 80 % des ressources système sous Mac OSX. La principale cause de plantage du navigateur Mozilla Firefox, selon les rapports de envoyés par les utilisateurs, est le plugin Flash. Cependant, l’efficacité peut être mesurée autrement que par la performance. Les utilisateurs de Flash soucieux de réduire leur bilan carbone risquent d’être mécontents d’apprendre à quel point le Flash plombe leur consommation énergétique. Le Flash, et particulièrement dans les bannières publicitaires, provoque une surconsommation d’énergie pour l’ordinateur. Rien qu’en désactivant le Flash on économise autant d’énergie qu’en éteignant une ampoule électrique.

La solution la plus rationnelle de ce problème serait qu’Adobe permette de lire, modifier et distribuer le code, de sorte que les programmeurs puissent comprendre comment développer en Flash. Cette stratégie aurait de multiples avantages, non seulement pour les consommateurs et l’entreprise Adobe, mais aussi pour la société tout entière. Dans un même mouvement, les consommateurs auraient le plaisir de bénéficier d’une meilleure navigation, et Adobe ferait autant de profits que possible. Chacun de ces intérêts particuliers y trouverait son compte.

Si Adobe autorisait la modification et la distribution sans restriction de sa plateforme, les consommateurs en tireraient un grand bénéfice. Ils n’auraient plus à se soucier de ce qui pourrait se passer si Adobe essayait d’abuser de son pouvoir de contrôle sur eux, parce que tout le monde serait capable de modifier le Flash pour désactiver les fonctions indésirables. Si les choses se passaient ainsi, Adobe y perdrait à coup sûr sa réputation détestable. Si cela devait arriver aujourd’hui, cependant, il est possible que personne ne le découvrirait. On a pu le constater dans des projets comme celui du noyau Linux : ceux qui peuvent modifier un logiciel le feront pour leur intérêt personnel. Les entreprises feront naturellement avancer les choses pour contribuer au développement collaboratif du logiciel seulement lorsque ce sera utile à leurs propres produits. Une multitude de sociétés dépendent du Flash, et sont donc à même d’aider au développement du lecteur de Flash pour le plus grand bien de tous. La vitesse est importante pour tout le monde, en particulier pour les entreprises prospères qui veulent que leurs employés soient les plus productifs possible. Comme on l’a vu avec le noyau Linux, les problèmes de stabilité et de sécurité sont réglés à une vitesse incroyable dans le monde du logiciel développé de façon collaborative.

C’est Adobe qui serait le plus grand bénéficiaire s’il ouvrait le code du Flash. La stratégie commerciale d’Adobe en ce qui concerne le Flash consiste à développer une énorme quantité de technologies gravitant autour du Flash, puis de vendre à prix d’or un logiciel de création vidéo en Flash. La plupart de ces technologies ont un code ouvert pour inciter à l’usage et séduire ceux qui aiment le logiciel modifiable et distribuable. Malheureusement pour Adobe, elles n’ont pas réussi à gagner une part du marché cible parce que le produit dont elles dépendent, le Flash, ne permet ni modification ni redistribution. L’autre source de revenus d’Adobe découlant du Flash consiste à vendre des licences du lecteur de Flash pour les plateformes embarquées, comme dans les téléphone mobiles. Alors qu’il est logique d’espérer une manne financière venant des grandes entreprises lorsqu’on les autorise à utiliser le lecteur Flash, des problèmes surviennent quand ces entreprises choisissent de ne pas payer la licence. Le cas du iPhone en donne une remarquable illustration. Le manque de coopération des entreprises finit par faire perdre le contrôle du marché à Adobe, parce qu’il limite l’accès des utilisateurs potentiels au logiciel. En exploitant son énorme cœur de cible (tous les utilisateurs connectés à Internet) le Flash a le potentiel d’un authentique standard. Dans ce cas, Adobe détiendrait la clé de la création de contenus pour ce standard avec son produit phare : « Adobe Creative Suite 4 ». La seule façon pour une entreprise d’augmenter ses parts de marché, c’est d’autoriser l’accès public et la modification d’un logiciel aux autres sociétés, afin qu’elles l’aident à le développer. Par exemple, le Flash pourrait être amélioré par des sociétés qui conçoivent des moteurs de recherche, le contenu pourrait être plus facilement indexé, au profit de toutes les sociétés impliquées qui pourraient aller vers d’autres standardisations encore.

