Workshop CHATONS aux RMLL le 7 juillet

Nous vous avons déjà parlé des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, qui auront lieu cette année à St-Étienne, du 1er au 7 juillet (très bientôt, donc !). Si vous n’avez pas encore lu l’interview d’une partie de l’organisation, foncez-y, ça donne envie de venir 🙂

Framasoft sera évidemment présente lors des RMLL (sans doute en petit comité, car en ce début d’été, nos membres seront un peu dispersés sur différents événements ou … en congés !). N’hésitez donc pas à venir à notre rencontre, ou à assister à l’une de nos conférences 🙂

Mais l’objet de ce billet, est surtout de vous annoncer que l’organisation des RMLL a proposé de réserver la journée du vendredi 7 à … une réunion de chatons !

Le collectif en action

 

 

Vous le savez peut-être, le Collectif des Hébergeurs Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires (C.H.A.T.O.N.S.) est un collectif de particuliers et de structures qui proposent à leurs communautés des services en ligne Libres, Éthiques, Décentralisés et Solidaires.

Framasoft a impulsé en octobre dernier ce collectif, et est l’un de ses 30 membres actuels.

Le collectif est toujours en phase de structuration et, tel un logiciel libre, est en développement permanent : on y ajoute des fonctionnalités, on explore des possibles, on corrige des bugs, on essaie de faire communauté, etc.

Les moments de rencontre, que ça soit entre membres du collectif, ou pour échanger avec des personnes connaissant peu ou pas le projet CHATONS, sont donc primordiaux.

L’opportunité offerte par les RMLL de nous proposer un temps long (1 journée complète) est donc à saisir !

Cette journée permettra, le matin, de rappeler (très rapidement) les objectifs, de présenter le fonctionnement actuel, et de travailler ensemble la « roadmap ». L’après-midi sera, lui, consacré à des ateliers thématiques (probablement : « juridique », « technique », « communication » et « organisation/économie ») en mode barcamp (= les personnes présentes choisiront elles-mêmes les thèmes de travail).

Bref, vous pourrez poser toutes les questions que vous avez toujours voulu savoir sur CHATONS, mais surtout nous proposer des patches sur la façon dont nous pourrions améliorer le fonctionnement du collectif.

Merci encore aux organisateur⋅ice⋅s des Rencontres de nous offrir ce temps de partages, d’échanges, de réflexion et de production !

Un panier de CHATONS, parce qu’on sait que vous aimez ça !

 

Et, en cadeau, trois petites vidéos (qui s’ouvriront au clic dans un nouvel onglet sur Vimeo) réalisée par Rézonnance, qui, nous l’espérons, vous donneront envie de venir aux RMLL :

Interview PY GOSSET – RMLL2017

Interview Simon CHANSON – RMLL2017

Interview François Aubriot – RMLL2017

 




Les Rencontres mondiales du logiciel libre se mettent au vert

logo rmll 2017

Les Rencontres mondiales du logiciel libre sont organisées, chaque année dans une ville différente, par le groupe d’utilisateurs de logiciels libres local.

C’est un grand pouvoir et une grande responsabilité pour le GULL qui s’y colle. Il s’agit de proposer une formule qui fera le bonheur des geeks purs et durs comme des quidams souhaitant sentir le vent de la liberté.

Cette fois-ci, ce sont les copains d’Alolise, le chaton stéphanois, qui assument cette lourde tâche. Plongée dans le chaudron.

Salut les amis !  Vous pouvez nous présenter Alolise ?

C’est une chouette association. 🙂

Alolise existe depuis plus de 12 ans ! Les débuts étaient très « underground« , puis petit à petit sous l’impulsion des différents présidents et du petit noyau d’irréductibles, Alolise a su se créer une identité et commence à être connue.

Notre avenir (hors RMLL) est orienté vers la communication autour des CHATONS (Collectif d’Hébergeurs Alternatifs Transparents Ouverts Neutres et Solidaires), car nous offrons une véritable AMAP Numérique sur Saint-Étienne et sa région, et aussi vers la poursuite du combat EDUNATHON contre les accords Microsoft – Éducation Nation, en proposant en partenariat avec la mairie des ordinateurs libres comme alternative auprès des écoles de la métropole.

On a aussi un gros projet de formation, mais chut … plus tard.

Vous organisez les Rencontres mondiales du logiciel libre à Saint-Étienne du premier au 7 juillet prochains. Ça va, la pression ?

Ça va. C’est une pression motivante. L’événement est pour bientôt, on a la tête dans le guidon mais on tient la barre et on avance en équipe.

Il faut savoir que pour certains d’entre nous c’est un combat pied à pied de plus de 18 mois…
Il nous tarde de retrouver une vie normale et de nous tenir éloignés de toute réunion pendant une période de convalescence d’au moins 6 mois…

On savait qu’on ne savait pas à l’époque exactement dans quoi on s’engageait (oui oui cette phrase a un sens )… On savait que ce serait dur, mais on ne voyait pas vraiment quels seraient les embûches et les barrières… Aujourd’hui c’est bon, on a bien fait le tour 😀 on sait assez précisément ce que ça représente en terme de blocages, de renonciations, de travail, de présence, de sacrifices familiaux ou amicaux… et ne parlons pas des carences de sommeil ou des montées de stress…

Le groupe qui n’a vraiment rien lâché tient dans les doigts d’une main, c’est les pitbulls, les teigneux ceux qui veulent que ça ait lieu coûte que coûte ! Ils me font monter les larmes aux yeux car on sait chacun ce qu’on a eu à traverser… Après le cercle s’étend avec la montée de l’intensité du dilettantisme. 🙂

Mais c’est un phénomène normal, je remercie chacun de ceux qui nous a consacré du temps même si c’est un quart d’heure, parfois c’est ce petit morceau de temps qui a fait la différence…

Voir en plein écran

Dites, ces RMLL, comme on dit, c’est quoi finalement ? Si je suis nouveau (ou nouvelle) dans le milieu libriste, en quoi est-ce que ça m’intéresse ?

Les RMLL c’est un cycle de conférences, débats, ateliers, spectacles et concerts réunissant débutants passionnés et professionnels du Libre. Cette année on souhaite en outre faire venir le grand public, les gens qui n’ont même jamais entendu cette association de mots : Logiciel Libre.

Les conférenciers viennent du monde entier, c’est l’objectif principal de ces « rencontres », faire se rencontrer les gens, discuter, apprendre, partager et en sortir avec de nouvelles idées et motivations pour le logiciel libre.

Cette année on veut faire se rencontrer : le monde professionnel (la couleur fuchsia du logo), le grand public, le politique (la couleur jaune), et la communauté libriste, les enseignants, les chercheurs (la couleur verte).

Si tu viens d’arriver dans le milieu libriste c’est un immense festival autour de la question d’une philosophie née dans le numérique avec une approche éthique et participative. Si tu viens d’arriver dans le milieu libriste peut-être que tu sais déjà que ce n’est pas un fantasme, mais que ça fait une quarantaine d’années que ce monde existe et que les RMLL, elles, sont présentes en France depuis 17 ans.

Enfin c’est un moment, une semaine plutôt, assez conviviale, où l’on peut apprendre beaucoup, beaucoup de chose et s’ouvrir à beaucoup, beaucoup de domaines (par exemple l’écologie dans le numérique, ou le théâtre libre, ou alors l’internet des objets, ou même la production artistique en creative commons, ou la sécurité informatique, de l’urbanisme, de la spéléologie, du management, enfin bon, va voir le programme ou viens échanger sur les réseaux sociaux ou par mail.

De plus cette année nous avons vraiment tenu à réunir 3 publics : le grand public, le monde professionnel et la communauté libriste,

Mais du coup, ces rencontres sont réservées à un public qui connaît déjà le logiciel libre ou bien…? (demande-t-on d’une voix innocente :p)

Tant d’innocence dans cette voix 🙂

Oui et non. Non ce n’est pas réservé à un public initié parce que le premier week-end est axé découverte et initiation. De grandes figures du libre viendront en parler et un bon nombre d’interventions (la majorité en fait) sont prévues pour un public qui ne connaît pas ce milieu (ou débute). Puis pendant la semaine les activités alterneront entre « pour les pros » et « découverte, pour débuter ». De toute façon, si un moment vous êtes perdus, sachez que le monde du Libre se construit autour du partage, vous pourrez demander autour de vous. Et si vous passez sur le Framablog, vous le savez certainement déjà.

Enfin les soirées sont bien évidemment grand public, c’est des concerts et du théâtre. D’ailleurs on vous invite à venir en famille ou avec vos proches.

