Quand Eben Moglen nous explique le risque lié à l’accord Novell Microsoft

En novembre 2006, Novell et Microsoft signaient un accord qui fit couler beaucoup d’encre. Union libre pour Microsoft nous disait alors Libération dans la plus pure tradition de ses titres accrocheurs, avec le résumé suivant : Après avoir combattu les logiciels libres pendant des années, l’entreprise de Bill Gates pactise avec Linux.

Novell étant l’éditeur de la distribution Suse Linux, cet accord se déclinait principalement en trois volets : un volet technique (avec la création d’un centre de recherche conjoint), un volet commercial (promotion croisée entre les solutions serveurs Suse Linux de Novell et ceux Windows de Microsoft), et un volet juridique.

C’est ce dernier volet, qualifié par certains de pacte de non-agression, qui posa le plus problème à la communauté. Voici ce que l’on en dit sur le (drôle de) blog intitulé Porte25 : Open Source et Interopérabilité @ Microsoft :

Les entreprises utilisant SUSE Linux Enterprise Server sont à l’abri des conséquences judiciaires liées à l’utilisation de parties de code de Linux violant les droits de propriété intellectuelle de Microsoft : « Microsoft s’engage à ne pas faire valoir ses brevets auprès des clients ayant acheté Novell Suse Linux Enterprise ou d’autres produits de Novell. Qui a accepté de faire de même pour les clients ayant une version sous licence de Windows ou d’autres produits Microsoft ».

Dans ce contexte, il nous a semblé intéressant de vous proposer le point de vue, pour ne pas dire l’éclairage, d’Eben Moglen, l’un des plus célèbres juristes de la communauté, qui nous explique pourquoi cet accord fragilise voire menace l’écosystème du logiciel libre.

Un nouvel extrait vidéo d’une intervention donnée au Red Hat Summit 2007, dont nous avons traduit[1] la retranscription.

La vidéo au format Ogg

Eben Moglen – Red Hat Summit 2007

Veuillez m’excuser, je pensais que la question était suffisamment claire pour ne pas avoir à la répéter : « Puis-je expliquer la menace que fait planer l’accord Microsoft/Novell sur la liberté des logiciels sous GPL ? »

Je vais tâcher de m’exprimer en termes parlants, en commençant par ceci : Imaginez quelqu’un qui voudrait éliminer la liberté des logiciels libres ou du moins entraver ses développeurs de manière importante, de manière à leur ôter toute chance de rivaliser. Imaginez que ce quelqu’un possède des brevets dont la validité est douteuse, mais en grande quantité, et qu’il pourrait potentiellement utiliser pour effrayer les développeurs et les utilisateurs. Imaginez qu’une telle personne commence alors à régulièrement proférer des menaces, comme par exemple : « Hé, on a plein de brevets ! Peu importe combien, peu importe ce qu’ils protègent, peu importe leur qualité, on a plein de brevets et un jour ça va chauffer. N’utilisez pas ce logiciel. »

Imaginez que ce soit la stratégie qu’emploie la personne opposée à la liberté parce que ça vaut mieux que de faire des procès. Faire des procès coûte cher, c’est irréversible et ça peut amener à devoir expliquer de quels brevets on parle et pourquoi ils sont valables. Donc mieux vaut menacer que faire des procès, non ? Imaginez quelqu’un qui se lance dans des menaces chaque été, et ce depuis des années, un peu comme pour une tournée « Ayez très très peur », d’accord ? (NdT : « Be very afraid » tour)

Ça peut paraitre absurde, je sais.

Imaginez à présent que cette tournée annuelle « Ayez très très peur » commence à générer un retour de bâton, parce que certains, notamment les PDG des plus grandes banques et institutions financières, se rebiffent et déclarent : « Vous osez nous menacer, nous ? Nous, les plus influents, les plus riches et les plus puissants du capitalisme, nous qui déterminons la valeur de vos actions ? Vous feriez mieux de vous calmer. »

Voilà ce qui arrive quand on dit « Ayez très très peur » à ceux qui ont énormément argent, davantage encore de pouvoir, et qui contrôlent la valeur de vos actions : ils se rebiffent. Le modèle économique qui consiste à menacer d’attaquer quelqu’un en justice fonctionne si l’on s’en prend à des enfants de douze ans. Ça n’est guère efficace s’il s’agit des piliers du capitalisme financier. Par conséquent, en tant que personne engagée dans des tournées annuelles « Ayez très très peur », vous allez voir se mobiliser les clients d’entreprises qui vous rétorqueront « Vous osez nous menacer ? »

Que se passerait-il alors si l’on faisait en sorte qu’ils aient moins l’impression d’être ceux que l’on intimide ? Que se passerait-il si l’on pouvait leur donner une certaine tranquilité d’esprit — en engrangeant quelques profits au passage —, afin que les seuls qui tremblent encore après votre tournée annuelle « Ayez très très peur » soient les développeurs eux-mêmes ? On parviendrait alors à se faire bien voir, sans cesser d’agiter des brevets et de menacer de ruer dans les brancards.

Les accords pour la sûreté des brevets rend possible ce risque pour mes clients : la communauté des développeurs. Si les entreprises pensent pouvoir acheter le logiciel que mes clients produisent à un tiers qui leur assure la tranquillité vis à vis de l’adversaire en leur vendant une licence, alors les entreprises pourraient penser qu’elles ont obtenu une paix séparée et que, si un jour en ouvrant leur journal à la rubrique « Économie » elles voient « L’adversaire s’attaque aux logiciels libres », elles pourront se dire « C’est pas mon problème, j’ai acheté telle distribution et je ne crains rien. » Le problème que présente ces accords, c’est qu’ils cherchent à isoler les clients d’entreprises, qui pourraient mettre un terme aux menaces en insistant sur leurs droits, des développeurs qui, au fond, sont les plus menacés.

