Un jusqu’Ubuntiste se cache à la rédaction de Libération

Ce jusqu’Ubuntiste, les lecteurs du Framablog commencent à bien le connaître puisqu’il s’agit du « novice » Erwan Cario.

Son fameux journal n’en finit pas d’essaimer car le voici aujourd’hui (dans sa version condensée) rien moins qu’en pleine page 32 du Libération papier du jour, qui pour le coup porte plutôt bien son nom 😉

Libération du 29 novembre - Page 32

Sachant que le tirage moyen du quotidien tourne autour des 140.000 unités (source Wikipédia), je vous laisse imaginer le nombre de personnes qui auront parcouru l’article qui commence ainsi :

« Fin octobre, un bouquetin intrépide a débarqué sur des milliers d’écrans. Il s’agit de la version 8.10 de la distribution Linux Ubuntu, Interpid Ibex en VO. Mais pourquoi donc Libération se met-il à parler de ce genre de trucs obscurs qu ne concernent qu’une poignée d’informaticiens barbus ? Sans doute parce que cette idée reçue n’a pas de raison d’être. Linux, qui est un système d’exploitation au même titre que Windows de Microsoft ou OS X d’Apple, se tourne vers le grand public et devient petit à petit très accessible. Récit d’une transition pas si compliquée… »




La Voix du Nord, la Framakey et les netbooks sous Windows

La Voix du Nord - MiniatureL’Asus Eee PC sous GNU/Linux, et ses toujours plus nombreuses déclinaisons, ont été un tel succès que Microsoft n’a pu rester sans réagir et a fait son habituel, mais toujours aussi efficace, forcing commercial pour apparaitre lui aussi dans ces fameux netbooks (sous la forme d’une version adaptée de l’OS Windows XP qu’on croyait pourtant mort avec l’arrivée de Windows Vista).

Du coup la formidable opportunité de faire découvrir GNU/Linux (et ses innombrables logiciels libres qui l’accompagnent) dans ces ordinateurs low-cost qui séduisent tant le grand public est aujourd’hui à nuancer.

Il n’empêche que, comme nous le rappelle cette photo illustrant un récent article de la Voix du Nord sur l’un des derniers nés de la famille netbook (à savoir le Medion), on ne perd pas cette occasion de découvrir des logiciels libres si on décide d’utiliser conjointement une clé USB Framakey. D’autant que la dernière version de notre Framakey, la 1.8, propose désormais plus d’une trentaine de logiciels libres dans son nouveau pack intégré.

Tout ça pour dire que si l’on pousse à passer à Linux (ou tout du moins à s’y essayer), on n’en oublie pas pour autant ceux qui pour x raisons restent sous Windows même avec leur netbook 😉

Tout ça pour témoigner également de notre reconnaissance à La Voix du Nord qui, par l’intermédiaire de Franck Bazin, vient coup sur coup de nous citer fort élogieusement (un peu trop même, car nous ne considérons pas comme le portail du monde libre mais comme une porte d’entrée francophone du logiciel libre).

Extrait de Jusqu’à 32 gigaoctets de mémoire dans la poche: les clefs du succès paru dans La Voix du Nord du mardi 2 septembre 2008 :

Une simple clef (au moins 2 Go) permet d’avoir en poche sa suite bureautique, son navigateur Internet, son logiciel de messagerie…, et gratuitement en plus : « La Framakey est une compilation de logiciels libres pour Windows, (…) préinstallés et prêts à être utilisés directement depuis votre clef USB. L’utilisation des logiciels se fait de façon sécurisée et sans laisser d’informations personnelles sur les machines sur lesquelles vous utilisez votre Framakey », peut-on lire sur le site Framasoft (www.framasoft.net), le portail du monde libre. Même plus besoin de portable : on peut « squatter » sans risque n’importe quel PC !

Extrait de Le « netbook » de Medion toujours petit mais plus costaud paru dans La Voix du Nord du mardi 16 septembre 2008 :

Windows XP est installé en série ainsi que Corel Word Perfect Office X3. Mais il ne faut que quelques dizaines de minutes pour installer tous les logiciels dont on peut avoir besoin, gratuitement et légalement, en allant sur www.framasoft.net, le portail Internet des logiciels libres.