Il existe d’autres solutions possibles à ce problème, mais elles ne sont guère élégantes ni efficaces. Il est possible par exemple que certains activistes dévoués à la cause lancent un nouveau projet de logiciel qui remplacerait le Flash. Il aurait des fonctionnalités comparables, mais serait incompatible avec les scripts Flash déjà existants. Bien qu’apprécié de beaucoup, ce type de projet n’avancerait que très lentement, par rapport à ce que nous pouvons espérer des technologies modernes en ligne. Cela constituerait aussi un nouveau casse-tête pour le consommateur, en l’obligeant à installer un énième plugin pour son navigateur. Finalement, cette solution détournerait du temps de développement de projets alternatifs tels que Gnash et swfdec, qui deviennent de plus en plus nécessaires, et rendrait impossible le parcours dans la jungle des scripts en Flash déjà existants.

Une autre solution, encore moins crédible, serait que les consommateurs cessent tous ensemble d’utiliser le Flash. Les problèmes liés à cette solution sont cependant évidents. Avant tout il est quasi impossible de provoquer une prise de conscience en faveur d’une cause, en particulier quand celle-ci est difficile à comprendre. De plus, le Flash est devenu tellement inhérent aux habitudes de navigation de tant d’usagers du Web qu’ils ne pourront tout simplement pas « l’abandonner ». Tellement de choses dépendent de lui, comme les sites de partage vidéo, de matériel pédagogique, de jeux et tant d’autres domaines encore, que seuls les utilisateurs les plus fanatiques seraient capables de résister à la pression. Cette solution serait bien plus efficace comme technique de protestation pour convaincre Adobe d’autoriser les modifications que comme une solution par elle-même.

Comme vous le voyez, le Flash n’était au départ qu’une sorte d’insecte légèrement pénible, mais avec le temps il est devenu le monstre que l’on connaît aujourd’hui. Adobe exerce un pouvoir de contrôle excessif sur le logiciel. À cause de ce contrôle, les contenus disponibles sur Internet ne sont pas réellement accessibles à tous, et les utilisateurs n’ont d’autre choix que de se soumettre à Adobe. Cette situation entraîne aussi un grand nombre de problèmes qu’Adobe ne cherche pas à résoudre, tant que les résoudre ne lui permet pas d’accroître ses parts de marché. En autorisant les modifications et la redistribution du Flash, Adobe, tout comme les consommateurs, serait bénéficiaires de la synergie qui se mettrait en place. Personne ne peut construire un gratte-ciel tout seul. Tant qu’Adobe n’aura pas rendu le Flash plus accessible, ses utilisateurs n’auront pas d’autre choix que de se jeter dans la gueule du loup en espérant qu’il n’aura pas faim.

Notes

[1] Crédit photo : Garryknight (Creative Commons By-Sa)

[2] Concernant Firefox 3.5 et la balise vidéo permettant de lire nativement le format Ogg, on pourra parcourir les billets suivants : Building the world we want, not the one we have, Quand Mozilla participe à la libération de la vidéo et Démo Firefox 3.5 : le Rich Media collaboratif.




Ad Bard, le Google Adsense (killer) du logiciel libre ?

Arturo de Albornoz - CC by-saQue ne diriez-vous d’une régie publicitaire de type Google Adsense mais qui n’afficherait sur vos sites que des liens promotionnels en liaison avec le logiciel libre. Une sacrée bonne idée non ?

On se débarrasserait de l’emprise de Google sur ce secteur. On aurait l’assurance que les liens proposés ne pointent pas vers du logiciel propriétaire. Et on permettrait à l’économie du logiciel libre de se développer !

C’est ni plus ni moins ce que propose le nouveau service Ad Bard, « The ad network for ethical computing », soutenu par la Free Software Foundation (FSF) dans un récent communiqué que nous avons traduit ci-dessous.

Nous n’en sommes qu’au démarrage. Il faudra s’assurer que les liens proposés sont bien conforme à cette « éthique », que financièrement annonceurs et afficheurs s’y retrouvent[1], que cela se déclinera en versions localisées (pour faire apparaître des publicités en français), etc. Bref s’assurer que cette confiance qu’on leur accorde a priori sera bien effective.

Il n’en demeure pas moins que le potentiel du projet est énorme. Quel plaisir que de voir le Libre occuper également cette case, que l’on croyait définitivement squattée par la pieuvre Google !

La FSF souhaite la bienvenue à AdBard, régie publicitaire du logiciel libre

FSF welcomes AdBard network for free software advertising

Communiqué – 2 juin 2009 – FSF.org
(Traduction Framalang : Pierre Misandeau)

La communauté du logiciel libre dispose maintenant d’une alternative éthique aux régies publicitaires qui œuvrent à la promotion des logiciels propriétaires.

À l’occasion de son lancement, La Free Software Foundation (FSF) présente aujourd’hui ses vœux de réussite à la nouvelle régie publicitaire AdBard consacré à la promotion des produits et services relatifs au logiciel libre et Open Source.

