De la motivation au sein d’une communauté

Il est fort probable que vous ayez déjà vu la vidéo ci-dessous. Elle m’est revenue en mémoire à la faveur du précédent billet De la confiance au sein d’une communauté dont elle lui fait en quelques sorte écho.

Cette vidéo me passionne dans le fond et dans la forme.

Le fond c’est son sujet, à savoir la motivation. Qu’est-ce qui nous motive au juste ?, se demande ici Dan Pink, en fustigeant l’efficacité des récompenses traditionnelles, argent en tête de gondole.

Pour vous la résumer, rien de tel que ce commentaire glané sur le site Rue89 :

« Des études comportementales scientifiques, indubitablement indépendantes du complot socialo-communiste mondial (MIT, unversité de Chicago et Carnegie, financées par la banque fédérale US), démontrent que, si l’amélioration de la productivité d’une tâche mécanique peut-être induite par sa récompense en terme de rémunération, ce n’est pas le cas des tâches cognitives et créatives.

Dans ce cas, le principe de la carotte est plutôt contre-productif. Pour les œuvres humaines plus compliquées que le travail à la chaine, en effet, les trois facteurs identifiés comme induisant une amélioration de la créativité, de la productivité et de la qualité sont :

  • Autonomy, qui se traduit comme ça se prononce.
  • Mastery, le développement personnel et la recherche de l’expertise.
  • Purpose, le but de l’activité, qui sera autant de motivation qu’il satisfait aux critères éthiques et moraux du collaborateur.

Ces résultats, outre qu’ils expliquent l’efficacité de modèles de développement coopératifs tels que Linux ou Wikipédia, remettent en question les dogmes du management, voire de notre modèle économique.

  • Taf à la con où humain = machine : motivation = thunes.
  • Taf intelligent où humain = 1 cerveau au bout des bras : motivation = autonomie + développement personnel + éthique.

C’est-à-dire le contraire de l’idéologie globalement à l’œuvre dans l’organisation de nos sociétés. »

Rien d’étonnant à ce que les deux plus célèbres projets libres soient cités en exemple parce qu’ils corroborent à merveille la théorie. On prend d’ailleurs bien soin de souligner que la participation à ces projets se fait après le boulot (alimentaire ?), sur notre temps libre.

Confiance et motivation ont assurément contribué à leur réussite. Et comme par hasard c’est ce qui semble faire le plus défaut aujourd’hui dans le monde du travail (cf par exemple les interventions de Bernard Stiegler sur la déprolétarisation et l’économie de la contribution).

Mais la forme de la vidéo est tout aussi remarquable, c’est-à-dire la mise en graphique, réalisée par la société londonienne Cognitive Media pour le compte de la RSA (Royal Society for the encouragement of Arts, Manufactures & Commerce), qui suit, illustre et structure visuellement en temps réel les propos de Dan Pink. Le dessin sollicite autrement la vue et donne sens à ce que l’on entend, apportant véritablement quelque chose en plus.

Il est vrai que cela a un côté un peu violent, parce qu’on est en quelque sorte bombardé d’informations multi-directionnelles. Mais ne pouvant prendre notre souffle, on est comme happé par l’exposé. Impossible d’en sortir ou de s’ennuyer, sauf à complètement se déconnecter.

À l’heure de la rentrée scolaire qui s’en vient à grands pas, l’enseignant que je suis trouve cette approche pédagogique extrêmement intéressante. Non seulement j’ai bien compris (alors que je n’ai qu’un piètre niveau d’anglais) mais je crois déjà, en une seule vision, en avoir retenu l’essentiel, sachant que, malgré la densité du discours, on fait tenir le tout en une dizaine de minutes top chrono[1] !

Et si jamais quelque chose vous a échappé, il suffit de la regarder à nouveau, quand vous voulez sur Internet, sans compter que, cerise sur le gâteau, vous obtenez à la fin un énorme, unique et cohérent poster de tous les dessins effectués prêt à être imprimé !

Le format est donc tout bonnement excellent (faudrait que Thierry Stœhr en consacre un billet sur son blog dédié, si ne c’est déjà fait).

Je me prends déjà à rêver d’une forge libre pleine à craquer de ce genre d’animations. Ce sont mes élèves qui seraient contents ! Mais aurait-on alors besoin des profs ? Si, oui, quand même un peu je pense 😉

D’ailleurs à ce propos, je suggère aux collègues d’anglais de trouver un prétexte pour montrer un jour cette vidéo à leurs lycéens, ça en vaut la peine et pourrait faire l’objet d’un intéressant débat dans la foulée, surtout si quelques uns ne savent pas encore ce qu’est Linux ou comment fonctionne Wikipédia.

Bon, il serait peut-être temps de la montrer, cette vidéo après une telle introduction…

—> La vidéo au format webm

URL d’origine de la vidéo sur RSA.org et au format Ogg sur TinyOgg.

Il en existe aussi une version sous-titrée en français, mais c’est presqu’alors impossible de suivre les dessins en direct live ! (mieux vaut plutôt écouter Dan Pink dire à peu près la même chose lors d’une conférences TED, autre format riche et pertinent).

Remarque : Il y a d’autres animations sur RSA.org sur des sujets aussi passionnants que l’empathie de notre civilisation, la question de l’éthique et de la charité et la crise du capitalisme.

Notes

[1] Note : L’article sur La Confiance a été peu parcouru, un commentaire me faisant de suite remarquer qu’il souffrait d’un syndrome qui affectie souvent ce blog, le syndrome TLDR, à savoir « Too Long; Didn’t Read » soit « Trop long pour être lu ». Il aurait dû lui aussi faire l’objet d’une telle animation !




Les jeunes ne jurent que par Apple (et se foutent du logiciel libre ?)

Multitrack - CC byIndépendamment de la question financière, que choisirait actuellement un jeune bachelier si il avait le choix de s’équiper en matériel high tech ?

Ce n’est qu’une impression mais il semblerait bien que tous ou presque souhaitent désormais posséder du Apple : MacBook, iPod, iPhone, iPad…

Deux liens qui corroborent cette impression.

Le premier lien est économique. Un cabinet financier américain vient tout juste de dégrader la notation de Microsoft estimant que l’éditeur ne parvenait pas à séduire les jeunes générations (source ZDNet). Ainsi 70% des étudiants entrant à l’université possèderaient un Mac[1].

Cela fait beaucoup quand même ! Mais justement le second lien est académique. Le département Information Technology and Communication de l’Université de Virginie nous propose d’intéressantes statistiques sur l’équipement informatique de ses étudiants de première année.

On peut y constater de notables évolutions de 1997 à nos jours. Comme on s’y attendait les étudiants tendent à être tous équipés, et au profit aujourd’hui presque exclusif de l’ordinateur portable. Mais pour quel OS ? Et là effectivement la comparaison est édifiante. Les courbes de Windows et de Mac suivent des chemins diamétralement opposés. En 2004, nous avions 89% pour Windows et 8% pour le Mac. En 2009 c’est 56% de Windows et 43% de Mac. On est encore loin des 70% évoqués plus haut, mais au train où vont les choses, c’est apparemment pour bientôt.

Pourquoi avoir choisi l’année 2004 comme repère ? Parce qu’ils étaient alors 77 étudiants à avoir un autre OS que Windows ou Mac (autrement dit un OS libre). Or ils ne sont plus que 8 en 2010, soit 0,3% !

D’où cette double question que je soumets à votre sagacité : Est-ce que selon vous Apple fascine réellement toute la jeunesse ? Et si oui cela a-t-il, dès aujourd’hui et pire encore demain, des conséquences sur le logiciel libre ?

À parcourir ces trois récents articles du Framablog : Pourquoi je n’achèterai pas un iPad, La fin du Web ouvert – Apple ou la banlieue riche du Web et Combien de futurs hackers Apple est-il en train de tuer ?, je crains déjà votre réponse. Et me demande dans la foulée si cela ne met pas une nouvelle fois en exergue la faillite absolue en amont de l’école (et des parents) quant à la sensibilisation au logiciel libre et sa culture.

Notes

[1] Crédit photo : Multitrack (Creative Commons By)




Quand les universités espagnoles montrent l’exemple

Cenatic - CC byPrenant des allures de « Courrier International du Libre » (mais sans les albums de Prince), le Framablog vous propose aujourd’hui la traduction non pas d’un classique billet repéré sur les blogs américains mais d’un bout de revue de presse espagnole.

En effet, promenant ma souris sur le site de la précieuse « Asociación de Internautas » espagnole, qui regroupe depuis 12 ans la plupart des organisations de protection des utilisateurs d’Internet en Espagne et constitue le fer de lance en matière de défense de la neutralité du réseau chez eux (on se demande ce que je faisais là…), je suis tombé sur la revue de presse tenue par le groupe d’utilisateurs de Linux de l’association, le Linux-GUAI.

Et là, merveille ! Plein d’actualités espagnoles croustillantes sur GNU/Linux et les logiciels libres. Informant la branche extrémiste hispanophone autonome de Framalang (la bien nommée FramEspagnol) de ma trouvaille, nous partîmes joyeusement sur le chemin de la traduction.

Le premier sujet ayant retenu notre attention concerne l’éducation. Il s’agit des avancées espagnoles dans un domaine où la France a encore de gros progrès à accomplir (on y travaille cependant) : l’adoption des logiciels libres par les universités[1].

