Les inspecteurs de l’éducation nationale convoqués chez Microsoft

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Paris, mardi 22 novembre 2011, communiqué de presse.

À l’occasion du salon de l’éducation Éducatec-Éducatice 2011[1], les inspecteurs de l’Éducation nationale chargés de mission nouvelles technologies (IEN-TICE), conseillers techniques des inspecteurs d’académie, tiendront leurs journées annuelles. Cette année, l’administration centrale de l’Éducation nationale les convoque directement au siège de la société Microsoft, à Issy-les-Moulineaux. L’April et Framasoft regrettent vivement que le programme de ces journées ne mentionne pas les logiciels et ressources libres.

Pas moins d’une centaine d’IEN-TICE sont donc conviés au siège de Microsoft, le mardi 22 novembre, veille de l’ouverture du salon, pour une réunion dédiée aux technologies de cette entreprise[2].

Convocation IEN Microsoft

Convocation IEN Microsoft

Les journées se poursuivront ensuite jusqu’au 24 novembre, à la Porte de Versailles, selon un programme pré-établi qui semble faire la part belle aux technologies propriétaires.

Nous pensons, comme de nombreux enseignants, que le fait que les IEN-TICE soient convoqués chez Microsoft constitue une véritable entorse à l’indispensable neutralité scolaire[3]. Cela nous semble incompatible avec les missions et les valeurs du système éducatif et des enseignants, contraire à leur culture de diversité, de pluralisme, de diffusion et d’appropriation de la connaissance par tous. «  Les IEN-TICE ont droit à une formation qui respecte la neutralité scolaire et le pluralisme technologique. En 2011, il est difficile d’ignorer les nombreux apports du libre pour l’éducation ou de les passer sous silence  » estime Rémi Boulle, vice-président de l’April, en charge du groupe de travail Éducation.

Selon le programme, une table-ronde aura pour objectif de dégager les grandes tendances et les besoins qui se dessinent sur le plan des usages pédagogiques et des ressources numériques éducatives. Nous espérons que de nombreuses références seront faites aux ressources libres et que les questions de «  l’exception pédagogique  » et de l’incitation à la mutualisation sous licence libre seront évoquées.

Rappelons que, depuis longtemps, le monde du logiciel libre s’engage auprès du Ministère et aux cotés des professionnels de l’éducation, en faveur de l’égalité des chances, du droit à l’accès aux technologies les plus récentes, et pour la réduction de la fracture numérique.

De nombreuses associations et entreprises développent des ressources et des logiciels libres pour l’enseignement. Citons notamment, pour le premier degré, GCompris, les produits de la société Ryxéo ou ceux de DotRiver, les logiciels du Terrier développés par des enseignants pour des enseignants, FrenchKISS, OpenOffice4kids, le serveur d’exercices WIMS, édubuntu…

Ces solutions sont pérennes et bénéficient d’une large base d’utilisateurs dans les écoles françaises. Les logiciels libres constituent des solutions alternatives de qualité, et à moindre coût, dans une perspective de pluralisme technologique. Par ailleurs, ils favorisent l’emploi local.

Soulignons que le Ministère lui-même met à la disposition des enseignants le service SIALLE[4], une source d’informations sur l’offre en matière de logiciels libres éducatifs. Le Ministère est également impliqué dans le projet national et le pôle de compétences EOLE[5]. Enfin, un accord cadre[6] a été signé par le ministère de l’Éducation nationale en faveur de l’utilisation de logiciels et ressources libres dans l’éducation. Malgré tout, leur importance continue d’être minimisée par certains acteurs.

Dans l’intérêt des professeurs et des élèves, il aurait été indispensable que le programme des journées IEN-TICE prévoie au moins un espace dédié aux logiciels et ressources libres. C’est d’autant moins compréhensible que le salon fait toute sa place au programme Sankoré (un écosystème international, public et privé, de production de ressources numériques éducatives libres) qui concerne au premier chef l’enseignement primaire.

Nous nous tenons à la disposition des inspecteurs pour toute information complémentaire sur les logiciels et ressources libres pour l’éducation et leur souhaitons un riche salon Éducatec-Éducatice.

