Leçon n°1 : Cliquer sur le gros E bleu permet d’accéder à Internet

Tajai - CC byCe blog n’est pas le dernier à le constater : les enseignants et le logiciel libre, c’est parfois tout un poème…

Enfin surtout aux États-Unis où un enseignant se propose carrément ci-dessous « d’éduquer ses collègues au Libre », et de se demander au passage si la situation ne serait pas meilleure ailleurs.

En Angleterre certainement, mais en France ?

C’est, en l’absence de statistiques fiables, difficile à évaluer[1]. En bas ça fourmille à n’en pas douter d’initiatives pas forcément médiatisées, mais en haut ?

En haut, ça coince toujours pour je ne sais quelles obscures raisons. Où sont les documents d’informations, les plans d’action ou les directives courageuses ? Et confier la chose à Microsoft ou Google n’est certainement pas la solution…

Il faut éduquer les profs au Libre

Teachers Need An Open Source Education

Matt Hartley – 27 janvier 2009 – Datamation
(Traduction Framalang : Daria, Don Rico et Tyah)

Vous rappelez-vous en 2008, quand un professeur nommé « Karen » avait interdit à ses élèves d’utiliser Linux ? Apparemment, dans son raisonnement, des élèves qui utilisaient Linux étaient sans doute impliqués dans des pratiques illégales.

Elle s’est plus tard excusée même si dans les deux camps on a continué à se crêper le chignon. Il me semble que ce ne sont pas seulement les acteurs du logiciel propriétaire qui ne connaissent rien aux logiciels Open Source. Il semblerait qu’à présent le groupe des fanas de la désinformation inclut aussi les professeurs.

C’est la liberté qui compte, pas la gratuité

Malgré la croissance récente dans l’adoption des logiciels Open Source sur les plateformes propriétaires, il reste d’innombrables responsables et décisionnaires qui ignorent tout des logiciels libres/Open Source (Free/Open Source Software : FOSS). Et pour être complètement juste, il n’est pas difficile d’imaginer le trouble d’un professeur bombardé par le discours des présentateurs des grands médias qui passent plus de temps à brandir la menace du « piratage de logiciels » qu’à parler de leurs alternatives libres (FOSS).

Même les « freeware » (gratuiciels) peuvent être échangés illégalement puisqu’ils contiennent souvent un accord de licence stipulant qu’il faut la permission expresse de ses créateurs pour distribuer les travaux créés avec ces gratuiciels. On imagine alors sans mal comment un professeur mal informé peut être enclin à tirer des conclusions hâtives quand un de ses étudiants fait passer un CD contenant un « logiciel inconnu » à ses camarades.

En réalité, ces mêmes étudiants utilisent leur liberté de choix pour sélectionner les alternatives légales aux logiciels propriétaires. Ils évitent ainsi tout recours au piratage de logiciels. Grâce aux nombreuses licences Open Source existantes, les étudiants peuvent échanger ces logiciels sans restriction. Cette liberté n’a aucune conséquence néfaste. Hélas, la plupart des professeurs l’ignorent.

Ce qui n’arrange en rien cette incompréhension entre élèves et enseignants, ce sont les fortes présomptions voulant que les responsables informatique qui travaillent dans les mêmes établissements que ces professeurs mal informés ne sont pas en reste pour encourager ce genre de réactions et faire en sorte qu’elles aillent plus loin encore.

Des professionnels de l’informatique qui ont besoin de « retourner à l’école »

Essayez de suggérer à un utilisateur de Linux qu’il devrait retirer Linux de son PC : il y a de fortes chances qu’il vous rie au nez. Pourtant, il semblerait que ce soit des pratiques courantes dans les établissements.

Le problème, c’est que les utilisateurs de Linux eux-mêmes sont perçus comme des éléments perturbateurs dans un univers régi par des administrateurs certifiés Microsoft. Ces admins, qui étalent souvent leur « grande connaissance de Linux » acquise lors d’une aventure de vingt minutes avec une distribution Linux prise au hasard il y a quelques années, choisissent d’apporter leur pierre à la désinformation. On les accuse parfois de fabriquer des semi-vérités à propos de ceux qui utilisent exclusivement cette plateforme, ou de leur avoir simplement refusé l’accès au réseau. Voilà qui pose problème dès lors que les étudiants concernés viennent d’une famille où l’on n’utilise que Linux, ce qui pourrait les contraindre à devoir apporter au lycée leur propre portable tournant sous Linux.

Est-ce un problème mondial, ou est-un problème propre aux établissements scolaires américains ? Même si j’ai lu dans certains articles que ça se passe un peu partout, le gros des exemples cités semble venir essentiellement des États-Unis.

Les établissements scolaires américains sont-ils seuls à nager dans l’ignorance ?

À l’heure actuelle, les établissements américains sont plus doués pour enseigner la « docilité envers Microsoft » que pour faire en sorte que les élèves sachent lire avant leur entrée au lycée. Remarquez, ce n’est pas grave, ces mêmes élèves ont déjà appris tout seuls à cliquer sur « le gros E bleu » pour se rendre comme des grands sur MySpace et Facebook.

Ajoutez à cela le talent avec lequel ils utilisent la toute dernière suite de sécurité propriétaire pour se prémunir des programmes malveillants qui se baladent sur Internet, et nos élèves américains, en grandissant, deviendront une ressource sur laquelle on pourra compter.

Pendant ce temps, des régions du monde telles que l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud connaissent des taux record de migrations vers Linux. Les lycéens de pays bien plus pauvres que le nôtre apprennent à mettre à profit leurs capacité à résoudre les problèmes pour contourner les « anicroches » de leur OS, alors qu’aux États-Unis, les lycéens s’échinent à améliorer leur perso World of Warcraft !

Même au Canada, notre voisin immédiat, des dépêches annoncent chaque mois que des groupements d’établissements passent à des alternatives Open Source, simplement parce qu’ils préfèrent consacrer leur budget éducatif à autre chose qu’à des licences Microsoft.

Arrêtez-moi si je me trompe, mais il y a quelque chose qui cloche, non ? Les enseignants et les administrateurs système serinent aux jeunes élèves portés vers les nouvelles technologies que s’ils veulent être compétitifs sur le marché, ils doivent utiliser Windows. N’oublions pas que nous espérons former ces mêmes élèves à être performants dans un monde ou Linux et Windows sont tous les deux très utilisés.

D’accord, on voit souvent passer des articles qui affirment que l’utilisation de Linux est marginale. Pourtant, quand on demande comment on peut bien s’y prendre pour comptabiliser un système d’exploitation qui ne fournit pas de réel moyen de le comptabiliser, ces mêmes sources médiatiques se referment comme des huîtres. En d’autres termes, nul ne peut fournir un pourcentage tangible, et ceux qui montrent des camemberts représentant les parts de marché en avançant des arguments confus doivent comprendre qu’ils ne racontent pas toute la vérité.

