Framaconfinement fin de la semaine 1 : regrouper ses forces

J’ai cette impression étrange que la semaine dernière, c’était il y a un an. Il y a tellement de choses qui se sont passées depuis jeudi matin que ça me semble impossible (donc inutile) de vouloir tout dire, tout résumer.

Cependant, il y a quelques grandes lignes que l’on peut écrire pour garder la trace des chamboulements vécus dans Framasoft.

Après la tempête

Après la « journée des petits trucs » de mercredi, jeudi me fait penser à ce moment de flottement où on retrouve ses esprits après le passage de la lame de fond.

Ce matin-là, les membres de l’équipe salariée ne sont pas déboussolé·es à devoir s’adapter face à l’urgence… Au contraire, tout le monde semble avoir pris ses marques : Luc, tcit et Chocobozzz bichonnent les serveurs, paramètrent les jitsi et les MyPads, ajoutent des instances volontaires au pool des Framatalks et Framapads possibles… Spf navigue entre le forum d’entraide et les tickets, tandis que Pyg, Angie et moi répondons sur les médias sociaux et rédigeons à qui mieux mieux.

Pendant ce temps, au frama-comité des memes…

Je m’inquiète un peu pour AnMarie, moins à l’aise avec nos outils d’échanges à distance, et qui peut être d’autant plus isolée que ses tâches administratives et comptables n’appellent, finalement, que peu d’interaction. Il y a aussi Théo, Lise, Arthur, Maiwann qui voient leurs stages et sujets d’étude prendre une tournure « autonomie » qui ne doit pas virer à l’abandon.

Regrouper ses forces…

Pour bien comprendre la suite, il faut savoir que Framasoft est une association par cooptation. N’importe qui est bienvenu·e pour contribuer aux projets, et s’amuser à faire et décider de les choses ensemble, hein ! Mais les membres de l’association, celles et ceux qui « ont signé pour en chier », les personnes qui mettent un peu de cathédrale dans notre bazar… Bref nos membres se choisissent entre elles et eux.

C’est grégaire, certes. Mais, selon mes 20 et quelques années d’expérience des assos, collectifs, troupes et communautés (expérience qui ne vaut que ce qu’elle vaut), ces regroupements où on se rassemble par la reconnaissance de l’affection et des valeurs communes sont en général les plus sains, les plus efficaces. On se fait plus confiance, on agit sans perdre trop de temps en réunionite, et les dramas s’y désamorcent plus aisément.

Tout ça pour dire que les membres de Framasoft sont avant tout liés par un sentiment d’amitié et de camaraderie qui n’a, encore une fois ici, pas fait défaut. Dès lundi 16, un fil « Une grosse pensée pour nos salarié·es » partageait plein d’encouragements dans notre liste de diffusion principale, par exemple. Et dès jeudi, les membres bénévoles de Framasoft, qui ont aussi un travail, des familles, des angoisses… bref tout un confinement à gérer, dès jeudi donc, ces membres ont en plus trouvé du temps et de l’attention pour prendre soin de Framasoft.

Nous sommes aussi lié·es par l’humour. Par exemple, si on nous reproche d’utiliser l’anglicisme « gamer », on contre-trolle en parlant de chocolatine. Vous voilà prévenu·es

… renforcer le groupe

Que ce soit par des relectures des multiples textes que nous produisons, par de nombreuses réponses aux tickets de notre support et sur le forum d’entraide, par des mots d’encouragement des memes illustratifs ou des partages de veille sur les canaux de notre équipe Framateam… Cette présence, bienveillante et chaleureuse, crée une ambiance où on trouve plus facilement de l’énergie pour corriger ce bug revêche ou répondre à la frustration d’une personne confinée et perdue face à cet outil numérique devenu indispensable.

Non, les linuxien·nes ne sont pas mieux protégé·es contre tous les virus.

C’est aussi jeudi que nous avons pris notre premier café virtuel, en audio-conférence dans le salon « Framachine à café » de notre serveur Mumble. Organisé par Pyg (merci à toi !) ce moment de simple convivialité permet de lutter contre l’isolement face à un monde qui s’emballe. Nous ne dirons pas qui d’entre nous a découvert que le bouton 42 de la Framachine à café permet de servir une pinte de bière, il vous suffit de savoir que c’est la même personne qui avait brassé une Framabière artisanale dont on se souvient encore ;).

Ce jeudi enfin, Angie, Lise et Pyg ont travaillé à animer un autre groupe, le collectif des hébergeurs alternatifs CHATONS afin d’aboutir à une réunion via Mumble le soir même, où de nombreuses décisions ont été prises. Et c’est justement pour cela qu’on a besoin de se regrouper. Une période aussi exceptionnelle appelle de nombreuses décisions, exceptionnelles, dont on ne sait jamais si elles sont les bonnes, mais qu’il faut bien prendre. Renforcer le groupe, c’est aussi faire en sorte que des personnes ne se retrouvent pas seules face à des décisions, mais se dire qu’on va expérimenter ensemble, en groupe.

Des outils numériques que nous n’imaginions pas la semaine d’avant

Car des décisions pas faciles à prendre, il y en a eu !

Est-ce qu’il faut répondre à ce message de soignant·es qui nous demandent un outil pour que leurs patient·es puissent prendre des rendez-vous en ligne et ainsi gérer un agenda ? En ce moment, on pourrait croire que la question « aider des soignant·es » remporte un « oui » automatique. Mais la question est plus de savoir si nous avions les épaules, si nous saurions les accompagner, si nous ne risquions pas de les mettre dans une dépendance dangereuse par la suite…

Voilà comment tcit et Luc ont mis en place rdv-medecins.framasoft.org, aidés de spf pour le tutoriel d’utilisation. Si vous êtes médecin et avez besoin d’un outil pour votre prise de rendez-vous, vous pouvez nous contacter, mais notez bien que nous ne sommes pas un fournisseur de service professionnel, juste une asso loi 1901 qui essaie d’aider de son mieux, durant cette période exceptionnelle. L’avantage, c’est que l’outil utilisé (Nextcloud + ses applications « rendez-vous » et « calendar ») est libre, donc vous avez la liberté d’installer le même outil ailleurs, qui peut être aisément maintenu par des professionnels de l’infogérance.

On a toustes besoin d’un tcit chez soi.

Autre décision : faut-il publier dès cette semaine le mémo sur le télétravail, même s’il est encore imparfait ? Là aussi, nous avons décidé de publier sans fanfare ce mémo dirigé par Pyg où il y recueille les bonnes pratiques et les astuces concrètes (en plus des outils libres) de plus de 10 ans d’expérience en télétravail au sein de Framasoft. Vous pouvez le lire ici, le partager, et si vous voulez nous aider à le parfaire, cela se passe sur ce dépôt git.

Pendant ce temps, nous restons persuadé·es que l’audio-conférence est un outil bien plus efficace pour les réunions à 5, 10 ou plus… Je finis de rédiger et publier l’article annonçant l’ouverture de serveur Mumble, mis en place par les efforts conjoints de Luc, Pyg, spf (pour l’indispensable tutoriel d’utilisation illustré). Mumble, voilà un outil qui ne nous rajeunit pas ! Si son look est vintage, il est toujours aussi diablement efficace !

Un week-end où il est difficile de déconnecter

Quand la connexion numérique fait partie de votre outil de travail, mais qu’en plus elle devient le seul lien avec les proches… C’est dur de se déconnecter, et de se déconnecter de son boulot. Et on le voit bien parmi nos salarié·es, qui durant leur week-end en profitent pour organiser la semaine à venir, pour publier des articles ou des textes qui étaient en cours ou pour tester des scripts optimisant le partage de charges entre les instances des Framapad et Framatalk…

cliquez sur l’image pour lire le mémo du télétravail où Pyg partage ses plus de 10 ans d’expérience sur la question.

On voit aussi ce moment où les bénévoles de l’association prennent le relais sur les forces salariées, assurant une présence sur le forum d’entraide et dans les réponses aux tickets du support, ainsi que sur les réponses aux commentaires du blog.

Le collectif CHATONS est, lui aussi, essentiellement composé de bénévoles. Une nouvelle réunion se tient, en audio conférence, durant le week-end, pour trouver comment mettre en place les outils numériques de l’entraide. On va encore avoir des choses à préparer et annoncer pour la semaine prochaine, ça va être compliqué de ne pas y penser durant le week-end.

Gérer l’amplification des voix numériques

Il n’y a plus de café du commerce où on peut librement pester sur ce monde, plus de machine à café pour s’indigner des actualités, plus de coin de rue où on taille la bavette pour être sûr·e que d’autres que soi peuvent entendre le son de notre propre voix.

Alors on tweete. On pouette. On publie sa story sur Facebook et son poteau sur Reddit. L’afflux de monde sur les médias sociaux est sensible, c’est dur de ne pas intervenir. Chez Framasoft, nous tenons particulièrement à ce que nos choix soient compris, à s’assurer que nous les avons bien expliqués. C’est dur de ne pas répondre à cette énième injonction à rendre des comptes sur les arbitrages difficiles que nous avons faits cette semaine.

C’est d’autant plus frustrant que certains tweets commentent nos décisions plus pour râler un bon coup que pour parler avec nous. Framasoft et ses décisions n’y ont (en vérité) qu’une importance accessoire : le message, c’est qu’une personne est frustrée, fatiguée, esseulée.

Moi j’ai trouvé comment garder pour moi un coin de mon esprit : je sacrifie mes données à Nintendo, et je m’enfuis sur une île déserte dans une version vidéoludique de Playmobil. Le monde n’en va pas mieux, hein, mais au moins, je prends le temps de sourire.

Moi, ce week-end. Tout va bien.
Illustration de u/nathas sur Reddit




Un librecours pour mieux contribuer à la culture libre

C’est aujourd’hui que s’ouvrent les inscriptions au librecours « Libre Culture » pour se former aux enjeux et mécaniques des licences libres sur les œuvres culturelles. Ça tombe plutôt bien puisqu’une partie d’entre nous se demandent comment ne pas s’ennuyer en cette période de confinement ;-). Nous ne résistons pas à l’occasion de vous présenter ces librescours, dont celui-ci est l’un des premiers d’une liste que nous espérons longue et prospère !