On a beau être modeste (ce qui reste à démontrer), on ne va pas bouder notre plaisir surtout que, quand bien même la gratuité soit évoquée, il est bien rappelé que c’est de logiciels libres qu’il s’agit. Au delà de Framasoft, puissent de tels journalistes entrer toujours plus nombreux dans les rédactions des grands médias, cela facilitera d’autant la nécessaire sensibilisation au logiciel libre et son état d’esprit au plus large public que nous appelons de nos vœux.

Une dernier extrait pour la route et pour démonter que La Voix du Nord ne se résume pas à Franck Bazin et son éloge de Framasoft 😉

Extrait de Ruée sur les « mini-ordis » : que valent-ils ? par Yves Smague le 18 septembre 2008 :

L’arrivée des netbooks, c’est aussi la défaite du géant Microsoft. Ses logiciels toujours plus lourds et sophistiqués exigent des machines toujours plus puissantes. Le retour à la simplicité met en avant les logiciels libres.




Le journal d’un novice ou THE feuilleton de l’été

Illustration exemplaire et grand public des trois slogans historiques de Framasoft : « Partir de Windows pour découvrir le Libre », « Les aventures d’un peuple migrateur » et « La route est longue mais la voie est libre ». Un billet qui aurait pu s’intituler « Pas de pièges au pays des bisounours ! »

Copie d'écran - Journal d'un novice - Erwan Cario

Quand bien même la communauté du logiciel libre porte depuis longtemps un certains discours, il est toujours non seulement agréable mais également fort utile de le voir repris, expérience concrète à l’appui, par certains de nos Grand Médias sous la plume de journalistes qui, excusez mon outrecuidance, ont la bonne idée de faire leur métier.

Faire le métier c’est ici partir à la découverte de Linux[1] sans a priori, sans taire les difficultés rencontrées, mais en mettant réellement les mains dans le camboui. C’est également être capable de raconter l’épopée dans un style simple, clair, précis et non dénué d’un certain humour à la Candide qui ne gâche rien.

Tout ça pour dire (péremptoirement) qu’Erwan Cario nous livre avec sa chronique de l’été Linux : Le journal d’un novice un témoignage précieux à marquer d’une pierre blanche. Témoignage dont l’objectivité est assurément le meilleur avocat du logiciel libre, le tout sur un site à forte audience[2] (en l’occurrence les Écrans de Libération).

À faire passer à son voisin… histoire de montrer à ce dernier qu’il n’y a pas que les pro-libres qui sont enthousiasmés par le libre. Histoire de lui montrer également plus prosaïquement que Linux ça marche et ça marche pour tout le monde vu que même un utilisateur Windows 15-ans-d’âge arrive fort bien à se dépatouiller avec. Histoire de lui montrer qu’en attendant l’abolition de la vente liée il n’y a pas que l’alternative Mac à la (bien réelle) déception Vista. Histoire de lui montrer in fine qu’avec Linux vous avez Linux plus peut-être un petit supplément d’âme que certains appellent liberté…

Conclusion : merci Monsieur Erwan Cario 🙂

Copie d'écran - Journal d'un novice - Erwan Cario

Et pour vous donner envie d’aller y voir de plus près[3], voici quelques (parfois savoureux) morceaux choisis.

Extrait de l’introduction :

« Je n’ai jamais eu de religion en ce qui concerne les systèmes d’exploitation. Du coup, j’ai toujours utilisé Windows. Par défaut. (…) C’est d’ailleurs pour cette dernière raison que mon PC de bureau personnel tourne actuellement sous Vista. Encore un choix par défaut lors de l’achat de la machine. »

« Mais ça va changer. La révolution est en marche. Je me suis acheté un ordinateur portable… sous Linux. Pourquoi ? Pas vraiment un acte militant, en fait. Je me suis rendu compte que l’énorme majorité des logiciels que j’utilise quotidiennement sont soit libres (…), soit accessibles via un navigateur (…). Il y a encore quelques exceptions (…) mais rien d’insurmontable. Dans ces conditions, il paraît presque saugrenu de vouloir payer une licence pour un système d’exploitation. Et puis, il faut l’avouer, partir à l’inconnu, c’est plutôt excitant. Le seul danger : finir en t-shirt avec un pingouin dessus. Mais je prends le risque. »

Extrait de l’épisode 1 :

« L’utilisateur de Windows que je suis n’est pas vraiment perdu. (…) Presque trop familier tout ça. (…) Il doit y avoir un piège. Si c’était vraiment aussi simple, plus personne n’utiliserait Windows. »