Mais revenons à nos moutons. Avec le budget éducatif dont disposent actuellement les établissements scolaires américains, il semblerait qu’il y ait un paquet d’argent à dépenser en logiciels et en renouvellement de matériel ! Les économies réalisées par les établissements américains qui utilisent toujours Windows 98 et 2000 Pro, voilà qui à l’évidence est plus rentable qu’embaucher des administrateurs formés à plusieurs systèmes d’exploitation et capables de travailler sur autre chose que Windows, non ?

Ces administrateurs ne passent quand même pas plus de temps à lutter contre les logiciels malveillants qu’à améliorer l’environnement informatique pour les élèves, non ? Ah si, au temps pour moi.

Une proposition modeste

Je vais faire une proposition. Et si on permettait aux élèves qui le souhaitent d’apprendre à se servir de Linux, et ce sur leur temps libre ? Peut-être pourrait-on même en faire une option qui leur vaudrait des points supplémentaires, ce qui serait forcément mieux que de les assommer d’ennui avec des matières en option dont ils se fichent comme d’une guigne.

Cela ne coûterait rien aux établissements, et pour couronner le tout, contribuerait à parfaire les capacités de résolution de problème des élèves.

En outre, je suggère que les enseignants et les techniciens informatique formés par Microsoft se documentent davantage sur Linux avant de porter dessus des jugements hâtifs.

Bien que je reconnaisse volontiers que Linux n’est pas une plateforme accessible à tout le monde, elle est de plus en plus utilisée dans le monde entier, et ceux qui la maîtriseront en plus des systèmes d’exploitation propriétaires seront en bien meilleure position pour réussir sur le marché du travail.

Qui plus est, n’importe quel utilisateur de Linux peut se coller devant une machine tournant sous Windows et réussir à s’en servir en quelques minutes. Pouvons-nous en dire autant de l’utilisateur de Windows de base qui tenterait la même expérience avec Linux ? Sans « le gros E bleu » sur le bureau, c’est peu probable.

Notes

[1] Crédit photo : Tajai (Creative Commons By)




Scoop : Christine Albanel publie sous licence libre un livre sur le partage !

Sebastian Bergmann - CC by-saSi seulement c’était vrai… Bien que le premier avril soit passé depuis longtemps, vous devez vous en doutez un peu : mon titre n’est qu’un fake.

Je plaide coupable donc. Mais coupable par approximation parce qu’à quelques milliers de kilomètres au nord près, j’avais bon !

En effet, je me suis juste trompé de ministère et de pays puisqu’aujourd’hui, en Norvège, Madame Heidi Grande Røys (sur la photo ci-contre[1]), ministre de l’Administration publique et de la réforme, publie un livre sous licence Creative Commons By-Sa.

Il s’intitule Delte meninger, est accompagné d’un site participatif autour du projet, et, à en croire le blog des Creative Commons, il porte sur le partage et l’aspect social des réseaux informatiques et d’Internet.

Merci à tout visiteur qui comprend un tant soit peu le norvégien de nous en dire plus dans les commentaires. Parce qu’avec l’outil de traduction Google appliquée à cette page du site, on se retrouve avec des morceaux intéressants (le procès du The Pirate Bay, évocation des logiciels et de la culture libre…) pour un titre aux accents étranges : « La paix, la liberté, et tout est gratuit ! ».

En attendant, et quand bien même nous n’en connaissons pas encore le contenu dans le détail, on ne peut que saluer l’initiative. Nous y viendrons nous aussi en France, même si visiblement il faudra s’armer d’un peu de patience…

Notes

[1] Crédit photo : Sebastian Bergmann (Creative Commons By-Sa)




Je pense avoir acheté mon dernier Mac

Procsilas - CC byFramasoft en général et le Framablog en particulier vous ont souvent raconté des histoires de migration du système d’exploitation Microsoft Windows vers GNU/Linux (de préférence des histoires qui se finissent bien).

Pour changer un peu, il nous a semble original et intéressant de vous proposer le témoignage d’un « vieux fidèle » du Mac qui a lui aussi décidé de « briser ses chaînes » (et Dieu sait si avec Apple elle sont nombreuses) pour s’en aller le cœur léger aborder le pays des manchots, en l’occurrence le manchot sud-africain Ubuntu.

Que les geeks qui ne cessent de vanter les mérites de Linux mais dont l’ordinateur principal tourne sous Mac[1] (si, si, j’en connais, au moins autant que ceux qui restent sous Windows), n’hésitent pas à apporter leur pierre dans les commentaires 😉

Migration

Switching

Ian Betteridge – 11 janvier 2009 – Technovia
(Traduction Framalang : Balzane)

Comme vous avez pu le déduire de mes billets récents, j’ai changé de système d’exploitation. Mon ordinateur principal est maintenant un portable Dell tournant sur Ubuntu 8.10.

J’avais utilisé des Mac depuis 1986, et j’en avais pratiquement toujours possédé un depuis 1989. Le Mac Plus, le LC 475, le PowerBook Duo, l’iBook et le MacBook Pro figurent parmi les machines qui subirent mon utilisation quotidienne. J’ai gagné ma vie en écrivant sur les Macs et je ne compte plus les Macworld Expos auxquelles j’ai assisté.

Mais, sauf évolution de la politique d’Apple et lancement de machines résolument différentes, je pense avoir acheté mon dernier Mac.

Les causes d’une migration de Mac OS X vers Linux sont diverses. La première était simple : le prix. Indéniablement, les toutes dernières générations de machines Apple sont surpuissantes. Malheureusement, leur prix est tout aussi surpuissant. C’est simple, je n’étais pas prêt à dépenser 200 £ (NdT : environ 230 €) de plus que pour mon dernier MacBook Pro.

Bien sûr, j’aurais pu me rabattre sur un MacBook standard. Il aurait été assez puissant pour mon usage. Mais il ne dispose que d’un écran 13 pouces et, après avoir travaillé des années sur un 15 pouces, 13 pouces c’était vraiment trop petit.

À l’inverse de beaucoup de constructeurs, Apple ne comptait pas de portables 15 pouces moins puissants que le MacBook Pro dans sa gamme. On comprendra que, pour des raisons de logistique et de simplicité de ses produits, Apple limite le nombre de variantes sur ses chaînes de production. Du coup, Apple ne proposait pas de machine qui corresponde à mes besoins.

Ceci constitue d’ailleurs un élément de réponse à la lancinante question : « Un Mac est-il un bon investissement ? » Par rapport à un PC aux performances identiques, c’est parfois le cas. Cependant, il arrive que l’utilisateur n’ait pas forcément besoin des fonctionnalités supplémentaires ou de la puissance du Mac. À moins qu’elles ne soient gratuites ou bon marché, acheter une machine aux fonctionnalités superflues n’est pas un bon investissement. Dans mon cas, payer 1400 £ (NdT : environ 1600 €) simplement pour bénéficier d’un écran 15 pouces alors que je n’ai pas l’usage d’un bus système cadencé à 1 GHz ou de deux cartes graphiques n’est pas un investissement intéressant.

