Petites précisions sur les licences Creative Commons par Nina Paley

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Nina Paley - CC-By-SaLes licences Creative Commons sont flexibles et puissantes. Extension naturelle de la GPL [1] à autre chose que du logiciel 10 ans plus tard, ce jeu de licences se présente comme le couteau suisse du droit d’auteur, déclinable en 6 versions de bases, plus quelques fantaisies récentes. Il en résulte que quelque soit votre envie, une déclinaison de licence Creative Commons devrait y répondre, seulement le résultat ne sera pas forcément «  libre  », une CC-By-NC-ND ne permettant par exemple pas de remixer une œuvre. Une autre conséquence est que la mention «  Creative Commons  » sans autre indication n’a pas de sens.

Malheureusement, cette flexibilité et cette richesse de possibilités semblent bien souvent perdre les créateurs de tout poils désireux de remixer des œuvres libres sans prendre le temps d’en comprendre le fonctionnement. C’est en tout cas ce que constate sur Nina Paley sur son blog, en proposant sa solution au problème.

Nina Paley - CC-By-SaEn quelques mots, Nina Paley c’est cette jeune cinéaste américaine, qui, suite à une mésentente avec les ayants droits de la bande son d’une œuvre qu’elle remixait avec brio dans son long métrage «  Sita chante le blues  » décida, après avoir été primée le Festival international du film d’animation d’Annecy, de libérer son film en Creative Commons By Sa.

Enthousiasmée par la Culture Libre qu’elle découvrait à cette occasion, elle n’a cessé depuis d’alimenter des blogs dédiés à ce mouvement, gagnant sa vie par des conférences et des produits dérivés.

Toutefois, il semblerait bien que la solution proposée par Nina Paley ne soit qu’un premier tâtonnement vers… la Licence Art Libre du collectif Copyleft Attitude. Cette licence sans ambiguïté, approuvée par l’OSI et recommandée par la FSF. D’ailleurs n’hésitez pas à en présenter la version anglaise à Nina, elle vous en remerciera.

La confusion des licences Creative Commons

Le fléau de mon existence

Creative Commons’ Branding Confusion

Nina Paley – 10 octobre 2010 – Blog.NinaPaley.com
Traduction Framalang  : KooToX, Julien Reitzel, Siltaar

Il y a environ un an et demi, j’ai publié mon film «  Sita chante le blues  » sous la licence Creative Commons «  By Sa  » (Paternité – Partage à l’identique). Cette licence permet une vraie distribution libre, incluant l’usage commercial, tant que la licence libre reste en place. Mais d’après mon expérience, la plupart des gens voient les mots “Creative Commons” et pensent que la licence exclue les utilisations commerciales «  Non-Commercial  » – car la majorité des licences Creative Commons rencontrées interdisent en pratique l’usage commercial de l’œuvre protégée.

C’est un vrai problème. Des artistes ont redistribué des remixes de «  Sita  » sous la licence Creative Commons «  NC  ». De nombreux blogueurs et journalistes préjugent des restrictions d’usage commercial, même si la licence est bien nommée  :

«  Le film a été rendu public sous les termes de la licence Creative Commons By Sa, permettant à d’autres personnes de partager l’œuvre pour des utilisations non commerciales librement, tant que l’auteur de l’œuvre est bien crédité  », d’après Frontline, un magazine indien national.

Au début, j’ai essayé d’expliquer ce que «  Partage à l’identique  » signifiait aux personnes qui remixaient «  Sita  » en CC-NC, en leur demandant gentiment de revenir à la licence originale, comme voulu par la licence Creative Commons «  Partage à l’identique  » sous laquelle je l’avais distribué. Je me suis sentie bête, je ne veux pas jouer les flics du droit d’auteur. Au bout d’un moment, les mauvaises identifications de la licence du projet étaient si nombreuses que j’ai arrêté d’essayer de les corriger. «  Creative Commons  » signifie «  pas d’utilisation commerciale  » pour la plupart des gens. Se battre contre est une tâche sisyphéenne.

Donc me voilà bloquée avec un problème représentation. Tant que j’utiliserai une licence Creative Commons quelle qu’elle soit, la plupart des gens penseront que j’interdis l’utilisation commerciale des remix de mon œuvre. Presque personne ne semble utiliser, et encore moins essayer de comprendre, la licence CC-SA. Pire, ceux qui remarquent l’option «  partage à l’identique  » la combinent aux restrictions «  pas d’utilisation commerciale  » dans leurs rééditions, ce qui ajoute à la confusion (CC-NC-SA est la pire des licences imaginables).

