Paris Descartes vend ses étudiants à Micro$oft !

TheeErin - CC by-saEncore un titre qui ne fait pas dans la dentelle ! Il ne vient pas de moi mais d’un tract qui est actuellement distribué sur le campus de l’Univesité Paris Descartes par le SNESup, le Syndicat national de l’enseignement supérieur. Tract que nous avons reproduit ci-dessous dans son intégralité.

Il est une conséquence indirecte (et non désirée) d’un vaste et ambitieux partenariat signé en juillet 2009 par Microsoft et la vénérable Université, partenariat « visant à développer des actions communes autour des nouvelles technologies » (liens html, pdf, vidéo[1] et… photo de famille !)

Ce qui frappe c’est la radicalité des mots et expressions employés (jusqu’à mettre un « $ » au « s » de Microsoft !). À la hauteur de l’exaspération suscitée par cette énième opération de marchandisation de l’éducation qui ne veut pas dire son nom ?

Je tenais cependant à apporter quelques éléments de réflexion qui sont autant de modestes tentatives de mise en perspective (en pensant aussi à un éventuel débat qui pourrait démarrer dans les commentaires) :

  • Les universités peuvent-elles résister à de telles offres dans le contexte économique actuel ? Prenez le temps de lire le communiqué de presse et vous constaterez avec moi la densité des services proposés, avec promesse de soutien de Microsoft à la future fondation de l’université (« soutien » étant pris ici dans tous les sens du terme). Même une direction rompue aux vertus du logiciel libre et sa culture aurait à mon avis du mal à ne pas sacrifier quelques unes de ses valeurs sur l’autel d’un certain pragmatisme dicté par le manque de moyens.
  • C’est le programme Live@edu de Microsoft qui est stigmatisé ici. Mais Google propose, à quelques nuances près, rigoureusement la même chose avec Google Apps Education. Ne serait-ce point « la guerre de l’informatique dans les nuages » qui pénètre ici directement le vulnérable secteur éducatif ? D’un côté on rend service aux étudiants, de l’autre on investit sur leur potentiel à… conserver les mêmes technologies une fois arrivés sur le marché du travail. Le plus dur étant d’entrer, parce qu’une fois que l’étudiant possède (sur vos serveurs) sa messagerie, son agenda, son espace de stockage, sa suite bureautique en ligne, ses documents, ses photos, ses habitudes de chat, etc. le plus dur est fait. Il lui sera alors fort difficile de migrer, même avec les meilleures volontés du monde ! Un dernier mot sur ces serveurs qui hébergent toutes ces données de nos étudiants : il est juridiquement et géographiquement presque impossible de les localiser !
  • Cet épisode interroge également sur la politique numérique française de l’éducation en général et du supérieur en particulier. Que ne nous avait-on pas dit et promis avec les ENT, les fameux Espaces numériques de travail ! À laisser Microsoft, Google et consors s’occuper de cela pour nous, nous sommes en présence d’un double aveu, celui d’un échec et d’une démission. Sans compter que dans l’intervalle sont apparus les réseaux sociaux qui risquent eux aussi de ringardiser les quelques ENT qui avec peine avaient tout de même réussi à se mettre en place (Facebook sera-t-elle la prochaine grosse société américaine à venir frapper aux portes de nos universités ?). On voit bien ici comment le public ne peut pas (ou plus) lutter contre le privé, et c’est fort inquiétant pour ceux qui demeurent attachés à la notion de biens communs. Dernier exemple en date, le risque de voir nos bibliothèques publiques numérisées par… Google et non pas nos propres moyens.

Sur ce je vous laisse avec ce tract qu’il me plait à imaginer entre les mains d’étudiants interloqués[2] mais conscients que cet accord peut en avantager quelques uns sur le court terme mais finir par freiner tout le monde sur le long terme.

Paris Descartes vend ses étudiants à Micro$oft !

SNESup – octobre 2009 – Tract


L’université s’apprête à signer avec Microsoft une convention d’utilisation du bouquet de services Live@edu. Il s’agit de confier à Microsoft le webmail des étudiants et des personnels volontaires. Une offre alléchante : gratuit, sans pub, avec 100 Go chacun, un chat intégré, un espace de stockage personnel, un accès au pack office web… et c’est compatible avec Linux, MacOS, Firefox ! Que demander de plus ?

Plus pour moins cher ?


Avec ce projet, l’université prétend offrir aux étudiants un service meilleur que le webmail actuel, pour un coût inférieur à ce que nos ingénieurs pourraient faire. Pourtant, les histoires d’externalisations sont toujours les mêmes : avant de signer le contrat, tout est rose, une fois signé on paye le prix fort. Un service a un coût, à long terme Microsoft nous le fera payer : Microsoft est un géant, qui nous imposera ses conditions s’il le souhaite.

Halte aux dealers !


Faciliter l’accès des étudiants au pack office web, c’est un cadeau empoisonné. Au lieu de former des utilisateurs avertis de l’informatique, l’université s’apprête à fabriquer des consommateurs dépendants des produits Microsoft. A la sortie de l’université, devenus accros, ils devront acheter au prix public les mêmes produits. L’université renonce donc à sa mission de formation pour servir les intérêts commerciaux d’une entreprise.


Aujourd’hui, les ingénieurs et les enseignants de Paris Descartes enseignent l’informatique via des logiciels libres : chacun peut ainsi utiliser les nouvelles technologies gratuitement et pour longtemps. Aurons-nous toujours cette liberté quand Paris Descartes sera pacsée avec Microsoft ?

Voulons-nous être les clients captifs de Microsoft ou rester des utilisateurs libres de l’informatique ?

Notes

[1] Pour rédiger cet article, je me suis tapé la vidéo de la conférence de presse jusqu’au bout et j’ai été assez stupéfait par la capacité de l’auditoire à ne pas poser les questions qui fâchent !

[2] Crédit photo : TheeErin (Creative Commons By-Sa)




Francis Muguet (1954 – 2009)

C’est avec stupeur et consternation que j’ai appris ce week-end l’annonce de la mort de Francis Muguet, que j’avais entendu en conférence pour la dernière fois pas plus tard que l’été dernier à Rennes[1].

Nous suivions de près ses travaux, en particulier autour du Mécénat Global, inspirateur direct du projet SARD.

« Tout en adressant nos plus sincères condoléances à sa famille, nous vous invitons à poursuivre ses actions et à diffuser ses idées, ce qui semble être le meilleur hommage que l’on puisse lui rendre ». (Benoît Sibaud sur Linuxfr)

Pour mémoire, une intervention de Francis Muguet, interviewé l’année dernière par Bernard Perrigueur (pour BJP Tv News – Lausanne) en pleine Bataille Hadopi.

—> La vidéo au format webm

Notes

[1] Ceci pose d’ailleurs la question du devenir des données numériques publiques d’une personne venant subitement à décéder (et emportant avec elle tous ses mots de passe). Mais il eut été indélicat que de l’évoquer plus avant ici.




Quand la Fondation Codeplex de Microsoft déchire la communauté

A priori nous devrions tous nous réjouir de voir Microsoft faire un pas significatif vers le logiciel libre avec la toute récente création de la Fondation Codeplex, dont l’objectif affiché dès la page d’accueil du site est de « permettre l’échange de code et une entente entre les éditeurs de logiciels et les communautés open source ».

Sauf que, le diable est dans les détails, l’entente proposée concerne donc explicitement les communautés open source et non la communauté du logiciel libre.