Il y avait aussi une autre raison de migrer, mise en évidence par Mark Pilgrim lors de son passage sous Linux. Apple est une société particulièrement privatrice, elle ne documente pas ses formats de fichiers et a tendance à plus ou moins subtilement enfermer ses clients.

L’exemple le plus évident est l’iPhone. Comme un Mac, un iPhone possède un design exceptionnel. C’est aussi un écosystème très fermé. Les développeurs qui refusent de jouer le jeu d’Apple ne peuvent pas distribuer officiellement leurs applications. Ils ne peuvent que compter sur d’autres pour contourner les limitations du système d’exploitation du téléphone. Si vous voulez que vos applications tournent sur la majorité des iPhones, vous devez accepter les règles fixées par Apple. Et ces règles sont, semble-t-il, pour le moins arbitraires.

Je connais les justifications à ces règles. Ce sont exactement les mêmes arguments que ceux qu’utilisait IBM à l’époque où il ne voulait pas que vous exécutiez d’autres programmes que les leurs sur votre mainframe IBM. Certes, faire partie d’un écosystème fermé et rigoureusement contrôlé assure votre sécurité. C’est aussi hypothéquer votre capacité à disposer d’un Personal Computer réellement personnel.

Je fais une prédiction : pour des raisons similaires, l’écosystème de développement Mac va progressivement ressembler à celui du iPhone. D’optionnel, le recours à des binaires signés va finalement devenir « aucune possibilité d’exécution de code non signé ». Apple deviendra un distributeur d’applications, et fixera des règles du jeu similaires à celles appliquées à l’iPhone. Le raisonnement fait pour l’iPhone peut être transposé au Mac. Je ne pense pas que cela se produira dans les cinq prochaines années, mais je suppose que ça arrivera tôt ou tard. (Mise à jour : si vous êtes arrivé sur ce billet par le billet de Giles qui souligne cette prédiction, la lecture de Why Apple will have a Mac App Store peut vous intéresser.)

Après tout, Apple est une société qui se base sur le DMCA (NdT : Digital Millennium Copyright Act, pendant américain à DADVSI) pour empêcher la rétro-ingénierie sur les fichiers de base de données d’un iPod, élément essentiel à l’interopérabilité d’un iPod avec d’autres plates-formes que Windows ou Mac. Une société qui déploie sans avertissement la technologie anti-copie HDCP, de façon à bloquer jusqu’à la lecture même de contenus qui ne sont pas en haute définition sur des matériels non homologués.

Heureusement il existe une autre possibilité, une possibilité qui n’implique pas de faire confiance à une unique société commerciale pour prendre en compte l’ensemble de nos besoins informatiques. Alors je n’ai ni acheté un MacBook ni un MacBook Pro, mais un Dell XPS1530 flambant neuf, qui maintenant tourne avec bonheur sous Ubuntu 8.10. Il n’est pas aussi puissant qu’un MacBook Pro, mais la configuration matérielle correspond exactement à mes besoins, et son système d’exploitation n’est pas la propriété d’une multinationale monolithique.

Comment s’est passé l’essai jusqu’ici ? Le Mac ne m’a pas manqué une seule minute. Tout a bien fonctionné.

Je garde encore une partition Windows sur la machine, mais elle ne sert vraiment plus qu’en cas d’urgence. WoW tourne à la perfection sous Wine, et la fréquence de rafraîchissement fait passer mon vieux Mac Book Pro pour un Apple II. Le jour est proche où je n’aurai plus besoin d’un Windows « au cas où » et récupérerai les 80 Gb de la partition pour un meilleur usage. De toutes les façons ce Dell est équipé d’un disque de 400 Gb, ce qui me laisse le temps de voir venir.

ITunes ? Je n’en ai pas besoin, Amarok est meilleur, de loin. Pour tous mes documents, j’utilise OpenOffice.org et j’accède ainsi à un format de fichier dont l’existence n’est pas soumise au bon vouloir d’une société, à l’inverse de Pages (NdT : traitement de texte sur Mac).

La configuration d’Ubuntu a été un plaisir. Je pense vraiment que c’est à la portée de tous, et si vous avez la malchance de rencontrer le moindre problème, une rapide recherche Google devrait vous retourner une réponse de l’étonnante communauté Ubuntu. Avec mon Dell, j’ai rencontré une difficulté avec le trackpad, problème que j’ai pu résoudre en dix minutes grâces à Google et à la communauté Ubuntu. Si vous savez installer un Windows, vous saurez sans aucun doute installer et utiliser Ubuntu

Certains aspects du boulot effectué sont particulièrement impressionnants. Le modem 3G intégré, dont mon Dell est équipé, n’a pas juste été reconnu pas Ubuntu, il était aussi fonctionnel en quelques minutes. Un clic sur l’assistant qui m’a demandé quel réseau mobile utiliser, et ça marchait. Ce fut la même chose pour mon imprimante, une HP Deskjet vieille de moins d’un an. Alors que Windows Vista ne voulait pas en entendre parler, Ubuntu l’a reconnue dès son branchement et elle a fonctionné du premier coup.

Devriez-vous en faire de même ? Si vous êtes sensibilisés aux logiciels libres et aux formats ouverts, si vous refusez d’être captifs d’un matériel ou d’un unique système d’exploitation, alors la réponse est oui. Si vous vous préoccupez davantage de la simplicité d’utilisation de votre ordinateur et êtes satisfait de ce que vous impose Apple, alors non. De tous les systèmes d’exploitation existants, la distribution Ubuntu est la plus proche d’un système d’exploitation pour tous publics, mais il n’est pas pour tout le monde.

C’est une bonne chose, parce que la monoculture est nuisible. Je souhaite que Mac OS X s’améliore et prospère, tout comme que je souhaite que Microsoft perfectionne Windows. L’émulation est positive, et une concurrence entre trois plates-formes qui adoptent chacune une approche différente est très saine.

Notes

[1] Crédit photo : Procsilas (Creative Commons By)




Quand Google libère le code source d’un logiciel controversé

Larsz - CC by-saCeux qui ont eu, comme moi, la curiosité de goûter du bout des lèvres au navigateur Google Chrome au moment de sa sortie sous Windows, se sont peut-être aperçus alors qu’un autre drôle de petit logiciel, répondant au doux nom de GoogleUpdate, s’installait à votre insu et travaillait toujours en toile de fond, quand bien même Chrome ne se trouve plus ouvert.