Le partage à l’identique est une solution imparfaite aux restrictions du droit d’auteur, parce qu’il impose lui-même une restriction, qui est l’interdiction d’imposer d’autres restrictions par la suite. C’est une tentative d’utiliser le droit d’auteur contre lui-même. Tant que nous vivrons dans un monde dans lequel tout est protégé par défaut, j’utiliserai le partage à l’identique ou d’autres équivalents Copyleft, pour essayer de maintenir un «  espace libre de droit d’auteur  » autour des mes œuvres. Dans un monde meilleur, il n’y aurait pas de droit d’auteur automatique et par conséquent aucune nécessité pour moi d’utiliser une quelconque licence. Si cette utopie se réalisait, je supprimerais toutes les licences accolées à mes propres œuvres. En attendant, j’essaye de limiter les droits des gens à limiter les droits des autres.

Il serait bien que l’organisation Creative Commons fasse quelque chose pour remédier à cette confusion d’image. Pour cela, nous avons proposé de renommer les licences «  partage à l’identique  » en CC-PRO [2], mais étant donné que la base la plus large des Creative Commons est constituée d’utilisateurs de licences sans utilisation commerciale, il semble peu probable (mais pas impossible  !) qu’ils distinguent leur véritable licence Copyleft avec une étiquette «  pro  ».

Nina Paley - CC-By-Sa

Si seulement Creative Commons offrait cela  !

Il serait aussi bien que tout le monde, y compris les représentants de l’organisation Creative Commons, fassent référence aux licences par leur nom, plutôt qu’un simple «  Creative Commons  ». «  Merci d’utiliser une licence Creative Commons  », m’ont-ils dit. De rien  ; Je vous remercierais d’en parler comme d’une licence «  partage à l’identique  ». Quasiment tous les journalistes font allusion aux 7 licences en parlant de «  licences Creative Commons  ». Ainsi, dans l’imaginaire populaire, ma licence «  partage à l’identique  » n’est pas différente d’une licence CC-NC-ND «  pas d’utilisation commerciale, pas de modification  ».

Cette crise d’image a atteint un pic récemment quand la société Radio-Canada a interdit toutes les musiques sous licences Creative Commons dans leurs émissions  :

«  Le problème avec notre utilisation de musique Creative Commons est qu’une grande quantité de nos contenus est facilement disponible sur une multitude de plateformes, certaines d’entre elles étant réputées être «  commerciales  » par nature (par exemple, streaming avec publicités imposée en préalable, ou les téléchargements payants sur iTunes) et qu’actuellement une grande majorité de la musique disponible sous une licence Creative Commons interdit toute utilisation commerciale.

Afin d’assurer que nous continuons d’être en conformité avec les lois Canadiennes en vigueur concernant le droit d’auteur, et étant donné le manque d’un large éventail de musique possédant une licence Creative Commons permettant l’utilisation commerciale, nous avons pris la décision d’utiliser la musique de notre bibliothèque de production dans nos podcasts car à cette musique sont liés les droit d’utilisation appropriés.  » [lien]

L’organisation Creative Commons veut obtenir de la SRC qu’elle sépare ses différentes licences. Elle pourrait apporter de l’aide en commençant par appeler ses différentes licences par leur nom. Si l’organisation Creative Commons elle-même les appelle toutes «  licences Creative Commons  », comment peut-elle attendre des autres qu’ils distinguent ces licences les unes des autres  ?

En attendant, je me demande comment communiquer clairement que mon œuvre est COPYLEFT. En plus de la licence CC-SA, s’il y a de la place j’écris «  GAUCHE D’AUTEUR, TOUS TORTS RENVERSÉS  ». Malheureusement, le terme «  Copyleft  » est lui aussi de plus en plus vidé de son sens. Par exemple, le meilleur film de Brett Gaylor «  RIP  : A Remix Manifesto  » dit plein de choses justes, mais il comprend et utilise incorrectement le terme «  Copyleft  ». Le «  Copyleft  » c’est  :

«   possibilité donnée par l’auteur d’un travail soumis au droit d’auteur (œuvre d’art, texte, programme informatique, etc.) de copier, d’utiliser, d’étudier, de modifier et/ou de distribuer son œuvre dans la mesure où ces possibilités restent préservées.