Extrait de l’épisode 2 :

« Mais pourquoi ça n’avance plus ? Tout semblait aller pour le mieux, et puis là, plus rien depuis dix minutes. »

Extrait de l’épisode 3 :

« Maintenant, je pourrai dire que j’utilise Bittorent pour récupérer des distributions Linux. »

Extrait de l’épisode 4 :

« Ça fait vraiment une impression étrange d’être étonné à ce point après tant d’années passées devant un écran d’ordinateur. Je n’ai rien eu à aller chercher. Rien à télécharger sur le bureau, à dézipper, à exécuter, à choisir entre « Installation standard » ou « Installation personnalisée », à valider trois fois, à supprimer les fichiers d’installation qui ne servent plus à rien. Rien de tout ça. Vlc est là, dans le menu « Applications », n’attendant qu’un clic de ma part pour se lancer. »

Extrait de l’épisode 5 :

« A ce point de l’expérience, j’ai un ordinateur qui fonctionne très bien, avec 95% des programmes nécessaires à son utilisation quotidienne. Ce n’était pas bien sorcier, vous l’aurez remarqué. Presque un peu décevant. Passer à Ubuntu n’est même pas un défi, c’est juste un choix. Mais arrive forcément un moment où la bidouille et la découverte un peu au hasard de fonctionnalités (…) trouvent leurs limites. (…) La solution la plus évidente, c’est l’ami qui-s’y-connaît. (…) Sous Linux, en fait, il y a mieux. Il y a la communauté qui-s’y-connaît. C’est sans doute un des trucs les plus impressionnants de l’univers du libre : la solidarité et l’entraide. (…) »

« Sur ubuntu-fr, il y a généralement déjà la réponse à la question qu’on se pose, c’est assez magique. (…) On cherche d’abord dans la documentation (…) Sinon, on recherche dans les forums. Et là, c’est dingue le nombre de gens qui ont déjà eu le même souci ! Et plusieurs bons samaritains auront déjà expliqué comment s’en sortir. (…) Je suis conscient que cette description ressemble un peu à « L’informatique au pays des bisounours », mais ça n’en est pas si éloigné. Bon, les bisounours en question parlent un langage étrange, sont quelque fois un petit peu sectaires et souvent sur-motivés par leur sujet de prédilection, quand ils ne finissent pas par s’engueuler pour des raisons obscures. Mais pour le novice, c’est l’assurance de pouvoir réussir ses premiers pas dans l’univers d’Ubuntu. »

Extrait de l’épisode 6 :

« Croyez-le ou non, si j’avais voulu, j’aurais pu ouvrir un terminal et taper « sudo apt-get install myfreetv ». Mais ça aurait été pour faire mon intéressant. Je préfère quand même cliquer sur des boutons. Il est trop tôt encore pour en être sûr, mais je commence à croire qu’on peut utiliser Ubuntu sans avoir à taper une ligne de commande. Et c’est sans doute un des plus grand progrès des dernières années. N’en déplaise aux bisounours puristes. »

Extrait de l’épisode 7 :

« On ne rigole pas, avec Linux. Attention, C’est du sérieux ! C’est une philosophie, même, qui trouve ses racines en 1984 avec le lancement par Richard Stallman du projet GNU. Donc, si Linux (oups, GNU/Linux) est austère, c’est normal. Quand des développeurs du monde entier réunissent leurs forces pour réaliser un système libre en face de multinationales puissantes qui dépensent des milliards pour la même chose, on peut se réjouir d’avoir quelque chose de stable et d’efficace. L’interface bling bling de Vista, avec ses fenêtres qui virevoltent dans tous les sens, on n’en a pas besoin, sous Linux. On est au dessus de ça. »

« Sous Linux, on peut travailler sur différents bureaux virtuels. Un bureau virtuel, c’est un peu comme si vous aviez plusieurs écrans avec à chaque fois un bureau utilisable, ce qui permet d’avoir plusieurs espaces de travail. Et avec Compiz-Fusion, on peut basculer très simplement d’un bureau à l’autre grâce à un cube qui tourne. Ca ne sert pas à grand-chose, certes, mais qu’est-ce que c’est classe ! (…) Evidemment, rien de tout ceci n’est vraiment capital, mais c’est presque obligatoire pour ouvrir le système Linux au grand public. »

Extrait de l’épisode 8 :

