Merci à La Nouvelle République du Centre-Ouest

La Nouvelle République - 16 février 2008Très bonne nouvelle et très bon article que celui paru le lundi 16 février dernier sous la plume de Sébastien Kerouanton dans la Nouvelle République.

Titré avec malice « Le conseil général se libère des logiciels payants », il nous raconte pourquoi et comment le conseil général des Deux-Sèvres migrera d’ici 2010 son parc d’un petit millier d’ordinateurs de la suite bureautique Microsoft Office à son alternative libre OpenOffice.org.

Outre cet article on pourra lire un rappel bienvenu de la situation chez les pionniers de la gendarmerie nationale (qui, non, rien de rien, non, ils ne regrettent rien), et deux encarts, l’un sur la différence entre logiciel libre et gratuit (qui pour ne pas évoquer le code source jongle un peu avec les droits de la propriété intellectuelle) et l’autre sur la galaxie du logiciel libre (où quelques logiciels phares sont cités, tout comme Framasoft d’ailleurs).

Vous les trouverez tous en pièce-jointe ci-dessous dans le pdf de l’article tel qu’il est apparu dans le journal papier (ou print chez les modernes).

Nous ne sommes pas là pour distribuer des bons points aux journalistes, mais grand merci. Cela fait non seulement plaisir à lire mais est également susceptible de faire réfléchir d’autres institutions (voire même directement des particuliers) qui hésitent à s’embarquer dans un similaire et salutaire processus.

Vous travaillez dans une collectivité territoriale qui demeure à quai avec Microsoft ? Que ne diriez-vous de subrepticement imprimer le pdf pour le coller sauvagement près de la machine à café !

Quant à la dernière phrase de l’article principal, je me l’encadre près de la cheminée : « L’objectif n’est pas seulement de faire des économies, mais de s’inscrire dans un mouvement politique de changement des comportements. »

Le conseil général se libère des logiciels payants

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La Nouvelle République – Sébastien Kerouanton – Lundi 16 février 2008

Le conseil général va abandonner le coûteux Microsoft Office au profit d’un logiciel libre gratuit. De nombreuses administrations ont déjà fait ce choix.

Au revoir Microsoft Office, bonjour Open Office. Une petite révolution se prépare sur un petit millier d’ordinateurs du conseil général des Deux-Sèvres. D’ici 2010, les logiciels de bureautique de marque Microsoft devraient avoir disparu des PC, au profit de traitements de texte et tableurs d’origine « libre ». C’est à dire gratuits (ou presque, lire par ailleurs).

Gain théorique : 150 € de licence annuelle par poste de travail. « Mais il est trop tôt pour mesurer l’économie réelle, car les coûts induits les premières années ne sont pas encore définis, précise le premier vice-président, Alain Mathieu. Il ne s’agit pas simplement d’installer sur les ordinateurs un logiciel gratuit qu’on a trouvé sur internet ! Reconfigurer les postes aura un coût ».

Le nouveau programme devra en effet s’intégrer dans une longue chaîne informatique et « communiquer » avec de nombreux congénères : des logiciels « métier », spécifiques à un service, développés ou modifiés en interne. « Nous aurons forcément à gérer des problèmes de compatibilité, sur les documents Excel par exemple », prédit Florian Morisset, responsable du service informatique, en charge du chantier de conversion. Il faudra aussi préparer au nouveau logiciel des utilisateurs habitués de longue date aux produits Microsoft. « Nous en sommes à la première étape : former des référents dans chaque service, qui pourront aider leurs collègues », poursuit Florian Morisset.

Un chantier informatique et humain

Observe-t-on des réticences ? « Il y a des a priori infondés sur la qualité du produit, en raison de sa gratuité, et la confiance dans la marque, estime Alain Mathieu. Mais les performances d’Open Office sont largement suffisantes pour l’usage que nous en faisons ». « Les logiciels Word et Excel sont rarement utilisés au delà de 20 % de leurs possibilités », confirme Florian Morisset.

« Le déploiement d’Open Office sera prudent et progressif, reprend Alain Mathieu. L’objectif n’est pas seulement de faire des économies, mais de s’inscrire dans un mouvement politique de changement des comportements. »

Les gendarmes ont gagné au change

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La Nouvelle République – Lundi 16 février 2008

Dans les brigades de gendarmerie des Deux-Sèvres et d’ailleurs, la conversion aux logiciels libres est déjà de l’histoire ancienne. Sur les 70.000 ordinateurs de la gendarmerie nationale (dont 450 pour notre département), la migration de Microsoft Office à Open Office s’est faite en 2005. « Cette phase a duré un an et demi, et les problèmes ont été très limités, explique le lieutenant-colonel Xavier Guimard, à la sous-direction des télécommunications et de l’informatique. Nous avons aujourd’hui très peu de plaintes des gendarmes utilisateurs. A l’époque, il a surtout fallu recréer tous les modèles de documents, et former le personnel. 800.000 € ont été consacrés à la formation ».

Une dépense à comparer avec les 2 millions d’euros investis jusque-là tous les ans dans les achats de licences… L’économie générée par les logiciels libres est considérable. D’autant qu’Open Office s’accommode d’ordinateurs moins performants. Cela génère des économies indirectes sur le renouvellement plus lent du parc informatique.

Les informaticiens de la gendarmerie ont aussi exploité l’accès au code source. La possibilité d’opérer dans les entrailles du logiciel : « Nous avons développé des applications particulières, dont un programme d’assistance dans la rédaction des procédures judiciaires. En communiquant avec deux autres logiciels, il permet au gendarme de gagner du temps ». La gendarmerie estime que cette application créée grâce à l’accès au code source produit un gain annuel de… trois millions d’heures de travail. Prochaine étape : l’adoption de Linux pour remplacer Windows. Cette transition se fera au rythme du renouvellement des unités centrales, et devrait être achevée d’ici cinq à six ans.

Repère

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La Nouvelle République – Lundi 16 février 2008

En matière de logiciel, « libre » et « gratuit » ne sont pas synonymes. Dans le premier cas, le concepteur du logiciel renonce à ses droits sur la propriété intellectuelle de sa création. Dans les faits, ce logiciel libre est souvent disponible gratuitement. Mais une société peut le commercialiser, avec par exemple un service après-vente. Au contraire, rien n’interdit à un créateur de logiciels de distribuer gratuitement l’un de ses produits, tout en en conservant la propriété intellectuelle. Ce « gratuiciel » n’est donc pas libre.