L’auteur n’autorise donc pas que son travail puisse évoluer avec une restriction de ce droit à la copie, ce qui fait que le contributeur apportant une modification (une correction, l’ajout d’une fonctionnalité, une réutilisation d’une oeuvre d’art, etc.) est contraint de ne redistribuer ses propres contributions qu’avec les mêmes conditions d’utilisation. Autrement dit, les créations réalisées à partir d’éléments sous copyleft héritent de cette caractéristique.  » – Wikipédia

Mais dans RIP ça signifie  :

Nina Paley - CC-By-Sa

Vous voyez ce symbole dollar barré  ? Ça signifie qu’il y a des restrictions «  pas d’utilisation commerciale  », qui sont incompatibles avec le Copyleft.

Nina Paley - CC-By-Sa

NC comme «  Non Copyleft  »

Quelqu’un qui rencontrera le mot «  Copyleft  » dans ce film ne saura pas ce que ça signifie finalement en termes de licence.

J’ai besoin d’une licence que les gens comprennent. Je suis tenté par la «  WTFPL  » (abréviation du nom anglais «  Do What The Fuck you want to Public License  », traduite en «  Licence Publique Rien À Branler  ») mais je devrais la forker pour y ajouter une clause «  Copyleft  ». La «  Licence Publique Rien À Branler Mais N’Empêchez Pas Les Autres De Faire Ce Qu’Ils En Veulent  ?  » RBMNPAFV  ?

Y a-t-il ailleurs d’autres licences Copyleft utilisables et qui ne sont pas associées à des restrictions non-commerciales  ? Je suis ouverte aux suggestions.

Proposition de CC-PRO

Le travail professionnel mérite d’être reconnu.

CC-PRO est une licence Creative Commons conçue spécifiquement pour les professionnels  : auteurs, artistes, musiciens. CC-PRO utilise la licence Creative Commons la plus puissante, pour assurer que les travaux de qualité soient transmis et reconnus comme partageables. Elle offre la meilleure protection contre le plagiat et la censure. Elle attire l’attention et invite à la collaboration et la reconnaissance de votre audience la plus importante  : les autres professionnels.

Meilleure protection contre  :
Le plagiat
La censure
Une exploitation abusive

Promeut  :
La paternité de l’œuvre
Vos revenus
La pérennité de l’œuvre
Sa distribution
La collaboration avec d’autres professionnels

Le travail professionnel mérite d’être reconnu. Utilisez la CC-PRO.

Nina Paley - CC-By-SA

Notes

[1] La licence logicielle écrite par Richard Stallman et Eben Moglen qui formalisa la notion de logiciel «  libre  » en 1989.

[2] Traduite en dernière partie de ce billet.

23 Responses

  1. thibsert

    Je ne vois pas trop en quoi la CC-BY-SA serait plus « pro » que n’importe quelle CC. Plus libre que certaines, sans doute (encore que les BSDistes ne seront sans doute pas d’accord), mais « pro » ??? Ça reviendrait un peu à écarter d’emblée le travail d’amateurs, qui constitue pourtant une large majorité des utilisateurs de cette licence.

  2. modagoose

    C’est dingue cet article, parce que Nina Paley, part d’une constatation juste, celle que Creative common est une marque avant d’être un ensemble de licences et que non seulement CC communique comme une marque, mais que le nom Creative common est devenu synonyme de licence libre alors que la majorité des licences sous CC ne le sont pas. C’est dingue parce que la conclusion est stupide.

    D’un côté, CC ne communique pas sur le Libre, de l’autre les plateformes qui diffusent les travaux sous licences lbres et ouvertes ne font pas d’efforts de pédagogie, voir rendent la licence à la limite de l’invisible; Et au milieu, des auteurs qui débarquent là-dedans comme des chiens dans un jeu de quilles et qui tatouent leurs oeuvres sans vraiment comprendre l’intérêt de la démarche, allant même jusqu’à croire qu’une licence libre ou ouverte leur sert à protéger leurs oeuvres alors qu’elles servent à protéger l’utilisateur final.

    Bref, on marche sur la tête et les CC, notamment, servent surtout à permettre la diffusion massive des oeuvres en limitant au maximum ce que les utilisateurs finaux peuvent en faire. Du coup les CC peuvent devenir l’inverse de ce qui a motiver leur création.