Prendre part à la culture libre, celle du partage

Si l’on va chercher dans les principes fondateurs d’Internet, à l’époque où des scientifiques mettent en place les réseaux pour échanger et se partager leurs travaux, il y a la notion de partage du savoir qui s’enrichit lorsqu’il est diffusé librement. Ce n’est donc pas une notion nouvelle, et nombre d’artistes et créatrices clament qu’elles se hissent sur les épaules des géants, qu’ils ont été influencés par toute une culture reposant sur les œuvres de l’esprit d’artistes qui les ont précédés.

Image par Gerd Altmann de Pixabay

 

Cette culture du partage, dans le monde numérique, s’est retrouvée dans la culture libre. Car le logiciel libre ne se résume pas à une manière efficace, transparente et collaborative de produire du code. Non, ça, c’est l’open-source. Le logiciel libre offre, en plus de l’open-source, une éthique. Il propose une vision de la société, de la place du code et des personnes qui le créent dans cette société.

Car ce n’est pas le logiciel qui est libre, ce n’est pas l’œuvre qui est libre : c’est nous, les humains qui le sommes.

 

La culture du Libre repose sur les licences libres

Grâce à la démocratisation de l’outil numérique, nous avons assisté à la diffusion des outils de production des œuvres de l’esprit (écrits, images, sons, vidéos, code…), à la popularisation des savoirs-faire anciens et nouveaux (telles que les pratiques du remix, du mash-up, des mèmes), et à la venue de nombreux outils pour diffuser nos créations.

Participer à notre culture commune n’est plus réservé à une élite bien née. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à pouvoir apporter notre pierre à l’édifice culturel commun. Combien de vidéastes à succès utilisent des sons, musiques, et polices d’écriture libres, tout en partant du savoir libre de Wikipédia pour leurs recherches ? Ce n’est là qu’un exemple du foisonnement vertueux de la culture libre.

Capture d’écran d’une question lors d’un exercice du librecours Libre Culture

Chez Framasoft, nous pensons qu’il est important que toutes ces œuvres de l’esprit qui naissent ou vont naître puissent, à leur tour, prendre leur place dans la culture libre. Pour cela, nous souhaitons offrir à toute les personnes qui vont les créer, les utiliser, les modifier, les étudier, les diffuser, etc. les clés de cette culture, qui repose sur un outil à la fois juridique et symbolique : les licences libres.

Au fond, c’est quoi, ces « licences libres » ? Pourquoi est-ce qu’elles seraient importantes ? Est-ce qu’elles ne vont pas me léser en tant qu’autrice ? En tant que lecteur ? Que vidéaste ? Que bibliothécaire ? Elles s’appliquent pareil aux logiciels et aux vidéos ? Aux musiques ? Aux livres ? Aux jeux vidéo ? Qu’est-ce que je peux partager légalement et comment savoir si je suis hors-la-loi ? Et comment fait-on pour s’y retrouver, dans tout ça ?

 

Inscrivez-vous au deux premières sessions du librecours sur la Culture Libre

Dans la lignée du MOOC CHATONS, nous vous proposons cette fois-ci un librecours pour acquérir les clés de la culture libre. Que vous soyez créateur, prescriptrice, spectateur, étudiante, ou tout ça à la fois, ce cours vous permettra de savoir comment exploiter un contenu culturel en ligne et diffuser les vôtres.

Présentation du librecours Libre Culture

Et à contexte exceptionnel, mesures exceptionnelles, il a été décidé d’ouvrir deux sessions de ce librecours afin de permettre à celles et ceux d’entre nous qui ont davantage de temps dans les jours à venir de pouvoir le terminer plus rapidement.

Ces deux sessions débuteront le lundi 6 avril 2020.

  • La session LCIII durera 3 semaines et vous demandera 7 à 8h de votre temps chaque semaine.
  • La session LCVI s’étendra sur 6 semaines et sera donc moins intense (3 à 4h par semaine).

Le suivi des apprenant·es étant encadré, les places sont limitées aux 10 premières personnes pour la session LCIII (3 semaines) et aux 20 premières pour la session LCVI (6 semaines). Inscrivez-vous sur le site librecours et sur l’équipe Mattermost prévue à cet effet.

Alors c’est certain, tout le monde ne pourra pas profiter de ces deux premières sessions : leur encadrement sera assuré par nos bénévoles, Stéphane (auteur de Traces, un roman libre publié chez Framabook) en tête.

Nous voulons, encore une fois, commencer modestement, pour apprendre de cette expérience et faire un nouveau pas vers cette idée d’Université Populaire du Libre, Ouverte, Autonome et Décentralisée qu’est le projet UPLOAD, une des actions de notre feuille de route Contributopia.

À vous de participer à cette aventure pour mieux prendre votre place dans la Culture du Libre en vous inscrivant à ce librecours !

 

Pour aller plus loin

Découvrir le programme du librecours Culture Libre

S’inscrire avant le dimanche 5 avril 2020 (dans la mesure des places disponibles)




Framaconfinement Jour 03 – La journée des petits trucs

L’association Framasoft tient à partager, même de manière irrégulière et foutraque, le résumé de ce qu’il se passe lorsqu’on héberge des outils d’échange et de collaboration en ligne en pleine période de confinement.

Ce journal, nous l’écrivons pour lever un coin de voile sur Framasoft, mais aussi pour nous, parce que ça nous fait du bien. Ne vous attendez donc pas à ce que tous les éléments de contextes vous soient systématiquement donnés, on livrera les choses comme elles viennent, plus cathartiquement que pédagogiquement.

L’accès à l’ensemble de articles : https://framablog.org/category/framasoft/framaconfinement/

Voici notre journée d’hier vue par Angie.

Je suis impressionnée de me retrouver à rédiger le texte de ce journal, car contrairement à Pouhiou et Pyg qui ont le verbe (et la langue) bien pendus, ça m’a toujours demandé de prendre beaucoup sur moi-même pour écrire (du moins dans l’optique d’être publiée). Mais à contexte exceptionnel, mesures exceptionnelles. Je me mets donc un grand coup de pied au derrière pour vous raconter notre journée d’hier. Cet article sera sûrement plus court que les deux premiers billets (vous allez me dire : tant mieux !) car ma plume est plus concise que celle de mes chers collègues. De plus, n’ayant pas une formation informatique (même si bon, je ne suis pas complètement nulle en la matière), je suis parfois bien incapable d’expliquer ce que font mes collègues de l’équipe technique : c’est un peu du charabia pour moi tous ces gros mots ! Mais je me lance quand même !

« Faire court » …? Ouiiiii, on sait faire, à Framasoft. C’est même une spécialité locale !

La journée des petits trucs

Cette troisième journée de confinement a donné à une partie d’entre nous, une drôle de sensation. Comme me le disait ce matin Pouhiou, « la journée d’hier c’était pour moi plein de petits trucs qui ne donnent pas l’impression d’en avoir fait un gros » et SpF qui ajoute « Perso, j’ai pas eu l’impression d’avoir fait grand-chose alors que je n’ai pas manqué de travail » . Et pyg d’ajouter : « je n’ai pas eu l’impression d’être hyper efficace, mais au final, c’était une « bonne » journée » . Moi aussi, j’ai eu cette sensation d’éparpillement, de multiplier de toutes petites activités, sans vraiment m’arrêter durablement sur l’une plutôt que l’autre, un peu comme une abeille butinant de fleur en fleur. J’ai eu plusieurs fois dans ma journée l’impression que ce que je faisais n’était peut-être pas la priorité. Mais il m’était vraiment difficile d’établir des priorités dans cette masse de petites tâches, alors j’ai fait au mieux. Souvent, on ne voit pas à quel point régler les petits trucs peut être efficace et avoir de l’effet. Ça ne laisse pas le sentiment de satisfaction du travail bien fait, mais en prenant du recul, on s’aperçoit que toutes ces petites actions nous ont permis de pas mal avancer.

Je me suis donc demandée comment vous raconter cette multitude de petites activités sans tomber dans la liste sans fin. Mais comme ce quatrième jour de confinement arrive déjà à sa fin, je me suis dis qu’il ne fallait pas que je me prenne trop la tête non plus et que finalement, j’allais juste vous raconter tout cela le plus simplement possible.

Même pas peur.

Commençons donc par ce qui prend le plus d’énergie à l’association actuellement : le maintien et le renforcement de nos services. Dès mardi, Luc a migré semestriel.framapad.org vers un nouveau serveur pour accueillir les pads semestriels de notre service Framapad et ainsi laisser davantage de place à mensuel.framapad.org sur un serveur dédié. Dorénavant, lorsque vous créez un pad public sur https://framapad.org/, nous vous permettons de créer ce pad sur une instance du logiciel Etherpad qui n’est pas hébergée chez nous. C’est transparent pour vous, mais ça nous permet de reporter la charge entre plusieurs structures. Tcit ajoute chaque jour de nouvelles instances à la liste de celles vers lesquelles vous êtes redirigé⋅es lors de la création d’un nouveau pad. Vous pouvez ainsi consulter la liste de ces partenaires sur https://framapad.org/fr/info. Nous en profitons pour remercier toutes les structures et individus qui nous permettent d’utiliser leurs services. C’est beau et rassurant de voir une telle entraide !

Chocobozzz et Luc ont travaillé à l’amélioration des performances de MyPads, le service qui permet la création de dossiers de pads par utilisateur⋅ice, illimités et partageables. En effet, depuis lundi, vous êtes très nombreu⋅ses à utiliser ce service et il a rencontré quelques soucis. Luc a donc installé une nouvelle instance de ce service sur nos serveurs et nous proposons dorénavant 2 instances de MyPads :

Nous incitons les nouveaux utilisateur⋅ices à se créer un compte sur la nouvelle instance plutôt que sur l’instance historique, sauf dans quelques cas :

  • si vous voulez accéder à des pads déjà créés sur cette instance historique
  • si vous voulez partager des pads avec des utilisateur⋅ices déjà inscrit⋅es sur l’instance historique

 

Notez qu’il s’agit là d’un autoportrait, vu que ce meme a été généré par Framasky.