Et aujourd’hui, ce n’est pas un, mais deux articles (pour le même prix !) que nous vous avons traduits pour illustrer le sujet. Bonne lecture 😉

L’université espagnole fait le pari de soutenir le logiciel libre

La Universidad española apuesta por impulsar el software libre

EFE – 1 mars 2010 – ADN.es
(Traduction Framalang : Burbumpa, Thibz, TV, Goofy, Siltaar et Barbidule)

L’Université espagnole a décidé d’ « encourager l’utilisation de logiciels libres » afin ne pas dépendre des grandes entreprises d’informatique lors du développement d’applications spécifiques, que ce soit pour la gestion des établissements ou pour favoriser la communication au sein de la communauté universitaire.

C’est l’une des recommandations adoptées lors de la réunion de la Commission Sectorielle des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) de la Conférence des Recteurs des Universités Espagnoles (CRUE) qui s’est tenue à l’école universitaire d’études entrepreneuriales de Bilbao.

L’utilisation de ce type de technologies, selon des sources appartenant à l’Université du Pays Basque (UPV), permettra de plus au professeur et à l’élève ayant une formation dans les nouvelles technologies d’intervenir dans son développement, « ce qui est certainement une excellente façon d’employer les connaissances des universitaires ayant des compétences dans ce domaine ».

Un autre avantage, comme l’a souligné l’UPV, est que le logiciel libre permet l’implantation des langues minoritaires dans les différentes applications dans la mesure où des personnes intéressées et ayant des connaissances informatiques suffisantes voudront bien s’impliquer dans ce développement.

Lors de la réunion d’aujourd’hui, un catalogue des nouvelles applications qui ont déjà été implantées ou qui vont l’être sous peu dans les différentes institutions a été présenté. Cela va des plateformes d’enseignement en-ligne aux blogs et aux réseaux sociaux.

L’objectif, ont insisté les différentes sources, « est de placer les universités en position de référence dans le domaine des nouvelles technologies, ce qui les conduirait à ce qu’on pourrait appeler l’Université 2.0 ».

Plus de 80 personnes en lien avec les nouvelles technologies dans le monde universitaire et représentant les 71 universités publiques et privées de la CRUE ont assisté à la réunion.

Par ailleurs, le gouvernement basque a fait son entrée aujourd’hui au Conseil du CENATIC (Centre National de Référence pour l’Application des TIC basées sur des Sources Ouvertes), une fondation publique nationale dont la mission est de promouvoir et de diffuser l’usage des logiciels libres et open source.

Avec l’entrée du Pays Basque, ce sont maintenant 8 communautés autonomes qui sont présentes au Conseil de cette entité, en plus du Ministère de l’Industrie, du Tourisme et du Commerce au travers de Red.es ("réseau.espagne", site de se nsibilisation, de soutien et d’information sur la question des réseaux), ainsi que 4 grandes entreprises du domaine technologique.

60% des serveurs des universités espagnoles sont basés sur des logiciels libres

El 60% de los servidores de las universidades españolas se basan en software libre

Fecha – 10 mars 2010 – ComputerWorld / IDG.es
(Traduction Framalang : Burbumpa, TV, Goofy, Quentin, Siltaar et Barbidule)

Selon une étude présentée par le CENATIC (Centre National de Référence d’Application des TIC basées sur l’open-source), la quasi totalité des Universités et des Centres de R&D espagnols utilisent des logiciels libres dans leur fonctionnement quotidien.

Dans la partie « Étude sur la situation actuelle du logiciel libre dans les universités et centres de recherche espagnols », le rapport souligne que 60% des serveurs des universités espagnoles sont basés sur des logiciels libres. Le chiffre atteint 67% pour le courrier électronique, 87% si l’on considère les outils de gestion, de même que 42% des bases de données, 67% des systèmes antispams, 40% des campus à distance, ou 44% des solutions d’administration électronique.

L’étude révèle également que 83% des universités ont des groupes de recherche sur ce type de logiciel, qui travaillent sur le transfert de technologies de ses outils vers l’industrie. Dans 57% des universités, il existe aussi des associations d’usagers de soutien aux logiciels libres et 90% d’entre elles ont créé des unités d’enseignement en rapport avec les technologies ouvertes.

Selon Javier Uceda, président de la section TIC de la Conférence des Recteurs d’Universités Espagnoles, « durant la réalisation de ce rapport nous avons découvert que les Universités et les Centres de Recherche et Développement espagnols participent elles aussi à cette réalité technologique qu’est le logiciel libre ; il apporte des bénéfices en termes de coûts, d’adaptabilité et d’ indépendance, et est devenu une composante essentielle de la recherche en Espagne ». De son côté, Miguel Jaque, Directeur du CENATIC, a affirmé que « le logiciel libre occuppe une place importante ans le quotidien des enseignants et des chercheurs dans le cadre universitaire espagnol. Parier sur le logiciel libre, c’est parier sur le futur des technologies dans le domaine de l’éducation supérieure et la recherche en Espagne ».

Le rapport a été élaboré par le CENATIC à travers l’Observatoire National du Logiciel de Code Source Libre (ONSFA) en collaboration avec le groupe Libresoft de l’Université Roi Juan Carlos de Madrid et le groupe CRUE-TIC-SL (groupe de travail de la Conférence des Recteurs dédié à l’étude du logiciel libre) de la Commission TIC de la Conférence des Recteurs d’Universités Espagnoles. Il contient les résultats d’une enquête sur l’usage des technologies open source dans l’Université espagnole, comme par exemple l’étude de 25 cas d’implantation, développement et promotion des technologies de code source libre, et une sélection de 20 projets de Recherche et Développement autour du logiciel open source financés par des programmes d’envergure nationale et européenne.

Notes

[1] Crédit photo : Cenatic (Creative Commons By)




L’État de l’Oregon adopte Google Apps Education pour ses écoles

Avinash Kunnath - CC byLa nouvelle est passée totalement inaperçue dans les médias et la blogosphère francophones alors qu’elle revêt pourtant selon moi de la plus haute importance. Parce que c’est peut-être rien moins que l’éducation de demain qui se cache ici derrière cet évènement.

Un État américain, en l’occurrence l’Oregon, vient tout juste de décider d’adopter la solution Google Apps Education pour toutes ses écoles publiques.

Nous vous proposons ci-dessous la double traduction du blog de Google qui annonce fièrement la nouvelle ainsi qu’une explication enthousiaste, voire complaisante, issue du célèbre site Mashable.

J’aurais l’occasion dans un futur billet de revenir plus en détails sur Google Apps Education en pointant effectivement ses nombreux avantages mais également ses criants défauts. Histoire de nuancer quelque peu le caractère parfois légèrement « bisounours » des propos tenus dans ce billet.

Mais retenons pour le moment que les données des élèves dans les nuages des serveurs Google ne font pas peur à l’Oregon (cf les termes du contrat). C’est un choix de l’administration publique, c’est un État tout entier (qui concernent plusieurs centaines de milliers d’élèves) et ça va donner de sérieuses billes à Google pour convaincre d’autres futures institutions scolaires d’en faire autant. Surtout si les journalistes ne font rien d’autre que d’applaudir benoîtement.

Retenons également que contrairement à nos trois étudiants de l’Université Yale, aucune voix de lycéens ou de leurs parents n’est venue contrarier la bonne marche du projet en demandant quelques (légitimes) explications et précisions.

PS : À ceux qui s’étonneront du choix de la photographie ouvrant cet article[1], je l’ai trouvée en tapant « Oregon » dans Flickr. Ce sont les pom-pom girls de l’équipe de football américain des Oregon Ducks et elles me semblaient toutes indiquées pour illustrer ironiquement le côté « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » de cette actualité.

Alis volat propriis : L’État de l’Oregon fait entrer Google Apps dans toutes ses écoles

Alis volat propriis: Oregon’s bringing Google Apps to classrooms statewide

Jaime Casap (Google Apps Education Manager) – 28 avril 2010 – The Official Google Blog
(Traduction Framalang : Étienne)

Ayant grandi dans le quartier de Hell’s Kitchen à Manhattan pendant les années 70, je n’ai pas reçu d’éducation en matière de technologie. Mes enseignants notaient mes copies, et l’idée de collaborer à un projet avec mes camarades n’était pas envisageable, où que ce soit et pour quoi que ce soit. Il va sans dire que nous n’avions pas d’ordinateur à la maison, et que l’idée de travailler sur Internet était encore un rêve pour l’élève que j’étais.

Les choses ont changé, bien sûr, depuis que j’ai quitté l’école, et des gens travaillent ardemment à amener la technologie dans les salles de classe, pour aider les élèves a apprendre et les professeurs à enseigner. Aujourd’hui, l’Oregon franchit une étape majeure dans cette direction. C’est le premier à ouvrir Google Apps Education aux écoles publiques de tout un État.

À partir d’aujourd’hui, le département de l’éducation de l’Oregon offre Google Apps à toutes les académies de l’État, aidant ainsi les professeurs, les personnels administratifs et les élèves à utiliser Gmail, Docs, Sites, Video, Groups et plus encore, au sein des établissements scolaires du primaire et du secondaire. Le financement des écoles a subi des coupes importantes ces dernières années, et l’Oregon n’y fait pas exception. Cette démarche permettra au département de l’éducation d’économiser 1,5 millions de dollars par an, une somme rondelette pour un budget en difficulté.