Ceux qui connaissent le Logiciel Libre ne seront pas en reste. Il y a un bon nombre d’interventions pour eux, certaines sont même très très techniques. De plus il y a le 4 et 5 juillet le salon pro à la Manufacture. Ce sont les entreprises du libre de la région qui se réunissent pour des rencontres professionnelles. Et pour ajouter un peu de poids dans la balance, il se trouve que le 5 juillet se déroule à la Cité du Design (donc juste en face) la 27eme journée de l’ANSSI (où la c’est les pros de la sécurité informatique qui se réunissent).

La programmation est riche, avec beaucoup d’intervenants et de conférences. Elles seront rediffusées pour celles et ceux qui ne pourront pas venir (ou qui ne pourront pas se couper en trois) ?

Normalement oui, diffusées en direct et accessible ensuite sans problème. On devrait avoir quelques conférences traduites en langue des signes aussi.
Donc pas de panique là dessus. De plus ceux qui nous ont soutenu lors du financement participatif auront droit à une clef usb élaborée par nos soins.

Vous réussissez un coup de maître en invitant Cédric Villani qui est au top de sa popularité. 😉 Comment avez-vous fait ?

C’est pas encore fait en réalité. Cédric est très motivé pour venir, mais à ce stade il ne sait pas encore si son emploi du temps pourra lui permettre de le faire.
Sinon pour le faire venir, un peu d’audace et un grand sourire, le duo gagnant qui ouvre les portes.

Les RMLL ont traditionnellement du mal à attirer le grand public. Vous avez l’air bien décidés à y parvenir. Vous parlez d’un parcours ludique. Vous pouvez en dire plus ou c’est secret ?

Eh bien depuis début juin les stéphanois voient leurs bars et lieux de sortie envahis par des outils Libres. Une bonne entrée en matière pour le week-end du 1-2 juillet où tout le monde pourra suivre un parcours dans la ville de Saint-Étienne. Les grandes places de la ville seront alors investies pour inviter le public à découvrir le Libre, en apprendre plus et échanger sur le sujet.

L’organisation des RMLL demande beaucoup de temps, d’énergie, de disponibilité de la part des associations comme Alolise, mais demande aussi des moyens techniques, de l’espace et des moyens financiers. Avez-vous eu du mal à mobiliser et faire contribuer des partenaires institutionnels (municipalité, département, région…), des entreprises et des associations ?

Tu as raison, c’est un projet qui mobilise énormément de ressources, que ce soit technique, organisationnelles, financières et même sociales ou psychologiques. C’est un peu une course d’endurance, mais sur 18 mois. Certains partenaires ont été très volontaires dès le début du projet (notamment la mairie  et les autres associations libristes), du côté institutionnel c’est plus long à bouger (ce qui est normal d’ailleurs) mais au final on nous suit et on nous soutien. Par exemple la ville de Saint-Étienne nous aide beaucoup par son soutien, son aide, ses conseils, on sent de l’investissement et ça fait plaisir.
De manière générale oui on a eu des difficultés (qu’on aurait aimé ne pas avoir) mais tout rentre dans l’ordre, et c’est un peu le parcours de projets tels que celui-ci de rencontrer des obstacles. On fait front en équipe et on avance.

Combien de réunions avez-vous déjà organisées pour mettre en place cet événement, sous quelle forme ? Combien de bénévoles vont se lancer dans cette aventure?

Euh, beaucoup.
L’équipe se réunit tous les mercredis soirs depuis maintenant plusieurs mois. De plus on échange pas mal sur des réseaux tel que Mattermost. Donc réunion in vivo dès qu’on peut se retrouver sur Saint-Étienne, sinon vocale le mercredi pour ceux qui sont loin de la métropole (de Saint-Etienne 🙂 ) et compte-rendu écrit pour ceux qui ne pouvaient pas être là. Enfin, on est toute la journée à discuter ensemble par clavier interposé. C’est un peu une colocation mais sans la vaisselle.
Pour ce qui est des bénévoles, nous aurions besoin idéalement d’environ 80 personnes pour vivre une semaine sereine. Pour l’instant nous en sommes encore assez loin…

Quels sont les moments, animations, conférences que vous attendez avec impatience ? (oui, on le sait, c’est dur de choisir…)

C’est dur de choisir 🙂
Pour ma part je n’ai jamais vu Richard Stallman en vrai, donc je suis assez impatient de le voir (et aussi très angoissé de le rencontrer). Puis il y a une conférence sur la modélisation pour la spéléo (Therion, c’est long). J’adore ça, et l’intervenant, J-P Cassou, est une sacrée personnalité dans le milieu (son parcours est aussi impressionnant). Il y a aussi une intervention sur la méthode AGILE, je ne suis pas un grand fan des méthodes de management, mais justement ça me rend curieux. Si je n’aime pas, peut-être que je ne comprends pas bien ? non 🙂 ?

Les soirées : c’est une première d’avoir des soirées prévues DANS la programmation.
Les RPLL : c’est une première d’avoir « institutionnalisé » un salon pro pendant les RMLL, on sera très attentif à la réaction des gens et à leurs retours.
L’atelier CHATONS le vendredi : c’est une occasion unique de réunir un maximum de GULL ayant fait le choix de devenir chatons et de passer une journée de workshop pour faire décoller ce mouvement.

Avez-vous besoin d’aide dans les jours qui viennent ? Pour faire quoi, comment, par qui et à quel moment ?

OUI ! On a besoin de bénévoles pendant l’événement, ça c’est sûr. Les lieux sont assez grands et il nous faut du monde pour accueillir le public. Nous avons ouvert un framaform pour ça.
On a aussi besoin de vous tous, visiteurs, avec la meilleure énergie sur les lieux à partir du 1er juillet. N’hésitez pas à en parler autour de vous, à en discuter entre vous que ce soit en bien ou en mal d’ailleurs, c’est comme ça qu’on avance.
Enfin nous vous invitons à nous suivre sur les réseaux sociaux, (@rmll2017 sur Twitter, Mastodon et Diaspora*). On passe aussi à la radio sur les prochaines semaines, le 22 sur Radio Loire à 11h et sur Radio Dio le 14 à partir de 19h. La semaine du 19 nous aurons plusieurs vidéos à partager aussi.

Enfin, comme toujours sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin !

42 !  Et vous pouvez pas encore savoir combien ce chiffre sera important  pendant les RMLL2017 !
Plus sérieusement : un immense merci à tout ceux qui nous ont soutenu pour le crowdfunding, un immense bravo à l’équipe de 70 personnes qui fourmille dans l’organisation (attention c’est pas encore fini 🙂 ), à tout ceux qui nous relaient sur les réseaux, et courage à ceux qui nous supportent au quotidien (c’est bientôt terminé promis).
On se décarcasse pour faire de chouettes RMLL et on espère très sincèrement être à la hauteur.

Le thème des RMLL cette année : LIBRE ET CHANGE

Logo des RMLL

Site officiel : https://2017.rmll.info/




Framasoft sur les routes, et sur un nouveau T-shirt !

Un nouveau T-shirt Framasoft (et le mugounet qui va avec) pour briller lors des événements où nous pourrons nous rencontrer sous le soleil du printemps… et de l’été !

Nouveau T-shirt : la route est longue…

Soyons franc·he·s : on n’est pas foutu·e·s de faire un T-shirt.

Voilà plus de deux ans qu’on a changé de logo, et… rien. Ah ça, pour dégoogliser, y’a du monde, hein ! Mais quand il s’agit de pondre un visuel, contacter des fournisseurs, se mettre d’accord sur un modèle, créer et gérer un stock… y’a plus un GNU à l’horizon !

Alors nous avons choisi la solution de facilité et lancé une campagne chez Keewi.io, le « Ulule du T-shirt ». Le principe : on propose un visuel. Nous, on a choisi de le mettre sur un T-shirt unisexe et sur un mug. On s’est dit comme ça : « Si d’ici le 22 mai, y’a au moins 100 produits pré-commandés, la production est lancée. Sinon, tout le monde récupère ses sous et rentre chez soi. »

Cliquez sur le mug si vous voulez faire une commande

Le 3 mai, nous avons commencé à en parler… exclusivement sur les réseaux sociaux Libres : notre compte Framasphère*, et notre fil Framapiaf. En 24h, les 100 premières pré-commandes étaient atteintes ! Dès le 9 mai, on a fait circuler l’info sur notre fil Twitter et notre page Facebook. Et aujourd’hui : on vous en parle ici !

Après le 22 mai : y’en a plus !

Ben oui, c’est une campagne, et une campagne, ça se termine. Nous, le principe nous va assez bien… vu qu’on expérimente !

L’avantage pour nous est double : ne pas avoir toute la production/vente/distribution à gérer (donc avoir plus de temps pour Dégoogliser), et savoir si ce genre de goodies vous intéressent vraiment, ou si c’est juste un plaisir de l’entre-soi… Et pour l’instant, c’est un succès, plus spécifiquement un succès offert par les « vrai·e·s fans » de Framasoft, a priori.