Notre service de conversation audio / vidéo Framatalk a lui aussi vu débarquer en masse de nouveaux utilisateur⋅ices. Tout comme pour notre service Framapad, nous avons fait appel à la communauté des hébergeurs de services en ligne afin de pouvoir vous renvoyer sur leurs instances du logiciel Jitsi. Vous pouvez ainsi consulter la liste de ces partenaires sur https://framatalk.org/accueil/fr/info. Nous remercions à nouveau toutes les structures et individus qui nous permettent de renvoyer vers leurs services.

Chocobozzz a passé une partie de sa journée à débuguer Framacalc, notre instance du logiciel Ethercalc, qui permet la réalisation de feuilles de calculs de manière collaborative. Luc, parce qu’il avait, dès mardi, installé et configuré un serveur Mumble pouvant accueillir 1200 personnes en temps réel (nous en avons fait l’annonce tout récemment), a aussi mis le nez dans la documentation Mumble qu’avait rédigée SpF pour y ajouter quelques éléments.

Pour Théo, notre stagiaire sur Framaforms, c’était une bonne journée puisqu’il a enfin pu résoudre les erreurs de mail de confirmation qu’il rencontrait sur ce service (ne me demandez pas de quoi il s’agit, je n’en ai aucune idée). Ça faisait plusieurs jours qu’il galérait dessus et ça a un peu été la délivrance pour lui que de résoudre ce problème. Ça a même fait danser SpF (pour qui c’est aussi un soulagement au niveau support) :

Pyg a, comme chaque jour, coordonné les activités de l’ensemble de l’équipe salariée et des membres bénévoles. Pour cela, on utilise principalement le logiciel Mattermost, un service de discussion instantanée conçu comme un chat interne. Ces derniers jours, les échanges ont été bien plus nombreux dans les différents canaux de discussion de cet outil. Lire l’ensemble des conversations et y répondre, ça prend sacrément du temps dans une journée.

Mais ça ne l’a pas empêché de :

  • finaliser le texte de l’article Framaconfinement Jour 02 – Prendre la mesure,
  • remettre le nez dans le mémo sur le télétravail qu’il avait entamé ce week-end,
  • suivre toutes les informations sur Framasoft,
  • faire de la veille sur les besoins numériques pendant la crise sanitaire (outils et accompagnement),
  • faire le point sur l’état de nos services,
  • prendre des nouvelles de ses collègues…;)

Pouhiou a animé toute la journée notre présence sur les différents médias sociaux en y diffusant de nouvelles publications, en partageant des informations et en répondant à celleux qui nous posent des questions ou qui réagissent à nos publications. Hier, l’un de nos tweets a été repartagé plus de 2000 fois. Pouhiou faisait le constat que sur Twitter, nos tweets les plus repartagés sont ceux où l’on exprime notre mécontentement face aux pratiques des géants du web et/ou débordements de propriété intellectuelle. Alors que lorsqu’on publie des contenus positifs, ils sont moins repartagés. On le sait, Twitter est le lieu d’expression de l’indignation et de la colère. Mais on a là la confirmation que les algorithmes de cet outil mettent davantage en valeur des contenus qui vont nous faire réagir.

Pouhiou s’est aussi chargé de la mise en forme et de la publication sur notre blog de l’article Framaconfinement Jour 02 – Prendre la mesure rédigé par pyg. Pour illustrer cet article, il a fait un appel à l’ensemble des membres de l’association afin de produire des mèmes. Ah, ça quand il s’agit de créer des mèmes, on a des spécialistes dans l’asso ! Les mèmes sont arrivés en pagaille et il en a sélectionné quelques-uns pour les inclure dans l’article.

Nous, on fait les deux.

Et en vrac, il a aussi fait tout cela dans sa journée :

AnMarie a continué ses activités habituelles en cette troisième journée de confinement, alors que nous savons qu’elle ne vit pas très bien le fait de télétravailler. Tout en répondant aux tickets de support concernant les dons, elle a fait de la saisie dans notre logiciel de comptabilité. Elle s’est aussi occupée de prendre des abonnements à deux nouveaux médias pour l’association : Le Monde et Médiapart. En effet, on en parlait depuis plusieurs mois de cette nécessité pour nos pratiques de veille de s’abonner à ces deux titres, sachant que nous avons déjà de longue date un abonnement à NextINpact. C’est dorénavant chose faite grâce à elle. Nous n’avons dorénavant plus aucune raison de ne pas être informé⋅es 😉

Hier, SpF est revenu à une activité plus habituelle que les jours précédents. Il a répondu aux tickets de demande de support et répondu aux nombreuses publications sur notre forum. Il est épaulé dans cette tâche par une partie de l’équipe salariée (coucou Tcit, Pouhiou et Théo) ainsi que par plusieurs membres bénévoles de l’association (coucou Gavy, Fred, lamessen, fat115 et celleux que j’oublie). Et comme me le disait SpF, répondre aux demandes, c’est vivre beaucoup d’émotions dans une même journée : entre les messages de remerciements qui vont droit au cœur, les messages de personnes qui sont complètement perdues et qu’il faut accompagner au cas par cas et les messages de celleux qui nous insultent, c’est un peu le yoyo émotionnel. D’où l’intérêt pour l’ensemble de l’association de se soutenir au quotidien !

Notez bien que les mots gentils sont plus nombreux que les râleries des facheuxses.

Quant à ma troisième journée de confinement, elle a été bien morcelée. J’ai continué tout au long de la journée à coordonner l’animation du CHATONS en prenant connaissance des échanges se déroulant sur notre forum, en échangeant directement avec certaines structures ayant des besoins spécifiques, en créant de nouvelles pages recensant sur le wiki les instances des outils les plus utiles au télétravail et en animant les comptes du collectif sur les médias sociaux. J’ai proposé la tenue d’une réunion spéciale pour les membres du collectif afin de définir la stratégie du collectif durant cette période. J’ai aussi passé un peu de temps sur la rédaction et la mise en forme de l’article Une mobilisation citoyenne pour la continuité pédagogique en lien avec le collectif Continuité Pédagogique. J’ai pris connaissance des articles et informations transmises par les membres de l’association. Et en fin de journée, j’ai rédigé les textes d’explications qui apparaissent sur nos instances MyPads en lien avec l’équipe technique. Au final, la journée était encore bien remplie.

Le monde a changé. — Pyg, hier, 2020

Mais ce que je voulais souligner, alors même que dans les circonstances habituelles je ne suis pas en télétravail, c’est que je ne me suis jamais aussi sentie en lien avec les membres de l’association. C’est un paradoxe assez intéressant que d’être confinée seule dans mon appartement lyonnais, de travailler seule face à mes écrans toute la journée et de me dire chaque soir que je n’ai pas eu une seule fois dans ma journée la sensation d’être seule.




Mumble Framatalk : un serveur pour parler à plusieurs

Dans cette situation exceptionnelle, nous venons d’ouvrir un serveur Mumble, qui vous permettra de créer des audioconférences. Dans bien des cas, cette solution est plus efficace.

N’ensemençons pas les Discord

Nos services de vidéo-conférence se sont fait prendre d’assaut. Aujourd’hui la page d’accueil Framatalk ne vous crée plus un salon de vidéo-conf sur nos serveurs, mais sur un des serveurs (dont les nôtres) de toute une liste d’hébergeurs éthiques qui contribuent à un effort commun.

Par exemple, ici, votre salon sera créé sur l’instance DEVLOPROG.org (et merci pour l’entraide !)

Chez Framasoft nous avons des années d’expérience de télétravail et de collaboration à distance. Nous en sommes persuadé·es : la visio conférence ne doit pas être un réflexe, et dans de nombreux cas c’est un mauvais réflexe.

Si vous êtes plus de 10, si vous n’avez pas d’écran à partager, si vous n’avez pas besoin de la proximité humaine de regarder un·e proche dans les yeux… Bien souvent une audio-conférence suffit amplement, et marche bien mieux.

Il suffit de voir la communauté des gamers : les fans de jeux vidéos ont massivement adopté l’outil propriétaire Discord. Discord un outil de tchat et d’audio-conférence, certes, mais malheureusement propriétaire et prédateur de vos données et comportements.

Le Mumble Framatalk est désormais à votre service

Luc, notre administrateur système tout terrain, vient donc de mettre en place le logiciel libre d’audio conférence Mumble sur un serveur qui techniquement pourrait accueillir jusqu’à 6500 personnes en même temps — et non 1200 comme annoncé précédemment — (et toujours sans rien capter de vos données).

Mumble, c’est un vétéran du logiciel libre. Si vous êtes habitué·es à Discord ça va vous faire bizarre : Mumble n’a pas les mêmes moyens ni la même ergonomie…

Mais c’est un peu comme une 4L : c’est pas le plus joli ni le plus confortable, par contre c’est d’une fiabilité qui confine à l’increvable 😉 .

Attention, nous pensons que notre serveur ne peut accueillir « que » 6500 personnes en même temps, mais pas plus, hein…

Pour vos audio-conférences, suivez le guide !

Spf vous a préparé un tutoriel aux petits oignons, illustré à foison, qu’il faut absolument aller lire si vous voulez utiliser cet outil.

En résumé, vous devrez :

  1. Vous équiper d’un micro-casque (sinon les autres vont souffrir) ;
  2. Télécharger et installer Mumble (ou Plumble pour Android, ou Mumble pour iOS)
  3. Configurer votre touche pour le push-to-talk, afin que votre micro ne se déclenche que lorsque vous appuierez sur un bouton (l’ergonomie vous rappellera les ordinateurs de votre enfance 😉 ) ;
  4. Ajouter le serveur mumble.framatalk.org dans votre logiciel Mumble (si vous avez le logiciel, vous pouvez simplement cliquer ici);
  5. Créer un salon pour vous et vos interlocuteur·ices (ou rejoindre le salon qu’on vous a communiqué) de préférence avec un mot de passe, sinon n’importe quel inconnu pourra se joindre à la discussion

Et si vous avez un souci, n’oubliez pas qu’il y a notre forum d’entraide pour y poser vos questions et trouver des bénévoles bienveillant·es qui vous accompagneront !

D’ailleurs, ne dit-t-on pas « sexy comme une interface Mumble » ?
Image CC-0 Davide Beatrici pour Wikimedia Commons

Gardez le contact

Nous espérons que ce nouvel outil, installé exceptionnellement pendant cette période de crise sanitaire, permettra au plus grand nombre d’entre vous de rompre l’isolement, de garder le lien avec des proches et de poursuivre certaines de vos actions associatives, familiales, coopératives.