Voici comment le Centre d’aide Google en parle : « GoogleUpdate.exe est un composant logiciel qui joue le rôle de méta-programme d’installation et d’outil de mise à jour automatique dans de nombreuses applications Google que vous pouvez télécharger, notamment Google Chrome. Il maintient vos programmes à jour avec les fonctionnalités les plus récentes. Plus important encore, GoogleUpdate permet une mise à jour rapide de vos applications Google si des failles de sécurité venaient à être détectées. »

Et puis, plus loin, dans le paragraphe (sensible) Informations transmises à Google : « Lorsque GoogleUpdate communique avec les serveurs Google, il envoie les ID des applications qu’il gère sur votre ordinateur ainsi que des informations générales sur l’utilisation de ces applications. GoogleUpdate utilise également un numéro d’identification unique généré de manière aléatoire pour comptabiliser le nombre total d’utilisateurs. Ces informations concernent notamment les numéros de version, les langues, le système d’exploitation et d’autres données sur l’installation ou la mise à jour, telles que l’exécution des applications. Ces informations ne sont associées ni à vous-même, ni à votre compte Google. D’autres informations peuvent nous être transmises si vous choisissez d’envoyer vos statistiques d’utilisation concernant Google Chrome. »

Son processus de désinstallation est lui aussi assez étonnant (et sujet à caution) : « Pour désinstaller complètement GoogleUpdate, désinstallez toutes les applications Google actuellement installées sur votre ordinateur. La désinstallation de GoogleUpdate devrait intervenir automatiquement quelques heures après la désinstallation de vos programmes Google. GoogleUpdate étant lié aux applications Google installées sur votre ordinateur, il ne peut être supprimé individuellement. Si vous supprimez uniquement le processus GoogleUpdate, il se peut que vos programmes Google ne fonctionnent plus correctement et, très souvent, GoogleUpdate se réinstallera de toute façon automatiquement. »

On comprendra alors facilement que certains se sont émus de la présence de ce logiciel, surtout qu’en absence d’accès au code source, on ne pouvait que faire confiance à Google dans sa collecte d’informations.

Or avec Google[1], la confiance sur parole n’est plus forcément de mise. La confiance en acte c’est bien plus mieux et transparent. Et dans le monde logiciel cela se traduit comme ici par la libération du code source du programme, afin de l’étudier et constater effectivement que cette collecte d’informations est, si ce n’est inoffensive, tout de moins conforme à ce qui avait été annoncé.

Je ne sais si vous êtes désormais totalement rassuré (les commentaires sont grands ouverts) mais la démarche est intéressante : montre-moi ton code source et je te dirais qui tu es réellement. On rêve déjà d’en faire de même pour toute la gamme logicielle de Google, et puis aussi celle de Microsoft et Apple tant qu’on y est 😉

Pour évoquer cette nouvelle, nous n’avons pas choisi la voie officielle, c’est-à-dire le communiqué de Google, mais celle du blog Google Operating System, qui bien que totalement dédié à Google lui est indépendant.

Google Update libère son code source

Google Update, Open Sourced

Alex Chitu – 12 avril 2009 – Google Operating System
(Traduction Framalang : Tyah et Don Rico)

Ça n’a pas d’interface, c’est toujours actif en sous-tâche, prêt à mettre à jour silencieusement votre logiciel Google : Google Update est un service qui fait du bureau Google l’égal des applications web en constante mise à jour. Hélas, ce service n’est pas très stable, on ne peut pas le supprimer tant que l’on a pas désinstallé toutes les applications qui l’utilisent, et il présente des problèmes de confidentialité.

Certains se sont émus du fait que Google collecte de plus en plus d’informations. Pour montrer que ces reproches sont infondés, Google a décidé d’ouvrir le code source de GoogleUpdate, nom de code : Omaha.

« GoogleUpdate étant toujours actif sur votre système, il n’existe aucun moyen simple de l’arrêter, et puisque c’est un composant fondamental du logiciel Google qui y recourt, il ne s’installe pas de façon explicite. Certains seront surpris de le voir fonctionner, et chez Google, nous n’aimons pas décevoir nos clients. Nous avons travaillé dur pour répondre à ces inquiétudes. En libérant le code source d’Omaha, nous cherchons à rendre GoogleUpdate complètement transparent. Évidemment, nous comprenons que tout le monde n’ait ni la volonté ni la capacité d’examiner notre code dans le détail, mais nous espérons que ceux qui le feront confirmeront que GoogleUpdate sert bien à maintenir votre logiciel à jour. »

Un logiciel à jour en permanence empêche les logiciels malveillants d’exploiter les failles de sécurité, signale plus facilement les bogues et est constamment amélioré, mais Google devrait fournir une interface qui nous laisserait contrôler combien de fois le service demande à être mis à jour et même le désactiver. Certains utilisateurs avancés estiment que fonctionnement permanent de l’outil de mise à jour de Google représente une violation de leur droit de regard en tant qu’utilisateurs, une faille de sécurité potentielle et une charge indésirable sur leur système et leurs ressources réseau, qui sont déjà très sollicités.

Notes

[1] Crédit photo : Larsz (Creative Commons By-Sa)




Le piège JavaScript par Richard Stallman

Wlappe - CC byVu le developpement croissant du cloud computing, il fallait bien que l’on se pose un jour quelques questions.

Le mois dernier Richard Stallman publiait un article autour des applications en ligne en général et du JavaScript en particulier, qui fit couler pas mal de bits dans la blogosphère.

Parce que des logiciels tels que Gmail ou Google Documents exportent non seulement nos données sur les serveurs qui hébergent les applications (ici les serveurs Google) mais exécutent au passage dans nos navigateurs du code qui ne donne pas, loin de là, les signes d’une totale liberté[1].

La débat est donc ouvert, avec en toile de fond la faible représentation actuelle des applications web véritablement libres.

Le piège JavaScript

The JavaScript Trap

Copyright © 2009 Richard Stallman – Licence Creative Commons By-Nd
(Traduction : Cédric Corazza – URL d’origine de la traduction)

Vous exécutez peut-être des programmes non-libres sur votre ordinateur chaque jour sans même vous en apercevoir — par l’intermédiaire de votre navigateur Web.

Dans la communauté du logiciel libre, l’idée que les programmes non-libres maltraitent leurs utilisateurs est familière. Certains d’entre-nous refusent totalement d’installer des logiciels propriétaires, et beaucoup d’autres considèrent que la non-liberté est une attaque contre le programme. Beaucoup d’utilisateurs sont conscients que ce problème s’applique aussi aux plugins que les navigateurs proposent d’installer, car ils peuvent être libres ou non-libres.

Mais les navigateurs exécutent d’autres programmes non-libres pour lesquels ils ne demandent pas votre avis — des programmes que contiennent des pages Web ou vers lesquels elles pointent. Ces programmes sont très souvent écrit en JavaScript, bien que d’autres langages puissent être utilisés.

JavaScript (dont le nom officiel est ECMAscript, mais peu de gens utilisent ce nom) était autrefois utilisé pour faire des effets frivoles, certes jolis mais non-essentiels à la navigation et aux fonctionnalités d’affichage. Il était acceptable de les considérer comme de pures extensions du langage de balises HTML, plutôt que comme de vrais logiciels ; ils ne représentaient pas un problème significatif.