Créée par Tag1 Consulting, la régie publicitaire AdBard se veut au service des sites Web qui font la promotion du logiciel libre, pour les aider à entrer en relation avec les entreprises vendant des produits et services ciblant ce public. AdBard résout ainsi le problème de l’affichage de publicités vantant des logiciels propriétaires sur des sites militants pour la liberté de l’utilisateur, problème que provoquaient l’inscription à des régies publicitaires plus génériques.

« La FSF dispose maintenant d’une alternative éthique aux régies publicitaires œuvrant à la promotion du logiciel propriétaire » déclare Peter Brown, directeur exécutif de la FSF. « C’est un progrès énorme pour beaucoup des sites au service de la communauté. Et nous souhaitons un plein succès à AdBard et aux sites qui afficheront les publicités d’AdBart. Nous espérons également que d’autres régies publicitaires s’inspireront de cet exemple et adopteront des politiques similaires. »

« AdBart est une excellente façon de rapprocher annonceurs et éditeurs au sein de la communauté du logiciel libre, et d’aider à la croissance du marché des services autour du logiciel libre. » affirme Jeremy Andrew, PDG de Tag1.

La FSF n’a pas reçu d’argent d’AdBard et ne possède pas d’intérêt financier dans Tag1 Consulting, mais procède à cette annonce pour aider les sites Web de la communauté du Libre qui ont fait le choix des revenus publicitaires à cesser de légitimer le logiciel propriétaire en affichant ses publicités.

Kernel Trap, Libre.fm et Boycott Novell comptent parmi les sites web qui utilisent déjà AdBard (la liste complète). Pour les annonceurs, suivre ce lien.

Notes

[1] Crédit photo : Arturo de Albornoz (Creative Commons By-Sa)




S’il te plaît… dessine-moi une ville libre

Sophiea - CC byUne « ville libre » vous en rêviez ? Vancouver tente dès aujourd’hui de le réaliser.

Il convient bien entendu de s’entendre sur ce qu’est, ou plutôt pourrait, être une « ville libre ». Mais la motion, présentée il y a peu au conseil municipal de la plus grande cité de Colombie-Britannique (Canada), dessine les contours d’un séduisant possible « vivre ensemble urbain » du futur[1].

Au menu, entre autres choses : interopérabilité, standards ouverts, logiciels libres, mises à disposition des données, et incitation citoyenne à s’approprier ces outils et informations pour créer de nouveaux services.

Libres enfants de Vancouver, vous en avez de la chance. Parce que si ce texte se trouvait adopté vous grandiriez alors dans un monde plus ouvert et plus juste, que vos parents n’auraient pas même pu imaginer il y a à peine dix ans de cela.

PS1 : Pour aller plus loin, on pourra parcourir l’excellent article de Fabrice Epelboin (ReadWriteWeb) Qui écrira la démocratie électronique de demain ? qui relate les avancées américaines tout en se désolant à juste titre de la situation française.

PS2 :Vidéo YouTube de la lecture publique de la motion à la mairie.

Vancouver ouvre l’âge de la ville Open Source

Vancouver enters the age of the open city

David Eaves – 14 mai 2009 – Blog
(Traduction Framalang : Claude et Don Rico)

La municipalité de Vancouver a planifié une réunion du conseil au cours de laquelle a été lue la motion suivante :

Déclaration de motion

Open Data, Standards Ouverts et Open Source
Auteur : Mme la conseillère municipale Andrea Reimer
Intercesseur: Mme la conseillère

Attendu que la Ville de Vancouver légifère loyalement au sein du City Hall (NdT : la mairie) à l’écoute des citoyens et des sollicitations relatives à leurs idées, propositions et énergie créatrice ;

Attendu que les municipalités du Canada ont l’opportunité de réduire fortement leurs dépenses en partageant et soutenant les logiciels qu’elles utilisent ou créent ;

Attendu que la valeur absolue des données publiques est maximisée lorsqu’elle est fournie gratuitement ou, si nécessaire, pour un coût minimal ;

Attendu que lorsque les données sont partagées librement, les citoyens ont la possibilité de les utiliser et de les transformer, favorisant ainsi la création d’une cité plus dynamique économiquement et plus respectueuse de l’environnement ;

Attendu que Vancouver a besoin de chercher des opportunités de création d’activité économique et de partenariat avec les secteurs technologiques innovants ;

Attendu que l’adoption des standards ouverts facilite la transparence, l’accès aux informations de la ville par les citoyens,(attendu) qu’ils améliorent la coordination et l’efficacité des relations municipales avec leurs partenaires fédéraux et provinciaux ;