La technologie, ce n’est qu’un outil au service de quelque chose de bien plus important : prendre soin les un·es des autres.

Alors prenez soin de vous.

Prendre soin.

Pour aller plus loin :




Framaconfinement Jour 02 – Prendre la mesure

L’association Framasoft tient à partager, même de manière irrégulière et foutraque, le résumé de ce qu’il se passe lorsqu’on héberge des outils d’échange et de collaboration en ligne en pleine période de confinement.

Ce journal, nous l’écrivons pour lever un coin de voile sur Framasoft, mais aussi pour nous, parce que ça nous fait du bien. Ne vous attendez donc pas à ce que tous les éléments de contextes vous soient systématiquement donnés, on livrera les choses comme elles viennent, plus cathartiquement que pédagogiquement.

L’accès à l’ensemble de articles : https://framablog.org/category/framasoft/framaconfinement/

 

Notre article d’hier s’est fait modérer-censurer sur FB, pour infraction au copyright.
Du coup il n’y aura pas de mème dans cet article.
Pas un seul.

Voici notre journée d’hier vue par Pyg, dans un texte dont il a fini le premier jet à 3h du mat’.

Prendre la mesure

Ce monde marche à l’envers.

D’habitude, c’est Pouhiou, mon collègue et ami qui use de sa plus belle plume pour écrire les billets du Framablog, et moi qui envoie des listes à puces aux bénévoles ou aux collègues à longueur de journée.
Mais en ce moment, le monde marche à l’envers.

Le premier billet de ce journal de bord aura donc été une liste à puces faite par Pouhiou. Et ce second billet, puisque nous avons décidé d’alterner les auteurs, sera plutôt une introspection. Ou une extraspection (oui, ça n’existe pas, mais à l’heure où je rédige ce billet, c’est encore mon anniversaire, alors je fais ce que je veux).

Sur le plan purement technique, cette deuxième journée de confinement aura, un peu, ressemblé à la précédente. On a couru de partout, en essayant non plus d’avoir le moins de casse possible (ça c’était hier), mais de commencer à voir comment on pouvait mettre les étais qui nous aideraient à continuer à être utiles.

Concrètement, Luc (notre adminsys) a commencé à migrer l’instance semestriel.framapad.org vers un des serveurs dédiés loué en urgence hier sur laquelle elle sera isolée, afin de laisser mensuel.framapad.org, toute surchargée qu’elle est, prendre ses aises sur le serveur où elles étaient toutes les deux. Il s’est aussi assuré que l’infra tenait bon, car il n’y a pas que les pads qui aient souffert, et à installé et configuré un serveur Mumble pouvant accueillir 1200 personnes en temps réel.

C’est peut être un biais, mais j’associe souvent Luc au mécanicien en fond de cale du rafiot, à serrer les boulons, à remettre de l’huile, à jouer de l’extincteur sur une pièce qui a trop chauffé. Mauvais caractère, râleur, mais sans lui nous ne serions rien.

Un jour, les admin-sys domineront le monde.
Mais pas demain : demain, y’a migration.

Suite à la remise en page expresse hier des pages d’accueil framapad et framatalk, tcit, qui développait jusqu’à la semaine dernière Mobilizon a lui aussi prêté main forte sur l’infra, et aux collègues qui en avaient besoin. Notamment, il a mis à jour Framadrive, et Framagenda. C’est le genre de personne tellement compétente que lorsque vous lui demandez si une tâche peut être faite à 17h14, il vous répond dans l’instant que ça a été fait à 17h10. Je crois qu’il a aidé chacun⋅e d’entre nous aujourd’hui, y compris Théo (stagiaire INSA qui travaille sur Framaforms). Discrètement, efficacement. Sans lui, nous ne serions rien.

L’envol vers l’auto-suffisance numérique, allégorie.

Chocobozzz, tout comme tcit, a dû temporairement arrêter (ou fortement ralentir) le développement de PeerTube. Depuis jeudi dernier, date de migration du serveur framatalk, il travaille avec Luc à mettre en place un JitsiMeet qui tienne la route (et d’après les au moins 752 messages lus sur le canal « Tech » de notre framateam, j’ai cru comprendre au milieu de leurs échanges en jargon-Klingon avec Luc que la doc de Jitsi était quand même franchement, franchement pas claire). Luc est actuellement en train de monter un autel à sa gloire dans son bureau, tant son travail sur Jitsi a été salutaire 🙇. Sans lui nous ne serions rien.

JosephK, notre développeur frontend, est lui, épargné (en quelque sorte) puisqu’il avait posé 4 semaines de congés pour finir les travaux de son écoquille, dans un coin reculé de la France. Il est censé revenir la semaine prochaine, mais avec des enfants à charge (et donc confinés), je ne sais pas encore s’il pourra (et pourtant il est clair qu’un peu d’air frais et d’énergie soulagerait bien les collègues). On ne sait pas. On verra. Sans lui, nous ne serions rien.

 

Les nouvelles machines framatalk tiennent la charge… tant que vous ne vous connectez pas à plusieurs dizaines dessus !

Mais Framasoft, ça n’est pas que de la technique (et les humains qui vont avec)

C’est aussi du support, de l’accompagnement, des échanges avec la communauté, pour la communauté.

SpF, par exemple, l’homme de l’ombre, celui qui a traité, je viens de vérifier, 28 122 tickets de support (oui, parce qu’un spam en faux positif, il faut bien le traiter aussi). Celui qui répond patiemment quand vous nous engueulez parce que votre mot de passe ne fonctionne plus (alors qu’en fait ça fait 5 fois que vous l’écrivez en majuscules au lieu de minuscules, que vous l’expliquer génère 6 messages de support, et quand, enfin, il vous montre – patiemment et poliment – que vous vous étiez trompé, vous ne vous fendez que rarement d’un « désolé » ou d’un simple « Merci »). C’est lui, aussi, qui vous retrouve le pad-absolument-vital dont vous avez perdu l’adresse (et là, parfois, vous vous répandez en louanges à son égard, merci). J’ai évidemment une pensée particulière pour lui car il n’a jamais caché qu’il était hypocondriaque (un vrai, pas un qui fait rire comme dans les films). Alors on essaie de dédramatiser à coup de « Comment ça va ? » « Bof, comme un hypocondriaque en pleine pandémie »… BaDoum Tss…

Aujourd’hui, SpF a réalisé un tutoriel Mumble qui pourra sans doute être fort utile pour celles et ceux qui veulent garder un contact audio en ces temps troublés. Sans lui, nous ne serions rien.

Désormais, le support pour nos services passe en priorité par le forum.

Une partie des communautés libristes a vu, au départ, la situation de pandémie comme une façon de prouver que le libre était LA solution aux défis techniques que nous rencontrons, tout en bottant le cul des GAFAM. Et beaucoup de gens ont tourné leur regard vers nous, comme si nous pouvions réellement changer la donne. Malheureusement, non, Framasoft seule est impuissante. Nous avons dit et répété que nous voulions participer à changer le monde, un octet à la fois, mais qu’il était hors de question de prendre sur nos épaules l’injonction de le sauver. Ben voilà, on ne le sauvera pas. Notre seul espoir à mon avis, et cela même en dehors du numérique, va résider dans notre capacité à faire, et faire ensemble. Plutôt que d’attendre un hypothétique sauveur.

Faire ensemble, c’est justement ce pourquoi nous avons initié le collectif CHATONS. Hier, c’était un peu le grand test : le « S » de CHATONS qui signifie « Solidaires », c’est pour de vrai ou c’est pour la gloriole et pour du beurre ?

Force est de constater que les chatons ont répondu à l’appel : en 24h, le collectif a pu rassembler des listes de plusieurs de dizaines de structures prêtes à proposer qui des pads, qui du Jitsi, qui de la VM, qui du Nextcloud, etc.

Le tout avec des valeurs de transparence, de respect des données personnelles, d’engagement à n’utiliser que du libre, et, ces structures l’ont démontrées hier, de la solidarité.

C’est « CHATONS », avec un « S » comme « Solidaires »

Mais organiser un tel foisonnement n’est pas simple : on a beau être plus « bazar » que « cathédrale », s’organiser c’est essayer de mettre de l’ordre dans le chaos, c’est trouver quelles sont les urgences et mettre en œuvre des plans d’actions.

Et ça, ça a été une partie du boulot d’Angie sur cette journée. Elle a ouvert des pages wiki, réorganisé des catégories du forum, modéré des messages. Bref, elle a essayé de canaliser les énergies pour qu’elles ne se dispersent pas dans l’agitation extrême d’hier. En parallèle, elle a travaillé avec le collectif spontané « Continuité pédagogique » pour relayer leur appel sur le framablog, qui vient de paraître aujourd’hui. Et elle doit autant que possible, continuer à prendre en charge les stages de Lise (sur CHATONS) et d’Arthur (en charge de nos traductions). Je partageais mon bureau avec elle et Anne-Marie. Ne plus l’entendre pester contre Drupal me manque déjà. Sans elle, nous ne serions rien.

 

Ah si les CHATONS avaient les moyens d’Oprah…

Pouhiou, lui, n’est pas que la plume de Framasoft. Il en est le panache. Une force motrice. Toujours à l’écoute et attentionné. Et quand je dis attentionné, on est loin des 2 minutes d’attention avant de passer à autre chose. C’est plutôt du genre à détecter si je vais bien ou pas rien qu’à ma façon d’écrire  « Hello World! » sur le tchat des salarié⋅es le matin. Je connais ses forces, mais aussi ses fragilités. Je sais que le confinement ne lui pèsera pas vraiment (nous sommes nombreux dans l’équipe à pratiquer le télétravail depuis des années). Mais je sais que son empathie naturelle va le conduire à s’inquiéter pour ses proches, dont nous sommes.