Ce procédé nous offre en plus l’occasion de faire un prix tout petit (13 € 37, c’est pas un hasard). Nous savons que c’est pas avec des T-shirts qu’on va remplir la marmite, du coup on a choisi de pas beaucoup marger dessus. Là, c’est pour se faire plaisir et pour pouvoir porter des couleurs et une devise qui nous parlent, même si les cordons de la bourse sont assez serrés.

Alors voilà, c’est pas parfait hein, c’est une expérimentation, y’a des inconvénients et défauts, mais c’est mieux que ce que nous faisions jusqu’à présent (à savoir : rien depuis deux ans). Du coup, si vous en voulez, faut se bouger : vous avez jusqu’au 22 mai !

Et si vous cliquez sur le T-shirt, vous tomberez… ben sur la page où on peut le commander.

À propos de route : on sera dessus !

Avec les beaux jours arrivent les festivals qu’on aime bien et où on se retrouve avec délices.

Avec seulement 30 membres et 7 salarié·e·s, notre micro-association a beau se plier en quatre, on ne peut pas être partout !

Néanmoins, vous pourrez nous retrouver…

Alors vu que la voie est Libre, on espère qu’elle sera assez dégagée pour que nous nous rencontrions sans encombres !




RMLL 2015 et Résistances : Framasoft en Festivals !

C’est la canicule, on sort les recettes d’eau libre (à consommer avec modération ^^), les stands, les beaux T-shirts… c’est officiel, on arrive à l’été des Rencontres et échanges Libristes !

 

RMLL 2015 : rendez-vous à Beauvais

Logo RMLL
Logo RMLL

Rendez-vous incontournable du monde Libre, les « ReuMeuLeuLeu » (ou Rencontres Mondiales du Logiciel Libre) sont cette années accueillies et organisées par Beauvais, et c’est du 4 au 11 Juillet !

Comme nous vous l’avions annoncé, nous ne tiendrons un stand que lors des Journées Grand Public (samedi 4 et dimanche 5 juillet). Ce qui nous nous empêchera pas d’être présents lors du reste des rencontres, que ce soit entre les stands (un indice : repérez les badges « Framateam ») ou durant des conférences.

Car les RMLL proposent un programme complet de conférences, tables rondes et autre réjouissances auxquelles Framasoft se joint avec plaisir… Vous nous retrouverez donc :

Bien entendu, au delà des Framasofteries, TOUT le programme des RMLL est empli de pépites qui sauront faire pétiller votre intérêt, vos neurones et vos processeurs…

Résistances, du cinéma et des idées

affiche2015Du 3 au 11 juillet, dans la ville de Foix[1] (en Ariège), a lieu un festival de cinéma aussi engageant qu’engagé : Résitances.

L’idée de ce festival, qui fête cette année sa 19e édition, est de mettre en valeur des films qui bousculent notre vision du monde, montrent d’autres façons de vivre, de voir de raconter et de partager… bref : qui nous nourrissent l’esprit comme la société.

Framasoft sera présent lors du week-end final (10 et 11 juillet) à l’occasion de leur thématique Une civilisation du partage. l’occasion pour nous d’échanger avec un public pas forcément rompu aux codes du Libre, et pour Pouhiou de réitérer sa conférence Créateurs, la confiance paye

 

Voilà pour les quelques rencontres estivales… promis, il y aura encore plus d’occasions de se voir, de boire de la limonade libre (avec modération ^^) et de parler Dégooglisation dès la rentrée !

 

 Note inutile et donc indispensable :

[1] Et le premier ou la première qui commente « Il était une fois, dans la ville de Foix… » Pouhiou se jure de lui émonder les arquemuses… soyez prévenu-e-s !)




RMLL 2015 : pré-commandez vos goodies Framasoft !

Logo RMLL
Logo RMLL 2015

Vous le savez, les RMLL se dérouleront cette année du 4 au 10 juillet à Beauvais.
Pour beaucoup d’entre vous, c’est l’occasion de venir nous rencontrer, et parfois en profiter pour acheter les différents goodies Framasoft, des T-shirts aux livres édités par Framabook, en passant par les magnifiques stickers détourés et les CD Framazik.

Pour nous, cela représente une charge logistique importante, des stocks qui sont parfois détériorés, des quantités de produits souvent très supérieures à ce qui sera vendu, pour pouvoir satisfaire tout le monde. (Certes, l’année dernière, nous avons quelque peu sous-estimé le succès de nos nouveaux T-shirts). C’est pourquoi cette année, nous allons proposer une nouvelle formule.

Stand Framasoft Limité

Nous ne tiendrons pas un stand pendant toute la durée des RMLL, mais nous comptons expérimenter une nouvelle formule. Un stand sera bien entendu tenu pendant les journées grand public, cœur de cible de la mission d’éducation populaire de Framasoft.

Mais nous serons pendant le reste des rencontres en mode plus mobile (n’hésitez pas à nous arrêter quand vous nous apercevez, nous serons ravis d’échanger avec vous, voire – si on nous y oblige – boire des bières, ou des bières). Cette année donc, nous ne viendrons pas avec autant de goodies que les années précédentes. Nous aurons de quoi présenter les différents produits et éventuellement quelques exemplaires à vendre, mais cela restera très limité, et nous renverrons sans doute majoritairement vers la boutique en ligne EnVenteLibre. Cela nous permettra de profiter d’avantage des rencontres pour discuter avec les gens présents, assister aux conférences, travailler sur nos projets, boire des bières, et sans doute bien d’autres choses.

Cependant, nous sommes conscients qu’acheter les produits sur stand permet, en plus du plaisir de pouvoir refaire le monde avec nous quelques instants, d’éviter les frais de port et profiter rapidement de tous ces goodies de vos rêves (comment ça, j’en fais trop ?) C’est pourquoi nous allons mettre en place un système de pré-réservation des produits. De cette façon, vous profitez de ce que vous voulez commander, et vous profitez deux fois plus de nous. Elle n’est pas belle, la vie ?

Stand Framsoft au RMLL 2014 de Montpellier
Stand Framsoft au RMLL 2014 de Montpellier

Comment cela va-t-il se dérouler ?

En trois temps :

  1. Vous pré-commandez les produits que vous voudrez récupérer jusqu’au 30 juin 23h42 (nous tolérerons quelques minutes de retard si vous le demandez avec un grand sourire, dans la joie et la bonne humeur), en passant par notre formulaire de contact, précisant ce que vous souhaitez commander, ainsi que votre nom et un numéro de téléphone auquel vous serez joignable pendant les RMLL.
  2. Vous pourrez alors venir retirer votre pré-commande et la régler directement sur place lors des journées grand public. Évidemment, si vous n’êtes pas présents pendant ces deux journées, précisez quelles sont vos disponibilités les autres jours. Nous essaierons de nous arranger avec vous dans la mesure du possible. Le cas de l’annulation de commande est décrit plus bas.
  3. Et voilà, il n’y a pas de 3e temps. Tout le monde est content.

Si vous ne venez pas récupérer votre pré-commande

Nous ne voulons pas mettre en place de paiement anticipé, cela compliquerait l’opération pour nous comme pour vous, et puis nous avons naturellement confiance en ceux qui passeront commande. Toutefois, merci de nous informer rapidement si vous ne pouvez pas venir retirer comme prévu votre pré-commande. Si par exemple vous pouvez la récupérer plus tard dans la semaine, il est sans doute possible de s’arranger (vous le savez, nous sommes des gens adorables).

Si vous ne l’avez pas retirée pendant les journées grand public sans nous avoir prévenu, nous ne pourrons pas garantir votre réservation, et nous serons amenés à proposer les goodies à d’autres personnes intéressées.

Besoin de conseils pour vos acquisitions ?

Alors précommander, c’est bien… Oui mais que pré-commander, nous demanderez-vous ? Eh bien on a nos petites idées.

 

Avant de dormir, CouvertureLes Framabooks à ne pas rater !

Souvent sur les RMLL, on nous demande des biographies de Richard Stalmann, afin de se les faire dédicacer… De plus on sait de source sûre que Pouhiou sera présent lors de ces RMLL, et pourra donc vous dédicacer les romans des NoéNautes… Et même si Gee ne pourra pas y être cette année, ne passez pas à côté des BD du GKND !

Sans oublier que l’équipe Framabook n’a pas chômé ces derniers mois. Outre les incontournables Histoire et Culture du Libre (un ouvrage de référence pour parfaire votre culture du monde libriste) et Option Libre (pour mieux connaître les licences libres et donc le droit d’auteur) nous avons récemment édité :

  • Libres Conseils, un recueil traduit collaborativement pour découvrir les conseils que des libristes auraient aimé recevoir avant de se lancer dans leur projet,
  • un livre de thermodynamique, pour ceux qui cherchent une application concrête à prix accessible,
  • Avant de Dormir, un roman sombre et organique de la redoutable Lilly Bouriot, à ne pas manquer pour les fans de Lovecraft ou Neil Gaiman.