Attendu que l’ICIS (NdT : Integrated Cadastral Information Society pour Système d’information cadastral) est une organisation à but non lucratif créé en partenariat avec les gouvernements locaux, les gouvernements provinciaux et les principaux services publics de Colombie Britannique afin de partager et intégrer les informations géographiques, à laquelle adhèrent 94 % des gouvernements locaux de Colombie Britannique, mais pas Vancouver ;

Attendu que l’innovation informatique peut améliorer les communications entre citoyens, renforcer l’image d’une ville créatrice et innovante, améliorer la fourniture des services, aider les citoyens à s’autogérer et résoudre leurs problèmes, mais aussi créer un sentiment plus fort d’engagement civique, de communauté et de fierté ;

Attendu que la ville de Vancouver possède d’incroyables ressources de données et d’informations, et qu’elle a récemment reçu le prix Best City Archive of the World (meilleures archives municipales du monde).

En conséquence, qu’il soit assuré que la ville de Vancouver approuve les principes suivants :

– Données accessibles et ouvertes : la ville de Vancouver partagera librement avec les citoyens, les entreprises et les autres juridictions la plus grande quantité de données possible en respectant la vie privée et la sécurité.
– Standards Ouverts : La ville de Vancouver adoptera le plus rapidement possible les standards ouverts en vigueur pour les données, documents, cartes et autres formats de diffusion.
– Logiciels Open Source : la ville de Vancouver, au moment du remplacement des logiciels existants ou de l’étude de nouvelles applications, mettra les logiciels Open Source à pied d’égalité avec les systèmes commerciaux au cours de la passation de marché.

En conséquence, dans cette volonté de favoriser les données ouvertes, la ville de Vancouver :

– Identifiera les opportunités immédiates permettant une plus grande distribution de ses données.
– Indexera, publiera et syndiquera ses données sur l’Internet au moyen des standards, interfaces et formats ouverts en vigueur.
– Mettra en place les accords appropriés en vue du partage de ses données avec l’ICIS (Integrated Cadastral Information Society) et encouragera l’ICIS à partager ses données avec le grand public.
– Développera un plan de numérisation et distribuera librement les archives disponibles au public.
– S’assurera que les données fournies à la ville par des tierces parties (développeurs, prestataires, consultants) sont libres, dans un format ouvert en vigueur, et non soumises à des droits d’auteurs ou aux lois du copyright, exception faite d’empêchement pour considérations légales.
– Mettra sous licence toutes les applications logicielles développées par la ville de Vancouver de sorte qu’elles pourront être utilisées par les autres municipalités, les entreprises et le public sans restriction.

En conséquence, le City Manager (NdT : le gérant municipal) aura pour tâche de développer un plan d’action en vue de la mise en application du texte ci-dessus.

Nous sommes nombreux à avoir travaillé d’arrache-pied pour mettre en place cette motion. Même si plusieurs villes comme Portland, Washington DC ou Toronto, ont mis en œuvre certaines des idées défendues dans cette motion, aucune ne l’avait codifié ou n’avait été aussi claire et explicite dans ses intentions.

Je vois certainement cette motion comme la pierre angulaire d’une transformation de Vancouver en ville ouverte (NdT : Open City), ou comme le formule mon ami Surman, en ville qui pense comme le Web.

À plus haut niveau, l’objectif qui anime cette motion est de permettre aux citoyens de créer, concevoir et contrôler l’expression virtuelle de leur ville afin qu’ils puissent en retour influer sur la ville réelle et physique.

Dans la pratique, je crois que cette motion va accentuer plusieurs résultats :

  • De nouveaux services et programmes : les données étant ouvertes, partagées et possédant des APIs (interfaces utilisateurs) dédiées, nos concitoyens codeurs vont créer des applications Web qui faciliteront leur vie (et celle des autres), les rendront plus efficaces et plus plaisantes.
  • La possibilité de piocher dans la longue traîne de l’analyse politique publique : plus les habitants de Vvancouver consulteront les données, les cartes et les autres informations de la municipalité, plus ils remarqueront les lacunes, les problèmes et autres difficultés, d’où un potentiel d’économie d’argent, d’amélioration des services et, de manière plus générale, d’édification d’une ville plus puissante.
  • La création de nouvelles entreprises, rendre la ville plus attractive pour les compétences : comme la ville partage plus de données et utilise plus de logiciels Open Source, les nouvelles entreprises créant du service autour de ces données vont éclore. De manière plus générale, je pense que cette motion, au fil du temps, va attirer le talent à Vancouver. Selon Paul Graham, les grands programmeurs veulent de bon outils et des défis intéressants. Nous leur offrons les deux: le défi d’améliorer la ville où ils vivent ainsi que les outils et données pour les assister.