Beaucoup de sites utilisent encore JavaScript de cette façon, mais certains l’utilisent pour des programmes conséquents réalisant des travaux importants. Par exemple, Google Docs télécharge sur votre machine un programme JavaScript qui pèse un demi megaoctet, dans une forme compactée que nous pourrions appeler Obscurscript car il n’y a aucun commentaire et très peu d’espaces, et les noms de méthode ne font qu’une lettre. Le code source d’un programme est la forme préférée pour le modifier ; le code compacté n’est pas du code source, et le vrai code source n’est pas disponible pour l’utilisateur.

Normalement, les navigateurs ne vous disent pas quand ils chargent des programmes JavaScript. La plupart des navigateurs ont un moyen de désactiver JavaScript totalement, mais aucun d’eux ne peut vérifier des programmes JavaScript qui ne sont pas triviaux et non-libres. Même si vous en êtes conscient, cela vous serait difficile d’identifier et bloquer ces programmes. Cependant, même au sein de la communauté du logiciel libre, la plupart des utilisateurs ne sont pas conscients de ce problème ; le silence des navigateurs tend à le dissimuler.

Il est possible de publier un programme JavaScript en tant que logiciel libre, en distribuant le code source sous une licence de logiciel libre. Mais même si le code source du programme est disponible, il n’existe pas de moyen facile d’exécuter votre version modifiée à la place de l’original. Les navigateurs libres actuels ne proposent pas de fonctionnalité permettant d’exécuter votre version modifiée à la place de celle délivrée par la page. L’effet est comparable à la Tivoisation bien que moins difficile à outrepasser.

JavaScript n’est pas le seul langage que les sites Web utilisent pour les programmes envoyés aux utilisateurs. Flash supporte la programmation par l’intermédiaire d’une variante étendue de JavaScript. Nous aurons besoin d’étudier le problème de Flash pour faire des recommandations appropriées. Silverlight semble créer un problème similaire à Flash, excepté qu’il est pire, car Microsoft l’utilise comme plateforme pour des codecs non-libres. Un remplacement libre de Silverlight ne ferait pas l’affaire pour le monde du libre, à moins qu’il ne propose des codecs de remplacement libres.

Les applets Java s’exécutent aussi dans le navigateur et soulèvent des problèmes similaires. En général, toute sorte d’applet système pose ce genre de problème. Avoir un environnement d’exécution libre pour une applet ne fait que repousser d’un cran le problème.

Un fort mouvement s’est développé qui appelle les sites Web à ne communiquer qu’avec des formats et des protocoles libres (certains disent « ouverts ») ; c’est-à-dire, dont la documentation est publiée et que chacun est libre de mettre en œuvre. Avec la présence de programmes dans les pages Web, ce critère est nécessaire mais pas suffisant. JavaScript lui-même, en tant que format, est libre et l’utilisation de JavaScript dans un site Web n’est pas nécessairement mauvaise. Cependant, comme nous l’avons vu plus tôt, ce n’est pas nécessairement bon. Quand le site transmet un programme à l’utilisateur, il n’est pas suffisant pour le programme d’être écrit dans un langage documenté et libre d’entraves ; ce programme doit être libre aussi. « Seule l’utilisation de programmes libres transmis aux utilisateurs » doit faire partie des critères satisfaisants pour un comportement correct des sites Web.

Le chargement et l’exécution silencieux de programmes non-libres est un des nombreux problèmes soulevés par les « applications Web ». Le terme « application Web » a été conçu pour ne pas tenir compte de la distinction fondamentale entre un logiciel délivré aux utilisateurs et un logiciel s’exécutant sur un serveur. Il peut faire référence à un programme client spécialisé qui s’exécute dans un navigateur ; il peut faire référence à un logiciel serveur spécialisé ; il peut faire référence à un programme client spécialisé qui travaille main dans la main avec un logiciel serveur spécialisé. Les côtés client et serveur soulèvent des problèmes éthiques différents, même s’ils sont si intimement intégrés que l’on pourrait dire qu’ils font partie d’un seul programme. Cet article ne traite que du problème logiciel côté client. Nous traiterons le problème du côté serveur séparément.

Pratiquement, comment pouvons-nous traiter le problème des programmes JavaScript non-libres dans les sites Web ? Voici un plan d’action.

D’abord, nous avons besoin d’un critère pratique pour les programmes JavaScript non-triviaux. Puisque « non-trivial » est une question d’interprétation, il s’agit de concevoir un critère simple qui donne de bons résultats, plutôt que de déterminer la réponse correcte.

Notre proposition est de considérer qu’un programme JavaScript est non-trivial s’il définit des méthodes et s’il charge un script externe ou s’il est chargé en tant que script externe, ou encore s’il fait une requête AJAX.

À la fin de cet article, nous proposons une convention par laquelle un programme JavaScript non-trivial dans une page Web, peut déclarer l’URL de l’emplacement de son code source ainsi que sa licence, en utilisant des commentaires stylés.

Enfin, nous avons besoin de modifier les navigateurs libres pour qu’ils supportent la liberté des utilisateurs de pages avec JavaScript. Tout d’abord, les navigateurs doivent être en mesure de prévenir les utilisateurs au sujet des programmes JavaScript non-libres plutôt que de les exécuter. Peut-être que NoScript pourrait être adapté pour faire cela.

Les utilisateurs de navigateur ont aussi besoin d’une fonctionnalité pratique pour indiquer le code JavaScript à utiliser à la place du JavaScript dans une page donnée. (Le code spécifié pourrait être un remplacement total, ou une version modifiée du programme JavaScript libre dans cette page). Greasemonkey est très proche d’arriver à réaliser cela, mais pas tout à fait, car il ne permet pas la modification du code JavaScript dans une page avant que le programme ne s’exécute. Utiliser un proxy local fonctionne, mais c’est trop peu pratique actuellement pour être une réelle solution. Nous avons besoin de construire une solution fiable et pratique, comme les changements dans les sites de partage. Le Projet GNU aimerait recommander les sites dédiés aux changements libres seulement.

Ces fonctionnalités permettront à un programme JavaScript inclus dans une page Web d’être réellement libre. JavaScript ne sera plus un obstacle particulier à notre liberté — pas plus que C et Java ne le sont maintenant. Nous serons capables de rejeter et même de remplacer les programmes JavaScript non-triviaux non-libres, tout comme nous avons rejeté et remplacé les paquetages non-libres pour les installations classiques. Notre campagne pour libérer le code JavaScript des sites Web peut alors commencer.

Merci à Matt Lee et John Resig pour leur aide pour la définition de notre proposition de critère.

Appendice : une convention pour publier des programmes JavaScript libres

Pour des références au code source correspondant, nous recommandons

 // @source: 

suivi de l’URL

Pour indiquer la licence du code JavaScript intégré dans la page, nous recommandons de mettre la notice de licence entre deux notes de cette forme :

 @licstart  The following is the entire license notice for the JavaScript code in this page. ... @licend  The above is the entire license notice for the JavaScript code in this page. Traduction : @licstart  Ce qui suit est la totalité de la notice de licence pour le code JavaScript de cette page. ... @licend  Ce qui précède est la totalité de la notice de licence pour le code JavaScript de cette page. 