En savoir plus : La galaxie libre

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La Nouvelle République – Lundi 16 février 2008

Parmi les logiciels libres les plus connus du grand public, citons Mozilla Firefox, un navigateur internet qui remplace déjà Explorer sur de nombreux PC. Du côté des messageries, c’est Thunderbird, cousine de Firefox, qui se positionne comme sérieux rival d’Outlook. Pour la bureautique, Open Office, en cours d’adoption au conseil général, détrône déjà Word et Excel dans plusieurs administrations. Moins répandu chez les particuliers, mais en croissance régulière, Linux : ce système d’exploitation grignote le quasi-monopole de Windows. Clam et Clamwin sont les antivirus les plus connus de la sphère libre. Le second étant la version adaptée à Windows. A noter qu’il existe des logiciels libres dédiés à l’apprentissage, au graphisme, à la généalogie, des jeux, etc. (www.framasoft.net)

Edit : Vive la presse régionale ! Aujourd’hui (mardi 17 février) c’est au tour du Bien Public de nous pondre un article en tout point similaire, Logiciels libres : les administrations et collectivités sont séduites, dont voici un extrait que je place au dessus de l’autre sur la cheminée : « Plus que le logiciel libre c’est l’esprit du logiciel libre qui nous séduit : développement, mutualisation, partage d’expérience, enchérit le conseil général. Les vrais enjeux de cette démarche sont d’aboutir à un patrimoine de logiciels utiles aux missions du service public. »




YouTube adopte (enfin) les Creative Commons !

Copie d'écran - YouTube Download - Creative CommonsBonne nouvelle pour la « Culture Libre ». YouTube vient d’annoncer sur son blog une nouvelle fonctionnalité de poids : la possibilité de télécharger les vidéos (testée pour le moment uniquement avec quelques organismes pilotes et partenaires de l’opération, principalement des universités).

C’est sans nul doute pratique, mais la véritable bonne nouvelle n’est que la conséquence de cette nouveauté.

En effet, à partir du moment où YouTube permet à l’utilisateur de télécharger les vidéos pour les stocker dans son ordinateur, nous quittons le monde du streaming et il se pose alors inévitablement la question des droits d’usage de ces vidéos, que vous pouvez potentiellement copier, modifier et partager avec qui bon vous semble.

Du coup, et pour la première fois, il est explicitement accolé une licence à ces vidéos téléchargeables, en l’occurrence les mieux adaptées à ce type d’échanges, à savoir celles du catalogue des Creative Commons, qui autorisent au minimum l’usage et la diffusion sans modification et exploitation commerciale (et au maximum les mêmes droits qu’un utilisateur de logiciels libres).

Quand bien même ce soit déjà une belle avancée, j’espère vivement que cette option ne restera pas réservée aux seuls partenaires de Google et sera vite proposée à tout un chacun (comme c’est déjà le cas depuis bien longtemps sur Blip.tv par exemple) mettant ainsi doucement mais surement (presque) fin aux problèmes des droits d’auteur de la plus emblématique plate-forme de vidéos en ligne.

Pour vous en rendre compte par vous-même, voir par exemple cette vidéo issue d’un cours de Standford et cliquer sur « Download this video » en bas à gauche de la fenêtre.




La migration OpenOffice.org vue par un proviseur de lycée

Snow Kisses Sky - CC byD’ordinaire ce sont les enseignants qui viennent à la barre témoigner de l’intérêt de substituer la suite propriétaire MS Office de Microsoft par la suite bureautique libre OpenOffice.org (sachant que tout est fait par la partie adverse pour ralentir le mouvement).

D’où l’intérêt d’avoir ici la chronique objective d’un proviseur de lycée[1], qui nous explique ses motivations et dresse un premier bilan de l’opération. Travaillant dans un établissement scolaire qui a effectué il y a deux ans la même migration, je me suis reconnu sans peine dans son récit.

Quant à la conclusion, elle est à graver dans le marbre : « Le poids des habitudes et du nombre pèse alors fortement, incitant par souci d’efficacité, dans un monde et dans un domaine où le temps l’emporte sur les principes, à une comparaison technique en défaveur des logiciels libres. Dans notre métier, le temps et la récurrence sont facteurs de réussite ; il convient, me semble-t-il, au regard de l’importance et de la légitimité des enjeux, d’attendre et de persévérer… »

Logiciels libres au Lycée Français International de Pékin

URL d’origine du document (EPI)

Stéphane Sachet – Pékin, le 14 janvier 2009

Paradoxe et pléonasme en deux mots, déjà toute la complexité de la relation à l’informatique s’impose à nous.

Mais restons plus pragmatique, pourquoi et comment avons-nous basculé, au Lycée Français International de Pékin, vers les logiciels libres.

Pour fixer rapidement le contexte, l’établissement en gestion directe de l’AEFE, scolarise environ 1 000 élèves, de la petite section à la terminale, répartis sur trois sites.

Préparant un plan de mise à niveau de l’équipement informatique sur 3 ans, nous avons réalisé en janvier 2008 une enquête auprès des personnels pour identifier et préciser leurs besoins et leurs attentes relatives à l’outil informatique. À cette occasion nous les avons interrogés sur leur capacité à utiliser, dans le cadre professionnel, des logiciels libres et si oui, avec quel accompagnement.

Ce questionnement pose à la fois la question de l’utilisation d’outils commerciaux au sein d’un établissement scolaire mais aussi celles de la compétence technique et de l’engagement des personnels par rapport au TICE.

Pour l’équipe de direction, trois objectifs étaient clairement identifiés : éthique, juridique et financier.

  • Éthique, il va de soi que notre mission et les valeurs de l’école française nous engagent à former des élèves, mais des élèves libres de choisir, on peut même aller jusqu’à espérer, que s’il y a choix il y a réflexion… prémisse de la pensée.
  • Juridique, car tout personnel de direction sait qu’à l’épreuve de la réalité, nos moyens limités et le développement rapide de l’informatique peuvent aboutir à des solutions pirates et par conséquent à un risque juridique bien réel.
  • Financier, le coût d’achat des licences pèse bien sûr et de manière significative sur notre budget.

75 % des personnels se déclaraient être prêts à utiliser des logiciels libres, sous réserve pour une partie d’entre eux de pouvoir bénéficier, en interne de formations à ces logiciels.

La décision fut donc prise au printemps 2008 de basculer vers les logiciels libres sur les trois sites et pour tous les personnels, enseignants, administratifs, en installant durant l’été et à l’occasion du remplacement et de l’extension de nos réseaux la suite open office comprenant entre autres, OpenOffice.org Writer, OpenOffice.org Cal et OpenOffice.org Base.

Six mois après cette mise en oeuvre, que peut-on en dire ? Quels sont les écueils et les contraintes ?

En premier lieu, de façon prévisible, une période d’adaptation technique s’impose. Celle-ci permettant d’appréhender et de maîtriser les différences fonctionnelles d’utilisation entre les logiciels Microsoft et OpenOffice, temps proportionnel à la fréquence d’utilisation et au degré d’autonomie des utilisateurs.

En second lieu, vient la nécessité de mettre à jour pour les enseignants leurs bases de documents et de supports informatiques en relation avec la découverte et la maîtrise progressive des compétences informatiques, compétences clairement définies à cet égard par le B2i.