Ayez la Frama-Classe durant les RMLL

ce dessin n'est pas contractuel ;p
ce dessin n’est pas contractuel ;p

Notre grrrrrrrrros succès du stand des RMLL 2014, ce sont les nouveaux T-Shirt Framasoft. Il y a le Just Sudo It, pour les sportifs du GnuNux, et le ForkMe I’m Famous, pour les clubbers de l’open source. Ces T-Shirt sont une édition limitée, donc mieux vaut vous précipiter dessus tant que nous en avons, après il sera trop tard ! Attention, veuillez noter que la version débardeur-femme (parce que chez les libristes barbus, il y a aussi des barbuEs 😉 ) taille petit, pensez à prendre une taille au dessus de ce que vous prenez histoire d’être à votre aise !
Autrement, nous avons toujours les beaux T-Shirt Framasoft, aussi disponibles en débardeurs femmes (qui là aussi, taillent une taille en dessous de vos habitudes) et les stickers détourés Framasoft pour mettre nos pingouins, euh, nos manchots… bref, nos pinchots sur votre ordinateur préféré.

 

Edit 16/06 : une erreur s’est glissée dans l’article originel, Simon « Gee » Giraudot ne pourra pas être des nôtres lors de ces RMLL… Pardon pour la fausse joie !




Geektionnerd : RMLL 2014 – Fin

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Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




RMLL 2014

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Venez nombreux, ça promet d’être sympa, comme d’habitude !

La liste des conférences/ateliers/etc. organisés par des framasoftiens :

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Rencontre avec L.L. de Mars

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Lors des dernières RMLL de Bruxelles, nous avons invité L.L. de Mars à venir nous parler de… ce dont il avait envie ! Vous trouverez la vidéo et la transcription de son intervention remarquée ci-dessous.

Pour nous, et ceux qui nous suivent, L.L. de Mars c’est celui qui a dessiné « nos » pingouins. Mais il est bien plus et autre que cela. C’est un artiste polymorphe et iconoclaste qui a été l’un des premiers à utiliser la Licence Art Libre et dont le site foisonnant et labyrinthique Le Terrier date de 1996 !

C’est pourquoi nous avons décidé d’illustrer l’article de quelques uns de ses dessins, divers et variés dans le fond comme dans la forme (tous puisés ici), quand bien même ils n’auraient rien à voir avec le propos 😉

Remerciements à tous ceux qui ont participé à la transcription dont l’April.

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Framasoft invite L.L. de Mars et ses pingouins sous licence Art Libre

—> La vidéo au format webm

Bonjour. Bienvenue. Je m’appelle Alexis Kauffmann. Je suis à l’origine du site Framasoft. L’intitulé de cette intervention s’appelle Framasoft invite LL de Mars et ses pingouins sous licence Art Libre.

Je vais me lever parce que j’ai un tee-shirt que ceux qui le connaissent ont déjà identifié. Voici le tee-shirt classique de Framasoft, le tee-shirt historique, et, ce qui est intéressant dans ce tee-shirt, d’abord il est très beau, ça c’est un détail, et en bas à gauche, vous avez un tout petit copyleft, un C, un copyright retourné, LL de Mars licence Art Libre.

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Historiquement ce qui s’est passé, c’est qu’il y a une dizaine d’années quand moi j’ai créé, ce n’était pas vraiment la première version du site mais c’était une première mise à jour, je ne suis pas du tout graphiste, je n’ai aucune compétence, aucun talent et il n’y avait que du texte, ce n’était pas très joli. Je cherchais quelque chose pour illustrer les pages du site, lui donner un petit peu de vie, quelques images. Juste quelques mois auparavant j’étais tombé sur le travail de LL de Mars et j’avais bien remarqué que la licence était très particulière, c’était la Licence Art Libre et je savais que j’avais le droit de réutiliser ses pingouins selon les termes de la licence. Je crois que je ne l’ai même pas prévenu. Je ne t’ai pas prévenu hein ?

LL de Mars : Ça ne fait pas partie des termes obligatoires de la licence.

AK : Non. Mais par contre par courtoisie on peut prévenir. Je l’ai prévenu, plus tard. Toujours est-il qu’il avait, tu raconteras peut-être à quelle occasion tu avais publié ce recueil ?

LL de Mars : Oui !

AK : Ou non ! Ou pas ! En tout cas c’étaient des pingouins. C’était assez serein, mais il y avait un humour, de l’ironie comme ça du second degré, ce n’était pas fondamentalement très très drôle. Moi j’ai choisi. Par exemple ce pingouin-là qui est devenu le logo Framasoft, s’insérait en fait dans une planche où il y avait une femme pingouin furieuse qui disait simplement « J’ai horreur quand tu fais ça ». Elle était là, elle est assise, elle est par terre. Ce pingouin-là est en train de s’élever, en train de voler ; elle lui dit « J’ai horreur quand tu fais ça ». J’ai juste pris ce pingouin parce que j’aimais bien l’idée de, il s’élève, rien n’est impossible, les pingouins peuvent voler, etc. Ça c’est sur une autre planche aussi, il y a quelqu’un qui fait du deltaplane, il y a un pingouin qui fait du deltaplane, tu as des petits pingouins qui le regardent. J’aime bien l’idée que vous aussi vous pouvez vous élever avec nous en diffusant et en promouvant le logiciel libre. Voila fin de l’intro !

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Ensuite j’ai communiqué pendant des années par mail avec LL de Mars. On a eu aussi des échanges de bons procédés. On lui a donné un coup de main et quand on lui demande quelques dessins il le fait de bonne grâce. Merci d’ailleurs ! Et puis, il y a quelques mois, nous nous sommes enfin vus en chair et en os, de visu, et du coup je lui ai proposé de venir aujourd’hui nous parler de….

LL de Mars : Peut-être un petit peu de cette Licence Art Libre et des difficultés auxquelles elle confronte les artistes plasticiens surtout en terme de compréhension de ses modalités.

La licence Art Libre est née dans un cercle de personnes qui était composé à la fois d’artistes mais aussi de techniciens et beaucoup des prérequis qui ont constitués la compréhension de la LAL, cette fameuse Licence Art Libre, viennent d’une pensée du code. Ça veut dire aussi qu’il y a là-dedans des énoncés qui sont presque incompréhensibles pour un artiste, et ça m’intéresse assez d’évoquer cette question. Je ne sais pas si vous connaissez la LAL ? Pas forcément très bien.

AK : La LAL, c’est l’acronyme pour la Licence Art Libre, pour ceux qui ne connaissent pas.

LL de Mars : C’est une licence assez radicale, elle implique ce qu’impliquerait une Creative Commons la plus radicale. C’est la « by SA » et elle implique en plus un processus de viralité assez intéressant à mon sens puisqu’il exprime de façon claire une position politique. Je sais que ce n’est pas forcément l’habitude, il y a une espèce de pudeur à cet égard, à dire de façon frontale « Oui, l’essentiel des notions du logiciel libre repose sur des convictions profondément ancrées à gauche », le dire de façon claire n’est pas toujours très bien pris, c’est comme si c’est la chose qu’on ne disait jamais. Pour moi c’était important de le dire, parce qu’il y a beaucoup, beaucoup des choses qui m’ont séduites dans cette licence qui ressemble à ce que Foucault appelait « un communisme immanent ». Et ça m’a beaucoup plu de retrouver là-dedans quelques-uns des sillages éthiques et politiques qui traversent des espaces communautaires qui eux sont soudés autour du politique et c’est une des premières choses qui m’a attirée là-dedans. Ce qui m’a attiré dans la LAL, c’est que pour beaucoup d’entre nous, enfin, le « Nous », excusez-moi, c’est grotesque, mais enfin, pour beaucoup d’artistes la pratique de la LAL était juste de fait.

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Quand on a pratiqué le fanzinard, de toute façon la plupart des modalités de travail étaient de fait libres. Nous avions un mépris complet, souverain, hérité probablement de Debord, sur la notion de fermeture des droits à l’image. Nous étions tous assez collagistes dans notre esprit. Quelqu’un qui aime les collages politiques d’Heartfield n’en a rien à carrer de savoir d’où vient telle ou telle photo. Ça ne le regarde pas. Il sait qu’il fait autre chose avec ça. La question d’un artiste n’est pas du tout de figer les choses dans l’endroit où elles se trouvent, mais de les prolonger vers un endroit où elles ne sont pas encore.

Et donc pour beaucoup d’entre nous, oui, nos fanzines étaient de toute façon libres. La mention qu’il y avait sur la revue Potlatch dans les années 50, donc la revue des situationnistes autour de Debord et ses amis, disait, invitait à la copie, de toute façon de leur tout petit magasine qui était tiré à 72 exemplaires. C’était ouvert en 80. De la reproduction, de l’emprunt, de la citation et des fanzines que nous faisions adolescents dans les années 80, c’était pareil. Pour rien au monde on aurait simplement imaginé une coupure, une rupture dans ce type d’économie même de pensée du travail.