Bien sûr, tout ceci doit être contenu dans un commentaire multiligne.

La GNU GPL, comme beaucoup de licences de logiciels libres, nécessite la distribution d’une copie de la licence avec les formes binaire et source du programme. Cependant, la GNU GPL est longue et l’inclure dans une page avec un programme JavaScript n’est pas pratique. Vous pouvez oublier ce prérequis, pour du code dont vous êtes le détenteur des droits d’auteur, avec une notice de licence comme ceci :

 Copyright (C) YYYY  Developer The JavaScript code in this page is free software: you can redistribute it and/or modify it under the terms of the GNU General Public License (GNU GPL) as published by the Free Software Foundation, either version 3 of the License, or (at your option) any later version.  The code is distributed WITHOUT ANY WARRANTY; without even the implied warranty of MERCHANTABILITY or FITNESS FOR A PARTICULAR PURPOSE.  See the GNU GPL for more details. As additional permission under GNU GPL version 3 section 7, you may distribute non-source (e.g., minimized or compacted) forms of that code without the copy of the GNU GPL normally required by section 4, provided you include this license notice and a URL through which recipients can access the Corresponding Source. Traduction : Copyright (C) YYYY  Développeur Le code JavaScript de cette page est un logiciel libre : vous pouvez le redistribuer et/ou le modifier selon les termes de la licence GNU General Public License (GNU GPL) telle que publiée par la Free Software Foundation, en version 3 de la licence, ou (à votre discrétion) toute version suivante. Le code est distribué SANS AUCUNE GARANTIE ; sans même la garantie implicite de MARCHANDABILITÉ ou d'ADÉQUATION À UN BUT PARTICULIER.  Consulter la GNU GPL pour plus de détails. En tant que permission supplémentaire selon les termes de la GNU GPL version 3 section 7, vous pouvez distribuer des formes « non-source  (par ex., minimisées ou compactées) de ce code sans la copie de la GNU GPL normalement requise par la section 4, attendu que vous incluez cette notice de licence et une URL par laquelle les destinataires peuvent accéder au code source correspondant. 

Notes

[1] Crédit photo : Wlappe (Creative Commons By)




Le YouTube Symphony Orchestra : c’est pas de l’Hadopi, c’est de la musique !

Vincent Boiteau - CC byArrêtons-nous le temps d’une journée de se montrer critique vis-à-vis du YouTube et sa maison-mère Google, pour évoquer, voire célébrer, l’initiative unique au monde que constitue le projet musical du YouTube Symphony Orchestra.

De quoi s’agit-il exactement ?

Il serait carrément abusif d’affirmer que le YouTube Symphony Orchestra est à la musique classique, ce que Linux est à l’informatique, mais il y a un peu de cela dans la mesure où nous avons affaire à un projet collaboratif d’envergure qui n’aurait pu être imaginé avant l’avènement d’Internet.

Petite présentation : « Nous avons contacté des musiciens professionnels, amateurs, de tous âges et tous lieux pour participer au YouTube Symphony Orchestra[1]. Pour auditionner, ils ont envoyé une vidéo dans laquelle ils interprétaient une composition musicale créée spécialement par le célèbre compositeur Tan Dun. Les finalistes sont sélectionnés par un panel composé de représentants des orchestres les plus célèbres au monde et de la communauté YouTube. Les gagnants seront invités à New York en avril 2009 pour participer au sommet du YouTube Symphony Orchestra et jouer au Carnegie Hall sous la direction de Michael Tilson Thomas. »

Nous sommes aujourd’hui à la veille de ce point d’orgue puisque la fameuse représentation aura lieu ce mercredi 15 avril.

Pourquoi avoir choisi d’en parler sur le Framablog, en traduisant ci-dessous un article dédié du Time, alors que certains y voient déjà un projet gadget où l’âme de la musique classique se dissout dans le marketing ?

Parce que comme le dit l’un des protagonistes « le sens de la musique, et peut-être même de la vie, est de créer et de tisser des liens entre les gens ». Nous voici d’un coup d’un seul assez loin du projet de loi Hadopi, non ?

Comment êtes-vous arrivés à Carnegie Hall ?

How Do You Get To Carnegie Hall?

Vivien Schweitzer – 9 avril 2009 – Time
(Traduction Framalang : Balzane)

Hannah Pauline Tarley, violoniste de 17 ans, arbore queue de cheval et sourire face à l’objectif. Elle joue l’ouverture d’un extrait de la Symphonie n°4 de Brahms, dodeline dans une chambre décorée d’autocollants et de posters des Beatles et du San Francisco Symphony Youth Orchestra.

Tarley s’est filmée elle-même dans sa chambre de Cupertino, Californie, à l’aide d’un ordinateur posé en équilibre sur une pile de volumes de l’Encyclopaedia Britannica. Elle est l’une des 3 000 musiciens amateurs et professionnels, originaires de pays allant des Bermudes à l’Azerbaïdjan, qui, en décembre et janvier, ont passé une audition vidéo pour intégrer le YouTube Symphony Orchestra. Cet ensemble singulier, le seul a avoir sélectionné ses membres exclusivement par Internet, fera sa première apparition le 15 avril au Carnegie Hall de New York lors d’un concert dirigé par Michael Tilson Thomas, directeur musical de l’Orchestre symphonique de San Francisco.

Le projet constitue une idée originale de Google. Il ambitionne à la fois d’encourager les communautés en ligne de la musique classique et d’asseoir la réputation de YouTube comme hébergeur de contenus de qualité. Après avoir imaginé le projet fin 2007, Google a contacté des musiciens et des ensembles de premier plan, comme l’Orchestre symphonique de Londres et Tilson Thomas, un pionnier des nouveaux médias dans son travail avec l’Orchestre de San Franscisco et du Nouveau Monde.

« La musique classique est souvent perçue comme un domaine conservateur et parfois même un peu élitiste, » déclare Ed Sanders, directeur marketing chez YouTube. Mais, à l’écouter, la réponse des professionnels du secteur fut résolument positive. Google prend en charge l’ensemble des frais, pour un montant que Sanders ne révèlera pas, y compris les visas et les dépenses de voyage pour les musiciens, originaires de 30 pays.

Les vidéos soumises par les musiciens les montraient en train de jouer des incontournables du répertoire, mais aussi un nouveau morceau composé pour l’occasion : The Internet Symphony No. 1 – « Eroica », de Tan Dun, compositeur de la bande originale du film Tigre et dragon.