Enfin, se posent les problèmes d’une part, de communication entre utilisateurs, les logiciels libres n’étant pas majoritairement partagés entre partenaires institutionnels et d’autre part, les problèmes de continuité de pratique, les personnels et les élèves utilisant bien souvent à la maison des logiciels Microsoft, logiciels qu’ils ont découverts et appris à utiliser… à l’école !

Sur le plan technique la conversion des fichiers est assez simple à résoudre, en modifiant quelques habitudes à l’enregistrement.

S’agissant de la comparaison, il me semble que du moins pour la suite OpenOffice.org l’ergonomie et les fonctions avancées souffrent d’une fonctionnalité un peu moins grande. J’en veux pour exemple le publipostage ou le suivi de corrections sous Open office.org Writer ou encore les formules et les renvois sur OpenOffice.org Cal encore peu opérationnels pour les utilisateurs souvent autodidactes que nous sommes dans l’éducation.

Le poids des habitudes et du nombre pèse alors fortement, incitant par souci d’efficacité, dans un monde et dans un domaine où le temps l’emporte sur les principes, à une comparaison technique en défaveur des logiciels libres.

Dans notre métier, le temps et la récurrence sont facteurs de réussite ; il convient, me semble-t-il, au regard de l’importance et de la légitimité des enjeux, d’attendre et de persévérer…

Stéphane Sachet
Proviseur au Lycée Français International de Pékin

Notes

[1] Crédit Photo : Snow Kisses Sky (Creative Commons By)




Du choix risqué du logiciel propriétaire et étranger pour sa défense nationale

Army.mil - CC byLe blog de Libération, animé par le spécialiste maison des questions militaires Jean-Dominique Merchet, nous informe aujourd’hui que nos armées ont été attaquées par un virus informatique.

En effet la Marine nationale, ayant son réseau sous Windows, a récemment été infectée par le ver informatique Conflicker (qui exploite une faille du serveur de ce système d’exploitation), jusqu’à, semble-t-il, empêcher certains avions Rafales de décoller[1].

Sachant que Microsoft avait identifié le problème et averti dès le mois d’octobre ses clients de la nécessité d’effectuer des mises à jour pour s’en prémunir, Jean-Dominique Merchet a raison de pointer là l’inquiétante négligence des services informatiques du Ministère.

Par contre il est passé complètement à côté de la question bien plus fondamentale de confier son informatique à un éditeur étranger de logiciels propriétaires. Qui plus est quand il s’agit de Windows dont on connait les problèmes de sécurité, qui plus est quand on travaille dans le domaine hautement sensible de la Défense nationale.

Heureusement certains commentaires sous son billet ne se sont pas privés de le lui rappeler, commentaires qui se trouvent être comme synthétisés par cette intervention lue sur LinuxFr et que je me suis permis de recopier ci-dessous :

Un ver s’attaque à la Marine française

URL d’origine

Patrick_g – 5 février 2009 – LinuxFr (Journal)

Conficker est le nom d’un ver qui infecte les machines sous Microsoft Windows. Il s’attaque au processus SVCHOST.EXE et il permet d’exécuter du code à distance. Un truc sérieux donc mais, hélas, pas inhabituel dans le monde merveilleux de Windows.

Ce qui est plus inhabituel en revanche c’est qu’il semble que ce ver ait réussi a se propager au sein du réseau informatique de la Marine Nationale (Intramar). L’isolation du réseau a été décidée mais elle a été trop tardive et des ordinateurs de la base aérienne de Villacoublay et du 8ème régiment de transmissions ont été infectés par la bestiole.

Sur ce lien on peut même lire que le 15 et le 16 janvier les chasseurs Rafale de la Marine Nationale qui devaient exécuter une mission n’ont pas pu décoller car ils étaient dans l’incapacité de télécharger les données de leur vol !

A priori Microsoft n’est pas coupable de négligence car un correctif pour la faille de SVCHOST.EXE avait été mis à disposition le 23 octobre 2008. Cette infection est donc entièrement la faute des administrateurs du réseau Intramar qui n’ont pas appliqué les correctifs et qui ont donc indirectement provoqué un gros "couac" dans la capacité de défense du pays.

Les questions qui se posent à la suite de cet épisode sont bien entendu les suivantes :

  • Comment est-il possible qu’une fonction aussi critique que le réseau informatique de la Marine nationale dépende d’un système d’exploitation propriétaire fourni par une firme étrangère ?
  • Comment est-il possible de choisir un système d’exploitation à la réputation sécuritaire plus que douteuse et dont il est impossible de relire le code source pour le vérifier ou l’améliorer ?
  • Comment les administrateurs d’un réseau militaire sensible peuvent-ils laisser leurs serveurs non patchés pendant des mois alors que le danger a été signalé et le que le correctif a été mis à disposition ?

Il y a quelque chose de pourri au royaume de la Royale…

Notes

[1] Crédit photo : Army.mil (Creative Commons By)




L’Angleterre se pose la question du Libre dans l’éducation

Superbomba - CC by-saAprès Barack Obama et l’Open Source, voici une autre traduction émanant de la BBC, autour du Libre et l’éducation cette fois.

C’est un plaisir non dissimulé de voir un tel grand média s’intéresser à la question et lui donner ainsi un fort coup de projecteur dans l’opinion (avec analyses, témoignages, perspectives… du vrai travail de journaliste en somme, tout simplement). Mais c’est également une belle satisfaction de constater la maturité du discours et de l’évaluation du logiciel libre chez la Perfide Albion[1].

Il me tarde de voir pareille situation traverser la Manche. Puissent tous les articles connexes de ce blog modestement y contribuer…

La question du Libre dans l’éducation

Open source question for schools

Andrew Miller – 26 janvier – BBC News
(Traduction Framalang : Daria, Olivier, Don Rico)

Andrew Miller se demande si les logiciels Open Source ne pourraient pas aider les écoles à mieux gérer leur budget.

Au salon British Education Training and Technology, BETT 2009, un rapide coup d’œil suffisait pour se convaincre, par la dimension de l’évènement, que les technologies de l’éducation bénéficient d’un budget plus que conséquent.

Sachant que les logiciels Open Source disponibles gratuitement et librement couvrent l’essentiel des exigences du programme national, on peut se demander pourquoi les écoles n’y ont pas plus recours, avec une économie potentielle de plusieurs millions de livres à la clé.

Comme leur nom le suggère, les logiciels Open Source sont des logiciels communautaires et leur code source est ouvert à tous. N’importe qui peut modifier le logiciel selon ses besoins et ensuite partager ces modifications avec tout le monde.

En entendant parler de logiciel Open Source, nombreux sont ceux qui pensent Linux – le système d’exploitation alternatif disponible sous différentes distributions comme Ubuntu, openSUSE ou Fedora.

Linux propulse les serveurs depuis longtemps, mais l’Open Source touche à toutes sortes de projets. Le navigateur Web Firefox et la suite bureautique OpenOffice en sont de bons exemples.