Il faudrait donc conseiller à ces gens de ne pas s’accorder une paix séparée aux dépends de la communauté. De ne pas essayer de mettre ses clients à l’abri si cela revient à éliminer les affluents d’où proviennent vos biens. Nous fonctionnons comme un écosystème. Si l’on sape les défenses de la communauté, on sape tout l’écosystème, et agir ainsi pour le bien de vos clients au détriment de vos fournisseurs n’est pas une bonne manière de faire du business. Tel est le problème fondamental créé par de tels accords.

Notes

[1] Merci à Olivier, Yostral et Don Rico pour la traduction commune estampillée Framalang quality label.




Dossier OLPC : 2 La dépêche AP (qui a déclenché la polémique)

Dossier One Laptop Per Child (un portable par enfant)

Fin de la série de traductions sur le projet OLPC afin de constituer un petit dossier cohérent même pour un public non averti. Parce que nous pensons que le sujet le mérite (et que les grands médias s’en désintéressent).

C’est ici qu’est parti la récente polémique avec la communauté Open Source qui s’est vue traiter de fondamentaliste par un Nicholas Negroponte prêt désormais à accueillir Windows dans son ordinateur.

Une dépêche AP traduite par Yonnel.

Copie d'écran - Associated Press (Google News)

Démission d’un des principaux leaders du programme de portables à bas coût

Low-cost laptop program sees a key leadership defection

Brian Bergstein – 22 avril 2008 – Associated Press

BOSTON (AP) — Un des personnages clés du projet de portable à 100 $ pour les enfants, a démissionné, alors que l’organisation se prépare à faire évoluer son approche open-source en intégrant Windows, le système d’exploitation de Microsoft Corp.

Alors que la paternité de la fondation One Laptop Per Child est attribuée à Nicholas Negroponte, du Massachusetts Institute of Technology, son collègue de longue date Walter Bender était son bras droit. Bender gérait la partie logicielle et le contenu pour les portables “XO” vert-et-blanc, dont l’interface utilisateur a été spécialement conçue comme un outil éducatif.

Mais en mars, après que les premières livraisons de portables à 188 $ aient atteint moins d’enfants qu’il était prévu à l’origine, Bender est devenu responsable du “déploiement”.

Officiellement, OLPC a déclaré que la restructuration de l’organisation était due au fait que la technologie du portable était pour ainsi dire aboutie. Un point de vue différent est exprimé par l’ancien responsable sécurité du XO, Ivan Krstic, qui a écrit sur son blog que Bender avait été dégradé. Selon Krstic, OLPC est en pleine “restructuration interne drastique”, et qu’elle “change radicalement d’objectifs et de vision”.

Puis, la semaine dernière, Bender a complètement quitté le groupe. Cela fait le troisième départ majeur pour OLPC. En plus de Krstic, Mary Lou Jepsen, qui en était directeur technique, est partie au mois de décembre.

Negroponte a déclaré que Bender était à bout de souffle, après avoir aidé à façonner OLPC depuis deux ans, pendant lesquels plus de 500 000 portables ont été vendus dans des pays tels que Haïti, l’Afghanistan, le Rwanda, le Pérou, l’Uruguay ou la Mongolie.

Bender a déjà un nouveau projet : le lancement d’une structure indépendante pour s’occuper du développement du logiciel spécifique au XO, que l’on connaît sous le nom de Sugar, dans le but de l’adapter à des ordinateurs sous Linux autres que les XO. “Sugar est à l’étroit, il est temps de lui donner de l’air”, a-t-il lancé dans un échange d’e-mails.

Sugar repose beaucoup sur les icônes et d’autres fonctionnalités graphiques, et évite le format de fichiers et dossiers propre à Windows. Le but était d’être intuitif pour les enfants des pays en voie de développement qui n’ont jamais croisé un PC, mais certains gouvernements ont hésité à investir dans des portables sans Windows. Certains portables concurrents, présentés comme des outils éducatifs, comme le Classmate PC développé par Intel Corp., sont bien sous Windows.

Depuis environ un an, pourtant, Microsoft travaille sur une version allégée de Windows pour fonctionner sur les portables XO. Conséquence : Négroponte a estimé mardi dernier qu’il s’attend à ce que les XO aient bientôt une option “dual-boot”, ce qui signifie que les utilisateurs pourraient choisir entre Windows et Sugar.

Un des points actuellement en suspens est le coût du matériel nécessaire à Windows, ce qui ajouterait 7 à 12 $ au prix du XO, et l’emmènerait encore plus loin du but ultime de produire les machines pour moins de 100 $. Finalement, a ajouté Negroponte, Windows pourrait être le seul système d’exploitation, et Sugar le logiciel éducatif qui s’exécuterait par-dessus.

Cela pourrait décevoir les promoteurs de l’open source, qui ont aidé à financer OLPC et qui encourageaient le défi que cela représentait face à la domination de Microsoft. A la différence de logiciels propriétaires comme Windows, les applications open source sont développées par une communauté de programmeurs, et le code sous-jacent est partagé en toute liberté.