Les musiciens des orchestres symphoniques de Londres, Berlin et New-York, entre autres ensembles, ont évalué les clips et sélectionné les 200 finalistes. Les vidéos ont ensuite été diffusées dans une section dédiée de YouTube en février. Les utilisateurs de YouTube pouvaient alors voter pour leurs favoris un peu comme pour la Nouvelle Star. Selon les organisateurs, depuis le lancement de YouTube.com/Symphony en décembre 2008, le site a enregistré selon les organisateurs plus de 14 millions de visites.

Composition d’un orchestre virtuel

Tilson Thomas, qui a validé la sélection finale pour le concert du 15 avril, affirme que le projet est « une façon d’élargir notre propre conception de la musique classique », un point qu’il souligne par un programme éclectique, composé d’œuvres de Bach, Mozart, Brahms, Villa-Lobos, John Cage, Tan Dun et du DJ Mason Bates. Tilson Thomas attend du projet qu’il montre à quel point le classique est essentiel pour des personnes de différents âges, nationalités, expériences et professions. Il espère aussi que les artistes apprendront à utiliser Internet et YouTube pour mieux se mettre en valeur, à l’exemple des écrivains en herbe qui se font connaître par leurs blogs.

Eric Moe, un trompettiste de 35 ans de Spokane dans l’État de Washington, a passé avec succès la sélection. Selon lui, ils est essentiel pour un musicien d’être à l’aise avec la technologie. Moe a filmé son audition dans une église ; il a effectué plusieurs essais avec différents PC portables et webcams avant d’obtenir une vidéo qui le satisfasse. Il compare le processus d’audition de YouTube avec une rencontre en ligne : vous ne savez pas si vous allez effectivement rencontrer la personne, ni comment elle est réellement.

Les gagnants ont déjà eu la chance de faire connaissance… virtuellement ! En plus de son audition, chaque gagnant postait une vidéo de présentation. Vêtue d’un kimono, Maki Takafuji, habitante de Kyoto, joue un court solo de marimba et parle de son éducation musicale. Jim Moffat, joue du cor et travaille en Angleterre dans le marketing technologique ; il se présente sur fond de London Bridge. Nina Perlove, une flûtiste de Cincinnati dans l’Ohio, commence sa vidéo en jouant un « New York, New York » inspiré. David France, violoniste et professeur à l’école de musique des Bermudes, salue ses spectateurs depuis une plage sableuse.

Rachel Hsieh, violoncelliste de 24 ans en master au conservatoire de Peabody, a filmé son audition dans son appartement de Baltimore. Elle considère le YouTube Symphony comme un moyen de toucher une audience plus large que les seuls amateurs de musique : « Beaucoup de personnes visitent YouTube, et ils y vont pour s’amuser. C’est vraiment facile pour eux de cliquer et de voir quelque chose de nouveau ».

Des Beethovens invisibles derrière YouTube

Nos musiciens YouTube vont eux aussi voir leur horizon élargi. Ils vont jouer avec des solistes de premier plan, comme le violoniste Gil Shaham. Le violoncelliste Yo-Yo Ma et le pianiste Lang Lang feront une apparition vidéo. Les musiciens vont répéter leur programme lors d’une rencontre de la musique classique à Carnegie Hall du 12 au 15 avril. Ils ont déjà eu la chance d’étudier le répertoire lors de master-classes en ligne organisées par des professionnels. Maxine Kwok-Adams, violoniste de l’orchestre symphonique de Londres, a ainsi donné quelques précieux conseils pour le morceau de Tan Dun.

Toutes les vidéos soumises dans le cadre de ce travail, objet d’un rare engouement des participants, seront assemblées en un montage diffusé le 15 avril, en parallèle avec le concert. Et le public sera autorisé à filmer le concert à Carnegie Hall. Où retrouver ces clips ? Sur YouTube ! Dans une interview sur le site du YouTube Symphony, Tan s’enthousiasme sur les possibilités offertes par Internet. « Il y a tant de Beethovens invisibles derrière YouTube », affirme-t-il.

Moe pense que « les orchestres doivent être attractifs et gagner de nouvelles audiences ». Pour lui, l’aspect le plus fascinant de l’orchestre YouTube est sa vision de la communauté. « Le sens de la musique, et peut-être même de la vie, est de créer et de tisser des liens entre les gens », dit-il. Chacun se demande si cela va marcher musicalement, mais cela constitue sans aucun doute, comme le relève Moe, « une expérience vraiment amusante ». Et pour les artistes, il n’y a rien à perdre. « Je suis content que quelqu’un règle la facture ! », concède Moe.

Pour les autres participants, certains bénéfices vont bien au-delà de la chance de pouvoir augmenter l’audience de la musique classique. Il y a sept ans, Hannah Tarley, l’adolescente californienne, avait demandé à avoir les oreilles percées. Sa mère lui avait répondu qu’elle lui autoriserait un piercing le jour où elle jouerait au Carnegie Hall. Le chemin passait alors par d’innombrables répétitions, mais le monde est un peu différent aujourd’hui. Hannah a joué, puis envoyé sa vidéo… et la voici au Carnegie Hall.

Notes

[1] Crédit photo : Vincent Boiteau (Creative Commons By)




La vidéo gagnante du concours de la Linux Foundation

Parce qu’un peu de marketing ne fait jamais de mal, la Linux Foundation lançait en janvier dernier un concours vidéo dont le but était de promouvoir Linux. Les participants avaient carte blanche mais ne devaient pas dépasser la minute.

On notera que le titre du concours était initialement « I’m Linux » en référence directe aux publicités pour Mac et PC. Mais sous la gentille pression des internautes, il fut rebaptisé « We’re Linux », on se demande bien pourquoi 😉

Toujours est-il que ce sont près d’une centaine de vidéos venues des quatre coins du monde qui ont été proposées. And the winner is… What Does It Mean to be Free? d’un graphic designer israélien de 25 ans, Amitay Tweeto.

Nous vous la proposons ci-dessous en version sous-titrée par nos inévitables joyeux drilles de Framalang (en l’occurrence Yostral).

—> La vidéo au format webm

Parmi les autres vidéos retenues, on notera The Origin (que l’on peut également sous-titrer si vous le jugez bon), ainsi qu’une caustique opposition Windows Linux The Future is Open. Sans oublier la fameuse Linux Pub de Sébastien Massé dont nous avions déjà parlé ici il y a près de 2 ans.

Conclusion : Get your freedom et passe à ton voisin !




J’ai mal à mon mail lu dans Thunderbird

Pandemia - CC byÀ Framasoft, nous sommes attachés au client de messagerie Thunderbird de la Fondation Mozilla. Ainsi nous lui avons consacré notre tout premier framabook et nous l’avons diffusé par centaine de milliers d’exemplaires via notre projet d’applications portables Framakey.

Mais comme nous l’expose ici Glyn Moody, Thunderbird[1] se trouve aujourd’hui dans la difficulté pour ne pas dire dans la tourmente.