Promotion ouverte

Dans le secteur de l’éducation, seule une poignée de technophiles, agissant de leur propre initiative, font la promotion des logiciels Open Source et les utilisent pour employer au mieux leur budget technologie.

Les critiques accusent Becta – une agence gouvernementale qui supervise les acquisitions de toutes les technologies pour les écoles – de n’avoir pas assez œuvré à la promotion des logiciels Open Source.

Peter Hughes, responsable des accords d’acquisition au Becta, a assuré à la BBC que Becta sera plus actif dans ce sens.

« En tant qu’organisation, on nous a principalement reproché de ne pas avoir présenté comme il se devait les solutions Open Source et de trop favoriser les solutions propriétaires, comme celles de Microsoft. Nous avons tenu compte de ces critiques et, dans l’exercice de nos conseils en matière de stratégie et de distribution de la technologie dans l’éducation, nous avons tenté de rester impartiaux dans les avis que nous émettons pour aider les écoles à faire les meilleurs choix », a-t-il indiqué.

Fin 2008, le Becta a collaboré avec l’organisation gouvernementale des services d’acquisition OGCBuying.Solutions pour approuver 12 fournisseurs, lesquels ont en commun la capacité à équiper les écoles avec des logiciels Open Source.

Le Becta considère la désignation de Sirius comme un « grand pas en avant » et comme un message envoyé à la communauté : « Nous prenons les logiciels Open Source au sérieux ».

John Spencer, chef du développement commercial de Sirius, a confié à la BBC que l’Open Source est encore trop méconnu, pas seulement dans les écoles, et que Linux souffre d’un problème d’image.

« Beaucoup d’établissements scolaires sont restés bloqués en l’an 2000, quand il est devenu évident que la connaissance de l’outil informatique deviendrait une nécessité, mais depuis ils n’ont rien fait. Ils ont peur d’avancer en terrain inconnu, et il ne s’agit pas seulement de Linux mais également de Vista et d’Office 2007. Les bons professeurs chercheront toujours à aller de l’avant mais ils sont si occupés qu’ils préfèrent souvent s’en tenir à ce qu’ils connaissent », a précisé Mr. Spencer.

Sirius a déjà installé des logiciels libres dans beaucoup d’établissements au Royaume-Uni.

Dans le cadre d’un projet mené à Twickenham, on autorise les portables et ultra-portables appartenant à l’établissement ou aux élèves à démarrer sur le réseau pour leur donner accès aux fichiers et aux programmes dont ils ont besoin.

« Le réseau coûte moitié moins que ce que RM peut proposer et les économies d’énergie réalisées permettent au système de s’autofinancer en moins de 3 ans », affirme Mr. Spencer

Le temps de la compétition

Une autre initiative du Becta est centrée sur le site opensourceschools.org.uk, lancé fin 2008. Il a pour objectif de fournir des informations essentielles et des conseils aux professeurs pour une bonne utilisation des logiciels Open Source.

Cependant, le Becta émet quelques réserves.

« Nous voulons que les professeurs se rendent compte qu’ils peuvent, et doivent, considérer les logiciels Open Source comme une alternative solide », a déclaré Mr. Hughes.

« Les établissements doivent malgré tout bien se renseigner. Les mises en garde à l’égard de l’Open Source sont aussi nombreuses qu’à l’égard des logiciels propriétaires. »

Et que pensent les grosses entreprises informatiques des logiciels Open Source qui marchent sur leurs plate-bandes ?

Steve Beswick, le directeur de l’éducation pour Microsoft Royaume-Uni, a déclaré à la BBC que même si les logiciels Open Source peuvent, sur la valeur nominale, permettre des économies, il faut se méfier des coûts cachés, pécuniaires et autres.

« Beaucoup de monde est habitué à utiliser les outils Microsoft, et il faut donc re-former les gens à l’utilisation des solutions Open Source, ce qui peut avoir un coût élevé », affirme-t-il.

« Pour faire le bon choix, les établissements colaires et les universités doivent avoir toutes les informations en main. »

M. Beswick a prétendu que Microsoft n’est pas opposé à l’Open Source, et cite leur « engagement en faveur l’interopérabilité » démontré par le support du format Open Document Format dans le Service Pack 2 d’Office 2007.

Il a aussi mentionné le travail que Microsoft a réalisé en acquérant IIS, son logiciel de serveur phare, pour travailler avec le langage PHP.

Le ministre de l’Éducation, Jim Knight, s’est fait l’écho du point de vue de Becta. Dans une déclaration, il a annoncé : « Les établissements scolaires et les universités doivent maîtriser les tenants et les aboutissants du problème pour faire le bon choix – qu’il se porte vers l’Open Source ou le propriétaire –, et doivent être conscients du coût total de la solution adoptée, en n’oubliant pas le support à long terme et la formation. Je pense que c’est le rôle du Becta de travailler avec les fournisseurs de logiciels, aussi bien Open Source que propriétaires, afin que les écoles et universités puissent tirer au mieux parti des logiciels pour appuyer l’enseignement et l’apprentissage. »

Et du côté de la communauté Open Source alors ?

Gerry Gavigan, le président du consortium Open Source, a dit à la BBC que l’adoption des logiciels Open Source ne pouvait que passer par un changement des mentalités.

« Les coûts de la formation continue ne disparaissent pas simplement grâce au passage des logiciels propriétaires aux logiciels gratuits et Open Source. En revanche, les coûts associés aux formations induites par les mises à niveau encouragées ou forcées par une tierce partie ne sont plus d’actualité », a-t-il indiqué.

On parle aussi fréquemment du problème du verrouillage technologique, une des explications principales, pour les défenseurs de l’Open Source, à la domination prolongée de Windows.

« L’un des paramètres qui n’est pas toujours pris en compte dans le calcul des contrats d’achat de logiciels sont les coûts à long terme résultant des licences ou du verrouillage technologique », a déclaré Mr. Gavigan.

Mr. Gavigan admet que la gratuité des logiciels Open Source leur a parfois nui.

« Annoncer que vous avez essayé de régler un problème en dépensant des sommes faramineuses a plus d’impact sur votre public que de dire que vous avez utilisé une solution gratuite. D’après une croyance malheureuse, si ça ne coûte rien, ça ne vaut rien », a-t-il déploré.

Le monde connecté

Quoiqu’il en soit, certaines écoles se mettent aux logiciels Open Source. Le lycée Highworth, à Ashford, propose à la fois des logiciels propriétaires et des logiciels Open Source à ses étudiants.

L’administrateur réseau de l’école, Marc Blake, a confié que bien qu’il soit important que les élèves connaissent des alternatives à Windows, il convient de reconnaître qu’ils vivent dans un monde dominé par Microsoft.

Mais il a annoncé à la BBC que d’importantes économies pourraient être réalisées en utilisant des alternatives Open Source.

