Que l’Estrémadure libre fasse école !

GnuLinEx - Iberia

Le Framablog est souvent porté sur l’éducation, occupation officielle de votre serviteur oblige.

Résistances et avancées

Par la négative on peut une fois de plus se focaliser sur la société Microsoft pour stigmatiser sa politique commerciale dans nos universités et les atternoiements d’un gouvernement qui ferait mieux de s’inspirer des recommandations d’un autre gouvernement[1].

Par la positive, on peut se féliciter du déploiement toujours plus fréquent mais pas forcément très médiatisé de solutions libres dans nos écoles (voir par exemple le sympathique petit blog Ubuntu en salle des profs).

Cependant, en France, cela s’apparente à du coup par coup à l’intérieur d’une politique générale peu cohérente et surtout frileuse voire parfois carrément méfiante vis-à-vis du logiciel libre. On sait bien pourtant que le mouvement est inéluctable et risque d’ailleurs de s’accélérer avec la sortie de Windows Vista qui obligera d’étudier d’encore plus près les alternatives (vu les coûts matériels qu’exige le trop gourmand nouveau système d’exploitation de Microsoft).

Hypothèse

Soit, d’accord. Imaginons qu’on ait majoritairement du logiciel libre dans les ordinateurs de nos écoles. Ce sera long et il va encore y avoir de nombreuses résistances à convaincre ou écarter (et on y travaillera ensemble) mais, je le répète, c’est pour moi et depuis longtemps une histoire écrite d’avance.

Aura-t-on gagné pour autant ?

Pas forcément parce qu’on peut très bien passer pédagogiquement à côté de tout ou partie de ce qu’offre les nouvelles technologies d’aujourd’hui (surtout si l’on se contente d’avancer l’argument financier pour migrer vers le libre).

Si c’est juste pour laisser chaque élève dans son coin mettre en forme (certes sur OpenOffice.org) le cours magistral du prof pour faire plus joli que dans son cahier, alors c’était peut-être pas la peine de dépenser tant d’énergies. Mais si c’est pour insérer son texte dans un projet collectif de type wiki accompagné par le prof et toujours accessible sur le net, alors ça peut devenir beaucoup plus intéressant.
Ce que nous appelons à Framasoft l’état d’esprit du libre est une notion floue aux contours mal définis. Nous pensons cependant qu’il serait souhaitable de le voir d’une manière ou d’une autre pénétrer plus encore l’école car il est fort probable qu’on touche là quelque chose d’important pour les générations futures.

ExtraMad’Hourra !

C’est en tout cas pour toutes ses raisons que le cas de la petite région espagnole de l’Estrémadure est exemplaire.

Je ne sais si la réalité colle totalement à celle décrite par ces reportages mais on tient là (enfin) une politique globale à grande échelle qui non seulement met techniquement en place et utilise massivement du logiciel libre mais forme ses enseignants et s’interroge sur les potentialités pédagogiques des outils logiciels disponibles.

Ces deux reportages semblent déjà vieux mais nous invitons toute personne intéressée de près ou de loin à la question éducative à y jeter un coup d’oeil (et, le cas échéant à faire circuler l’information) car il est des pays et des régions qui malheureusement ne se sont pas spécialement améliorés dans l’intervalle, loin s’en faut.

Reportage EuroNews

Le premier est un documentaire d’EuroNews réalisé en octobre 2003.

—> La vidéo au format webm

Squeak in Extremadura

Le second, tourné en novembre 2005, traite de l’utilisation de l’excellent logiciel libre Squeak en classe dans le cadre du projet Linex de l’Estrémadure (en anglais mais avec la diction parfaite de la demoiselle et le sous-titrage, on s’en sort très bien).

—> La vidéo au format webm

Merci donc à l’Estrémadure, véritable pionnier d’une politique publique progressiste et citoyenne en nouvelles technologies[2].

Comme qui dirait… La route est longue mais la voie est libre.

Quelques liens connexes

Sur Squeak

Sur l’Estrémadure et le libre

Sources des reportages

Notes

[1] On peut également déplorer le tout récent et pas forcément ultra pertinent choix du Café Pédagogique de faire confiance aux technologies Microsoft (.asp, .wma, .wmv) pour son nouveau et très attendu site web.