Donc ça c’est pour le côté pur pratique, ordinaire, quotidien. La LAL était juste un moyen, pour moi, de mettre un cadre particulier, un peu plus formulé, formulé juridiquement pourquoi pas, sur une pratique qui était déjà quotidienne depuis longtemps. Il y avait cet aspect éthique, politique, il y avait ce côté technique aussi, technico-juridique.

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Après ce qui devient intéressant c’est comment on pense la pratique de l’art, au quotidien, avec ça ; ce qui est intéressant c’est de voir dans une pratique de l’art plastique. La question se pose moins pour un écrivain. Pour un plasticien ça devient vraiment rapidement cornélien de savoir ce qu’est une source en art. Qu’est-ce que c’est qu’une source pour un artiste et quels sont les moments de collectivité et les moments de collectivisation de la vie d’une œuvre, de son processus d’invention, de son processus de création si vous préférez. J’aime bien le terme d’invention parce qu’il laisse supposer que l’œuvre n’arrive pas seule, mais que l’artiste arrive avec elle. C’est-à-dire que ce qu’on produit c’est largement autant du sujet, même bien plus du sujet que de l’objet. C’est aussi comme ça que l’objet personnellement je m’en moque un peu.

L’objet artistique n’est jamais rien d’autre que la trace testimoniale d’un travail qui a été fait. Ça veut dire qu’il passerait par différents sas de compréhension de ce qu’il est. On a un sas de collectivité. Le sas de collectivité c’est juste l’état du monde dans lequel on travaille, avec ce qui vient jusqu’à nous. C’est un processus par exemple d’acculturation et un processus d’outillage. J’aime à penser, comme Barbeau, que le processus d’acculturation est un processus complètement chaotique, absolument pas dirigé, et sur lequel on n’a pas spécialement d’empire et qui nous traverse. Je pense, comme il le pensait, que tous les objets qui se présentent à nos yeux, qu’ils fussent d’art ou pas, sont traversés par bien plus qu’eux-mêmes et sont porteurs de toutes sortes de réseaux, de formes, de signes et de significations, qui ont, de façon spectrale traversé les temps et les espaces et s’y trouvent.

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Prenez un exemple très simple, on a tendance a beaucoup, quand on fait de l’histoire de l’art par exemple, a beaucoup discrétiser les moments de l’histoire, à s’imaginer qu’il y a un espèce de suivi assez rationnel, rigoureux, des périodes, enfin périodiser comme disent les historiens, les périodes, les formes. Puis quand on est confronté au tableau on se rend compte à quel point c’est complètement faux. Si vous approchez par exemple la très belle Assomption de la Vierge qui est dans la salle 43 des Uffizi à Florence de Botticelli, vous vous rendez compte que dans les cheveux peignés des anges de Botticelli, il y a des filets d’or. Ces filets d’or, au moment où Botticelli peint, pourraient sembler être un anachronisme. Mais pas du tout ! C’est un travail résiduel qui communique de façon harmonieuse et intelligente avec le passé proche de la peinture toscane. Vous y trouverez aussi dans un environnement plastique plutôt pensé comme celui d’une Renaissance bien établie, un étrange écho d’une peinture plus ancienne, celle de la fin du XIIIe et du début du XIVe, sous la forme de séraphins, six anges colorés de bleu et de rouge. En fait toute l’histoire des tableaux, pour peu que vous vous déplaciez de quelques kilomètres en Italie, vous découvrez que ce qui se pratiquait là et là c’était très différent parce que ce sont des mondes et ces mondes sont profondément impurs.

Pourquoi je dis ça ? Je dis ça parce que ça nous pose tout de suite la question de la source en art. Même cette source-là, cette source purement culturelle, elle est problématique parce qu’on ne peut pas la discrétisée. On ne peut pas découper des parties qui nous diraient là on a à faire à telle chose, je vais travailler avec cette forme objet qui est clôturée, qui est fermée sur elle-même, parce que c’est juste faux. Ces choses sont composites, hétérogènes et surtout elles sont en devenir. Ça aussi c’est important à mes yeux. C’est-à-dire qu’il n’y a aucune raison pour imaginer qu’un tableau du XIVe siècle soit fermé sur le XIVe siècle. Il suffit de traverser un musée pour se rendre compte que sa respiration produit des idées du XXIe siècle. Tout simplement parce que je suis un homme du XXIe siècle. Ma fréquentation des tableaux traverse également toutes sortes de salles, toutes sortes de pays, etc.

Cette source, ma source culturelle, est déjà profondément impure. On ne peut pas, en elle, créer une sorte de typologie idéale, c’est-à-dire qu’on s’écarte très très vite de l’idée qu’on puisse savoir, quand on emprunte, quelle est la nature de ce qu’on emprunte, comment on l’emprunte et quelle forme ça prend. Peut-être parce que ce n’est pas ça le problème d’un artiste. Peut-être que c’est là-dessus qu’il faut insister. Donc ??? à la LAL, quand il est question du partage artistique des sources d’une œuvre, de la mise en commun des sources, on est bien ennuyés. On ne sait pas ce qu’on a en commun. Est-ce qu’on met en commun nos outils de production par exemple ? Mettre en commun les outils de production je ne vois pas trop ce que ça veut dire.

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Il ne suffit pas de dire qu’un pinceau Raphaël, en poil de martre destiné par exemple à faire, moi j’utilise des pinceaux extrêmement fins qui sont normalement faits pour la typographie. Je prends généralement du numéro 6 parce qu’ils sont un petit peu trop longs et leur souplesse fait que la charge se répand tout du long, donc c’est un peu dangereux à utiliser, et du coup à cause de ça, on peut aller d’un trait d’un incroyable capillarité jusqu’à une grosse masse spongieuse de noir. Et le truc c’est que chaque pinceau est différent, chaque personne qui prend un pinceau est différente. Il ne suffira pas de dire pour aller là, prenez tel type de pinceau, d’une part parce que vous n’êtes pas moi, donc ça ne suffira pas. Il y a une expérience particulière de l’outil qui est une lente formation du monde. Ça est aussi c’est de l’individuation.

C’est une chose qu’on comprend quand on voit un sportif. On comprend que quand il travaille il change son corps. En fait on change tous nos corps en travaillant. On est tous les sujets de la transformation corporelle, par notre travail, de notre devenir. Ce devenir est en perpétuel changement. Donc l’outillage ça va être assez compliqué de dire voila la source ça va être ça. On va prendre tel type de pigment. Même ça on ne peut pas le décomposer. Il y a toutes sortes de perspectives aussi et de rapports intellectuels à ce qu’on produit qui aboutissent à des agencements qui sont complètement différents.

Il suffit pas d’être confronté par exemple à deux monochromes pour déduire que c’est la même chose. Deux monochromes ce n’est pas du tout la même chose. Il y a des bons et des mauvais monochromes tout simplement.

Alors ça peut être quoi la mise en commun des sources pour des artistes ? J’aurais tendance à dire que la question à ce moment-là de la production, on pourrait dire au moment premier, au moment où on appréhende la question de la production, elle est sans solution, vraiment ! Il faut donc trouver des réponses complètement ailleurs sur la notion de source. De l’autre côté du copyleft, il y a une autre question qui s’ouvre. Elle le double, le pendant en fait de cette question, c’est qu’est-ce que c’est partager et qu’est-ce qu’on partage quand on partage une œuvre ?

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Dans ce que je viens de vous dire on a déjà un embryon de réponse. En faisant des œuvres d’art nous participons déjà à ce que ces gens dont je parlais ont déjà fait. Nous continuons à envahir le monde de ce que nous pourrions appeler des procès du monde. Pourquoi je dis ça comme ça sur un ton un peu offensif ? Ne le voyez pas comme un mode de jugement mais plutôt comme un mode d’évacuation du lieu commun qui est peut-être une des caractéristiques de la pratique artistique.

Beaucoup de gens s’imaginent que quand on est confronté, au moment du départ du travail, on est confronté à une page blanche, une métaphore sympathique mais elle est assez idiote. En vérité le problème ce n’est pas le vide de la page ! C’est son plein ! La page grouille de lieux communs ! C’est une offense à l’esprit, mais quand vous commencez à travailler, vous savez que vous allez tomber dans tous les lieux communs les plus possibles, si vous n’avez pas pour premier travail de vous armer contre les lieux communs. Donc c’est bien plus un travail de lutte contre sa propre paresse ou sa propre normativité qui entame le processus de création.