« Nous proposons à la fois Office 2003 et OpenOffice, de sorte que les clients aient le choix. J’estime que 98% des clients choisissent Microsoft Office à la place d’OpenOffice, mais au moins ce choix existe », a précisé Mr. Blake.

« La seule mise à jour vers Office 2007 de toute l’école nous coûterait environ 27000£, mais ce montant n’inclut pas le coût de remise à niveau des utilisateurs ni les mises à jour des documents associés ou du matériel pédagogique. Acquérir l’équivalent de Moodle (logiciel libre d’e-apprentissage) pour nos 1200 étudiants nous aurait coûter plus de 3000£ par an. Pour ce prix-là on n’a pas le support professionnel, mais si on est prêt à faire ce sacrifice, c’est beaucoup d’argent économisé », a-t-il ajouté.

Avant d’adopter Linux, Mr. Blake s’inquiétait de la compatibilité de certaines des plus récentes technologies du Web. Ses inquiétudes se sont envolées puisque son établissement a maintenant plusieurs Asus EeePC fonctionnant sous Linux qui sont utilisés majoritairement pour les projets Web 2.0.

Cette année au BETT, un nombre non négligeable de logiciels pédagogiques ont fait le grand saut vers le Web 2.0 pour s’assurer une compatibilité avec toutes les plateformes.

L’utilisation de l’Open Source pourrait permettre aux écoles de réaliser d’importantes économies, mais cela implique un gros investissement en temps, en recherche et en formation. Mais allier logiciels commerciaux et logiciels Open Source, comme le fait le lycée Highworth, peut permettre une réduction des coûts tout en donnant le choix aux étudiants.

Voilà un bon point à faire figurer sur le bulletin scolaire des écoles.

Notes

[1] Crédit photo : Superbomba (Creative Commons By-Sa)




Logiciel libre : idée fausse, quand tu nous tiens !

Skpy - CC by-sa On le sait, les préjugés ont la peau dure, et le logiciel libre a bien du mal à se débarrasser de ceux qu’il traîne derrière lui. Quels que soient ces préjugés, d’où qu’ils viennent, il est assez aisé d’y répondre et de les corriger lorsqu’on s’intéresse un tant soit peu au monde du libre, mais la méconnaissance du « grand public » et les efforts des adversaires du libre pour le dénigrer ont ancré ces idées dans l’esprit de pas mal de gens[1].

Il faut croire que les campagnes de FUD de Microsoft et consorts ont porté leurs fruits, même si heureusement des acteurs du libre tels que Firefox, Wikipédia, OpenOffice.org et Ubuntu, entre autres, contribuent à faire connaître davantage les logiciels libres et à transformer les mentalités. Cependant, malgré les progrès accomplis depuis quelques années, la visibilité croissante et l’image positive qu’est en train de gagner le libre, certaines idées fausses perdurent et constituent sans doute un frein à une adoption plus vaste des logiciels et systèmes d’exploitation libres.

Voici donc un article synthétique[2] qui dresse la liste des cinq idées fausses les plus répandues concernant le Libre, et les arguments à y opposer lorsqu’au détour d’une conversation sur Internet ou chez vos amis un vilain troll pointe le bout de son nez…

Comment mal comprendre le Logiciel Libre

How to Misunderstand Free Software

27 juin 2008 – GetGNULinux.org
(Traduction Framalang : Thomas P., Vincent L., Daria et Yostral)

Cinq idées fausses à propos du Logiciel Libre, avec leurs corrections.

1. L’industrie du logiciel ne peut plus fonctionner si les programmeurs ne sont pas payés.

Commençons par un simple fait: les programmeurs de Logiciel Libre aiment être payés, et ils ont tous besoin d’acheter un déjeuner à un moment ou à un autre. Lorsque nous parlons de Logiciel Libre, nous faisons référence à la liberté, pas au prix. En réalité, vous pouvez payer pour obtenir du Logiciel Libre (ou du logiciel à « source ouverte »), que vous pouvez ensuite étudier, modifier et copier à volonté.

Comment est-ce que cela fonctionne ? Vous pouvez voir cela de cette manière : le logiciel est seulement du code, le code est seulement des mathématiques. Lorsque vous voyez le logiciel comme des mathématiques utiles, un langage élaboré, pas comme de la propriété ordinaire, alors il n’y a pas de raison de limiter son utilisation par d’autres.

Comme pour les mathématiques (où personne ne revendiquerait la propriété d’une équation), le logiciel requiert des connaissances avancées pour être adapté, amélioré, appliqué correctement. C’est là que les programmeurs génèrent des revenus : de nombreux clients, en particulier les entreprises, sont prêtes à payer pour des mises à jour de sécurité régulières et des améliorations de logiciel.

Les entreprises du Logiciel Libre bénéficient d’un système de développement très décentralisé avec un grand nombre de contributeurs bénévoles. Les revenus dans l’industrie du Logiciel Libre sont peut-être plus minces que dans sa contrepartie propriétaire, mais ils ne sont en aucun cas négligeables. Au final, les particuliers finissent généralement par utiliser du Logiciel Libre gratuitement.

Le Logiciel Libre n’a pas pour objet de supprimer les motivations des programmeurs. Il s’agit de voir le code comme de la connaissance qui ne doit pas être cachée à l’utilisateur. Cela fonctionne avec un modèle économique différent, grâce auquel de nombreuses entreprises fonctionnent déjà bien.

2. L’innovation est tuée dans le Logiciel Libre.

Une croyance répandue est que si n’importe qui peut copier des idées, l’innovation va être étouffée.

En réalité, la liberté est souvent la clé d’un logiciel innovant et à succès :

  • N’importe qui est autorisé et encouragé à travailler dessus;
  • De nombreuses personnes sont prêtes à participer;
  • Il n’est pas nécessaire de tout ré-inventer, les idées peuvent être améliorées directement.

Les logiciels non-propriétaires apparaissent dans de nombreux domaines, prenons juste quelques exemples :

  • Applications : Firefox (navigateur web), Inkscape (logiciel de dessin vectoriel).
  • Systèmes complets : Apache (serveur web), OpenBSD (système d’exploitation), et bien sûr GNU/Linux.
  • Formats et protocoles : HTML (pages web), BitTorrent (partage de fichiers), ODF (documents bureautiques).
  • Applications serveur : Drupal (Système de gestion de contenu), WordPress (blog).

3. Tout ce qu’on attend d’un logiciel, c’est que ça fonctionne (qui se soucie du code source ?)

Tout le monde devrait se préoccuper de savoir si son logiciel est libre. Imaginez que vous achetez une voiture dont vous avez interdiction d’ouvrir le capot. Peu importe que vous sachiez comment fonctionne une voiture – le fait est que personne ne sera en mesure de vérifier le moteur. Comment pouvez-vous avoir confiance dans votre voiture, si personne ne peut s’assurer qu’elle est fiable, qu’elle ne fuit pas, qu’elle n’est pas nuisible à la société et à l’environnement ?