[2] L’illustration est une opération de promotion de gnuLinEx que l’on pouvait trouver dans certains avions de la compagnie Iberia cet été (avec CD présent sur le siège de chaque passager et ce slogan sé legal, copia gnuLinex autrement dit Soyez légal, copiez gnuLinEx !).




Montrez-nous le code !

Puisque M. Steve Ballmer persiste à diffuser le FUD l’idée que Linux exploite la propriété intellectuelle de Microsoft, le site Show Us The Code vient de voir le jour avec ce simple objectif : demander à Microsoft de nous montrer le code en question, histoire que nous soyons fixés sur la véracité du propos.

Une traduction de GaeliX (pour Framalang).[1]

running a trace - losiek - CC-BY - flickr

Lettre ouverte à Steven Ballmer

Les propos que vous avez tenus, encore et encore, sur le fait que Linux viole la propriété intellectuelle de Windows, ont beaucoup retenu l’attention de la communauté Linux. Et ce n’est pas seulement ça, puisqu’il est rapporté que Microsoft a convaincu des entreprises de payer pour une licence Linux que vous ne pouvez fournir.

Par conséquent, ce site va servir de réponse à cette accusation, et servir de support à une requête. Une requête toute simple, puisque vous, Microsoft, assurez être sûrs de votre bon droit. Montrez-nous le Code.

Si les développeurs Linux sont mis au courant de l’existence de ce code, alors ce code peut être oublié et Linux peut re-écrire les parties impactées de son noyau ou de son système d’exploitation. C’est une requête assez simple et d’une banale courtoisie. Pourquoi faire autant de vagues avec des menaces de procès, menaces qui coûteront au tribunal autant à Microsoft qu’aux défendeurs ? Cela manque de logique, surtout quand on sait que de nombreux développeurs de par le monde se feraient un plaisir d’aider Microsoft à résoudre ce problème. Ne devez-vous pas, vis-à-vis de vos actionnaires, travailler avec d’autres pour leur garantir que leur propriété intellectuelle n’est pas violée ?

En outre, nous avons l’impression que vous souhaitez travailler avec la communauté Open-Source. C’est à cela que sert le Port 25[2], n’est-ce pas ? C’est de cela qu’il s’agit dans l’accord avec Novell, n’est-ce pas ? C’est votre chance. Si vous avez raison, vous allez faire taire des milliers et des milliers de défenseurs de l’Open-Source et inciter vos concurrents à retourner ciel et terre pour ne pas toucher à votre propriété intellectuelle.

Les membres de la communauté Linux ne veulent pas de votre code. Nous ne recherchons pas les procès. Nous ne voulons pas de code non-libre. Et plus, pour votre consternation, nous ne voulons pas de code spécifique à Microsoft.

C’est cela que nous demandons. Nous demandons l’appui de la communauté Linux. Nous en appelons à Richard Stallman, Linus Torvalds, Larry Page, Sergey Brin, Dr. Eric Schmidt, Mark Shuttleworth, Kevin Carmony, and Matthew Szulik, ainsi qu’à tous les développeurs de chaque distribution Linux et à toutes les entreprises qui se sentent menacées par vos procès inexistants :

Faire le maximum de publicité pour demander à Microsoft de montrer le code Linux qui viole sa propreté intellectuelle avant le 1er Mai 2007.

Combien de sociétés, combien d’organismes, combien de membres de la communauté, vont dénoncer votre bluff, Steven ?

Nous ne sommes pas les premiers (1, 2) à vous demander cela, mais nous voulons passer au cran supérieur. Si vous ou Microsoft ne pouvez pas répondre avant la date mentionnée, d’aucuns comprendront que vos menaces et allégations étaient sans fondement et diffamatoires. Et toute personne attentive aux marchés financiers devra en faire de même.

Bonne chasse au code. Le moteur de recherche de brevet Google peut peut-être vous dépanner.

Notes

[1] L’illustration est un détail d’une photographie de losiek intitulée running a trace issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY.