L’autre pratique, enfin l’autre caractéristique je pourrais dire de la pratique artistique, c’est peut-être un rapport à l’inconnu. Ce n’est pas très éloigné du problème du lieu commun. On ne pas rêver l’espace du connu, le plus ratissé par le consensus, c’est évidemment un lieu commun mais il y en a plein d’autres. L’espace du connu c’est l’espace que je dirais dépourvu de la générosité du devenir. Si vous faites un travail artistique avec pour perspective de répondre à une attente précise, vous enfermez évidemment votre travail dans cette attente. Pire encore, vous imaginez des désirs, un visage et une fermeture à ceux qui vont venir vous regarder, etc. C’est absurde et ce n’est surtout pas très généreux.

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A mon avis, s’il y a quelque chose qui singularise, puisque le problème c’est ce de quoi on parle, qu’est-ce que c’est l’activité art ? En quoi est-elle si différente par exemple pour les codeurs, au moment du code, qu’est-ce qui la distingue ? Il y a plein de point communs, il y en a effectivement. J’en vois par exemple sur le mode du partage. Code et œuvre d’art ont ceci en commun c’est de ne pas être de la marchandise. Ni l’un ni l’autre ne sont de la marchandise, puisque quand vous consommez de la marchandise, vous la consommez, donc vous la partagez, elle diminue. Vous ne consommez pas du code, vous ne consommez pas une œuvre d’art parce qu’elle ne diminue pas, elle grandit ! Plus vous êtes nombreux à regarder un tableau, plus ce tableau grandit de chacun de vous-mêmes. C’est-à-dire que vous produisez du possible, quelque chose qui n’est pas anticipé par l’artiste lui-même et qui participe pleinement à cette fameuse effectuation d’un tableau du XIVe siècle dans le XXIe, par exemple. Et plein d’autres choses encore. Donc voilà un point commun entre partage du code et partage des œuvres d’art, ce n’est pas de la marchandise ! Du tout !

Donc comment l’en distinguer ? Peut-être cette petite chose, le rapport à l’inconnu. Je ne sais pas quel est le rapport au lieu commun du code, je suppose qu’il y a des prérequis pour que cela marche un petit peu, alors qu’une œuvre d’art n’a pas à marcher ou ne pas marcher, on s’en moque. Elle est ce qu’elle est. Un livre ne répond pas à des lecteurs, il produit ses lecteurs. Un tableau ne répond pas à des spectateurs, il produit des spectateurs tout à fait nouveaux qui n’étaient pas préparés à ce qu’il était et amenés à une nouvelle circonstance. Et c’est là qu’on en revient à cette histoire de circonstances, peut-être à une notion qui est intéressante, par rapport au processus artistique, et on en reviendra à la LAL (Licence Art Libre) du coup. Que fait un artiste ? Selon Georges Didi-Huberman, un artiste est un inventeur de lieux. Ah bon ? Il crée des lieux, il ne fait pas des tableaux, des sculptures ? Une sculpture, c’est le début d’un lieu. Cela veut dire par exemple qu’un tableau n’est pas simplement soumis aux règles de la visibilité ; il est aussi soumis aux règles de la visualité. C’est une chose de pouvoir le décrire, c’en est une autre que de pouvoir être confronté à lui dans l’espace, où il se trouve et qui vous change. Vous changez avec lui et il se change. L’exemple que prend volontiers Didi-Huberman, qui est très parlant, est celui du vitrail. C’est tout à fait autre chose que d’être coloré par la lumière qui traverse un vitrail de Bourges et de consulter un livre sur la cathédrale de Bourges. Cet espace de visualité très particulière, cet espace d’intensité, c’est un lieu unique qui ne se reproduira pas, même pour vous-même, c’est un lieu quasi héraclitéen, qui d’un seul coup substantifie ce moment particulier de rapport à une œuvre. Il peut très bien ne rien se passer, comme c’est le plus souvent le cas, mais quand cela se passe, c’est quelque chose d’assez intense et à quoi rien ne ressemble.

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Est-ce que l’artiste est seulement un créateur de lieux ? Là ça devient intéressant, on en revient à notre question des sources. De mon point de vue, c’est un créateur de lieux de passage, c’est-à-dire que c’est une chose effectivement que de se croire l’assembleur de sa culture, de croire qu’on est le collagiste formel d’un ensemble de données culturelles et qu’on recompose infiniment comme cela le chatoiement des choses déjà là et qu’on n’est pas des créateurs. Ce sont des foutaises, parce qu’on se concentre à ce moment-là uniquement sur les objets. Mais ce n’est pas cela qui est important ! C’est l’artiste, un créateur de lieux de passage. Ce qui est véritablement inattendu, ce n’est pas d’un seul coup de voir surgir un pont, une maison ou un bout de Fra Angelico. C’est que d’un seul coup, la syncope de certains éléments produit une situation complètement nouvelle à laquelle on n’était pas préparé. Ce n’est pas parce que l’on a cru reconnaître là un élément graphique que l’on a vu ailleurs qu’on a effectivement affaire à du même.

Il y a une différence énorme entre le fait de rendre possible l’ouverture à son propre travail par le copyleft et de supporter le plagiat. Parce que le plagiat, j’en reviens à mes marottes (= idées fixes), est une politique de droite et le copyleft est une politique de gauche. Le plagiat vise à re-discrétiser ce qui était devenu des signes marchands à l’intérieur d’une œuvre et par lesquels on espère, par leur reproduction, reproduire les mêmes effets.

Je vais vous raconter une anecdote, vous allez comprendre tout de suite. La droite sanctuarise tout ce qu’elle touche, c’est-à-dire qu’elle en gèle absolument l’avancée : dès l’instant où c’est touché par son doigt de mort, ça devient quelque chose de mort, avec quoi il n’y a plus aucune invention possible. Le plagiat, c’est ni plus ni moins que la brevetabilité, c’est rigoureusement la même chose et cela veut dire que l’on se place non pas du point de vue du mouvement créateur, cette singularité, mais du point de vue des petits objets qui en naissent, qu’on croit pouvoir thésauriser et reproduire à l’infini. L’anecdote vaut ce qu’elle vaut !

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J’ai assisté à un colloque auquel étaient conviés les Requins Marteaux, une équipe de types qui ont une boîte d’édition près d’Albi, je ne sais pas si ils y sont encore, ils sont toujours à Albi je crois, qui avaient une revue qui s’appelait Ferraille, marrante mais très inventive, joyeuse, bordélique, confuse, une forme d’humour assez agressive, plutôt crue, volontiers scatologique, plutôt pas mal, assez novateur dans son genre ! Enfin il y avait une façon d’abdiquer toutes les frontières du goût, il faut le dire. Je ne sais pas si vous connaissez le cinéma de Waters, Pink Flamingos, on peut dire que Ferraille est un peu à la bande dessinée ce qu’est Waters au cinéma de bon goût. C’est à peu près ça. Évidemment, il n’y a pas une chasse au flic ou un type qui parle avec son anus dans tous les numéros, mais on en est à deux doigts quand même. Et ces types ont inventé quelque chose, je ne dis pas que j’y suis sensible mais je dois admettre qu’il se passe un truc particulier dans cette revue.

Et sur la même scène, il y avait Delépine et les gens de Groland, qui sont juste des gros stupides vaniteux qui sont sûrs d’avoir leur mot à dire sur une certaine forme de subversivité, mais quand on les voyait sur scène, il y avait un trait qui était marquant et qui était très triste. Nous étions là pour voir la première de Choron Dernière, le film de Pierre Carles. Le film n’était pas encore sorti, le montage pas définitif. C’était un moment plutôt chouette, c’étatit un film assez bon. Je suis assez amateur de Pierre Carles, je dois avouer ! Après il y avait un débat, et le débat c’était terrible ! Il s’agissait de respecter l’esprit Choron, retrouver l’esprit Choron sur la chose perdue, ce fameux esprit Choron qui manquait tellement aux jeubes générations. Et les mecs de Groland n’arrêtaient pas de nous scander que eux respectaient l’esprit Choron et que les mecs de Ferraille étaient à dix mille kilomètres de là.

À quoi avait-on affaire ? On avait à notre droite un paquet de vieux cons desséchés qui, effectivement, avaient fait de Choron un mausolée qu’ils re-sculptent tous les jours sur Canal +, donc c’est déjà assez drôle pour des subversifs. Et chaque jour, ils vont mausoléifier ce qu’ils prétendent aimer, alors qu’en fait, ils tuent Choron qui est déjà mort.

À ma gauche, il y avait un troupeau de types qui se souciaient comme d’une guigne d’être dans ‘esprit Choron et qui en fait en étaient très proches. C’est-à-dire que leur mouvement, leur façon d’être drôle, leur façon de bousiller la forme d’humour des autres, eh bien c’était ça, l’esprit Choron. Et je crois que là, on a vraiment un bel aperçu de tout ce qui sépare effectivement l’attachement aux objets, c’est-à-dire cet entêtement à ressasser les mêmes formes, et celui au contraire de travailler avec les formes, en elles, et avec quelles de produire quelque chose de tout à fait nouveau, une circonstance complètement neuve. Je ne sais pas comment j’en suis arrivé là, mais je vais peut-être faire une pause parce qu’Alexis ne dit rien.