A partir de là, méfiance et vigilance nous dit Richard Stallman[1] dans l’article que nous avons traduit ci-dessous, en égratignant au passage le mythique Miguel de Icaza[2] (GNOME, Mono…), membre initial de la Fondation, qui en prend pour son grade en étant qualifié « d’apologiste Microsoft ».

Réponse immédiate de l’intéressé (toujours traduite ci-dessous) qui reproche vertement à Stallman de s’attaquer ainsi à ses propres alliés et de se complaire dans la paranoïa Microsoft, pratique pour fédérer ses troupes mais néfaste si l’on souhaite réellement aller de l’avant.

Au delà du conflit personnel qui frise parfois l’outrage, nous sommes face à une énième opposition entre le logiciel libre et l’open source.

L’avantage de l’open source c’est qu’il rend le logiciel libre enfin fréquentable pour des sociétés comme Microsoft qui l’ont longtemps ignoré puis dénigré. L’inconvénient, rappelé en exergue de ce blog, c’est d’aboutir à ce que le logiciel libre ne finisse par ne plus rien libérer d’autre que du code…

Codeplex… Perplexe ?

Lest CodePlex perplex

Richard Stallman – 5 octobre 2009 – FSF.org
(Traduction Framalang : Olivier Rosseler)

Eneko Astigarraga - CC by-saLa Codeplex Foundation ne fait pas l’unanimité au sein de notre communauté. En effet, le fait que des employés, ou ex-employés de Microsoft, plus l’apologiste Miguel de Icaza, dominent le comité de direction n’a rien de rassurant. Mais l’habit ne fait pas nécessairement le moine.

Le jour viendra où nous pourrons juger l’organisation pour ses actions (ainsi que sa communication). À l’heure d’aujourd’hui, nous pouvons seulement essayer d’anticiper ses actions, d’après ses déclarations et celles de Microsoft.

On remarque premièrement que l’organisation évite soigneusement de parler de la liberté des utilisateurs, elle emploie le terme « open source » et ne fait pas mention de « logiciel libre ». Ces deux termes définissent deux philosophies qui n’ont pas les mêmes valeurs : le logiciel libre promeut la liberté et la solidarité alors que l’open source s’intéresse uniquement aux aspects pratiques, telle que l’efficience et la fiabilité du logiciel par exemple. Voir Pourquoi l’« open source » passe à coté du problème que soulève le logiciel libre pour plus d’informations.

Il est évidemment préférable pour Microsoft d’affronter l’adversité concrète que représente l’open source plutôt que la position éthique que défend le mouvement du logiciel libre. En ne reconnaissant, et en ne critiquant, que l’open source, comme la société le fait depuis si longtemps, Microsoft poursuit deux objectifs : attaquer un concurrent tout en détournant l’attention d’un autre.

Codeplex applique strictement la même tactique. Son but déclaré est de convaincre les « éditeurs de logiciels commerciaux » de contribuer davantage à l’open source. Comme presque tous les logiciels open source sont aussi des logiciels libres, ces programmes seront certainement libres, mais la philosophie « open source » n’enseigne pas aux développeurs à défendre leurs libertés. S’ils ne comprennent pas l’importance de cette liberté, les développeurs seront plus enclins à succomber aux stratagèmes de Microsoft les encourageant à utiliser des licences plus faibles, ce qui reviendrait à mettre le doigt dans un engrenage, à accepter la cooptation de brevets et à rendre ainsi les logiciels libres dépendant d’éléments privateurs.

Cette fondation n’est pas le premier projet Microsoft à porter le nom de « Codeplex ». On retrouve aussi codeplex.com, une forge qui ne recense pas parmi les licences autorisées, la troisième version de la GNU GPL. Peut-être est-ce dû au fait que la GNU GPL v3 a été créée pour protéger les logiciels libres de la menace que représentent les brevets Microsoft au travers d’accords comme celui conclu entre Novell et Microsoft. Les intentions de la Codeplex Foundation vis à vis de la GPL v3 nous sont encore inconnues, mais le passif de Microsoft n’incite pas à l’optimisme.

Le terme « éditeurs de logiciels commerciaux » est lui-même ambigu. Par définition, toute entreprise a un but commercial, donc tout logiciel développé par une entreprise, qu’il soit libre ou privateur, est automatiquement commercial. Mais beaucoup associent faussement « logiciel commercial » et « logiciel privateur » (voir Termes prêtant à confusion, que vous devriez éviter (ou utiliser avec précaution)).

Cette confusion est grave, puisqu’elle implique qu’on ne peut pas faire commerce de logiciels libres. De nombreux éditeurs de logiciels contribuent déjà aux logiciels libres, et ces contributions commerciales sont très utiles. Peut-être que Microsoft souhaite ici renforcer cette fausse impossibilité dans l’esprit des gens.

Toutes ces considérations prises en compte, il nous apparait que Codeplex encouragera les développeurs à ne pas penser à la liberté. Il instillera subtilement l’idée que le commerce de logiciel libre ne peut se faire sans l’appui des éditeurs de logiciels privateurs commme Microsoft. Il pourrait aussi, cependant, convaincre certains fabricants de logiciels privateurs de publier plus de logiciels libres. Cette contribution servira-t-elle la liberté des utilisateurs ?

Ça ne pourra être le cas que si le logiciel libéré fonctionne correctement sur des plateformes libres, dans des environnements libres. Mais c’est à l’opposé de ce que Microsoft cherche à accomplir.

Sam Ramji, maintenant président de Codeplex, annonçait il y a quelques mois que Microsoft (son employeur d’alors) souhaitait promouvoir le développement d’applications libres qui encourageaient l’usage de Microsoft Windows. Peut-être que Codeplex cherche à corrompre les développeurs de logiciels libres pour qu’ils fassent de Windows leur plateforme principale. Codeplex.com héberge désormais de nombreux projets qui sont des extensions de logiciels privateurs. Ces programmes sont pris dans un piège similaire au Piège Java (voir Libre mais entravé – Le Piège Java).

Mais, même en cas de succès, les implications seraient limitées puisqu’un programme qui ne fonctionne pas (ou mal) dans le Monde Libre ne contribue pas à notre liberté. Un programme non-libre prive ses utilisateurs de leur liberté. Pour éviter de se retrouver ainsi lésés, nous devons rejeter les systèmes privateurs ainsi que les applications privatrices. Les extensions libres pour des programmes privateurs que l’on trouve sur Codeplex accroissent notre dépendance vis à vis de ces programmes privateurs, l’exact opposé de ce dont nous avons besoin.

Les développeurs de logiciels libres sauront-ils résister à ce travail de sape de nos efforts pour gagner plus de liberté ? C’est là que leur éthique devient cruciale. Les développeurs adeptes de la philosophie « open source », pour laquelle la liberté n’est que secondaire, n’attachent peut-être que peu d’importance à la liberté de l’environnement dans lequel leur logiciel est exécuté. Mais les développeurs se battant pour la liberté, la leur comme celle des autres, peuvent reconnaître le piège et l’éviter. Pour rester libre, la liberté doit être notre but.

Si la Codeplex Foundation souhaite devenir un vrai contributeur de la communauté du logiciel libre, elle ne peut se contenter d’extensions libres pour des paquets non-libres. Elle doit encourager le développement de logiciels portables capables de fonctionner sur des plateformes libres basées sur GNU/Linux et d’autres systèmes d’exploitation libres. Si elle essaie de nous leurrer dans une direction opposée, il nous faut absolument nous y refuser.

