Politique et Logiciel Libre : Europe Écologie loin devant tous les autres ?

Le 15 juin 2009 Daniel Cohn-Bendit publiait une tribune dans Le Monde au titre étonnant : Faisons passer la politique du système propriétaire à celui du logiciel libre.

Il récidive aujourd’hui dans Libération en profitant du clin d’œil historique que lui offre la date du 22 mars, pour lancer un nouvel appel au lendemain des élections régionales : Changer la politique pour changer de politique.

Extraits :

Le mouvement politique que nous devons construire ne peut s’apparenter à un parti traditionnel. Les enjeux du 21e siècle appellent à une métamorphose, à un réagencement de la forme même du politique. La démocratie exige une organisation qui respecte la pluralité et la singularité de ses composantes. Une biodiversité sociale et culturelle, directement animée par la vitalité de ses expériences et de ses idées. Nous avons besoin d’un mode d’organisation politique qui pense et mène la transformation sociale, en phase avec la société de la connaissance.

J’imagine une organisation pollinisatrice, qui butine les idées, les transporte et féconde d’autres parties du corps social avec ces idées. En pratique, la politique actuelle a exproprié les citoyens en les dépossédant de la Cité, au nom du rationalisme technocratique ou de l’émotion populiste. Il est nécessaire de « repolitiser » la société civile en même temps que de « civiliser » la société politique et faire passer la politique du système propriétaire à celui du logiciel libre.

(…) Ni parti-machine, ni parti-entreprise, je préférerais que nous inventions ensemble une « Coopérative politique » – c’est à dire une structure capable de produire du sens et de transmettre du sens politique et des décisions stratégiques. J’y vois le moyen de garantir à chacun la propriété commune du mouvement et la mutualisation de ses bénéfices politiques, le moyen de redonner du sens à l’engagement et à la réflexion politique.

(…) Encore une fois, l’important est moins d’où nous venons, mais où nous voulons aller, ensemble. C’est l’esprit même du rassemblement qui a fait notre force, cette volonté de construire un bien commun alternatif.

Ajoutez à cela le fait que parmi les signataires du Pacte du logiciel libre de l’April, près de la moitié sont d’Europe Écologie, dont on notera l’existence des groupes Culture et logiciels libres et Accès aux Savoirs / Propriété Intellectuelle, et vous obtenez selon moi un mouvement politique loin devant tous les autres en France actuellement pour ce qui concerne le logiciel libre et sa culture.

Tellement loin qu’à mon humble avis il « tue dans l’œuf » l’émergence d’un Parti Pirate national. Et pour appuyer mes dires, je vous propose reproduit ci-dessous un article fort intéressant issu justement du site d’Europe Écologie.

Et je le reproduis d’autant plus facilement que l’ensemble du site est sous licence libre Creative Commons By-Sa !

Je précise que je ne suis pas d’Europe Écologie (ni d’un autre parti d’ailleurs) et que je ne demande qu’à être contredit dans les commentaires 😉

De la propriété intellectuelle vers l’accès aux savoirs

URL d’origine du document

Gaelle Krikorian – 5 novembre 2009 – Europe Écologie

Quel est le point commun entre un réseau de malades du sida thaïlandais, des militants pour la réduction des émissions polluantes suédois, des mobilisations d’internautes en France, des manifestations de fermiers indiens, d’associations de mal-voyants américains, de producteurs de coton kenyans, ou l’appel d’un philosophe argentin poursuivit en justice. Tous sont parties prenantes d’au moins un des conflits qui ont émergé depuis une dizaine d’années et mettent en question le système actuel de protection de la propriété intellectuelle.

La question de l’accès aux médicaments génériques dans les pays en développement a sans doute été l’une des revendications les plus visibles tant auprès du grand public que dans les sphères politiques. Elle a donné lieu à une forte mobilisation internationale. Mais en dépit d’avancées symboliques dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), les malades des pays en développement restent globalement écartés de l’accès aux médicaments contre nombre de maladies, infectieuses (sida, hépatites, etc.) ou non-infectieuses (cancer, maladies cardio-vasculaire, etc.).

