Condamné par Google pour avoir partagé son propre livre libre sur Internet !

Tu ne partageras point, même ce qui est à toi ! Pas un jour sans une nouvelle affaire #CopyrightMadness du « gang de la GAF » ! (Google, Apple, Facebook)

Cody Jackson, alors en service en Irak, rédige un livre sur le langage de programmation Python. Et pour remercier la communauté de tout ce qu’elle lui a apporté, il décide de le placer sous licence libre Creative Comons By-Sa (exactement comme notre projet Framabook en somme). Il vend la version papier, invite au don, met un peu de pub Google sur le site du projet et propose en libre téléchargement les versions numériques du livre.

Sauf que parmi les liens donnés de ses versions numériques, il a le malheur de proposer du P2P, en l’occurrence du torrent qui pointe directement vers The Pirate Bay ou encore Demonoid.

Quoi ? « Torrent » ! « Pirate Bay » ! C’en est trop pour le robot Mediabot, véritable police automatique du copyright Google. Nous sommes évidemment en présence manifeste de ressources illégales ! Et Google de désactiver illico sans autre forme de procès la pub sur le site de notre auteur. Et ne croyez surtout pas qu’il suffit de retirer les liens incriminés pour que Google remette tout en place. Non, non, le mal est fait.

Et pourtant de mal fait il n’y en eut jamais. Bien au contraire, on voulait juste partager et enrichir le bien commun…

Bien sûr, Google est sous la pression constante des ayants droit de l’industrie culturelle et du Grand Hollywood (qui scrute au quotidien ce qui se passe sur YouTube notamment). Mais avec cet absurde faux positif, Google, son service clientèle déshumanisée et son copyright de fer nous affirment avant tout ceci : puisqu’on ne les envisage même pas, puisqu’on condamne le contenant quel que soit son contenu, il n’y a pas de place actuellement pour les ressources libres sur Internet. Ou, plus généralement, et pour reprendre une expression à la mode, il n’y a pas de véritable place aujourd’hui pour les échanges non marchands.

Edit du 28 septembre : Il y a une suite (favorable) à cette histoire (mais une morale à en tirer ?) que nous vous proposons dans la foulée.

Remarque : Il s’agit d’une nouvelle traduction et vous allez constater un nombre inhabituel de traducteurs dans le crédit ci-dessous. Nous sommes en phase de test pour améliorer Framapad et effectivement, hier soir, c’était spectaculaire, avec, au point culminant de la fête, près de 40 collaborateurs « colorés » travaillant en simultané dans la joie, la bonne humeur et le souci collectif d’un travail de qualité. C’est pourquoi, une fois n’est pas coutume, notre image d’illustration n’a rien à voir avec le font du sujet si ce n’est que dans la forme on l’a obtenu ainsi (cf ce tweet plus précis de @framaka). Ils méritaient bien ce petit hommage (quant à l’évolution du projet Framapad, nous venons d’ouvrir une liste de discussion pour là encore avancer ensemble).

Framapad - Test v2

Google et ses droits de copie restrictifs : un auteur condamné pour avoir partagé son propre livre

Google’s Copyright Crackdown Punishes Author For Torrenting His Own Book

Mike Masnick – 27 septembre 2012 – TechDirt.com
(Traduction : volent, metoo, Smonff, greygjhart, doc_lucy, L’gugus, Toerdas, Wan, Yan G., Evpok, goofy, Rouage, Aymerick, slb, peupleLa, 0gust1, Husi10, Mike, Hellow, Dominique, fredchat, fwix_, e-Gor, TheDarkDweller, minimoy, 5h3d0, lamessen)

Au fil des ans, nous avons souligné à de nombreuses reprises le talon d’Achille de Google : son épouvantable service client.

Essayer de communiquer avec Google s’apparente plus souvent à affronter un bloc de marbre inébranlable plutôt que faire face à un réel être humain. Plus récemment, nous nous sommes inquiétés de l’agressivité excessive de Google pour faire « appliquer » le copyright, dans l’espoir de tenir Hollywood (et ses soutiens au gouvernement) à distance. Combinez ces deux problèmes et vous obtenez une incroyable histoire… comme advenue à notre lecteur Cody Jackson.

Il y a quelques années, alors qu’il était en service actif en Irak, Jackson a écrit un livre sur Python (le langage de programmation) intitulé Start Programming with Python (NdT : Débutez la programmation avec Python). Il a décidé de distribuer le livre gratuitement, en guise de remerciements à la communauté du libre qui, d’après ses dires explicites, lui a énormément apporté. Il a toujours fait en sorte que le livre soit disponible en libre accès et donné les liens vers différentes sources à partir desquelles l’obtenir. Dans le même temps, il a proposé aux personnes de le soutenir via des dons. Et pour se faire un peu d’argent, il a également souscrit au service de publicités Google AdSense qu’il a placé sur son site.

La semaine dernière, il a été contacté par un bot (NdT Googlebot : robot d’exploration de Google), l’informant que AdSense avait été automatiquement désactivé. Pourquoi ? Parce que, affirme-t-on, il distribuait illégalement des contenus protégés par des droits d’auteur. Le courriel, que j’ai pu voir, mentionne que son compte a été désactivé pour la raison suivante :

Précisions au sujet de cette violation

CONTENUS SOUS COPYRIGHT : Comme il est stipulé dans nos conditions d’utilisation, les utilisateurs d’AdSense ne sont pas autorisés à placer des publicités Google sur des sites impliqués dans la distribution de contenus sous copyright. Ceci inclut l’hébergement de fichiers sous copyright sur votre site, ainsi que le fait de fournir des liens ou de rediriger le trafic vers des sites qui proposent des contenus protégés. Plus d’informations sur ces conditions d’utilisation sont à disposition sur la page de notre centre d’aide.

Honnêtement les conditions d’utilisation de Google n’ont ici aucun sens. Fondamentalement TOUT site Web « propose du contenu sous copyright ». Si l’on se réfère à ce que Google a envoyé à Jackson, personne ne pourrait plus faire aucun lien vers d’autres sites s’il souhaite utiliser Google AdSense. Google a une armée de très bons juristes spécialisés dans le copyright, mais ils ont du laisser filer ce point. Je suis sûr que Google voulait plutôt parler de « contenu non autorisé » ou « qui porte atteinte au copyright », mais ce n’est pas ce qui est écrit (NdT : Ou alors ils y sont obligés pour se protéger de tout).

Dans les deux cas, cela semble être ridicule et faire preuve d’un excès de zèle que de suggérer que tout lien vers un site qui, croit-on, véhicule, parmi d’autres, du contenu illicite, doit être considéré comme une violation des conditions de service, même si en l’occurrence le lien en question redirige vers du contenu tout à fait légitime. Le courriel donne un lien vers une « page exemple » justificative. Cette page est celle où Jackson annonce qu’il délivre un torrent de la seconde édition de son livre, et renvoie les gens vers The Pirate Bay et Demonoid pour le récupérer. Rappelez-vous, c’est son propre livre, qu’il a publié lui-même et qu’il distribue librement et gratuitement… intentionnellement !

On pourrait faire valoir que les conditions d’utilisation de Google sont ici volontairement trop générales et elles le sont assurément. Déclarer que vous ne pouvez pas créer de lien vers du contenu légal que vous avez vous-même publié sur The Pirate Bay et dont vous êtes le légitime propriétaire pourrait avoir un effet dissuasif négatif pour ceux qui choisiraient de mettre leurs propres œuvres sur des sites similaires.

Jackson a essayé de joindre Google pour obtenir de plus amples informations. Il leur a expliqué la situation et leur a indiqué qu’il en était l’auteur et l’éditeur et que l’œuvre était publiée sous la licence libre Creative Commons Paternité – Partage dans les mêmes Conditions (CC By-Sa), rendant ainsi toutes les copies se trouvant sur The Pirate Bay parfaitement légales et autorisées. Google lui a rétorqué qu’ils examineraient son argumentaire… avant de lui renvoyer le message suivant :

Merci de nous avoir fourni des informations complémentaires concernant votre site. Cependant, après avoir examiné de près le site python-ebook.blogspot.com et avoir pris votre réaction en considération, nous sommes dans l’incapacité de remettre en fonction notre service publicitaire sur votre site à l’heure actuelle, puisque votre site semble toujours violer nos conditions d’utilisation.

Si vous voulez que nous étudiions à nouveau la participation de votre site au programme Ad Sense, merci de consulter les conditions d’utilisation de notre programme et d’apporter les modifications nécessaires à vos pages web. Pour plus d’informations sur vos conditions d’utilisation, merci de visiter cette page.

Confus après lecture et sans sentiment d’avoir violé quoi que ce soit, il a cependant docile supprimé les liens vers les fichiers torrents en question, quand bien même pour lui il était tout à fait sensé de les conserver. Comme il me l’a dit dans son courriel : « BitTorrent a été l’un des premiers vecteurs de diffusion de mon livre, puisque c’est là que mes lecteurs spécialisés sont susceptibles de traîner. Il m’a semblé que déposer un fichier torrent sur le site de torrents le plus populaire coulait de source. »

Aussi a-t-il à nouveau répondu au Googlebot, après donc avoir cette fois supprimé les liens… Et il a reçu à nouveau le même message exactement ! Il avait bien supprimé les liens mais pas la mention explicite des noms « The Pirate Bay » et « Demonoid ». Cela a suffit, semble-t-il, pour que l’équipe de Google AdSense continue de prétendre qu’il viole leurs termes incompréhensibles. Ils refusent de s’en expliquer. Ils n’ont pas l’air de vouloir vraiment comprendre ce que dit Cody Jackson. Ils bloquent, c’est tout.