Mais que les actions de la Codeplex Foundation soient bonnes ou mauvaises, elles ne peuvent excuser les actes d’agression dont Microsoft s’est rendu coupable envers notre communauté. De sa tentative récente de vendre des brevets à des intermédiaires pour qu’ils fassent le sale boulot contre GNU/Linux, à sa croisade pour la promotion des menottes numériques (DRM), Microsoft n’a de cesse de s’en prendre à nous. Nous serions bien naïfs de le perdre de vue.

Copyright 2009 Richard Stallman
La reproduction exacte et la distribution intégrale de cet article est permise sur n’importe quel support d’archivage, pourvu que cette notice soit préservée.

Chacun sa vision

World Views

Miguel de Icaza – 5 octobre 2009 – Blog personnel
(Traduction Framalang : Olivier Rosseler)

Storem - CC by-saApparemment, Richard Stallman n’a rien de mieux à faire que de m’attaquer personnellement. Dans son dernier texte, il s’est trouvé une nouvelle lubie : me traiter d’apologiste de Microsoft car je ne participe pas à sa chasse aux sorcières.

J’ai simplement un point de vue différent du sien au sujet de Microsoft. Certains de ses employés sont des personnes vraiment bien, et je sais qu’ils sont nombreux au sein de l’entreprise à essayer de lui faire prendre une meilleure voie. Cela fait maintenant quelques années que j’en parle sur mon blog.

Au fond, nous voulons tous les deux la même chose : le succès du logiciel libre. Mais Richard, plutôt que d’utiliser son temps pour défendre sa cause, s’en prend à ses propres alliés car ils ne sont pas pareils que lui. À ses yeux, débiter des inepties, telles que Linus « ne croit pas en la Liberté », est tout à fait normal[3].

Tout est une question de point de vue

Il y a de cela quelques années, j’ai eu la chance d’échanger avec Benjamin Zander sur son monde des possibles. Son livre, « L’art des possibilités » m’a profondément marqué.

Benjamin y raconte cette histoire :

Deux vendeurs de chaussures sont envoyés en Afrique au début du XXe siècle en prospection.

Le premier envoie son télégramme : « Situation désespérée. Stop. Personne ne porte de chaussures ».

L’autre envoie : « Opportunité d’affaires. Stop. Ils n’ont pas de chaussures ».

Notre temps sur Terre étant limité, j’ai décidé d’occuper le mien à essayer de faire comme le deuxième vendeur. J’essaie de voir des possibilités quand d’autres ne voient aucun débouché.

J’aime mon boulot pour cette raison précise, parce que je travaille avec des amis qui défient sans cesse les probabilités et parce que nous avons toujours su faire mentir ceux qui nous critiquent. Chacun de mes collègues veut changer le monde et aucun d’entre nous ne se laisse décourager par la peur.

La peur est un frein puissant et empêche trop souvent les gens de proposer des solutions créatives. Je préfère largement travailler à l’élaboration de solutions constructives plutôt que de me plaindre.

La paranoïa est un secteur très actif. C’est la solution de facilité pour ceux qui ne savent pas mener leurs troupes en donnant l’exemple. Créez un bouc émissaire, enrobez votre histoire, mentez, ou propagez des semi-vérités, satanisez, voilà une bonne recette pour fédérer votre base.

La paranoïa de Richard

Le documentaire « Le pouvoir des cauchemars » offre une description passionnante de l’économie de la « sécurité », de ces entreprises qui vendent de la « sureté » aux personnes effrayées, de ces dirigeants qui se servent de la peur des gens pour atteindre leurs buts. La paranoïa de Richard n’est en rien différente.

Richard Stallman fait souvent appelle à des bouc émissaire pour rassembler ses troupes. Parfois il s’en prend à Microsoft, d’autres fois il invente des faits, ou sinon il s’en prend à sa propre communauté[4]. Ses élocutions simplistes n’ont rien à envier à celle de Georges W. Bush : le Bien contre le Mal, Nous contre Eux.

La Codeplex Foundation est née de l’effort de ceux, chez Microsoft, qui croit en l’open source. Ils s’acharnent, au sein de l’entreprise, à la changer. Encourager Codeplex est une formidable opportunité d’encourager Microsoft dans la bonne direction.

Mais Richard n’arrive pas à le comprendre.

Aux yeux de Richard, il n’y a rien de bon à tirer de ce monde. Moi, à l’opposé, j’y vois des possibilités et des opportunités.

Non seulement on a jamais attrapé de mouches avec du vinaigre, mais il y a aussi beaucoup de chaussures à vendre.

Notes

[1] Crédit photo : Eneko Astigarraga (Creative Commons By-Sa)

[2] Crédit photo : Storem (Creative Commons By-Sa)

[3] Votre ami Google vous donnera de nombreux exemples d’attaques contre les défenseurs et développeurs de l’open source / logiciel libre.

[4] Le problème « open source » contre « logiciel libre » qui n’en est pas un et la guerre « Linux » contre « GNU/Linux » débutée dans les années 90 mais qui nous poursuit encore.




Enseigner et apprendre l’informatique sans ordinateur

Computer Science UnpluggedLe Framablog se fait volontiers le relai de ceux qui, comme Jean-Pierre Archambault (de l’EPI), souhaient une présence renforcée et assumée de l’informatique à l’école française.

En témoignent ces trois articles mis en ligne : Ouvrons le débat de l’informatique à l’école, L’informatique doit-elle rester un simple outil à l’école ? et, plus récemment, Fracture et solidarité numériques.

Voilà pour la théorie.

Pour ce qui concerne la pratique, c’est-à-dire ce que pourrait être concrètement aujourd’hui un enseignement et un apprentissage de l’informatique en tant que discipline à part entière, c’est encore chez nous en discussion et en débat.

Mais nul doute que le livre (sous licence Creative Commons By-Nc-Nd) Computer Science Unplugged, que vient de traduire l’équipe Intertices[1] et que nous présente ci-dessous Roberto Di Cosmo, sera en bonne place dans la bibliothèque des ressources de référence.

En tordant le coup au passage à deux idées reçues : on peut s’initier et faire de l’informatique sans ordinateur et ce dès le plus jeune âge[2].

Enseigner et apprendre les sciences informatiques à l’école

URL d’origine du document

Roberto Di Cosmo – 9 octobre 2009 – Interstices

Computer Science UnpluggedLes TIC, Technologies de l’Information et de la Communication, ont pris une telle importance dans la société d’aujourd’hui, que le simple fait de priver un de nos concitoyens d’un accès à Internet reviendrait à en faire un citoyen de deuxième classe : on en a besoin pour communiquer, travailler, échanger avec les administrations publiques et les entreprises privées, vendre, acheter, se divertir, s’informer et informer les autres.

Mais ces technologies en évolution rapide changent aussi profondément notre rapport au monde du travail, aux loisirs et à la sphère politique, au point qu’il devient aujourd’hui indispensable de fournir à tous nos concitoyens les notions fondamentales nécessaires pour se constituer un modèle mental correct de ce qu’est l’informatique.

Il ne suffit plus de savoir se servir d’une souris (ce à quoi peut suffire le Brevet Informatique et Internet) : il faut comprendre et maîtriser la véritable mutation sociétale induite par la dématérialisation de l’information, la mise en réseau des connaissances et l’augmentation massive de la puissance de calcul disponible ; cela exige des capacités de traitement et d’analyse conceptuelle de l’information qui ne se font pas sans une bonne familiarité avec ce que l’on appelle, dans certains cercles, la « pensée informatique » (Computational Thinking en anglais).