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AK : Non, je te laisse. Ce que j’ai noté parmi toutes ces… rires, difficiles à résumer ! Mais je vais y arriver ! Dans mon petit champ lexical, je remarque « lieu de passage, prolongement d’une œuvre, en devenir, en mouvement, ouverture, etc, » et si je te suis, la licence Art Libre favorise tout cela, alors que le droit d’auteur plus classique a tendance à figer les choses. C’est un petit peu ça ?

LL de Mars : Non seulement elle le sanctionne positivement comme possibilité, mais je crois que ce qui en fait un instrument un peu plus offensif que certaines licence c’est qu’elle y accule. Une œuvre sous copyleft, quelles que soient les choses qui découlent du copyleft, sont nouveau ré-insufflées dans le copyleft. C’est la règle du jeu. Donc on ne peut pas arrêter ce mouvement. A aucun moment on ne pourra privatiser et moi ça m’excite beaucoup. C’est aussi toute la différence. C’est vrai qu’à un moment la différence avec la licence que choisissait Christophe, Pouhiou, rires, n’impliquait pas. C’est plus qu’une question non pas de positionnement et de formulation politique. Effectivement ça m’intéresse toujours de dire fermement il y a un moment où on arrête de déconner. Oui on est de gauche. Votre modèle de société ne m’intéresse pas. S’il y a du libéralisme qui rentre moi je vais dans l’autre site.

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Public peu audible : Le fait d’avoir une finalité dans sa licence, de choisir ça, ça n’est pas non plus créer des objets, que l’objet soit l’œuvre. Ce qui est important c’est que l’objet soit l’œuvre de son artiste.

LL de Mars : Ce qui est résiduel là-dedans c’est juste le nom. Mais la question du nom, on pourrait dire qu’elle est purement celle d’un signifiant flottant qui serait le guide de ce virus. Quelque chose au fond qui vise moins, si tu veux, à ré-individuer, de façon sociale, le créateur qu’à créer un fil de passage par lequel elle est virale. Quand à l’objet lui-même il est assez insignifiant puisque sa nature, sa substance implique, une fois qu’il est sous LAL, que toutes les formes sont ouvertes. Il ne faut pas oublier qu’il est re-modifiable à l’infini. Si tu prends du copyleft.

Public : J’aime énormément cette vision justement à la fois et de l’oeuvre et de l’artiste qui ne sont pas des objets figés, non pas des sujets figés. Il n’y a pas d’objet, il n’y a pas de sujet, ce sont des flux quelque part, des choses qui se font, qui se défont comme ça, et des lieux qu’on marque un certain moment, que la temporalité marque. J’aime vraiment cette vision-là. Moi l’apport que j’ai eu, le réflexe que j’ai eu au niveau licence ça a été il faut que j’intervienne le moins possible quoi ! Et j’estime que ce côté SA, ce côté viralité est une intervention qui va peut être cristalliser trop de choses. Je ne sais pas.

LL de Mars : J’entends ce que tu dis, mais je ne suis pas d’accord. Je pense que ce n’est pas parce que les processus d’individuation t’échappent qu’ils n’ont pas lieu. Je veux dire par là que tu fais souvent appelle au fait que ce qui te traverse, tu te laisses traverser par elles, ces choses, mais le crible que tu es est irreproductible. C’est-à-dire qu’à la fois je fais appel à la notion de flux qui m’est très précieuse et je refuse effectivement les modèles de typologie. Je pense que les typologies ça n’aide pas à penser. Je refuse les modèles qui discrétisent, je pense que la discrétisation intellectuelle et artistique nous conduit dans le mur. Par contre la chose à laquelle je tiens fermement c’est à la singularité. C’est-à-dire que les mouvement d’effectuation, les mouvements d’individuation que nous sommes tous me semblent très très précieux à signaler.

Il y a quelque chose qui me semble vraiment beau. J’en parlais à l’instant avec Xavier, qui est parmi nous, qui me semble assez beau dans l’espèce humaine, c’est qu’il n’y a pas d’espèce humaine à mes yeux. Il y a des humains et des espèces. Nous ne sommes pas résumables à une seule forme en fait. Chacun d’entre nous est une expérience tout-à-fait nouvelle de la vie, tout-à-fait inattendue, saugrenue, imprédictible et stupéfiante pour cela. Chercher malgré tout à trouver un super sujet dans lequel nous soyons collectivement liés où nous nous trouvions si possible aimables les uns aux autres malgré cette incroyable singularité, ne nous accule pas pour autant à la solitude. Je crois que ce qui fait vraiment le mouvement de l’humanité le plus beau c’est ça en fait. C’est le fait que chaque humain soit si exceptionnel qu’il échappe à la notion d’espèce, qu’avec lui tout est imprévu et que pourtant nous devons considérer que nous avons quelque chose à faire ensemble et nous le faisons. Pour moi c’est assez précieux effectivement. Donc oui !

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Public : Tu as ouvert la question de la source !

LL de Mars : Oui.

Public : Je n’ai pas eu l’impression qu’il y avait une réponse qui était donnée ?

LL de Mars : J’ai bien établi le fait que pour un plasticien cette réponse était à proprement parler sans solution. Quand il s’agit de le faire, par exemple dans la licence Copyleft Attitude, donc en 2000, je crois que Copyleft Attitude naît en 1999, ça vient de se noyer au LAL, la licence Art Libre. Vous connaissez peut-être Copyleft Attitude ou Antoine Moreau, bref ça naît à ce moment-là. Cette question s’est posée. Si on partage, qu’est-ce qu’on partage ? Pour certains d’entre nous, c’était super simple. C’est sûr que pour ceux qui faisaient de la musique électro, il y avait des tas de segments du travail qu’on pouvait identifier, des choses qui reviennent très souvent. Dans l’art du mix, on peut identifier la nature du sample. Mais le truc, particulier aussi, c’est que ça ne me satisfait pas du point de vue de la pensée sur la production artistique. Au moment où on accepte cette notion, moi je ne l’accepte pas tu l’as bien compris, on finit par croire que le sample réellement ne bave pas comme signe à la fois culturel et artistique. En fait il bave. Ce n’est pas du tout indifférent que ce soit un poète par exemple comme Bacon qui emploie le mot moon ou que ce soit 50 ou 60 ans après un poète américain objectiviste comme Zukowski. Ça ne suffira pas du tout de nous arrêter sur un mot et de dire là on tient une unité. En fait on ne tient rien du tout. On ne tient qu’un pauvre squelette. Mechenik aime à dire qu’un dictionnaire ce n’est jamais qu’un squelette, c’est un squelette crevé. La langue ne produit rien. C’est le langage qui produit quelque chose.

Même si on arrivait musicalement à dire là on tient un truc, on a un sample. Oui mais ce sample est sans signification. C’est-à-dire que même que si on l’implique dans un processus, il se désosse de ce qui un moment l’a rendu nécessaire, du moment où il s’est imposé à celui qui avait travaillé avec. Je crois que peu à peu ce qui s’est passé dans la ???, le plus discrètement du monde, c’est que cette question qui semblait très centrale au début, c’est bizarre, mais elle est vraiment passée à l’as. C’est-à-dire que plus ou moins il a été entendu que les collectivités des objets qui étaient le réseau des significations, des actes pour un artiste, c’était juste le monde dans son dernier état et les choses qui viennent jusqu’à lui. Alors le copyleft s’est beaucoup plus concentré sur les autres étapes en négligeant beaucoup la seconde aussi qui n’est pas celle de la collectivité mais celle de la collectivisation des outils.

Il y a finalement très peu d’œuvres sous copyleft qui soient nées de kolkhozes artistiques ou quelque chose de ce genre, c’est-à-dire de la mise en commun d’un travail à plusieurs à un moment donné. Là s’il y a un moment pour abdiquer la position de sujet social, c’est celui-là. C’est l’idéal. C’est très beau. J’ai participé à pas mal d’expériences collectives. C’est effectivement le moment où, pour reprendre une terminologie deleuzième, on assiste à l’éclosion d’un grand sujet hétérogène. Mais en fait, tristement, le copyleft n’a pas créé beaucoup de solutions de ce genre, de situations de ce genre. Et c’est bien dommage ! A mon avis c’est encore à produire, à inventer, à multiplier. Je pense qu’il faudrait inventer des lieux précis qui soient des lieux d’anonymat total, où on rentre, on travaille à une chose en cours, on en pose une autre. Ça c’est à inventer. Ce serait très très excitant. Du coup le copyleft s’est concentré sur la suite. Nous on partage.