Parallèlement à ces inégalités d’accès, il est devenu de plus en plus évident que le bénéfice social escompté de l’application de la protection de la propriété intellectuelle –constituer une incitation et un moteur à la recherche médicale– était de moins en moins garanti. Dans le même temps, le cloisonnement de la connaissance par l’instauration de monopoles et la culture du secret, la restriction de ce qui appartient au domaine public ou relève d’un savoir commun, la limitation ou la disparition des exceptions qui permettent de faire prévaloir le droit des individus ou l’intérêt des sociétés, entravent la recherche et à l’innovation. Concrètement, les innovations réelles se font de plus en plus rares et de vastes domaines de recherche sont ignorés parce qu’ils n’ouvrent pas sur des opportunités financières jugées suffisantes. Ces échecs motivent débats et réflexions (par exemple au sein de l’OMS, de l’OMPI ou de différents Parlements) afin de permettre, grâce à divers mécanismes (la création de prix à l’innovation, de fonds internationaux, de traités internationaux pour la recherche, etc.), le financement d’une recherche adaptée aux besoins des différentes populations (du Nord et du Sud) sans compromettre l’accès de ses fruits au plus grand nombre.

En termes d’accès, ce qui vaut pour les médicaments s’applique à toutes sortes d’autres produits de la connaissance : logiciels, bases de données, musiques, films, livres (et notamment l’édition scolaire). L’accès à un libre flux d’idées ou d’informations est essentiel au développement de n’importe quel pays. Or, l’inégalité d’accès à l’éducation, aux connaissances et aux technologies est une réalité qui s’exacerbe avec l’accroissement des inégalités sociales dans le monde. Elle compromet la participation des populations à la production de savoirs nouveaux et donc exclut et entretient l’exclusion d’une partie importante de la population mondiale de la « société de l’information».

Dans le domaine du logiciel, la protection de la propriété intellectuelle qu’elle soit opérée par le biais d’outils juridiques ou de moyens techniques tend à interdire la reproduction, et par extension refreine la création en limitant les usages et les échanges. Alors que le logiciel n’entre en principe pas dans le champ du droit du brevet en Europe, l’Office européen accorde des brevets pour des logiciels. Ainsi, la même dynamique que dans la recherche médicale se met en place. Contrevenant aux principes de non exclusion et de non appropriation, qui caractérise les biens immatériels, les systèmes de protection en place favorisent les comportements opportunistes d’appropriation à des fins privées qui peuvent affecter la création, le développement et la diffusion d’un produit ou d’un service donné.

Ces réflexions émergent actuellement à propos de la lutte contre le changement climatique. À l’instar de la nécessité de développer des technologies moins polluantes ou non polluantes, le transfert de technologie est indispensable pour que les pays en développement puissent mettre en place des politiques industrielles, énergétiques et agricoles qui limitent la croissance de leurs émissions, puis la réduise. L’UNFCCC et le Protocole de Kyoto encouragent le transfert de technologie, comme avant eux les accords de l’OMC et de nombreux traités internationaux. Dans les faits pourtant, qu’il s’agisse de technologies non polluantes ou de technologies d’une toute autre nature, les transferts de technologies sont extrêmement limités entre pays industrialisés et pays en développement, et la propriété intellectuelle représente souvent un véritable obstacle. C’est pourquoi, dans le cadre des négociations pour le traité de Copenhague, les pays en développement revendiquent notamment l’application du droit à suspendre la propriété intellectuelle lorsque cela est nécessaire.