L’idée est la même avec le logiciel – excepté que le code fait bien plus que de bouger des voitures. Le logiciel fait tourner nos ordinateurs, téléphones, TV, lecteurs multimédia et bien plus encore, transportant de l’information et notre culture.

Le logiciel libre est aussi important que l’expression libre, que le libre marché. Si le logiciel est libre, les utilisateurs en ont le contrôle tout en gardant leur indépendance vis-à-vis de lui.

Bonnes nouvelle : en plus de tout, le logiciel libre aussi, « Ça fonctionne ». Et en fait, bien souvent, il fonctionne mieux. Démarrez votre PC sur un live-CD GNU/Linux, pour essayer un système bien organisé, tout compris, sans installation, afin de vous en rendre compte par vous-même.

4. Le logiciel libre ne respecte par les droits d’auteurs et les logiciels brevetés.

Pour répondre correctement à ceci, nous devons faire une nette distinction entre le droit d’auteur et les brevets. Le droit d’auteur est un droit attribué à l’auteur sur sa création (par exemple le texte d’un livre, ou le code source d’un programme). Un brevet, quant à lui, est un contrôle exclusif enregistré, payé, sur un processus ou l’application d’une idée.

Les droits d’auteur sont très importants dans le logiciel libre. C’est le mécanisme même, central à la GNU General Public License, qui assure que le logiciel demeure libre, et que les auteurs voient leur travail crédité. Les programmes sont sujets à droits d’auteur, qu’ils soient libres ou propriétaires.

N’importe quel auteur de logiciel propriétaire peut facilement vérifier que son droit d’auteur n’a pas été violé dans une application du logiciel libre, puisque son code source est facilement disponible.

Les brevets logiciels, d’un autre côté, sont un concept très controversé. Pour faire bref : il n’y a rien de tel qu’un « logiciel breveté ». En enregistrant un brevet, toutefois, quelqu’un peut revendiquer sa propriété d’un processus. Le brevet s’applique alors à tous les logiciels qui utilisent ce processus, qu’ils soient propriétaires ou libres. Les brevets logiciels :

  • Sont onéreux et sont délivrés seulement quelques semaines après leur application;
  • Sont limités géographiquement (un brevet délivré aux USA est inutile en Europe);
  • Ont une longue durée de vie (souvent 20 ans) dans une industrie qui bouge vite;
  • Sont souvent complètement triviaux (c’est à dire sans innovation réelle).

En tant que tel, ils sont rarement utilisés pour bénéficier aux innovateurs (et en fait, rarement utilisés par les innovateurs eux-mêmes).

On peut dire sûrement que n’importe quelle partie de taille moyenne d’un logiciel viole des brevets, dans plusieurs pays, qu’il soit libre ou non. En fonction de la capacité de la société détentrice à couvrir de lourds frais juridiques et à se défendre contre des actions légales vengeresses, des royalties et des restrictions peuvent être appliquées grâce à ces brevets.

5. Le logiciel libre est comme le communisme.

Les partisans de cette idée soutiennent qu’il ne peut y avoir de propriété privée avec le logiciel libre (ou « Open Source »). Répondons à ceci avec un exemple.

Supposons que vous utilisez une application qui est du logiciel libre, chez vous et dans votre société. Vous trouvez une belle façon de l’améliorer, de telle manière que maintenant avec votre version modifiée, votre ordinateur fonctionne mieux, et vos usines tournent deux fois plus vite !

Cette version modifiée est votre propre version. Vous n’êtes pas obligés d’en parler à quiconque, ni de partager aucun profit que vous avez fait en l’utilisant. Vous exercez simplement votre liberté à utiliser et modifier le logiciel libre.

Ce que demande la licence sur le logiciel libre est que si vous redistribuez le logiciel, alors vous devez le laissez libre. A savoir, si vous vendez des CD avec votre logiciel, ou commencez à laisser des personnes en dehors de chez vous ou de votre société l’utiliser, alors vous devez :

  • Soit donner à chacun les mêmes droits que lorsque vous aviez obtenu le logiciel original, c’est-à-dire, la liberté d’inspecter, modifier et redistribuer la version modifiée;
  • Ou, séparer clairement le logiciel original et vos ajouts secrets (c’est-à-dire que vos ajouts ne doivent rien contenir de l’oeuvre originale).

Vous « possédez » donc davantage un logiciel libre qu’un logiciel propriétaire, dont le concepteur décide de ce que vous pouvez ou ne pouvez pas en faire.

Le logiciel libre n’a rien à voir avec un système politique. Vous pouvez faire tourner du logiciel libre au-dessus de logiciel propriétaire, aussi bien que l’inverse. La licence sur le logiciel libre est simplement un contrat éthique entre le programmeur et l’utilisateur final.

Notes

[1] Crédit photo : Skpy (Creative Commons By-Sa)

[2] Nous avons traduit cet article l’été dernier en ignorant qu’il en existait déjà une version française sur la très intéressante initiative Passer à Linux (dont nous devrions parler plus souvent d’ailleurs). Du coup cela donne deux versions pour le prix d’une !




Tableau numérique interactif et interopérabilité

eBeam - CC byL’usage des tableaux numériques interactifs (TNI, également appelés parfois TBI pour tableau blanc interactif) se diffuse actuellement à l’Éducation Nationale, comme l’illustre par exemple le récent dossier de Sésamath. Personne ne songerait à mettre en cause leur potentiel pédagogique, quand bien même cela demande aux enseignants réflexion et adaptation (sans oublier que cela demande également de l’argent à l’Institution).

Pilotes, logiciels, formats de fichiers… il y a cependant quelques questions à se poser si l’on ne veut pas se retrouver pieds et poings liés autour d’une technologie propriétaire[1].

Le pilote c’est le programme informatique qui va permettre l’interaction entre l’ordinateur et le périphérique (ici le tableau). Il est généralement fourni par le constructeur du périphérique qui a le choix de le placer sous licence libre ou propriétaire et de le proposer pour un ou plusieurs systèmes d’exploitation (Windows, Mac, Linux).
Il y a également les logiciels spécifiques au périphérique, ceux censés en tirer sa substantifique moelle. Par exemple tous les TNI disposent d’un mode « paperboard », c’est-à-dire la possibilité d’envisager le TNI comme un tableau blanc où l’on peut non seulement écrire avec le stylet mais ajouter des images, des médias, des figures interactives, des liens internet, etc. Tout comme les pilotes, ces logiciels peuvent être libres ou propriétaires, liés ou non à un constructeur, disponibles uniquement pour Windows ou pour d’autres OS.
Enfin il y a les fichiers que vous générez avec ces logiciels (par exemple le fichier issu d’une session « paperboard » où vous retrouvez tout ce qui aura été écrit de pertinent sur le TNI pendant la séance et que les élèves sont susceptibles d’emporter avec eux si on leur offre cette opportunité). Ces fichiers ont un format qui là encore peuvent être ouverts ou fermés.