Ce qui vaut la peine d’être retenu, c’est que l’on entend constamment les gens qui détestent Google se plaindre de ce que ce dernier refuse en quelque sorte d’enlever ses publicités des « sites pirates ». Cet exemple suggère précisément le contraire : Google est d’une agressivité excessive dans sa manière de bloquer, sous toutes leurs formes, les publicités qui s’affichent a proximité de sites qu’il a jugé lui seul problématiques, même si le contenu est garanti 100% légal et autorisé. Ajoutez à cela l’horrible relation client robotisée de Google, et vous avez une situation malheureuse où un auteur est puni pour avoir fait quelque chose de parfaitement légal et ne semble pas pouvoir trouver chez Google une seule personne réelle, faite de chair et d’os, qui prenne réellement le temps de comprendre ce qu’il se passe.

Voilà pourquoi nous sommes si inquiets quand Google intensifie son « automatisation » sous la pression de Hollywood. Les dommages collatéraux ne sont que trop réels.

Mise à jour du 28 septembre ci-dessous : Un épilogue heureux mais une leçon à retenir…

Les annonces Google sont de retour

Google Ads are back

Mike Masnick – 28 septembre 2012 – TechDirt.com
(Traduction : Lamessen, Pascal, L’gugus, Metal-Mighty, Ag3m, ti_tux)

Grace au relais du site Techdirt, mon problème a été entendu par les robots de Google et mon compte Adsense a été réactivé.

En effet, cinq heures après la publication de l’article sur Techdirt, je recevais un e-mail de Google m’informant qu’ils avaient réétudié mon cas, et décidé finalement que je n’avais pas enfreint leur politique sur le copyright. Je pouvais donc faire apparaître à nouveau les publicités Google sur mon blog.

Je vais pouvoir, comme avant, mettre des liens directs vers mon fichier torrent, mais plus vers «The Pirate Bay» ou d’autres sites de torrents. Car ne veux pas me retrouver confronté à ce problème à nouveau (bien qu’il sot assez tentant voir ce qu’il arriverait si je le faisais).

Le bon côté de cette histoire, c’est que cela a attiré l’attention du public sur les problèmes de réglementation du copyright en général et des politiques d’entreprise en particulier. Lorsqu’une personne ne peut pas publier ses propres créations sur Internet parce qu’une autre a peur qu’il y ait infraction au droit d’auteur, il y a un véritable problème.

Certains commentaires sur Techdirt affirment que j’aurai dû prévoir cela en proposant des liens vers The Pirate Bay et Demonoid qui sont considérés comme des « bastions du piratage ». Et pourtant, avoir fait appel à eux pour aider les gens à trouver mon livre (sous licence libre) montre qu’on peut aussi les utiliser de manière tout à fait légale. Que certaines personnes y déposent illégalement des contenus protégés ne fait pas de ces sites le mal absolu. Ce sont simplement des outils et ils sont neutres en soi, un peu comme un couteau, qu’on peut utiliser à bon ou mauvais escient.




Les faiseurs de pluie : livre de Christophe Masutti sous CC by-sa

Peut-être encore moins « connu » que son historique fondateur Alexis Kauffmann ou son historique permanent Pierre-Yves Gosset, Christophe Masutti est le nouveau président de l’association Framasoft depuis le début de l’exercice 2012.

Il a néanmoins trouvé le temps pour sortir un livre issu de sa thèse : Les faiseurs de pluie, Dust Bowl, écologie et gouvernement (États-Unis, 1930-1940)

Et comme pour relier les deux, il a choisi de le publier sous la licence libre Creative Commons By-Sa.

Autant de bonnes raisons qui nous ont donné envie de partir à sa rencontre…

Les faiseurs de pluie - Couverture

Entretien avec Christophe Masutti

Bonjour Christophe, peux-tu te présenter rapidement ?

Ça va faire un peu d’auto-promotion, mais tant pis 🙂 Donc je préside depuis janvier 2012 la belle association Framasoft, mais comme j’ai le mauvais goût de travailler pour gagner ma vie, j’occupe deux fonctions. La principale est d’être en charge des Affaires européennes aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et la seconde est d’être chercheur associé au SAGE (Sociétés, acteurs, gouvernements en Europe[1]) à l’Université de Strasbourg.

Tu viens de sortir un livre possédant un fort joli titre, peux-tu nous en dire plus ?

En réalité, il s’agit d’un livre tiré de ma thèse soutenue en 2004. J’ai (enfin) pris le temps de tout récrire et de le publier. J’en avais déjà tiré pas mal d’articles dans des revues à comité de lecture, mais comme d’une part à quelques exceptions près ces articles sont désormais difficilement accessibles moins de 8 ans après leur sortie (à moins d’avoir un abonnement onéreux à des revues électroniques ou de bien chercher au fond des rayonnages des bibliothèques), et que d’autre part les aléas professionnels font que je me concentre sur d’autres thèmes plus ou moins voisins, j’ai tenu à diffuser une synthèse exhaustive de mes recherches doctorales.

Le titre est la traduction française de rainmakers, les faiseurs de pluie.

Ce terme a un double sens aux États-Unis. il fait d’abord référence à ces aventuriers qui sillonnaient les Grandes Plaines durant les périodes de sécheresse en promettant aux communautés, grâce à un dispositif fumeux (et explosif), de faire tomber la pluie moyennant quelques espèces sonnantes et trébuchantes. Ils n’étaient pas vraiment considérés comme des charlatants. On peut voir sur ce point de film The rainmaker (1956) avec Katharine Hepburn et Burt Lancaster, où un de ces personnages vient dans un village et finalement redonne espoir et courage aux habitants. L’autre sens donné à ce terme est plus moderne et a un rapport avec le monde des affaires, où le rainmaker est celui qui sait saisir les bonnes opportunités et fait des affaires en un temps record (le Golden Boy des années 1980). Là il faut se tourner vers le Rainmaker de F. F. Coppola avec Matt Damon (1997).

Ainsi, c’est avec davantage d’ironie que de méchanceté que Franklin Roosevelt fut bien souvent surnommé The rainmaker par la presse américaine, en particulier celle du Midwest, alors que s’abattait sur le pays la plus grande vague de sécheresse jamais connue qui devait causer une des plus grandes catastrophes agricole du 20e siècle, le Dust Bowl. Il s’agit de l’érosion éolienne des sols agricoles, sur fond de crise économique, qui a jeté sur les routes des milliers de migrants et rendu les sols impropres à l’agriculture. On parle ici d’une extrême pauvreté et, dans certains cas, de famine. Aujourd’hui, le Dust Bowl est en réalité un phénomène récurrent, tant aux États-Unis, où l’on parvient tant bien que mal à jugguler les effets grâce à des techniques modernes, mais aussi aujourd’hui en Chine, et dans bien d’autres pays. L’érosion des sols est un problème mondial et basé sur la même recette que celle de l’épisode américain des années 1930 : industrialisation agricole, surproduction et conception ultra-libérale de l’agriculture, sécheresse, vent (changement climatique).

Les faiseurs de pluie interviennent alors à deux niveaux : d’abord du point de vue de la décision publique, en mettant en place une agriculture planifiée et respectueuse des sols, ce sont les planificateurs, des économistes qui entouraient Roosevelt et mirent en place une politique d’expertise. Ensuite, il s’agit des acteurs de la réhabilitation agricole proprement dite, non seulement ceux qui inventèrent de nouvelles pratiques agricoles, mais aussi ceux qui appliquèrent les résultats des recherches dans le domaine : des agronomes qui se définissaient comme des écologues. En effet, l’écologie avait commencée à être enseignée sous ce terme dans les années 1910 et les spécialistes commencaient alors à être reconnus comme les véritables experts de l’environnement. Par exemple, fondé sur les principes de la théorie de la succession végétale, un grand projet de plantation de ceintures forestières (windbreaks) pour lutter contre le vent a été lancé en 1935, de la frontière canadienne jusqu’au Texas. Ce projet était censé freiner l’érosion éolienne sur la moitié du territoire américain sur plusieurs années de reforestation. Après ca, il était facile d’identifier qui étaient les faiseurs de pluie, à l’échelle gouvernementale.

Qu’est-ce qu’un écologue et en quoi la lecture de ce livre peut nous aider à mieux comprendre la problématique écologique actuelle ?

Aujourd’hui, dans le domaine de l’écologie scientifique, c’est souvent le terme « écologiste » qui est employé pour désigner le scientifique qui fait de l’écologie. C’est un dérivé de l’anglais « ecologist ». Dans cette dernière langue, il n’y a pas le double sens que l’on connaît en français, car l’écologiste (le vert, l’écolo.) c’est l’environmentaliste anglais. Un écologue est donc une appellation un peu désuète mais qui permet au moins de faire la différence en français. Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, que l’écologie scientifique soit un sanctuaire où le politique n’entre pas. À cela s’ajoute le fait que l’écologie moderne, celle que tout le monde a entr’aperçu au collège en apprenant les cycles écologiques (manger et être mangé), date en fait des années 1940. Elle est dominée par le concept d’écosystème. Ce dernier concept est né en 1935 sous la plume du botaniste britanique Arthur Tansley, et s’est vu adapter les concepts de la thermodynamique par l’américain R. Lindeman entre 1939 et 1942.