[2] NDT : le port utilisé pour l’envoi des mails.




Quand le gouvernement anglais déconseille Microsoft à l’école…

Sadness - DiegoSCL - Creative Commons BY

Quelle attitude adopter face à l’arrivée de Vista OS et de MS Office 2007 de Microsoft ?[1]

Le mouvement du libre est, on s’en doutait (et, oserais-je ajouter, à juste titre), plus que critique. Mais d’autres organismes bien moins suspects de partialité manifestent ouvertement leur perplexité.

Ainsi, comme le rapporte le magazine Computer Business dans deux récents articles (11 janvier 2006), ce n’est rien moins que le gouvernement anglais qui, après étude, évalue jusqu’à la critique l’intérêt des licences Microsoft pour ses écoles quitte à envisager les alternatives libres, et surtout leur déconseille fermement pour l’heure les grosses mises à jour que constituent Vista et MS Office 2007[2].

Le premier UK schools at risk of Microsoft lock-in, says government report évoque un rapport de la très officielle et institutionnelle British Educational Communications and Technology Agency (Becta) qui s’inquiète des risques de dépendance des écoles à la société Microsoft.

L’agence suggère fortement aux établissement scolaires d’évaluer avec attention la question des licences Microsoft qui semblent, tiens, tiens, poser quelques problèmes (surtout si au bout de quelques années l’on doit nécessairement en changer).

Du coup les alternatives libres sont évoquées.

The review also considered the potential barriers to Microsoft alternatives following a May 2005 Becta report that had indicated that the use of Linux and OpenOffice.org could produce total cost savings of 44% per PC for primary schools and 24% for secondary schools, compared to standard commercial software PC configurations.

On the subject of promoting alternatives, Becta noted that the UK’s Open Source Consortium would like to see Becta proactively promoting choice by adopting open source standards" and stated that it will "discuss with key stakeholders the practical steps it could take to facilitate wider competition in choice in relation to software licensing in schools."

Migrer vers l’open source ? Le premier argument est financier mais le deuxième concerne les standards dont on commence enfin à se préoccuper en haut lieu.

Le second article, au titre explicite, UK government agency tells schools to ignore Vista, évoque le fait que que Vista et MS Office n’apportent rien de très significatif en terme de fonctionnalités si ce n’est qu’ils sont tellement gourmands en ressource qu’il n’est pas possible actuellement pour la très grande majorité du parc informatique scolaire de les faire tourner (avec ou sans le très poudre aux yeux Aero).

Oakleigh[3] also found that a number of Office alternatives, including Corel Wordperfect Office X3, Openoffice.org, StarOffice, Easy Office, One SE and Lotus SmartSuite, offered "about 50% of the functionality of the Office 2007 suite" but that "this 50% included functionality that met or exceeded basic requirements in relation to word processing, spreadsheets, and presentation development."

Even if schools or colleges are tempted by the new software, their hardware will be unlikely to run it, according to the report. It found that at the very most, only 6% of current educational computers could run Vista with the Aero graphics engine turned on, while 55% of current computers could not even run Vista with Aero tuned off.

Sans oublier un petit mot sur les formats de fichiers Office 2007 : Les écoles ne devraient déployer Office 2007 que si l’interopérabilité avec d’autres logiciels est satisfaisante. Une manière à peine voilée d’emettre quelques doutes sur les qualités du nouveau format Open XML.

As if that was not enough criticism, the report also suggested that Microsoft’s choice of the Open Office XML file formats in Office 2007 "has the potential to exacerbate ‘digital divide’ issues" as a result of the format not being in use on other products.

While Becta noted Microsoft’s recent decision to support the OpenDocument Format, which is also used in OpenOffice, StarOffice and others, it warned that schools and colleges should only deploy Office 2007 when its interoperability with alternative products is "satisfactory".

Et de conclure :

"Early deployment is considered extremely high risk and strongly recommended against," Becta stated. "On the basis of current understanding, the total cost of deployment is significant, the risks are high, and the benefits are far from clear."