Computer Science UnpluggedIl est devenu indispensable d’introduire les sciences informatiques de façon généralisée dans l’enseignement primaire et secondaire : c’est une lourde tâche qui devrait commencer par la reconnaissance de l’importance de la discipline, qui ne se résume pas à l’apprentissage de ses épiphénomènes technologiques, passer par la définition d’un programme d’études et se poursuivre par la formation des maîtres, mais cela demandera du temps, alors que le besoin est pressant.

En tant qu’enseignants et/ou chercheurs en informatique, nombre d’entre nous ressentent la nécessité d’y contribuer sans plus attendre : des collègues néozélandais, Tim Bell, Ian H. Witten et Mike Fellows, ont mis en place il y a quelques années un programme d’enseignement des fondements de l’informatique, Computer Science Unplugged, avec le parti pris de transmettre quelques notions de base de façon ludique, et sans aucun recours à l’ordinateur. Ils ont réussi à montrer comment, si on peut passer des heures à cliquer sur une souris sans rien apprendre d’informatique, on peut aussi apprendre beaucoup d’informatique sans toucher une souris.

Computer Science UnpluggedGrâce aux efforts coordonnés par l’équipe d’Interstices, avec le concours de Anne Berry, Paul Gibson, Isabelle Souveton, et de l’association EPI, ces ressources sont enfin disponibles dans la langue de Molière, pour le plus grand plaisir de tous ceux qui désirent faire partager largement aux jeunes générations leur passion pour cette science magnifique qu’est l’informatique. Jouons à découvrir ensemble la puissance magique de la représentation de l’information, des algorithmes et des langages de programmation.

Mais assez de théorie, c’est le moment de passer à la pratique : téléchargez le document (en PDF, 14 Mo), choisissez votre première activité, et faites-la partager aussi largement que possible !

Notes

[1] Interstices est un site de culture scientifique créé par des chercheurs, lancé à l’initiative de l’INRIA, en partenariat avec le CNRS, les Universités et l’ASTI.

[2] Les trois images proviennent du site Computer Science Unplugged et illustrent le contrôle d’erreurs appelé bit de parité.




LinuxÉdu, le groupe qui fait bouger le Libre éducatif de Toulouse et sa région

Logo LinuxEdu - ToulouseMon petit doigt me dit que cette année le Framablog va moins se lamenter sur la situation du Libre dans l’éducation nationale française que par le passé.

D’abord parce même au sein du ministère, les mentalités évoluent. Mais aussi parce que nous souhaitons être plus constructifs en mettant l’accent sur les nombreuses et positives actions de terrain (sachant que ces dernières ne bénéficient pas forcément de la même attention médiatique qu’un projet comme l’Académie en ligne par exemple).

Ici, on ne se lamente pas mais on agit. Et ces actions sont autant de petits ruisseaux qui convergent lentement mais sûrement vers une grande rivière, rivère qui finira bien par passer un jour sous les fenêtres du ministère !

Et justement, cela tombe bien, parce qu’avec le dynamique projet LinuxÉdu de Toulouse et sa région, on tient une action des plus intéressantes qui ne demande qu’à « faire jurisprudence ».

Il est en effet rare, voire unique, d’afficher ainsi officiellement (sur un site académique) sa volonté de promouvoir le logiciel libre à l’école, de réussir à pénétrer le monde a priori fermé de la formation continue pour proposer des stages aux titres plus qu’explicites (exemple : « Linux et les logiciels libres pour l’éducation »), et d’organiser d’originales rencontres publiques (comme les rendez-vous « BarCamp TICE libres » qui débutent le 7 octobre prochain) en collaboration étroite avec Toulibre, le GULL du coin (il y a même un cinéma local impliqué, la totale quoi !).

Nous nous devions d’en savoir plus, en partant à la rencontre de l’un des ses principaux acteurs.

PS : Si d’autres académies veulent se manifester dans les commentaires pour évoquer leurs propres initiatives en faveur du Libre à l’école, qu’elles n’hésitent surtout pas.

Entretien avec Rémi Boulle

Rémi Boulle, bonjour, une petite présentation personnelle ?

Rémi BoulleBonjour, dans la vraie vie, je suis père de famille.

Dans le monde du libre, je participe au projet OpenOffice.org Éducation, suis membre du CA d’EducOOo (qui développe OOo4kids), participe au groupe éducation de l’APRIL et bien sûr au groupe LinuxEdu de l’académie de Toulouse.

Quelles fonctions exercez-vous au sein de l’Académie de Toulouse ?

Je suis professeur de maths dans un collège de la proche banlieue toulousaine. J’enseigne depuis une dizaine d’année (déjà !). Je suis membre de l’IREM (groupe maths et Internet) et fais aussi de la formation continue (stages LinuxÉdu, tableur au collège, WIMS).

Qu’est-ce que le groupe LinuxÉdu ? (historique, structures, objectifs, effectifs, champ d’activites, etc.)


Vu la montée en puissance du libre dans nos métiers et la nécessité pour un professeur de pouvoir utiliser, modifier, redistribuer des ressources et ne voyant rien venir du côté de l’institution, nous nous sommes dits que c’était à nous de prendre des initiatives et de proposer.

Avec des collègues (Frédéric Bellissent et Yves Dhenain), nous avons donc proposé un premier stage « Linux et les logiciels libres pour l’éducation ». Celui-ci a eu beaucoup de demandes. L’intérêt des personnels pour le libre et pour linux est bien présent. Le libre est, pour les enseignants, une nécessité professionnelle. Depuis, nous avons lancé un stage « niveau 2 ».

Tout cela nous a beaucoup encouragé. Nous avons donc continué de fédérer au plan académique les professionnels de l’éducation utilisateurs du libre et à intensifier nos actions. La liste de diffusion, deux sites Internet, le canal IRC, le micro-blogging… sont d’ailleurs des outils essentiels pour cela.

La structure du groupe LinuxÉdu ? Ce serait davantage une communauté de pratique informelle plutôt du côté du bazar que de la cathédrale. Nous mutualisons nos connaissances, échangeons, partageons… Le groupe au sens large est formé de 150 à 200 personnes. On y trouve majoritairement des professeurs, certains en charge de la gestion du réseau de leur établissement mais aussi des personnels du rectorat, des membres des AIDAT (assistance informatique pour les réseaux pédagogiques), du CRIA (idem mais pour les réseaux administratifs) et aussi des développeurs ou des gérants de SSLL travaillant dans l’éducation.

Est-ce le premier et (pour le moment) unique groupe faisant explicitement la promotion du logiciel libre au sein d’un site académique ?


J’ai l’impression que oui. J’espère me tromper. Pourtant faire progresser les pratiques sur ce plan est relativement simple à faire et vite très efficace…

Je profite de cette interview pour lancer un appel à l’ensemble des personnels de l’éducation afin que, dans leurs académies :

  • ils créent une liste de diffusion type linuxedu@ac-monacademie.fr (contacter le service académique ad hoc).
  • ils fassent une communication la plus large possible de l’existence de cette liste dans le maximum de réseaux professionnels (listes professionnelles, syndicats, listes internes…) afin d’en augmenter l’effectif.

Il est fondamental dans un premier temps de rassembler les enseignants innovants que sont les utilisateurs du libre dans une liste de diffusion académique. Le reste suivra.

Vous avez donc réussi à investir la formation continue des enseignants en proposant des stages originaux. Pouvez-vous nous en dire plus ?


Dans notre académie, il n’y avait pas de stages fléchés « ressources libres », « Linux » ou « intéropérabilité ». De nos jours, un Plan Académique de Formation (PAF) sans ce type de contenu ne peut, à mon avis, sembler qu’incomplet. Quid alors des parties « veille technologique et pédagogique », « innovations pédagogiques » sans ce volet ?