    Dans un précédent commentaire sur un autre article je disais que si les gars de chez Microsoft étaient malins, il plomberaient le Logiciel Libre en permettant le téléchargement gratuit et légal de windows sous une licence cc-by-nc-nd. Et je suis sûr que beaucoup des défenseurs du Libre trouveraient ça génial et un signe que le Libre a gagné alors que ce serait tout l’inverse.

    Une oeuvre que l’on ne peut pas modifier et ou commercialiser tant qu’on respecte la licence n’est pas une oeuvre libre. Alors certe, l’art et le logiciel sont deux choses différentes. L’auteur d’un texte peut ne pas vouloir qu’on le modifie, pour ne pas que l’on puisse en détourner le sens, par exemple. Mais même cette excuse est bidon. D’abord, grâce au droit d’auteur, à tout moment, l’auteur d’une oeuvre peut exiger que son oeuvre ne soit pas dénaturée, ensuite, le lien doit être fait entre les versions dérivées et l’originale, ce qui permet à tout un chacun de comparer. Pour finir, je dirais que si on a peur de laisser son oeuvre vivre par les autres, que l’on n’utilise pas les licences libres et qu’on se contente du circuit traditionnel avec Sacem ou équivalent, éditeur et Hadopi.

    En lisant l’article je me suis d’abord dit : Chouette ! Je ne suis pas tout seul à dire que les gens ne comprennent rien aux licences libres et ouvertes !

    Seulement la fin me laisse sans voix…

    Créer une licence CC-Pro ?
    Mais pourquoi faire ?

    Pour faire la différence entre les pratiques amateurs et professionnelles ?

    Mais ce n’est pas ça le but des licences libres et ouvertes. Le but, c’est la circulation du savoir sans entrave en permettant à chacun de contribuer à partir de rien ou à partir du travail des autres. De plus, je ne vois pas bien ce que ça changerait au problème de compréhension auprès du grand public et des professionnels de la profession qui ne comprennent rien au mouvement libriste. Et quand ils daignent faire un effort c’est pour utiliser le terme « libre de droits » qui n’a aucun rapport avec les licences libres et ouvertes.

    La question que ça me pose, c’est de savoir qui attribuerait cette licence et surtout selon quels critères.

    Je voudrais bien savoir ce que veut dire :

    Le travail professionnel mérite d’être reconnu…

  3. Tsu

    Pour info, le groupe RTBF (Belgique) a également demandé à ces services de ne plus diffuser de CC.
    A peut près pour les même raison qu’au canada.

  4. modagoose

    Je ne sais pas si c’est Nina Paley ou la traduction de ses propos pour l’article, plus je lis moins je comprends de quoi il s’agit exactement.

  5. Zitor

    Elle veux une licence BSD avec citation de son nom ou/et l’oeuvre d’origine en gros ? ;/

  6. al.jes

    @modagoose : +1000 C’est vraiment dommage qu’elle aie un raisonnement si peu pertinent.

  7. modagoose

    J’ai écrit ça plus haut :
    « de l’autre les plateformes qui diffusent les travaux sous licences lbres et ouvertes ne font pas d’efforts de pédagogie, voir rendent la licence à la limite de l’invisible. »

    J’aurais dù mieux relire et corriger en étant plus nuancé. En fait je pensais à une plateforme en particulier, donc ça ne concerne pas toutes les plateformes de diffusion.

  8. xscheuer

    « Toutefois, il semblerait bien que la solution proposée par Nina Paley
    ne soit qu’un premier tâtonnement vers… la Licence Art Libre du
    collectif Copyleft Attitude. Cette licence sans ambiguïté, approuvée
    par l’OSI et recommandée par la FSF. D’ailleurs n’hésitez pas à en
    présenter la version anglaise à Nina, elle vous en remerciera. »

    Je suis bien content de constater que les rédacteurs du Framablog,
    référence certaine dans le monde du Libre francophone, sont arrivés
    en quelque sorte à la même conclusion que certains commentaires en
    réponse au billet sur le blog de Nina (recommandant la Licence Art Libre
    — Free Art License).

    Il est d’ailleurs amusant de penser que je m’étais justement basé sur
    le billet du Framablog à propos de la licence Art Libre 1.3 pour rédiger
    mon propre commentaire sur le blog de Nina !