Avec Google Apps, les élèves de l’Oregon peuvent créer des sites Web ou envoyer des messages à leurs enseignants autour d’un projet. Leurs documents et leurs messages vivent leur vie en ligne, dans le « cloud » (NdT : le nuage), toujours accessibles pour y travailler depuis une salle de classe ou un laboratoire informatique, à la maison ou à la bibliothèque municipale. Et au lieu de, seulement, noter une copie une fois le travail rendu, les professeurs de l’Oregon peuvent accompagner en temps réel les élèves sur leur documents, et les guider au fur et à mesure. Il est essentiel que les élèves apprennent à se servir des outils technologiques dont ils auront besoin au cours de leur vie, et l’Oregon aide ses élèves dans ce sens, tout simplement.

Je suis ébahi de voir à quel point la technologie a évolué depuis que j’ai quitté l’école, et à quel point nous devons continuer dans cette direction pour nous assurer que les enfants aient accès à ces outils dans les classes. Les outils en ligne tels que les Google Apps sont une façon, pour les enseignants, les élèves, et maintenant un État tout entier, de répondre au problème. Oh, et « alis volat propriis » ? C’est la devise de l’Oregon. Celà signifie « Elle vole de ses propres ailes ». Très à propos pour un État qui s’oriente ainsi vers le « cloud ».

Pourquoi les écoles s’ouvrent à Google Apps

Why Schools are Turning to Google Apps

Greg Ferenstein – 28 avril 2010 – Mashable
(Traduction Framalang : Olivier)

Aujourd’hui, les écoles publiques de l’Oregon s’offrent à Google Apps, 400 000 étudiants, enseignants et personnels administratifs auront désormais accès à un système d’e-mail et de chat, des outils de collaboration dans les nuages et un service de streaming multimedia. Les décisions affectant tout un état sont habituellement aprement contestées, chaque point étant sujet à débat.

Mais l’histoire entre Google Apps et le système éducatif est fascinante à bien des égards. Nous avons interviewé les architectes de ce plan ainsi que ceux qui utilisent Google dans les salles de classe. Voici les trois avantages qui s’en dégagent : 1) les écoles font des économies, 2) les résultats scolaires et la motivation s’en ressentent, à la hausse, et 3) les étudiants sont mieux préparés aux communications numériques dans le monde réel.

Les économies

L’argent est souvent le nerf de la guerre lorsqu’on parle de réforme de l’éducation et l’avantage est clairement dans le camp de Google. Le ministère de l’éducation de l’Oregon estime pouvoir économiser 1,5 million de dollars par an. Même le relativement modeste Maine Township District 207 dans l’Illinois, qui a déjà adopté Google Apps, estime ses économies à 160 000 dollars chaque année.

Google Apps Education est gratuit. Les économies proviennent principalement de l’abandon des logiciels de messagerie et de bureautique, auxquelles il faut ajouter les coûts de la maintenance informatique et des mises à jours matérielles. D’après Steve Nelson, vice-président technologie de Oregon Virtual Schools, ces économies peuvent être ré-investies pour déployer un service de streaming multimédia qui fait la part belle aux créations des étudiants, ce qui, ajoute-t-il, « n’était pas économiquement faisable » avant l’arrivée de Google.

Henry Thiele, responsable informatique pour le district 207, s’avoue « surpris du nombre d’écoles qui ne connaissent même pas Google Apps ». Et si elles en entendent parler, poursuit-il, elles cherchent toujours le petit piège. Thiele répond simplement « Il n’y a pas de piège ».

Résultats et motivation à la hausse

« Les étudiants qui participent à ce programme progressent beaucoup plus rapidement en lecture que ce à quoi nous sommes habitués », s’enthousiasme Thiele. Il fait référence à un cours d’anglais où un ordinateur portable a été confié à des élèves de 3ème considérés en difficulté. Dans le District 207, on espère voir une progression de 3 points en moyenne sur les tests de lecture cette année, mais les scores des élèves en difficulté devraient stagner ou régresser. Alors que les scores de ceux qui en revanche participent au programme ont fait un bond de 8 à 10 points. Google Apps n’est pas le seul facteur à l’origine de ce progrès, mais son coût dérisoire et sa nature collaborative ont rendu le programme 1-to-1 (un ordinateur pour chaque élève) possible.

Jason Levy, chef d’établissement, qui a participé à l’introduction de Google Apps dans les écoles du district 339 de New York (voir ce reportage vidéo), a observé que 47% des étudiants atteignent désormais la moyenne en mathématiques contre 27% auparavant. De plus, Thiele et Levy font état d’une plus grande concentration et de moins de problèmes disciplinaires. D’après Levy « leur comportement s’est amélioré, l’absentéisme a diminué et les exclusions temporaires sont plus rares ».

Les remarques de ces deux enseignants reflètent l’avis général puisque les expérimentations réalisées dans d’autres classes confirment que mêler technologie et éducation accroît l’intérêt des élèves.

Ça n’est pas très difficile à comprendre « On dit souvent que les gamins ne savent pas se concentrer ou garder leur concentration. Ma foi, je n’y arrive pas non plus » avoue Levy. S’appuyer sur le besoin des enfants de se socialiser et sur leurs facultés d’adaptation à la technologie est un moyen naturel de tirer partie de leur curiosité.

Se préparer au monde réel

Non seulement les étudiants bénéficient des avantages de la collaboration et d’une familiarisation accrue avec l’informatique, mais Google Apps les aide aussi à se préparer pour le monde réel de manière innovante. Grâce à Google Sites, les futurs ingénieurs tiennent à jour un portofolio numérique de leurs projets d’étude. La somme numérique de tous leurs travaux universitaires parlera certainement plus à leurs futurs employeurs que quelques tirets dans un CV.

L’un des professeurs du Maine Township utilise Google Spreadsheets pour faire sortir la science du carcan des livres. Les étudiants réalisent de vrais expériences et regroupent toutes leurs données dans des tableaux en ligne. Ici, les élèves mettent littéralement les mains dans le cambouis, ils mesurent l’influence du sol sur la croissance des plantes et traitent leurs données grâce aux outils informatiques, comme les vrais scientifiques. Ce modèle, pas bien sorcier, semble être un moyen peu onéreux et motivant pour aider le Ministère de l’Éducation a atteindre le but qu’il s’est fixé d’accroître la compétitivité scientifique des États-Unis au travers de l’ambitieux programme « Race to the Top ».

Conclusion

« Les fonctionnalités apportées sont absolument stupéfiantes » ajoute Nelson. Effectivement, tous ceux que j’ai interviewé ne trouvaient que du positif à l’introduction de Google Apps dans un contexte d’enseignements. Quoiqu’on pense de Google en tant que société, ses contributions au système éducatif américain sont remarquables.

L’adoption par les écoles de Google Apps est un signe que l’informatique dans les nuages se démocratise. Le perfectionnement de ces outils, ainsi que leur avantage économique font des applications Web une alternative intéressante pour les écoles en manque de moyens. Peut-être faut-il voir dans l’adoption de Google Apps par l’Oregon un signe avant coureur d’une éducation qui se fera de plus en plus dans les nuages.

Notes

[1] Crédit photo : Avinash Kunnath (Creative Commons By)




Un cas d’école : Quand trois étudiants de l’université Yale résistent à Google

Law Keven - CC by-saSi il y a bien une constante lorsqu’une décision est prise dans l’éducation autour des nouvelles technologies, c’est de rarement prendre la peine de consulter les principaux intéressés, c’est-à-dire les élèves et les étudiants eux-mêmes !

C’est ce que nous rappelle en creux cette intervention de trois étudiants de la prestigieuse Université Yale, surpris à juste titre de voir arriver, sans la moindre concertation, la messagerie Gmail de Google dans leur établissement.

L’annonce en a été faite le 9 février dernier sur le site d’actualité de l’université : Google to run Yale e-mail.

Mais deux jours plus tard, paraissait sur le même site la réaction de nos étudiants, traduite ci-dessous, dont le titre est un malicieux clin d’œil à la devise de leur université : Lux et Veritas (Lumière et Vérité).

Saluons au passage l’existence de ce site d’actualités Yale Daily News qui ouvre ses colonnes au débat et à la contestation (cf les nombreux commentaires sous le billet d’origine). Les universités françaises s’honoreraient de s’en inspirer.

Ils n’en appelaient pas forcément à rejeter le projet. Juste à plus de transparence, en se posant ensemble en amont quelques légitimes questions lorsqu’il s’agit de confier nos données à Google et à ses serveurs dans les nuages.

Je ne sais si cette opportune intervention est directement à l’origine de la décision, mais toujours est-il que l’Université a accepté peu de temps après de retarder la migration, annoncé dans un nouvel article également traduit ci-dessous, validant par là-même leurs doutes et leurs arguments.

Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de la décision finale de l’Université.

Si tous les étudiants ressemblaient à nos trois compères, nul doute que l’on serait plus vigilant face aux risques des marchandisation de l’école. Nul doute également que le logiciel libre et sa culture seraient plus souvent évalués, encouragés et adoptés[1].

Lux et Veritas et Gmail, par Csar, Kamdar et Slade

Csar, Kamdar and Slade: Lux et Veritas et Gmail

Christian Csar, Adi Kamdar et Francesca Slade – 11 février 2010 – Yale Daily News
(Traduction Framalang : Barbidule et Quentin)

Nous dépendons de l’e-mail pour à peu près tout. c’est le moyen idéal pour organiser des évènements, sensibiliser les gens, diffuser des annonces officielles. Le mail est constamment présent dans la vie de tous les membres de Yale. A ce titre, toute modification radicale dans la manière dont fonctionne ce système – comme le possible passage à un système hébergé par Google – mérite un débat approfondi. Bien que le système basé sur Gmail possède de nombreux avantages, cela n’excuse pas l’opacité qui a entouré le processus de transition jusqu’ici. Le degré de frustration envers le service e-mail actuel est indéniablement haut – beaucoup d’étudiants veulent quelque chose de mieux, et Gmail est une possibilité. La substantielle fraction d’étudiants qui transfèrent leur e-mail de leur boîtes Yale vers leur compte Gmail verraient d’un bon oeil une transition vers Gmail. Et même si de nombreux étudiants se réjouiront de l’arrivée de Gmail, un tel changement ne devrait résulter que d’un processus transparent avec un dialogue ouvert entre toutes les parties prenantes.