Ceux qui souhaiteraient assister au conseil municipal afin de soutenir cette motion trouveront les détails ici. La réunion du conseil est Mardi 19 Mai à 14 heures. Vous pouvez aussi voir la séance en direct.

Ceux qui veulent écrire une lettre pour soutenir la motion peuvent l’envoyer à cette adresse.

Notes

[1] Crédit photo : Sophiea (Creative Commons By)




Le petit livre mauve (et libre) de Nicolas Dupont-Aignan

Le petit livre mauve - Nicolas Dupont-Aignan - ILV - CC by-saTous ceux, nombreux, qui ont suivi les débats à l’Assemblée autour du projet de loi Création et Internet, auront peut-être découvert ou en tout cas retenu les noms de certains parlementaires qui auront tenté jusqu’au bout de refuser cette loi inique.

Le député Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, était de ceux-là.

Or, celui qui a comparé les pro-Hadopi « aux moines copistes qui voulaient emprisonner Gutenberg et interdire l’imprimerie », nous revient aujourd’hui avec un livre original et très certainement pionnier en son genre en France : Le petit livre mauve.

Ce livre, qui s’inscrit dans la perspective des élections européennes (à ce propos n’oubliez pas Le Pacte), est selon ses dires un abécédaire « de l’Europe qui marche sur la tête… et qu’il faut remettre sur ses deux jambes ! »

Il ne s’agit pas pour moi ici d’en faire la critique politique, mais de souligner que ce livre est rien moins que disponible chez InLibroVeritas[1], sous licence, tenez-vous bien, Creative Commons By-Sa !

Et dans sa version print (comprendre vraie livre physique) il ne vous en coutera que 2 €.

Voici ce qu’on peut notamment lire sur le blog de Nicolas Dupont-Aignan :

Ce livre est publié par Inlibroveritas, une maison d’édition originale qui fait le pari innovant de l’émergence d’un nouveau modèle économique et culturel du livre, fondé sur l’accès gratuit aux œuvres sur internet. Créée en 2005 par Mathieu Pasquini, Inlibroveritas édite des livres sous licences totalement libres de droits, qui sont diffusés à la fois sur support physique payant et sur support numérique gratuit par internet. Le site communautaire d’Inlibroveritas constitue ainsi une sorte de bibliothèque ouverte contenant toutes les œuvres publiées par cette maison et qui draine plus d’un million et demi de connexions par mois. La démarche d’Inlibroveritas s’inscrit dans le concept d’ « édition équitable », qui est un peu au livre ce que la licence globale – l’un des combats majeurs de Debout la République – est à la musique et au cinéma.

Ce n’est certainement pas ceci qui me fera voter pour lui, mais cela y participe.

D’autant qu’avec ce modèle il est bien plus facile de s’informer de ce que l’homme politique a à dire et à proposer.

Notes

[1] Il est également à noter qu’InLibroVeritas inaugure une nouvelle collection, Science Libre, avec comme premier ouvrage L’évolution du vivant expliquée à ma boulangère de Virginie Népoux (toujours sous la très libre licence Creative Commons By-Sa).




Le journal La Croix consacre un dossier au logiciel libre

Intéressante évocation du logiciel libre dans le journal La Croix du jour. D’abord parce qu’on y parle de libre dans un grand quotidien, mais aussi par le contenu des articles (pluriels, et qui forment donc un véritable dossier).

Il y a tout d’abord l’article Les logiciels libres, histoire d’un succès qui introduit le dossier.

Depuis leur apparition il y a vingt-cinq ans, les logiciels libres n’ont cessé de se développer, convainquant un large public, professionnels comme amateurs, entreprises comme administrations, de l’efficacité de leur modèle de développement.

On y parle de vente liée, de Stallman et des méthodes de travail du libre. Une large place est faite au témoignage d’Alexandre Zapolsky (président de la FniLL et de Linagora), pour qui le libre sait s’adapter aux difficultés des temps actuels.

Reste que « le libre profite de la crise », selon Alexandre Zapolsky. Jusque-là, les grands organismes ne voulaient pas prendre de risques en abandonnant le « propriétaire » au motif que, selon Loïc Rivière, « la possibilité de l’accès au code peut tenter des personnes mal intentionnées ». « Mais cette frilosité s’estompe avec les restrictions budgétaires », reprend Alexandre Zapolsky. L’argument économique n’est cependant pas la seule cause de la progression du secteur : « Nos clients veulent leur indépendance à l’égard des grands éditeurs et fournisseurs », ajoute le président de la FniLL.