Ce qu’il faut savoir c’est que Tansley écrivait en réaction aux conceptions américaines de l’équilibre des communautés végétales, c’est à dire les recherches de Frederic Clements sur l’analyse statistique des formations végétales et qui a formé tous les écologues que l’on croise dans le livre. Ces derniers réfléchissaient en termes d’équilibre, l’idée selon laquelle les communautés végétales se succèdent vers un état stable, final (nommé climax). Par conséquent toute activité humaine peut soit résulter sur la rupture de cet équilibre, soit favoriser un équilibre temporaire (un champ de maïs est un système en équilibre relatif). Pour Tanley (et Lindeman) au contraire, il faut réfléchir en termes de fonctions des espèces, et envisager l’éco-système d’un point de vue énergétique. Il n’y a pas d’équilibre final, ni une sorte de nature idéalisée (ce que devrait être un système) mais des équilibres, des rapports entre biomasses et quantités d’énergie qu’il faut évaluer pour comprendre les changements dans les systèmes. En d’autres termes encore, le fameux « équilibre écologique » qu’on nous sert pour justifier telle ou telle idée écologiste, est en fait une très vieille idée de l’équilibre idéalisé entre les activités humaines et l’environnement non-humain. On fait alors appel alors à une éthique, voire une morale, là où le scientifique est plutôt censé s’occuper des faits.

Dans notre histoire du Dust Bowl, on a affaire à des écologues qui n’en sont pas encore à mettre en place une « éthique environnementale ». On voit en réalité se développer une nouvelle conception des politiques environnementales, l’idée que pour mettre en place une conservation des sols agricoles ou des parcs nationaux, il faut s’en remettre à des experts. Cette politique de l’expertise, dans le gouvernement Roosevelt, est la première dans l’histoire à identifier l’écologie comme une science que l’on dote de moyens d’applications à grande échelle (comme les fermes expérimentales), mais aussi à justifier la décision publique en référence aux recherches écologiques. La crise agricole américaine des années 1930, est alors devenue une « crise écologique », qui a une dimension complexe qui structure les relations sociopolitiques, institutionnelles (mise en place de départements et services exclusivement composés d’écologues et d’ingénieurs) et scientifiques. C’est sur ce modèle tridimentionnel que s’explorent toutes les crises écologiques ou environnementales jusqu’à aujourd’hui. Il était donc important de dé-construire celle-ci 🙂

Ce livre est sous licence Creative Commons ? Pourquoi ce choix ?

Comme dit précédemment, ce livre est le résultat de recherches menées sur fonds publics. L’État français a subventionné pendant 3 ans mon salaire, mes déplacements, et tous les coûts liés aux recherches, à commencer par me fournir un bureau et un ordinateur. La diffusion de ces résultats devrait donc profiter en premier lieu à tout le monde et il fait partie du devoir du chercheur que de diffuser ses recherches.

Aujourd’hui, le mode de production d’écrits scientifiques est quasi-exclusivement le format électronique. Quant à la diffusion (les correspondances entre scientifiques comme envers le public) elle passe par Internet. Cela signifie que modèle qui valait il y a encore une trentaine d’année, à savoir le cycle qui va exclusivement de la production-évaluation à la publication papier est obsolète. Dans ce modèle, les maisons d’éditions effectuaient un travail salutaire : elles assuraient la distribution et la diffusion des connaissances scientifiques sur un support de première qualité, le livre papier. Elles le font toujours, bien entendu, mais le prix de cette diffusion est la cession exclusive de droit d’auteur : l’auteur de l’oeuvre cède de manière exclusive sa production scientifique à un éditeur, en échange de quoi cet éditeur assure la mise en page, l’impression et la distribution. Dans le cas des petits éditeurs, l’évaluation scientifique est assurée par un comité de lecture qui n’est que rarement payé pour cela, et il existe des éditeurs, pas forcément les moins connus, qui n’assurent qu’une évaluation légère de la qualité scientifique des ouvrages et font davantage confiance aux auteurs, comme c’est le cas par exemple lorsqu’un groupe de chercheurs inclu dans son projet la publication finale d’un ouvrage collectif, acheté en quantité pour amortir l’investissement de départ de l’éditeur.

Dans tous les cas, un contrat de cession exclusive est signé et permet l’exploitation de l’oeuvre alors même que tout le jeu des éditeurs est, comme toute entreprise, d’effectuer des bénéfices intéressants. Dans leurs stratégies, les éditeurs déploient plusieurs moyens : la rationalisation du stock d’imprimés (la décision de la réédition dépend alors des bénéfices escomptés, ce qui est le plus souvent compromis dans les publications scientifiques sauf pour les « têtes d’affiche »), l’édition des formats électroniques affublés de DRMs, la revente des formats électroniques à de plus gros éditeurs (type Elsevier) qui effectuent alors d’autres formes de bénéfices via un système d’abonnement aux institutions… Tout cela limite fortement la diffusion d’une oeuvre scientifique, surtout dans le cas des sciences humaines où l’obsolescence est loin d’être évidente après 10, 20, 30, 100 ans…

Le choix de la licence libre, pour cet ouvrage, est le même que pour d’autres revues scientifiques qui font de plus en plus ce choix : privilégier la diffusion de l’oeuvre sur sa distribution, à plus forte raison lorsque celle-ci est réalisée grâce à des fonds publics. Il n’y a aucune raison d’attendre d’avoir la permission d’un éditeur pour diffuser l’oeuvre, au moins au format électronique. Pourquoi ne pas donner le droit aux lecteurs de photocopier l’ouvrage, ou dupliquer le fichier, notamment à des fins pédagogiques ? Après tout, le livre papier n’est aujourd’hui qu’un support parmi d’autres formats de diffusion envisageables.

Et plus précisément pourquoi le choix de la licence libre By-Sa parmi le panel de licence offert par les Creative Commons ?

La licence CC-By-Sa consiste à donner au lecteur la possibilité de partager, diffuser et communiquer l’oeuvre comme bon lui semble, à condition d’attribuer la paternité de l’oeuvre à son auteur. Pour les raisons évoquées ci-dessus, cela me semble être un minimum avec, pour seul prix à payer, le rappel que le droit d’auteur est aussi un droit moral.

Par ailleurs, la clause share alike (-Sa) est intéressante dans ce contexte, bien qu’elle ne soit pas nécessaire : il s’agit d’assurer la viralité de la licence dans un monde où le plagiat est de plus en plus à l’étude. En effet, des colloques et des groupes de veille se montent un peu partout à propos du plagiait scientifique, qui ne concerne pas seulement les étudiants, loin s’en faut. Le but de cette clause, ici, est plutôt pédagogique.

Enfin la possibilité de modifier l’oeuvre a surpris certains collègues. Je pars en effet du principe qu’un livre est avant tout un projet de construction scientifique. N’importe quel chercheur pourra vous dire que, plusieurs années après une publication, il arrive parfois d’avoir le regret de ne pouvoir corriger ou améliorer certaines choses. Mais est-ce que l’auteur peut-être le seul juge de ce qu’ill faudrait améliorer? Pourquoi d’autres chercheurs ne pourraient pas eux-mêmes améliorer l’oeuvre et éventuellement soumettre leurs modifications, suggestions et commentaires à l’auteur en vue d’une version ultérieure du livre? C’est la notion d’oeuvre-projet que je défends, l’idée qu’une oeuvre est toujours améliorable et que le processus peut être collectif, à l’image (humaniste) qu’on se fait des sciences.

Quant à la question du droit d’auteur, il est inutile ici de préciser que le droit moral de l’auteur est inaliénable et que par conséquent toute modification de l’oeuvre qui porterait préjudice à l’auteur (par exemple un détournement des propos ou l’appropriation usurpée de l’oeuvre) est punie par la loi, à laquelle ne se substitue pas la licence libre.

A-t-il été compliqué de convaincre un éditeur d’adopter cette licence ?

Par curiosité, j’ai démarché exactement cinq éditeurs (c’est peu) assez connus dans le domaine et deux m’ont répondu négativement d’emblée parce que le livre n’entrait pas dans les clous de leurs collections. Les trois autres ont entammé un dialogue qui n’a finalement pas abouti à une entente. Je l’ai fait sans réelle conviction car j’avais déjà l’idée qu’aucun n’était de toute façon prêt à publier cet ouvrage pour deux raisons :

  • la raison pratique : l’ouvrage est une somme et entre dans des détails qui intéressent un lectorat qui, à la base, n’est pas très large. Ce type d’ouvrage se vend de moins en moins bien. Il y a encore 20 ans, certains éditeurs publiaient avec moins d’hésitation. Or, aujourd’hui, le rapport entre l’investissement d’un éditeur et les objectifs de ventes est primordial. Il aurait donc fallu faire des coupes franches sur les points de détails que, justement, je tenais à publier. Je ne voulais pas que l’intégrité de l’oeuvre soit sacrifiée sur l’autel de la rentabilité. De plus, si je voulais diffuser gratuitement le format électronique, l’un des éditeurs me proposait de publier directement en achetant un stock d’exemplaires suffisants pour rentrer dans ses frais (l’investissement de départ pour produire quelques 300 exemplaires). Je trouve cela non seulement anti-écologique mais le système d’impression à la demande permet d’éviter ce genre de surproduction. Quant à acheter moi-même un stock de livres pour que l’éditeur puisse rentabiliser ses propres ventes, autant aller voir moi-même l’imprimeur. Je précise enfin que dans tous les cas il n’a été nullement question de rétribution des droits d’auteurs, sous-entendu : zéro ou quelques centimes 🙂
  • la raison économique : pour les éditeurs avec qui j’ai pu échanger plus profondément, publier sous licence libre, avec en plus la volonté de diffuser gratuitement la version électronique était suicidaire. Pour eux, le don de la version électronique est synonyme de perte de marché. C’est peut-être vrai du point de vue de l’éditeur (quoique cela reste à prouver), mais il n’empêche que le principe est inacceptable : si quelqu’un me demande la version électronique du livre, je la lui envoie sans hésiter, contrat d’exclusivité ou pas, car c’est mon devoir de scientifique. Par ailleurs que dire des exemplaires disponibles en bibliothèque? et la version électronique ne permet-elle pas un usage plus complet, comme par exemple la recherche de mots, un accès direct à cerains passages, etc.? C’était le principal point de clivage et j’ai même eu des échanges tendus à ce propos. Il s’agit de deux conceptions différentes de l’objet-livre : une conception monolithique (un livre est une oeuvre aboutie, finie une fois pour toutes) et basée sur la notion de propriété / exclusivité, et l’autre conception du livre-projet qui implique de laisser au lecteur une série de droits que s’approprient injustement les éditeurs. Partant de ce constat, la messe était dite.