La transition telle qu’elle est envisagée aujourd’hui laisse sans réponses plusieurs questions fondamentales.

Nous avons cru comprendre que Google ne facturerait rien à l’université, par exemple, et nous nous interrogeons sur ce que Google retire de cette générosité – hormis bien évidemment l’accès à nos mails. Sans un processus de planification transparent, au cours duquel les étudiants ont la possibilité de poser ce genre de questions, il est difficile de ne pas être un minimum méfiant.

Les étudiants qui utilisent Gmail pour leur e-mail de Yale font pour le moment un choix individuel, ils sont libres d’arbitrer entre les indéniables avantages de Gmail et leurs propres inquiétudes. Ainsi, nous sommes en train d’écrire cet article sur Google docs. Cependant, quand l’ensemble du système de mails bascule sur Gmail, ces inquiétudes ne sont plus seulement l’affaire de quelques individus, elles concernent l’institution elle-même. Les problèmes collectifs de la faculté, de l’équipe et des étudiants doivent par conséquent être étudiés avant que Yale change pour Gmail.

Car malgré tous les avantages de Gmail, il subsiste quelques réelles inquiétudes. En tant qu’étudiants, nous avons besoins d’être assurés que Yale a signé un contrat avec Google garantissant un certain nombre de points. Pour l’instant, le passage à Gmail repose sur la générosité de Google, qui fournit un service gratuitement et sans publicité. Si à l’avenir Google décide de facturer ce service, quelles seront les conséquences pour Yale ? Nous ignorons quel contrôle la Direction des Systèmes Informatiques (DSI) et l’Université auront sur les données, leur sauvegarde, leur sécurité et leur migration. Nous ignorons où les serveurs Gmail seront situés, et quelles dispositions légales sur la protection des données personnelles s’appliqueront dans cette juridiction. A Brown, par exemple, d’après le site de l’Université, les mails peuvent être stockés « dans des datacenters situés hors des États-Unis ». De plus, personne n’a précisé quel sera l’accès que Google, avec ses algorithmes de data-mining, aura aux mails de Yale. Même si Google et la DSI ont toutes les réponses, nous avons au moins le droit de nous poser ces questions.

Enfin, Google n’est pas infaillible. Au cours des huit derniers mois, Gmail a connu six coupures, dont certaines prolongées. Et la seule compensation qu’offre Google – y compris aux clients qui paient – ce sont des jours gratuits. Quels sont les mécanismes mis en place par Yale en cas de coupure ? Comment pouvons-nous être sûrs que Gmail ne délivrera pas accidentellement des mails aux mauvaises personnes, comme ce fut le cas lors de la transition vers Gmail à l’université de Brown ?

Seul un processus de décision transparent permettra de répondre à ces questions que posent les étudiants. C’est pourquoi nous demandons à l’administration d’ouvrir un large dialogue avant que la DSI ne s’engage dans une démarche de sous-traitance du mail des étudiants actuels et futurs. Même si la décision de basculer est déjà arrêtée, il n’y a aucune raison valable pour dissimuler les choses et refuser d’entendre les préoccupations de ceux qui utiliseront quotidiennement le système. Le mail est trop important pour que son fonctionnement soit secret. Avec comme devise Lux et Veritas, Yale devrait comprendre la nécessité d’éclairer les conséquences de ce changement.

Christian Csar et Francesca Slade sont co-président du Club d’Informatique des Etudiants de Yale et sont étudiants l’un à l’Université Silliman, et l’autre à l’Université Pierson. Adi Kamdar est étudiant en deuxième année à l’Université Calhoun, il est également président des Etudiants de Yale pour une Culture Libre.

Le service informatique repousse le passage à Gmail

ITS delays switch to Gmail

David Tidmarsh – 30 mars 2010 – Yale Daily News
(Traduction Framalang : Quentin)

Le passage vers Google comme fournisseur de courriels de l’Université Yale est suspendu à une date ultérieure.

La migration de la messagerie de l’université de l’ancien Horde vers Gmail (et la suite de services de communication et de collaboration Google Apps Education) est suspendue, en attendant les résultats d’une étude impliquant davantage la participation des professeurs et des étudiants. En effet, après une série de réunions entre les étudiants, leurs professeurs et les administrateurs en février dernier, les officiels du département informatique ont décidé de mettre ce changement en attente, a dit le doyen adjoint pour les sciences et la technologie, Steven Girvin.

« Il y avait suffisamment de préoccupations exprimées pour que la consultation et la participation de la communauté deviennent nécessaires », dit-il dans un email envoyé au site d’actualités de l’université.

L’idée de passer à Google Apps Education – incluant des programmes populaires tels que Gmail, Google Calendar et Google Docs – résulte de réunions internes au service informatique qui se sont déroulées cet hiver, a dit le professeur d’informatique Michael Fischer. Mais lorsque le service informatique a notifié ce changement aux représentants des professeurs et aux administrateurs en février, des réserves ont été exprimées, et les officiels du département informatique ont décidé d’organiser un comité pour discuter de cette situation.

« De nombreux membres de ce comité ont pensé que le service informatique avait pris une décision trop hâtive sans l’approbation globale de l’université », a dit Fischer.

« Les gens se sont principalement intéressés à des questions techniques sur la conduite du changement en se demandant Comment pouvons-nous faire ? » dit-il. « Mais personne ne s’est réellement demandé : Devons-nous le faire ? ».

Fischer classe les inquiétudes à propos du passage à Gmail en trois catégories : les problèmes liés au cloud computing (le transfert des informations des serveurs de l’université vers Internet), les risques et les inconvénients technologiques, et les problèmes idéologiques.

Google enregistre toutes les données dans trois datacenters choisis aléatoirement, parmi les nombreux dont il dispose à travers le monde, de façon à garantir leur accès et à pouvoir continuer à travailler si l’un d’entre eux tombe en panne. La problème c’est que ces données sont alors théoriquement soumises aux lois des pays qui les hébergent. Il a ajouté que Google n’est pas prêt de fournir au service informatique la liste de pays susceptibles d’héberger ces données, il ne consent qu’à donner une liste d’une quinzaine de pays où les données ne seront pas stockées.

« Yale est une communauté internationale et multiculturelle d’étudiants », a-t-il dit. « Les étudiants devraient avoir le droit de savoir ce qu’il advient de leurs données tant qu’ils sont sur notre campus. »

« Quand bien même toutes les données soient stockées sur le sol américain, la taille et la visibilité de Google la rend plus susceptible d’être attaqué par des individus malintentionnés », a déclaré Fischer.

Avec cette décision et ce partenariat, Yale va peut-être perdre le contrôle de ses données et donner l’impression d’approuver la politique de Google (dont les gros datacenters laissent une grande empreinte carbone). « De plus », poursuit Fischer, « Google Apps est proposé dans une taille unique pour toute sa clientèle, avec tous les risques inhérents à cette monoculture Google ».

Le doyen adjoint Vharles Long a dit mercredi dernier qu’il ne connaissait pas la décision du comité mais qu’elle serait annotée par de nombreux membres de l’université concernés par la sécurité des communications à l’intérieur du système Google.

« J’ai entendu dire que les étudiants sont déjà tous sur Gmail » a t-il dit, « mais ils sont également concernés par le devenir de leurs données personnelles dans le respect des législations en vigueur ».

« Le service informatique met en place des propositions de procédures afin d’obtenir des retours de la communauté et pouvoir ainsi prendre une décision plus avertie dans les mois à venir », ajoute Fischer.

Au départ, le service informatique avait planifié une transition par étapes depuis Horde vers Gmail à partir de l’été prochain, en faisant passer directement les nouveaux et les étudiants en première année sur Gmail tout en offrant aux autres la possibilité de rester sur Horde si ils le désirent.

A ce stade, Fischer estime que le passage à Google Apps Education ne se fera pas avant l’été de l’année suivante, avec une promotion 2015 qui sera la première à adopter le nouveau système dès le début de leur première année.

Google a été récemment au centre de nombreuses controverses concernant les problèmes de vie privée, de sécurité et de propriété intellectuelle. Ainsi l’introduction récente de Google Buzz autorisait automatiquement les utilisateurs de Gmail à voir les contacts des membres de leur carnet d’adresses. La société a également été critiquée pour sa censure des résultats de recherche en coopération avec le gouvernement chinois, même si Google a récemment inversé cette politique en fermant son site Web chinois.

Notes

[1] Crédit photo : Law Keven (Creative Commons By-Sa)




Vu à la télé – Le logiciel libre pour nos enfants demain ?

Le logiciel libre pour nos enfants demain ?

C’est la question que l’on se pose depuis des années, en se désespérant de constater que l’Éducation nationale ne fait pas grand chose pour que ce demain devienne aujourd’hui.

Mais nous ne sommes pas les seuls, parce que c’est aussi la question que posait le 17 mars dernier le titre de la chronique « Clair et Net » d’Emma Rota dans l’émission Les Maternelles de France 5 (reproduite et transcite ci-dessous).