« On ne va pas tarder à en voir le bout, de ce journal. Maintenant que j’ai un Linux qui tourne (au sens propre comme au figuré), je ne vais pas continuer indéfiniment à raconter comment j’ai enfin réussi à traiter une image sur The Gimp, ou comment le système de mise à jour fonctionne au quotidien (…) Une fois le contrat rempli, on se fout un peu de savoir comment s’appelle le système. Bon, en fait non. Il reste toujours cette petite fierté (bien compréhensible tant qu’elle ne tourne pas au snobisme) de tourner sur un système libre. C’est vrai que c’est quand même agréable.. »

« Mais j’ai encore quelques détails à régler. Matériels, entre autres. (…) Jean-Baptiste Théou débarque dans les commentaires de ce journal et explique : « J’ai vu aussi vos soucis avec votre webcam. Je vous propose sans prétention ma modeste participation. Je développe actuellement un logiciel, Easycam, qui a pour but de faciliter l’installation de webcams sous Ubuntu. Ce logiciel s’oriente véritablement pour le débutant. Ce logiciel détecte pour le moment un peu moins de 500 webcams. La vôtre sera peut-être dans le lot. Si elle ne l’est pas, je ferai en sorte de la rendre compatible, si possible. » Fichtre. Je veux quand même préciser que je n’ai pas fait ce journal pour bénéficier d’une assistance à domicile, mais depuis le début de l’aventure, je suis impressionné par la solidarité et la gentillesse des quelques fondu(e)s de Linux qui traînent dans le coin. Et là, j’avoue que j’en suis resté un peu bouche bée. »

Extrait de l’épisode 9 :

« Aujourd’hui, j’ai travaillé toute la journée sur mon portable sous Ubuntu. Ça se passe plutôt très bien. C’est vrai que le fait de s’occuper d’un site web, et donc de passer son temps sur un navigateur web simplifie grandement les choses. La boutade de Tristan Nitot, président de Mozilla Europe, s’applique très bien à mon cas : « le système d’exploitation n’est qu’une collection de drivers qui sert à faire tourner un navigateur ». Mais bon, j’ai quand même mis The Gimp sur un bureau et Firefox sur un autre rien que pour le plaisir de faire tourner le cube. »

« Bref, aucun problème durant cette journée de travail. Si, j’en vois un poindre à l’horizon : je ne vais pas ramener tous les jours mon portable à Libé, et je vais donc continuer à travailler sous Windows. Et si je m’habitue trop à Ubuntu, et à tous ces sympathiques petits bidules, mon cerveau risque peut-être d’avoir du mal à supporter la transition quotidienne. »

Extrait de l’épisode 10 :

« Si j’avais fait une liste des trucs à faire avant de déclarer mon ordinateur comme étant complètement fonctionnel, avec des cases à cocher en face de chaque élément, je pense que je viendrais de cocher la dernière. »

Extrait de l’épisode 11 :

« Je sais bien que tout ne sera jamais parfait. Il y aura toujours ces petits trucs pénibles. Même sous Ubuntu. Mais je les avais déjà avant. En bien pire, souvent. Pour l’instant, la simplicité d’accès au quotidien et tous ces petits trucs qui simplifient la vie font que je ne suis pas prêt de lâcher mon héron. »

Extrait de l’épilogue :

« Il est donc temps de conclure ce journal. Si vous avez lu les différents épisodes, vous aurez compris que se mettre à Linux n’a rien d’éprouvant. C’est même une expérience plutôt amusante faite de découvertes et de surprises. Je n’avais pas, c’est vrai, de grandes craintes avant de m’attaquer à ce nouveau système. Mais quand même. Je ne m’attendais pas à autant de convivialité. Je pensais tomber sur quelque chose de plus rugueux. Un système sans doute très intéressant au bout de quelques semaines d’utilisation, mais nécessitant un certain apprentissage, surtout pour l’utilisateur de Windows que je suis. Et puis, finalement, non. J’ai tout de suite eu l’impression d’être en territoire ami. »

« S’il reste un obstacle pour passer à Linux, c’est sans doute la peur des ordinateurs. Elle n’est pas liée à Linux, évidemment. Elle existe aussi pour Windows. Il ne faut pas avoir peur de la machine pour partir à la découverte d’un système (…) Si j’ai pu réussir cette transition, c’est que je n’ai pas eu peur de me planter, de cliquer sur le mauvais bouton, de faire des erreurs. Et que je connais plutôt bien les ordinateurs (par rapport à la moyenne, pas vraiment en comparaison de quelques linuxiens qui ont commenté les épisodes de ce journal !). Dans ces conditions, passer à Ubuntu est un jeu d’enfant. Même s’il faut lire quelques modes d’emploi de temps en temps. »

