LinuxÉdu, le groupe qui fait bouger le Libre éducatif de Toulouse et sa région

Logo LinuxEdu - ToulouseMon petit doigt me dit que cette année le Framablog va moins se lamenter sur la situation du Libre dans l’éducation nationale française que par le passé.

D’abord parce même au sein du ministère, les mentalités évoluent. Mais aussi parce que nous souhaitons être plus constructifs en mettant l’accent sur les nombreuses et positives actions de terrain (sachant que ces dernières ne bénéficient pas forcément de la même attention médiatique qu’un projet comme l’Académie en ligne par exemple).

Ici, on ne se lamente pas mais on agit. Et ces actions sont autant de petits ruisseaux qui convergent lentement mais sûrement vers une grande rivière, rivère qui finira bien par passer un jour sous les fenêtres du ministère !

Et justement, cela tombe bien, parce qu’avec le dynamique projet LinuxÉdu de Toulouse et sa région, on tient une action des plus intéressantes qui ne demande qu’à « faire jurisprudence ».

Il est en effet rare, voire unique, d’afficher ainsi officiellement (sur un site académique) sa volonté de promouvoir le logiciel libre à l’école, de réussir à pénétrer le monde a priori fermé de la formation continue pour proposer des stages aux titres plus qu’explicites (exemple : « Linux et les logiciels libres pour l’éducation »), et d’organiser d’originales rencontres publiques (comme les rendez-vous « BarCamp TICE libres » qui débutent le 7 octobre prochain) en collaboration étroite avec Toulibre, le GULL du coin (il y a même un cinéma local impliqué, la totale quoi !).

Nous nous devions d’en savoir plus, en partant à la rencontre de l’un des ses principaux acteurs.

PS : Si d’autres académies veulent se manifester dans les commentaires pour évoquer leurs propres initiatives en faveur du Libre à l’école, qu’elles n’hésitent surtout pas.

Entretien avec Rémi Boulle

Rémi Boulle, bonjour, une petite présentation personnelle ?

Rémi BoulleBonjour, dans la vraie vie, je suis père de famille.

Dans le monde du libre, je participe au projet OpenOffice.org Éducation, suis membre du CA d’EducOOo (qui développe OOo4kids), participe au groupe éducation de l’APRIL et bien sûr au groupe LinuxEdu de l’académie de Toulouse.

Quelles fonctions exercez-vous au sein de l’Académie de Toulouse ?

Je suis professeur de maths dans un collège de la proche banlieue toulousaine. J’enseigne depuis une dizaine d’année (déjà !). Je suis membre de l’IREM (groupe maths et Internet) et fais aussi de la formation continue (stages LinuxÉdu, tableur au collège, WIMS).

Qu’est-ce que le groupe LinuxÉdu ? (historique, structures, objectifs, effectifs, champ d’activites, etc.)


Vu la montée en puissance du libre dans nos métiers et la nécessité pour un professeur de pouvoir utiliser, modifier, redistribuer des ressources et ne voyant rien venir du côté de l’institution, nous nous sommes dits que c’était à nous de prendre des initiatives et de proposer.

Avec des collègues (Frédéric Bellissent et Yves Dhenain), nous avons donc proposé un premier stage « Linux et les logiciels libres pour l’éducation ». Celui-ci a eu beaucoup de demandes. L’intérêt des personnels pour le libre et pour linux est bien présent. Le libre est, pour les enseignants, une nécessité professionnelle. Depuis, nous avons lancé un stage « niveau 2 ».

Tout cela nous a beaucoup encouragé. Nous avons donc continué de fédérer au plan académique les professionnels de l’éducation utilisateurs du libre et à intensifier nos actions. La liste de diffusion, deux sites Internet, le canal IRC, le micro-blogging… sont d’ailleurs des outils essentiels pour cela.

La structure du groupe LinuxÉdu ? Ce serait davantage une communauté de pratique informelle plutôt du côté du bazar que de la cathédrale. Nous mutualisons nos connaissances, échangeons, partageons… Le groupe au sens large est formé de 150 à 200 personnes. On y trouve majoritairement des professeurs, certains en charge de la gestion du réseau de leur établissement mais aussi des personnels du rectorat, des membres des AIDAT (assistance informatique pour les réseaux pédagogiques), du CRIA (idem mais pour les réseaux administratifs) et aussi des développeurs ou des gérants de SSLL travaillant dans l’éducation.

Est-ce le premier et (pour le moment) unique groupe faisant explicitement la promotion du logiciel libre au sein d’un site académique ?


J’ai l’impression que oui. J’espère me tromper. Pourtant faire progresser les pratiques sur ce plan est relativement simple à faire et vite très efficace…

Je profite de cette interview pour lancer un appel à l’ensemble des personnels de l’éducation afin que, dans leurs académies :

  • ils créent une liste de diffusion type linuxedu@ac-monacademie.fr (contacter le service académique ad hoc).
  • ils fassent une communication la plus large possible de l’existence de cette liste dans le maximum de réseaux professionnels (listes professionnelles, syndicats, listes internes…) afin d’en augmenter l’effectif.

Il est fondamental dans un premier temps de rassembler les enseignants innovants que sont les utilisateurs du libre dans une liste de diffusion académique. Le reste suivra.

Vous avez donc réussi à investir la formation continue des enseignants en proposant des stages originaux. Pouvez-vous nous en dire plus ?


Dans notre académie, il n’y avait pas de stages fléchés « ressources libres », « Linux » ou « intéropérabilité ». De nos jours, un Plan Académique de Formation (PAF) sans ce type de contenu ne peut, à mon avis, sembler qu’incomplet. Quid alors des parties « veille technologique et pédagogique », « innovations pédagogiques » sans ce volet ?

Si ce n’était pas à nous de combler ce vide, qui l’aurait fait ?

Il faut savoir qu’en théorie n’importe qui peu proposer des stages de formations. Je veux dire par là que ce n’est pas seulement les gros opérateurs de formations comme les IUFM ou les Inspections. Un personnel peut tout à fait proposer un stage… et voir sa proposition validée. C’est la voie que nous avons suivi.

Lorsque notre proposition de stage est arrivée en commission, je sais qu’elle a été bien accueillie. Le groupe LinuxÉdu s’est constitué au fil de ces formations.

Avez-vous rencontré des résistances internes aussi bien pour ce qui concerne la création de LinuxEdu que pour les propositions de stages ? Mais peut-être que le temps d’une certaine méfiance vis-à-vis du logiciel libre est définitivement révolu ?

Selon Héraclite, les chiens aboient contre les inconnus… face à quelque chose que l’on est incapable de comprendre, l’Homme est plus souvent tenté d’attaquer. Ce fût parfois le cas pour le libre et ce fût le plus souvent cocasse. Ce stade est, je pense, révolu.

Le libre est une solution de qualité professionnelle pour nos établissements scolaires. C’est déjà le cas en entreprise. Au delà du logiciel, la licence libre est tout ce qu’il y a de plus compatible avec les missions d’un professeur. Cela ne semble pas faire de doutes. Reste à vraiment franchir le pas.

Nous travaillons beaucoup avec le Centre Régional de Documentation Pédagogique (CRDP) de Midi-Pyrénées. Nous y avons toujours eu un accueil des plus favorables. Ils ont été un partenaire crucial pour les journées TICE libres en 2009.

La Mission aux TICE de notre académie avec qui nous avons de très bons contacts nous a ouvert la liste de diffusion ainsi qu’un hébergement sans difficultés. Elle fait aussi partie de nos partenaires, nous y avons notamment déjà fait une réunion de travail pour notre projet de paquets « linuxedu ».

De quoi s’agit-il ?

Quasiment tous les serveurs des réseaux pédagogiques des établissements sont sous windows, ce n’est pas le cas pour les réseaux administratifs et des serveur web du rectorat qui sont sous Linux.

L’idée est de mettre à disposition des établissements un paquet logiciel pour linux qui automatise l’intégration d’une machine Linux dans le réseau et qui installe aussi toute une sélection de logiciels et ressources pédagogiques.

Ainsi, un élève ou un professeur, qu’il soit sous Linux ou Windows, utilisera le même compte, retrouvera ses propres documents et bénéficiera de la complémentarité des deux univers.

On a tendance à caricaturer le corps enseignant comme un bloc monolithique assez difficile à déplacer. Comment faites-vous pour arriver à convaincre les enseignants de « s’essayer au Libre » ? Abordez-vous le sujet en insistant sur la qualité technique (angle « open source ») ou en mettant plutôt l’accent sur le caractère éthique et social du logiciel libre (angle « free software ») ?


L’accès au code source importe peu à la très grande majorité des enseignants. Ce n’est tout simplement pas notre métier.

L’angle idéal est celui des ressources. Pouvoir récupérer une ressource pédagogique, la modifier, y adjoindre des éléments venant d’ailleurs, la redistribuer à nos élèves, à nos collègues c’est un aspect très important de notre travail. Cela implique d’avoir des formats ouverts, d’utiliser des logiciels librement distribuables, des ressources libres… Le libre est une condition nécessaire d’exercice forte de notre métier. D’ailleurs beaucoup d’enseignants développent des logiciels libres éducatifs.

Le monde propriétaire même s’il a des produits de qualité complique inutilement notre travail, pose des barrières à la transmission des connaissances à nos élèves, à la mutualisation de nos ressources : problèmes de formats qui ne sont pas intéropérables, de logiciels dont la mise à jour n’est pas automatique, dont on impose indirectement l’achat ou la copie illégale à nos élèves, problème de licence des ressources, difficulté d’interagir avec les développeurs… C’est une vision de l’éducation qui contraste quelque peu avec les valeurs de l’école de la République.