Le système actuel de propriété intellectuelle entraîne et entretient ainsi des discriminations fortes entre pays, entre classes d’individus, ou entre individus. Certaines populations, comme les aveugles et mal-voyants, sont en raison de handicaps particuliers plus exposées aux inégalités que crée le système de protection de la propriété intellectuelle. Dans le même temps, ces situations particulières soulèvent des problèmes ou dysfonctionnements qui concernent également d’autres catégories de populations.

Les discriminations produites par le système de propriété intellectuelle touchent d’autant plus de monde que le champs de ce qui est concerné par la propriété intellectuelle s’étend ––au vivant par exemple. En Inde, comme dans un certain nombre de pays en développement, des agriculteurs se sont mobilisés contre les droits privés sur les semences et le vivant en général et contre la biopiraterie qui permettent à une dizaine de firmes multinationales (comme Monsanto, Syngenta, Bayer and Dow Chemical) de devenir progressivement propriétaire de la biodiversité pourtant nécessaire à la sécurité alimentaire des populations des pays en développement.


Le terme de propriété intellectuelle a été créé et son utilisation s’est répandue à partir du milieu des années 1960. Il suggère une analogie avec la propriété physique qui a progressivement conduit le législateur à aborder brevets, marques et droits d’auteur comme s’il s’agissait d’objets physiques. Réussir à imposer ce terme a signé le succès de l’offensive stratégique menée par les détenteurs de droits – industries pharmaceutiques, industries du divertissement et de la culture. La construction même du terme est en soit une entreprise idéologique favorisant le renforcement des droits de certains ou de certains types de droits. Il s’agit tout à la fois d’élargir le champ de ce que l’on protège, en rognant de plus en plus sur le domaine public, d’allonger la durée des protections tout en inventant de nouvelles formes de monopoles (exclusivité des données, etc.).

Le mouvement lancé par les détenteurs de droits exclusifs depuis la fin des années 1970 n’a eu de cesse de complexifier un système qui se montre à la fois de plus en plus englobant et de plus en plus rigide. La stratégie menée conjointement par les pouvoirs publics et les détenteurs de droits est globalement, à l’image de la nouvelle loi Hadopi en France, de renforcer l’arsenal juridique tout en développant la répression des comportements. La répression du téléchargement est l’un des exemples les plus emblématiques de l’ampleur nouvelle qu’a pris cette tendance dans les pays riches. Ainsi en France un usager du peer-to-peer a récemment été condamné à 10 000 € d’amende. La répression s’exerce dans de nombreux pays sous de nombreuses formes : descentes policières contre les vendeurs de rues (présents de Manille à New York), confiscation d’ordinateur aux frontières, saisie de médicaments par les douanes, action en justice contre des professeurs trop zélés dans leur mission d’éducation et de démocratisation du savoir.

Ce système concourt à limiter l’accès à de nombreux produits dont des produits de santé vitaux. Il renforce les inégalités d’accès aux connaissances et aux savoirs, ce qui nuit au développement et à la cohésion sociale. Par les déséquilibres qu’il établit entre droits des détenteurs de brevets et droits des individus ou des sociétés, il est responsable du développement de pratiques anticoncurrentielles qui imposent des dépenses injustifiées aux individus comme aux sociétés. Alors qu’il est en théorie au service de la création, il renforce ou au minimum ignore les obstacles croissants que rencontrent les auteurs, artistes et inventeurs pour la création et l’innovation dérivée, tandis que les mécanismes supposés rémunérer les individus et communautés créatives, mais qui sont dans les faits inefficaces et injustes pour les créateurs comme pour les consommateurs, perdurent. En favorisant la concentration et le contrôle de la « propriété intellectuelle », il nuit au développement, à la diversité culturelle et au fonctionnement démocratique des institutions et des sociétés. Les mesures techniques destinées à forcer l’exécution des droits de propriété menacent les exceptions fondamentales sur les droits d’auteur qui bénéficient aux personnes atteintes de handicaps, aux bibliothèques, aux éducateurs, aux auteurs et consommateurs, tandis qu’elles mettent en danger la protection des données personnelles et les libertés. D’une façon générale, on peut s’interroger sur la légitimité de l’exclusivité lorsque celle-ci contrevient au droit à l’information, favorise le monopole privé sur le savoir et le patrimoine commun de l’humanité, niant ainsi l’utilité sociale du partage et le caractère relationnel de la création et limitant l’économie du savoir au bénéfice d’une partie limitée de la population mondiale.