Wayan Vota, dont le blog OLPC News a annoncé le départ de Bender lundi dernier, a avoué sa peur de voir Sugar perdre de l’attention sur les XO utilisant Windows. “Derrière quoi pensez-vous que Microsoft mettra sa puissance marketing ?” a-t-il demandé.

Le principal souci de Negroponte, selon ses propres termes, est de placer autant de portables que possible dans les mains des enfants.

Il s’est plaint qu’une insistance trop importante sur l’open source avait handicapé l’XO, et que Sugar “était devenu amorphe” et “n’avait pas d’architecte logiciel qui soit ferme”. Par exemple, les portables ne supportent pas les animations Flash, très répandues sur le web.

“Il y a plusieurs exemples comme celui-là, que nous devons régler sans nous soucier du fondamentalisme d’une partie de la communauté open source”, a-t-il déclaré. “On peut promouvoir l’open source sans être un fondamentaliste de l’open source.”

Au-delà d’une nouvelle conception de la technologie du portable, Negroponte veut qu’OLPC soit plus efficace. Depuis plus d’un an, un cabinet de chasseur de têtes est à la recherche d’un directeur pour le groupe.




Dossier OLPC : 3 Quand Negroponte précise sa position

Dossier One Laptop Per Child (un portable par enfant)

Pour enrichir et faire écho au précédent billet, voici la traduction d’un email de Nicholas Negroponte[1], directeur du projet OLPC.

Ce message est adressé à sa communauté suite aux remous provoqués par les récentes déclarations du même Negroponte qui n’hésitait pas à critiquer Sugar et à envisager de s’appuyer désormais sur Windows pour le futur système d’exploitation de son ordinateur. Arguant à demi-mot qu’il ferait alors ainsi peut-être moins peur aux clients potentiels (principalement les organismes publiques des pays en voie de développement).

Pour une meilleure compréhension, précisons que, tel GNOME ou KDE, le très original Sugar est l’environnement graphique du XO, l’ordinateur développé et vendu actuellement par le projet. Voici ce qu’on en dit sur un blog québécois « L’interface graphique de Sugar diffère nettement des systèmes d’opérations conventionnels (Windows, Mac OS X, Ubuntu, etc.). En effet, la métaphore de bureau y est complètement écartée pour faire place à quatre vues toutes plus sublimes les unes que les autres. Les concepteurs n’ont certes pas omis que, comme le souligne si souvent Nicholas Negroponte, il s’agit là d’un projet pédagogique et non technologique. L’apprenant est donc plongé dans un environnement d’apprentissage polymorphe qui suscite inévitablement une prise en compte du caractère pluriel d’un environnement d’apprentissage. »

Précisions également que le Walter dont il est question est Walter Bender l’ancien responsable de la division logicielle du projet (dont Sugar justement) et qui vient de donner sa démission. Précisions enfin que le constructionnisme est une théorie d’apprentissage développé par Seymour Papert, créateur notamment du langage Logo, et qui a participé activement au projet OLPC.

Grand merci à Yonnel pour la traduction dont je me permets de glisser ici un extrait de notre correspondance sur ce travail, histoire d’alimenter le débat. « Eh bien, cet article était très excitant à traduire… on est vraiment au coeur de l’évolution du libre, et la mise en perspective par rapport à Stallman est saisissante. Purisme vs pragmatisme, libre vs open source, philosophe vs businessman, le libre par des chevaux de Troie ou directement, frontalement. En tout cas, les deux sont des évangélisateurs, mais je suspecte que ce n’est pas de la même évangélisation que l’on parle. L’OLPC est vraiment un enjeu crucial dans la croissance de la civilisation numérique. Et quand même, les Negroponte, quelle famille ! Les deux frangins sont tous les deux des experts en langue de bois et en "conduite du changement" (avec des gros guillemets), ils sont impressionnants. Le Nicholas, il veut gagner sur tous les tableaux : la collaboration du libre et le soutien de Microsoft. Alors, vertueux ou arnaqueur ? »

Negroponte - OLPC - World Economic Forum - CC-By-Sa

À propos de Sugar

on Sugar

Email de Nicholas Negroponte du 23 avril adressé aux listes devel, sugar et community-news du projet OLPC

On me pose sans cesse la question :

Oui, l’implication d’OLPC pour Sugar a changé. Nous sommes maintenant plus impliqués, et non l’inverse. Contrairement aux interférences engendrées par le départ de Walter, par la presse et par des sources vénérables telles que OLPC News, nous faisons évoluer Sugar, nous ne le faisons pas régresser. Laissez-moi vous expliquer.

Sugar est une très bonne idée, avec une mise en oeuvre loin de la perfection. J’attribue nos faiblesses à des objectifs de développement et à des pratiques manquant de réalisme. Notre mission n’a jamais changé. Elle est d’apporter des portables connectés pour l’éducation des enfants, dans les endroits les plus pauvres et les plus reculés du monde. Notre mission n’a jamais été de prêcher le modèle de l’enseignement parfait ou le pur Open Source. Je crois que le meilleur outil pour l’éducation est le constructionisme, et que la meilleure méthode de développement de logiciel est l’Open Source. Dans certains cas on y arrive mieux avec des chevaux de Troie, par opposition à une confrontation directe ou à une isolation par souci de perfection. Rappelez-vous l’expression : le mieux est l’ennemi du bien. Nous avons besoin d’atteindre le plus d’enfants possibles et s’en servir comme des leviers, des agents du changement. Cela ne fait aucun sens pour nous de rechercher le modèle d’apprentissage parfait.

