Mozilla 1.0 : 7 ans déjà !

Nicubunu - CC by-saNée libre sous les cendres de Netscape le 5 juin 2002, la version 1.0 de l’application Mozilla souffle donc en ce moment sa septième bougie (cf le billet de Tristan Nitot).

Sept ans de bons et loyaux services qui ont fait de ce projet ce qu’il est devenu aujourd’hui, à savoir un pilier du Web et du Libre, ayant remis de l’innovation (et un peu de « morale ») dans le monde si particulier des navigateurs. Âge de raison mais intacte passion.

L’occasion d’un petit retour en arrière sous la plume de Glyn Moody, où l’on constatera que pari était loin d’être gagné d’avance, quand bien même on avait une vision claire, pour ne pas dire prémonitoire, de l’avenir[1].

Joyeux Anniversaire à Mozilla, et merci d’être là !

Happy Birthday, Mozilla – and Thanks for Being Here

Glyn Moody – 5 juin 2009 – ComputerWorld.uk
(Traduction Framalang : Tyah, Goofy et Don Rico)

Il y a sept ans était lancé Mozilla 1.0 :

Mozilla.org, l’organisation qui coordonne le développement Open Source de Mozilla tout en offrant ses services d’assistance à la communauté Mozilla, a annoncé aujourd’hui le lancement de Mozilla 1.0, la première version majeure du logiciel Mozilla. Navigateur complet basé sur les derniers standards Internet doublé d’une trousse à outils multiplateforme, Mozilla 1.0 cible la communauté des développeurs et permet la création d’applications basées sur Internet. Mozilla 1.0 a été développé dans un environnement Open Source et a été produit en exploitant la puissance créatrice de milliers de programmeurs et de dizaines de milliers de testeurs sur Internet, qui lui intègrent leurs meilleures améliorations.

(…) « Mozilla.org a l’immense plaisir de présenter le code de Mozilla 1.0 et les outils de développement à la communauté Open Source, en permettant aux développeurs d’utiliser ces sources pour créer librement et présenter le résultat de cette création sur le Web », a déclaré Mitchell Baker, Lizard Wrangler en chef (general manager) chez Mozilla.org. « Comme le navigateur est devenu l’interface majeure entre les utilisateurs et le Web ces dernières années, le but du projet Mozilla est d’innover et de permettre la création de technologies respectueuses des standards pour que les contenus présents sur le Web restent libres. Étant donné que de plus en plus de programmeurs et de sociétés adoptent Mozilla comme technologie stratégique, Mozilla 1.0 prépare l’avènement d’une plus grande diffusion ainsi que l’adoption de l’Open Source et des logiciels basés sur certains standards du Web. »

On relève plusieurs points remarquables dans ce texte. Premièrement, le projet Mozilla était à l’origine un programme de type suite intégrée, qui outre le navigateur comportait un client de messagerie et un client de chat. Ce qui n’était pas sans évoquer l’ancienne suite Netscape Navigator, sur lequel il reposait.

Il est aussi intéressant de noter que Mitchell Baker était déjà à la tête de Mozilla, elle l’est toujours. C’est dire le rôle central qu’elle a pu jouer dans le succès de Mozilla mais aussi de l’Open Source. Car comme le second paragraphe le prévoit avec clairvoyance, le navigateur est devenu « l’interface principale entre l’utilisateur et le Web ». Et en effet, c’est de nos jours l’interface majeure de l’informatique, de par l’augmentation des services en ligne qui fonctionnent entièrement dans le navigateur. Voilà qui rend le succès de Mozilla d’autant plus remarquable.

Il est aussi louable de se souvenir que le succès de Mozilla était loin d’être assuré. Dans les premiers jours, le projet enchaînait les retards. Jamie Zawinski, celui qui enregistra le domaine mozilla.org, a décrit ce temps à la perfection dans un essai cinglant mais brillant intitulé nomo zilla :

Le premier avril 1999 sera mon dernier jour comme employé de la division Netscape Communication d’America Online, et mon dernier jour de travail pour mozilla.org.