Si ce n’était pas à nous de combler ce vide, qui l’aurait fait ?

Il faut savoir qu’en théorie n’importe qui peu proposer des stages de formations. Je veux dire par là que ce n’est pas seulement les gros opérateurs de formations comme les IUFM ou les Inspections. Un personnel peut tout à fait proposer un stage… et voir sa proposition validée. C’est la voie que nous avons suivi.

Lorsque notre proposition de stage est arrivée en commission, je sais qu’elle a été bien accueillie. Le groupe LinuxÉdu s’est constitué au fil de ces formations.

Avez-vous rencontré des résistances internes aussi bien pour ce qui concerne la création de LinuxEdu que pour les propositions de stages ? Mais peut-être que le temps d’une certaine méfiance vis-à-vis du logiciel libre est définitivement révolu ?

Selon Héraclite, les chiens aboient contre les inconnus… face à quelque chose que l’on est incapable de comprendre, l’Homme est plus souvent tenté d’attaquer. Ce fût parfois le cas pour le libre et ce fût le plus souvent cocasse. Ce stade est, je pense, révolu.

Le libre est une solution de qualité professionnelle pour nos établissements scolaires. C’est déjà le cas en entreprise. Au delà du logiciel, la licence libre est tout ce qu’il y a de plus compatible avec les missions d’un professeur. Cela ne semble pas faire de doutes. Reste à vraiment franchir le pas.

Nous travaillons beaucoup avec le Centre Régional de Documentation Pédagogique (CRDP) de Midi-Pyrénées. Nous y avons toujours eu un accueil des plus favorables. Ils ont été un partenaire crucial pour les journées TICE libres en 2009.

La Mission aux TICE de notre académie avec qui nous avons de très bons contacts nous a ouvert la liste de diffusion ainsi qu’un hébergement sans difficultés. Elle fait aussi partie de nos partenaires, nous y avons notamment déjà fait une réunion de travail pour notre projet de paquets « linuxedu ».

De quoi s’agit-il ?

Quasiment tous les serveurs des réseaux pédagogiques des établissements sont sous windows, ce n’est pas le cas pour les réseaux administratifs et des serveur web du rectorat qui sont sous Linux.

L’idée est de mettre à disposition des établissements un paquet logiciel pour linux qui automatise l’intégration d’une machine Linux dans le réseau et qui installe aussi toute une sélection de logiciels et ressources pédagogiques.

Ainsi, un élève ou un professeur, qu’il soit sous Linux ou Windows, utilisera le même compte, retrouvera ses propres documents et bénéficiera de la complémentarité des deux univers.

On a tendance à caricaturer le corps enseignant comme un bloc monolithique assez difficile à déplacer. Comment faites-vous pour arriver à convaincre les enseignants de « s’essayer au Libre » ? Abordez-vous le sujet en insistant sur la qualité technique (angle « open source ») ou en mettant plutôt l’accent sur le caractère éthique et social du logiciel libre (angle « free software ») ?


L’accès au code source importe peu à la très grande majorité des enseignants. Ce n’est tout simplement pas notre métier.

L’angle idéal est celui des ressources. Pouvoir récupérer une ressource pédagogique, la modifier, y adjoindre des éléments venant d’ailleurs, la redistribuer à nos élèves, à nos collègues c’est un aspect très important de notre travail. Cela implique d’avoir des formats ouverts, d’utiliser des logiciels librement distribuables, des ressources libres… Le libre est une condition nécessaire d’exercice forte de notre métier. D’ailleurs beaucoup d’enseignants développent des logiciels libres éducatifs.

Le monde propriétaire même s’il a des produits de qualité complique inutilement notre travail, pose des barrières à la transmission des connaissances à nos élèves, à la mutualisation de nos ressources : problèmes de formats qui ne sont pas intéropérables, de logiciels dont la mise à jour n’est pas automatique, dont on impose indirectement l’achat ou la copie illégale à nos élèves, problème de licence des ressources, difficulté d’interagir avec les développeurs… C’est une vision de l’éducation qui contraste quelque peu avec les valeurs de l’école de la République.

Cette découverte s’accompagne-t-elle de réelles migrations chez nos collègues, jusqu’à changer de système d’exploitation ?


On en observe de plus en plus. Dans tous les cas, la curiosité et l’envie sont très vives. Ce BarCamp est aussi destiné à accompagner celles et ceux qui souhaitent migrer.

Quelles sont vos relations avec la très dynamique association TouLibre ?


Excellentes ! Je suis d’ailleurs membre de Toulibre même si je participe plus souvent aux Qjelt. Ils nous ont beaucoup aidé lors de l’organisation de LinuxEdu Pride 2008, des journées TICE libres 2009 ainsi que pour La journée du libre pour l’éducation en partenariat avec les cinémas Utopia. Nous savons que nous pouvons compter sur eux dans le futur.

Le mercredi 7 octobre prochain aura lieu le premier « BarCamp TICE libres » au CRDP Midi-Pyrénées à Toulouse. Pourquoi une telle manifestation et quel en sera le programme ?


L’idée est de permettre aux collègues d’avoir une antenne du libre éducatif à leur disposition, de servir de point relais, de lieu d’innovation technique et pédagogique. Comme nous avons tous des centres d’intérêts variés et que nous voulons tous avancer, l’organisation sous forme de BarCamp s’est imposée.

Selon Wikipédia, Un BarCamp, c’est une rencontre, une non-conférence ouverte qui prend la forme d’ateliers-événements participatifs où le contenu est fourni par les participants qui doivent tous, à un titre ou à un autre, apporter quelque chose au Barcamp.

Tout le monde est invité à participer quelles que soient ses compétences techniques : on peut présenter un logiciel, un exemple d’activité utilisant les TICE, aborder des aspects techniques mais aussi une simple idée…

« BarCamp » c’est pour faire moderne ou bien cela cache une véritable originalité dans l’organisation et le déroulement de l’évènement ?


Un peu les deux j’avoue. J’ai l’impression que les programmes trop définis, trop minutés ont tendance a attirer moins de participants. L’idée de base est que nous avons tous des compétences, des connaissances et que nous souhaitons les donner et en recevoir. Partageons-les !

Outre TouLibre et LinuxÉdu, Toulouse accueille également le président d’Ubuntu-fr (Christophe Sauthier) et la présidente de Wikimedia France (Adrienne Alix). Est-ce un hasard ? Pourquoi Toulouse a-t-elle de telles bonnes dispositions pour le Libre ? Et pourquoi ne pas avoir encore organisé de RMLL ?


Je ne sais pas. Peut-être le confit de canard et le Gaillac ont-ils tendance à libérer ? À vérifier lors des RMLL à Toulouse 😉

Une dernière chose. Est-ce que le service rendu par le réseau Framasoft vous est utile. Et que nous suggéreriez-vous pour l’améliorer ?


Je suis venu au libre par l’approche « free software » et avec l’aide de Framasoft. Surtout continuez !




Mon Université m’offre ma licence Microsoft Windows

James Wheare - CC byLorsque vous vous rendez sur le site de Microsoft, vous pouvez lire ceci : « MSDN Academic Alliance (MSDNAA) est une offre logicielle destinée à l’enseignement supérieur. Les établissements ayant souscrit à MSDNAA bénéficient des logiciels Microsoft pour la pédagogie (salles de cours, de TP, libre-service pour les étudiants,…) incluant de nombreux produits tels que Windows Vista, Windows XP, Windows Server 2008, Visual Studio 2008, Virtual PC, Visio… Ces logiciels peuvent également être installés sur les machines personnelles des étudiants et enseignants chez eux ! Le tout sans payer les licences des produits. »

Un étudiant d’un de ces établissements peut donc installer sur sa machine personnelle l’offre logicielle contenu dans cet accord, en particulier le logiciel d’exploitation Windows. Mais que se passe-t-il s’il cet étudiant compte s’acheter un nouveau PC pendant son cursus universitaire ? Il ira comme tout le monde dans un magasin spécialisé et achètera un ordinateur avec, encore trop souvent, un Windows préinstallé dedans[1]. Or il n’a aucune raison de le payer puisque son établissement peut le lui fournir gratuitement suite justement aux termes de l’accord MSDNAA !