Pouhiou, hier comme chaque jour, a animé – avec Angie – nos médias sociaux, a rédigé un mail-bilan à l’asso, mail qu’il a repris sur le blog sous la forme du premier billet de ce journal. Il a aussi animé une réunion à distance avec SpF et Maiwann (en formation au CNAM en ergonomie, et qui travaille sur la question de la pénibilité du support) sur la refonte nécessaire de notre plateforme de support face à l’afflux de visiteurs et visiteuses. Enfin, surtout, il a pris soin de nous. Il est resté toute une partie de la journée à l’écoute, sur le Mumble (un tchat audio) de l’association, à dire bonjour ou à prendre des nouvelles qui passait par là. Sans lui, nous ne serions rien.

Dites-le avec des paillettes.

Enfin, il y a Anne-Marie. L’invisible ou presque pour qui ne connaît pas Framasoft « In Real Life ». Secrétaire administrative et financière de l’association (oui, merci, nous sommes bien conscient⋅e⋅s de la position genrée de l’association et on y travaille :-/ ), c’est elle qui saisit les dons, fait une grande partie de la compta, passe nos commandes, expédie les colis, organise les A.G., etc. Je partage son bureau depuis maintenant plus de 4 ans, à LocauxMotiv. Et je m’inquiète pour elle. Parce que je la connais. Parce que je sais pour elle l’importance du « réseau social » (pas celui de Twitter ou Mastodon, vous ne l’y trouverez pas) : celui des ami⋅e⋅s, des collègues, de voisin⋅e⋅s de bureaux de LocauxMotiv, lieu dans lequel elle s’est beaucoup impliquée et fermé depuis hier. Et l’imaginer confinée chez elle, à Lyon, me fait… eh bien me fait mal, en fait. Car je sais que j’aurais beau l’appeler tous les jours, ou qu’elle peut entrer en contact avec n’importe lequel de ses collègues à n’importe quel moment, par n’importe quel moyen (téléphone, tchat, Mumble, visio, email, etc), pour elle, ça ne sera pas pareil. Pas juste différent. Moins bien. Beaucoup moins bien. Difficile sans doute. Douloureux peut-être. Sans elle, nous ne serions rien.

Tentative d’illustrer la classe d’AnMarie.

Prendre la mesure

Et moi, dans tout ça ?

Je me sens privilégié. J’étais à la campagne avec mon amoureuse le WE dernier, nous avons décidé d’y rester. Nous n’avons qu’une pièce chauffée, mais c’est tout à fait suffisant. Un jardin, des forêts. Nos proches vont bien. Une connexion internet 4G dont on n’a pas – pour l’instant – explosé le forfait. Bref, pour l’instant, le confinement je le vis plutôt bien, mais il faut dire que j’ai plusieurs années de télétravail derrière moi (alors que j’étais le premier et l’unique salarié de Framasoft).

Par contre, j’essaie de prendre la mesure de ce qui nous arrive. Et je n’y parviens pas.

Cela fait 12 ans que je suis salarié de Framasoft, d’abord en tant que délégué général, puis – suite au départ d’Alexis Kauffmann de l’association en 2014 – en tant que directeur. J’en ai vu passer des situations. Des ubuesques, des tendues, des tordues, des exaspérantes, des désespérantes. Mais là, on est face à autre chose. Et j’ai l’impression qu’il faudrait faire comme si rien n’avait changé.
J’ai bien compris l’intérêt des mesures de confinement (et de distanciation sociale, les copains de Datagueule expliquent ça très bien). Et je respecte ces mesures.

Merci de faire tourner cette vidéo de DataGueule, publiée sur leur chaîne PeerTube

Je veux bien être un bon petit soldat. Je veux protéger mes proches, les inconnu⋅e⋅s, les soignant⋅e⋅s.

Mais j’ai vraiment du mal avec des termes comme « Plan de Continuité d’Activité » ou « Continuité Pédagogique ».

Parce que, non, l’activité ne « continue » pas. Elle s’est pris une tarte dans la gueule, un coup de massue même, et ça n’est pas parce qu’elle bouge encore qu’elle « continue ».

J’ai fait ma part du job. J’ai produit (presque pour me détendre) un mémo sur le télétravail (publication demain a priori), parce que je sais que balancer des centaines de milliers de personnes en télétravail du jour au lendemain, c’est d’une violence inouïe pour un grand nombre d’entre elles. J’ai dû prendre des dizaines ou des centaines de décisions chaque jour depuis jeudi pour que Framasoft reste à flot, sans même savoir si ces décisions auraient du sens ou le moindre impact le lendemain. J’ai accompagné mes collègues comme j’ai pu, et je continuerai à le faire.

Mais qu’on ne me dise pas que l’activité « continue ».

Je sais que notre décision d’indiquer aux enseignant⋅es et aux élèves qu’ils et elles n’étaient plus les bienvenus chez nous a heurté. Cette décision, la mienne au départ, puisque je l’ai imposée d’urgence avant de pouvoir la faire valider par l’asso dont les membres avaient des urgences plus personnelles. Et elle n’a pas été facile à prendre. « « FRA » et « MA », c’est pour FRAnçais et MAthématiques », ai-je répété des milliers de fois ces dernières années. Donc, dire « non » aux profs est un crève-cœur pour moi. Mais, comme nous l’avons expliqué, même une infime portion de 800 000 enseignant⋅e⋅s et de 12 000 000 d’élèves, c’est trop pour nous. Cela se ferait au détriment des associations, collectifs, syndicats, TPE, particuliers, etc qui utilisent nos services et qui n’ont pas les moyens du plus gros Ministère de France. Alors certes, on va bricoler des trucs avec les CHATONS, et peut être le collectif « Continuité Pédagogique » va réussir son challenge, évitant à des EdTech affichant aujourd’hui leur solidarité de devenir les prédatrices de demain en poursuivant le processus déjà bien entamé de marchandisation de l’éducation.

Mais j’ai comme un doute.

Pourquoi chercher à tout prix à « continuer » ? On est coincés pour « 15j au moins » ©

Je me mets à la place de gamins qui ont entendu « Nous sommes en guerre » 4 ou 5 fois d’affilée par la plus haute autorité du pays [NDLR : 6 fois, en fait, il l’a dit 6 fois]. Qui sont enfermés chez eux. Qui ont interdiction de jouer avec ou de toucher leurs copains et copines… Et le problème, ça serait que de savoir comment des profs peuvent faire cours à 30 gamins en visioconférence, comme s’ils étaient encore en classe ? Comme si on « continuait » ?

Ça me paraît dingue. Le Ministère (avec qui nous ne sommes effectivement plus en très bons termes) s’acharne à tenter d’imposer des solutions techniques pour faire respecter la sacro-sainte « continuité pédagogique ». Je ne dis pas qu’à aucun moment ils ne pensent aux impacts psychologiques du confinement chez les enfants, mais de ce que j’en vois, vu d’ici, ça semble passer bien après le fait de leur fournir « la solution technique qui marche ». Je leur conseillerai bien de s’arrêter, de respirer un coup, et de changer d’attitude en passant de « donneur d’ordres » à « fournisseurs de ressources » en faisant confiance à chaque enseignant⋅e, individuellement, pour s’organiser collectivement avec ses collègues (et/ou avec les parents) afin d’apporter la meilleure solution selon les cas spécifiques, en lâchant prise sur le fait que pour le moment, personne ne maîtrise plus rien. Si on est prêt à confier nos enfants 7h par jour à des presque inconnu⋅es, je ne vois pas pourquoi on refuserait de leur faire confiance pour s’organiser dans le chaos ambiant. Mais je ne bosse pas au Ministère, et je suis fatigué de cette attitude du  « Un qui sait, tous qui appliquent ».

Cette désorganisation globale causée par le caractère – forcément – impromptu de la crise sanitaire actuelle semble se retrouver dans tous les domaines de l’État. Tout est flou. « On vous dira demain ».
Je ne pointe pas du doigt l’impréparation de l’État (qui me semble réelle, mais ça n’est pas le sujet), mais le fait que ce dernier entretienne un discours de « directives au jour le jour » qui freinent la mise en place de dynamiques collectives locales, puisqu’on attend la grand messe du lendemain. Il y a bien sûr l’urgence médicale. Il y a aussi l’urgence sociale (« Lavez-vous fréquemment les mains », « Restez chez vous », c’est simple quand on est SDF ?). L’urgence éducative (que je différencie de l’urgence scolaire). L’urgence culturelle. L’urgence associative (les associations palliaient à bien des manques de l’État et se retrouvent aujourd’hui sans réelle capacité d’action, et avec des incertitudes fortes sur leur avenir).  Etc.

Ce n’est pas un coup de gueule : j’ai conscience que c’est le bordel pour tout le monde, hein. Notamment pour toutes les professions qui (comme par hasard) avaient des régimes spéciaux : soignant⋅e⋅s, profs, cheminots, transports routiers, etc. Et je ne cherche pas de coupables.

Mais j’aimerais qu’on arrête de me dire qu’il faut que ça « continue ». Le monde a changé. Peut être temporairement, peut-être pas. Mais du coup, nous devons changer nous aussi.

Évidemment, je suis conscient que ce n’est pas la fin du monde (peut-être la fin d’un monde), et qu’on s’en relèvera. Et il me paraît normal, et sain, que certain⋅e⋅s aient besoin de « continuer » pour pouvoir sortir du sentiment d’angoisse ou d’irréalité dans lequel beaucoup d’entre nous sont plongés. Mais demain, une fois sorti de l’état de sidération, il faudra prendre la mesure de ce qui a changé. Retrouver et redonner du sens à nos actions. Et agir. Agir là où l’on se sent utile. Nous réorganiser.

Voilà une vérité qui dérange, ouuuuuuuuh ! :p

 

Concernant Framasoft, cela signifie qu’on ne sait plus rien. Inutile de venir me demander « Quand PeerTube supportera-t-il le live streaming ? », « Est-ce que Mobilizon sortira en juin comme prévu ? », « On aurait besoin d’un cloud en urgence pour qu’un médecin puisse être en liaison avec le SAMU, vous pouvez fournir ? ». Avant, je savais. On me payait pour savoir. Aujourd’hui, je ne sais plus.

Et ce n’est pas si grave, peut être.

Voyons cela comme un reboot. Un reset. L’occasion de repenser les choses sous d’autres angles.

Mes collègues et moi, mais aussi les 25 membres bénévoles de l’association (que des pétales de roses fleurissent sous leurs pieds pour les 18 prochaines générations) ferons de notre mieux, mais pas plus. Parce qu’il va falloir apprendre et découvrir, avec vous, ce que ça fait de louer des serveurs quand il faut imprimer une attestation puis faire 2h de queue pour aller acheter un paquet de pâtes.