De nouveaux modes de production et de nouveaux modèles industriels émergent avec les technologies digitales et l’Internet. Ceci affecte la création, la fabrication, la circulation et la valorisation des produits et services issus de la connaissance. Se pose la question de savoir comment ces évolutions s’opèrent, par quels principes elles sont guidées, si elles accroissent ou au contraire peuvent réduire les inégalités, quelle place elles font au non marchand, quels domaines elles lui confient, comment se redessinent les échanges au cœur même du système marchand. Pour l’heure, les nouvelles formes de production, de travail et de collaboration, plus propices à la création dans l’environnement digitale et avec l’Internet sont freinées par le modèle qui repose sur la protection toujours accrue des droits de propriété intellectuelle et d’une façon générale au modèle propriétaire qui est appliqué. Elles mettent en évidence le caractère absurde et obsolète du système en place, autant qu’elles se heurtent à son inflexibilité et ses tendances jusqu’au-boutistes.

Les conflits actuels sur la propriété intellectuelle et les mobilisations autour de « l’accès aux savoirs » qui ont émergé ces 10 dernières années attestent de l’intérêt d’une approche qui privilégie la notion de « l’accès » comme enjeu de revendications. Pratiquement, de nombreuses réflexions ont lieu sur le développement d’alternatives pratiques au modèle actuel qui soient à la fois moins excluant, plus juste et plus efficace – nouveaux modèles de financement, de répartition, de rémunération, de collaboration et de partage, etc. Ces mobilisations nous proposent, au travers du prisme de l’accès, de penser les problèmes différemment pour traduire les conflits sous des formes politiques mais aussi pour penser de solutions nouvelles.

La question de l’accès aux savoirs est une question centrale pour toute politique de transformation écologique et sociale. Elle est déterminante à l’émancipation des personnes. Elle est essentielle pour préserver la biodiversité et éviter les prédations commerciales. Elle est fondamentale à la richesse de l’innovation et aux transferts de technologies indispensables pour répondre aux crises et assurer le développement des sociétés.

Lectures connexes sur le Framablog




Geektionnerd : Lucid Lynx

Comme évoqué dans le billet Mark Shuttleworth d’Ubuntu n’est pas motivé par la haine de Microsoft, la distribution GNU/Linux Ubuntu a changé de peau.

Et c’est l’éternelle querelle des Anciens et des Modernes qui recommence…
(avec en prime un bon gros troll Apple à l’orée du bois)

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Vous êtes libre ce soir pour un restaurant open source ?

Instructables RestaurantPour faire comprendre ce qu’est un logiciel libre et son si précieux code source, on utilise souvent l’analogie de la recette de cuisine.

« Imaginez que vous vous trouviez dans un restaurant et que vous mangiez un excellent repas. Peut-être aurez vous l’envie de le cuisiner le lendemain chez vous pour vos amis ? C’est impossible, car vous n’avez pas la recette du plat (le code source). Vous pouvez toujours le manger dans le restaurant, mais même si vous connaissez le goût, vous ne savez pas comment le reproduire.