On ne saurait être plus clair. The risks are high, and the benefits are far from clear. Les risques sont élevés et les avantages peu évidents…

À quand de telles sages et pertinentes recommandations chez nos propres supérieurs du Ministère de l’Éducation Nationale ?[4]

Notes

[1] L’illustration est un détail d’une photographie de DiegoSCL intitulée Sadness issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY.

[2] On notera qu’à aucun moment le gouvernement anglais trouve le libre très sympa pour obtenir des meilleurs prix chez Microsoft comme c’est malheureusement le cas chez son homologue français !

[3] Consultant indépendant à qui la Becta a commandé l’étude.

[4] Par extension, ce qui vaut pour l’école vaut ici un peu pour tout le monde en fait. Jamais à bien y réflechir la période n’a été si favorable au passage à Linux.




Place du logiciel libre à l’Éducation Nationale : la réponse du gouvernement

Computer Suite - Hands On Support - CC BY

Le 19 septembre 2006 le député Richard Cazenave interpellait le gouvernement sur les enjeux et les avantages du logiciel libre (dans une lettre que nous avions reproduite sur le Framablog).

La réponse vient de tomber[1].

Il est porté à la connaissance de, l’honorable parlementaire les éléments de réponse suivants.

Historique : le logiciel libre a pris une place grandissante à l’éducation nationale à partir de 1998. Le ministère a été un précurseur en utilisant ces solutions à tous les échelons du système éducatif (établissements, services académiques…) et en acquérant au fil des années une compétence reconnue dans le domaine. Cette compétence a permis de mettre en place une politique de choix sélectif pour retenir les meilleurs outils issus du secteur sur des critères économiques et technologiques. Dès 2000, les offres basées sur des logiciels libres ont été systématiquement mises en concurrence avec les offres commerciales pour tous les choix structurants. Ainsi, les logiciels les plus connus comme LINUX, APACHE ou les suites bureautiques se sont imposés comme des références.

LINUX (serveurs) : en établissements scolaires ou dans les services, les applications composant le système d’information de l’éducation nationale, sont principalement installées sur des serveurs fonctionnant sous LINUX (système d’exploitation « libre » concurrent de Windows XP). Dans les services académiques et à l’administration centrale, LINUX équipe plus de 98 % des quelque 1 500 serveurs qui hébergent les grands systèmes d’information de l’éducation nationale. Dans les établissements scolaires et les écoles, près de 15 000 serveurs LINUX « prêts à l’emploi » ont été déployés dans le cadre du schéma directeur des infrastructures avec des financements partagés entre l’État et les collectivités. Ces serveurs offrent des services de sécurité (pare-feu, filtrage…) et de communication pour accompagner les usages pédagogiques et administratifs.

Les solutions pour le poste de travail : le poids du logiciel libre au sein du système éducatif a été un des éléments qui a permis de négocier avec Microsoft des tarifs particulièrement intéressants sur la suite bureautique office (moins de 40 euros). Ces tarifs attractifs ont limité le développement des suites bureautiques alternatives qui représentent un peu moins de 10 % des licences dans les services et les établissements. Cependant, la suite bureautique alternative Open Office est largement utilisée par le corps enseignant comme un outil de travail partagé avec les élèves ; la gratuité de la solution facilitant le déploiement dans les familles.

Une démarche pragmatique : si le logiciel libre peut permettre de réduire les coûts d’investissement en rendant l’informatique moins dépendante des grands éditeurs, les solutions retenues doivent, pour cela, être parfaitement maîtrisées par la fonction informatique interne. Une mauvaise maîtrise génère des coûts cachés importants et peut faire apparaître une baisse globale de la qualité de service. Initiée très tôt, la démarche pragmatique a permis de placer le logiciel libre au niveau le plus pertinent du système d’information du ministère et d’en tirer les meilleurs profits. Ces déploiements se sont appuyés sur les compétences des centres informatiques. D’importants programmes de formation ont été mis en place pour que la culture soit largement partagée par les informaticiens et dans certains cas, l’utilisateur final. Pour les composants à haute valeur technologique (bases de données, serveurs d’application…), le recours à des solutions commerciales apparaît souvent comme nécessaire, car les solutions du « libre » peuvent manquer de maturité (notamment en terme d’outils d’administration). Le poids du logiciel libre au sein de l’éducation nationale reste un argument de négociation avec les éditeurs permettant de tirer les prix des licences commerciales vers le bas.