Notre priorité sera d’abord de prendre soin de nous et de nos proches, et sans doute alors trouverons-nous comment être de nouveau vraiment utiles dans ce nouveau monde.

Librement,

pyg, La Vineuse sur Fréguande, anciennement Donzy-Le-National (ça ne s’invente pas), le 17 mars 2020.

 

Note de Fred : et dans ce foutoir il y a aussi nous, les bénévoles, qui sommes en train d’écoper le bazar dans nos boulots respectifs en télétravail ou pas (une pensée pour Framatophe qui bosse au CHU de Strasbourg où ça ne doit pas être facile en ce moment) et qui trouvons quelques minutes pour venir fermer les parenthèses que pyg ouvre en masse et ne referme pas toujours, insensible qu’il est aux courants d’air, notre ours d’airain qui porte tant de monde sur ses solides épaules. Oui, chez Frama, on s’aime, et on aime aussi la typo propre.




Framaconfinement, jour 01 (lundi 16 mars)

Lorsque l’on crée un logiciel ou une œuvre libre, un des réflexes, c’est de documenter nos expériences et nos processus. Tenir un journal, un log, permet de partager l’expérience de ce que l’on vit, une expérience dont d’autres pourraient s’inspirer.

L’association Framasoft tient à partager, même de manière irrégulière et foutraque, le résumé de ce qu’il se passe lorsqu’on héberge des outils d’échange et de collaboration en ligne en pleine période de confinement.

Ce journal, nous l’écrivons pour lever un coin de voile sur Framasoft, mais aussi pour nous, parce que ça nous fait du bien. Ne vous attendez donc pas à ce que tous les éléments de contextes vous soient systématiquement donnés, on livrera les choses comme elles viennent, plus cathartiquement que pédagogiquement.

L’accès à l’ensemble de articles : https://framablog.org/category/framasoft/framaconfinement/

Pour rappel, Framasoft, c’est :

D’après une infographie de Geoffrey Dorne, CC-By-SA. (soon to be translated into English)

 

Pour ce premier jour du journal de notre confinement, nous reproduisons ci-dessous le bilan du lundi 16 mars envoyé par Pouhiou à la liste des membres de l’association.

C’est parti pour la liste des décisions prises hier en urgence par l’équipe salariée, ainsi qu’un résumé de la journée vécue en mode #ListeàPucesPowaaaa.

Relations Humaines

  • (rappel) Framasoft fait passer l’humain avant tout, d’autant plus dans des périodes comme celles ci ;
  • Les salarié·es lyonnais·es passent en télétravail selon les modalités de l’email de Pyg de ce week-end ;
  • La réunion Mumble hebdomadaire de l’équipe salariée (rompue au télétravail) n’a duré que 2 heures, comme les autres semaines, ce qui tient du miracle compte tenu des circonstances ;
  • AnMarie se charge d’annuler les déplacements et hébergements prévus pour le SalarioCamp et les JDLL ;
  • Le moral est bon, même si la situation donne parfois un sentiment d’irréel ;
  • Le Mumble interne reste ouvert, on essaie d’y avoir une présente constante, pour que chaque membre de l’asso puisse venir papoter si envie ou besoin ;
  • Luc ne peut pas avoir de rdv médecine du travail en visio (iels le font pas pour l’instant), donc on va aménager son temps de travail par décision interne pour parer au plus pressé en respectant sa demande (bosser moins mais bosser quand même) ;
  • On voit tous les petits mots d’encouragements par liste email, canal Framateam, groupe Signal : c’est cool ! ;
  • On envisage de lancer des framapapotes hebdomadaires pour toustes les membres de l’asso durant cette période de confinement.
Je Veux Télétravailler, un tube de JC Frog

Organisation interne

  • Nous remettons à « plus tard » l’ensemble de nos tâches courantes pour gérer la montée en charge sur nos services ;
  • Non parce qu’après la vague Italienne, on a la vague Française avec l’EN et le supérieur qui fonce sur Framatalk et Framapad, et les serveurs se font bien, bien défoncer comme il faut ;
  • Cela signifie que les développements de Mobilizon et PeerTube vont être retardés, que notre calendrier des projets va être remis en question, on gèrera : nous avons besoin de tcit et chocobozzz sur l’administration des serveurs ;
  • Positionnement : les enseignant·es et élèves ne sont pas les bienvenu·es sur les services de Framasoft (qui ne peut pas parer aux carences du ministère) ;
    • C’est dur, mais même pour une petite partie des 800 000 enseignant·es et 12 000 000 d’élèves, on ne peut pas assurer sans cramer le service pour tous les autres ;
    • Or ces usages dépendent d’un ministère, avec ses moyens (72 milliards d’€, c’est le budget de l’EN, autant vous dire qu’avec 0,0002% de cette somme, ils pouvaient très bien proposer des pads pour 12 millions d’élèves), pas de notre asso loi 1901 ;
  • Donc on réserve l’usage de nos services à qui n’a pas les moyens d’un ministère derrière soi (PME/SCOP, Assos, Collectifs et communautés, familles, personnes isolées, etc.).

Le Meme-of-the-Day de notre canal framateam « pourrisage Gif/ meme » est signé Spf

Administration des Systèmes et Tech

  • Location de 7 nouveaux gros serveurs pour avoir de la puissance sous le capot ;
  • Énorme travail de l’équipe technique hier sur la configuration de Jitsi Meet (Framatalk) qui est bien revêche ;
  • Énorme travail aussi sur le serveur et les plugins de Framapad, qui a bien chargé ;
  • Beaucoup de libristes, le collectif CHATONS en tête, proposent leurs instances, mais il fallait trouver comment décentraliser ;
  • Désormais les formulaires pour créer des nouveaux pads (Framapad) et rooms de visio confs (Framatalk) renvoient vers une sélection d’instances de confiance ;
  • C’est le temps qu’on migre sur des serveurs qui poutrent ;
  • Du coup, sur les pages Framapad et Framatalk, ajout d’un message expliquant la surcharge, et le refus de parer aux carences du MEN.

Non mais tout. va. bien.

Support

  • Les utilisateurices novices posent des questions de novices et induisent un besoin d’accompagnement… Mais d’habitude ils découvrent les outils frama au fil de l’eau, or là c’est la ruée, donc il faut réagir ;
  • Intuition : présenter d’abord un espace « entraide sur le forum », pour réserver le support aux questions où on traite de données personnelles / usages ;
  • Autre Intuition : on ne peut plus donner via les tickets les réponses qui sont déjà dans la FàQ, il faut donc la rendre incontournable ;
  • Préparation d’une nouvelle catégorie « Entraide » sur Framacolibri, de sa description et d’un nouveau message de réponse automatique à la création de ticket RT ;
  • Réunion avec Maiwann : les intuitions correspondent à peu près aux préconisations tirées de son travail d’ergonomie avec Spf \o/ ! ;
  • On a donc ajusté ensemble pour que les messages et le workflow du support (dont la page Contact) correspondent encore mieux à leur préconisations ;
  • Réunion prévue mardi matin avec Maiwann, Spf et Tcit pour tout vérifier avant d’entériner tout ça ;
  • Il va donc y avoir besoin d’un max d’entre nous pour répondre aux nouveaux sujets qui seront postés ici (et pour y migrer des sujets anciens d’autres catégories).

Un petit message léger et subtil sur notre page de Contact.

Communication

  • Wouhou ! Cay le bordayl ! ;
  • Travail de prépa des textes autour du support et du positionnement « on ne peut pas accueillir l’EN » ;
  • Un double pouet/tweet, où on demande aux grosses boites/institutions de ne pas se décharger sur nous, qui a fait du bruit bien comme il faut https://twitter.com/framasoft/status/1239492922988527616 ;
  • Beaucoup de propositions d’aide, d’instances, de rassembler les énergies : c’est à la fois très beau à voir et impossible de répondre à tout le monde tout en se consacrant aux urgences ;
  • Toujours ce même problème de Frama trop visible/central alors qu’on refuse un quelconque rôle de « représentant du Libre FR » (et faut continuer à refuser !) ;
  • Énormément de bienveillance (sauf pour les personnes qui ne peuvent pas comprendre nos positionnements tant elles ne partagent pas nos valeurs, mais bon c’est legit…) ;

Le double tweet en question, très repris.

Partenariats/réseaux/collectifs

  • Gros travail d’animation du collectif CHATONS par Angie, Pyg et Lise ;
  • Du coup la solidarité du collectif fait encore plus sens dans ces périodes : ça donne du sens au collectif qui s’empare du Wiki, du forum, etc. ;
  • Un collectif nommé « continuité pédagogique » veut lancer sur le Framablog un appel à une « réserve civique numérique » ;
  • Travail de Pyg et Angie avec ce collectif pour préciser nos limites (nous ne pouvons pas faire partie de cette réserve) mais aussi les aider (à travailler leur appel, l’article, etc.).

Framasoft et les CHATONS, allégorie.

Voilà pour cette grosse première journée, qui fait qu’un certain nombre de salarié·es ont fini sur les rotules, quand même. Mais on va faire en sorte de prendre soin de nous.

À demain, ou bientôt, pour un journal un poil moins long, j’espère.




10 bonnes raisons de fermer certains services Framasoft (la 5e est un peu bizarre…)

On le sait, faire le « grand ménage de printemps » c’est pas une partie de plaisir… mais c’est tellement agréable, quand c’est fait.

À noter : cet article bénéficie désormais d’une version audio.
Merci à Sualtam, auteur de lectureaudio.fr pour cette contribution active.

À l’heure où nous nous retroussons les manches pour « Déframasoftiser Internet », nous voulons vous expliquer ce que l’on va faire, et pourquoi, car nous sommes persuadé·es que fermer certains services (qui vous renverront chez les copains) et en restreindre d’autres, c’est ce que nous avons de plus sain à faire pour les internets, vos données et nos frêles épaules.