Elle y mettait en avant les trois projets éducatifs libres bien connus ici que sont Abuledu, Sésamath et OOo4Kids.

Pour ce dernier projet, elle pointait directement vers un billet « énervé » du Framablog : 0,01% du budget licences Microsoft pour soutenir et déployer OOo4Kids à l’école ! Force est de constater que l’argument du manque de soutien a été bel et bien repris et de quelle manière :

« Si ces enseignants optent pour le logiciel libre à l’école c’est parce qu’ils adhèrent à une éthique que personne ne peut décemment rejeter : notre école publique n’est pas un lieu marchand ; donc il devrait être interdit de laisser toute la place à des logiciels propriétaires type ceux de Microsoft (…) Ce qui ne veut pas dire que ces initiatives n’ont pas un coût (…) Et vous serez d’accord avec moi pour décréter que c’est au ministère de l’éducation nationale de les financer un minimum. »

Après merci Emmanuelle, merci Emma !
😉

—> La vidéo au format webm

Le logiciel libre pour nos enfants demain ?

URL d’origine du document

Emma Rota – 17 mars 2010 – Clair et Net / Les Maternelles

Il y a un mois est sorti dans le silence le plus total un rapport de 326 pages commandé par le ministère de l’éducation nationale intitulé « Réussir l’école numérique ». Il s’agit d’un recueil de 12 000 contributions et témoignages d’enseignants, d’élèves, de parents d’élèves qui démontrent combien l’usage de l’ordinateur et d’internet à l’école est un facteur d’égalité des chances et de réussite scolaire. Le rapport préconise la connexion en haut débit pour 100% des écoles d’ici 2012.

Pour rappel, lorsque je faisais cette même chronique il y a maintenant 8 ans à cette même place (ça ne nous rajeunit pas) je rapportais déjà les mêmes genres de vœux pieux de la part du ministère de l’éducation nationale… 😉

Et nous on aime les vœux pieux. Surtout lorsqu’on reçoit en parallèle des mails d’instituteurs excédés qui disent en substance – et c’est la réalité du terrain, tous les chiffres le démontrent - : « nous ne recevons pas le moindre centime de l’état, ce que nous bâtissons de numérique dans nos écoles c’est avec notre énergie toute personnelle et les deniers de notre collectivité locale ».

D’où, vous l’aurez compris, l’énorme disparité du matériel, des logiciels et du savoir numérique selon l’école primaire que fréquente ou que va fréquenter votre enfant…

C’est pourquoi aujourd’hui j’ai décidé de mettre à l’honneur trois belles initiatives numériques montées par des instits, avec leur passion et sur leur temps personnel.

1 – Allons d’abord sur le fantastique site www.abuledu.org, né en 1998 – il y a déjà 12 ans, par un instit passionné de Pessac.

C’est aujourd’hui un site qui propose une liste énorme de logiciels éducatifs scolaires pour les élèves de la maternelle à l’université. Pour y accéder, on clique sur ce qu’ils appellent « le Terrier » et regardez la liste : je vous propose de tester « A nous les nombres » par exemple : un petit logiciel de maths qui permet à l’enfant de dénombrer des barques ou des éléphants en s’amusant. Ou encore le logiciel « Associations » qui lui est pour les enfants dès la fin de la maternelle : il permet d’entendre le son associé à un mot et associé à une image, des exercices pour débuter l’apprentissage de la lecture.

Tous ces logiciels sont des logiciels libres : c’est à dire que leur créateur a voulu dès le départ que tous les enseignants et élèves de la France entière puisse en profiter s’ils le désirent ; chacun de ces logiciels est copiable, distribuable et même modifiable si on veut y apporter des changements soi même ! C’est la différence d’avec un logiciel propriétaire du type Word qui, en plus d’être payant ne va pouvoir être partagé avec personne…

2 – Seconde initiative qui elle aussi connaît actuellement une adhésion phénoménale dans le milieu enseignant : www.sesamath.net Des logiciels libres pour les enseignants ET les élèves pour rendre plus ludique l’apprentissage des mathématiques à tous les âges. Tenez vous bien, quasi 9000 profs de maths ont abonnés à ce site, c’est à dire le quart des profs de maths en France ! Ils profitent des exercices interactifs, des cours et des corrections animés tout en échangeant sur leur manière d’enseigner. Car il est là le principal attrait du logiciel libre éducatif?: partager son savoir, évoluer dans sa manière d’enseigner et donc forcément enrichir ses élèves qui je le rappelle, sont nos enfants. Et personnellement je rêve que mon fils lorsqu’il sera à l’école primaire puisse bénéficier de la curiosité d’enseignants de la trempe de ceux qui sont sur ces sites là…

3 – Enfin troisième initiative à encourager car elle est en train de se construire, on la voit sur cette vidéo.

il s’agit d’une suite bureautique spécialement conçue pour les 7/12 ans avec un design simplifié et adapté aux enfants, avec un traitement de texte et un tableur aux outils simplifiés eux aussi.

Si ces enseignants optent pour le logiciel libre à l’école c’est parce qu’ils adhèrent à une éthique que personne ne peut décemment rejeter : notre école publique n’est pas un lieu marchand ; donc il devrait être interdit de laisser toute la place à des logiciels propriétaires type ceux de Microsoft alors qu’il existe d’autres solutions plus neutres.

Ce qui ne veut pas dire que ces initiatives n’ont pas un coût. Elles ont un coût comme toute chose sur cette Terre, au moins le coût de la sueur et du temps de celui qui le fabrique.

Et vous serez d’accord avec moi pour décréter que c’est au ministère de l’éducation nationale de les financer un minimum. Surtout lorsque l’on se souvient à quel point il s’extasie depuis 10 ans sur les prouesses des outils numériques dans ses écoles.

Ah les vœux pieux, les vœux pieux…




CoursdeProfs.fr : une affligeante initiative aveuglément relayée par la grande presse

Silviadinatale - CC byLorsque j’ai découvert il y a peu CoursDeProfs.fr j’en suis resté bouche bée. Et j’ai encore du mal à croire qu’on ait pu oser un tel projet, l’un des pires qui ait été lancé dans l’éducation depuis des années. La seule et unique consolation c’est qu’il n’émane pas de l’institution mais du secteur privé.

De quoi s’agit-il exactement ? D’un site qui propose aux enseignants de déposer leurs cours et aux visiteurs de les consulter. « Venez échanger et partager votre savoir », peut-on lire en accueil. Le slogan est au diapason : « Partageons ! »

Sympa, non ? Jusqu’ici tout va bien. Et, sourire aux lèvres, on pense alors naïvement être en présence d’une sorte de forge communautaire de contenus éducatifs, interopérables et sous licences libres. Quelque chose qui ressemblerait à une Académie en ligne qui aurait gommé tous ses défauts, ou plus sûrement à un Sésamath étendu cette fois-ci à toutes les disciplines et à tous les niveaux.

Grossière erreur, car l’état d’esprit qui anime le projet se trouve précisément aux antipodes de ce modèle. Pour tous ceux qui comme nous participent à diffuser le logiciel libre et sa culture au sein de l’Éducation nationale, c’est plus qu’une déception, c’est une véritable provocation.

Prenez le meilleur de Sésamath et Wikipédia en essayant de faire exactement le contraire, et vous obtiendrez CoursDeProfs.fr !

Que ce site rencontre le succès, que les profs embarquent nombreux consciemment ou non dans cette supercherie[1], et je serais obligé de « faire mon Jospin 2002 », c’est-à-dire en prendre acte et quitter séance tenante aussi bien Framasoft que mon métier d’enseignant pour m’en aller cultiver des tomates bios en Ardèche.

Or l’hypothèse n’est pas à exclure quand on voit avec quelle coupable complaisance l’initiative est unanimement relayée et saluée par nos grands médias, illustrant par là-même leur désolante méconnaissance du sujet.

J’ai vainement cherché le moindre début de critique constructive non seulement sur ces mainstream médias mais également dans la blogosphère et je n’ai strictement rien trouvé. C’est ce qui m’a poussé à rédiger ce billet, histoire d’apporter un peu la contradiction (quitte aussi à prendre le risque de leur faire ainsi une injuste publicité).

Ceci étant dit, CoursDeProfs apporte une très mauvaise réponse à d’excellentes questions. Les enseignants souhaitent-ils se regrouper pour créer et échanger ensemble ? Les élèves et leurs parents souhaitent-ils avoir facilement et librement à disposition des ressources éducatives de qualité sur Internet ?

Des médias complices et ignorants

Je tire mon chapeau au service marketing de CoursdeProfs.fr. Non seulement ils ont eu une prestigieuse couverture médiatique mais en plus les articles sont dithyrambiques.

Jugez plutôt :

Le Nouvel Obs : Une plate-forme collaborative pour les profs

Le site CoursDeProfs.fr s’est ouvert officiellement ce lundi 15 mars, pour le plus grand bonheur des enseignants. Concrètement, le site propose aux profs de mettre en commun leurs cours et devoirs avec un seul mot d’ordre : « Partagez vos expériences et vos savoirs ».