Pour cette raison, Sugar a besoin d’une base plus large, d’être installé sur plus de plate-formes Linux et d’être installé sous Windows. Nous sommes en discussion avec Microsoft depuis plusieurs mois, pour explorer une version dual boot du XO. Certains d’entre vous ont vu ce que Microsoft a développé de son côté pour XO. Cela fonctionne bien, et maintenant il faut mettre Sugar par-dessus (façon de parler).

En tant qu’organisation à but humanitaire et non lucratif, OLPC est dans une position unique en son genre, depuis laquelle elle peut changer le monde pour les enfants et l’éducation. La ruée des fabricants de portables sur le marché du bas de gamme est un exemple parfait d’une sorte de réussite. Une autre réussite sera ce que les gamins feront après l’école, et avec les autres gamins dans le monde. Une troisième est ce que nous faisons.

Nous ne sommes pas une entreprise, mais nous avons besoin de ressembler plus à une entreprise : respecter les échéances, gérer les attentes et tenir les promesses. Pour ce faire, nous devons engager plus de développeurs, travailler plus ensemble et passer moins de temps à nous disputer. A cause de notre exposition au public, tout ce que nous dirons sera cité hors contexte. Nous ne pouvons nous exprimer qu’à travers nos actions, et celles-ci se résument à : un Sugar fiable et omniprésent. Cela inclut d’être nous-mêmes des ingénieurs plus collaboratifs, et de mieux engager la communauté. Nos limitations ne sont pas financières, mais elles sont d’identifier les ressources humaines nécessaires et de s’y tenir.

Ce qui nous attend est une opportunité pour un grand changement. Sugar est au coeur de ce processus. Prétendre qu’il n’en est pas ainsi serait risible. Ceci dit, nous devons démêler Sugar. J’utilise toujours l’analogie de l’omelette, qui veut que l’oeuf soit frit, avec un jaune et un blanc distincts, plutôt que d’avoir l’interface, les outils collaboratifs, la gestion de l’alimentation et les radios amalgamés dans un seul ensemble flou et amorphe. Sinon, Sugar est impossible à débugger, et sera limité au petit monde de la plate-forme matérielle XO, même si celui-ci grandit.

Alors que nous allons vers l’engagement d’une communauté plus large, un certain purisme doit se transformer en pragmatisme. Il est absurde de suggérer que cela est un abandon de l’Open Source ou une nouvelle direction dans notre mission. Les enfants seront les agents du changement, et notre travail est d’en atteindre le plus grand nombre. Ce n’est pas seulement vendre des portables, mais rendre Sugar aussi solide et largement répandu que possible.

Nicholas

Notes

[1] Illustration : World Economic Forum Annual Meeting Davos 2006 sur Flickr.com et sous licence Creative Commons By-Sa.




Dossier OLPC : 5 Quand Stallman migre vers un OLPC qui risque de migrer vers Windows

Dossier One Laptop Per Child (un portable par enfant)

Le projet OLPC avec son ordinateur XO, était sur le papier un projet passionnant. Et il doit le demeurer.

Or le projet est aujourd’hui en pleine tourmente. Difficultés économiques, démissions, déclarations contradictoires… pour aboutir à la confusion actuelle qui voit la remise en cause de l’option full logiciel libre jusqu’à évoquer très sérieusement la piste Windows XP comme futur nouveau système d’exploitation du XO.

Vous imaginez la consternation dans la communauté. Il n’en fallait pas plus pour que Mister Stallman en personne prenne la plume pour défendre un OLPC qui, sous Windows, perdrait tout ou partie de sa substance.

Merci à Yonnel pour la traduction.

Copie d'écran FSF.org

Peut-on délivrer l’OLPC de Windows ?

Can we rescue OLPC from Windows?

Richard Stallman – 29 avril 2008 – FSF.org

J’ai lu la déclaration de Negroponte présentant l’OLPC XO comme une plate-forme pour Windows dans les circonstances les plus ironiques qui soient, en plein milieu d’une semaine où je me préparais à une échéance : ma migration personnelle vers un XO.

J’ai pris cette décision pour une raison précise : la liberté. Les IBM T23 que j’utilisais depuis de nombreuses années sont convenables dans la pratique, et les systèmes et applications qui y étaient installés sont des logiciels entièrement libres, mais pas le BIOS. Je veux utiliser un portable avec un BIOS libre, et le XO est le seul dans ce cas.

Les logiciels habituellement installés sur l’XO ne sont pas libres à 100% ; le firmware de la carte wifi ne l’est pas. Cela implique que je ne peux pas faire complètement la promotion de l’XO tel quel, mais il m’a été aisé de résoudre ce problème pour ma propre machine : j’ai tout simplement supprimé ce fichier, ce qui a rendu la carte wifi interne inopérante, mais je peux m’en passer.

Comme toujours, des problèmes sont apparus, ce qui a repoussé la migration jusqu’à la semaine dernière. Vendredi dernier, quand j’ai discuté de problèmes techniques avec l’équipe de l’OLPC, nous avons aussi évoqué la manière de garantir le futur du projet.

Certains férus du système GNU/Linux sont extrêmement déçus par la perspective de voir l’XO, en cas de succès, ne pas devenir une plate-forme pour le système qu’ils aiment. Ceux qui ont contribué au projet OLPC par leurs efforts ou leur argent pourront très bien se sentir trahis. Toutefois, ces soucis ne sont rien par rapport à ce qui est en jeu : que l’influence de l’XO soit un vecteur de liberté ou un instrument de soumission.