Il y a tout d’abord des facteurs internes : Firefox privilégié par la Fondation, version 3.0 qui tarde à voir le jour (avec non intégration de l’agenda), etc. Il y a également des facteurs externes comme la concurrence des webmails dont en tout premier lieu Gmail. Mais il y a aussi et surtout une situation actuelle de plus en plus défavorable à la messagerie en général, tiraillée d’un côté par le spam et de l’autre par les nouveaux usages symbolisés par Facebook et Twitter. Jusqu’à se demander si le mail n’est pas en train de décliner voire de mourir !

Dans un tel contexte, peut-on encore sauver le soldat Thunderbird ? Telle est la question…

Comment peut-on sauver Thunderbird alors que le courrier électronique se meurt ?

How Can We Save Thunderbird Now Email is Dying?

Glyn Moody – 6 avril 2009 – ComputerWorld
(Traduction Framalang : Xavier, Yonnel et Goofy)

J’aime Thunderbird. Je l’utilise depuis des années, même si je l’utilise dorénavant davantage pour sauvegarder mon compte Gmail que comme client de messagerie principal. Il a toujours été considéré comme le Cendrillon de la famille Mozilla, délaissé par rapport à sa grande sœur beaucoup plus populaire qu’elle, Firefox.

La création de Mozilla Messaging, filiale de la fondation Mozilla signifie que des efforts ont été déjà consentis pour y remédier. Mais Thunderbird doit également faire face à un problème beaucoup plus sérieux.

Afin d’augmenter le nombre d’utilisateurs de Thunderbird à court terme, on peut décider d’un certain nombre de mesures. La plus simple consiste sans doute à encourager et promouvoir les extensions pour Thunderbird. Le système d’extension de Firefox est devenu un des arguments qui fait pencher la balance en sa faveur – et qui permet de ne pas être séduit par des nouveaux joujoux qui brillent comme Chromium/Chrome.

J’entends souvent des gens dire qu’ils ne pourraient pas vivre sans une extension particulière de Firefox mais je n’ai jamais entendu dire la même chose pour Thunderbird. Cela doit changer si le client courriel de Mozilla veut gagner la même place de choix – et la même cote d’amour – que son navigateur.

En outre, il reste beaucoup à faire pour le site SpreadThunderbird, qui est en coma dépassé. Une des principales raisons du succès de Firefox a été l’implication d’une communauté d’utilisateurs enthousiastes pour faciliter l’adoption du logiciel, notamment grâce au site SpreadFirefox.

Simplement, cela ne fonctionne pas avec Thunderbird. Il n’est donc pas étonnant qu’en termes d’adoption, il soit un ton en-dessous. Si l’Open Source nous a appris quelque chose, c’est que la communauté des utilisateurs est incroyablement créative et capable de multiplier les pains.

Il y a des choses relativement faciles à essayer. Cependant, Thunderbird doit faire face à un problème plus grave et pas si facile à résoudre. Le courrier électronique se meurt. Je vois de plus en plus de gens qui abandonnent leur boîte de courrier électronique en se débarrassant simplement de leurs messages.

C’est ce qui a contribué au fléau du spam, qui représente maintenant 94% du total des courriers envoyés, selon Postini, la filiale de Google. Résultat, une véritable « tragédie des biens communs » (NdT : c’est le titre d’un article de Garrett Hardin, paru dans le magazine Science en 1968), où quelques individus égoïstes exploitent et finissent par épuiser une ressource disponible pour tous.

Malheureusement, la bataille contre le spam a l’air d’être perdue ; même si des services comme Gmail offrent selon moi un filtrage extrêmement efficace, ils sont loin de remplacer un service de messagerie qui suppose que vous voulez lire tout ce qui vous est envoyé, parce que seules les personnes qui vous intéressent ont le droit de vous contacter.

Plus Facebook et Twitter seront répandus, plus on se tournera vers ces réseaux sélectifs pour communiquer. La conséquence sera le déclin du courrier électronique, qui deviendra un genre de décharge numérique, peuplée en grande partie par ceux qui sont trop pauvres, trop mal informés ou trop paresseux pour faire le pas, et par les parasites spammeurs qui leur tomberont dessus. Je n’imagine pas que Thunderbird veuille devenir le logiciel favoris des uns ou des autres.

Les gens se tournent de plus en plus vers Twitter, Facebook et LinkedIn pour s’envoyer des courriers électroniques. La raison en est simple. Contrairement au courrier électronique, ce sont des services qui permettent d’être contacté uniquement par les gens que vous choisissez.

Ceci implique que Thunderbird doit passer du client courriel à l’application de messagerie qui inclura ces nouvelles formes de communications sélectives. Il faut trouver un moyen d’intégrer les tweets, les messages Facebook, les flux RSS et tout le reste de ce qui apparaîtra ces quelques prochaines années, dans un flux de messages cohérents et où l’on puisse naviguer.

Je m’attends à ce que cela exige de Thunderbird des capacités considérables, afin d’être capable d’afficher des messages en les hiérarchisant selon leur provenance, par exemple en donnant la priorité aux messages directs de Twitter par rapport aux flux RSS. De même, cette approche suppose à la fois que le client de messagerie interprète les actions quotidiennes de l’utilisateur, et qu’il soit extrêmement modulaire, parce que chacun aura ses préférences et ses besoins dans la gestion du flot de messages qui lui est destiné.

Certains s’attaquent déjà à cette fusion des flux de messages, comme Flock ou TwitterGadget, mais ce ne sont que des esquisses. Mozilla doit consacrer beaucoup d’énergie – et peut-être beaucoup d’argent – à des recherches sur la façon dont les utilisateurs souhaiteront recevoir et transmettre des messages.

Qui plus est, c’est un vrai défi, et pas tant une simple remise à niveau qu’une réinvention complète de la signification de la messagerie, à l’époque de Facebook et Twitter. Et ce ne sera pas une opération unique, mais un processus continu, en fonction des nouveaux services, des nouvelles habitudes – sans parler des nouvelles vulnérabilités que l’on trouvera dans le système, et dont il faudra s’occuper.

Parmi les autres problèmes qui devront être résolus, on trouve les questions de standards : un tel regroupement de messages amènera sans doute de nouvelles approches techniques qui se cristalliseront bientôt en standards. La Fondation Mozilla a clairement un grand rôle à jouer, pour s’assurer que ces standards soient ouverts, et non confisqués par une entreprise ou un groupe d’entreprises.

C’est maintenant qu’il faut se mettre à prévoir l’évolution, plutôt que d’attendre et ensuite de réagir face aux initiatives des autres, qui ne se soucient peut-être pas autant du bien-être durable des biens communs du Net.

Voilà donc ce que je pense. Et vous, que pensez-vous que Thunderbird doive devenir ? Quelqu’un qui aimerait avoir votre avis, c’est Mark Surman, directeur exécutif de la fondation Mozilla. Il aura bientôt un entretien avec le responsable de Mozilla Messaging, David Ascher, à propos de l’avenir de Thunderbird, et m’a demandé de vous encourager à faire part de vos idées dans les commentaires.

Notes

[1] Crédit photo : Pandemia (Creative Commons By)