Libération : Des cours Net et sans bavures

Vous êtes prof de maths et vous avez déjà fait faire vingt fois les mêmes exercices sur le tracé des triangles aux différentes classes que vous avez eues. Le problème, c’est que vous êtes à court d’idées… Ou alors prof débutant de physique-chimie, vous vous demandez comment organiser la séance de travaux pratiques sur l’utilisation de l’oscilloscope transparent, d’autant que votre classe de terminale S est plutôt dissipée. Rassurez-vous : le site CoursDeProfs.fr, lancé avant-hier, est censé vous aider. Il se présente comme la première plateforme d’échanges de cours entre professeurs. Le but : favoriser « le partage de savoirs et d’expériences » et faire ainsi mentir le cliché selon lequel chaque prof travaille dans son coin sans se soucier de ce que font les autres.

Le Parisien : Des cours gratuits en ligne

Une salle des profs virtuelle, géante et ouverte à tous : où les enseignants peuvent se retrouver et s’échanger leurs cours, où les parents peuvent aussi « débouler » pour retrouver la leçon de maths du fiston absent la semaine dernière, et les élèves venir vérifier qu’ils ont bien noté le cours, voire compléter la leçon… Ce lieu de rêve, c’est l’objectif de Coursdeprof.fr, qui a inauguré hier la première plate-forme communautaire du genre, qui puisse rassembler tous les profs de France autour de leur métier : leur permettre de transmettre leurs connaissances, la somme de tous les cours préparés dans la solitude de leurs bureaux, où ils échouent à nouveau après avoir été dispensés en classe.

L’Entreprise.com (L’Express) : Les profs parlent aux profs

C’est sans doute le premier réseau social fait par des enseignants pour des enseignants. A l’origine de CoursDeProfs.fr. quatre associés : Nicolas Duflos, ingénieur en informatique et télécommunications, inspirateur du projet ; Gabriel Tabart, prof d’EPS, Xavière Tallent, conseil en marketing et communication et Christophe Claudel fondateur de la SII Itelios[2].

Elle : Rattraper les cours manqués sur CoursDeProfs.fr

Un excellent complément pour les profs qui peuvent ainsi « confronter leurs idées et leurs façons de faire » (…) Preuve de son succès, à l’heure où nous écrivons, le site est surbooké et nous invite à nous reconnecter ultérieurement.

La Tribune : Le partage d’expérience fait son chemin chez les enseignants

Les concepteurs espèrent obtenir le label de ressource « reconnue d’intérêt pédagogique » (RIP). Ils déposeront un dossier en ce sens auprès du ministère de l’Education nationale avant l’été[3].

J’ai également noté un passage télé (France 2 – Télématin – 16 mars) et un passage radio (France Culture – Rue des écoles – 17 mars), deux fleurons de notre service… public !

Donc si je résume, « le partage d’expérience fait son chemin chez les enseignants » (La Tribune), un « grand bonheur » (Nouvel Obs), un « lieu de rêve » (Le Parisien) que CourdDeProfs.fr, ce « premier réseau social fait par des enseignants pour des enseignants » (L’Express), cette « première plate-forme d’échanges de cours entre professeurs » (Libération).

Or à y regarder de plus près, le rêve cache peut-être un cauchemar. Et désolé si ce qui va suivre est susceptible de venir un peu gâcher la fête.

Des cours aux multiples verrous artificiels

On sait comment cela se passe. La boîte balance son communiqué de presse et les rédactions choisissent ou non de s’en saisir. Mais lorsqu’elles s’en saisissent, on est en droit d’attendre d’elles un minimum d’investigation, de mise à distance et de contextualisation, en bref faire son boulot de journaliste et non du publireportage.

Et c’est d’autant plus coupable que lorsqu’une startup s’insère dans l’éducation « pour le bien de tous », la vigilance devrait être naturellement de mise (cf les beaux discours de Microsoft à l’école souvent évoqués sur ce blog).

Nos grands médias sont-ils vraiment allés sur CoursDeProfs.fr voir un peu comment cela se déroulait concrètement ? Permettez-moi d’en douter, parce que dans le détail, la plate-forme possède de nombreux et criants défauts.

CoursDeProfs - Copie d'écranAfin d’illustrer mon propos par l’exemple, j’ai choisi au hasard un document du site dans ma discipline, à savoir les mathématiques.

Nous sommes en Sixième pour un Cours sur les fractions (cf copie d’écran ci-contre).

Première remarque : ce cours est d’un classicisme absolu. Ouvrez n’importe quel manuel scolaire de ce niveau et ce sera identique mais plus riche et mieux mis en forme et en page. Ici, la valeur pédagogique ajoutée est pour ainsi dire nulle. Cela n’augure rien de bon quant au reste du contenu du site.

Mais regardons surtout comment se présente le document « mis en ligne » afin de mieux comprendre ce qu’on entend par echange, partage et collaboration chez CoursdeProfs.fr.

  • Le cours ne possède aucune licence. Par défaut il est donc placé sous le régime du droit d’auteur le plus classique et donc le plus restrictif, c’est-à-dire qu’il est propriété exclusive de son auteur et que vous ne pouvez rien faire avec tant que vous ne lui avez pas demandé l’autorisation. Les licences de type Creative Commons sont ignorées par les créateurs du site alors qu’elles ont justement été conçues pour favoriser le partage.
  • Le cours est dans une cage. Il est en effet totalement encapsulé au format propriétaire Flash. On peut certes le voir (en un unique endroit) mais pas le « toucher » puisque, conséquence directe du (mauvais) choix du format, on ne peut ni imprimer le document ni l’enregistrer. Quant à vouloir faire du copier/coller (comme l’autoriserait n’importe quelle page Web rédigée au format standard et ouvert HTML), ce n’est même pas la peine d’y penser.
  • Il y a un lien « Version gratuite » en haut à droite. Cliquez dessus et vous obtiendrez un fichier PDF du cours aux caractéristiques un peu particulières puisque entièrement zébré d’un horrible marqueur CoursDeProfs.fr qui recouvre tout le document (cf image ci-dessous) et toujours interdit au copier/coller (alors que tout fichier PDF non vérouillé permet normalement l’opération).
  • Il y a également un gros lien « Télécharger » en haut à droite. Cliquez dessus et l’on vous proposera de télécharger le cours aux formats suivants : PDF (enfin modifiable et permettant le copier/coller), DOC, DOCX, ODT et RTF. Sauf qu’il vous en coûtera 1,20 €, (45% pour l’auteur, le reste pour CoursDeProfs.fr). Comme il n’y a que les enseignants qui éprouvent ce besoin de pouvoir modifier et personnaliser le document, on se retrouve à devoir payer un collègue pour jouir pleinement de son cours ! De plus ceci ne vous donne alors qu’un « droit d’usage et de modification du document à des fins personnelles ». En aucun cas vous ne pouvez le copier, l’éditer et le donner à un tiers ou renvoyer la version modifiée sur le site (toujours à cause de l’absence de licence). Cela s’apparente au modèle fermé de l’iTunes d’Apple (DRM inclus). L’amélioration collective des documents est volontairement rendue impossible dans cet écosystème.

Pour rappel les créateurs du site affirment haut et fort dans tous les coins du site que leur projet n’est là que pour favoriser l’échange, le partage et la collaboration !

Mais de qui se moque-t-on ?

Si l’existence même de CoursDeProfs.fr est révélatrice d’une triste situation française, sa médiatisation béate l’est tout autant. Ce n’est pas ici que l’on trouvera des arguments pour nuancer la « crise de la presse ».

Libre comparaison

CoursDeProfs - Exemple de PDF tatouéOn ne le répètera jamais assez (surtout que les médias ne l’entendent visiblement toujours pas) : il n’est aujourd’hui pas responsable de développer du contenu collaboratif numérique à l’école sans s’inspirer du logiciel libre et prendre en compte sa culture et ses modes opératoires.

Qu’est-ce qu’un logiciel libre ? C’est un logiciel qui possède les quatre libertés fondamentales suivantes : la liberté d’exécuter le programme, la liberté d’étudier le fonctionnement du programme, la liberté de redistribuer des copies, et la liberté d’améliorer le programme et de publier les améliorations. Ce sont des libertés qui sont tournées vers les utilisateurs. La liberté d’étude et d’amélioration nécessite d’avoir accès au code source du programme, c’est-à-dire à son secret de fabrication.

Essayons de transposer cela à la situation en reprenant notre Cours sur les fractions et en l’imaginant donc sous licence libre (par exemple la Creative Commons By dont on a déjà dit le plus grand bien lorsqu’il s’agit d’éducation).

La liberté d’exécuter le programme c’est la liberté de pouvoir lire le cours n’importe où, n’importe quand et sur n’importe quel ordinateur (et non sur un seul site Web). La liberté d’étude correspond à l’accès sans la moindre entrave à la source du document (dans un format ouvert, par exemple ODT, et non sur un PDF bridé), la liberté de copie signifie que vous pouvez copier et distribuer le cours autant de fois que vous le souhaitez à qui vous voulez, enfin la liberté d’amélioration vous autorise à modifier le cours comme bon vous semble et là encore à copier et distribuer cette version modifiée autant de fois que vous le souhaitez à qui vous voulez.

Bien sûr, tout dépend de votre objectif, mais si il s’agit réellement de partager et transmettre du savoir (certains appellent cela l’éducation) alors c’est bien ce dernier modèle qui est le plus pertinent parce qu’il favorise par essence la circulation et la bonification du cours.

Cela figure d’ailleurs noir sur blanc dans la première des douze propositions formulées par l’AFUL (et ignorées par les médias) suite à la publication du rapport Fourgous : « Les logiciels et les ressources numériques acquises, développées ou produites avec participation de fonds publics doivent être placées sous licence libre et disponibles dans un format ouvert afin de permettre leur libre partage : les utiliser, étudier, modifier, redistribuer librement. ».