J’ai noté une double citation, de l’Afdel et de NKM, qui pourrait faire l’objet d’un petit débat.

Des solutions qui coûtent souvent beaucoup moins cher que celles qui font appel à des logiciels propriétaires. « C’est moins cher à court terme, mais à long terme, les services achetés à une société du libre peuvent coûter plus cher que l’acquisition d’un logiciel propriétaire », rétorque Loïc Rivière, délégué général de l’Association française des éditeurs de logiciels (Afdel), qui veille à ce que l’État reste neutre en face du choix de solutions entre « libre » et « propriétaire ».

(…) « Ce que beaucoup redoutent, ce n’est pas forcément le libre, mais c’est la migration vers un environnement différent, analyse Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État au développement de l’économie numérique. Pour les collectivités, l’État finance beaucoup de formations aux logiciels libres en direction des élus. Mais on ne peut pas les forcer à faire le choix entre libre et propriétaire. »

L’Angleterre semble avoir fait un choix différent. Il ne s’agit pas de forcer mais d’inciter fortement pour les raisons que l’on sait (par exemple en parcourant les cinq cents articles du Framablog !).

Un deuxième article s’intitule Peaufiner les logiciels est un modèle de science participative.

Il s’agit donc de comprendre un peu mieux comment fonctionne le logiciel libre et de faire plus ample connaissance avec tous ces gens qui gravitent autour non, sans un certain enthousiasme.

Parmi eux, il y a un administrateur de Rue89, l’incontournable April et… notre ami Pierre-Yves (alias Pyg quand il est rédacteur du Framablog). Ce dernier me fait savoir dans l’oreillette que retenir ce qui suit sur près d’une heure d’entretien téléphonique avec la journaliste, c’est un peu… frustrant ! (d’autant qu’il lui arrive d’être barbu et de manger des pizzas à 3 heures du mat’).

« Nous ne sommes pas des utopistes barbus qui mangent de la pizza à 3 heures du matin. » Pierre-Yves Gosset, délégué général de l’association Framasoft, s’élève contre les clichés qui frappent les développeurs de logiciels libres. « Les gens pensent toujours que c’est un sujet technique seulement maîtrisé par les informaticiens », déplore-t-il.

Lancé par des spécialistes en informatique, le mouvement du « libre » rassemble aujourd’hui des profils très divers, techniciens comme profanes. Framasoft structure un réseau de sites Internet et met à la disposition du public des ressources sur les logiciels libres.

Avec une volonté participative : ce sont les utilisateurs de logiciels eux-mêmes qui rédigent leur présentation, enrichissent l’annuaire, traduisent des textes pour les mettre à la portée de tous. « Nous encourageons les utilisateurs à s’entraider et à publier de l’information, c’est une sorte de “Wikipedia du libre” », précise Pierre-Yves Gosset.

(…) À distance, un échange se crée entre développeurs professionnels, traducteurs bénévoles, utilisateurs vigilants. Leur passion commune permet d’améliorer sans cesse les logiciels existants, ou d’en créer de nouveaux. « Le public est très varié, confirme Pierre-Yves Gosset. Il y a des médecins, des plombiers, des couturières. Chacun peut devenir producteur et créateur. »

Quand je pense qu’il ne m’a jamais présenté la couturière ! Bref passons…

Par contraste, « l’enfermement du savoir » est le principal reproche adressé aux logiciels propriétaires. « Le logiciel est l’expression technique d’une idée, affirme Pierre-Yves Gosset. C’est un enjeu éthique : est-ce que le marché peut s’approprier quelque chose qui relève du bien commun ? »

(…) Les acteurs du libre refusent néanmoins qu’on leur prête des intentions idéologiques. Bill Gates, le richissime fondateur de Microsoft, les surnomme « les communistes d’un nouveau genre ». Ils admettent en revanche défendre une vision « citoyenne ». Pierre-Yves Gosset résume les valeurs du « libre » par une devise bien connue : « Liberté, égalité, fraternité. »

Fallait bien la placer quelque part la devise 😉

Un troisième article se demande si Le logiciel libre paraît-il utopique ? dans une sorte de dialogue entre NKM et François Elie (cf la récente interview).

L’avis de NKM sur le sujet laisse à penser qu’elle a bien compris le logiciel libre et ses enjeux. De quoi être malgré tout un peu optimiste pour la période gouvernementale post-Hadopi ?

« Le logiciel libre est d’abord une philosophie, avant d’être un standard ou un modèle économique. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une religion, bien que l’on parle des commandements du logiciel libre !

(…) Le modèle de financement du libre est cependant plus fragile que celui du logiciel dit propriétaire. Les éditeurs de logiciels disposent de la rente annuelle de licences. Dans le libre, il faut sans cesse inventer et améliorer des produits pour pouvoir survivre. L’avantage du libre est son caractère innovant.