Qu’en est-il également du droit d’auteur concernant les illustrations de l’ouvrage ?

Il y a deux types d’illustrations. En premier viennent les photographies de la Farm Security Administration que l’on trouve aujourd’hui à la Bibliothèque du Congrès. Ils s’agit de photographies réalisées par de grands photographes célèbres qui étaient alors embauchés par le gouvernement Roosevelt : Dorothea Lange, Walker Evans, Arthur Rothstein… Toutes ces photographies sont dans le domaine public (à condition de mentionner le numéro de référence) et le fait de mentionner l’auteur est plus un soucis d’exactitude. Concernant les 3 cartes climatiques du premier chapitre, elles sont elles aussi dans le domaine public (produites par un institut public).

Cet ouvrage est une publication scientifique ayant fait le choix de l’impression à la demande, cela aussi c’est assez rare dans le milieu ?

L’impression à la demande est peu pratiquée dans la communauté scientifique et pourtant elle mériterait de l’être. Après tout, pourquoi encombrer les sous-sols universitaires de stocks d’invendus et occuper les secrétaires de labo à la gestion des ventes par correspondance? Une revue ou une collection pourrait très simplement, tout en conservant un système d’évaluation par comité de lecture, se contenter de produire le PDF à imprimer à la demande. Plus besoin de débourser alors de l’argent public auprès d’un imprimeur, fut-il l’imprimeur officiel de l’université. Quant à la vente et les revenus, il s’agit la plupart du temps d’associations de type loi 1901, donc un compte en banque suffit.

Le modèle Framabook utilise ce système et je compte d’ailleurs le cloner avec un universitaire de mes amis, pour monter une collection sur le même modèle.

Reprenons ta casquette Framasoft, comment vont les framabooks ?

Parlons-en, justement. Les Framabooks vont bien et la communauté est de plus en plus active. J’en profite d’ailleurs pour les remercier tous pour le travail fourni en relecture, édition des formats, etc. Nous venons de sortir un premier roman, intitulé #Smartarded, par Pouhiou : c’est une nouveauté à double titre, d’abord pour son caractère inédit, mais aussi parce que nous n’avons a priori aucune idée sur la réception du livre par les lecteurs, ou même la nature du lectorat que nous aurons. C’est un domaine encore inconnu, tout comme l’élaboration du modèle de publication Framabook, grâce auquel les arcanes de l’édition commencent à nous être familières. C’est cela qui est stimulant 🙂

Après des années de « dictature bienveillante » de la part d’aKa, tu a récemment pris le relais en tant que président de l’association Framasoft. Pas trop dur, expérience enrichissante ?

Ce n’est pas ma première présidence d’association mais celle-ci est vraiment passionnante. J’en retiens surtout qu’un président-fondateur n’est pas un président comme les autres, et que la transition n’est pas évidente du point de vue du public (les membres, eux, me connaissent depuis assez longtemps, bien que par rapport à certains je fais figure de petit nouveau). J’assure donc la première présidence tournante de Framasoft. Cela demande du temps bien sûr mais nous avons tellement à construire ! La première raison à cela, c’est justement que le fondateur intervient depuis septembre 2012 en tant que salarié, avec une feuille de route qui permettra d’accroître les activités de Framasoft. En termes de productivité, l’arrivée de ce second permanent permet déjà significativement de multiplier les oportunités de partenariats, pour lesquelles il faudra faire attention de ne pas rester dans la phase consensuelle du Yakafokon. D’un autre côté, tout le monde est motivé pour cela et s’engage beaucoup dans ce tournant majeur dans l’histoire de Framasoft. De ce point de vue, la présidence n’est rien, l’engagement fait tout.

Un dernier mot ?

Pour rester dans le thème de ce billet, je tiens à signaler que sans Framasoft, je n’en serais pas arrivé à publier cet ouvrage sous licence libre. C’est bien parce qu’il existe des modèles comme Framabook que l’on voit clairement que le libre peut concerner bien d’autres secteurs que le logiciel. L’objectif de Framasoft est de promouvoir le logiciel libre et la culture libre, et cela implique d’être présent sur de multiples secteurs d’activité, en particulier envers le public. Après plus de vingt ans d’existence du noyau Linux, il faut attendre 2012 pour entendre que le logiciel libre dans l’administration publique est finalement une bonne idée, ce qui me laisse penser qu’on est encore bien loin d’adopter le Libre comme modèle de développement dans la société. Nous sommes convaincus qu’en promouvant le logiciel libre et qu’en montrant par l’exemple que le Libre est un bon modèle pour le développement de l’économie et des connaissances, nous nous dirigeons vers une meilleure société. C’est incroyable (et tellement positif) de voir à Framasoft le nombre de personnes capables de donner bénévolement de leur temps et motivés par le souci du partage (de code ou d’autres choses).

Pour cela, on pourra toujours les remercier mais je pense que la meilleure chose qu’on puisse leur donner, c’est un cadre d’activité, une structure, et c’est ce que propose Framasoft. Pour cela, il faut des moyens et là encore ce sont les dons de ceux qui nous font confiance qui nous permettent d’être efficaces.

La campagne de soutien à Framasoft va donc commencer mi-octobre. Elle est particulièrment importante cette fois car l’enjeu pour nous est de pouvoir envisager nos activités sur un plus long terme que seulement les prochains 6 mois. Il nous faut du temps pour développer des projets et trouver encore d’autres moyens de financement. Précisons encore deux choses : en tant qu’association reconnue d’intérêt général (et je pense que ce n’est plus à démontrer), les dons sont déductibles des impôts, par ailleurs il n’est nullement obligatoire d’attendre la campagne officielle de soutien, il suffit de vous rendre sur http://soutenir.framasoft.org/ 😉

Crédit photo : Violaine Masutti (Creative Commons By)

Notes

[1] Le SAGE n’existera qu’à partir de janvier 2013, il regroupera entre autre les membres de l’actuel département d’histoire des sciences de la vie et de la santé (dhvs), dont je fais partie.




Recommandations pour l’ouverture des données et des contenus culturels

Open Glam est un réseau international informel de personnes et d’organisations cherchant à favoriser l’ouverture des contenus conservés ou produits par les institutions culturelles (Glam etant l’acronyme anglais de Galleries, Libraries, Archives, Museums).

Adrienne Charmet-Alix (Wikimédia France), Primavera De Filippi (Open Knowledge Foundation), Benjamin Jean (inno³, Veni Vidi Libri, Framasoft) et Lionel Maurel (BDIC, auteur du blog S.I.Lex), tous quatre membres d’Open Glam (parité respectée[1]), viennent de mettre en ligne un document important en direction du Ministère français de la Culture : Recommandations pour l’ouverture des données et des contenus culturels.

C’est solide, sérieux et technique mais n’allez pas penser que c’est rébarbatif à lire pour le non juriste. Bien au contraire, Open Data, mutualisation, numérisation, interopérabilité, domaine public (où il y a tant à faire), cession de droits des fonctionnaires, licences copyleft… c’est très instructif et cela dessine en plein et en creux les contours d’une situation qui doit d’autant plus évoluer qu’il s’agit de nos deniers publics et que l’époque est certes à leur parcimonieux usage mais également à la culture du partage.

Framasoft soutient l’initiative de l’intérieur, puisque Benjamin Jean a participé de près à sa rédaction, mais également vers l’extérieur en contribuant à sa diffusion. Et plus nous seront nombreux à en faire de même, plus nous aurons de chances d’être écoutés en haut lieu.

Le document est sous double licence Art Libre et Creative Commons By-Sa. Nous en avons reproduit ci-dessous les proposition ainsi que l’introduction.

Leaf Languages - CC by-sa

Propositions du rapport

La réussite d’une réelle politique d’ouverture des données et contenus culturels repose selon nous sur un certain nombre de facteurs/actions. Nous préconisons donc :

De la part du ministère de la Culture

  • Un effort pédagogique pour définir les termes employés dans le domaine de l’ouverture des données et des contenus, ainsi qu’un accompagnement des usages ;
  • Une mise en valeur et un encouragement des expériences d’ouverture réalisées, issues d’initiatives institutionnelles ou privées, afin de montrer ce qui est réalisable ;

La rédaction d’un clausier à destination des établissements publics et des institutions culturelles afin de sécuriser les marchés publics entraînant le transfert de droits de propriété intellectuelle ;

Une information claire et pédagogique pour les institutions culturelles sur l’existence du droit à la réutilisation des informations publiques, sur sa portée, son articulation avec la Loi Informatique et libertés et sur les conditions dans lesquelles elles peuvent encadrer ces usages.

De la part des institutions culturelles

  • Une intégration de leur démarche d’Open Data dans la conception et la refonte de leur système d’information,
  • Un travail commun permettant de mutualiser et fédérer des démarches similaires ;
  • Une mutualisation globale, des moyens et des fonds, notamment pour l’anonymisation et la numérisation des données ;
  • La reconnaissance d’un accès systématique et gratuit aux œuvres du domaine public numérisées, y compris en cas d’usage commercial ;
  • l’usage privilégié de licences ayant une clause de « partage à l’identique » en parallèle ou à la place de toute clause interdisant la réutilisation commerciale afin d’assurer une diffusion et une réutilisation optimales.