Notes

[1] Éducatec-Éducatice

[2] http://www.april.org/sites/default/files/convocation-IEN-TICE-Microsoft_1.png et http://www.april.org/sites/default/files/convocation-IEN-TICE-Microsoft_2.png

[3] Sur cette même thématique, on pourra lire avec profit le «  Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire  »

[4] SIALLE

[5] http://eole.orion.education.fr/  : EOLE est tout un ensemble de modules développés pour les établissements scolaires. Citons Amon (pare-feu libre), Scribe (serveur pédagogique complet), Eclair (serveur de clients légers GNU/Linux qui permet de faire démarrer, depuis le réseau, des machines sans système d’exploitation installé), Amon Ecole…

[6] http://eduscol.education.fr/data/fiches/aful.htm  : signé en 1998 entre l’AFUL et le Ministère. Il a été reconduit depuis.

22 Responses

  1. Lecteur assidu

    Tout d’abord l’anonymisation n’est pas complète (peut-être est-ce voulu) : car la référence de l’auteur du texte est écrite noire sur blanc…

    Ensuite et surtout, en bonne application des mentions indiquées, cette convocation (qui vaut ordre de mission, comme on dit) est incomplète (pas de mot « stand »), intulisable, et même fausse : l’adresse donnée ne correspond à rien d’existant (je me souviens avoir refait des convocations pour moins que cela).

    Donc, consciencieuses et consciencieux, les IEN TICE ne peuvent se rendre dans un lieu qui n’est pas localisé correctement et qui nécessiterait de refaire le document. Il n’y aura personne ! (c’est peut-être un peu exagéré pour cette conclusion).

  2. untel

    « Nous pensons, comme de nombreux enseignants, que le fait que les IEN-TICE soient convoqués chez Microsoft constitue une véritable entorse à l’indispensable neutralité scolaire. Cela nous semble incompatible avec les missions et les valeurs du système éducatif et des enseignants, contraire à leur culture de diversité, de pluralisme, de diffusion et d’appropriation de la connaissance par tous. »

    Oui, mais ce n’est pas incompatible avec les valeurs de l’UMP…

  3. Elessar

    Oh, ça craint…

    Sinon, pourquoi avoir caviardé tout ça ? Ce n’est pas un document confidentiel, si ?

  4. morandim

    Bonjour,

    Pour les années prochaines divers autres RV sont déjà pris :
    responsables de Google pour poursuivre l’addiction à Apps
    fabricants de tablettes en tous genres….pour passer au tout numérique, livres et cahiers, installateurs de wifi pour bombarder les petits cerveaux
    etc… etc….
    Très énervée !
    MOM

  5. osef

    > Accueil, amphithéâtre Microsoft, Issy-les-Moulineaux à vent

    Dans un amphithéâtre (ter)
    Phithéâtre (ter)
    Gnou, gnou.

    Y avait un pov’lib’iste (ter)
    Pov’lib’iste (ter)
    Gnou, gnou.

    Ce pov’lib’iste pensait (ter)
    Y pensait (ter)
    Gnou, gnou.

    Ce que pensait le pov’lib’iste n’est pas dit dans la chanson 😉

  6. osef

    Et puis si tiens (version adoucie)

    Ah! c’qu’on s’fout d’moi issy (ter)
    D’moi issy (ter)
    Gnou, gnou.

  7. osef

    J’m’en vais les compiler (ter)
    Compiler (ter)
    Gnou, gnou.

    À coups d’logiciels lib’es (ter)
    Giciels lib’es (ter)
    Gnou, gnou.

  8. voz

    Il y a forcement des fonctionnaires corrompus au niveau du ministère ! C’est la seule explication…

  9. bouts

    Pour info, il y a ce partenariat entre Microsoft, Airria (qui fait son entrée dans l’EN en distribuant et déployant Windows Multipoint Server), et Atrust (qui fournit l’équipement matériel), visant, la mise en place de « la solution informatique de ressources partagées pour les établissements scolaires […], ce « à moindre coût » :
    http://www.channelinsider.fr/2011/1

  10. Khi2

    Evidemment, une invitation chez Microsoft, ça fait « bizarre » pour un partisan du libre. Loin de moi l’idée d’attiser quoi que ce soi, mais, rappelez-nous la dernière fois que les acteurs du libre ont invité les IEN-TICE pour une causerie autour des avancées de tel logiciel ou de telle technologie ? (Cela a peut-être déjà eu lieu ?!) Allez, avec un peu de mobilisation et de bonne volonté, on peut sûrement faire mieux qu’une entreprise « propriétaire » pour dialoguer (convaincre ?) avec des représentants de l’éducation nationale… La route est (peut être) longue, mais… libre.