Il est tout aussi plaisant qu’indiscutable de relever la présence forte de Linux côté serveur. Je peux personnellement témoigner du succès et de l’efficacité de la solution SLIS (Serveur de communications Linux pour l’Internet Scolaire) largement déployée dans les académies.

Côté client et donc poste de travail, je suis plus dubitatif sur les arguments avancés en particulier pour ce qui concerne les suites bureautiques. Ainsi par deux fois il est explicitement indiqué que le logiciel libre est un moyen de faire pression sur les éditeurs propriétaires pour faire baisser leurs prix (et de s’enorgueillir d’avoir réussi à négocier MS Office à moins de 40 €) ! Ces tarifs attractifs ajoutés aux coûts cachés que représentent une migration constitueraient donc un frein au développement des suites bureautique libres (comprendre OpenOffice.org) dans les établissements.

Cette histoire de coûts cachés est toujours difficile à évaluer parce que justement ils sont cachés et du coup on peut leur faire dire un peu ce que l’on veut. Ici ça donne : Une mauvaise maîtrise génère des coûts cachés importants et peut faire apparaître une baisse globale de la qualité de service.

Certes mais franchement est-ce qu’on utilise les suites bureautiques avec nos élèves et étudiants de manière tellement poussée (genre avec macros Excel et tout et tout) que la migration risque nécessairement de faire baisser le service ? Dans mon lycée on a ainsi adopté depuis peu OpenOffice.org en lieu et place de MS Office. Certain collègues, il est vrai, ont un peu râlé, mais pour les élèves aucun problème (on notera qu’ils râlent beaucoup moins lorsque vous prenez le temps de leur expliquer les enjeux, le contexte et la différence fondamentale entre les deux suites qui, non, non, n’est pas la gratuité).

Et puis enfin, et surtout, on notera qu’à aucun moment il n’est fait mention de la question de l’interopérabilité et des formats ouverts dont l’objet, je le rappelle, est de permettre les échanges sans imposer de solution logicielle. Ne pas s’en soucier c’est d’abord s’exposer potentiellement à des sacrés coûts cachés (comme par exemple celui de devoir un jour convertir tous ses fichiers) mais c’est également plus que dommage pour une institution influente qui forme les générations futures[2]

Notes

[1] Pour accéder à l’URL d’origine, tapez le numéro de la question, la 104464, en suivant ce lien.

[2] L’illustration est un détail d’une photographie de Hands On Support intitulée Computer Suite issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY.




Deviens Ambassadeur Microsoft sur le campus !

Détail site Microsoft Ambassadeur campus

Voici ci-dessous la copie intégrale d’un courrier qui circule pas mal sur les listes de diffusion du libre francophone en ce moment[1].

Il s’agit, dixit Microsoft, d’un modèle de mail à envoyer aux étudiants de votre campus et que, si j’ai bien compris, le service de comm’ de Microsoft adresse aux BDE (Bureau Des Étudiants) des écoles et universités en leur demandant de relayer gentiment l’information (c’est sympa de leur mâcher le travail comme ça !).

Loin de moi l’idée de blâmer Microsoft de vouloir faire connaître ses produits mais le procédé me laisse un peu perplexe. Je me demande même si c’est bien légal en fait.

OBJET : Deviens Ambassadeur Microsoft sur le campus !

TEXTE EMAIL :

Bonjour,

Comme chaque année, à l’occasion du Tour de France Etudiant, Microsoft recrute des ambassadeurs sur une centaine de campus français, dont le nôtre !

L’objectif de l’opération ?

– Créer du buzz sur notre campus
– Faire découvrir en avant première le système d’exploitation Windows Vista et la suite bureautique Office 2007
– Promouvoir le concours Imagine Cup

Le rôle de ces ambassadeurs ?