    Sinon un petit pinaillage (“nit-picking”) concernant la traduction de
    “COPYLEFT, ALL WRONGS REVERSED”, je n’aurais pas traduit ça par
    « GAUCHE D’AUTEUR, TOUS GAUCHES RÉSERVÉS », mais plutôt par
    « GAUCHE D’AUTEUR, TOUS TORTS RENVERSÉS ».

    Ou alors j’aurais au moins laissé les termes originaux en NdT.

    En effet, il s’agit — selon moi —, d’un jeu de mots (assez recherché)
    opposant simultanément :

    1. copyRIGHT <-> copyLEFT
    2. RIGHTS <-> WRONGS
    3. All rights RESERVED <-> All rights REVERSED

    La traduction actuelle ne tient pas compte des points 2. et 3., ÀMHA.

    Tous trois étant liés à la naissance du concept — et du terme même —
    « COPYLEFT ». Cf. l’article « Copyleft » Wikipedia ((en) pour avoir
    toutes les références). http://en.wikipedia.org/wiki/Copyle

    [1] Lettre de Don Hopkins envoyée à Richard Stallman en 1984 ou 1985.
    Il avait écrit sur l’enveloppe plusieurs phrases amusantes, et
    notamment celle-ci : « Copyleft – all rights reversed. »
    RMS a utilisé le mot « copyleft » pour donner un nom au concept de
    distribution qu’il développait alors.
    http://www.gnu.org/gnu/thegnuprojec

    [2] « @COPYLEFT ALL WRONGS RESERVED »
    Wang, Li-Chen (May 1976). « Palo Alto Tiny BASIC ». Dr. Dobb’s Journal
    of Computer Calisthenics & Orthodontia, Running Light Without Overbyte
    http://en.wikipedia.org/wiki/File:C

    [3] Idem (1) : Don Hopkins (1984-85), « Copyleft – all rights reversed. »,
    lettre envoyée à Richard Stallman.
    http://en.wikipedia.org/wiki/All_ri

    Cordialement,

    Xavier

  9. Okki

    @modagoose: « Pour finir, je dirais que si on a peur de laisser son oeuvre vivre par les autres, que l’on n’utilise pas les licences libres et qu’on se contente du circuit traditionnel avec Sacem ou équivalent, éditeur et Hadopi. »

    La meilleure protection, c’est la licence CC-BY-NC-ND, puisque dans le circuit traditionnel, un signataire de la SACEM ne peut interdire à un autre signataire de faire une reprise. J’ai d’ailleurs souvenir d’une interview de Francis Cabrel où il pensait beaucoup de mal de la reprise du morceau « Je l’aime à mourir » par le boys band Alliage…

  10. modagoose

    Petite précision sur les termes :
    Licence libre : Licence qui n’oblige pas l’utilisateur final à demander la levée d’une clause : ND et NC.
    Licence ouverte : Licence qui permet par défaut de copier l’oeuvre mais qui demande à l’utilisateur final de demander à l’auteur original la levée d’une clause ND et NC.

    Okki, effectivement en signant avec un SPRD ( Sacem ), un artiste ne gère plus lui-même ses droits et ne peut donc pas s’opposer à une utilisation de ses oeuvres ( pour un metting UMP ou FN, par exemple ), il délègue cette gestion. C’est tout le problème de la gestion collective en France. Par contre, en gestion individuelle, avec ou sans licences CC et art libre, l’auteur peut tout à fait s’opposer à une reprise ou une utilisation qui ne lui plaît pas même sous une licence vraiment libre comme la LAL. Le droit d’auteur prime toujours, c’est dans notre droit.

    Quand tu écris « la meilleure protection », en parlant d’une licence comprenant des clauses ultra restrictive comme la CC-by-nc-nd, tu te trompes comme beaucoup d’artistes, en pensant que les licences libres ou ouvertes servent à protéger les oeuvres. Penser cela c’est ne pas avoir compris à quoi les licences servent exactement ( sans vouloir t’offenser ).

    Dans notre droit, l’auteur a tous les droits sur son oeuvre. Il peut déléguer la gestion de ces droits à un tiers, en France la Sacem et renoncer à son droit de gestion au coup par coup, ce qu’on appelle la gestion collective. Pour lui, l’avantage c’est qu’une société de collecte comme la Sacem fait payer toutes personnes physiques ou morales qui utilisent ses oeuvres sans qu’il ait besoin de s’en occuper lui-même. Mais le revers de la médaille, c’est que cette gestion collective est exclusive et l’auteur n’a plus le droit de faire ce qu’il veut, notamment de mettre aussi son oeuvre sous licence libre ou ouverte, ce qu’on appelle la gestion individuelle.