Sachant cela, le cauchemar c’est le TNI A d’un constructeur B disponible uniquement pour le système d’exploitation C (et pas même les anciennes versions de C) et ne pouvant être exploité qu’avec le logiciel propriétaire D (du constructeur B) ne produisant qu’un format de fichier fermé E lié au logiciel D. Enseignants et élèves sont alors obligés d’avoir un ordinateur sous l’OS C avec le logiciel D pour préparer, relire, échanger, modifier et archiver une séance « paperboard ». Quand à l’établissement, le jour où le constructeur B décide ne plus produire et suivre son TNI A et son logiciel D (pour x raisons : la faillite, la production d’un nouveau modèle bien plus mieux mais non compatible avec l’ancien modèle A+D, etc.), il se retrouve dans une position délicate avec tous ses profs et élèves disposant de fichiers au format E désormais illisibles et donc inutilisables.

Et le paradis ? Ce serait le TNI A d’un constructeur B qui proposerait des pilotes libres pour de nombreux OS (dont au moins un OS libre) avec des logiciels exploitant le TNI qui seraient eux aussi sous licence libre et disponibles pour de nombreux OS et qui produiraient des fichiers dans des formats ouverts et donc interopérables.

Quelle naïveté, me direz-vous ! Quel constructeur est en effet assez fou pour remplir ce cahier des charges qui non seulement ne ferait que rallonger le temps de travail (et donc les coûts) mais serait également susceptible de lui faire perdre des parts marché. On ne va tout de même pas offrir ainsi des années de R&D à la concurrence !

Certes. Mais alors le minimum vital à assurer, surtout en milieu non lucratif comme l’école, concerne le format de fichiers. Disposer en effet d’un format de fichiers ouvert, documenté et standardisé permet au plus gros verrou de sauter. Parce que du coup cela permet à tous les développeurs de logiciels pour TNI de se caler et proposer par défaut à leurs utilisateurs le même format pérenne quel que soit le TNI utilisé, l’OS utilisé et le logiciel utilisé (libre ou non).

Et comme il est assez rare de voir les constructeurs éditeurs créer spontanément un format ouvert pour les fichiers issus de leurs logiciels, il convient alors aux clients de leur mettre gentiment la pression pour les pousser soit à libérer leurs formats soit à adopter un nouveau format reconnu pas tous et par là-même interopérable (cf par exemple l’affaire du format OOXML de Microsoft).

Or c’est le Ministère de l’Éducation Nationale française qui est le principal client ici. Il en irait a priori de sa responsabilité. Mais n’ayant visiblement pas accordé une attention soutenue à la problématique des formats de fichiers des suites bureautiques, il ne risquait pas, en l’état actuel de la situation, de se préoccuper de celle des formats de fichiers TNI.

C’est donc une fois de plus vers l’Angleterre que nous nous tournons, et son agence gouvernementale Becta, avec ce récent communiqué intitulé Format de fichiers standard pour les tableaux interactifs : où en sommes nous ? dont nous avons traduit un extrait ci-dessous :

Becta et RM, en consultation avec des fournisseurs de tableaux interactifs, ont élaboré un brouillon de spécifications d’interopérabilité pour un format de fichiers standard destiné aux tableaux blancs interactifs. Notre objectif est de développer un format de fichiers universel qui pourra être adopté comme standard dans toute la branche d’activité.

Les syndicats d’enseignants et de formateurs ont aussi participé à la conception du brouillon de spécifications. Leur contribution vient renforcer l’idée qu’un format de fichiers standard présenterait d’immenses avantages pour la pédagogie, en permettant l’échange de ressources au sein des institutions et entre elles.

Le communiqué renvoie à ce brouillon (draft) où l’on peut lire la chose suivante :

Ce format de fichiers servira de support à du contenu destiné à être visionné sur un grand écran. Puisque la plus grande partie de ce contenu sera conçue pour être interactive, les objets pourront être déplacés dans la page.

L’objectif premier consiste à créer un format que l’on peut ouvrir, modifier, sauvegarder et utiliser avec de nombreux logiciels pour tableaux interactifs, de sorte que le contenu pédagogique puisse être échangé entre établissements. À cet égard, le format doit être d’architecture simple mais adaptable de façon balisée afin d’assurer la compatibilité.

Ce format porte le nom « d’Interactive Whiteboard File Format » (NdT : format de fichiers pour tableaux interactifs), ou IWB en abrégé.

Conclusion : longue vie au format IWB, qui profitera non seulement aux écoles britanniques mais à toutes celles des autres pays qui n’ont pas la chance d’avoir un Becta chez eux.

Notes

[1] Crédit photo : eBeam (Creative Commons By)




Tout, vous saurez tout sur Google et l’Open Source

Cubes at Google - CC-BY-NDProfitons de l’actualité récente de Google, qui a fermé plusieurs de ses services ou s’apprête à le faire (exemple parfait qu’il faut développer et encourager les services Web Open Source pour que, à l’instar des logiciels libres "classiques", leur pérennité soit assurée) pour évoquer la politique du géant incontournable de la recherche (mais aussi de la messagerie électronique, des documents en ligne, de la gestion de photos et j’en passe…) concernant l’Open Source. Chacun sait que Google, même s’il garde jalousement l’algorithme de son moteur de recherche, contribue largement au monde de l’Open Source (Google Summer of Code, GoogleCode, Android etc.). [1]

Cet article, entretien avec Chris DiBona, responsable de l’Open Source chez Google, n’est pas des plus récents, mais il est d’autant plus intéressant à relire aujourd’hui qu’entre-temps Google a sorti son navigateur Chrome (la question de la relation entre Google et Mozilla est abordée dans l’entretien) et s’apprête par exemple à libérer le code d’applications (parce qu’elles n’étaient pas rentables) telles que le réseau de microblogging Jaiku.

Entretien avec Chris DiBona de Google

Interview with Chris DiBona of Google

Sean Ammirati – 26 avril 2007 – ReadWriteWeb
Traduction Framalang : Penguin, Olivier, Don Rico

Il y a quelques semaines, j’ai eu l’occasion d’écouter Chris DiBona, le responsable du programme Open Source chez Google, qui a fait une intervention lors du TiE de Pittsburgh. Pendant la conférence, Chris a donné une présentation extrêmement perspicace de l’état du marché de l’Open Source. Après la conférence, Chris et moi avons échangé des e-mails et il a accepté une interview pour Read/WriteWeb.

Avant de rejoindre Google, Chris était rédacteur chez Slashdot. On peut également lire d’autres réflexions de sa part sur l’Open Source et la vie chez Google sur son blog personnel, et écouter son podcast avec Leo Laporte, sur FLOSS Weekly.