Animer 4 stands sur leur école entre les mois de décembre 2006 et Février 2007 sur 3 thèmes :

– Lancement d’Office 2007, suite bureautique qui remplace Office 2003
– Lancement de Windows Vista : système d’exploitation qui remplace Windows XP
– Promotion d’Imagine Cup : concours technologique étudiant international au cours duquel les étudiants s’affrontent dans différentes catégories pour remporter un voyage en Corée et jusqu’à 15 000 $.

Comme tout titulaire d’un job étudiant, les étudiants ambassadeurs sont rémunérés.

Comment devenir ambassadeur Microsoft dans votre campus ?

Inscris-toi sur le site http://microsoft.agtcommunication.com et pour toute question, n’hésite pas à contacter I… K… (xxx@microsoft.com).

Cordialement,

Le BDE

Toujours est-il que, structuré ou pas, cela n’empêchera pas le libre d’avancer car ce sentiment de participer aux biens communs (qui est d’ailleurs l’un des fondements de l’Université) est plus fort à long terme que n’importe quel job étudiant rémunéré.

L’enthousiasme et l’adhésion ont définitivement choisi leur camp. Après, ce n’est plus qu’une question de patience et longueur de temps…

Notes

[1] L’illustration est un minuscule détail d’une copie d’écran du site Microsoft de l’opération.




Quand le guide « L’Internet sans embrouilles » porte de mieux en mieux son nom

Internet sans embrouilles - couverture

Je rebondis sur un billet du blog de Frédéric Couchet pour signaler la sortie d’une nouvelle version du guide Internet sans embrouilles, un guide réalisé par Science & Vie Junior et la société Calysto et distribué dans le cadre du Tour de France des Collèges à nos chères têtes blondes.

Ce Tour de France des Collèges avait fait couler beaucoup de cyber-encre lors de sa sortie. S’inscrivant dans une "logique DADVSI" et ignorant l’existence du logiciel libre, certains y avaient vu là l’influence des partenaires privés de l’opération (voir à ce sujet la dépêche LinuxFr de l’époque ainsi que notre petit billet d’humeur sur une publi-information de Microsoft adressée aux parents).

Dans ce contexte, on ne peut que se féliciter de constater que la nouvelle version (la très à la mode 2.0) du guide se bonifie d’une double-page sur le logiciel libre (j’en profite pour saluer une fois de plus le travail de l’APRIL directement impliquée dans ces modifications comme en témoignent les remerciements en bas de page). Comme quoi la critique a été constructive et les auteurs à l’écoute.

Vous pouvez parcourir ce guide (et le comparer à sa première version) sur le site officiel de l’opération. Ceci dit on se demande bien pourquoi ce guide n’est disponible qu’au (très insupportable) seul format Flash. Le but n’est-il pas d’en assurer sa diffusion maximale auprès des élèves ?

Internet sans embrouilles - logiciels libres

Toujours est-il que les pages 14 et 15 font plaisir à lire (je vous accorde que faire mention de Framasoft fait également plaisir à lire !).

Internet sans embrouilles - framasoft

Extraits :

Les ordinateurs, Internet et le Web, c’est avant tout l’échange et le partage. Mais quelque chose coince au niveau des logiciels… Impossible, en général, de lire leur contenu et de les modifier, et interdiction de les partager. Heureusement une autre philosophie existe : celle du logiciel libre.

Des développeurs proposent des logiciels libres. Ils sont souvent gratuits, ou moins chers que les autres. Mais surtout, on peut étudier leur fonctionnement. A nous de les copier, de les perfectionner si on a une idée, avant de les remettre en circulation. C’est le partage. Et dans le monde numérique, donner c’est « s’enrichir » ! Car on ne perd rien, et on profite à son tour des améliorations produites par les autres…

Le droit de choisir. Chacun a la droit de choisir entre un logiciel « propriétaire », édité par Microsoft ou Symantec entre autres, et un logiciel libre. Mais actuellement, la plupart des ordinateurs sont vendus avec un système d’exploitation et des logiciels propriétaires des grands éditeurs. On ne peut pas acheter la machine sans eux ! Et du coup, par facilité, on s’en contente.