Cette découverte s’accompagne-t-elle de réelles migrations chez nos collègues, jusqu’à changer de système d’exploitation ?


On en observe de plus en plus. Dans tous les cas, la curiosité et l’envie sont très vives. Ce BarCamp est aussi destiné à accompagner celles et ceux qui souhaitent migrer.

Quelles sont vos relations avec la très dynamique association TouLibre ?


Excellentes ! Je suis d’ailleurs membre de Toulibre même si je participe plus souvent aux Qjelt. Ils nous ont beaucoup aidé lors de l’organisation de LinuxEdu Pride 2008, des journées TICE libres 2009 ainsi que pour La journée du libre pour l’éducation en partenariat avec les cinémas Utopia. Nous savons que nous pouvons compter sur eux dans le futur.

Le mercredi 7 octobre prochain aura lieu le premier « BarCamp TICE libres » au CRDP Midi-Pyrénées à Toulouse. Pourquoi une telle manifestation et quel en sera le programme ?


L’idée est de permettre aux collègues d’avoir une antenne du libre éducatif à leur disposition, de servir de point relais, de lieu d’innovation technique et pédagogique. Comme nous avons tous des centres d’intérêts variés et que nous voulons tous avancer, l’organisation sous forme de BarCamp s’est imposée.

Selon Wikipédia, Un BarCamp, c’est une rencontre, une non-conférence ouverte qui prend la forme d’ateliers-événements participatifs où le contenu est fourni par les participants qui doivent tous, à un titre ou à un autre, apporter quelque chose au Barcamp.

Tout le monde est invité à participer quelles que soient ses compétences techniques : on peut présenter un logiciel, un exemple d’activité utilisant les TICE, aborder des aspects techniques mais aussi une simple idée…

« BarCamp » c’est pour faire moderne ou bien cela cache une véritable originalité dans l’organisation et le déroulement de l’évènement ?


Un peu les deux j’avoue. J’ai l’impression que les programmes trop définis, trop minutés ont tendance a attirer moins de participants. L’idée de base est que nous avons tous des compétences, des connaissances et que nous souhaitons les donner et en recevoir. Partageons-les !

Outre TouLibre et LinuxÉdu, Toulouse accueille également le président d’Ubuntu-fr (Christophe Sauthier) et la présidente de Wikimedia France (Adrienne Alix). Est-ce un hasard ? Pourquoi Toulouse a-t-elle de telles bonnes dispositions pour le Libre ? Et pourquoi ne pas avoir encore organisé de RMLL ?


Je ne sais pas. Peut-être le confit de canard et le Gaillac ont-ils tendance à libérer ? À vérifier lors des RMLL à Toulouse 😉

Une dernière chose. Est-ce que le service rendu par le réseau Framasoft vous est utile. Et que nous suggéreriez-vous pour l’améliorer ?


Je suis venu au libre par l’approche « free software » et avec l’aide de Framasoft. Surtout continuez !




Mon Université m’offre ma licence Microsoft Windows

James Wheare - CC byLorsque vous vous rendez sur le site de Microsoft, vous pouvez lire ceci : « MSDN Academic Alliance (MSDNAA) est une offre logicielle destinée à l’enseignement supérieur. Les établissements ayant souscrit à MSDNAA bénéficient des logiciels Microsoft pour la pédagogie (salles de cours, de TP, libre-service pour les étudiants,…) incluant de nombreux produits tels que Windows Vista, Windows XP, Windows Server 2008, Visual Studio 2008, Virtual PC, Visio… Ces logiciels peuvent également être installés sur les machines personnelles des étudiants et enseignants chez eux ! Le tout sans payer les licences des produits. »

Un étudiant d’un de ces établissements peut donc installer sur sa machine personnelle l’offre logicielle contenu dans cet accord, en particulier le logiciel d’exploitation Windows. Mais que se passe-t-il s’il cet étudiant compte s’acheter un nouveau PC pendant son cursus universitaire ? Il ira comme tout le monde dans un magasin spécialisé et achètera un ordinateur avec, encore trop souvent, un Windows préinstallé dedans[1]. Or il n’a aucune raison de le payer puisque son établissement peut le lui fournir gratuitement suite justement aux termes de l’accord MSDNAA !

C’est ce léger « bug dans le système » que souhaite exploiter l’équipe Racketiciel, dans sa dernière campagne Mon Université m’offre ma licence Microsoft Windows.

L’objectif est non seulement d’informer les étudiants pour qu’ils ne se retrouvent pas à payer deux fois leur système d’exploitation, mais aussi de continuer à alerter l’opinion sur la question de la vente liée afin de maintenir la pression sur les constructeurs.

Soutenant cette opération, nous relayons bien volontiers l’appel à la communauté ci-dessous.

Pour les libristes

URL d’origine du document

25 septembre 2009 – Racketiciel.info

Cher(e) Linuxien(ne), cher(e) BSDiste,

Nous, libristes, avons besoin d’une concurrence saine sur les systèmes d’exploitation.

C’est pourquoi nous, équipe racketiciel, nous nous battons contre la situation actuelle où la vente du matériel informatique est subordonnée à celle de la licence des logiciels préinstallés.

Aujourd’hui, nous sommes en train de lancer une campagne mondiale qui devrait marquer un pas de plus dans ce combat, et nous avons besoin de votre aide à tous.

Les actions

Sur le terrain juridique, plusieurs procès ont obligé les constructeurs à rembourser celui qui n’avait pas l’usage des logiciels, en partie grâce au guide du remboursement et à notre équipe accompagnement. Toujours sur le terrain juridique, quelques procès, initiés par l’UFC Que Choisir ou par le Ministère Public, ont obligé les constructeurs à afficher le prix de Microsoft Windows préinstallé. Sur le terrain politique, plusieurs questions au gouvernement ont été présentées par des députés, grâce au précieux travail d’explication de quelques membres de la communauté du libre. Sur le terrain administratif, les contacts sont réguliers avec la DGCCRF.

Le résultat

Ces derniers temps, vous avez peut-être noté l’apparition d’étiquettes dans le rayon informatique de certains magasins, annonçant une possibilité de se faire rembourser Microsoft Windows auprès du constructeur. C’est sans doute en grande partie le résultat de toutes ces actions.

Pour autant, c’est encore totalement insuffisant : l’affichage du prix de la licence n’est pas effectif auprès de l’appareil.

Néanmoins, cette possibilité de remboursement, présente pour certains constructeurs seulement, est irréversible : tout retour en arrière de leur part mettrait trop fortement en lumière la question de la vente subordonnée. Nous entendons profiter de cette évolution irréversible pour mettre la pression d’une manière différente.

C’est l’heure du combat sur le terrain économique

Nous lançons une campagne mondiale :
« Mon Université m’offre ma licence Microsoft Windows »

Les grandes écoles et les universités mettent souvent les licences Microsoft Windows à la disposition de leurs étudiants, y compris sur leur ordinateur personnel. Or, en magasin, les étudiants déboursent tout de même le prix de la licence lors de l’achat de leur ordinateur.

Le but de la campagne est donc d’inciter un maximum d’étudiants dans le monde entier à se faire rembourser la licence (dite OEM) du système Microsoft Windows préinstallé puisqu’ils bénéficient de la licence obtenue via leur institution.

Pourquoi ce type de campagne ?

Pour les étudiants sous Microsoft Windows (et ils sont les plus nombreux), c’est toujours quelques dizaines d’euros de pris. Pour nous, libristes, qui pâtissons à plein de la vente subordonnée, c’est l’effet de masse qui nous intéresse en faisant appel aux étudiants sous Windows. La pression économique sera d’autant plus forte sur les constructeurs, et la pression politique sur l’administration permettra d’imposer la simplification des procédures de remboursement voire de passer à l’optionnalité que nous réclamons.

À terme, l’abolition de la vente subordonnée libérera une place économique pour des offres commerciales autour de GNU-Linux et des autres systèmes libres, avec, nous l’espérons, leur plus large diffusion.

Quel peut être votre rôle ?

Nous cherchons parmi vous des étudiants volontaires pour relayer dans vos facs et écoles respectives l’information sur cette campagne par voie d’affiches, de mails ou tout autre moyen qui vous paraîtra approprié.

Nous comptons sur votre aide sans laquelle cette campagne est inconcevable ! Merci de vous signaler à l’adresse msdnaa@racketiciel.info en indiquant, dans le sujet du message :
Nom_du_Gull/Dépt/Ville/Sigle_Fac_ou_école.

Dans le corps de message, mettez l’adresse complète de votre unité universitaire dans laquelle vous pensez pouvoir relayer l’info (plusieurs si c’est dans vos cordes) et votre email de contact (si différent de celui utilisé pour nous écrire).

Un grand merci !

L’équipe racketiciel.

Notes

[1] Crédit photo : James Wheare (Creative Commons By)




Rencontre avec Caroline d’Atabekian, présidente et cofondatrice de WebLettres

Pourquoi « Framasoft » ? me demande-t-on parfois. Quelle est sa genèse et la signification de ce nom étrange qui évoque tantôt Microsoft, tantôt Framatome.

Retour en arrière. Nous sommes en l’an 2000 dans un collège de Bobigny où une professeur de français et un professeur de mathématiques (votre serviteur) expérimentent ensemble l’usage pédagogique des nouvelles technologies, en direction notamment des élèves en difficulté à l’entrée en sixième. Comme il fallait bien donner un nom au projet, ce sera « Framanet » pour « FRAnçais et MAthématiques en IntraNet »[1].