(…) Le libre est un peu l’anti-trust d’un secteur facilement monopolistique. Du coup, la philosophie du libre s’étend et un équilibre dynamique s’installe entre “libre” et “propriétaire” avec des mouvements de vague tantôt dans un sens tantôt dans l’autre. Je ne crois donc pas que cette évolution aboutisse à la disparition du propriétaire. »

C’est pourtant ce que prophétise peu ou prou François Elie dans son livre Économie du logiciel libre.

Il n’y a pas de fatalité à ce que ce logiciel soit propriétaire. Toute l’informatique est en train de basculer vers un autre modèle. Même Microsoft songe à basculer vers le libre. »

Il y a également un petit Lexique sur les logiciels libres expliquant le logiciel libre, l’open source, le logiciel propriétaire, et la licence GPL.

D’habitude lorsque le Framablog pointe un article de presse autour du logiciel libre, il y a toujours de « gentils pinailleurs » prêts à dégainer dans les commentaires pour en souligner les inexactitudes (sachant qu’il n’est pas toujours simple de vulgariser le logiciel libre, sachant aussi que ces précisions apportent de l’information aux lecteurs du blog).

En ira-t-il de même ici ? Vous le saurez en parcourant… les commentaires 😉




FramaDVD : une compilation de logiciels libres, mais pas seulement

Logo FramaDVD - Licence Art LibreÀ la rentrée prochaine, Framasoft devrait proposer un nouveau projet de promotion et diffusion du libre, sous la forme d’un DVD proposant sur un même support un best-of des applications libres pour Windows et Mac, une distribution GNU/Linux, et de nombreux contenus culturels libres (vidéos, musique, littérature, photos).

Rapide rappels des faits : en 2004, Framasoft effectuait la traduction d’une compilation de logiciels libres anglophone nommée TheOpenCD. On pouvait trouver au sein de ce CD un panel des meilleurs logiciels libres pour Windows, présentés au travers d’une interface visuellement agréable et ergonomiquement efficace[1]

Avec plus de 200 000 téléchargements, et une large diffusion presse, ce projet a été ce que l’on peut appeler un succès (nous étions en 2004, et le libre n’était pas aussi bien répandu, compris ou accepté qu’aujourd’hui).

Le projet anglophone ayant stagné (départ du développeur principal embauché chez… Canonical, changement de nom du projet pour http://www.theopendisc.com/, tâtonnement techniques, etc), il n’y eu pas réellement de suivi des versions suivantes.

Malgré la présence notable de plusieurs compilations de logiciels libres comme Bureau Libre Free EOS, WinLibre, Chti libre, et des compilations plus spécifiques comme celle de l’Université de Versailles, ou celle de LanPower, Framasoft avait planté la graine d’un projet « FramaDVD » avec ceux que les plus marketeux d’entre vous appelleraient des caractéristiques différenciatrices fortes :

D’abord, sur le support, qui utiliserait le format DVD. Pas pour faire joli, mais pour pouvoir faire un produit fonctionnant sous Windows, MacOS et Linux (en incluant un Live CD pour ce dernier).

Ensuite, sur le contenu, qui ne se limiterait pas uniquement aux logiciels, mais serait largement ouvert à la culture libre (photos, vidéos, textes, musiques, etc).

Enfin, sur le public. Même si la cible reste évidemment Tata Jeannine, le FramaDVD (qui sera évidemment 100% sous licence libre) est conçu pour être un outil facilement adaptable pour les structures souhaitant réaliser des dérivés. Sur le même principe que la Framakey, qui a donné naissance à de nombreux forks (éducation, entreprises, métiers, linguistiques, ou tout simplement personnels) l’appropriation du FramaDVD sera encouragée, sur le principe d’une recette de base que chacun pourra adapter à son envie en ajoutant ou retirant des ingrédients. L’objectif est donc aussi de fournir aux collectivités, médiathèques, écoles, etc un outil de référence de la culture libre. Outil de référence ne signifiant pas qu’il sera meilleur que les autres, mais qu’il sera conçu pour être une base adaptable à de nombreux projets. Par exemple, la base technique du DVD permet d’afficher facilement et librement des vidéos sans plugin Flash, au travers des fonctionnalités de la balise <video>. Ainsi, une mairie qui souhaiterait se baser sur le DVD pour réaliser un produit contenant des vidéos du maire présentant la commune pourrait réaliser cette opération simplement.

Nous espérons aussi que ce DVD pourra être un complément de financement pour les LUGs, qui pourront bien entendu vendre légalement et au prix de leur choix le DVD (modifié ou pas) lors d’install parties.