En informatique, c’est la même chose avec un logiciel. La plupart des logiciels sont distribués sans leur recette, et il est interdit d’essayer de comprendre leur fonctionnement (on parle dans ce cas d’un logiciel propriétaire). Il est interdit de les partager avec vos amis, et il est interdit d’essayer de les modifier pour les adapter à vos besoins. Avec un logiciel libre et ses 4 libertés, vous avez en revanche le plat, la recette, le droit de redistribuer (ou de vendre) le plat, la recette, et même de la modifier. »

Chiche ! Et si on pouvait aller dans des restaurants et repartir avec la recette des plats que l’on a dégustés ? Et même les plans de tout le mobilier et du design ![1]

C’est l’expérience proof of concept qui a été menée récemment à Amsterdam. Nouvelle fructueuse tentative de déclinaison du Libre en dehors des frontières du logiciel…

Un petit creux ? Un restaurant open source, ça vous dit ?

Hungry? How About An Open Source Restaurant

Alan Shimel – 23 février 2010 – NetworkWorld.com
(Traduction Framalang : Poupoul2, Goofy et Tinou)

Il ne vous est jamais arrivé de déguster un bon plat dans un restaurant, et d’imaginer le refaire une fois chez vous ? Dans le premier restaurant open source du monde, c’est possible.

Imaginez vous en train de finir un plat épatant dans un restaurant, et de vous dire que vous feriez bien le même chez vous. À l’Instructables Restaurant (NdT : Contraction d’instruction, signifiant aussi bien mode d’emploi qu’enseignement, et de tables), c’est justement de que vous pouvez faire. En fait, vous pouvez non seulement obtenir le « code source » du plat que vous avez dégusté, mais également télécharger les plans du mobilier et des équipements.

L’Instructables Restaurant est le prolongement du site Instructionables.com :

Une plateforme de documentation en ligne sur laquelle des passionnés partagent ce qu’ils font et comment ils le font, apprennent des autres et collaborent les uns avec les autres. Les graines d’Instructables ont germé au Media Lab du MIT (NdT : Massachusetts Institute of Technology), alors que les futurs fondateurs de Squid Labs concevaient des espaces de partage de leurs projets tout en s’entraidant.

En cohérence avec la philosophie des Instructables, tout ce qui se trouve dans le restaurant est soit basé sur des recettes postées sur Instructables, soit sur des conceptions et créations réalisées sur place. Si un besoin n’était pas déjà satisfait sur Instructables, les gérants du restaurant le prendraient en charge et le publieraient alors sur Instructables.com.

Tout est placé sous licence Creative Commons. Je trouve que cela place la créativité à un tout nouveau niveau.

Si vous vous apprêtez à courir vers l’Instructables Restaurant, vous pourriez être déçus. Après avoir annoncé leur intention d’ouvrir un restaurant basé sur ce concept en 2008, le restaurant a finalement ouvert ses portes le 16 décembre, au Theatrum Anatomicum du Waag d’Amsterdam. Ce restaurant n’a cependant été qu’un événement éphémère, et pour ce que j’ai pu en voir, il n’existe plus à cet endroit. C’est là toute l’histoire des événements éphémères qui vont et viennent à toute vitesse.

Mais maintenant que la glace est brisée, il n’y a aucune raison pour que d’autres restaurants reprenant le concept d’open source ne voient le jour un peu partout. Alors, la prochaine fois que vous aimez vraiment un plat lorsque vous sortez dîner, il se pourrait que vous puissiez repartir avec la recette (mais aussi tout ce qu’il faut pour reproduire l’assiette elle-même).

Notes

[1] Par contre, autant vous prévenir tout de suite, pour repartir avec la serveuse ou le serveur, c’est plus compliqué. Ça obéit à d’autres codes, bien moins compréhensibles que ceux d’un logiciel libre.




Médecine 2.0 – Une conférence accessible et passionnante de Dominique Dupagne

Sur ce blog nous nous méfions du qualificatif « 2.0 » trop souvent récupéré et vidé de son sens par le marketing. Sauf à faire comme Benjamin Bayart et ne pas hésiter à comparer l’évolution d’Internet à un ironique et menaçant « Minitel 2.0 ».