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Public : La question de la source n’est pas possible pour le plasticien. La question de la viralité ?

LL de Mars : On triche en fait. C’est-à-dire que d’un seul coup ce à quoi on assiste c’est qu’on résume la question de l’emprunt et de la citation à l’art du collage et de la citation. On dit bon, on n’arrive pas à résoudre le problème. Du coup ça ne devient plus que politique. On sait qu’on est là pour quelque chose qui porte en lui ses failles intellectuelles, tout simplement parce que l’héritage de la LAL est un héritage informatique. Et ce qui marchait là ne marche évidemment pas très bien sur un autre type de modèle. Surtout que le modèle activité art est un modèle assez insaisissable, il n’arrête pas de changer dans les pratiques, etc. Vous avez bien compris, vous l’avez bien remarqué les pratiques contemporaines de l’art sont incroyablement diversifiées : ça va du geste artistique à la continuation ou la pratique de la gravure. Tout ça est un champ d’activités toujours en train de se compléter les unes les autres et étend le sens et la forme de l’activité art. C’était évident, dans de telles conditions, emprunter un modèle informatique pour créer une licence propre à l’art, ça allait forcément rater quelque part, évidemment.

Donc en gros les gens du copyleft sont surtout des partageurs désormais, plutôt ça. Mais ça n’a pas abouti de l’aveu même d’Antoine Moreau et c’est une des choses un peu tristes dans l’affaire. Il me semble en regard des œuvres que je vois naître dans plein de mondes, monde des arts plastiques, monde de la bande dessinée, eh bien, de façon spontanée je reviens au communisme immanent de Foucault. Mais les artistes de bandes dessinées sont peut-être beaucoup plus spontanément copyleftiens que les gens qui s’intéressent réellement au copyleft. Le copyleft n’a pas abouti artistiquement à grand chose de très excitant. La plupart des œuvres sous copyleft sont assez insignifiantes. Elles n’arrêtent pas de signifier juste qu’elles existent, que c’est chouette le copyleft. Mais il y a un gros travail à faire.

Public : Même si la question ne se pose pas tellement dans le domaine des arts plastiques.

LL de Mars : Tu as peut-être raison !

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Public : Il est très difficile de créer à partir de rien ? Effectivement tu l’as dit toi-même, la page blanche (…) etc. On travaille avec un matériau qui (…) toutes les œuvres qui ont précédé aussi. Si on devait s’inquiéter de chaque élément qu’on pique, un jour !

Rires

LL de Mars : Ah oui tu touches un point assez intéressant. Sauf que, le petit trucage par lequel ça marche, c’est évidemment que l’homme qui travaille sous copyleft ne cite ses sources que dans le cas où on a ce qu’on appelle une œuvre première et qu’on a œuvre conséquente. C’est-à-dire que le travail sous copyleft ne cite que la source sous copyleft à laquelle il emprunte sa première forme, etc. Effectivement si je devais inventorier, par exemple dans mes dernières bandes dessinées, les chemins que prends mon travail, mais on n’en sortirait pas du tout. La moitié de l’Italie serait citée là-dedans. C’est vraiment débile quoi ! Ça pose un problème, et puis il y a plein de choses qui sont très contradictoires. C’est bien joli tout ce que je vous raconte sur la collectivité, mais si on parle de bande dessinée, la socialité réelle d’un artiste et son idéalité sociale ce sont quand même deux choses complètement différentes. Sa socialité réelle, c’est d’être enfermé dans son atelier, dans un état de solitude et de silence nécessaires pour bosser. L’idéalité sociale c’est le devenir œuvre de ce qu’il est en train de faire, c’est-à-dire sa collectivisation, la pluralisation. Ces choses sont très contradictoires au sein même de la pratique. Ce qui explique peut-être la rareté des expériences de collectivisation des outils. Sans doute. Il y a plein de choses effectivement qui peuvent nous éclairer. Il y a aussi la faible connaissance de cette licence. Aussi.

Public : Il y a aussi l’apolitisme insensé de l’artiste en général, pas très engagé, pas très conscient, très souvent.

LL de Mars : C’est marrant parce que ce culte de l’auto-personnalité, le type extrêmement superstitieux finalement de rapport à la production, à sa surveillance qu’évoquait Christophe, effectivement il y a une espèce d’obsession qui est super étrange. Ça veut dire qu’il y a un moment où certains artistes ont un regard de fermeture sur leur propre travail et je ne parle pas de fermeture physique mais juste mentale à ce moment-là qui est très surprenant, alors que dans les pratiques on assiste plutôt à des choses plus éclatées que ça. Mais il y a un moment de crispation, un moment d’angoisse, où d’un seul coup le mouvement s’arrête. Il y a beaucoup de superstition dans ce milieu, juridique également. Il y a une faible connaissance des implications du rapport au droit d’auteur. Il y a des grosses surprises.

Le copyleft est un outil tout-à-fait utilisable avec des éditeurs en place. Mes derniers bouquins, je n’ai pas mal d’éditeurs différents, que vous connaissez ou pas, peu importe, ça va être La Cinquième Couche bientôt. Je vous présente Xavier, vous ne le connaissez pas. C’est un peu débile, je suis en train de parler à un type dans la salle que vous ne connaissez sans doute pas. Xavier Löwenthal est des cocréateurs de l’édition La Cinquième Couche. Le prochain bouquin que je vais faire avec eux sera sous copyleft et des éditeurs comme Tanibis ou ??? Scutella ou Les Rêveurs sont des éditeurs avec lesquels j’ai pu imposer, sans difficulté, la mention copyleft. Il n’en avaient effectivement jamais entendu parler. Il y a eu un moment de frilosité. Puis ayant lu la licence, il n’ont pas vu en quoi ça leur coûtait quoi que ce soit, il n’y a pas de préjudice, ça décrispe vachement.

Public : Est-ce que tu publies aux Dargaud ?

LL de Mars : Je ne serai probablement jamais publié par ces gens. Xavier tu le sais très bien !

Rires

Public : Le gens qui travaillent sont des gens qui de toute façon ne tirent aucun revenu de leur activité d’éditeur.

LL de Mars : Scutella ce n’est pas le cas par exemple. Scutella, en plus elle est juriste donc. C’est l’heure ?

Intervention organisateur : On n’a pas respecté l’horaire.

LL de Mars : On peut y aller.

Intervention organisateur : Pensez à terminer.

LL de Mars : Scutella non. Tu as peut-être quelque chose à dire Alexis ?

Public : Pourquoi tu ne publies pas tes livres avec la licence Art Libre ?

LL de Mars : En fait c’est la même chose.

Public : La licence Art Libre fait partie de la mouvance du copyleft. La licence by SA fait partie aussi de la licence du copyleft qui demande à ce que la liberté de l’œuvre contamine les œuvres qui naîtront de l’œuvre originelle.

AK : Est-ce qu’il y a d’autres questions ? Profitez que Laurent soit là. Il est très prolixe aujourd’hui.

LL de Mars : J’ai essayé d’éviter de vous parler de pingouins. J’ai pensé que ça ne serait pas mal qu’on ne fasse pas une fixette là-dessus.

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AK : Peut-être une question. La licence Art Libre a une dizaine d’années, le mouvement Copyleft Attitude également. Est-ce que tu as regretté que ça reste encore, comment dire. D’abord tu as regretté que certaines œuvres ne soient pas produites collectivement. Mais plus globalement est-ce que la licence Art Libre n’est pas passée à côté de quelque chose ? Si oui pourquoi ? Est-ce qu’on a un petit recul maintenant après dix ans d’âge ?

LL de Mars : Il ne faut pas en parler au passé. Ce n’est pas cool. Si je fais mes bouquins sous copyleft, j’ai des éditeurs qui ne le connaissent pas, c’est justement pour que le copyleft sorte un petit peu du tout petit cercle des initiés qui viennent du monde informatique qu’on a entendu parler et que différentes personnes, d’autres mondes, s’en emparent. C’est ça qu’il nous faut à tout prix. Il faut que la licence Art Libre sorte de cette situation complètement incestueuse. Ça n’a aucun sens.

Ce que je regrette c’est la médiocrité générale des œuvres produites sous copyleft. C’est ça qui est triste. Il y a très très peu de choses qui en sortent. C’est comme si ayant franchi le premier cap d’avoir fait quelque chose d’éthiquement, politiquement bien, on ne se souciait plus du reste. Que c’était suffisant, on est des potes, c’est cool, on fait de l’art. C’est très nettement insuffisant. Mais je ne suis pas le seul à le dire, même Antoine Moreau est le premier à le dire dans son mémoire. Si même le fondateur dit « Globalement c’est naze, non », « Ouais, c’est assez naze », c’est qu’il y a un problème !

Rires

AK : On va conclure là-dessus.

Applaudissements.

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