Depuis pas mal de temps, Netscape reste pour moi une grande déception. Au lancement de cette entreprise, nous avions pour mission de changer le monde. Et nous l’avons fait. Sans nous, le changement serait sans doute arrivé de toute façon, peut-être six mois ou un an plus tard, et qui sait si les choses ne se seraient pas passées de façon tout à fait différente. Mais c’est à nous qu’on le doit. Les adresses Internet (les www…) sur les sacs de courses, les panneaux de publicité, l’arrière des camions, au générique des films juste avant le logo du studio… c’est à nous que vous le devez. Nous avons mis l’Internet entre les mains du grand public. Nous avons démarré le moteur d’un nouveau canal de communication. Nous avons changé le monde.

Ça, c’était en 1994 et 1995. Ce que nous avons fait de 1996 à 1999 s’inscrivait dans cette continuité, surfait sur la vague que nous venions de créer.

Il dépeint ensuite le contexte de la genèse de Mozilla :

En juin 1998, Netscape connut l’une de ses périodes les plus noires – sa première série de licenciements. Ce fut comme un signal d’alarme. Netscape, l’enfant chéri de l’industrie informatique, l’entreprise à la plus forte croissance au monde, n’était pas invincible.

Plus concrètement, c’est à cette époque que nous avons compris que nous avions définitivement perdu la "guerre des navigateurs". Microsoft avait réussi à détruire ce marché. Il n’était plus possible pour personne de gagner de l’argent en vendant un navigateur. Notre premier produit, notre produit phare, fonçait droit dans le mur.

Puis l’inattendu se produisit : l’équipe dirigeante décida de libérer le code source. Je ne rabâcherai pas l’historique de la création du projet mozilla.org, mais vous comprendrez aisément que, cela s’étant produit seulement deux semaines après les licenciements, ce fut pour moi une vive lueur d’espoir. On venait de redonner un coup de fouet au projet : nos dirigeants opéraient un changement de stratégie que je ne les croyais pas capable de réitérer. Un acte de désespoir ? Peut-être, mais tout de même diablement intéressant et inattendu. C’était tellement fou que le miracle était possible. Sans me faire prier, j’ai enregistré le nom de domaine le soir-même, conçu la structure de l’organisation, écrit la première version du site Web et, avec mes co-conspirateurs, expliqué aux employés et aux cadres de Netscape, en passant d’un bureau à l’autre, comment fonctionnait le logiciel libre, et ce qu’il fallait faire pour que cela marche.

(…) Je voyais mozilla.org comme une chance de jeter un canot de sauvetage à la mer, de donner au code, sur lequel nous avions tous travaillé d’arrache-pied, une chance de vivre au-delà de la mort de Netscape, une chance d’avoir encore un rôle à jouer.

Pourtant, même cet espoir se révéla illusoire :

Pour une raison quelconque, le projet ne reçut pas l’écho attendu. Il demeura un projet Netscape. Certes, cela restait un changement positif. Cela signifiait que Netscape avait développé ce projet sans se cacher, à la vue de tous, et on lui renvoyait de partout des retours aussi nombreux que constructifs. Grâce à eux, Netscape prenait de meilleures décisions.

Mais cela ne fut pas suffisant.

En fait, les contributeurs du projet Mozilla ayant inclus une centaine de développeurs Netscape à plein temps, et environ une trentaine d’intervenant extérieurs à temps partiel, le projet restait l’entière propriété de Netscape, car seuls ceux qui écrivent le code contrôlent véritablement le projet.

Telle était la situation au bout d’un an. Et nous n’avions toujours pas lancé de version bêta.

Sa conclusion donne une précieuse leçon que beaucoup n’ont toujours pas retenue :

Ma plus grande peur, qui explique en partie pourquoi je me suis accroché autant que j’ai pu, c’est que les gens vont considérer les échecs de mozilla.org comme emblématiques de l’Open Source en général. Je peux vous assurer que, quels que soient les problèmes que rencontre le projet Mozilla, ce n’est pas parce que l’Open Source ne fonctionne pas. L’Open Source fonctionne, mais n’est certainement pas une panacée. S’il y a une morale à cette histoire c’est que l’on ne peut prendre un projet moribond, le toucher avec la baguette magique de l’Open Source, et attendre que la magie opère. Le logiciel, c’est quelque chose de complexe. Il n’est pas si facile que cela de résoudre les problèmes.