Le prof de maths se rendit compte qu’avec le temps il avait accumulé une liste conséquente de logiciels libres et gratuits, régulièrement utilisés dans le cadre du projet, qu’il pouvait être intéressant de communiquer à ces collègues. Il décida d’ouvrir une sous-rubrique dédié sur le site web de Framanet : nom de code « Framasoft ». Plus tard, cette sous-rubrique devint site et nom de domaine à part entière, et le pingouin pris son envol…

Et la prof de français me direz-vous ? Elle n’a pas chômé non plus, loin de là, puisqu’elle est à l’initiative[2] de l’association WebLettres, dont le site est rapidement devenu un incontournable rendez-vous des professeurs de la discipline (Framasoft et WebLettres, deux projets d’envergure indirectement issus d’un collège classé ZEP de Seine-Saint-Denis, rien que pour cela l’histoire méritait aussi, je crois, d’être signalée).

Elle s’appelle Caroline d’Atabekian et je suis ravi (et un peu ému) de l’accueillir pour la première fois en ces lieux, à l’occasion de la sortie officielle de Vocabulettres, « une plate-forme d’exercices interactifs à partager » développée par ses soins, dont le caractère collaboratif est souligné par le choix de la licence Creative Commons By-Sa.

Entretien avec Caroline d’Atabekian

Bonjour Caroline, une petite présentation personnelle en quelques mots ?

Je suis professeur de français. J’ai fait mes débuts dans un collège du neuf-trois en 1997, à l’heure des balbutiements d’Internet. J’avais bien compris l’intérêt de mon ordinateur pour préparer mes cours mais il ne m’était pas venu à l’idée que je pouvais m’en servir avec les élèves. C’est un collègue de mathématiques qui m’a un jour ouvert la porte de la salle informatique du collège et m’a ouvert en même temps les yeux sur tout ce qu’on pouvait y faire. Il s’appelait Alexis Kauffmann.

Aujourd’hui j’enseigne toujours au collège pas loin d’une salle informatique, mais à Paris, et je suis présidente de WebLettres.

Alors justement, qu’est-ce que WebLettres ?

C’est une association loi 1901 de professeurs de lettres née en 2002 du regroupement d’une poignée de profs animant un site web pédagogique et qui ont décidé de fédérer leur énergie pour réaliser un grand portail à l’intention des collègues. On ne parlait pas encore de web 2.0 à l’époque.

Nous avons démarré sur quelques listes de discussion, un répertoire de liens relatifs aux programmes de français et un espace d’échange de fichiers de cours et séquences didactiques. Puis peu à peu, d’autres collègues nous ont rejoints, et nous avons créé de nouveaux services : groupes de travail, édition de livres, plateforme de blogs pour les classes…, toujours gratuits et sur la base du bénévolat.

Nos fidèles lecteurs connaissent bien Sésamath. Est-il pertinent ou abusif de dire que WebLettres est au français ce que Sésamath est aux mathématiques ?

C’est à la fois pertinent et abusif. C’est pertinent, dans la mesure où nos associations, avec celle des Clionautes en histoire-géographie, sont animées par un esprit commun, qui consiste à favoriser des échanges entre pairs, promouvoir l’intégration des TIC dans l’enseignement et parfois défendre un engagement pédagogique prononcé, tout cela selon une philosophie de service public, pour les profs mais aussi les élèves. Elles sont en outre fondées sur le même modèle, fait sur lequel nous avons d’ailleurs largement communiqué, ayant connu une histoire et un développement similaires marqués par trois étapes-clés successives : la mutualisation, le travail coopératif puis le travail collaboratif, même si ces étapes ont eu lieu plus ou moins tardivement, plus ou moins massivement[3].

Weblettres - Clionautes - Sésamath - Copyright Soph

C’est abusif, dans la mesure où Sésamath est de très loin l’association qui s’est le plus développée, notamment grâce au travail collaboratif qu’elle a entrepris très tôt et qui lui a permis de mener des projets éditoriaux d’envergure, imprimés ou numériques. Sésamath est plus nombreuse, plus connue et jouit d’une force de travail bien supérieure à la nôtre. Notre engagement dans le travail collaboratif est encore récent et timide (et surtout, pas encore très voyant !) mais il est réel. Nous avons notamment un projet d’édition de livrets d’activités TICE, qui est un projet commun aux trois associations et auquel participent tous les collègues qui ont répondu à notre appel à contributions. Cela dit, nous sommes connus de tous les professeurs de français, ce qui est satisfaisant pour nous et, pour donner un ordre de grandeur, nous recevons aux alentours de 300 000 visiteurs uniques par mois.

Vous sortez donc en cette nouvelle rentrée scolaire, le projet Vocabulettres. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Vocabulettres est d’abord une plateforme d’exercices interactifs, essentiellement de vocabulaire. Elle propose des types d’exercices bien définis, s’inscrivant dans des corpus cohérents. Cela signifie que les exercices ne sont pas classés en fonction de la technique utilisée (exercices à trous, à listes, etc.) mais en fonction de leur objectif pédagogique (travail sur les synonymes, l’étymologie, etc.). Comme tous les services de WebLettres, elle est gratuite et en libre accès pour tous. Les élèves peuvent, de chez eux, y faire quelques exercices, les enseignants peuvent, en classe, y emmener leurs élèves. Mais ils peuvent aussi utiliser les outils de création proposés par Vocabulettres pour fabriquer leurs propres exercices, en fonction des cours qu’ils sont en train de faire et du niveau de leurs élèves. Ils peuvent même inscrire par lots leurs élèves et leur faire fabriquer eux-mêmes des exercices, destinés par exemples à la classe inférieure, ou à leurs camarades.

Weblettres - Vocabulettres - Copyright Soph

Chacun peut retrouver ses exercices dans sa zone de gestion, l’enseignant donne accès à ses élèves aux exercices de de son choix parmi ceux qu’il a créés. Mais il peut aussi, si l’exercice lui paraît abouti, proposer que celui-ci soit rendu public sur Vocabulettres, c’est-à-dire qu’il apparaisse sur le site, le rendant ainsi disponible à tous. Lorsque l’enseignant propose son travail à la publication, celui-ci est examiné par une équipe d’enseignants (c’est là que le travail collaboratif arrive, car tous les enseignants qui le désirent sont invités à faire partie de cette équipe, y compris – et même de préférence – ceux qui proposent leurs exercices à la publication) ; cette équipe vérifie, teste l’exercice, éventuellement le récrit pour l’harmoniser avec les exercices déjà existants puis valide sa publication. L’auteur conserve dans sa zone de gestion l’exercice original, tandis que la copie éventuellement modifiée est rendue publique.

Lorsque l’enseignant, ou l’élève d’ailleurs, propose son exercice à la publication, il doit accepter que celui-ci soit publié sous licence Creative Commons. Il ne peut pas ignorer cette étape, qui est un passage obligé pour la publication. L’explication est rédigée de manière à ce que les enjeux en soient facilement compris par les profs comme par les élèves. Cela peut être aussi l’occasion d’un exercice d’éducation civique.

Nous avons évidemment noté (avec grand plaisir) la présence de la licence Creative Commons By-Sa en bas du site officiel du projet. Est-ce un choix « militant » ou bien un choix « naturel » eu égard aux spécificités et objectifs du projet ?

Weblettres - Tryptique : Mutualisation - Copyright SophS’il y a un choix, un choix militant même, c’est celui de garantir la gratuité et l’égalité d’accès pour tous à ce travail qui est l’œuvre d’une communauté (même si, bien sûr, actuellement il y a encore peu d’auteurs, puisque nous venons tout juste de rendre public le projet !).

Cela étant décidé, la licence libre s’est imposée comme une nécessité. L’expérience de la mutualisation des cours et séquences didactiques a été une bonne leçon pour nous à cet égard.

Lorsque nous avons commencé, il s’agissait d’aider les collègues à partager leurs cours, en leur fournissant un espace de stockage public en ligne. C’était l’époque naïve où la soudaine liberté offerte par la technique nous submergeait, et la question des droits ne nous avait pas effleurés, n’ayant aucune vue d’avenir pour ces fichiers et surtout, aucune idée de l’ampleur que prendrait ce projet.

Weblettres - Tryptique : Coopération - Copyright SophC’est lorsque la pléthore de documents nous a poussés à faire des sélections, des classements et, en général, à retravailler les documents, donc à les modifier, que nous avons compris que rien ne serait possible tant que ce qui est mutualisé sur le site restait placé sous le sceau par défaut du copyright. Forts de cette expérience, nous avons cette fois sérieusement examiné les licences avant de nous plonger dans d’autres projets collectifs. Ainsi, Vocabulettres, mais aussi les Livrets TICE, sont-ils placés sous le signe de la licence libre.

Si les exercices créés dans Vocabulettres sont sous licence Creative Commons, qu’en est-il de la licence du programme Vocabulettres proprement dit ? Est-il lui aussi sous licence libre (GPL ou autre) ?

Il y a moins d’urgence pour nous de ce côté-là, bien sûr. Pour Vocabulettres, le problème est le même que pour le répertoire de liens : nous sommes très favorables à la libération de ces programmes (qui sont en pur PHP/MySQL) mais il nous est techniquement difficile d’en livrer les sources au téléchargement, pour les raisons banales que rencontrent bien des gens dans notre cas, à savoir :

  • cela nous demande un travail supplémentaire (et un temps précieux) d’isoler les sources ;
  • il s’agit de programmes en constante évolution, et nous n’avons pas les moyens (humains, en temps) de mettre à jour les versions téléchargeables successives.