De la part du législateur

  • La réintégration du régime des données culturelles dans le régime général de réutilisation des informations publiques et la validation de l’usage de licence de type « partage à l’identique » (à l’échelle nationale et communautaire) ;
  • Une modification de la circulaire du 26 mai 2011 pour étendre le principe de gratuité dans la réutilisation de leurs données aux établissements culturels sous tutelle de l’État (avec portée rétroactive) ;
  • Une modification de la Loi DADVSI afin que la cession des droits des agents publics s’étende aussi aux usages commerciaux et dépasse le seul cadre de l’accomplissement d’une mission de service public ;
  • Un refus des propositions de la nouvelle directive européenne qui envisagent les droits des agents publics comme limites à la diffusion des informations publiques.

Introduction

Depuis quelques années, on observe un mouvement général d’ouverture des institutions vers le grand public dans le monde entier (États-Unis, Grande-Bretagne, Kenya, etc.) comme en France (villes de Paris, Rennes, Toulouse, Montpellier, Nantes, mission interministérielle Etalab, etc.).

Conjointement à ces actions, la société civile s’investit également dans la mise en valeur et la demande de partage des données et contenus culturels.

Dans le secteur culturel, l’Open Data prend la forme parallèlement d’une ouverture des reproductions numériques d’œuvres qui sont elles-mêmes dans le domaine public ou appartenant à une personne publique et d’une ouverture des données relatives à ces œuvres (catalogues, bases de données descriptives, etc.). À ce titre, le sujet intéresse le ministère de la Culture, le législateur et les institutions culturelles (publiques comme privées).

Nous avons identifié certains enjeux qui nécessitent une clarification parfois, de la pédagogie bien souvent, et dans quelques cas particuliers, une réflexion voire des changements juridiques.

Pour surmonter ces blocages et permettre une réelle et fructueuse ouverture des institutions culturelles, nous portons l’attention de l’administration et du législateur sur :

  1. la méconnaissance des concepts et enjeux de l’Open Data au sein des institutions culturelles ;
  2. une volonté politique insuffisante en France en ce qui concerne la diffusion et de la réutilisation des données culturelles sur Internet et à l’échelle internationale ;
  3. la complexité du cadre juridique relatif à la diffusion des données cultuelles ;
  4. l’importance d’une réaffirmation de la mission des institutions publiques dans la diffusion et la réutilisation des données culturelles, a fortiori concernant les oeuvres du domaine public ;
  5. les préoccupations économiques susceptibles d’entraver la diffusion et la réutilisation des données culturelles.

-> La suite sur DonneesLibres.info…

Crédit photo : Leaf Languages (Creative Commons By-Sa)

Notes

[1] À propos de parité, signalons l’initiative #LibDiv, premier apéro Libre et Diversité qui aura lieu le 12 octobre prochain à La Cantine, avec la participation de Framasoft.




De Linux à Mac OSX – 1 an plus tard

Allez, on ne va pas se mentir, non seulement Apple séduit les jeunes, mais il séduit de plus en plus souvent les geeks.

Et même certains libristes qui, comme ici, abandonnent lâchement leur premier amour GNU/Linux pour s’en aller vers le Mac.

Un témoignage cinglant qui devrait faire couler un peu d’encre électronique dans les commentaires…

Terry Johnston - CC by

De Linux à OSX – 1 an plus tard

From Linux to OSX – 1 Year Later

Bozhidar Batsov – 9 septembre 2012 – Blog personnel (think)
(Traduction : geeckodev, Louson, tibs, X, amyrit, nanoPlink, Kiwileaks, cpt_p, Unagi)

Prélude

Il y a un peu plus d’un an j’ai écrit mon post coup de gueule « The Linux Desktop Experience is Killing Linux on the Desktop » et pour la première fois en 8 ans, je n’étais plus un utilisateur de Linux. J’ai passé plus d’un mois à me bagarrer contre Windows 7, mais reconnaissons-le, Windows est mal conçu pour des programmeurs Ruby professionnels comme moi (et il est mal conçu pour la plupart des programmeurs, sauf peut-être Java et .Net je suppose).

De toute façon, rester sous Windows n’a jamais été mon intention, je faisais juste mon transfert vers Mac. Maintenant, avec plus d’un an d’utilisation d’OSX, j’aimerais partager avec vous mon expérience jusqu’à aujourd’hui.

De Linux à OSX

La transition fut pénible au départ, j’avais une sensation très bizarre lorsque je devais glisser une icône de programme dans le dossier Applications pour l’installer. Pour être honnête, j’étais plutôt perdu la première fois que j’ai dû installer une application de cette manière (Il n’y avait pas ces aides avec les flèches qu’ont la plupart des applications). La gestion de paquets de Linux est incontestablement bien meilleure, ou en tout cas elle l’est de mon point de vue. Heureusement la plupart des outils que j’utilise sont disponibles dans le gestionnaire de paquets homebrew pour OSX. Ça ressemble à une version extrêmement basique de portage du légendaire Gentoo, mais en général le programme fait du bon travail.

Pour être plus positif, j’ai été impressionné par la qualité et la réactivité du bureau de OSX et l’utilisation par défaut des raccourcis clavier d’Emacs dans l’éditeur de texte (mais perplexe concernant le manque d’une touche Control à droite du clavier – et si j’osais, comment peut-on taper Control + a ?). Une application en particulier, Spotlight, m’a carrément impressionné , surtout après avoir eu affaire aux copies bas de gamme disponibles sur Linux telles que beagle. Spotlight trouve à peu près tout, a son propre langage de requête ressemblant à SQL et est étonnamment rapide.

J’ai rapidement trouvé un bon terminal (qui est iterm2, et qui est en fait le meilleur terminal au monde, à mon humble avis) et la plupart des outils en ligne de commande que j’utilisais jusqu’à maintenant étaient déjà là (après tout, OSX est Unix), et à ma grande surprise, certains trucs comme PostgreSQL (seulement sur OSX Server) et zsh étaient préinstallés. La plupart des autres applications dont j’avais vraiment besoin avaient des ports natifs pour OSX.

Ayant détesté OpenOffice.org durant plusieurs années, j’ai été agréablement surpris par la qualité d’applications telles que Keynote et Words.

Étant le genre de type qui prêche l’utilisation du clavier à l’église Das Keyboard j’étais un peu déçu au début par tout ce micmac autour du multi-touch, mais après un certain temps j’en suis venu à la conclusion qu’Apple a les seuls trackpads et souris qui valent la peine d’être utilisés (même si je préfère toujours utiliser le clavier).

Pour résumer, je me suis habitué assez rapidement, mais cela n’a pas été de tout repos.

Voici quelques détails…

Les choses que j’adore chez OSX

Le bureau

C’est joli, c’est rapide, c’est stable. KDE4 et GNOME3 ressemblent à des projets d’étudiants à côté. Ai-je mentionné que les polices de OSX sont même plus belles que celles de Windows ?

Les applications « à la OSX »

Sparrow est le premier client e-mail que j’aie jamais aimé (Google, honte à vous de l’avoir tué).

iTerm2 est le terminal ultime. Lui seul justifie l’achat d’un Mac.

Keynote est le meilleur logiciel de présentation que j’aie pu utiliser jusqu’à présent.

Parallels Desktop est à des années-lumière de VirtualBox et KVM (si l’on ne considère que la virtualisation de type desktop).

Je pourrais continuer comme ça pendant un moment, mais je vais arrêter tout de suite.

Il est évident que les utilisateurs de Mac ont développé un certain goût pour les logiciels extrêmement raffinés.

Compatibilité matérielle

Si quelque chose est supposé marcher avec OSX – ça marche à merveille directement. J’en ai presque oublié les jours de bataille contre le matériel non supporté. La mise en veille fonctionne parfaitement. La durée de vie de la batterie est exceptionnelle (grâce à la gestion de l’énergie très avancée).

Il est certain que sélectionner le matériel pour le système d’exploitation aide beaucoup, mais il faut tout de même reconnaître le travail d’Apple.

Stabilité

Un an, trois Macs – seulement un ou deux plantages. Pour un développeur qui aime bricoler un peu plus qu’il ne le devrait, c’est impressionnant.

Ceci dit, j’ai eu quelques distributions Linux qui ont fonctionné pendant plus de 6 mois sans redémarrer (et les redémarrages étaient causés par les pannes électriques ou les mises à jour de la distribution et/ou du noyau). La stabilité de Linux sur un ordinateur portable (plutôt récent) ? C’est une autre histoire…

Les bonnes choses

Les applications par défaut

Les applications fournies avec OSX ne sont pas mauvaises du tout, mais pas particulièrement excellentes. Safari reste un très bon navigateur, Mail est un bien meilleur client que Evolution/Thunderbird, Calendar est un bon organisateur (mais un peu buggé quand il s’agit de synchroniser Google Calendar), Messages est moyen.

Le vrai problème est qu’il est possible d’aller très loin avec les applications fournies, mais qu’elles ne sont pas parfaites. Mon conseil : chercher des alternatives (qu’elles soient libres ou propriétaires).

Le Mac App Store

C’est une manière convenable de distribuer des applications propriétaires, mais avec toutes les restrictions d’Apple sur le sandboxing des applications, il n’y a pas vraiment d’applications intéressantes. Espérons que cela s’améliore avec le temps. La possibilité de mise à jour vers la nouvelle version d’OSX en l’achetant sur l’App Store est vraiment bien (pour un OS propriétaire, bien sûr).