« S’il fallait aujourd’hui que j’installe un système pour un ami qui n’est pas fondu de jeux vidéo, je pense qu’Ubuntu serait le choix le plus judicieux. »

Rien à ajouter 😉

Notes

[1] L’option choisie est donc ici la distribution GNU/Linux Ubuntu. On aura beau dire (et nous verrons ce que donneront les commentaires de ce billet) mais c’est effectivement selon moi le meilleur des choix possibles à l’heure actuelle. Bien moins à cause des qualités intrinsèques d’Ubuntu que du dynamisme intrinsèque de la communauté aggregée autour du site Ubuntu-fr.org, qui n’a clairement pas d’équivalent dans le monde francophone et qui aura été partie prenante dans l’aventure d’Erwan Cario.

[2] Pour ce qui concerne cette forte audience, il n’y a qu’à voir le nombre impressionnant de commentaires présents sous chaque épisode !

[3] On notera qu’il existe un autre fort intéressant feuilleton estival sur Ecran.fr : invitation à l’intérieur de Wikipédia pour voir un peu « comment un projet aussi pharaonique peut fonctionner au quotidien ».




Parce que je pense qu’il faut créer des richesses avant de les partager

Sarkozy - Guillaume Paumier - CC By-Sa

Comment se fait-il que le Framablog n’ait encore rien écrit sur Sarkozy ? Une lacune enfin comblée !

Le 15 février dernier, Nicolas Sarkozy[1] était en visite dans une école de Périgueux en compagnie de Xavier Darcos pour y présenter sa réforme de l’école primaire. Les élèves de CE2 avaient préparé avec leur instituteur un questionnaire de Proust à l’intention du chef de l’Etat français. Pourquoi êtes-vous de droite ? a ainsi candidement demandé un enfant[2].

Réponse du président :

« Parce que je pense qu’il faut créer des richesses avant de les partager »

J’image qu’il a ainsi voulu pointer une différence avec la gauche qui d’après lui se soucierait d’abord du partage quitte à ce qu’il n’y ait plus rien à se partager. Mais amusons-nous à sortir la citation de son contexte pour la plonger dans le logiciel libre.

La réponse de Sarkozy est-elle soluble dans le logiciel libre ? Telle est la drôle de question du jour.

C’est sûr, la notion de partage implique d’avoir quelque chose à partager. Mais si l’on se place dans un référentiel logiciel libre alors il y a je crois au moins deux éléments à préciser.

Le premier concerne la chronologie des évènements. Notre président semble dessiner là un processus en deux temps bien distincts : d’abord la création (qui aboutit à un produit fini), ensuite le partage (direct ou indirect via la taxation). Pour un logiciel il faut une idée de départ bien sûr, mais à partir du moment où vous décidez de lui accoler une licence libre pour en faire un logiciel libre alors le partage pointe tout de suite le bout de son nez.

Le second concerne la notion même de richesses. Ce n’est certainement pas un hasard si ce mot possède plusieurs acceptions comme l’illustre la longue page dédiée du Wiktionnaire de Wikipédia. On peut se focaliser sur la richesse financière ou tout du moins matérielle mais on également extrapoler sur la richesse comme étant ce qui est précieux à moi, à autrui et à toute une communauté. Pour un logiciel, à partir du moment où vous décidez de lui accoler une licence libre pour en faire un logiciel libre alors le partage est non seulement présent mais peut également grandement participer à sa bonification. GNU/Linux sans le partage aurait tout simplement perdu toute sa richesse.

Et si, parfois, la richesse d’une création venait avant tout de son partage ?

Notes

[1] Photographie de Guillaume Paumier sous licence Creative Commons By-Sa.

[2] Source LeMonde.fr : Le président, la fondue et le questionnaire de Proust.




Quand le guide « L’Internet sans embrouilles » porte de mieux en mieux son nom

Internet sans embrouilles - couverture

Je rebondis sur un billet du blog de Frédéric Couchet pour signaler la sortie d’une nouvelle version du guide Internet sans embrouilles, un guide réalisé par Science & Vie Junior et la société Calysto et distribué dans le cadre du Tour de France des Collèges à nos chères têtes blondes.