Depuis l’annonce du lancement de l’OLPC, nous l’avons vu comme un moyen de mener des millions d’enfants dans le monde entier vers une pratique de l’informatique en liberté. Le projet a annoncé son intention de donner aux enfants une manière d’apprendre l’informatique en leur permettant de manipuler les logiciels et d’en étudier le fonctionnement. Cela peut encore être le cas, mais il y a un danger que ce ne le soit pas. Si la plupart des XO réellement utilisés sont sous Windows, le résultat final aboutira à son contraire.

Les logiciels propriétaires laissent les utilisateurs divisés et impotents. Leur fonctionnement est secret, il est donc incompatible avec l’esprit de l’enseignement. Apprendre aux enfants à utiliser un système propriétaire (non-libre) comme Windows ne rend pas le monde meilleur, parce qu’il les met sous le pouvoir du développeur du système – peut-être pour toujours. Ce serait comme initier les enfants à une drogue qui les rendrait dépendants. Si l’XO se révèle être une plate-forme qui répand l’usage de logiciels propriétaires, il aura au final un effet négatif sur le monde.

C’est également superflu. L’OLPC a déjà inspiré d’autres ordinateurs bon marché ; si le but n’est que de mettre à disposition des ordinateurs peu chers, le projet OLPC est une réussite, que d’autres XO soient construits ou pas. Donc pourquoi continuer à en construire davantage ? Apporter la liberté serait une bonne raison.

La décision du projet n’est pas arrêtée ; la communauté des logiciels libres doit faire tout son possible pour convaincre l’OLPC de rester (mis à part un paquet de firmware) une force de liberté.

Ce que nous pouvons faire, par exemple, c’est proposer notre aide aux logiciels développés pour ce projet. OLPC espérait avoir la contribution de la communauté pour son interface, Sugar, mais cela n’a pas vraiment été le cas. En partie, cela est dû au fait que OLPC n’a pas structuré son développement pour faciliter l’aide de la communauté – ce qui signifie, pour être constructif, que OLPC peut obtenir plus de contributions en ayant cette démarche.

Sugar est un logiciel libre, et y contribuer est une bonne chose. Mais n’oubliez pas l’objectif : les contributions utiles sont celles qui rendent Sugar meilleur sur les systèmes d’exploitation libres. Le portage sur Windows est autorisé par la licence, mais ce n’est pas une bonne chose.

Je tape ces mots sur un XO. Lors de mes voyages et de mes discours des prochaines semaines, j’y ferai référence, pour évoquer ce problème.

Copyright 2008 Richard Stallman
Verbatim copying and distribution of this entire article are permitted worldwide without royalty in any medium provided this notice is preserved.




OOXML – Le discours d’Oslo

Le Framablog arrive un peu après la bataille pour ce qui concerne la triste nouvelle de la normalisation du format OOXML de Microsoft par l’ISO le 29 mars dernier.

Mais si nous avons perdu une bataille nous n’avons pas forcément perdu la guerre. Une guerre qui n’est pas dirigée contre Microsoft mais contre ses pratiques et pour la défense d’une certaine liberté.

C’est le sens et l’espoir porté par le discours[1] donné à Oslo juste après la normalisation par Steve Pepper accompagné de quelques manifestants légitimement scandalisés par les conditions générales du vote dont la Norvège ne fut pas la dernière à être soupçonnée d’irrégularité.[2]

OOXML Oslo Speech

Manifestation OOXML à Oslo : Le discours

OOXML demonstration in Oslo: The speech

Steve Pepper – 9 avril 2008 – Geir Isene

La manifestation a pris fin il y a à peu près une heure, nous en reparlerons (avec des photos). Je vous retranscris ici le discours que Steve Pepper a tenu durant la manifestation, il résume très bien toute l’histoire de la normalisation d’OOXML :

Amis, bloggers, codeurs libres, défenseurs des standards ouverts !

Nous ne sommes pas ici pour cracher sur Microsoft.

Nous sommes ici car nous croyons aux standards ouverts.

Nous ne sommes pas ici aujourd’hui parce que nous sommes opposés à OOXML.

Nous sommes là car nous sommes opposés à OOXML en tant que standard ISO.

Nous ne sommes pas là pour discréditer l’ISO.
Nous sommes ici parce que nous voulons défendre l’intégrité de l’ISO.

Nous ne sommes pas là pour attirer l’attention sur le comportement scandaleux des membres de Standard Norway dont le métier est de représenter les utilisateurs et les vendeurs de logiciels norvégiens.

Et nous sommes ici car nous voulons empêcher l’adoption d’un standard numérique nuisible en Norvège.

Je reviendrai à cela rapidement. Je voudrais d’abord prendre quelques minutes pour rappeler un peu le contexte aux personnes qui ne comprennent pas les tenants et les aboutissants du problème. Accrochez vous.

Ce problème ce rapporte entièrement aux documents, aux documents numériques pour être précis.

Je vous parle de la manière d’enregistrer les documents et de comment nous échangeons les documents entre nous. Je parle de ces documents que vous créez tous les jours : rapports, lettres, articles, dissertations, livres, thèses, feuilles de calculs et autres grâce à des programmes comme Microsoft Word et Excel.

Mais oublions les documents un instant et parlons plutôt de sèches-cheveux.