Emacs

Le port Cocoa d’Emacs est un peu jeune et il y a quelques bugs visuels (essayez M-x linum-mode par exemple), mais ils sont pardonnables. Je regrette l’intégration forte d’Emacs avec Linux. Et quel est l’idiot qui a conçu tous les claviers officiels Mac sans une touche Control à droite ? J’ai finalement compris pourquoi tant d’utilisateurs de Mac utilisent vim 🙂

De toute façon, remapper la touche Caps pour Control n’est pas la solution. Je le fais maintenant, je le faisais déjà sur Linux. Mais vous n’êtes pas supposé avoir à taper Control + une autre touche avec la même main. C’est perturbant pour la frappe… mais une fois encore, vous devriez probablement écrire avec un clavier pleine taille 🙂

Développement logiciel

OSX ne nourrit pas le développement logiciel autant que Linux, mais il arrive juste en seconde position. Tous les outils que vous connaissez et que vous aimez sont disponibles, mais leur installation et leurs réglages nécessitent un peu plus d’implication sur OSX. Ce n’est pas un hasard si la plupart des livres de programmation montrent des captures d’écran d’OSX.

Administration système

Il y a clairement un recul par rapport à Linux. Les programmes comme launchctl (par exemple) ne sont pas très agréables à utiliser, mais ils font ce qu’on leur demande. Je n’utiliserais jamais un OSX pour autre chose qu’un ordinateur de bureau. Modifier un $PATH n’est pas aussi trivial que sous Linux (/etc/paths et quelques plists que j’ai oubliés me viennent à l’esprit).

Ce que je déteste

Les touches spéciales

Pas exactement une particularité de OSX, mais tout de même…

Un an et je hais toujours Command et Option, option est en fait Alt mais à un endroit étrange et Command est totalement inutile, à mon avis. Je ne les haïrais pas tant s’il y avait de l’espace restant sur les claviers Apple (sans parler du vieux clavier Apple câblé) pour une touche Control en plus. Heureusement pour moi j’utilise un clavier externe Das Keyboard Ultimate la plupart du temps…

Command et Option ont des avantages, je les aurais probablement appréciées si elles ne ne prenaient pas la place de la touche Control à droite (je suppose qu’elle ne doit manquer qu’aux utilisateurs d’Emacs).

Aucun gestionnaire de paquets tout-puissant de base

Sur Linux j’avais aptitude, yum, portage et pacman, tous exceptionnels dans leur domaine. Sur OSX, homebrew est une option décente mais c’est tout autre chose comparé à la puissance des gestionnaires de paquets de Linux.

D’horribles fichiers de configuration XML

Ici et là sur OSX vous devez ecrire d’épouvantables fichiers de configurations XML. Je pensais que je n’aurais plus jamais à voir affaire avec eux après avoir abandonné le développement Java :-).

XCode

Est-il vraiment nécessaire d’installer un IDE usine à gaz juste pour avoir accès à quelques outils de développement en ligne de commande ? C’est l’une des choses les plus ennuyeuses que j’ai pu rencontrer sur OSX jusqu’à maintenant.

Oui, je connais depuis peu quelques outils disponibles séparément, mais demander une licence développeur Apple me semble un peu trop.

Épilogue

Suis-je maintenant plus heureux sans Linux ? Certainement ! OSX est-il un meilleur OS que Linux ? Absolument pas !

Il offre une bien meilleure expérience utilisateur et depuis que je passe la plupart de mon temps sur un ordinateur en interagissant avec le bureau, c’est une grande victoire pour moi. Bien sûr, je n’en voudrais pas à Linux d’arriver à ce niveau de maturité et de stabilité pour son environnement graphique 🙂

Faut-il lâcher Linux et me rejoindre dans les ténèbres ? Comment le saurais-je ? 🙂 Je n’ai fait que partager mon avis – Si vous êtes heureux avec Linux, vous devez incontestablement y rester. Ce n’était évidemment pas mon cas et il n’y avait pas tant d’alternatives que ça.

Ne pas avoir à s’occuper de problèmes matériels et des applications immatures est une grande bouffée d’air pour moi et cela compense largement les quelques lacunes d’OSX. Rien ne compense le manque de la touche Control droite sur la plupart des claviers, mais après tout ce n’est pas un problème de l’OS 😉

Il y a une grande communauté de hackers autour d’OSX et c’est une des forces de l’OS. Il y a aussi malheureusement une grosse pression d’Apple, mais comme vous le savez déjà, le perfection n’est pas de ce monde, il y a toujours des compromis à faire. Je préfère utiliser un OS propriétaire qui me laisse en paix plutôt qu’un OS libre sur lequel je me cogne à chaque virage.

Crédit photo : Terry Johnston (Creative Commons By)




Quand il faut libérer ses propres données pour traiter un cancer du cerveau

Fondateur notamment du collectif Art is Open Source, Salvatore Iaconesi est un hacker, artiste, raver, ingénieur présent depuis une dizaine d’années sur la scène italienne. J’ai eu l’occasion de le rencontrer lors de mon séjour romain.

Très triste nouvelle : il souffre d’une tumeur au cerveau.

Il demande à Internet, c’est-à-dire à la planète entière, de l’aider en publiant ses données personnelles médicales.

Sauf qu’il lui aurait été impossible de lancer cet appel s’il n’avait craqué lui-même ses propres données encapsulées nativement dans un format fermé et propriétaire, démontrant une nouvelle fois l’absurdité du système.

C’est pourquoi il a prénommé son appel « mon traitement open source », que nous vous proposons traduit en français ci-dessous.

Transmediale - CC by-nc-sa

Mon traitement open source

my Open Source Cure

Rome, le 10 septembre 2012
(Traduction : Unagi, lilian, Vincent)

J’ai un cancer du cerveau.

Hier, j’ai reçu mes résultats médicaux, sous forme numérique. Je dois les montrer à plusieurs médecins.

Malheureusement, ces fichiers sont dans un format fermé et propriétaire, et donc je n’ai pas pu les ouvrir avec mon ordinateur, ou les envoyer dans ce format à toutes les personnes qui auraient pu me sauver la vie.

Je les ai craqués.

J’ai ouvert les fichiers et je les ai convertis en formats ouverts pour pouvoir les partager avec tout le monde.

Aujourd’hui seulement, j’ai pu partager les données médicales (à propos de mon cancer du cerveau) avec 3 docteurs.

Deux d’entre eux ont déjà répondu.

J’ai pu faire cela parce que les données utilisées étaient dans des formats ouverts et accessibles : ils ont ainsi pu ouvrir les fichiers sur leurs ordinateurs ou tablettes. Ils ont pu répondre de chez eux, un dimanche.

Je publierai progressivement toutes les réponses que je recevrai, en utilisant des formats ouverts, afin que n’importe qui avec la même maladie puisse bénéficier des solutions que je trouverai.

Ceci est un TRAITEMENT. C’est mon TRAITEMENT OPEN SOURCE.

Ceci est une large invitation à participer au traitement.

TRAITEMENT, n’a pas la même siginification selon les cultures.

Il y a des traitements pour le corps, pour l’esprit, pour la communication.

Prenez les informations sur ma maladie, si vous voulez, et donnez-moi un TRAITEMENT : créez une vidéo, une oeuvre d’art, une carte, un poème, un jeu, ou essayez de trouver une solution à mon problème de santé.

Artistes, designers, hackers, scientifiques, médecins, photographes, vidéastes, musiciens, écrivains. N’importe qui peut me donner un traitement.

Créez votre traitement en utilisant le contenu que vous trouverez dans la section DATI/DATA de ce site, et envoyez le à info@artisopensource.net.

Tous les TRAITEMENTS seront diffusés ici.

Crédit photo : Transmediale (Creative Commons By-Nc-Sa)




J’ai séché la rentrée pour bosser chez Framasoft #MyLife

Un billet témoignage très fram-asso-centré dont on peut retenir trois choses : l’arrivée sans filet d’Alexis Kauffmann (alias aKa ou @framaka) en tant que deuxième salarié Framasoft, le local à Lyon et la nouvelle équipe autour du président Christophe Masutti. Voilà, vous savez déjà tout, vous pouvez retourner vaquer à vos occupations 🙂

aKa à l'EPFL octobre 2011 Lausanne15 ans que, comme tous les élèves de France et de Navarre, je faisais la rentrée scolaire, mais de l’autre côté de l’estrade. 10 ans que sur mon temps libre, coincé entre vie professionnelle et vie privée, je participais avec d’autres gentils bénévoles à développer Framasoft[1].

J’ai globalement bien tenu et Framasoft a bien avancé (avec quelques périodes de burnout quand même) mais cela commençait à devenir difficile de tout concilier sur la durée. La passion était toujours là, mais la fatigue également. Je pense que nous sommes nombreux à connaître ou avoir connu ça.

Et si je bossais à temps plein pour Framasoft ? me disais-je parfois. Je serais moins stressé, moins frustré, plus efficace, plus disponible, plus proche de la communauté…

Mais un chouette job quand même que celui de prof, mais la sécurité de l’emploi, mais les maigres caisses de l’association, mais la crise, mais la peur du changement… Et puis une fenêtre de tir, et puis le goût du risque, et puis l’appel du large, et puis toujours l’envie de changer le monde… Alors voilà, l’association a accepté ma candidature et me voici depuis lundi deuxième permanent de Framasoft 🙂

Je viens rejoindre Pierre-Yves Gosset, ce qui tombe aussi plutôt bien car il commençait à trouver le temps long à supporter parfois tout seul le poids de la structure (GNU reconnaîtra les siens). D’ailleurs, autre récente nouveauté, nous avons désormais un local à Lyon[2], ou plutôt des bureaux dans un espace… mutualisé (logique). Cela s’appelle Locaux Motiv’, qui fera l’objet d’un prochain billet dédié, et de prime abord tout le monde a l’air comme il se doit dynamique et sympathique (vais tout de même pas me fâcher tout de suite avec mes co-workers).