Mise à jour (janvier 2021) :

Nous avons complètement remis à jour notre plan de « déframasoftisation ». Nous avons pris en compte de nombreux paramètres (vos usages, l’évolution de certains logiciels, la disponibilité d’alternatives, les conséquences des événements de 2020…) et décidé de poursuivre en 2021 le maintien de certains services, le temps d’y voir plus clair.

Si les raisons exposées ici restent valables, merci de ne pas tenir compte des annonces dans les textes et images de cet article.

Le calendrier mis à jour se trouve sur la page Alt.framasoft.org.

1. Pour mieux s’occuper des services existants

N’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure qui ont prophétisé une Framapocalypse en criant « ça va fermeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeer ! » sur leurs médias sociaux, nous allons maintenir de nombreux services à votre disposition, et parmi les plus utilisés… Regardez plutôt :

Les services que nous allons maintenir sans restrictions
Illustration CC-By Maiwann

Maintenir ces services demande du soin, du savoir-faire, de l’attention… Nous avons donc décidé de faire moins pour faire mieux, de proposer moins de services pour mieux chouchouter ceux que nous gardons à votre disposition.

2. Pour assurer une qualité de service aux personnes qui y sont

Il y a d’autres services que nous allons maintenir… mais avec des restrictions. Pour les personnes qui les utilisent déjà, rien ne changera. Nous cesserons simplement d’accueillir de nouvelles personnes, parce qu’on ne peut pas grossir à l’infini sans que ça ne devienne moins bien pour tout le monde.

En effet, s’il y a 10, 100, 1000 ou 10000 personnes qui utilisent un frama-service en même temps, ça change tout : plus il y a de personnes, plus il y a de chances que ça plante. Plus ça plante, plus on a de travail (support, remise en service, etc.). Plus on assure ce travail, moins on a de temps pour maintenir et améliorer l’existant.

Voici les services que nous allons maintenir en restreignant les nouveaux usages.
Illustration CC-By Maiwann

Concrètement, au moment de restreindre ces services, nous avons l’intention de bloquer la création :

  • de nouveaux comptes sur Framasphere et Framapiaf (cela ne changera rien pour les personnes qui y sont déjà) ;
  • de nouvelles listes, teams et dépôts sur Framalistes, Framateam et Framagit (l’existant pourra continuer de fonctionner comme avant) ;
  • de nouveaux liens sur Frama.link (les redirections actuelles seront maintenues) ;
  • de nouveaux comptes sur Framaforms (les comptes existants pourront continuer de créer des formulaires… sachant que nous travaillons actuellement à améliorer le logiciel pour que d’autres l’hébergent plus facilement : on en reparle dès que ça aura avancé !)

3. Pour mettre en lumière d’autres hébergeurs de confiance

Nous l’avons annoncé durant notre campagne Dégooglisons Internet : l’important c’est d’essaimer, de multiplier les hébergements de services en ligne qui respectent les humain·es et leurs données !

Si on ne met pas toutes nos données dans le même panier (si on n’utilise pas tous et toutes le même hébergeur), alors on évite le piège de la centralisation : ce processus donne beaucoup trop de pouvoir et d’importance à un hébergeur… Et même si cet hébergeur, c’est Framasoft !

OK, mais concrètement, comment on fait pour trouver des services comme Framasoft mais dispersés ailleurs ?

Il vous suffit d’aller sur le Frama-service que vous avez l’habitude d’utiliser… et lorsqu’il sera fermé, à sa place, vous verrez cela :

Ici nous avons pris Framadrop (partage de fichiers volumineux) pour l’exemple.

Nous n’allions pas vous laisser comme deux ronds de flan, seul·e face à votre écran ! En fermant certains des frama-services, nous pouvons mettre en valeur d’autres hébergeurs de confiance qui proposent la même chose, mais plus proches de vous. C’est un peu comme pousser l’oisillon du nid : ça fait peur au début, mais ensuite on prend son envol et on se rend compte que les alternatives ne sont qu’à un clic de distance !

4. Pour éviter l’acharnement technopeutique

Franchement : il y a des services qu’il vaut mieux débrancher. Dégooglisons Internet, c’est 38 services qui ont été ouverts, pour la plupart, entre 2014 et 2017… Sur ces 38 expérimentations, toutes ne sont pas une réussite.

Framastory, par exemple, n’est quasiment plus utilisé par personne, et le développement du logiciel n’a pas été repris. Or, finalement, c’est OK de se dire qu’il n’y a pas eu un intérêt suffisant, et de tirer un point final !

Liste des services que nous allons progressivement fermer.

Notre méta-moteur de recherche Framabee, lui, a été beaucoup trop utilisé : du coup, il s’est fait repérer par Google (ainsi que les autres moteurs chez qui Framabee envoyait vos recherches, après les avoir soigneusement anonymisées), et Google a cessé de lui fournir des résultats ! Trop utilisé, trop visible, trop grillé par Google et consorts… il ne servait plus à rien : mieux valait le fermer !

Pendant ce temps, d’autres structures, plus petites, plus discrètes, proposent leur hébergement du même méta-moteur (le logiciel Searx), qui fait exactement la même chose… Et tant que tout le monde ne se précipite pas sur un de ces hébergements (mais qu’ils se multiplient) alors on peut espérer passer sous le radar ;).

5. Pour ne pas devenir l’hypermarché du libre

#StoryTime ! À une époque où les GAFAM ont construit leurs centres commerciaux partout dans le monde numérique, nous avons monté une espèce d’épicerie autogérée de services numériques « bios », responsables et artisanaux.

Or voilà que de plus en plus de personnes se rendent compte que les centres commerciaux du numérique, ça ne leur convient pas. Voilà que la petite épicerie du numérique (Framasoft, donc), voit plus de 700 000 personnes passer chez elle chaque mois.

Que fait-on ? Est-ce qu’on agrandit ? Avec plus d’argent, on pourrait embaucher plus de monde, ouvrir plus de serveurs, créer de plus grands locaux, rationaliser, accueillir encore plus de monde, réduire les coûts, gagner du temps, gagner plus d’argent, séduire plus de monde pour être encore plus rentable, faire du chiffre, grandir toujours plus… et devenir l’hypermarché du libre francophone.

Nous avons donc choisi une autre voie que celle de l’hypermarché : créer des AMAP du numérique en initiant le collectif CHATONS ! Ce collectif d’hébergeurs s’est mis d’accord sur des valeurs et des engagements forts pour mériter votre confiance : fermer certains de nos services nous permet aussi de vous faire découvrir les leurs.

Le système qui a créé ces « hypermarchés du numérique » que sont les GAFAM s’appelle le Capitalisme de Surveillance.
C’est le sujet d’Affaires privées, un essai de Christophe Masutti (Framatophe !), chez C&F éditions.

 

6. Pour prendre soin des personnes qui prennent soin de Framasoft

L’association Framasoft, ce sont 35 membres, dont 9 salarié·es, qui essaient d’animer une communauté d’environ 700 bénévoles, en proposant des sites et services utilisés par plus de 700 000 personnes chaque mois (selon une estimation basse et approximative, car, comme on ne piste pas, on ne peut pas vraiment savoir).

En un an, notre estimation des bénéficiaires de nos services est passée de 500 000 à 700 000 personnes chaque mois. Et notre volonté de répondre d’humaine à humain aux personnes qui auraient des remarques, questions, besoins d’aide ou d’information n’a pas changé.

D’après une infographie de Geoffrey Dorne, CC-By-SA.

Alors vu qu’on ne veut pas multiplier nos effectifs (et devenir un hypermarché du libre), ni pousser les membres de l’association au burn-out pour répondre à la demande exponentielle de services numériques de confiance… Il faut que nous réduisions la voilure !

7. Parce que pour concurrencer les services des entreprises multi-milliardaires, il faudrait avoir leur perfidie

Les GAFAM et autres géants du web sont la conséquence directe d’un modèle de société, une société de surconsommation. Leur immense richesse leur a permis de construire des services beaux, pratiques et rapides, où il n’y a pas besoin de réfléchir pour les utiliser… Des services qui ne demandent aucun effort et souvent aucun paiement.

Or leur immense richesse n’a pu se construire que sur l’observation du moindre de nos comportements, pour vendre la canalisation de nos attentions et la manipulation de nos volontés.

Nous n’avons pas les mêmes moyens que Google. Si on comparait le chiffre d’affaire annuel de Google à une journée, le budget 2019 Framasoft représenterait 0,3 secondes de cette journée. Cela tombe bien : nous ne voulons pas les mêmes moyens que tous les Google du monde, car nous ne partageons ni leurs méthodes ni leur soif de pouvoir.

La diversité des petits face à l’appétit des géants…
CC-By David Revoy

Aujourd’hui, Framasoft crée des outils numériques pour celles et ceux qui participent à une société de contribution. La société de contribution est une société de l’effort, qui va nécessiter de prendre du temps, mettre de l’énergie, alors que la société de surconsommation est une société du confort, qui ne porte pas un avenir d’égalité et de fraternité.

L’effort que nous vous demandons, en utilisant les mêmes services, mais ailleurs, c’est un effort qui permet de faire un pas de plus vers cette société de contribution.

8. Pour redonner ses lettres de noblesse au numérique artisanal

À chaque sortie de service ou annonce de développement, nous avons entendu la même sentence : « #LesGens veulent du numérique propre, lisse, calibré, rapide, infaillible et froid. », comme si la seule manière de faire du numérique c’était de faire dans l’industriel.

C’est aussi absurde que de dire : « #LesGens veulent des tomates rondes, calibre 55 et couleur #CC0605. »

« Hashtag-les-gens », ça n’existe pas. Par contre, nous constatons que lorsqu’on explique aux personnes qui utilisent nos services que nous sommes une petite association loi 1901, que les logiciels sont communautaires et que tout ce beau monde fait de son mieux… Alors, ces personnes sont prêtes à accepter qu’un pad plantant le samedi soir ne sera pas remis en service avant le lundi matin, ou qu’un menu soit moins joli, moins rapide, ou que telle fonctionnalité mettra un an à être codée par des volontaires.

Monde de l’éducation Populaire dans Contributopia.
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Vous nous avez prouvé qu’il y a de la place, dans notre monde, pour un numérique artisanal, au sens noble du terme. Un numérique qui remet l’humain au cœur des préoccupations et où l’outil devient convivial. Or si tout le monde va chez le même artisan, il risque fort de devoir s’industrialiser…

Pour éviter cela, il faut répartir les demandes sur un réseau d’artisans qui sauront préserver ce rapport chaleureux et humain.