J’ajoute qu’un tel modèle est centré sur la ressource (qui a un ou plusieurs auteurs) et non sur les auteurs (qui a une ou plusieurs ressources).

On mesure alors l’écart abyssal qui nous sépare de CoursDeProfs.fr puisque, comme nous l’avons vu plus haut, ce dernier ne respecte aucune des quatre libertés.

Ce modèle théorique que nous appelons de nos vœux est-il massivement déployée à l’Éducation nationale ? Non, car nous sommes encore minoritaires. Non car les grands médias nous ignorent encore trop souvent. Mais on y travaille et le temps joue clairement en notre faveur.

Lorsque nous dénonçons les errances de l’Académie en ligne ou les délires juridiques de l’usage des « œuvres protégées » en classe, c’est parce que nous estimons nous en écarter. Lorsque nous mettons en avant des initiatives comme Weblettres ou Sésamath (dont le projet Kidimath s’adresse lui directement et réellement aux élèves soit dit en passant), c’est parce qu’il nous semble nous en approcher.

0/20

En plus d’ignorer superbement la culture libre, la contradiction fondamentale d’un projet comme CoursDeProfs.fr c’est que, ne provenant pas de l’institution mais d’une entreprise privée, il doit nécessairement penser dès le départ son modèle économique. Il y a eu une idée (plutôt bonne du reste), il y a eu dépenses pour la concrétiser et il faut qu’il y ait à plus ou moins court terme retour sur investissement.

Outre le fait que le site affiche déjà de la publicité (Google) et dispose d’un espace annonceurs, ce qui n’est jamais bon lorsque l’on s’adresse à un public scolaire, les créateurs du projet ont imaginé le système complexe et artificiel décrit ci-dessus pour pouvoir tirer quelques subsides de l’aventure.

Un système pervers où les enseignants sont invités à se vendre et s’acheter leurs cours, à faire circuler l’argent entre eux, tout en étant fortement taxés au passage par CoursDeProfs.fr.

C’est indéniable, les enseignant se sont précarisés ces dernières années et les débuts de carrière sont de plus en plus difficiles. Et nombreux sont désormais ceux qui se jettent dans la gueule d’Acadomia et consors pour arrondir les fins de mois. Mais de là à imaginer qu’ils vont se mettre à monnayer leurs cours aux collègues pour que ces derniers puissent les adapter à leurs besoins… Ils ne l’ont jamais fait en salle des profs (qui n’est pas une salle de marché), ils ne vont pas commencer maintenant !

Il faut bien que quelqu’un le dise : CoursDeProfs.fr devrait transformer son projet en, disons, un site de poker en ligne et oublier ses velléités éducatives. J’invite tous les collègues à ne surtout pas y aller. Ce n’est pas à une petite startup de porter sur ses épaules un tel projet qui doit naître et vivre à l’intérieur même du service public qu’est l’Éducation nationale.

Au fait, l’Ardèche, c’est un terreau fertile pour les tomates bios ?

Notes

[1] Crédit photo : Silviadinatale (Creative Commons By)

[2] 1 prof sur 4 parmi les créateurs suffit à leur faire dire que c’est « fait par des enseignants pour des enseignants » !

[3] On saura ainsi si ce label RIP vaut encore quelque chose.




À propos de la formation aux logiciels libres, par Jean-Pierre Archambault

Extra Ketchup - CC by-sa« Le libre est à la fois une réponse concrète à des problèmes concrets et un outil de réflexion pour penser les problématiques générales de l’immatériel et la connaissance », nous dit ici Jean-Pierre Archambault, qui n’en est pas à son premier article sur le Framablog.

C’est pourquoi la question de la formation aux logiciels libres est l’un des enjeux majeurs de l’éducation de demain[1].

Il s’agit bien entendu d’être capable de les utiliser. Mais bien au-delà il s’agit aussi et surtout de comprendre qu’ils s’inscrivent dans une culture. Une culture de la collaboration, de la création, de l’autonomie et du partage qui ne doit plus être absent du cursus scolaire de nos étudiants.

À propos de la formation aux logiciels libres

La question est souvent posée de savoir s’il y a une spécificité de la formation aux logiciels libres. La licence d’un programme n’est pas forcément choisie lors de son écriture. Un traitement de texte reste un traitement de texte. Et une procédure récursive n’est pas intrinsèquement copyleft ou copyright. Nous allons examiner la question du point de vue des logiciels, de la culture informatique, des méthodes organisationnelles de réalisation des logiciels libres, de la portée sociétale du libre et des besoins pédagogiques des enseignants.

Former aux outils logiciels

Qu’il faille former à Linux comme on forme à Unix, Mac OS X ou Vista va de soi. Idem pour OpenOffice, FireFox ou The Gimp. Ce sont des systèmes et des applications qu’il faut connaître pour s’en servir « intelligemment ». Mais un système d’exploitation, un traitement de texte ou un tableur sont des outils conceptuels compliqués et complexes de par les objets qu’ils traitent et la multitude de leurs fonctionnalités. Il faut veiller à ne pas entrer dans le tunnel sans fin de la formation à la version n d’un progiciel, puis n+1, d’un usager « presse-boutons ». On connaît ce genre de pratiques pour des produits propriétaires dont les versions défilent à grande vitesse, enrichies de fonctionnalités dont l’utilisateur lambda n’a pas nécessairement besoin. Mais qui peuvent présenter des avantages financiers et des rentes de situation pour des officines de formation. Il faut donc pouvoir s’appuyer sur une appropriation initiale des concepts généraux des traitements de texte, tableurs et gestionnaires de bases de données.

L’informatique, le numérique étant partout dans la société, la question posée est celle de la culture générale de l’homme, du travailleur et du citoyen du 21è siècle. Il s’agit là des trois missions fondamentales des systèmes éducatifs. Le libre, c’est le code source que l’on connaît. Et pas la « boîte noire » miraculeuse qui fait tout pour vous : curieuse d’ailleurs cette représentation mentale qu’ont certains de la prothèse du cerveau qu’est l’ordinateur, que l’on pourrait utiliser sans la connaître ni la comprendre. De ce point de vue, le libre s’inscrit pleinement dans la vision qui considère que les usagers de l’informatique doivent comprendre et maîtriser les outils conceptuels qu’ils utilisent. Les créateurs d’informatique aussi, bien évidemment.

Maurice Nivat nous invite opportunément à relire André Leroy Gourhan qui nous a appris que l’outil n’est rien sans le geste qui l’accompagne et l’idée que se fait l’utilisateur de l’outil de l’objet à façonner[2]. Et d’ajouter : « Ce qui était vrai de nos lointains ancêtres du Neanderthal, quand ils fabriquaient des lames de rasoir en taillant des silex est toujours vrai : l’apprentissage de l’outil ne peut se faire sans apprentissage du geste qui va avec ni sans compréhension du mode de fonctionnement de l’outil, de son action sur la matière travaillée, ni sans formation d’une idée précise de la puissance de l’outil et de ses limites ».

Enseigner l’informatique pour donner une culture générale

Il faut donc former à l’outil. Il faut donner une culture générale informatique à l’ « honnête homme » de notre époque. Or, si une option d’informatique générale a existé au lycée dans les années quatre-vingt, elle a été supprimée au début des années quatre-vingt-dix. La ligne pédagogique selon laquelle les apprentissages doivent se faire à travers les usages de l’outil informatique dans les différentes disciplines existantes, et cela suffit, l’avait emporté, pour des raisons diverses (elle prendra la forme du Brevet informatique et internet, le B2i). Une longue « traversée du désert » commençait. Pour autant, des voix se faisaient entendre. Elles disaient que l’informatique étant partout (dans les autres disciplines scolaires), elle devait être quelque part en particulier, à un moment donné, sous la forme d’une discipline scolaire en tant que telle car la seule utilisation d’un outil, matériel ou conceptuel, ne suffit pas pour le maîtriser.

Gérard Berry, qui avait intitulé sa leçon inaugurale au Collège de France « Pourquoi et comment le monde devient numérique »[3], déclarait dans une interview au journal Le Monde, le 15 avril 2009 : « Du point de vue de l’enseignement de l’informatique, la France rentre résolument dans le XXe siècle. »[4]. Il regrettait que l’« on confonde la notion de computer literacy avec celle de computer sciences ». Et il ajoutait : « Dans les établissements scolaires, on a fait le choix d’enseigner les usages. C’est très insuffisant. C’est la différence entre apprendre à conduire et comprendre comment marche une voiture. Les jeunes quittent le lycée sans connaissance de la science informatique. C’est une aberration ! » .

L’association EPI (Enseignement Public et Informatique) et le groupe ITIC de l’ASTI ont pris ces dernières années de nombreuses initiatives en faveur d’un enseignement de l’informatique au lycée sous la forme d’une discipline d’enseignement général : audiences auprès des autorités de la République, tables rondes, séminaires, textes divers, propositions de programmes scolaires pour le lycée…[5]. Un tel enseignement doit comporter des apprentissages corrrespondant aux grands domaines de la science informatique, à savoir l’algorithmique et la programmation, la théorie de l’information, les machines et leurs architectures, les réseaux, Internet, les bases de données.