Voici un sèche-cheveux ordinaire que j’ai acheté dans un magasin ici en Norvège. Il a une prise. La prise a deux broches. Je peux brancher ce sèche-cheveux dans n’importe quelle prise électrique n’importe où en Norvège.

OOXML Oslo Speech

Si je peux le faire c’est parce que toutes les prises électriques sont les mêmes. Il existe un standard pour les prises électriques en Norvège.

Le même standard est utilisé dans une grande partie de l’Europe et même ailleurs dans le monde : si je vais au Danemark, je peux emmener ce sèche-cheveux, le brancher et il fonctionnera.

Ca serait pareil en Finlande, Suède, Allemagne et dans plein d’autres pays. J’ai juste à le brancher et il marche.

Mais si je vais en Angleterre je ne peux pas simplement le brancher parce que les prises électriques là-bas sont différentes. Elles ont trois broches carrées à la place de deux rondes.

Si je vais aux Etats-Unis ou au Japon je ne peux pas simplement le brancher parce que leurs prises électriques sont également différentes. Elles ont deux broches plates à la place de deux broches rondes.

Les documents sont comme les sèches-cheveux. On voudrait pouvoir les brancher dans n’importe quelle logiciel et pouvoir travailler dessus. Mais ce n’est pas possible aujourd’hui. Si vous créez un document avec Microsoft Word et que vous l’envoyez à quelqu’un d’autre, cette personne ne peut rien en faire à moins qu’elle ait Microsoft Word.

Je crois que ça n’est pas normal.

OOXML Oslo Speech

Les gens ne devraient pas avoir à donner de l’argent à Microsoft pour pouvoir lire des documents. Dans l’état actuel des choses, Microsoft a en réalité le contrôle sur les documents que vous et moi créons.

Il ne devrait pas en être ainsi.

Des standards ouverts peuvent résoudre ce problème et c’est pourquoi je crois en ces formats. C’est pourquoi j’ai passé ces 13 dernières années à représenter la Norvège en tant que volontaire dans un comité de standardisation international. J’ai travaillé sur plusieurs standards, dont SGML, XML et Topic Maps, et j’ai été Président du comité ISO norvégien depuis 1995.

Il y a deux ans, mon comité a approuvé la normalisation d’un standard ouvert pour les documents de bureau appelé ODF. ODF a été développé de manière ouverte et démocratique par une organisation appelée OASIS.

L’objet d’ODF était de proposer une alternative à ce que nous appelons les formats "propriétaires". Plutôt que des formats de documents qui sont détenus et contrôlés par une seule entreprise et qui vous obligent à utiliser un logiciel particulier, les gens à l’origine d’ODF voulaient définir un format ouvert qui permettrait de connecter vos documents à n’importe quel logiciel.

ODF a été développé, comme je l’ai dit, de manière ouverte et démocratique. Mais un membre important ne faisait pas partie du processus. Le vendeur qui domine le marché, Microsoft, a refusé d’y participer et il a refusé de supporter ODF depuis qu’il est devenu un standard.

Ils ont à la place décidé de créer un standard concurrent appelé OOXML et d’utiliser l’Ecma pour s’introduire à la dérobé dans l’ISO.

C’est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui.

OOXML Oslo Speech

Nous ne sommes pas contre OOXML en lui-même. En fait nous sommes reconnaissant envers Microsoft pour, après vingt années de domination du marché, avoir documenté son format avec des spécifications ouvertes.

Nous sommes cependant contre l’approbation par l’ISO de OOXML. La raison est simple : il n’est pas dans l’intérêt des utilisateurs comme vous et moi d’avoir deux standards pour le même objet. Ca serait un peu comme si Microsoft venait ici et commençait à installer des prises électriques à 3 broches plutôt que 2 et qu’ils nous forcent ensuite à acheter leurs sèches-cheveux.

Nous ne sommes pas contre l’ISO non plus. Non protestons contre la manière dont a été corrompu par une grande multinationale ce qui jusque là avait toujours été une organisation transparente et démocratique où chaque pays a un vote.

Je ne hais pas Microsoft. J’aimerai accueillir Microsoft dans la communauté des standards, mais uniquement si Microsoft respecte les règles et en particulier l’esprit du processus de standardisation.

Microsoft a une mauvaise réputation dans la communauté des standards. Ils représentent le grand méchant loup, tout comme IBM il y a 20 ans. Mais IBM a prouvé qu’il est possible de changer.

J’espère que Microsoft aussi changera. Je pense que c’est possible. Mais cela ne se produira que si nous, les utilisateurs, les forçons à changer.

Microsoft a besoin de notre aide. Nous devons leur dire d’arrêter de se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Nous devons les aider à comprendre que le travaille sur les standards se fait dans la coopération, pas par le conflit. Les standards ne devraient pas être créés par la guerre. Ils devraient être créés grâce à la collaboration.

Microsoft a beaucoup à apprendre et cela prendra du temps. Ca prendra aussi du temps pour que Microsoft gagne la confiance de tous ceux dont ils ont saboté le travail durant ces vingt dernières années.

Microsoft affirme qu’ils croient maintenant aux standards ouverts. Il faut qu’ils comprennent qu’il faudra du temps avant que tout le monde ne leur fasse vraiment confiance. Ils doivent commencer par se montrer moins arrogants et plus humbles et ils doivent prouver par la pratique qu’ils pensent vraiment ce qu’ils disent.

Ils peuvent faire le premier pas en admettant s’être trompé en ne supportant pas ODF.