Weblettres - Tryptique : Collaboration - Copyright SophIl le faudra pourtant, parce que j’imagine que des professeurs de langues, notamment, voire des professeurs à l’étranger, pourraient être tentés de créer leurs exercices sur WebLettres, que nous ne publierions pas parce que ce ne seront pas des exercices de français. Mais nous n’avons aucun programmeur chez WebLettres (Notre webmestre est saturé et, en ce qui concerne Vocabulettres, tout est fait maison par mes blanches mains sur mon temps libre), c’est le triste lot des professeurs de lettres qui, comme chacun sait, sont plus littéraires que programmeurs.

Il semblerait que ce soit la première fois que vous utilisiez explicitement une licence libre pour vos projets. Mais peut-on dire que, tel Monsieur Jourdain, WebLettres a, depuis ses origines, souvent fait du « libre » sans le savoir ?

Disons, sans se poser la question. Le problème, c’est que quand on ne se pose pas de question sur les droits de ce que l’on publie, on se retrouve à faire du copyright sans le vouloir !

Vous êtes l’auteur du logiciel Vocabulettres et du « CMS maison » sur lequel repose le site web de WebLettres, Php et MySql n’ont donc plus de secret pour vous. Pourquoi cet intérêt pour le développement informatique et quelles explications donneriez-vous à la raréfaction de votre sexe dans ce secteur ?

Le site a encore quelques mystères pour moi car notre webmestre, François Giroud, est repassé derrière moi, notamment pour le sécuriser, car j’avais laissé quelques trous.

Personnellement, je me suis mise à la programmation parce que j’avais besoin de créer pour mes élèves des pages dynamiques et que les outils alors à disposition me semblaient insuffisants (le premier étant, bien sûr, Hot Potatoes…).

Je ne parlerais pas de « raréfaction », car cela suppose une évolution croissante de cette rareté, ce qui n’est pas le cas à mon avis. Il y a peu de femmes programmeuses, mais il y en a de plus en plus. Comme dans bien d’autres milieux…

Un dernier mot en direction de la « communauté libriste » qui va vous lire ?

Eh bien puisque j’ai la parole sur Framasoft, je vais en profiter pour lancer cet appel : si quelqu’un veut bien s’occuper d’isoler les scripts de Vocabulettres et de mettre à jour les versions téléchargeables – voire même, de faire évoluer la plateforme au fur et à mesure des besoins qui s’expriment sur WebLettres (et ils sont nombreux à attendre sur la ToDoList !) – il sera le bienvenu, et Vocabulettres sera libérée.

Notes

[1] Qu’il me soit permis au passage de remercier Pierre Guillerm, alors principal du collège concerné, pour avoir cru en notre modeste projet en nous aidant à trouver les moyens nécessaires pour le développer.

[2] Caroline d’Atabekian est cofondatrice de Weblettres avec Jean-Eudes Gadenne.

[3] Les illustrations qui parsèment ce billet sont l’oeuvre de Soph’ et appartiennent à WebLettres.




Quand Educnet modifie (enfin) son information sur le Libre

Rolands Lakis - CC byEn janvier dernier, j’avais rédigé un billet où je m’étonnais que sur Educnet, le site officiel de l’Éducation nationale consacré aux nouvelles technologies, on puisse lire des conseils qui… déconseillaient l’usage des logiciels et des contenus libres à ses visiteurs[1].

J’avais d’ailleurs pris soin de conserver des copies d’écran des pages incriminées (page 1 sur « l’Open Source » et page 2 sur « l’Open Content »).

Les raisons invoquées étaient assez anachroniques, si l’on considère les missions et objectifs de l’éducation.

Pour rappel, cela donnait ceci pour le logiciel libre :

Il est déconseillé d’utiliser ce type de logiciel si les élèves, leurs enseignants, voire l’établissement scolaire souhaitent garder un monopole d’utilisation des travaux de développement du logiciel libre. Les principes de l’Open Source obligent les développeurs à garantir un accès libre aux améliorations du code source du logiciel libre.

Et cela pour les ressources éducatives libres :

Il est déconseillé au milieu scolaire d’utiliser ce type de contenus si on envisage de valoriser ses travaux en s’associant avec un partenaire privé pour une exploitation commerciale.

De drôles de conseils donc, symptomatiques de ce que j’appellerais une « mentalité propriétaire » encore trop présente et prégnante au sein du ministère de l’Éducation nationale.

J’avais bien entendu envoyé un mail à Educnet pour signifier mon désaccord avec cette manière de présenter les choses. Aucune réponse.

Par contre j’avais reçu en privé quelques messages solidaires d’enseignants travaillant de près ou de loin avec Educnet, m’assurant qu’ils allaient tenter en interne de faire bouger les choses. Mais que je ne vienne surtout pas citer publiquement leurs noms, avaient-ils ajouté, le libre n’étant pas toujours bien vu en haut-lieu dans la cellule TICE du ministère !

No comment…

Toujours est-il que je constate aujourd’hui que ces pages ont été mises à jour (j’imagine cet été, car en juin dernier cela n’avait toujours pas bougé). La seconde page sur « l’Open Content » ayant d’ailleurs été supprimée pour être fondue dans la première.

Qu’il s’agisse de mon billet (en première page Google sur le mot clé « Educnet »), des agissements discrets de mes collègues, ou tout simplement d’une soudaine prise de conscience des éditeurs du site, je suis ravi de constater une certaine évolution, pour ne pas dire une évolution certaine.

Il y a certes encore quelques inexactitudes :

Si les utilisateurs peuvent modifier le contenu ou l’intégrer dans une nouvelle œuvre dite seconde, cela n’est possible qu’avec l’autorisation expresse de l’auteur initial.

Mais c’est sans commune mesure avec la version précédente. La méfiance initiale a disparu, les licences Creative Commons sont citées et, c’est vous dire, on trouve même un lien vers l’encyclopédie Wikipédia 😉

Afin de développer à un moindre coût un projet informatique ou de mener à bien une création numérique, des élèves et leur enseignant peuvent utilement utiliser des logiciels libres ou des œuvres « libres » les modifier ou les améliorer afin de les adapter à leurs besoins. Ils peuvent à leur tour contribuer au développement d’un vaste fond commun de ressources libres.

Quant aux conseils, voici leur nouvelle version :

Dans un souci pédagogique, il est intéressant de travailler avec les élèves sur la notion d’œuvre, d’auteurs, de partage et de co-construction du savoir.

Sur un plan strictement juridique, il suffit de vérifier le contenu des licences sur lesquelles reposent les ressources libres, logiciels ou créations numériques.

Merci Educnet. Désolé pour ce billet qui pavoise sur un ton donner de leçons légèrement condescendant, mais, en tant que membre de la maison, cela me faisait vraiment mal au coeur de lire les informations et arguments de la version antérieure.

Nous sommes certes encore loin d’une prise de position volontaire et assumée en faveur des logiciels et des ressources libres, mais les conseils qui déconseillent ont heureusement bel et bien disparus.

Rendez-vous à la prochaine mise à jour… .

Notes

[1] Crédit photo : Rolands Lakis (Creative Commons By)




Fracture et solidarité numériques, par Jean-Pierre Archambault

Ferdinand Reus - CC by-saRien de tel pour aborder la rentrée scolaire qu’un excellent article de synthèse de notre ami Jean-Pierre Archambault qui réunit ici deux de ses sujets favoris : le logiciel libre et la place de l’informatique à l’école.

Il est intéressant de noter que l’auteur a associé dans le titre les termes « fracture » et « solidarité », sachant bien que le logiciel, les contenus et les formats libres et ouverts apportent non seulement une réponse au premier mais développent et favorisent le second[1].

Un article un peu long pour un format blog mais qui vaut le coup ! Pour vous donner un ordre d’idée il correspond à deux cents messages Twitter que l’on parcourerait en enfilade 😉

Fracture et solidarité numériques

URL d’origine du document

Jean-Pierre Archambault – septembre 2009 – Association EPI
Licence Creative Commons By-Nd


Le thème de la fracture numérique est solidement installé dans le paysage des débats sociétaux. La nécessité de la réduire prend des allures de consensus : acceptons-en l’augure. Une raison de fond à cela : la place sans cesse croissante de l’informatique dans tous les secteurs de la société, et les enjeux qui y correspondent. La fracture numérique ce sont les inégalités d’accès aux réseaux, aux contenus entre le Nord et le Sud, ainsi qu’au sein des pays développés. Ce sont aussi les inégalités en terme de maîtrise conceptuelle du numérique. Nous examinerons ces problématiques. Le libre, désormais composante à part entière de l’industrie informatique, a permis de constituer au plan mondial un bien commun informatique, accessible à tous. Nous verrons donc pourquoi il est intrinsèquement lié à la lutte contre la fracture numérique, et donc à la solidarité numérique, avec son approche, transposable pour une part à la production des autres biens informationnels, ses réponses en matière de droit d’auteur. Comme le sont également les formats et les standards ouverts. Et nous rappellerons que dans la société de la connaissance, la « matière grise » et l’éducation jouent, on le sait, un rôle décisif.