    Le droit d’auteur est donc, par nature, une chose fermée, dont seul l’auteur peut jouir.
    Si je veux pouvoir modifier, exploiter ou commercialiser une oeuvre non inscrite à la Sacem d’un auteur français et ne mentionnant aucune licence libre ou ouverte, je vais devoir demander la permission à l’auteur, voir passer un contrat avec lui. C’est évidemment contraignant, et pour moi et pour l’auteur. Mais c’est tout à fait légal mais pas adapter à une technologie comme Internet.

    Si j’utilise cette oeuvre sans la permission de son auteur, je risque une condamnation. C’est pourquoi, certains auteurs, pour faciliter la dissémination rapide et simple de leurs oeuvres les mettent sous licences libre ou ouvertes. Ainsi certains droits sont ouverts par défaut sans que l’utilisateur final ait besoin de demander à l’auteur la permission. Copier, par défaut, modifier sur demande, commercialiser sur demande, mise sous la même licence ou licence compatible les travaux dérivés.

    Comme tu le vois, l’objet n’est pas de protéger l’auteur ou l’oeuvre mais bien l’utilisateur final contre un recours de l’auteur.

    Contrairement à ce que la légende urbaine raconte, il en est de même pour la Sacem. Elle ne protège pas les oeuvres. Quand la Sacem entame une procédure en justice ou est partie prenante dans la constitution d’une loi comme Hadopi, c’est pour protéger ses intérêts avant ceux des artistes, car la Sacem vit de la collecte des droits d’auteurs. Les artistes pour se protéger ont d’abord le droit d’auteur qui est automatique à partir du moment où l’oeuvre est révélée et ensuite la paternité qui peut être prouvée par dépôt auprés d’un organisme spécialisé, d’un acte notarié, d’un tampon officiel au commissariat du coin, ou d’un simple plis non ouvert envoyé en recommandé avec AR à son nom et son adresse. Pour protéger son oeuvres en France c’est de cette façon que qu’on procède. Ensuite pour protéger ses oeuvres dans la monde, il y a une convention signée par un certain nombre de pays, qu’on appelle la convention de Berne. Tous les pays signataires sont en mesure de la faire respecter en cas de litige entre un auteur et un tiers. La Chine n’a pas signé cette convention, ce qui veut dire que ce pays ne reconnaît pas le droit d’auteur. Les CC et la LAL sont reconnue par la convention de Berne.

    Pour finir, si les licences libres ou ouvertes sont boudées par les radio, télévisions et autres médias, c’est parce que ces entités morales n’ont pas l’habitude de traiter directement avec les artistes. Ca demande des compétences juridiques, du personnel et ça coûte au final de l’argent. Il y a aussi de mauvaises habitudes qui ont la vie dure. On ne s’adresse que trés rarement aux artistes, on diffuse leurs oeuvres qui sont considérées comme des produits interchangeables.

  11. OlivierCO

    Franchement je crois que le problème vient plus des gens qui ne prennent pas la temps de lire.
    Il suffit de se rendre sur le site des Creative Commons où c’est très bien expliqué. Ou encore plus simple de cliquer sur le lien de la licence. http://creativecommons.org/licenses
    Je ne vois pas comment on pourrait faire plus simple…

  12. I'm a .txt

    @OlivierCO : les gens ne lisent jamais, c’est bien là le problème, qui est lié avec l’inertie sociale comme Stallman l’explique, les gens ne bougent pas et ne bougeront jamais, il faut donc faire nous l’effort de permettre aux gens une plus grande clarté pour ne parler que de licence libre et « empêcher » les licences ouvertes, pour ma part quand je parle des licences CC, je parle aussi de la LAL en disant qu’elle est vraiment libre.

    Il y a d’ailleurs un certain problème de confusion entre les mots suivants :

    – Domaine public
    – Libre de droits
    – Libre
    – Gratuit

    Et tout les services gratuits sur le Web n’encourage rien, car pour les gens, libre veut dire tout simplement…gratuit, alors que c’est faux.