C’est ce léger « bug dans le système » que souhaite exploiter l’équipe Racketiciel, dans sa dernière campagne Mon Université m’offre ma licence Microsoft Windows.

L’objectif est non seulement d’informer les étudiants pour qu’ils ne se retrouvent pas à payer deux fois leur système d’exploitation, mais aussi de continuer à alerter l’opinion sur la question de la vente liée afin de maintenir la pression sur les constructeurs.

Soutenant cette opération, nous relayons bien volontiers l’appel à la communauté ci-dessous.

Pour les libristes

URL d’origine du document

25 septembre 2009 – Racketiciel.info

Cher(e) Linuxien(ne), cher(e) BSDiste,

Nous, libristes, avons besoin d’une concurrence saine sur les systèmes d’exploitation.

C’est pourquoi nous, équipe racketiciel, nous nous battons contre la situation actuelle où la vente du matériel informatique est subordonnée à celle de la licence des logiciels préinstallés.

Aujourd’hui, nous sommes en train de lancer une campagne mondiale qui devrait marquer un pas de plus dans ce combat, et nous avons besoin de votre aide à tous.

Les actions

Sur le terrain juridique, plusieurs procès ont obligé les constructeurs à rembourser celui qui n’avait pas l’usage des logiciels, en partie grâce au guide du remboursement et à notre équipe accompagnement. Toujours sur le terrain juridique, quelques procès, initiés par l’UFC Que Choisir ou par le Ministère Public, ont obligé les constructeurs à afficher le prix de Microsoft Windows préinstallé. Sur le terrain politique, plusieurs questions au gouvernement ont été présentées par des députés, grâce au précieux travail d’explication de quelques membres de la communauté du libre. Sur le terrain administratif, les contacts sont réguliers avec la DGCCRF.

Le résultat

Ces derniers temps, vous avez peut-être noté l’apparition d’étiquettes dans le rayon informatique de certains magasins, annonçant une possibilité de se faire rembourser Microsoft Windows auprès du constructeur. C’est sans doute en grande partie le résultat de toutes ces actions.

Pour autant, c’est encore totalement insuffisant : l’affichage du prix de la licence n’est pas effectif auprès de l’appareil.

Néanmoins, cette possibilité de remboursement, présente pour certains constructeurs seulement, est irréversible : tout retour en arrière de leur part mettrait trop fortement en lumière la question de la vente subordonnée. Nous entendons profiter de cette évolution irréversible pour mettre la pression d’une manière différente.

C’est l’heure du combat sur le terrain économique

Nous lançons une campagne mondiale :
« Mon Université m’offre ma licence Microsoft Windows »

Les grandes écoles et les universités mettent souvent les licences Microsoft Windows à la disposition de leurs étudiants, y compris sur leur ordinateur personnel. Or, en magasin, les étudiants déboursent tout de même le prix de la licence lors de l’achat de leur ordinateur.

Le but de la campagne est donc d’inciter un maximum d’étudiants dans le monde entier à se faire rembourser la licence (dite OEM) du système Microsoft Windows préinstallé puisqu’ils bénéficient de la licence obtenue via leur institution.

Pourquoi ce type de campagne ?

Pour les étudiants sous Microsoft Windows (et ils sont les plus nombreux), c’est toujours quelques dizaines d’euros de pris. Pour nous, libristes, qui pâtissons à plein de la vente subordonnée, c’est l’effet de masse qui nous intéresse en faisant appel aux étudiants sous Windows. La pression économique sera d’autant plus forte sur les constructeurs, et la pression politique sur l’administration permettra d’imposer la simplification des procédures de remboursement voire de passer à l’optionnalité que nous réclamons.

À terme, l’abolition de la vente subordonnée libérera une place économique pour des offres commerciales autour de GNU-Linux et des autres systèmes libres, avec, nous l’espérons, leur plus large diffusion.

Quel peut être votre rôle ?

Nous cherchons parmi vous des étudiants volontaires pour relayer dans vos facs et écoles respectives l’information sur cette campagne par voie d’affiches, de mails ou tout autre moyen qui vous paraîtra approprié.

Nous comptons sur votre aide sans laquelle cette campagne est inconcevable ! Merci de vous signaler à l’adresse msdnaa@racketiciel.info en indiquant, dans le sujet du message :
Nom_du_Gull/Dépt/Ville/Sigle_Fac_ou_école.

Dans le corps de message, mettez l’adresse complète de votre unité universitaire dans laquelle vous pensez pouvoir relayer l’info (plusieurs si c’est dans vos cordes) et votre email de contact (si différent de celui utilisé pour nous écrire).

Un grand merci !

L’équipe racketiciel.

Notes

[1] Crédit photo : James Wheare (Creative Commons By)




Rencontre avec Caroline d’Atabekian, présidente et cofondatrice de WebLettres

Pourquoi « Framasoft » ? me demande-t-on parfois. Quelle est sa genèse et la signification de ce nom étrange qui évoque tantôt Microsoft, tantôt Framatome.

Retour en arrière. Nous sommes en l’an 2000 dans un collège de Bobigny où une professeur de français et un professeur de mathématiques (votre serviteur) expérimentent ensemble l’usage pédagogique des nouvelles technologies, en direction notamment des élèves en difficulté à l’entrée en sixième. Comme il fallait bien donner un nom au projet, ce sera « Framanet » pour « FRAnçais et MAthématiques en IntraNet »[1].

Le prof de maths se rendit compte qu’avec le temps il avait accumulé une liste conséquente de logiciels libres et gratuits, régulièrement utilisés dans le cadre du projet, qu’il pouvait être intéressant de communiquer à ces collègues. Il décida d’ouvrir une sous-rubrique dédié sur le site web de Framanet : nom de code « Framasoft ». Plus tard, cette sous-rubrique devint site et nom de domaine à part entière, et le pingouin pris son envol…

Et la prof de français me direz-vous ? Elle n’a pas chômé non plus, loin de là, puisqu’elle est à l’initiative[2] de l’association WebLettres, dont le site est rapidement devenu un incontournable rendez-vous des professeurs de la discipline (Framasoft et WebLettres, deux projets d’envergure indirectement issus d’un collège classé ZEP de Seine-Saint-Denis, rien que pour cela l’histoire méritait aussi, je crois, d’être signalée).

Elle s’appelle Caroline d’Atabekian et je suis ravi (et un peu ému) de l’accueillir pour la première fois en ces lieux, à l’occasion de la sortie officielle de Vocabulettres, « une plate-forme d’exercices interactifs à partager » développée par ses soins, dont le caractère collaboratif est souligné par le choix de la licence Creative Commons By-Sa.

Entretien avec Caroline d’Atabekian

Bonjour Caroline, une petite présentation personnelle en quelques mots ?