Le numérique partout

Le numérique est partout, dans la vie de tous les jours, au domicile de chacun, avec l’ordinateur personnel et l’accès à Internet ; dans l’entreprise où des systèmes de contrôle informatisés font fonctionner les processus industriels. Ses métiers, et ceux des télécommunications, occupent une place importante dans les services. On ne compte plus les objets matériels qui sont remplis de puces électroniques. Il y a relativement, et en valeur absolue, de plus en plus de biens informationnels. C’est l’informatique, pour ne prendre que ces exemples, qui a récemment fait faire de très spectaculaires progrès à l’imagerie médicale et qui permet ceux de la génétique. Elle modifie progressivement, et de manière irréversible, notre manière de poser et de résoudre les questions dans quasiment toutes les sciences expérimentales ou théoriques qui ne peuvent se concevoir aujourd’hui sans ordinateurs et réseaux. Elle change la manière dont nous voyons le monde et dont nous nous voyons nous-mêmes. L’informatique s’invite aussi au Parlement, ainsi on s’en souvient, en 2006, pour la transposition de la directive européenne sur les Droits d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information (DADVSI), suscitant des débats complexes où exercice de la citoyenneté rimait avec technicité et culture scientifique. Et plus récemment avec la « loi Hadopi ».

La fracture numérique

On imagine sans peine que pareille omniprésence de l’informatique signifie des enjeux forts, économiques notamment. Que tous ne soient pas sur un pied d’égalité, loin s’en faut, face aux profondes mutations que le numérique engendre ne saurait a priori surprendre. Cela vaut, à plus ou moins grande échelle, pour tous les pays. Il y a beaucoup de fractures : sanitaires, alimentaires… Culturelles aussi. Ainsi concernant la maîtrise de sa langue maternelle. Ainsi la fracture mathématique, qui serait bien plus grave encore s’il n’y avait pas un enseignement de culture générale mathématique tout au long de la scolarité. Si l’interrogation sur « la poule et l’oeuf » est éternelle, on peut penser qu’« il est certain que la fracture numérique résulte des fractures sociales produites par les inégalités sur les plans économique, politique, social, culturel, entre les hommes et les femmes, les générations, les zones géographiques, etc. »[2].

Un problème d’accès

La fracture numérique tend à être perçue, d’abord et surtout, comme un problème d’accès : les recherches sur Internet avec son moteur préféré ne laissent aucun doute à ce sujet. Il y a ceux pour qui il est possible, facile de disposer d’ordinateurs connectés au réseau mondial, et les autres. C’est vrai pour le monde en général, et la France en particulier. En juin 2008, présentant « ordi 2.0 », plan anti-fracture numérique, Éric Besson rappelait qu’« être privé d’ordinateur aujourd’hui pour les publics fragiles, c’est être privé d’accès à l’information, à la culture, à l’éducation, aux services publics, donc être exposé à un risque accru de marginalisation ». Un premier volet de son plan, qui confirmait la possibilité prévue par la loi de finances 2008, permettait aux entreprises de donner leurs ordinateurs inutiles, mais en état de marche, à leurs salariés, sans charges sociales ni fiscales. Un deuxième volet visait à favoriser la création d’une filière nationale de reconditionnement, de redistribution et de retraitement des ordinateurs, ainsi que la mise en place d’un « label de confiance », garantissant un matériel en état de fonctionnement et vendu à très bas prix.

La fracture numérique a une dimension géographique. De ce point de vue, la question de l’accès égal aux réseaux est primordiale. Une politique d’aménagement du territoire ne peut que s’en préoccuper. Avec l’objectif de « démocratiser le numérique en accélérant le déploiement des infrastructures », la décision 49 du Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française, sous la présidence de Jacques Attali[3], consistait en la « garantie d’une couverture numérique optimale en 2011 ». La décision 51, « faciliter l’accès de tous au réseau numérique » correspondait à l’objectif de réduire les fractures numériques, dont il était dit qu’« elles recouvrent la fracture sociale ». Elle proposait d’« accélérer le taux d’équipement en ordinateurs dans les foyers et TPE/PME avec un objectif d’équipement de 85 % en 2012, au moyen notamment de donations des PC usagés, de soutiens spécifiques aux étudiants, et microcrédit social ».

Pour le World Wide Web consortium qui, le 28 mai 2008, lançait un groupe d’intérêt web mobile pour le développement social (MW4D), « les technologies mobiles peuvent ouvrir aux plus pauvres des accès à des services d’informations essentiels comme les soins de santé, l’éducation, les services administratifs »[4].

L’accès à Internet, un bien commun

Le problème de l’accès est bien réel. De l’accès à Internet, tel qu’il a été créé et a fonctionné jusqu’à maintenant, et qu’il faut préserver. En effet, Internet est, en lui-même, un bien commun accessible à tous, une ressource sur laquelle n’importe quel usager a des droits, sans avoir à obtenir de permission de qui que ce soit. Son architecture est neutre et ouverte. Le « réseau des réseaux » constitue un point d’appui solide dans la lutte contre la fracture numérique[5].

Internet repose sur des standards ouverts de formats de données (HTML pour écrire des pages web) et de protocoles de communication (TCP/IP, HTTP). Il fonctionne à base de logiciels libres : Apache, SendMail, Linux… Il est donc impossible de verrouiller le réseau par la pratique du secret. Les logiciels libres contribuent à construire une plate-forme neutre. Ils la protègent par des licences comme la GPL et la diffusion du code source, garantissant aux développeurs qu’elle le restera dans l’avenir.

Les logiciels et les contenus numériques

Si l’accent est mis, à juste titre, sur la nécessité de disposer d’un ordinateur pour accéder au monde du numérique[6], les discours sont en général plus « discrets » sur le système d’exploitation. Or, sans système d’exploitation, que les acheteurs ont encore trop souvent l’impression de ne pas payer même lorsqu’il est « propriétaire », pas de machine qui fonctionne.

La fracture numérique, c’est aussi les inégalités d’accès aux logiciels et aux contenus, les régimes de propriété intellectuelle qui entravent leur circulation, leur production. Il y a désormais deux informatiques qui coexistent : libre et propriétaire. Des contenus numériques sous copyright mais aussi sous licences Creative Commons. Ces approches diffèrent sensiblement, sont quasiment antinomiques. Le débat sur leurs « mérites » respectifs, et les choix à opérer, se situe de plain-pied dans la problématique de la fracture numérique. Il peut arriver qu’il en soit absent, les deux « protagonistes » n’étant pas explicitement nommés. Cela étant, la Conférence « Repenser la fracture numérique » de l’Association for Learning Technology, dans une vision multidimensionnelle de la fracture numérique, posait la question « Open or proprietary ? »[7]. Une question qui mérite effectivement d’être posée.

Ce fut le cas à l’Université d’été de Tunisie qui s’est déroulée à Hammamet, du 25 au 28 août 2008[8]. Organisée par le Fonds Mondial de Solidarité Numérique (FSN)[9] et par l’Association pour le Développement de l’Éducation en Afrique (ADEA), elle était consacrée au thème de « La solidarité numérique au service de l’enseignement ». À son programme figuraient notamment les usages du TBI (Tableau blanc interactif), la création de ressources pédagogiques par les enseignants « auto-producteurs » et le rôle des communautés d’enseignants, les problématiques de droits d’auteur. Un atelier, qui portait sur les ressources pédagogiques des disciplines scientifiques et techniques des lycées, a fait différentes propositions dont l’une essentielle aux yeux de ses participants, qui affirme que les logiciels et les ressources pédagogiques utilisés et produits doivent être libres. Les standards et les formats de données doivent être ouverts[10]. Trois raisons ont motivé cette proposition : les coûts, le caractère opérationnel de la production collaborative de contenus pédagogiques, et le fait que les modalités de réalisation et les réponses du libre en terme de propriété intellectuelle sont en phase avec la philosophie générale d’un projet de solidarité numérique, à savoir partage, coopération, échange.

Le projet RELI@, « Ressources en ligne pour institutrices africaines », est destiné à améliorer la qualité de l’enseignement dans les pays du Sud par l’utilisation des outils et contenus numériques. Il repose sur des logiciels et ressources libres. Il a tenu son premier atelier à Dakar, du 22 au 24 octobre 2008[11]. Un « Appel de Dakar » a été lancé pour la production panafricaine de ressources pédagogiques numériques libres.

L’Unesco prime le libre

En 2007, l’association Sésamath[12] a reçu le 3e prix UNESCO (sur 68 projets) sur l’usage des TICE[13]. Pour le jury, Sésamath est « un programme complet d’enseignement des mathématiques conçu par des spécialistes, des concepteurs et près de 300 professeurs de mathématiques ». Il a été récompensé « pour la qualité de ses supports pédagogiques et pour sa capacité démontrée à toucher un large public d’apprenants et d’enseignants ».

« Remerciant particulièrement la commission française pour l’UNESCO qui a soutenu officiellement sa candidature », l’association Sésamath a vu dans l’obtention de ce prix « l’ouverture d’une nouvelle ère pour son action, vers l’internationalisation et plus particulièrement encore vers l’aide au développement ». Elle a ajouté : « Que pourrait-il y avoir de plus gratifiant pour des professeurs de Mathématiques que de voir leurs productions coopératives libres (logiciels, manuels…) utilisées par le plus grand nombre et en particulier par les populations les plus défavorisées ? C’est vrai dans toute la Francophonie… mais de nombreuses pistes de traductions commencent aussi à voir le jour. »[14]

Les deux lauréats 2007 étaient le Consortium Claroline[15] et Curriki[16]. Claroline, représenté par l’Université Catholique de Louvain, en Belgique, fournit à quelque 900 établissements répartis dans 84 pays une plate-forme « open source », sous licence GPL, en 35 langues. Claroline offre une série d’outils pédagogiques interactifs et centrés sur l’apprenant. C’est un modèle de réseau et de communauté qui met en relation des apprenants, des enseignants et des développeurs du monde entier. Créée en 2004 par Sun Microsystems, Curriki est une communauté mondiale qui se consacre à l’éducation et à la formation. Elle a désormais le statut d’organisme à but non lucratif. Elle fournit un portail Internet, un ensemble d’outils et de services aux utilisateurs grâce auxquels chacun peut librement concevoir, regrouper, évaluer et enrichir les meilleurs programmes d’enseignement, ce qui permet de répondre aux besoins de toutes les classes d’âge et de toutes les disciplines. Curriki a ainsi créé une communauté très vivante composée d’enseignants, d’apprenants, de ministères de l’Éducation, d’établissements scolaires et d’organisations publiques et privées.