OOXML Oslo Speech

J’en appelle à Microsoft, qu’ils admettent que tenter de forcer OOXML par la procédure rapide de l’ISO était une erreur et j’attends d’eux qu’ils supportent ODF.

J’attends d’Ecma qu’ils retirent OOXML de l’ISO et qu’ils en gardent le contrôle. Nous en avons besoin pour les documents anciens.

J’attends de Standard Norway qu’ils admettent qu’ils ont eu tort d’outrepasser la décision de leur propre comité d’experts et qu’ils modifient le vote de la Norvège du Oui en Non.

J’attends du gouvernement norvégien qu’il se montre fort face à Microsoft et qu’il n’approuve pas OOXML comme un standard norvégien.

Finalement, j’attends des utilisateurs de part le monde qu’ils tournent leur regard vers la Norvège et qu’ils suivent notre exemple. A votre tour de manifester ! Révélez les irrégularités qui se sont produites dans votre pays ! Exigez de vos gouvernements qu’ils modifient leur vote pour qu’il reflète les intérêts des gens ordinaires et non les intérêts des monopolistes et des bureaucrates.

Kjære nordmenn, vi er ikke alene. Chers norvégiens, nous ne sommes pas seuls.

Les pays représentants la majorité de la population du monde ont voté Non à OOXML et ils ont eu raison.

OOXML Oslo Speech

Permettez moi de citer juste un exemple. Il est tiré d’un discours donné par la Ministre Sud-africaine du Service Public et de l’Administration, Mme Geraldine J. Fraser-Moleketi. Elle l’a donné à la Conference on the Digital Commons and Open Source Software à Dakar au Sénégal il y a tout juste trois semaines. Voilà ce qu’elle disait :

« L’adoption de standards ouverts par les gouvernements est un facteur clé dans la construction de systèmes d’information interopérables qui sont ouverts, accessibles, justes et qui renforcent la culture démocratique et les pratiques de bonne gouvernance.

ODF est un standard ouvert développé par un comité technique au sein du consortium OASIS. L’Afrique du Sud a rejoint les rangs grandissants des gouvernements nationaux à avoir adopté ODF l’année passée.

Il est malheureux que le numéro un sur le marché des logiciels de bureautique, qui jouit d’une domination considérable du marché, ait choisi, plutôt que de participer et de supporter ODF dans ses produits, de développer son propre standard de document concurrent.

Si ce format rencontre le succès, il est difficile d’imaginer comment le chevauchement de ces deux standards ISO va profiter aux consommateurs. Je me tourne vers les vendeurs pour leur demander d’être attentifs aux demandes des consommateurs mais aussi à celles des développeurs de logiciels libres. Je vous en prie, travaillez ensemble pour produire des standards de documents interopérables. La prolifération de standards dans ce domaine est déroutante et coûteuse. »

Madame Fraser-Moleketi : Le peuple de Norvège est avec vous et nous vous demandons pardon pour le comportement inacceptable de notre organisme de normalisation.

Notre victoire à l’ISO nous a été volée de 3 petits votes.

Sans les irrégularités en Norvège, on n’en serait plus qu’à 2 votes. On entend parler d’irrégularités similaires dans d’autres pays comme la France ou le Danemark. Changeons ces votes non-représentatifs. Evinçons OOXML de l’ISO.

Microsoft pense avoir remporté une bataille, mais je déclare que ce n’est pas encore terminé.

Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué et cet ours est encore bien vivant.

OOXML Oslo Speech

Notes

[1] Une traduction Olivier (Framalang).

[2] Les photographies de la manifestation sont toutes issues du groupe OOXML du site Flickr.com.




On se motive comme on peut chez Microsoft…

Voici une vraie fausse vidéo interne tournée récemment par Microsoft et qui fait le tour de net actuellement.

La blogosphère anglophone semble d’accord pour la trouver globalement ridicule mais je pense qu’elle correspond bien à la culture et à l’humour des employés de la société. Elle correspond bien aussi à la situation difficile de Windows Vista qui tarde à s’imposer en entreprise. Elle correspond bien enfin aux moyens que peut mettre Microsoft dans une simple parodie.

Auteur : Bruce ServicePack and the Vista Street Band
Titre : Our Ecosystem Rocks!




Le cri déchirant dans utilisateurs de Windows XP

Save XP - Petition - Inforworld

Quel est aujourd’hui le principal concurrent de Microsoft dans le domaine des systèmes d’exploitation ?

Non, non, vous n’y êtes pas. Bien sûr le Mac séduit de plus en plus de monde et GNU/Linux avance lentement mais sûrement confiant mais conscient de ce que la route est longue mais la voie est libre. Il n’empêche qu’à l’heure actuelle le principal concurrent de Microsoft c’est avant tout… Microsoft lui-même !

En effet, à moins d’acheter un ordinateur neuf en grandes surfaces sans trop se poser de questions (de toutes les façons il n’y pas le choix, c’est Vista), il est clair que les utilisateurs de Windows XP ne souhaitent pas pour le moment changer pour Vista (surtout avec la toute prochaine mise à jour de XP, le Service Pack 3, qui devrait encore le renforcer). Ceux-là en effet se renseignent, lisent la presse et les sites spécialisés, écoutent les témoignages de proches qui ont franchi le pas, et en tirent la conclusion qui s’impose. Comme le dit si bien l’adage populaire : le mieux est l’ennemi du bien.