Je suis professeur de français. J’ai fait mes débuts dans un collège du neuf-trois en 1997, à l’heure des balbutiements d’Internet. J’avais bien compris l’intérêt de mon ordinateur pour préparer mes cours mais il ne m’était pas venu à l’idée que je pouvais m’en servir avec les élèves. C’est un collègue de mathématiques qui m’a un jour ouvert la porte de la salle informatique du collège et m’a ouvert en même temps les yeux sur tout ce qu’on pouvait y faire. Il s’appelait Alexis Kauffmann.

Aujourd’hui j’enseigne toujours au collège pas loin d’une salle informatique, mais à Paris, et je suis présidente de WebLettres.

Alors justement, qu’est-ce que WebLettres ?

C’est une association loi 1901 de professeurs de lettres née en 2002 du regroupement d’une poignée de profs animant un site web pédagogique et qui ont décidé de fédérer leur énergie pour réaliser un grand portail à l’intention des collègues. On ne parlait pas encore de web 2.0 à l’époque.

Nous avons démarré sur quelques listes de discussion, un répertoire de liens relatifs aux programmes de français et un espace d’échange de fichiers de cours et séquences didactiques. Puis peu à peu, d’autres collègues nous ont rejoints, et nous avons créé de nouveaux services : groupes de travail, édition de livres, plateforme de blogs pour les classes…, toujours gratuits et sur la base du bénévolat.

Nos fidèles lecteurs connaissent bien Sésamath. Est-il pertinent ou abusif de dire que WebLettres est au français ce que Sésamath est aux mathématiques ?

C’est à la fois pertinent et abusif. C’est pertinent, dans la mesure où nos associations, avec celle des Clionautes en histoire-géographie, sont animées par un esprit commun, qui consiste à favoriser des échanges entre pairs, promouvoir l’intégration des TIC dans l’enseignement et parfois défendre un engagement pédagogique prononcé, tout cela selon une philosophie de service public, pour les profs mais aussi les élèves. Elles sont en outre fondées sur le même modèle, fait sur lequel nous avons d’ailleurs largement communiqué, ayant connu une histoire et un développement similaires marqués par trois étapes-clés successives : la mutualisation, le travail coopératif puis le travail collaboratif, même si ces étapes ont eu lieu plus ou moins tardivement, plus ou moins massivement[3].

Weblettres - Clionautes - Sésamath - Copyright Soph

C’est abusif, dans la mesure où Sésamath est de très loin l’association qui s’est le plus développée, notamment grâce au travail collaboratif qu’elle a entrepris très tôt et qui lui a permis de mener des projets éditoriaux d’envergure, imprimés ou numériques. Sésamath est plus nombreuse, plus connue et jouit d’une force de travail bien supérieure à la nôtre. Notre engagement dans le travail collaboratif est encore récent et timide (et surtout, pas encore très voyant !) mais il est réel. Nous avons notamment un projet d’édition de livrets d’activités TICE, qui est un projet commun aux trois associations et auquel participent tous les collègues qui ont répondu à notre appel à contributions. Cela dit, nous sommes connus de tous les professeurs de français, ce qui est satisfaisant pour nous et, pour donner un ordre de grandeur, nous recevons aux alentours de 300 000 visiteurs uniques par mois.

Vous sortez donc en cette nouvelle rentrée scolaire, le projet Vocabulettres. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Vocabulettres est d’abord une plateforme d’exercices interactifs, essentiellement de vocabulaire. Elle propose des types d’exercices bien définis, s’inscrivant dans des corpus cohérents. Cela signifie que les exercices ne sont pas classés en fonction de la technique utilisée (exercices à trous, à listes, etc.) mais en fonction de leur objectif pédagogique (travail sur les synonymes, l’étymologie, etc.). Comme tous les services de WebLettres, elle est gratuite et en libre accès pour tous. Les élèves peuvent, de chez eux, y faire quelques exercices, les enseignants peuvent, en classe, y emmener leurs élèves. Mais ils peuvent aussi utiliser les outils de création proposés par Vocabulettres pour fabriquer leurs propres exercices, en fonction des cours qu’ils sont en train de faire et du niveau de leurs élèves. Ils peuvent même inscrire par lots leurs élèves et leur faire fabriquer eux-mêmes des exercices, destinés par exemples à la classe inférieure, ou à leurs camarades.

Weblettres - Vocabulettres - Copyright Soph

Chacun peut retrouver ses exercices dans sa zone de gestion, l’enseignant donne accès à ses élèves aux exercices de de son choix parmi ceux qu’il a créés. Mais il peut aussi, si l’exercice lui paraît abouti, proposer que celui-ci soit rendu public sur Vocabulettres, c’est-à-dire qu’il apparaisse sur le site, le rendant ainsi disponible à tous. Lorsque l’enseignant propose son travail à la publication, celui-ci est examiné par une équipe d’enseignants (c’est là que le travail collaboratif arrive, car tous les enseignants qui le désirent sont invités à faire partie de cette équipe, y compris – et même de préférence – ceux qui proposent leurs exercices à la publication) ; cette équipe vérifie, teste l’exercice, éventuellement le récrit pour l’harmoniser avec les exercices déjà existants puis valide sa publication. L’auteur conserve dans sa zone de gestion l’exercice original, tandis que la copie éventuellement modifiée est rendue publique.

Lorsque l’enseignant, ou l’élève d’ailleurs, propose son exercice à la publication, il doit accepter que celui-ci soit publié sous licence Creative Commons. Il ne peut pas ignorer cette étape, qui est un passage obligé pour la publication. L’explication est rédigée de manière à ce que les enjeux en soient facilement compris par les profs comme par les élèves. Cela peut être aussi l’occasion d’un exercice d’éducation civique.

Nous avons évidemment noté (avec grand plaisir) la présence de la licence Creative Commons By-Sa en bas du site officiel du projet. Est-ce un choix « militant » ou bien un choix « naturel » eu égard aux spécificités et objectifs du projet ?

Weblettres - Tryptique : Mutualisation - Copyright SophS’il y a un choix, un choix militant même, c’est celui de garantir la gratuité et l’égalité d’accès pour tous à ce travail qui est l’œuvre d’une communauté (même si, bien sûr, actuellement il y a encore peu d’auteurs, puisque nous venons tout juste de rendre public le projet !).

Cela étant décidé, la licence libre s’est imposée comme une nécessité. L’expérience de la mutualisation des cours et séquences didactiques a été une bonne leçon pour nous à cet égard.

Lorsque nous avons commencé, il s’agissait d’aider les collègues à partager leurs cours, en leur fournissant un espace de stockage public en ligne. C’était l’époque naïve où la soudaine liberté offerte par la technique nous submergeait, et la question des droits ne nous avait pas effleurés, n’ayant aucune vue d’avenir pour ces fichiers et surtout, aucune idée de l’ampleur que prendrait ce projet.

Weblettres - Tryptique : Coopération - Copyright SophC’est lorsque la pléthore de documents nous a poussés à faire des sélections, des classements et, en général, à retravailler les documents, donc à les modifier, que nous avons compris que rien ne serait possible tant que ce qui est mutualisé sur le site restait placé sous le sceau par défaut du copyright. Forts de cette expérience, nous avons cette fois sérieusement examiné les licences avant de nous plonger dans d’autres projets collectifs. Ainsi, Vocabulettres, mais aussi les Livrets TICE, sont-ils placés sous le signe de la licence libre.

Si les exercices créés dans Vocabulettres sont sous licence Creative Commons, qu’en est-il de la licence du programme Vocabulettres proprement dit ? Est-il lui aussi sous licence libre (GPL ou autre) ?