Espace Framasoft au local à Lyon

Du coup je ne suis plus président de l’association. Fini donc le temps du bienveillant dictateur à vie 😉 Je rentre dans le rang et suis fier et honoré d’avoir passé le relais en début d’année à Christophe Masutti, déjà bien connu des amis de Framasoft puisque très investi dans la collection Framabook et qui a pris la responsabilité de présider l’association avec un bureau et un CA solides issus de la communauté.

Alors, vous me direz (ou pas), qu’est-ce que ça va changer pour Framasoft ? Je fais partie de ceux qui pensent que le logiciel libre a posé les jalons d’une profonde transformation possible, et en douceur, de la société. Rien que ça oui ! Et que, très modestement, Framasoft peut (continuer à) y participer, à commencer par ce blog dont cette hypothèse constitue un peu la ligne éditoriale. En doublant notre effectif salarié, en formant ainsi avec Pierre-Yves un binôme compétent et complémentaire (du moins l’espère-je), nous nous donnons les moyens, avec tout le reste de l’équipe bénévole, de plus encore informer et rendre service, soutenir les actions des uns et des autres, aider les projets à se monter, valoriser et pérenniser ceux qui sont faits, en imaginer de nouveaux, etc.

Un dernier mot (parce qu’il paraît que libre ne veut pas dire gratuit).

Deux permanents, un local, 8 serveurs, 30 applications web déployées, une douzaine de projets en production, un trafic conséquent (un million de visites pas mois sur l’ensemble du réseau), des conférences (et déplacements), une animation de tous les instants… Oui cela a un coût. Et non nous n’avons pas les sous permettant de couvrir longtemps ce coût, quelques mois tout au plus.

Nous allons donc (nous aussi) bientôt vous embêter en lançant une nouvelle campagne de dons pour tenter de poursuivre encore plus loin l’aventure. On ne demande pas la lune, juste une base d’un petit millier de donateurs récurrents qui accepteraient de nous donner 10 euros par mois (en fait 3,40 € s’ils bénéficient de la défiscalisation). Pour le moment nous en avons à peine un tiers (grand merci pour eux), nous sommes donc encore assez loin du compte malheureusement.

Mais nous sommes confiants et optimismes, confortés en cela par notre mantra que nous nous répétons tous les matins au saut du lit : « la route est longue mais la voie est libre ».

Bonne rentrée à tous,

Alexis Kauffmann

PS : Pour ceux qui n’auraient pas la patience d’attendre le lancement de la campagne pour nous soutenir, rendez-vous ici 😉

Notes

[1] Illustration de cette double casquette éducative et associative : ma récente participation à l’émission Place de la toile sur France Culture au sujet du Retour de l’informatique au lycée.

[2] Contrairement à Pierre-Yves, je vais occuper ce local la moitié du temps, le reste à Paris.




Microsoft Office 2013 supportera le format ODF (et PDF) : Victoire du Libre ?

Grande et bonne nouvelle, d’après Microsoft la prochaine version 2013 de la célèbre suite bureautique Office intégrera le format ouvert OpenDocument (ou ODF) dans sa version 1.2. Elle sera également capable d’ouvrir, enregistrer et même éditer du format PDF (voir le tableau comparatif issu de Microsoft en fin d’article).

Cela fait des années que les partisans d’une réelle interopérabilité le demandent. Et cela fait des années aussi que le format PDF est présent sur la suite bureautique libre OpenOffice.org / LibreOffice.

Du coup le journaliste Simon Phipps y voit clairement une victoire de l’open source. Et vous ?

Camknows - CC by-nc-sa

Comment Microsoft été forcé d’ouvrir Office

How Microsoft was forced to open Office

Simon Phipps – 17 août 2012 – InfoWorld.com
(Traduction : Damz, ehsavoie, Patchidem, Calexo, Nek, Fe-lor, Grummfy, Sylvain, Gatitac, Skhaen, ProgVal, Bohio, joe, HgO, Cypher, Jimmy)

Dans Office 2013, la prochaine version de sa célèbre suite bureautique, Microsoft a été contraint de prendre en charge totalement le véritable format ODF, au même titre que le format PDF. Voici comment l’open source a gagné.

Plus tôt cette semaine dans un article de blog, le responsable des standards Office, Jim Thatcher, a décrit les changements à venir dans Office :

Dans la prochaine version d’Office, nous avons ajouté l’utilisation de deux formats supplémentaires : Strict Open XML et Open Document Format (ODF) 1.2. Nous avons aussi intégré la possibilité d’ouvrir des documents PDF afin de pouvoir les modifier dans Word et de les enregistrer dans n’importe quel format. En ajoutant la prise en charge de ces formats de document standardisés, Microsoft Office 2013 offre à ses utilisateurs de nouvelles possibilités quant à l’intéropérabilité des documents bureautiques.

Dans ces quelques mots arides, nous pouvons trouver les échos d’une leçon d’histoire qui nous démontre le pouvoir de l’open source pour garantir la concurrence et favoriser l’innovation, tous deux précieuses sur les marchés du logiciel. Les formats de fichiers ne sont manifestement pas le sujet le plus excitant, mais cette annonce apporte une lumière sur deux faits importants à propos de l’open source : dans un premier temps, le logiciel open source peut être celui qui impose son rythme à la concurrence. Puis, dans un second temps, l’innovation open source fournit les bases solides sur lesquelles d’autres peuvent s’appuyer.

Le triomphe de l’ODF

Au tout début de la dernière décennie, Microsoft Office a quasiment chassé toute concurrence des logiciels bureautiques. Dans ce quasi-monopole, Sun Microsystems a lancé un projet open source en 2000, basé sur la suite bureautique de niche « StarOffice ». Connue sous le nom d’OpenOffice.org, la suite a progressivement pris de l’ampleur pour devenir l’alternative open source à Microsoft (NdT : Cf cet article du Framablog De StarOffice à LibreOffice 28 années d’histoire).

Alors que certaines personnes ont été promptes à accuser OpenOffice.org d’être un dérivé d’Office, elle égale la première version de Word de Microsoft (en 1983 pour Xenix) puisqu’elle a été créée en 1984, visant les ordinateurs personnels populaires de cette époque : le Commodore 64 et l’Amstrad CPC sous CP/M. Elle a ensuite évolué en une suite bureautique pour DOS, OS/2 Warp d’IBM et Microsoft Windows. Quand Sun Microsystems a acquis OpenOffice.org en 1999, il s’agissait d’une application complète et multifonction disponible sur toutes les plates-formes populaires de l’époque.

À leur arrivée chez Sun, les développeurs de StarOffice/OpenOffice.org ont accéléré le projet de créer un format moderne, basé sur XML, pour leur suite. En utilisant un format basé sur XML, il était plus facile de promouvoir l’interopérabilité avec d’autres outils bureautique, ainsi que de maintenir la compatibilité d’une version à l’autre.

Ce problème de l’omniprésence du format .doc ou .xls était le fléau de tous les utilisateurs d’outils bureautique, aussi Sun a pris l’initiative d’aller voir l’OASIS et a proposé une solution : un format de fichier standardisé pour le travail bureautique. J’ai été impliqué dans cette activité et je sais de source sûre que Sun a approché d’autres membres de l’OASIS pour qu’ils contribuent au projet. Toutefois, Microsoft a refusé, en qualifiant cette proposition de « superflue », préférant garder son juteux marché captif d’utilisateurs conditionnés à ses propres formats propriétaires.

OASIS a accepté la proposition et le résultat fut le standard OpenDocument, l’ODF. Malgré un départ difficile, l’adoption de l’ODF a fait boule de neige ; aujourd’hui, le format est un standard ISO et est approuvé/homologué à travers le monde. La pression sur Microsoft est devenue suffisamment forte pour que l’entreprise manipule le monde des standards internationaux afin de créer un format de fichiers XML standard concurrent basé de très près sur les formats utilisés dans Microsoft Office. Il a finalement été accepté par l’ISO en 2008.

Il aura fallu presque 7 ans, mais Microsoft a cédé. En avril, la société a annoncé qu’elle implémenterait complètement dans Office 15 à la fois le standard basé sur Office qu’elle a fait passer en force à l’ISO (standard ISO/IEC 29500, communément appelé OOXML) et les standards poussés par la communauté qu’elle émulait (standard ISO IEC 26300, communément appelé ODF).

L’open source a changé le marché, forçant Microsoft à réagir et à mettre en place la compatibilité de version à version et le concept d’interopérabilité. Sans l’open source, rien de cela ne serait arrivé. Avec l’open source, même si vous n’utilisez pas vraiment le format ODF vous-même, vous bénéficiez d’un marché compétitif et revigoré.

PDF a « presque » son dû

Le second point que souligne le blog de Microsoft est le pouvoir de l’innovation ouverte. La communauté OpenOffice.org a majoritairement migré en 2010 – avec le code – vers un nouveau projet open source nommé LibreOffice. Les projets OpenOffice.org et LibreOffice ont longtemps pris en charge la création de fichiers de type Portable Document Format (PDF). Microsoft Office a fini par copier cette fonctionnalité, d’abord comme une extension à Office 2007, puis comme une fonctionnalité intégrée par défaut. Cependant, LibreOffice inclut aussi la possibilité intéressante de pouvoir créer des fichiers Hybrid PDF qui peuvent ensuite être ré-ouverts et réédités avec LibreOffice. Si vous souhaiteriez essayer vous-même d’éditer des Hybrid PDF, cette vidéo vous expliquera comment faire.