L’UNESCO a ainsi mis à l’honneur des démarches éducatives fondées sur le libre, logiciels et ressources.

Parmi les avantages du libre

Parmi les avantages du libre, bien connus, il y a des coûts nettement moins importants. Si libre ne signifie pas gratuit, on peut toujours se procurer une version gratuite d’un logiciel libre, notamment en le téléchargeant. Une fantastique perspective quand, organisée au niveau d’un pays, la diffusion d’un logiciel libre permet de le fournir gratuitement à tous, avec seulement des coûts de « logistique » pour la collectivité mais une économie de licences d’utilisation à n’en plus finir.

Partage-production collaborative-coopération sont des maîtres mots de la solidarité numérique qui supposent des modalités de propriété intellectuelle qui, non seulement, favorisent la circulation des ressources numériques et les contributions des uns et des autres mais, tout simplement l’autorisent. La réponse est du côté de la GPL et des Creative Commons.

L’on sait la profonde affinité entre libre et standards et formats ouverts. Or, par exemple, les documents produits par un traitement de texte lambda doivent pouvoir être lus par un traitement de texte bêta, et réciproquement. La coopération et l’échange sont à ce prix. Il s’agit là d’une question fondamentale de l’informatique et de la fracture numérique. Tout citoyen du monde doit pouvoir avoir accès à ses données, indépendamment du matériel et du logiciel qu’il utilise. De plus en plus de biens informationnels ont une version numérisée. L’enjeu est d’accéder au patrimoine culturel de l’humanité, de participer à sa production, d’être un acteur à part entière du partage et de la coopération.

Avec le libre, chaque communauté peut prendre en main la localisation/culturisation qui la concerne, connaissant ses propres besoins et ses propres codes culturels mieux que quiconque. Il y a donc, outre une plus grande liberté et un moindre impact des retours économiques, une plus grande efficacité dans le processus, en jouant sur la flexibilité naturelle des créations immatérielles pour les adapter à ses besoins et à son génie propre. C’est aussi plus généralement ce que permettent les « contenus libres », c’est-à-dire les ressources intellectuelles – artistiques, éducatives, techniques ou scientifiques – laissées par leurs créateurs en usage libre pour tous. Logiciels et contenus libres promeuvent, dans un cadre naturel de coopération entre égaux, l’indépendance et la diversité culturelle, l’intégration sans l’aliénation.

Les logiciels (et les ressources) libres, composante à part entière de l’industrie informatique, ne peuvent qu’avoir une place de choix dans la lutte contre la fracture numérique. Sans pour autant verser dans l’angélisme. Entre les grands groupes d’acteurs du libre (communautés de développeurs, entreprises, clients comme les collectivités), dont les motivations et ressorts sont divers, il existe des conflits et des contradictions. Des dérives sont possibles, comme des formes de travail gratuit. Mais au-delà des volontés des individus, il y a la logique profonde d’une façon efficace de produire des contenus de qualité[17].

L’accès à la culture informatique

Dans un texte de l’UNESCO, TIC dans l’éducation[18], il est dit que « l’utilisation des TIC dans et pour l’éducation est vue maintenant dans le monde entier comme une nécessité et une opportunité. ». Les grandes questions sur lesquelles l’UNESCO se concentre en tant « qu’expert et conseiller impartial » sont : « Comment peut-on employer les TIC pour accélérer le progrès vers l’éducation pour tous et durant toute la vie ? (…) En second lieu, les TIC, comme tous les outils, doivent être considérées en tant que telles, et être employées et adaptées pour servir des buts éducatifs. » Elle revendique que « l’initiation à l’informatique soit reconnue comme une compétence élémentaire dans les systèmes d’enseignement »[19].

Le numérique, ce sont des outils conceptuels, des abstractions, une discipline scientifique et technique en tant que telle. Au service des autres disciplines, comme le sont les mathématiques. L’ordinateur est une prothèse du cerveau, dont on se sert d’autant plus intelligemment qu’on en connaît l’« intelligence »[20]. La fracture numérique ne serait-elle pas aussi (d’abord ?) une fracture culturelle, qui ne concerne pas que le Sud ? D’ailleurs, ne parle-t-on pas fréquemment de l’« accès » à la culture ?

« L’utilisation d’un outil, si fréquente et diversifiée soit-elle, ne porte pas en elle-même les éléments qui permettent d’éclairer sa propre pratique. »[21] « Comment en effet procéder à une recherche d’information efficace lorsque l’on n’a aucune connaissance du mode de fonctionnement de l’instrument utilisé ? »[22] Or, une enquête menée auprès de 640 000 utilisateurs de l’internet en France en 2001 avait montré que 87 % d’entre eux ne savaient pas se servir d’un moteur de recherche[23]. « Depuis que "l’homo faber" fabrique des outils et s’en sert, une bonne intelligence de l’outil est considérée comme nécessaire pour une bonne utilisation, efficace, précise et raisonnée : plus on en sait quant aux possibilités de réglage et aux conditions d’utilisation mieux cela vaut, partout. Il n’y aurait que l’informatique qui échapperait à cette règle et où l’ignorance serait un avantage ! »[24].

Partout dans le monde, lutter véritablement contre la fracture numérique suppose de donner à tous les élèves les fondamentaux scientifiques du domaine[25]. L’objectif est la maîtrise de ces instruments intellectuels d’un type nouveau. Elle n’est pas vraiment aisée et nécessite des années d’apprentissage (pour un individu il faut environ 20 ans pour maîtriser l’ensemble des instruments et méthodes liés à l’exercice d’une pensée rationnelle). On voit mal comment la diffusion d’objets matériels permettrait en elle-même de raccourcir les délais d’apprentissage, comment on entrerait dans le monde du numérique, abstrait et conceptuel, sans en faire un objet d’étude.

À l’appui de cette nécessité d’enseignement en tant que tel, le fait que la fracture numérique peut se loger là où on ne l’attend pas. Ainsi pointe-t-on une fracture numérique qui émerge, non plus entre les particuliers, mais entre les entreprises, notamment les plus petites et les plus grandes[26]. D’un côté « les mieux loties, accompagnées d’une armée de consultants ou naturellement aguerries à ces sujets ». De l’autre « des centaines de milliers d’entreprises qui souhaitent ardemment tirer profit, dès maintenant, des outils à disposition mais qui butent sur la complexité technologique, les tarifications inadaptées, les offres sur ou sous dimensionnées sans parler des compétences inaccessibles et en voie de raréfaction ». En fait, on voit aujourd’hui émerger « une nouvelle e-aristocratie qui va à l’encontre de la promesse de démocratisation des bénéfices économiques des NTIC (productivité, économie, accessibilité) ».

Dans leur rapport sur l’économie de l’immatériel[27], Maurice Lévy et Jean-Pierre Jouyet soulignent que, dans l’économie de l’immatériel, « l’incapacité à maîtriser les TIC constituera (…) une nouvelle forme d’illettrisme, aussi dommageable que le fait de ne pas savoir lire et écrire ». Ils mettent en évidence les obstacles qui freinent l’adaptation de notre pays à l’économie de l’immatériel, notamment « notre manière de penser », invitant à changer un certain nombre de « nos réflexes collectifs fondés sur une économie essentiellement industrielle ».

La lutte contre la fracture numérique a bien d’abord une dimension éminemment culturelle. Il s’agit d’un enjeu éducatif majeur, de culture générale scientifique et technique pour tous. D’un défi aussi dont les réponses pour le relever se trouvent d’évidence dans les systèmes éducatifs, dont c’est une des raisons d’être.

Jean-Pierre Archambault
Chargé de mission au CNDP-CRDP de Paris

Notes

[1] Crédit photo : Ferdinand Reus (Creative Commons By-Sa)

[2] Les politiques de tous les bords, beaucoup d’institutions (Banque Mondiale et le G8, l’Union Européenne, l’UNESCO…) s’emparent de la problématique de la fracture numérique, avec l’objectif affirmé de la résorber. D’autres s’en inquiètent : « Dejà, le fait qu’une telle notion fasse l’objet d’un consensus aussi large, au sein de groupes sociaux qui s’opposent les uns aux autres, donne à penser qu’elle est scientifiquement fragile. ». Voir La fracture numérique existe-t-elle ?, Éric Guichard, INRIA – ENS.

[3] http://www.liberationdelacroissance.fr/files…

[4] http://www.sophianet.com/wtm_article47688.fr.htm

[5] On pourra se référer aux études de Yochai Benkler reprises par Lawrence Lessig dans son remarquable ouvrage L’avenir des idées, Presses universitaires de Lyon, 2005. Voir « Innover ou protéger ? un cyber-dilemme », Jean-Pierre Archambault, Médialog n°58.

[6] Mais, à trop privilégier dans le discours le nécessaire équipement de tous, il y a le risque de donner à croire que les intérêts des constructeurs ne sont pas loin, en arrière plan de la « noble » lutte contre la fracture numérique.