Il y a moins d’urgence pour nous de ce côté-là, bien sûr. Pour Vocabulettres, le problème est le même que pour le répertoire de liens : nous sommes très favorables à la libération de ces programmes (qui sont en pur PHP/MySQL) mais il nous est techniquement difficile d’en livrer les sources au téléchargement, pour les raisons banales que rencontrent bien des gens dans notre cas, à savoir :

  • cela nous demande un travail supplémentaire (et un temps précieux) d’isoler les sources ;
  • il s’agit de programmes en constante évolution, et nous n’avons pas les moyens (humains, en temps) de mettre à jour les versions téléchargeables successives.

Weblettres - Tryptique : Collaboration - Copyright SophIl le faudra pourtant, parce que j’imagine que des professeurs de langues, notamment, voire des professeurs à l’étranger, pourraient être tentés de créer leurs exercices sur WebLettres, que nous ne publierions pas parce que ce ne seront pas des exercices de français. Mais nous n’avons aucun programmeur chez WebLettres (Notre webmestre est saturé et, en ce qui concerne Vocabulettres, tout est fait maison par mes blanches mains sur mon temps libre), c’est le triste lot des professeurs de lettres qui, comme chacun sait, sont plus littéraires que programmeurs.

Il semblerait que ce soit la première fois que vous utilisiez explicitement une licence libre pour vos projets. Mais peut-on dire que, tel Monsieur Jourdain, WebLettres a, depuis ses origines, souvent fait du « libre » sans le savoir ?

Disons, sans se poser la question. Le problème, c’est que quand on ne se pose pas de question sur les droits de ce que l’on publie, on se retrouve à faire du copyright sans le vouloir !

Vous êtes l’auteur du logiciel Vocabulettres et du « CMS maison » sur lequel repose le site web de WebLettres, Php et MySql n’ont donc plus de secret pour vous. Pourquoi cet intérêt pour le développement informatique et quelles explications donneriez-vous à la raréfaction de votre sexe dans ce secteur ?

Le site a encore quelques mystères pour moi car notre webmestre, François Giroud, est repassé derrière moi, notamment pour le sécuriser, car j’avais laissé quelques trous.

Personnellement, je me suis mise à la programmation parce que j’avais besoin de créer pour mes élèves des pages dynamiques et que les outils alors à disposition me semblaient insuffisants (le premier étant, bien sûr, Hot Potatoes…).

Je ne parlerais pas de « raréfaction », car cela suppose une évolution croissante de cette rareté, ce qui n’est pas le cas à mon avis. Il y a peu de femmes programmeuses, mais il y en a de plus en plus. Comme dans bien d’autres milieux…

Un dernier mot en direction de la « communauté libriste » qui va vous lire ?

Eh bien puisque j’ai la parole sur Framasoft, je vais en profiter pour lancer cet appel : si quelqu’un veut bien s’occuper d’isoler les scripts de Vocabulettres et de mettre à jour les versions téléchargeables – voire même, de faire évoluer la plateforme au fur et à mesure des besoins qui s’expriment sur WebLettres (et ils sont nombreux à attendre sur la ToDoList !) – il sera le bienvenu, et Vocabulettres sera libérée.

Notes

[1] Qu’il me soit permis au passage de remercier Pierre Guillerm, alors principal du collège concerné, pour avoir cru en notre modeste projet en nous aidant à trouver les moyens nécessaires pour le développer.

[2] Caroline d’Atabekian est cofondatrice de Weblettres avec Jean-Eudes Gadenne.

[3] Les illustrations qui parsèment ce billet sont l’oeuvre de Soph’ et appartiennent à WebLettres.




Quand Educnet modifie (enfin) son information sur le Libre

Rolands Lakis - CC byEn janvier dernier, j’avais rédigé un billet où je m’étonnais que sur Educnet, le site officiel de l’Éducation nationale consacré aux nouvelles technologies, on puisse lire des conseils qui… déconseillaient l’usage des logiciels et des contenus libres à ses visiteurs[1].

J’avais d’ailleurs pris soin de conserver des copies d’écran des pages incriminées (page 1 sur « l’Open Source » et page 2 sur « l’Open Content »).

Les raisons invoquées étaient assez anachroniques, si l’on considère les missions et objectifs de l’éducation.

Pour rappel, cela donnait ceci pour le logiciel libre :

Il est déconseillé d’utiliser ce type de logiciel si les élèves, leurs enseignants, voire l’établissement scolaire souhaitent garder un monopole d’utilisation des travaux de développement du logiciel libre. Les principes de l’Open Source obligent les développeurs à garantir un accès libre aux améliorations du code source du logiciel libre.

Et cela pour les ressources éducatives libres :

Il est déconseillé au milieu scolaire d’utiliser ce type de contenus si on envisage de valoriser ses travaux en s’associant avec un partenaire privé pour une exploitation commerciale.

De drôles de conseils donc, symptomatiques de ce que j’appellerais une « mentalité propriétaire » encore trop présente et prégnante au sein du ministère de l’Éducation nationale.

J’avais bien entendu envoyé un mail à Educnet pour signifier mon désaccord avec cette manière de présenter les choses. Aucune réponse.

Par contre j’avais reçu en privé quelques messages solidaires d’enseignants travaillant de près ou de loin avec Educnet, m’assurant qu’ils allaient tenter en interne de faire bouger les choses. Mais que je ne vienne surtout pas citer publiquement leurs noms, avaient-ils ajouté, le libre n’étant pas toujours bien vu en haut-lieu dans la cellule TICE du ministère !

No comment…

Toujours est-il que je constate aujourd’hui que ces pages ont été mises à jour (j’imagine cet été, car en juin dernier cela n’avait toujours pas bougé). La seconde page sur « l’Open Content » ayant d’ailleurs été supprimée pour être fondue dans la première.

Qu’il s’agisse de mon billet (en première page Google sur le mot clé « Educnet »), des agissements discrets de mes collègues, ou tout simplement d’une soudaine prise de conscience des éditeurs du site, je suis ravi de constater une certaine évolution, pour ne pas dire une évolution certaine.

Il y a certes encore quelques inexactitudes :

Si les utilisateurs peuvent modifier le contenu ou l’intégrer dans une nouvelle œuvre dite seconde, cela n’est possible qu’avec l’autorisation expresse de l’auteur initial.

Mais c’est sans commune mesure avec la version précédente. La méfiance initiale a disparu, les licences Creative Commons sont citées et, c’est vous dire, on trouve même un lien vers l’encyclopédie Wikipédia 😉

Afin de développer à un moindre coût un projet informatique ou de mener à bien une création numérique, des élèves et leur enseignant peuvent utilement utiliser des logiciels libres ou des œuvres « libres » les modifier ou les améliorer afin de les adapter à leurs besoins. Ils peuvent à leur tour contribuer au développement d’un vaste fond commun de ressources libres.

Quant aux conseils, voici leur nouvelle version :

Dans un souci pédagogique, il est intéressant de travailler avec les élèves sur la notion d’œuvre, d’auteurs, de partage et de co-construction du savoir.

Sur un plan strictement juridique, il suffit de vérifier le contenu des licences sur lesquelles reposent les ressources libres, logiciels ou créations numériques.

Merci Educnet. Désolé pour ce billet qui pavoise sur un ton donner de leçons légèrement condescendant, mais, en tant que membre de la maison, cela me faisait vraiment mal au coeur de lire les informations et arguments de la version antérieure.

Nous sommes certes encore loin d’une prise de position volontaire et assumée en faveur des logiciels et des ressources libres, mais les conseils qui déconseillent ont heureusement bel et bien disparus.

Rendez-vous à la prochaine mise à jour… .

Notes

[1] Crédit photo : Rolands Lakis (Creative Commons By)