Il semblerait que cette fonctionnalité soit sur le point d’arriver également dans Office :

Avec cette version, Microsoft introduit l’option, que nous appelons « PDF Reflow », qui permet d’ouvrir des fichiers PDF en tant que documents de bureautique éditables. Comme Tristan Davis, responsable du développement de Word, l’expliquait : « avec cette fonctionnalité, vous pouvez retransformer vos PDF en documents Word entièrement éditables, rendant alors modifiables les titres, les listes à puces ou numérotées, les tableaux, les notes de bas de page, etc. en analysant les contenus des fichiers PDF ».

À l’heure actuelle, le seul problème éventuel est de voir Microsoft limiter l’interopérabilité et la compatibilité de la prise en charge de l’ODF et de sa version de PDF hybrides. Pour des raisons inexpliquées, la société ne va pas proposer la possibilité d’enregistrer les fichiers comme un fichier ODF rétro-compatible (la version prise en charge actuellement dans Office 2012, le format ODF 1.1), donc il sera plus difficile dans un environnement mixte d’utiliser l’ODF. De la même façon, j’ai été conforté dans l’idée que, malgré la prise en charge de l’ouverture de fichiers PDF pour édition, Microsoft ne prend pas en charge l’ouverture des fichiers hybrides PDF de LibreOffice. Peut-être que la menace concurrentielle des logiciels open source est encore trop grande ?

À l’instar de la gestion initiale de l’enregistrement au format PDF, l’ajout de l’édition de documents PDF est un signe de bienvenue à ce qui a été essayé et testé en tant qu’open source. Telle est la dynamique de l’innovation. Les idées créent des idées, et l’innovation est le résultat de l’innovation.

Ici, la différence est que les communautés open source diffusent librement leurs idées à tout le monde, il n’y aura donc pas de menaces juridiques, pas de procès pour violation de brevets, et pas de licence d’utilisation coercitive (et confidentielle). C’est la façon dont les choses doivent se passer si nous voulons voir l’innovation continuer à germer grâce à un marché sain et compétitif.

Formats supportés - Microsoft Office 2013

Crédit photo : Camknows (Creative Commons By-Nc-Sa)




Gardons nos smartphones ouverts avec le HTML5

Ah, les fameux App Stores et leurs effets pernicieux à plus d’un titre !

Ce système multiplie les coûts, les contraintes et les délais alors que la même application écrite dans le langage du Web et proposée directement aux visiteurs d’un site Web évite tous ces écueils.

En effet : non seulement le principe des App Stores autorise une entreprise privée à décider arbitrairement des seuls contenus auxquels les utilisateurs du monde entier auront le droit d’accéder, non seulement il permet d’enchaîner ces mêmes utilisateurs à un système d’exploitation donné (iOS, Android…)[1], mais surtout, si l’on en croit David Murphy — qui commercialise un outil d’aide à la création d’applications Web — dans le texte ci-après traduit, il est tout à fait contre-productif pour les entreprises désirant proposer une application à l’appui de leur business.

Si les arguments techniques et économiques permettent aux applications Web de triompher des applications natives servies dans les App Stores fermés, ne nous privons pas de les relayer car, au final, tout cela permettra de rendre un peu de liberté à l’utilisateur !

Toni Hermoso Pulido - CC by-sa

Voici pourquoi HTML5 est génial pour les mobiles

Why HTML5 Rocks For Mobile


David Murphy – août 2012 – Mobile Marketing
(Traduction Framalang : antistress, Goofy, Amine Brikci-N, ZeHiro)

HTML5 est partout cette année ! Google encourage son usage. Facebook est à fond dessus. Il est évident que HTML5 est l’avenir sur les mobiles. OK c’est super. Mais c’est quoi au juste HTML5, et que peut-il faire pour les mobiles ?

HTML5 est la dernière version de HTML — le standard de présentation et de structuration des contenus sur le World Wide Web. Un des grands progrès apportés par HTML5 est qu’il permet à des sites web de fonctionner comme des applications mobiles, en donnant aux développeurs des moyens de conception adaptés aux appareils mobiles et plus seulement aux ordinateurs de bureau ou portables. Cela signifie que les sites web peuvent être conçus pour s’adapter aux écrans des appareils mobiles et avoir une interface utilisateur facile à maîtriser et très fonctionnelle avec les écrans tactiles. Le terme utilisé pour cette technologie est « appli web » (web app).

Sur un plan pratique, il existe deux façons d’implémenter une appli web. La première consiste à concevoir des sites web pour qu’ils s’adaptent et s’affichent aussi bien sur un écran d’ordinateur que sur un écran de smartphone. La seconde revient à créer une appli spécifique qui s’ouvrira lorsqu’on accède au site web avec un appareil mobile.

Cette nouvelle approche dans la présentation des contenus pour mobiles abat certaines barrières — y compris celles du temps, de l’argent et de l’omniprésent App Store. Les portes sont maintenant largement ouvertes pour les individus et les petites entreprises. Les poids lourds de la profession sont aussi attirés par cette alternative, à mesure qu’ils prennent conscience de ses avantages.

Qui n’a pas son smartphone

Voici des données chiffrées sur le marché des mobiles : 50% de toutes les recherches locales sont effectuées aujourd’hui sur des appareils mobiles. Ceci est largement dû au fait que les possesseurs de smartphones sont plus nombreux que ceux qui ont des téléphones basiques aux États-Unis et dans d’autres pays.

Et malgré cela, la plupart des entreprises n’ont aucune solution à proposer pour le mobile — sans compter les bénéfices substantiels qu’ils pourraient en tirer. Malheureusement, le développement d’applications classiques est tout simplement bien trop coûteux en temps et en argent et trop technique. Alors sans plus tarder, voyons cinq bonnes raisons qui nous font penser que HTML5 va poursuivre sa forte croissance :

Ça n’est pas seulement pour les iPhones, mais pour TOUS les smartphones

Malgré tout le buzz que génère l’iPhone, il ne représente que 25% des parts de marché. Android domine le marché avec 50% des smartphones en Amérique du Nord et Blackberry s’en sort étonnamment bien du côté des tablettes. Les appli web fonctionnent sur tous les téléphones et tablettes tactiles populaires — vous permettant d’atteindre la quasi-totalité des clients. Ce n’est pas qu’une chose positive, c’est surtout crucial pour les affaires.

C’est abordable

Les applis web HTML5 sont développées pour un prix et un temps moitié moindres que les applications natives (basées sur du code machine). Développer des applications natives peut aussi être un cauchemar. Je répète : un cauchemar coûteux en temps et en argent. Développer pour une plateforme spécifique (iPhone, Android, Blackberry, Windows Mobile, iPad et la liste est encore longue…) n’est tout simplement pas une solution viable pour la plupart des entreprise, et ceci empire car…

Les choses changent. Votre entreprise changera.

Imaginez que vous possédez une entreprise et que votre nouvelle application native a été lancée il y a six mois de cela ; votre entreprise et vos clients ont changé ne serait-ce qu’un petit peu et vous devez faire une mise à jour. Bonne chance ! Commencez par trouver l’équipe de développeurs, impliquez à nouveau vos équipes marketing et vente, et apprêtez-vous à tous les payer encore une fois. Ensuite re-soumettez l’application à (aux) app store(s) concernés… et attendez.

Les applis web permettent une mise à jour rapide, au rythme de votre entreprise. Comme pour un site web, les modifications peuvent être mises en œuvre instantanément. Aucune autre solution pour mobile ne peut rivaliser lorsqu’il s’agit de permettre à une entreprise d’être réactive aux priorités et aux besoins en temps réel.

Localisation, localisation, localisation

La proximité est l’un des meilleurs moyens de susciter l’intérêt, d’être pertinent et finalement de déclencher l’acte d’achat. Les applis web ont la possibilité de fournir des services géolocalisés, comme d’informer les utilisateurs de la proximité de lieux pouvant les intéresser ou de leur permettre d’associer des contenus (par exemple des photos ou des notes) à des lieux particuliers.

Votre marque est sur le Web et sociale, pourquoi pas votre appli aussi ?

Qu’est-ce qu’un site web en fait ? C’est l’endroit où votre entreprise/marque/personne existe en ligne. Sauf que ce n’est plus uniquement cela avec le Web moderne. Les marques, les gens, les produits existent à travers l’ensemble du web – sur Twitter, Facebook, Yelp, Tumblr et des centaines (si ce n’est des milliers) d’autres services. Aujourd’hui c’est là que les connexions se font, que l’on trouve les produits et les gens, que les nouvelles idées grandissent.

Les applis web sont faites pour fonctionner et vivre avec les autres éléments de votre marque sur le Web — ce qui vous permet de rester en contact avec vos clients actuels, d’en trouver de nouveaux, ou simplement de partager des idées de toutes les manières possibles. Les applis web excellent, et pour cause, à fonctionner avec d’autres applications du Web.

Et ce n’est que le début, les gars ; attendez de voir la suite !

Crédit photo : Toni Hermoso Pulido (Creative Commons By-Sa)

Notes

[1] En effet, une fois votre belle collection d’applications payantes constituée sur votre smartphone, pourquoi iriez-vous acheter le système concurrent — et ainsi perdre votre logithèque — lorsque vous devrez remplacer votre appareil ? De fait, votre premier système d’exploitation pour mobile risque bien d’être le dernier ! Heureusement Mozilla a différents projets dans ses cartons pour éviter ces écueils, comme Mozilla Marketplace, Firefox OS et Open Web Device.