Ce Tour de France des Collèges avait fait couler beaucoup de cyber-encre lors de sa sortie. S’inscrivant dans une "logique DADVSI" et ignorant l’existence du logiciel libre, certains y avaient vu là l’influence des partenaires privés de l’opération (voir à ce sujet la dépêche LinuxFr de l’époque ainsi que notre petit billet d’humeur sur une publi-information de Microsoft adressée aux parents).

Dans ce contexte, on ne peut que se féliciter de constater que la nouvelle version (la très à la mode 2.0) du guide se bonifie d’une double-page sur le logiciel libre (j’en profite pour saluer une fois de plus le travail de l’APRIL directement impliquée dans ces modifications comme en témoignent les remerciements en bas de page). Comme quoi la critique a été constructive et les auteurs à l’écoute.

Vous pouvez parcourir ce guide (et le comparer à sa première version) sur le site officiel de l’opération. Ceci dit on se demande bien pourquoi ce guide n’est disponible qu’au (très insupportable) seul format Flash. Le but n’est-il pas d’en assurer sa diffusion maximale auprès des élèves ?

Internet sans embrouilles - logiciels libres

Toujours est-il que les pages 14 et 15 font plaisir à lire (je vous accorde que faire mention de Framasoft fait également plaisir à lire !).

Internet sans embrouilles - framasoft

Extraits :

Les ordinateurs, Internet et le Web, c’est avant tout l’échange et le partage. Mais quelque chose coince au niveau des logiciels… Impossible, en général, de lire leur contenu et de les modifier, et interdiction de les partager. Heureusement une autre philosophie existe : celle du logiciel libre.

Des développeurs proposent des logiciels libres. Ils sont souvent gratuits, ou moins chers que les autres. Mais surtout, on peut étudier leur fonctionnement. A nous de les copier, de les perfectionner si on a une idée, avant de les remettre en circulation. C’est le partage. Et dans le monde numérique, donner c’est « s’enrichir » ! Car on ne perd rien, et on profite à son tour des améliorations produites par les autres…

Le droit de choisir. Chacun a la droit de choisir entre un logiciel « propriétaire », édité par Microsoft ou Symantec entre autres, et un logiciel libre. Mais actuellement, la plupart des ordinateurs sont vendus avec un système d’exploitation et des logiciels propriétaires des grands éditeurs. On ne peut pas acheter la machine sans eux ! Et du coup, par facilité, on s’en contente.

Internet sans embrouilles - wikipédia

On remarquera également une nouvelle page (la 18) dédiée à Wikipédia, elle aussi tout à fait bienvenue.

Extraits :

Wikipédia compte 4 millions d’articles dont 300000 en français. Elle est écrite par tous ceux qui veulent participer. Elle est gratuite. Elle est libre. Le point sur cette encyclopédie d’un nouveau genre.

Qu’apporte-t-elle de plus ? Cette encyclopédie est fondée sur le principe du partage de la connaissance et de la participation de tous. Chacun peut apporter sa contribution, tout le monde coopère, bref, c’est exactement l’esprit originel d’Internet.

Comment est-elle écrite ? Quelqu’un commence à rédiger un article. En cliquant sur Modifier la page n’importe qui peut modifier ce qui a été écrit ou le compléter. La première version de l’article sur la pomme se résumait à : « La pomme est un fruit » ! Depuis, il a heureusement été bien enrichi par les internautes !

Voilà pour les (grandes) satisfactions.

Pour les (petits ?) bémols on regrettera que pour ce qui est de la musique et du téléchargement cela n’ait pas évolué. Les licences de libre diffusion (telles les Creative Commons) et les sites de musique qui s’en inspirent (Dogmazic, Jamendo…) sont encore passés sous silence. Et je vous laisse juge de cette citation page 13 : « Il est interdit de diffuser de la musique sans payer de droits d’auteur ».

C’est peut-être là encore l’influence des partenaires privés dont la SACEM, Microsoft, Apple et Google (via Live Messenger) qui parviennent encore ça et là à s’immiscer dans le contenu même du guide comme en témoignent les copies d’écran ci-dessous.

  • Microsoft (page 7)

Internet sans embrouilles - microsoft

  • SACEM (page 9)

Internet sans embrouilles - sacem

  • Apple (page 12)

Internet sans embrouilles - apple

  • Google (page 19)

Internet sans embrouilles - google




Un modèle approuvé

01 Informatique Spécial Libre couverture

l’Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre (APRIL) fête ses 10 ans.