[7] http://thot.cursus.edu/rubrique.asp?no=27124

[8] http://www.tunisiait.com/article.php?article=2912

[9] ttp://www.dsf-fsn.org/cms/component/option…

[10] http://repta.net/repta/telechargements/Universite_Tunisie…

[11] Premier atelier RELI@ à Dakar : Appel de DAKAR pour la production panafricaine de ressources pédagogiques numériques libres.

[12] http://sesamath.net

[13] http://portal.unesco.org/fr…

[14] http://www.sesamath.net/blog…

[15] http://www.claroline.net/index.php?lang=fr

[16] http://www.curriki.org/xwiki/bin/view/Main/WebHome

[17] L’économie du logiciel libre, François Élie, Eyrolles, 2008.

[18] http://portal.unesco.org/ci/fr/ev.php-URL_ID=2929…

[19] http://portal.unesco.org/ci/fr/ev.php-URL_ID=4347…

[20] « Informatique et TIC : une vraie discipline ? », Jean-Pierre Archambault, Médialog n° 62,

[21] Ordinateur et système éducatif : quelques questions, in Utilisations de l’ordinateur dans l’enseignement secondaire, Jean-Michel Bérard, Inspecteur général de l’Éducation nationale, Hachette Éducation, 1993.

[22] « La nature du B2i lui permet-elle d’atteindre ses objectifs ? » Jean-François Cerisier, Les dossiers de l’ingénierie éducative n° 55, septembre 2006.

[23] http://barthes.ens.fr/atelier/theseEG/

[24] « Enseigner l’informatique », Maurice Nivat, membre correspondant de l’Académie des Sciences,

[25] Voir : Le bloc-notes de l’EPI, La formation à l’informatique et aux TIC au lycée / Proposition de programme / Seconde Première Terminale et « Quelle informatique enseigner au lycée ? », Gilles Dowek, professeur d’informatique à l’École Polytechnique, intervention à l’Académie des Sciences du 15 mars 2005.

[26] Une fracture numérique existe aussi entre les entreprises, Vincent Fournoux, Le Journal du Net du 31 juillet 2008.

[27] L’économie de l’immatériel – La croissance de demain, rapport de la commission sur l’économie de l’immatériel remis à Thierry Breton, Maurice Lévy, Jean-Pierre Jouyet, décembre 2006.




« Le droit de lire » de Richard Stallman… 13 ans après !

Marfis75 - CC by-saÀ l’heure où le feuilleton Hadopi poursuit ses aventures parlementaires, il nous a semblé intéressant de déterrer un énième écrit de Richard Stallman.

D’abord parce que ce n’est pas tous les jours que Stallman verse dans la nouvelle de science-fiction (et nous parle… d’amour, dans un univers orwellien à souhait[1]). Mais aussi et surtout parce que, bien que rédigé en 1996, ce texte n’est pas loin d’avoir aujourd’hui des petits accents prophétiques (à commencer par la récente affaire Kindle).

Malheureusement…

Le droit de lire

Richard Stallman – février 1997 – GNU.org
(Traduction : Pierre Sarrazin)

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(extrait de « The Road to Tycho », une collection d’articles sur les antécédents de la Révolution lunaire, publiée à Luna City en 2096)

Pour Dan Halbert, la route vers Tycho commença à l’université — quand Lissa Lenz lui demanda de lui prêter son ordinateur. Le sien était en panne, et à moins qu’elle puisse en emprunter un autre, elle échouerait son projet de mi-session. Il n’y avait personne d’autre à qui elle osait demander, à part Dan.

Ceci posa un dilemme à Dan. Il se devait de l’aider — mais s’il lui prêtait son ordinateur, elle pourrait lire ses livres. À part le fait que vous pouviez aller en prison pour plusieurs années pour avoir laissé quelqu’un lire vos livres, l’idée même le choqua au départ. Comme à tout le monde, on lui avait enseigné dès l’école primaire que partager des livres était malicieux et immoral — une chose que seuls les pirates font.

Et il était improbable que la SPA — la Software Protection Authority — manquerait de le pincer. Dans ses cours sur les logiciels, Dan avait appris que chaque livre avait un moniteur de copyright qui rapportait quand et où il était lu, et par qui, à la Centrale des licences. (Elle utilisait ces informations pour attraper les lecteurs pirates, mais aussi pour vendre des renseignements personnels à des détaillants.) La prochaine fois que son ordinateur serait en réseau, la Centrale des licences se rendrait compte. Dan, comme propriétaire d’ordinateur, subirait les punitions les plus sévères — pour ne pas avoir tout tenté pour éviter le délit.

Bien sûr, Lissa n’avait pas nécessairement l’intention de lire ses livres. Elle pourrait ne vouloir l’ordinateur que pour écrire son projet. Mais Dan savait qu’elle venait d’une famille de classe moyenne et qu’elle arrivait difficilement à payer ses frais de scolarité, sans compter ses frais de lecture. Lire les livres de Dan pourrait être sa seule façon d’obtenir son diplôme. Il comprenait cette situation; lui-même avait eu à emprunter pour payer pour tous les articles scientifiques qu’il avait eu à lire. (10% de ces frais allaient aux chercheurs qui écrivaient ces articles; puisque Dan visait une carrière académique, il pouvait espérer que si ses propres articles scientiques étaient souvent lus, il gagnerait un revenu suffisant pour rembourser sa dette).

Par la suite, Dan apprendrait qu’il y eut un temps où n’importe qui pouvait aller à la bibliothèque et lire des articles de journaux, et même des livres, sans avoir à payer. Il y avait des universitaires indépendants qui lisaient des milliers de pages sans subventions des bibliothèques gouvernementales. Mais dans les années 1990, les éditeurs aussi bien commerciaux qu’à but non lucratif avaient commencé à facturer l’accès. En 2047, les bibliothèques offrant un accès public gratuit à la littérature scientifique n’étaient qu’un pâle souvenir.

Il y avait des façons, bien sûr, de contourner la SPA et la Centrale des licences. Elles étaient elles-mêmes illégales. Dan avait eu un compagnon de classe dans son cours sur les logiciels, Frank Martucci, qui avait obtenu un outil illégal de déboguage, et l’avait utilisé pour outrepasser le code du moniteur de copyright quand il lisait des livres. Mais il en avait parlé à trop d’amis, et l’un d’eux l’a dénoncé auprès de la SPA pour une récompense (des étudiants criblés de dettes pouvaient facilement être tentés par la trahison). En 2047, Frank était en prison, non pas pour lecture pirate, mais pour possession d’un débogueur.

Dan apprendrait plus tard qu’il y eut un temps où n’importe qui pouvait posséder des outils de déboguage. Il y avait même des outils de déboguage disponibles gratuitement sur des CD ou qu’on pouvait télécharger du Net. Mais des usagers ordinaires commencèrent à s’en servir pour outrepasser les moniteurs de copyright, et finalement un juge a décidé que c’était devenu leur principale utilisation en pratique. Ceci voulait dire qu’ils étaient illégaux; les développeurs de ces débogueurs furent envoyés en prison.

Les programmeurs avaient encore besoin d’outils pour déboguer, bien sûr, mais les vendeurs de débogueurs en 2047 ne distribuaient que des copies numérotées, et seulement à des programmeurs officiellement licenciés et soumis. Le débogueur que Dan utilisait dans son cours sur les logiciels était gardé derrière un garde-barrière spécial afin qu’il ne puisse servir que pour les exercices du cours.

Il était aussi possible de contourner les moniteurs de copyright en installant un noyau système modifié. Dan apprendrait finalement l’existence de noyaux libres, et même de systèmes d’exploitation entièrement libres, qui avaient existé au tournant du siècle. Mais non seulement étaient-ils illégaux, comme les débogueurs, mais vous ne pouviez en installer un, si vous en aviez un, sans connaître le mot de passe de l’usager superviseur de votre ordinateur. Or, ni le FBI ni l’Aide technique Microsoft ne vous le révèlerait.

Dan conclut qu’il ne pouvait simplement prêter son ordinateur à Lissa. Mais il ne pouvait refuser de l’aider, car il l’aimait. Chaque chance de lui parler le remplissait d’aise. Et le fait qu’elle l’avait choisi pour demander de l’aide pouvait signifier qu’elle l’aimait aussi.

Dan résolut le dilemme en faisant une chose encore plus impensable — il lui prêta l’ordinateur, et lui dit son mot de passe. Ainsi, si Lissa lisait ses livres, la Centrale des licences penserait que c’était lui qui les lisait. C’était quand même un délit, mais la SPA ne s’en rendrait pas compte automatiquement. Ils ne s’en rendraient compte que si Lissa le dénonçait.

Bien sûr, si l’école devait un jour apprendre qu’il avait donné son propre mot de passe à Lissa, ce serait la fin de leurs études, peu importe ce à quoi le mot de passe aurait servi. La politique de l’école était que toute interférence avec ses mécanismes de surveillance de l’utilisation des ordinateurs par les étudiants était punissable. Il n’importait pas qu’aucun mal n’ait été fait — l’offense était de se rendre difficile à surveiller par les administrateurs. Ils supposaient que ça signifiait que vous faisiez quelque chose d’autre qui était interdit, et ils n’avaient pas besoin de savoir de quoi il s’agissait.

Les étudiants n’étaient habituellement pas expulsés pour cela — pas directement. Ils étaient plutôt bannis des systèmes informatiques de l’école, et échouaient inévitablement leurs cours.