  11. Blayotl

    Oui, mais la chaîne marketing de deal d’un produit stupéfiant fait que, effectivement, en bout de chaîne, celui qui est au contact direct du consommateur a plusieurs stratégies à opérer pour que l’organisation globale du trafic soit juteuse, dont :
    – l’âge : le plus tôt sera le mieux pour formatage de cerveau, si possible tant que celui-ci est le plus plastique et malléable possible.
    – la gratuité initiale : dans les toutes premières approches, fournir le produit stupéfiant gratuitement pour permettre l' »accroche » au produit qui deviendra de plus en plus toxique (http://msdn.microsoft.com/fr-fr/aca…).

    Certes, la toxicité des produits dont on parle, en dehors du portefeuille des contribuables, est à toujours (re)définir pour convaincre certains acteurs.

    Mais alors faut-il s’en prendre au dealer de quartier, ou bien remonter la chaine de l’organisation mafieuse internationale, dont la commission européenne n’est elle même qu’un rouage ?

    Peut-on dire qu’un mouvement non-lobbyiste par essence comme le mouvement du libre, ne peut rivaliser avec les puissants lobbys internationaux et concentrer leurs actions sur les approches locales/bouches-à-oreilles/associatives/etc ?
    Les aspects non-lobbyistes expliquent-ils a eux seuls les « non mobilisations » ?

    Mais on est au (tout) début et le jour où l’on passera du « constat » au « militantisme » (n’ayons pas peur des mots ; je ne suis moi même qu’au premier stade, d’où mes questions candides…toi pas taper), quand les services publiques -dont je vous laisse faire votre liste- auront désinstallés tous les produits toxiques, les rapports de forces seront sans doute en train de s’inverser.

    La route est longue, et militante sans doute : comment passer du « j’ai installé ubuntu sur l’ordi de ma mère » à des actions plus structurantes ?

  12. philou

    Je trouve ça particulièrement étrange de lire cela alors que l’apprentissage des licences libres vient d’être intégré dans le programme des terminales S : http://t.co/yxEPDWAq

  13. lorbe

    Pour information :
    – la liste SIALLE est quasiment en sommeil (plus aucune nouveauté depuis six mois)
    – il avait été proposé que OO4Kids fasse sont entrée sur SIALLE mais cela fut refusé

  14. Steph

    @philou: t’as tout compris : MS dès la maternelle/primaire, petit aparté en fin de lycée sur le machin libre qui marche pas et qu’toute façon c’est même po compatible avec Weurde. Et sinon, les URL raccourcis saymal™.

    @lorbe: c’est quoi, la « liste SIALLE » ? Je connais vaguement le site http://www.cndp.fr/sialle

  15. hilaire

    Pour SIALLE c’est le CNDP qui est au commande il me semble, et lorsque l’on connait l’engouement de cette institution pour le libre…

  16. YaKa

    Je vois que la fièvre est retombée. Donc.
    Pas de compte rendu… aucun inspecteur de l’ EN sur Framablog.
    C’est vrai qu’il n’ont pas de temps à perdre tous ces convoqués.
    Ils ont été précédés de six mois par un invité qui n’a pas rendu compte non plus de cette invitation.
    Alexis Ka certainement s’en souvient.
    Yaka

  17. YaKa

    Je dirais même plus, la clause de confidentialité est sûrement assortie d’une clause de non divulgation, qui elle même est ….
    Un genre d’aide en loques.
    Mais non, c’est impossible, pas aKa
    Je deviens paranoïaque, allez s’il te plaît, un petit compte rendu.
    Ose aKa !

  18. jimbee

    Bon, tant pis, pour ces inspecteurs de moins en moins libres (sic !) mais moi, je fais circuler le lien vers l’article ! Ça fait des années que des enseignants, des conseillers pédagogiques, des éducateurs… se battent dans les établissements pour promouvoir le libre et qu’ils sont à chaque fois « cocufiés » par nos décideurs-inspecteurs spécialisés dans le TICE et qui ne se posent pas de questions notamment sur les coûts qu’engendrent la gestion des parcs et des outils informatiques dans les écoles (gestions des mairies , des départements et des régions confondus !). Énormément de colère… d’autant plus que la gauche ne montre pas beaucoup plus de sensibilité à cette dimension du Libre mais aussi à la philosophie qui la sous-tend ! Et ça, ça me met encore plus en pétard !