L’occasion pour le magazine 01 Informatique de réaliser un numéro « Spécial Libre » et de consacrer toutes ses rubriques à ce phénomène dont l’attrait ne cesse de grandir.

Je me suis permis d’en recopier ci-dessous l’édito du directeur de la rédaction Luc Fayard.

Le dada des chevelus fauchés devenu l’épouvantail de Microsoft : c’est dire si le logiciel libre a changé de look ! Pourtant, il en a mis du temps à s’imposer comme challenger… Ses adeptes furent longtemps considérés comme des farfelus, voire des pirates. Il faut dire qu’ils se baptisaient eux-mêmes « hackers » : « hacker », dans le jargon du libre, cela veut simplement dire coder de manière créative ! Pas de stabilité, pas de sécurité, pas de suivi… Le libre fut accusé de tous les maux. Ici, on le traita de « cancer » ; ailleurs, de « secte ».

Mais au vu de ses atours, beaucoup de positions acquises finirent quand même par se sentir menacées. Finalement, comme le suggère Philippe Davy, notre journaliste expert qui a impulsé ce numéro spécial, c’est peut-être davantage l’attrait du modèle communautaire que la qualité – réelle – de ses réalisations qui a fait le succès du libre. On pourrait s’attarder sur des benchmarks détaillés entre Microsoft Office et Open Office, ou bien entre SAP et ERP 5. On finira, de toute façon, par trouver que les solutions se ressemblent étrangement.

La seule différence réside bien dans le modèle de développement et de contribution à l’innovation. D’un côté, des personnes soudées par l’intérêt économique de leur entreprise. De l’autre, des communautés aux motivations diverses, mais réelles de partage. Là, l’avantage est sans conteste dans le camp de l’open source. L’entreprise, la société sont désormais irriguées de cet esprit collaboratif qui est le vrai signe de la modernité. C’est une démarche juste que de partager les connaissances pour en faire profiter le plus grand nombre. C’est même aujourd’hui, dans un contexte de resserrement des budgets et des délais, une vraie voie de développement. Reste à peaufiner le modèle économique et la qualité des services.

01 Informatique Spécial Libre April




Le logiciel libre (et Framasoft) dans le Libé du 4 novembre

Libération 4 novembre 2006 Logiciel Libre C’est pas tous les jours que l’on voit un grand quotidien national consacrer deux pleines pages au logiciel libre (avec un édito et une présence à la Une titré "Les logiciels font la paix"). C’était dans le Libération du 4 novembre dernier à l’occasion de l’accord (controversé) entre Novell et Microsoft. On pouvait y trouver, outre un article précisant les termes de cet accord, un article expliquant le modèle du logiciel libre et un article "extension du domaine du libre" (Wikipédia, la musique libre…) plus quelques encarts dont une sympathique mention de Framasoft dans la catégorie "Où trouver des logiciels libres" 😉 Libération 4 novembre 2006 Framasoft Petite séance de rattrapage en PDF ci-dessous pour ceux qui n’auraient pas lu les articles (encore disponible sur le site de Libération avant passage aux archives). PS : J’en profite pour adresser mon soutien au journal qui se trouve en pleine tourmente actuellement.




Attention, il y a un risque avec cette clé…

Le principal risque de la Framakey c’est… de l’oublier sur votre PC !

—> La vidéo au format webm

Cette vidéo est un extrait d’EduM@g (6 novembre 2006), issu du site de France 5 Education, qui propose chaque semaine une sélection de produits et outils pédagogiques utiles et pratiques.

On y présente non pas la Framakey mais une dérivée éducative Clé en main (rien d’autre que la Framakey habillée par le CRDP de Paris avec une interface et des liens personnalisés).

J’ai apprécié la qualité de la démonstration dans la limite du temps imparti. Les avantages de ce bureau nomade ainsi que les logiciels libres sont selon moi bien mis en avant (on aurait pu cependant préciser que tout ceci ne concernait que Windows pour éviter la confusion).

Pour en savoir plus sur cette Clé en main, vous pouvez lire cet interview de Framasoft. Dans les commentaires sous l’article on notera que nombreux sont ceux qui, à juste titre, regrettent l’absence de téléchargement direct de la Clé en main. Peut-être n’est-ce qu’une question de temps…