Cela reste néanmoins parlant, voire pertinent, lorsqu’il s’agit d’envisager l’hypothèse d’un changement majeur, un saut quantique, dans une discipline donnée, en particulier lorsque les nouvelles technologies participent à cette (r)évolution.

La discipline dont il est question dans ce billet nous concerne tous puisqu’il s’agit de la médecine. Et d’après Dominique Dupagne, médecin généraliste et créateur du site Atoute.org, elle est peut-être en train de connaître une mutation importante qualifiée donc ici de « médecine 2.0 », par opposition à une « médecine 1.9 » :

Les communautés de patients et la fluidité de l’information changent le visage de la médecine. La Médecine 2.0 traduit l’idée d’une évolution majeure de la relation entre le médecin, le malade et la maladie. Comme en informatique, le changement d’unité traduit une nette évolution par rapport aux versions précédentes (1.1, 1.2… 1.9, 1.9.1 etc.). La médecine 2.0 représente donc une forme de révolution. Elle reprend le concept de Web 2.0 dont elle utilise les valeurs et les outils.

En voici quelques points forts issus de cet article (ou résumés dans cette courte vidéo YouTube) :

  • Les patients créent de la connaissance
  • Les patients découvrent ou inventent de nouvelles maladies
  • Le savoir des soignants s’étend lui aussi
  • La qualité et la disponibilité de l’information augmentent
  • La mesure de la qualité en médecine fera intervenir des critères inhabituels mais enfin pertinents

Pour en savoir plus, nous avons reproduit ci-dessous la conférence de Dominique Dupagne à l’Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales, présentée le 19 février dernier lors d’un séminaire du centre Edgar Morin (sous licence Creative Commons By).

Dans cette intervention non dénuée d’humour, il sera question de Google, « d’hôpital magnétique » et « d’empowerment ». Mais il sera surtout question d’une médecine bousculée positivement par les nouvelles technologies et des patients bien décidés en se les appropriant à ne plus demeurer passifs.

La médecine 2.0 reprendrait donc « le concept de Web 2.0 dont elle utilise les valeurs et les outils ». Vous vous apercevrez peut-être comme moi au passage qu’elle reprend parfois également, consciemment ou non, les valeurs et les outils du logiciel libre.

Parce qu’entre les communautés de patients dont on redonne parole, action et expertise collective et les communautés d’utilisateurs de logiciels libres, il y a souvent de fortes similitudes…

—> La vidéo au format webm

PS : Grâce à notre ami JosephK d’ITheora, nous testons actuellement sur le Framablog la lecture directe au format Ogg pour les navigateurs compatibles HTML 5. Merci de nous faire part de tout retour positif ou négatif dans les commentaires.




Geektionnerd : Ballot Screen

« Toute la vie est une affaire de choix. Cela commence par : la tétine ou le téton ? Et cela s’achève par : Le chêne ou le sapin ? » Pierre Desproges

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

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Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Geektionnerd : Loppsichopate

Préparez vos mouchards, la Loppsi arrive 🙁

(Au fait, vous connaissiez cette chansonnette de la Parisienne Libérée ?)

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Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Geektionnerd : Oracle rachète Sun

Oracle a racheté Sun en avril dernier, ce qui n’a pas été sans créer un certain émoi dans la communauté du libre.

Ainsi on pouvait lire sur LinuxFr : « L’accord cite principalement les deux principaux actifs logiciels de Sun : Java et Solaris. On peut se demander ce qu’il adviendra des produits libres de Sun (Java, MySQL, OpenOffice.org, VirtualBox, OpenSolaris, GlassFish, OpenSPARC, NetBeans, etc.) et surtout de leur politique globale vers le libre. »

PS : Notons que la situation n’était pas forcément rose non plus avant l’arrivée d’Oracle.

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

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Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Geektionnerd : L’iPad’quoi fouetter un chat

En écho à notre tout récent billet sur l’iPad, voici le Geektionnerd de la semaine.

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Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)