Le système permettant des mises à jour simples et rapides du master, nous envisageons un système de release bi-annuel (en gros, juin et décembre).

Évidemment, on pourra nous objecter que le support physique est dépassé et peu écologique, ce qui est partiellement vrai. Mais notre expérience sur le terrain nous a montré que le grand public se sentait bien plus rassuré avec un objet physique (évidemment, il pourra toujours le télécharger gratuitement) et nous avons des projets de diffusions vers des pays en voie de développement pour lesquels l’accès haut débit est loin d’être général.

Côté planning, les premières versions alpha devraient arriver d’ici la fin du mois de mai, une beta est prévue pour les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre (Nantes, du 7 au 11 juillet), et la diffusion devrait commencer à compter de septembre.

Notez qu’il sera possible de devenir partenaire du projet, afin de nous aider à financer l’achat des premiers lots de DVD.

Ceux qui connaissent Framasoft pourront être sceptiques sur la date : en effet ce projet a débuté en avril… 2006 ! Il était resté dans les cartons faute de temps et d’énergie (et je souhaite au passage à remercier chaleureusement l’ami ComputerHotline d’avoir maintenu le projet seul sous perfusion pendant ces dernières années. Sans lui, le projet serait probablement mort.). Cependant, en fin d’année 2008, nous avons rencontré une équipe de quatre étudiants du Master Communication et Multimédia de l’Université Paris 2 qui se sont intéressés au projet et lui ont redonné un second souffle. Dans le cadre d’un projet d’études, ils ont donc pour mission de nous botter le derrière aider à réaliser et diffuser ce projet (le logo en illustration, ce sont eux par exemple). La plupart ne connaissant pas le monde du libre avant de s’impliquer dans le projet, leur enthousiasme et leur fraicheur nous a poussé à de salutaires remises en question.

—> La vidéo au format webm

En attendant un prochain billet, qui dévoilera captures écrans et listes des contenus retenus, vous pouvez suivre l’évolution du projet, découvrir les vidéos de l’équipe ou le travail déjà réalisé sur le blog dédié au projet.

Notes

[1] Pour la petite histoire, c’est l’interface de TheOpenCD qui a largement inspiré celle de la Framakey.




Le campus, c’est la ville !

À lire le récent article (un brin optimiste) du Monde, Le Japon à l’heure du savoir partagé, on se dit que si le logiciel libre était une université il pourrait être celle de Shibuya, du nom d’un quartier très mode de Tokyo.

Extraits :

A l’Université de Shibuya, en revanche, les cours sont gratuits. Cet « établissement » né en septembre 2006 dissimule un concept nouveau dans l’Archipel. « C’est un moyen d’apprendre ancré dans la communauté et l’environnement local », explique son président, Yasuaki Sakyo, 29 ans. Il ne s’agit plus de transmettre un savoir, mais « de le partager ». L’université formée sous le statut d’organisation à but non lucratif n’a pas de locaux : « Le campus, c’est la ville. »

Accessible sans concours d’entrée, elle n’accorde pas de diplôme mais elle « met en relation ». Elle contacte des personnes qui vivent ou travaillent à Shibuya, quartier vibrionnant de Tokyo où se côtoient différents univers, de la mode au design, voire l’édition. Elle les invite à partager leur passion ou leur savoir. Puis elle trouve un café, un gymnase, une école, un magasin, un parc… et annonce le cours sur son site.

(…) « Nous ne faisons pas de publicité », explique Yasuaki Sakyo. L’information est juste reprise par les médias locaux, telle la radio J-wave. Elle circule entre amis ou sur les sites communautaires.

(…) Ainsi Yuuka Nishida, une vingtaine d’années, employée du site Internet Seesaa, fréquente l’université depuis septembre 2007. « J’ai commencé par un cours sur la politique. Je viens tous les deux ou trois mois. » Elle se dit séduite par la possibilité de se faire des amis. « Le staff a le même âge que moi. L’atmosphère est sympa. J’en parle à mes proches. »

Akane Ishikawa, elle, apprécie la gratuité et l’ouverture à tous. Dans une mégapole anonyme comme Tokyo, l’université de Shibuya offre un lieu de rencontres et d’épanouissement culturel tout en permettant à des jeunes de s’impliquer dans une activité bénévole.

Que ceci ne nous fasse pas oublier que nous avons nos universités populaires, réseaux d’échanges réciproques de savoirs, et autres café-philos, mais voici un témoignage de plus de la volonté d’interagir autrement, avec en toile de fond les nouvelles technologies comme facteur et facilitateur de communication et de mise en relation.