J’ai essayé d’aborder les trois thèmes principaux suivants dans les questions que j’ai posé à Chris :

  • Comment Google tire profit de l’Open Source
  • Comment Google contribue à l’Open Source
  • Questions générales concernant le marché du logiciel Open Source

J’ai décidé de publier l’interview dans son intégralité dans ce billet plutôt que de ne mettre en avant que certaines réponses sur des points particuliers. Ce choix est en partie dû au fait que je les trouvais toutes très intéressantes (même les questions auxquelles Chris ne pouvait/voulait pas répondre). Je conclus ce billet par quelques réflexions personnelles, mais j’aimerais surtout m’appuyer sur l’interactivité que nous offre le web – je vous invite à laisser vos réflexions et vos observations dans les commentaires ci-dessous.

Comment les produits Google tirent-ils profit de l’Open Source

Q : Quel est le processus de vérification avant d’inclure un composant Open Source dans un produit Google ?

R : Nous avons tout une variété d’outils que nous avons écrit pour nous assurer de la compatibilité avec les licences utilisées par les projets Open Source, et nous faisons une revue de code sur les programmes et les bibliothèques en entrée.

Q: Combien de projets Open Source sont utilisés par Google au sein de toutes les applications Google ?

R: Désolé, nous ne donnons pas de chiffres. Un paquet.

Q: Quels projets Open Source sont utilisés le plus activement ?

R: Il existe deux projets qui nous feraient défaut plus que tout autre. Le premier, c’est le noyau Linux, et le second, c’est MySQL. Chez Google, on se sert énormément des deux.

Comment Google contribue-t-il à l’Open Source

Q: Quel est le processus suivi par Google pour décider quels projets doivent être libérés ?

R: Le problème principal est d’avoir une équipe d’ingénieurs pour travailler sur le problème. Nous avons une grande variété d’ingénieurs qui donnent 20% de leur temps pour libérer des logiciels qu’ils souhaitent voir distribuer par l’entreprise. Il faut aussi procéder à quelques petites vérifications légales concernant les marques et les brevets.

Q: Quel est le projet du "Summer of code" de l’année dernière dont vous êtes le plus fier ?

R: En choisir un seul, c’est impossible ! J’étais surtout fier que nous ayons été capable de collaborer avec autant d’étudiants dans autant de pays. C’était un bel exploit de faire fonctionner un programme d’étude réellement mondial.

Q: Quelles sont les autres initiatives (hormis le Summer of code) pour soutenir des projets Open Source ?

R: Nous consacrons de grosses sommes d’argent et beaucoup de temps à des projets tels que le OSU Open Source Labs, les projets Apache, l’EFF, les creative commons et d’autres réussites plus modestes comme MusicBrainz. Nous employons également des tas de développeurs qui travaillent sur des projets extérieurs pendant leur temps de travail. Par exemple, nous employons Andrew Morton, le second dans la hiérarchie de Linux, Jeremy Allison, co-développeur de Samba, Guido Van Rossum de Python, et de nombreux autres.

Questions diverses sur le "Marché de l’Open Source"

Q: A votre avis, dans quel domaine du logiciel se créera-t-il le plus de projets Open Source, l’année prochaine ?

R: Je n’ai pas d’opinion à ce sujet. Je pense que tout ce qui concerne la VoIP va continuer à se développer et s’avérer très excitant.

Q: Pensez-vous qu’il existe des logiciels commerciaux qui soient spécialement vulnérables à un rival Open Source émergent ?

R: Je pense que le terme vulnérable n’est pas le bon. Voici comment je vois les choses : si une entité commerciale constate qu’elle ne peut plus vendre son logiciel parce qu’un projet open source viable a emergé pour les supplanter, elle doit décider si elle veut se lancer dans la vente de services autour d’offres open source, ou sortir de ce secteur d’activité précis. IBM a réalisé un boulot incroyable après avoir opté pour la première solution.

Q: Quel est le point de vue de Google sur les différentes licences Open Source ?

R: Nous pensons qu’il y en a trop, et c’est pour cela que nous n’en supportons qu’une partie dans notre système d’hébergement de projet sur code.google.com. Cette partie inclut les licences que nous considérons comme les plus importantes : les BSD, Apache, GPL et certaines autres. Cela reflète la façon dont nous les voyons en interne. J’aime à penser que nous avons un point de vue très nuancé sur la façon d’adapter ces licences en interne.

Q : D’après vous, quel pourcentage des projets GPL actuels vont, à votre avis, migrer vers la version 3 de la GPL ? Et quel effet cela aura-il ?

R: Tous les projets de la FSF vont migrer, ainsi que Samba. D’autres migreront plus tard si les drafts de la GPLv3 continue d’évoluer dans la même direction, aussi l’effet sera-t-il plutôt mineur. Cela dit, à chaque révision de licence, il y aura une période de confusion pendant laquelle les gens modifieront leur point de vue pour incorporer la nouvelle licence.

Q: Puisque la plupart des produits Google sont liés au navigateur, et étant donné que Firefox 3 sera un ‘fournisseur d’information’ et supportera les applications web hors-ligne, les relations de Google avec Mozilla semblent cruciales pour les années à venir. Comment Google se rapproche-t-il donc de Mozilla concernant ces développements ?

R: Je ne gère pas les relations avec Mozilla, je vais donc passer sur cette question. Nous sommes heureux qu’ils soient impliqués dans le ‘Summer of Code’, c’est certain!

Conclusion

Dans l’interview qu’à donnée Eric Schmidt à John Battele à l’expo Web 2.0 de la semaine dernière, Eric a évoqué les quatre ‘moteurs principaux’ sur lesquels s’appuie Google (cf. interview sur YouTube – la référence aux quatre moteurs principaux commence @ 7:28). La première consiste à "construire les super-ordinateurs les plus intéressants du monde, qui feront fonctionner de nouveaux services de données, d’applications, de recherche et bien d’autres". Note: les trois autres ‘moteurs’ sont les services pour l’utilisateur final, la publicité et l’adaptation à leur culture particulière.

Bien que Google n’ait pas libéré l’algorithme de son ‘page rank’ (NdT : classement des pages) ni d’autres morceaux de ses systèmes, il m’a paru intéressant d’étudier l’engagement de Google dans l’Open Source puisque cela concerne la construction de super-ordinateurs. Il est presque certain que la seule entreprise en mesure de recréer des application comme MySQL et Linux est Google. Quoiqu’il en soit, ils ont plutôt choisi d’adopter et de supporter les différentes communautés Open Source et de tirer profit de leurs outils existants.

De plus, je trouve les observations de Chris sur IBM "qui vend des services autour de l’offre Open Source" particulièrement pertinentes. Il s’agit là d’un prolongement intéressant de certains sujets discutés à l’expo Web 2.0 sur les modèles de commerce Open Source.

Enfin, j’aimerai remercier Chris d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Je sais qu’il est débordé, et j’espère que vous aurez trouvé l’interview aussi intéressante que moi.

Notes

[1] Crédit photo : revdancatt (Creative Commons BY-ND)