Ils ne souhaitent pas la fin programmée de Windows XP par Microsoft et le disent un peu partout à commencer par cette pétition en ligne Save XP d’un site américain au dessus de tout soupçon : Infoworld, dont nous vous proposons l’appel en traduction ci-dessous (merci Guillaume).

Initiée en janvier dernier nous en sommes à ce jour à rien moins que 142.226 signataires ! D’accord les pétitions en ligne valent ce qu’elles valent mais c’est tout de même un ordre de grandeur (hautement) significatif.

Notons au passage que cela ne serait jamais arrivé dans le monde du logiciel libre. Si vous avez une communauté assez forte pour souhaiter qu’un projet ne disparaisse pas alors tel sera bien le cas quand bien même les développeurs d’origine souhaitent donner au projet une autre direction (ou tombent dans le côté obscur de la force, ce qui revient au même). Cela s’appelle un fork, c’est permis par la licence libre et c’est rendu techniquement possible par la mise à disposition du code source du programme.

À rendre les utilisateurs captifs de son système d’exploitation Microsoft est pris à son propre piège. Tant pis pour eux et tant mieux pour nous, car jamais la situation n’a été aussi favorable à une mutation écologique majeure qui verrait soudainement de nombreuses chenilles Windows se métamorphoser en papillons Linux 😉

Save XP - Petition - Inforworld

Sauvons Windows XP ! L’heure tourne

Save Windows XP! The clock is ticking

Galen Gruman – 13 avril 2008 – InfoWorld.com

Microsoft va arrêter la vente de Microsoft XP préinstallé et en boite le 30 Juin 2008, forçant les utilisateurs à passer à Windows Vista. (Les assembleurs pourront toujours vendre Windows XP jusqu’au 31 Décembre.) Ne laissez pas cela se passer comme ça !

Des millions d’entre nous se sentent à l’aise en utilisant Windows XP et ne ressentent pas le besoin de passer à Vista. C’est comme avoir un appartement confortable dans lequel vous avez apprécié revenir du travail pendant des années, tout cela pour vous retrouver avec avec un préavis d’expulsion dans votre boite aux lettres. L’idée de devoir partir dans une nouvelle demeure, même avec des huisseries en acier inoxydable, des surfaces en marbre, des meubles en bois d’érable (ou peut etre est-ce cerisier ces temps-ci), n’est pas agréable. Peut-être que le nouvel appartement sera plus moderne, mais il va aussi vous coûter beaucoup plus cher et ne vous conviendra pas si bien. Et vous n’avez pas d’autre raison de changer.

C’est exactement la sentiment qu’engendre Vista. Pour la plupart d’entre nous, il n’y a vraiment aucune raison d’y passer, mais nous n’avons pas le choix. Quand ce sentiment de continuer à utiliser Windows XP est devenu manifeste en 2007, d’importants constructeurs comme Dell et Hewlett-Packard on réintroduit furtivement XP sur leur nouveaux produits (uniquement pour les professionnels, pour ne pas s’attirer les foudres de Microsoft). Ce 30 Juin par contre, même cette option n’existera plus.

Que faire alors ? Laisser Microsoft choisir où vos logiciels personnels et professionnels doivent vivre ? Ou bien dire haut et fort que vous ne voulez pas changer ?

Nous avons choisi la méthode haute et forte. Rejoignez-nous, et dites à Microsoft que vous voulez que XP soit disponible indéfiniment. Pas pour six mois ou un an de plus mais indéfiniment.

Et demandez à vos amis et collègues de nous rejoindre aussi. Orientez-les vers SaveXP.com pour un accès rapide a cette page. Et si vous souhaitez mettre notre compte à rebours sur votre site web pour promouvoir cette pétition, envoyez un e-mail à l’éditeur en chef Galen Gruman pour avoir le code.

Vous pensez que Microsoft n’écoutera pas ? Considérez cela : Bien que Microsoft refuse d’admettre qu’il y ait le moindre problème avec Vista ou que la majorité des gens n’en veulent pas, l’entreprise a déjà reporté la retraite de XP de six mois. C’est un début, mais ce n’est pas suffisant.

Microsoft n’a pas à accepter son échec. Ils n’ont qu’à dire qu’ils vont laisser Windows XP disponible indéfiniment pour satisfaire la demande des clients. Ils peuvent prendre cette opportunité pour améliorer Vista, ou développer le prochain Windows qui nous donnera peut-être envie de changer.

Il y a un précédent à cela aussi : Vista est en de nombreux points similaire à Windows Millenium qui devait remplacer Windows 98 en 2000 mais qui a fait plus de mal que de bien. À l’époque, Windows 2000 était prometteur mais ne supportait pas beaucoup de matériel, donc les utilisateurs étaient coincés avec deux mauvais choix. Sans admettre l’échec de Millenium, Microsoft réintroduisit furtivement Windows 98 sur le marché jusqu’à la sortie de la version améliorée de Windows 2000 (SP1). Microsoft doit refaire quelque chose comme ça aujourd’hui.

Faites entendre votre voix à Microsoft. Signez dès maintenant la pétition pour sauver XP. Nous la présenterons à Microsoft.




Humour geek

Je ne suis pas développeur mais mes études de profs de maths m’ont suffisamment sensibilisé à l’algorithmique pour être capable déchiffrer ce pastiche de script qui traine sur internet.

Mais, de peur de dire des bêtises, j’en appelle à une bonne âme dans les commentaires pour faire preuve de pédagogie et expliquer en détail et dans un langage compréhensible au béotien le programme ci-dessous riches en clins d’œil 😉

Script - Microsoft