    Donc pour les gens qui passent par là, le mot à retenir c’est « libre », ce n’est pas du domaine public, ce n’est pas gratuit et ce n’est pas « libre de droits » car les licences libres ou ouvertes se servent du droit d’auteur.

    Je note aussi qu’il y a cette grande confusion dans le monde du warez (qui sont à ma vue anti-légaliste contrairement aux libristes qui veulent que tout soit fait de manière légale), j’en ai fais partie de ce monde pendant une année que je rejette maintenant et après j’ai découvert le libre, le vrai et j’y reste, et donc il y a aussi cette confusion énorme chez les gens entre le monde du warez et le monde du libre, bon c’est pas avec du TF1 ou autre qu’on va pouvoir faire passer un message bien expliqué et constructif aux gens… non non, les hackers ne sont pas des méchants pirates !

    Merci pour ce billet, dommage de la fin et de la différenciation pro/amateur sachant que parfois les amateurs ont un sacré talent !

    Et si on passait le Framablog sous licence « Art Libre » ?

  13. yza

    Merci pour cette traduction que je n’osais demander. Comme beaucoup d’utilisateurs de licences ouvertes et plus précisément la LAL pour moi (licence libre), j’ai aussi proposé ce choix en comm de l’article de Nina.

    J’avais pas compris cette histoire de « proCC  » j’avoue que même traduit je ne comprend pas quelle différence ça peut faire avec des prod non pro oO : bizarre comme concept. D’autant que je pensais qu’elle gérait la partie « commerciale » avec l’endorsement.
    Sinon je suis en tout point d’accord avec son approche.

    Et je relève surtout ceci :
    « Presque personne ne semble utiliser, et encore moins essayer de comprendre, la licence CC-SA. Pire, ceux qui remarquent l’option « Partage à l’identique » la combinent aux restrictions « Pas d’utilisation commerciale » dans leurs rééditions, ce qui ajoute à la confusion (CC-NC-SA est la pire des licences imaginables). »

    C’est une notion que je n’avais pas intégrée jusqu’il y a peu. Elle a très bien été expliquée par Isabelle Vojdani (copyleft attitude – redac LAL) lors des RMLL 2010 pendant une conf. Associer une clause virale à une clause restrictive, ça ne donne rien de bon en terme de partage (la base du libre quand même) de pérennité notamment des œuvres dérivées.

    Bon y a pas mal de choses à dire et préciser sur le sujet… comme d’hab, mais Modagoose a très bien exposé certaines d’entre elles.

  14. Tastalian

    La traduction peut être améliorée. Par exemple, « me voilà bloqué[e] avec un problème représentation » : il a fallu que j’aille voir la version anglaise pour comprendre ce que l’auteur a voulu dire.

  15. modagoose

    Je pense que cet article pourrait être mieux traduit, car des points sont incompréhensibles, comme par exemple la transition entre le départ de l’article et sa conclusion avec cette licence CC-PRO, dont je ne comprends pas en quoi elle est une réponse-argument aux remarques de Nina Paley.

    Je ne parle pas suffisamment bien Anglais pour pouvoir aider, désolé.

  16. Siltaär

    J’ai relu en attentivement l’article et corrigé quelques défauts superficiels dans la traduction en vu de sa reprise chez OWNI ^_^

    Merci de vos retours sincères.

  17. Winael

    Je n’ai pas compris exactement en quoi la licence CC-Pro protège plus que la CC-By-SA 😐
    En discutant avec de nombreux artistes musiciens, beaucoup m’ont parler de leur préoccupation de gagner tout de même un peu d’argent avec leur oeuvres et veulent essentiellement se protéger non pas du piratage (ils sont en général content que les gens apprécient leur musique et « face tourner » mais plutôt de certains requins sans scrupules (genre Sony Music, Universal et Cie). Comment dans ce cas concilier l’esprit du copyleft avec la volonté de rendre accessible à tous leurs oeuvres de manière universelle (libre diffusion gratuite de l’oeuvre numérique, oeuvre sur support payante rémunératrice de l’auteur) ?
    Autre question, plus perverse : Une oeuvre dérivée d’une oeuvre copyleft, de par son attribue dérivée est-elle vraiment libre ? Puisque par définition elle est dépendante de l’oeuvre originale et ne pourrais exister sans cette oeuvre :s Alors qu’une oeuvre ND originale n’a aucune attache en tant qu’oeuvre. En tant qu’objet abstrait elle est donc plus libre… Vous avez quatre heures !