9. Pour faire de la place à des services plus complets

Depuis que nous avons lancé notre campagne Dégooglisons Internet, en octobre 2014, bien des choses ont changé. Certains logiciels ont évolué, d’autres ont pris un petit coup de vieux… Or il faut dire que derrière les 38 services de « Dégooglisons Internet », il y a une ribambelle de logiciels variés, et pas un seul « compte unique Framasoft » pour les unifier !

Fermer certains de ces services, c’est se lancer dans un grand ménage de printemps qui nous permettra de faire de la place… à un nouvel outil ! Ce projet « Framacloud » a été pensé en tenant compte de tout ce que nous avons appris sur les usages et les attentes des personnes qui s’apprêtent à se dégoogliser : un compte unique, un seul service, mais tous les outils pour travailler avec votre association ou votre collectif, par exemple.

Frama-truc-que-avec-un-seul-compte-j’ai-mes-fichiers-collaboratifs-mes-contacts-mes-agendas-mes-notes-mes-images-mes-albums-ma-visio-mes-mindmaps-mes-flux-etc
On est hyper fier·es de ce nom, facile à retenir et à retrouver sur Internet.

Comme nous le détaillons dans notre article des prospectives en 2020, notre objectif est de vous faire découvrir cette solution, sans propager l’illusion que les ressources illimitées et gratuites, ça existe (ou que ce serait sain) : nous avons plein d’idées, mais il nous faut du temps et de la disponibilité pour les réaliser !

10. Pour changer le monde, un octet à la fois

Cette expression n’est pas anodine. Framasoft n’a jamais eu pour but de dégoogliser les internautes du monde entier (ni même de la francophonie). C’est un joli rêve, certes, mais ce serait beaucoup trop de responsabilités pour les épaules des 35 membres de notre association !

Notre ambition est de changer le monde, mais si possible sans choper le melon ni se prendre le chou. Pour cela, il faut se libérer de l’attention, de la disponibilité, fermer quelques onglets mentaux : 38 services à maintenir pour plus de 700 000 personnes chaque mois, bonjour la charge mentale !

Se libérer l’esprit nous permettra de nous consacrer aux nombreux projets que nous avons décrits dans nos Carnets de Contributopia : concrétiser Mobilizon, notre alternative aux événements Facebook, financer et améliorer PeerTube, l’outil pour émanciper les vidéos de YouTube, continuer nos partenariats dans un esprit d’archipelisation ou encore publier un MOOC sur « Internet, pourquoi et comment reprendre le contrôle », comme nous l’avons fait il y a peu

Framaspace, par Soniop
Cliquez sur l’image pour soutenir son travail

Fermer quelques services va progressivement permettre à Framasoft de récupérer de la capacité d’action sur le petit bout de monde qui se trouve devant nous.

« La route est longue, mais la voie est libre » dit-on souvent : si aujourd’hui nous changeons au moins un octet et que cela contribue à changer le monde, alors, nous saurons que nous avons avancé.




Ouverture du MOOC CHATONS : Internet, pourquoi et comment reprendre le contrôle

C’est officiel, le premier module de notre parcours pédagogique pour favoriser l’émancipation numérique est désormais complet. À vous de vous en emparer, de le partager… et pourquoi pas de l’enrichir !

Prendre le temps de co-construire un MOOC avec soin

Nous vous en parlions en décembre dernier lors d’un point d’étape, la publication du premier module de ce MOOC est l’aboutissement d’un projet né il y a plus de 3 ans !

C’est en 2016 que la fédération d’éducation populaire La Ligue de l’Enseignement nous propose un partenariat autour de cette idée de cours ouverts en ligne à suivre librement pour cheminer vers l’émancipation numérique. En 2018, un financement de la fondation AFNIC nous permet de rassembler des ressources existantes et d’en créer de nouvelles pour les organiser en un séquençage pédagogique.

Seulement voilà, en plus de la loi de Murphy qui génère des retards, il faut bien avouer que c’est notre premier module de notre premier MOOC. Il nous a donc fallu du temps et des expérimentations (et quelques errements…) avant de parvenir au résultat que nous avons mis en ligne sur notre plateforme Moodle.

C’est donc avec beaucoup de modestie (et d’enthousiasme !) que nous vous présentons ce premier module, co-conçu avec la Ligue de l’Enseignement, que vous pouvez parcourir sur mooc.chatons.org.

Décrire le monde numérique d’aujourd’hui, sans drama ni paillettes

Intitulé « Internet, pourquoi et comment reprendre le contrôle », ce premier module se donne pour objectif de permettre à chacun⋅e d’entre nous de devenir des acteurs et actrices d’un Internet « bien commun », respectueux de l’individu et du collectif.

Pour être en capacité d’agir, nous pensons qu’il faut d’abord avoir une vision claire du monde sur lequel on veut agir. Chacune des trois séquences de ce premier module cherche à nous dépeindre comment le paysage numérique actuel s’est construit et où sont nos espaces d’action.

Pour le plaisir, voici la première vidéo de ce MOOC

La première séquence, « Internet, pourquoi et comment », revient en 4 leçons aux sources de notre monde numérique, de la création d’Internet aux problèmes posés par les réseaux sociaux et plateformes.

La séquence suivante, intitulée « Les GAFAM, c’est quoi ? Et en quoi c’est un problème ? » essaie en cinq leçons de dresser un portrait sans fard des géants du Web, de leur domination sur notre société et du système qui les porte : le capitalisme de surveillance.

Enfin, la séquence « C’est quoi les solutions ? » cherche à expliquer en cinq leçons les leviers d’action qui peuvent nous permettre de changer le paysage numérique, de sortir du rôle de consommateurs isolés et de créer des communautés d’acteurs.

Un module accessible à toutes, à tous, sans expertise requise

Le cours est déjà ouvert, et chacun·e peut y participer quand bon lui semble : il n’y a pas de période d’inscription à respecter. Le maître-mot, ici, c’est l’autonomie. Nous voulons laisser aux apprenant·es un maximum de libertés dans leur parcours pédagogique, quitte à ne pas mettre en place de système de certification.

Ainsi, les contenus pédagogiques ont été pensés pour être accessibles à toute personne voulant découvrir le cours, quel que soit son niveau de connaissances sur le numérique. Ni Framasoft, ni la Ligue de l’Enseignement n’assureront d’accompagnement pédagogique contraint à un calendrier : chacune et chacun peut suivre les leçons à son rythme, et gérer son temps consacré à ce MOOC.

Cliquez sur le panneau pour aller découvrir la plateforme mooc.chatons.org et vous inscrire au premier module (en construction).

Pour faciliter cette auto-gestion, chacune des séquences pédagogiques est accompagnée d’un questionnaire à choix multiples. Ainsi, chaque apprenant·e pourra auto-évaluer les connaissances acquises. Par ailleurs l’ensemble du module est accompagné d’un glossaire (pour se remettre en tête les termes et personnes-clés) ainsi que d’un forum d’entraide (où, par contre, nous essayerons d’être régulièrement présent·es).

Il est possible d’accéder aux contenus sans inscription, afin de pouvoir les partager librement. Nous vous conseillons cependant de vous créer un compte (c’est gratuit aussi), ce qui vous permettra justement de bénéficier de ces fonctionnalités avancées :

 

  • accès aux exercices d’autoévaluation avec les QCM ;
  • possibilité de suivre l’avancement de votre parcours de formation (pour reprendre une leçon là où vous vous étiez arrêté ou pour suivre vos résultats aux évaluations) ;
  • possibilité de gagner des points d’expérience au fur et à mesure de la réalisation du module ;
  • recevoir un badge en fin de parcours pédagogique, indiquant que vous avez bien réalisé l’ensemble du module ;
  • accès au forum d’entraide ;
  • accès aux annonces spécifiques du site (nouveautés, alertes, etc.).

 

Comme un logiciel libre, ce MOOC va évoluer

Comme d’habitude avec Framasoft, et en accord avec la Ligue de l’Enseignement, tous les contenus créés pour ce MOOC sont placés sous licence libre CC-By-SA (certaines images et vidéos sont issues de sites tiers, et signalées comme telles). Car nous espérons bien qu’il va évoluer, notamment grâce aux contributions et retours sur le forum d’entraide, ainsi qu’avec les apports des membres du collectif CHATONS.

Programme de la deuxième séquence de ce premier module.

Il faut donc voir ce MOOC comme un commun, organique, vivant : il grandit si l’on en prend soin. S’il manque des ressources, si un exercice est à côté de la plaque, si une leçon est trop longue, nous vous invitons à partager votre avis sur le forum d’entraide et à contribuer (comme pour un logiciel libre, tiens !).

Chez Framasoft, nous sommes bien conscient·es de ne pas avoir la science infuse. Il est donc très important que quiconque puisse remettre en question nos choix dans la forme comme dans le fond de ce MOOC. Si vous prenez le temps de rédiger un retour sur le forum d’entraide, vous nous apporterez une précieuse contribution. C’est la première fois que nous réalisons un tel contenu, nous avons donc beaucoup à apprendre !

C’est un petit pas pour les MOOC, mais un grand pas dans Contributopia

Pour l’instant, les modules suivants (sur la structuration et l’animation communautaire d’un membre de CHATONS d’une part, et sur la gestion de l’infrastructure technique informatique d’autre part) ne sont pas financés. Nous n’avons donc pas prévu de les faire en 2020. C’est aussi une chance : il nous faut attendre de voir comment sera reçu ce premier MOOC, afin de tirer les leçons de cette expérience.

Monde de l’éducation Populaire dans Contributopia.
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Cependant, s’il y a de la demande (et des moyens) pour que l’on poursuive cette aventure, nous pourrons tenter le coup à partir de 2021… Car nous n’avons pas oublié que, dans notre feuille de route Contributopia, il y a le projet fou d’une Université Populaire du Libre, Ouverte, Autonome et Décentralisée (« UPLOAD »)…

Si la route vers cette UPLOAD est encore longue, la voie est libre… et un des premiers pas est certainement la sortie de ce premier module du MOOC CHATONS. À vous de le partager !

Pour aller plus loin