Dans le cadre de la réforme du lycée, un enseignement de spécialité optionnel « Informatique et sciences du numérique » a été créé en Terminale S pour la rentrée 2012. Dans son discours devant le Conseil supérieur de l’Éducation, le 10 décembre 2009, s’exprimant sur cette réforme du lycée, Luc Chatel a notamment déclaré : « A l’heure de la société de l’information et de la connaissance, la France a besoin plus que jamais de compétences scientifiques en informatique. Aujourd’hui l’informatique représente 30 % de la recherche et développement dans le monde. Aujourd’hui l’informatique est partout. Nous ne pouvons pas manquer ce rendez-vous majeur et c’est la raison pour laquelle nous proposons en série S une spécialisation « informatique et sciences du numérique » »[6].

Tous ceux qui se sont prononcés en faveur d’une telle mesure se félicitent. Parmi ceux-ci, et ce n’est pas un hasard, figure l’APRIL (« Promouvoir et défendre le logiciel libre »). Dans un communiqué de presse, le 5 janvier 2010, l’association, rappelant qu’«elle a toujours été favorable à ce que l’informatique soit une composante à part entière de la culture générale scolaire de tous les élèves sous la forme notamment d’un enseignement d’une discipline scientifique et technique », souligne « cette première et importante avancée signe d’une certaine rupture »[7]. Elle mentionne que « l’expérience de ces dernières années a clairement montré que le B2i ne fonctionnait pas. Son échec prévisible tient notamment à des problèmes insolubles d’organisation, de coordination et de cohérence des contributions supposées et spontanées des disciplines enseignées. De plus ne sont pas explicitées les connaissances scientifiques et techniques correspondant aux compétences visées. »

Le rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, sur la modernisation de l’école par le numérique, « Réussir l’école numérique », remis au Ministre de l’Éducation nationale Luc Chatel le 15 février dernier, va dans le même sens[8]. Il met en évidence la portée de cet enseignement de l’informatique : « En créant une matière Informatique et sciences du numérique en terminale, le gouvernement français ouvre enfin la voie de l’apprentissage du numérique et redonne à l’école son rôle d’éducateur. » Et rappelle qu’en définitive le B2i ne correspond pas aux enjeux car « il ne permet pas d’acquérir une culture informatique, permettant de comprendre les techniques sous-tendant le fonctionnement des divers outils numériques… ne prenant pas en compte les connaissances techniques de base nécessaires ».

Le libre, une science

Si le libre est une composante à part entière de l’informatique, il n’en comporte pas moins des spécificités, qui doivent donner lieu à des enseignements dédiés, notamment dans le Supérieur. Il existe une « science du logiciel libre ». Voir l’article de Roberto Di Cosmo auquel nous nous référons ci-après[9].

Si les collaborations avec des partenaires dispersés géographiquement ne datent pas d’aujourd’hui, avec Internet la situation a radicalement changé. La question est posée de savoir sur quels principes scientifiques se fondent des projets comme Wikipédia ou Linux, exemples extrêmes de travail massivement collaboratif. Et de savoir comment en améliorer la stabilité et la fiabilité. Dans le développement du noyau Linux, chaque erreur, ou chaque fonction manquante ou obsolète, peut entraîner des dysfonctionnements majeurs rendant l’ensemble inutilisable. Malgré tout, le « phénomène Linux » a abouti à des versions de plus en plus complètes, fonctionnelles et stables. En fait, le succès des logiciels libres de qualité reposent sur des approches méthodologiques très structurées. L’organisation modulaire du code source, la sélection sévère des contributions et l’existence d’un noyau central de développeurs s’assurant de la cohérence de l’ensemble jouent un rôle essentiel dans la réussite de Linux. Mais la taille atteinte par Linux est telle que l’on est aux limites de ce qui peut être maîtrisé en s’appuyant sur les capacités organisationnelles des communautés. Les logiciels libres sont donc devenus un champ d’étude à part entière pour les informaticiens. Il faut résoudre des questions scientifiques (par exemple, comment gérer rapidement la modification d’un appel de fonction résultant de l’ajout, du changement ou de la suppression d’un paramètre ?). Le projet Coccinelle a fourni une contribution majeure en introduisant la notion de « patch sémantique ». Le projet Mancoosi vise à développer des algorithmes efficaces pour permettre aux utilisateurs d’exprimer leurs préférences lors de mises à jour et d’obtenir des installations personnalisées.

Toutes ces actions de recherche se traduiront dans des enseignements universitaires, pour le libre mais aussi l’informatique en général.

Penser l’immatériel

Dans leur rapport sur l’économie de l’immatériel, Maurice Lévy et Jean-Pierre Jouyet attirent l’attention sur le fait que, dans cette économie, « l’incapacité à maîtriser les TIC constituera (…) une nouvelle forme d’illettrisme, aussi dommageable que le fait de ne pas savoir lire et écrire ». Ils mettent en évidence les obstacles qui freinent l’adaptation de notre pays à l’économie de l’immatériel, notamment « notre manière de penser », invitant à changer un certain nombre de « nos réflexes collectifs fondés sur une économie essentiellement industrielle »[10]. Il faut former à l’informatique.

John Sulston, prix Nobel de médecine, évoquant en décembre 2002 dans les colonnes du Monde Diplomatique les risques de privatisation du génome humain, disait que « les données de base doivent être accessibles à tous, pour que chacun puisse les interpréter, les modifier et les transmettre, à l’instar du modèle de l’open source pour les logiciels ». Il existe une transférabilité de l’approche du libre à la réalisation et la mise à disposition des biens informationnels en général. On a pu le constater à l’occasion des vifs débats qui ont accompagné la transposition par le Parlement en 2006 de la directive européenne sur les Droits d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information (DADVSI), ou plus récemment avec la loi Hadopi. Le libre, ses approches et ses méthodes, ses façons efficaces de produire des biens de connaissance qui relèvent du paradigme de la recherche scientifique, ses modèles économiques et ses réponses en termes de propriété intellectuelle, est omniprésent dans les problématiques de l’immatériel. Il faut former à l’informatique libre. Les élèves et les étudiants, travailleurs et citoyens d’aujourd’hui ou de demain, doivent en avoir entendu parler lors de leur scolarité et de leurs études. Le libre est à la fois une réponse concrète à des problèmes concrets et un outil de réflexion pour penser les problématiques générales de l’immatériel et la connaissance.


Production collaborative de ressources pédagogiques

La création de logiciels libres est un travail collaboratif : cette manière de créer du savoir à plusieurs est particulièrement importante si nous voulons préparer les plus jeunes à entrer dans une société du savoir partagé. Certains d’entre eux seront enseignants. Les enseignants ont besoin de documents, de contenus pédagogiques. Pour se former et pour enseigner. Et ils sont bien placés pour les concevoir et les produire eux-mêmes. L’on sait la transférabilité de l’approche du logiciel libre à la réalisation des contenus pédagogiques. Tout le monde, ou presque, connaît les réalisations remarquables de l’association Sésamath[11], « vaisseau-amiral » de la production collaborative de ressources pédagogiques libres, qui a obtenu un prix spécial de l’UNESCO.

Et il faut attacher une licence à un contenu produit. Les Creative Commons sont de mieux en mieux connues mais il reste du chemin à parcourir. Il faut faire connaître leurs modalités juridiques au service de l’objectif général, clairement exprimé, de favoriser la diffusion et l’accès pour tous aux oeuvres de l’esprit, en conciliant les droits légitimes des auteurs et des usagers. Creative Commons renverse le principe de l’autorisation obligatoire. Il permet à l’auteur d’autoriser par avance, et non au coup par coup, certains usages et d’en informer le public. Il est autorisé d’autoriser. C’est incontournable à l’heure d’Internet et du numérique car, sinon, toute vie intellectuelle serait impossible si l’on ne pouvait parler librement des oeuvres et s’il fallait, pour la moindre citation, demander l’autorisation à l’auteur ou à ses héritiers.

Que de nombreux autres enseignants, à la manière de Sésamath, fabriquent des contenus libres dans des démarches de mutualisation et de coopération est une raison supplémentaire de former au libre.

Jean-Pierre Archambault
CNDP-CRDP de Paris, coordonnateur du pôle de compétences logiciels libres du SCEREN

Notes

[1] Extra Ketchup (Creative Commons By-Sa)

[2] « L’informatique, science de l’outil », Maurice Nivat (à paraître dans EpiNet 124) http://www.epi.asso.fr/

[3] Leçon inaugurale le 17 janvier 2008, Cours Séminaires du Collège de France, par Gérard Berry titulaire de la chaire d’innovation technologique Liliane Bettencourt http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/inn_tec2007/

[4] « Gérard Berry : L’informatique est une science », de Christian Bonrepaux dans le Cahier Éducation du Monde daté du 16 avril 2009. http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/04/15/gerard-berry-l-informatique-est-une-science_1181041_3224.html

[5] $http://www.epi.asso.fr/blocnote/blocsom.htm#itic On pourra aussi se référer, pour les élèves à partir de l’école primaire, à la version francaise de « Computer Science Unplugged » : http://interstices.info/jcms/c_47072/enseigner-et-apprendre-les-sciences-informatiques-a-l-ecole

[6] http://www.education.gouv.fr/cid49972/reforme-du-lycee-discours-devant-le-conseil-superieur-de-l-education.html

[7] http://www.epi.asso.fr/revue/docu/d1001a.htm

[8] http://www.reussirlecolenumerique.fr/

[9] « La science du logiciel libre », Roberto Di Cosmo, La Recherche n°436, décembre 2009 – Professeur à l’Université Paris 7, Roberto Di Cosmo « porte » le projet de centre de recherche sur le logiciel libre de l’INRIA.

[10] Rapport remis à Thierry Breton en décembre 2006.

[11] http://www.sesamath.net