Plus tard, Dan apprendrait que ce genre de politique n’a commencé dans les universités que dans les années 1980, quand des étudiants commencèrent à être nombreux à utiliser des ordinateurs. Avant, les universités avaient une approche différente au sujet de la discipline auprès des étudiants; elles punissaient des activités qui causaient du tort, et non pas simplement celles qui soulevaient des doutes.

Lissa ne dénonça pas Dan à la SPA. La décision de Dan de l’aider mena à leur mariage, et les amena aussi à remettre en question ce qu’on leur avait enseigné durant leur enfance au sujet du piratage. Le couple se mit à lire sur l’histoire du copyright, sur l’Union soviétique et ses restrictions sur la copie, et même sur la Constitution originale des États-Unis. Ils déménagèrent à Luna, où ils trouvèrent d’autres gens qui comme eux avaient pris leurs distances par rapport au bras long de la SPA. Quand la révolte de Tycho commença en 2062, le droit universel de lire devint bientôt un de ses buts principaux.

Copyright © 1996 Richard Stallman
La reproduction exacte et la distribution intégrale de cet article est permise sur n’importe quel support d’archivage, pourvu que cette notice soit préservée.

Cet article a été publié dans la parution de février 1997 de Communications of the ACM (volume 40, numéro 2). Il a fait l’objet d’une intéressante note de l’auteur mise à jour en 2007 que nous n’avons pas reproduite ici.

Notes

[1] Crédit photo : Marfis75 (Creative Commons By-Sa)




De la contradiction d’avoir un iPhone

Mat Honan - CC byL’été dernier, me voici attablé à la terrasse d’un café, place de la Bastille, en compagnie de quelques membres influents de la blogosphère française. L’occasion d’évoquer Hadopi. Il allait de soit qu’ils étaient tous contre.

Un petit détail m’a frappé : ils étaient tous accompagnés de leur iPhone, qui d’ailleurs ne leur laissait que rarement plus de cinq minutes de répit. iPhone qui vers la fin de notre entretien est carrément devenu le sujet principal de conversation, lorsque le possesseur de je ne sais plus quelle toute nouvelle application issue de l’App Store a voulu en faire la démonstration aux autres[1].

Peut-on être un pourfendeur d’Hadopi et plus généralement un chaud défenseur des libertés numériques tout en possédant un iPhone ? Certes oui. Sauf que, comme vient nous le rappeler Bruno Kerouanton dans ce court et percutant article, nous sommes peut-être en situation de compromis, voire de compromission, avec quelques uns de nos idéaux, fussent-ils numériques[2].

Le paradoxe du citoyen consommateur

URL d’origine du document

Bruno Kerouanton – 14 septembre 2009 – Le Club des Vigilants
Licence Creative Commons By-Nc

Apple est loin d’être seule en cause mais le succès phénoménal de son iPhone illustre, à bien des égards, le paradoxe du citoyen consommateur contemporain.

D’un côté, il se dit écolo. De l’autre, il se jette sur un appareil dont la batterie est intégrée au téléphone, faisant de l’objet un produit jetable complexe à recycler.

D’un côté, il prône la liberté de téléchargement sur Internet, et le droit de dupliquer à l’infini films et œuvres musicales au grand dam des auteurs et de leurs ayants droit. De l’autre, il se précipite sur l’une des plateformes informatiques les plus verrouillées en termes de mesures anticopie.

D’un côté, il se méfie des monopoles. De l’autre, il utilise la plateforme de téléchargement AppStore qui centralise de manière obligatoire toute application disponible, préalablement soumise à la censure de l’éditeur californien.

D’un côté, il défend les logiciels libres et leur gratuité. De l’autre, il n’a jamais autant acheté de logiciels depuis la mise en place de l’AppStore.

D’un côté, il aime l’anonymat et le respect de la vie privée. De l’autre, il se rue sur l’iPhone qui est l’une des plateformes les plus intrusives, en termes de géolocalisation, mais également de suivi des habitudes d’utilisation et de consommation.

Le succès d’Apple tient à la technologie et à l’innovation. En offrant à ses clients un produit très en avance sur ses concurrents, en termes d’ergonomie et de fonctionnalités, ceux-ci sont prêts à en oublier les inconvénients, voire carrément à en occulter l’existence.

Ce comportement paradoxal doit être pris en compte dans le cadre de nouveaux enjeux sociétaux relatifs aux nouvelles technologies. Risques liés aux réseaux sociaux, difficulté de mise en application de réglementations de type Hadopi et bien d’autres thèmes d’actualité devraient être revus en tenant compte de cette surprenante tendance.

Notes

[1] Crédit photo : Mat Honan (Creative Commons By)

[2] Sur le même sujet on pourra aussi lire cet autre article du Framablog : iPhone 3G : tout ce qui brille n’est pas or.




Pandémie grippale + Sanction Hadopi = Continuité pédagogique non assurée

Freeparking - CC byCette rentrée scolaire rime avec risque annoncé de pandémie grippale A/H1N1.

C’est pourquoi le ministère de l’Éducation nationale a rédigé une circulaire apportant « les réponses que la communauté éducative attend, en matière d’hygiène et de santé au travail et en matière de continuité pédagogique ».

Pour ce qui concerne la continuité pédagogique, on peut lire ceci pour les collèges et les lycées[1] :

« Dans tous les cas d’absence d’élèves, de fermeture de classes ou d’établissements, il appartient à chaque professeur d’assurer la continuité pédagogique des cours de sa discipline. Pour ce faire, plusieurs moyens sont mobilisables ; les établissements s’organiseront en tenant compte de l’ensemble des équipements et des compétences dont ils disposent.

Pour les établissements disposant d’espace numérique de travail (E.N.T.) ou fournissant par le biais d’internet un accès à des ressources pédagogiques, les professeurs pourront adresser les supports de cours et d’exercices aux élèves absents et permettre ainsi un échange continu et interactif ;

En l’absence d’E.N.T., les travaux à faire pourront être mis en ligne sur le site de l’établissement, et s’appuieront sur les manuels scolaires utilisés en classe.

Si le site de l’établissement est indisponible, et pour les élèves ne disposant pas d’accès à internet, les travaux à faire à la maison seront remis aux élèves dès l’avis de fermeture de la classe ou de l’établissement.

De surcroît, les professeurs conseilleront aux familles équipées d’internet de se connecter au site http://www.academie-en-ligne.fr, mis en place par le CNED qui propose à titre gratuit des ressources téléchargeables : cours et exercices sous forme écrite ou audio. Ces ressources seront disponibles dès la mi-septembre pour le premier degré, fin octobre pour la plupart des disciplines d’enseignement général du second degré. »

Le dénominateur commun de toutes ces mesures (sauf une) ?

Elles nécessitent un accès à Internet. Ce qui n’est pas encore le cas de tous les foyers français.

Mais si en plus Hadopi s’en mêle, en étant susceptible de couper la connexion à toute une famille, on arrive à une situation pour le moins problématique !

C’est ce que nous rappelle l’Isoc France[2], dans un récent communiqué que nous avons reproduit ci-dessous, à la veille de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi « Hadopi 2 » (qui aura lieu le mardi 15 septembre prochain).

PS : Pour une lecture (plus que) critique du site de l’Académie en ligne, nous vous renvoyons vers ce billet du Framablog.

Hadopi 2 et pandémie : ne coupez pas l’éducation en ligne !

URL d’origine du document

Isoc – 9 septembre – Communique de Presse

Les solutions proposées pour affronter la pandémie grippale mettent au jour l’inanité des dispositions contenues dans la loi dite Hadopi 2, à commencer par la coupure de l’accès pour toute une famille.

Prochainement proposée au vote du Parlement, cette loi fait suite à la loi Hadopi 1 qui a été partiellement invalidée par le Conseil constitutionnel. Dès le début de la discussion relative à ce premier texte, le chapitre français de l’Internet Society a contesté que la coupure à Internet puisse être une sanction acceptable.

Pour faire face aux fermetures d’établissements, le gouvernement voudrait proposer des cours de substitution par Internet. En attendant que les classes puissent rouvrir normalement, Internet permettra ainsi à nos enfants de continuer à apprendre.

Or, si les dispositions de la Loi Hadopi 2 étaient en vigueur aujourd’hui, l’accès au net de milliers de famille pourrait être suspendu et leurs enfants privés de facto du droit à l’éducation.

Peut-on punir une famille entière, pour les errements supposés d’un de ses membres (ou de ses voisins) ? Quelle législation nationale, pour préserver les profits de quelques artistes et industriels du divertissement, priverait des milliers de familles de l’accès au réseau ?

La pandémie grippale vient rappeler qu’on ne peut pas prétendre entrer dans la société du 21e siècle avec des conceptions disciplinaires d’un autre âge. La société de la connaissance qui s’annonce est une société ouverte, où l’échange direct entre les individus est créateur de richesse et de sens. En votant l’Hadopi 2, les parlementaires français voteront pour le monde d’avant-hier.

La suspension d’Internet ne peut pas être la sanction au téléchargement illégal ou au défaut de sécurisation de sa connexion.

L’Isoc France demande aux députés français de penser au présent et l’avenir de nos enfants, au moment du vote. En leur âme et conscience.

Notes

[1] Crédit photo : Freeparking (Creative Commons By)

[2] Fondée en 1996 par une poignée de pionniers, l’Internet Society France est le Chapitre Français de l’Isoc Association internationale, A l’heure où le réseau devient un enjeu technologique, économique et sociétal majeur, l’Isoc France s’attache à préserver et à défendre les valeurs fondamentales de l’Internet que sont l’universalité, l’accessibilité, le respect des standards ouverts, la non discrimination du réseau et l’interopérabilité des solutions techniques.