Internet sans embrouilles - wikipédia

On remarquera également une nouvelle page (la 18) dédiée à Wikipédia, elle aussi tout à fait bienvenue.

Extraits :

Wikipédia compte 4 millions d’articles dont 300000 en français. Elle est écrite par tous ceux qui veulent participer. Elle est gratuite. Elle est libre. Le point sur cette encyclopédie d’un nouveau genre.

Qu’apporte-t-elle de plus ? Cette encyclopédie est fondée sur le principe du partage de la connaissance et de la participation de tous. Chacun peut apporter sa contribution, tout le monde coopère, bref, c’est exactement l’esprit originel d’Internet.

Comment est-elle écrite ? Quelqu’un commence à rédiger un article. En cliquant sur Modifier la page n’importe qui peut modifier ce qui a été écrit ou le compléter. La première version de l’article sur la pomme se résumait à : « La pomme est un fruit » ! Depuis, il a heureusement été bien enrichi par les internautes !

Voilà pour les (grandes) satisfactions.

Pour les (petits ?) bémols on regrettera que pour ce qui est de la musique et du téléchargement cela n’ait pas évolué. Les licences de libre diffusion (telles les Creative Commons) et les sites de musique qui s’en inspirent (Dogmazic, Jamendo…) sont encore passés sous silence. Et je vous laisse juge de cette citation page 13 : « Il est interdit de diffuser de la musique sans payer de droits d’auteur ».

C’est peut-être là encore l’influence des partenaires privés dont la SACEM, Microsoft, Apple et Google (via Live Messenger) qui parviennent encore ça et là à s’immiscer dans le contenu même du guide comme en témoignent les copies d’écran ci-dessous.

  • Microsoft (page 7)

Internet sans embrouilles - microsoft

  • SACEM (page 9)

Internet sans embrouilles - sacem

  • Apple (page 12)

Internet sans embrouilles - apple

  • Google (page 19)

Internet sans embrouilles - google




Piracy it’s a crime

Tranche de vie.

J’habite en Italie (Rome). Quand je loue un DVD au vidéo-club du coin je suis obligé de me taper systématiquement en début de lecture cette annonce (pour le moins agressive et un tantinet démago isn’t it ?) avec bien entendu impossibilité de passer directement au menu.

Je vous ai mis en ligne la version anglaise mais on a aussi la version italienne : "la pirateria è un reato".

Vous ne voleriez jamais une voiture
Vous ne voleriez jamais un sac à main
Vous ne voleriez jamais une télévision
Vous ne voleriez jamais un dvd
Télécharger des films piratés sur internet
C’est du vol
Voler est contre la loi
La piraterie est un délit

Vous voulez que j’vous dise…

<cri>Elle me sort par les trous de nez cette pub contre la piraterie !</cri>

Ah… voilà, ça fait du bien 😉




Windows Vista : jamais deux sans trois !

Windows Vista EULA

Il semblerait que le contrat de licence (EULA) du prochain système d’exploitation de Microsoft Windows Vista n’autorise qu’une seule réinstallation de l’OS sur un autre ordinateur. Autrement dit votre OS ne durera que le temps que dureront votre premier puis votre second ordinateur (j’imagine que pour ce faire ils ont mis un big DRM inside !).

Et puis on se retrouve avec des interdictions levées au compte-goutte en fonction des versions de l’OS. Regardez un peu ce que cela donne pour la version de base (Home Basic), c’est impressionnant !

* Can’t copy ISO to your hard drive
* Can’t install to a network server
* You may share files, printers, etc with a maximum of 5 network devices
* You MAY NOT use Remote Desktop, only Remote Assistance
* You MAY NOT use in Virtual PC | Virtual Server |VMWare

On peut faire confiance à Microsoft pour sortir l’artillerie lourde niveau marketing lors de l’inauguration officielle de Vista, mais avec Linux qui se démocratise chaque jour un peu plus (on y travaille) et les évolutions du web (cf Google Office & co), est-ce être naïf que de penser que l’édifice va finir par lentement mais sûrement se fissurer pour un jour définitivement céder ?

PS pour les courageux, les anglophones, et les juristes : voici le contrat de licence en pfd.