On pense encore naïvement que saupoudrer les projets morts ou à l’agonie avec la poudre magique de l’Open Source les fera revenir à la vie. Trop souvent, libérer le code est le dernier refuge des désespérés. Et pourtant, en dépit de ce fait décourageant, l’incontestable succès que connut finalement Mozilla montre aujourd’hui, sept ans plus tard, que la méthode de développement Open Source peut fonctionner, prendre le dessus sur des acteurs historiques propriétaires et l’emporter. Plus important peut-être, cela démontre que même s’ils semblent bien mal engagés à leurs débuts, les projets de logiciels libres peuvent survivre et amener assez de gens déterminés à faire tout leur possible pour qu’ils aboutissent.

Suivez-moi sur Twitter : @glynmoody ou identi.ca.

Notes

[1] Crédit photo : Nicubunu (Creative Commons By-Sa)




Largage de liens en vrac #17

Fabbio - CC by-saDans le regard de la fille ci-contre[1] je lis toute l’admiration qu’elle éprouve à me voir compiler consciencieusement tous ces liens logiciels au bénéfice de mes lecteurs bien aimés.

Même quand la sélection est, comme ici, de bonne facture, mais sans forcément faire sauter au plafond.

« Et si tu lâchais ton clavier quelques instants pour m’emmener danser dans le tourbillon de la vie », pense-t-elle également.

Mais ça c’est une autre histoire…

  • LogiLogi : Le modèle blog, à savoir un article suivi de commentaires les uns sous les autres, n’est pas forcément l’idéal si l’on veut pouvoir entamer une vraie discussion en ligne. C’est ce qu’a constaté le créateur de l’application, étudiant en philosophie, ceci expliquant cela. Je manque de temps pour développer mais cela semble vraiment très intéressant. Je vous suggère de lire ce document pour en savoir plus et comprendre l’originalité du programme.
  • OpenConferenceWare is Beautiful Software for Events : Tout nouveau tout beau, peut-être la meilleure application Web pour organiser un évènement (avec conférences et tout et tout). Pour se rendre compte de sa qualité aller sur Open Source Bridge, l’évènement pour lequel l’application a été développé et dont les développeurs ont eu la bonne idée de mettre le code à disposition. Nécessite Ruby on Rails et pas mal de compétences pour l’installer, mais c’est à peine sorti du four et ça devrait s’améliorer avec le temps.
  • pulpTunes : Pas certains que ça plaise à Albanel, ce serveur perso permettant d’accéder à ses playlists iTunes depuis n’importe quel ordinateur connecté au Net (via votre navigateur). D’autant que l’on peut bien entendu partager le tout avec ses amis. Voir une démo.
  • jPlayer : Toujours avec jQuery, ce très sexy lecteur de musique mp3 en HTML, CSS qui permet presque de se passer du format Flash (ce dernier demeurant invisible au niveau de l’habillage mais toujours nécessaire pour appeler la lecture en streaming).
  • prettyPrint : C’est uniquement pour les développeurs Web qui font du JavaScript (autant dire quasiment tout le monde désormais). Parait qu’associé avec l’extension Firebug, ça fait de votre Firefox une outil utilissime pour webmaster.
  • Page Speed : Et puisque l’on parle de Firebug, pourquoi ne pas lui ajouter ce plugin pour analyser et optimiser la vitesse de vos pages.
  • Open Sourcing Launchpad : La fin d’un bon vieux troll, la célèbre forge Launchpad d’Ubuntu (Canonical) sera libérée le 21 juillet prochain à l’occasion de la sortie de la version 3.0 (ouais je sais c’est pas tout à fait une forge mais c’est tout comme).
  • Indamixx : Il s’agit d’un ordinateur netbook (MSI Wind) avec une distribution Linux (basée sur Ubuntu) spécialement configurée pour en faire un véritable petit studio d’enregistrement portable. Les musiciens nomades y trouveront certainement un grand intérêt.
  • Open Share Icon : Une bonne idée même si elle ne prendra pas forcément. Proposer des icônes génériques libres pour tout ce qui est partage et abonnement (réseaux sociaux, fil RSS). Histoire de ne plus voir sur nos sites les petites images Facebook, Twitter & co.
  • 10 Promising CSS Framework That Worth A Look : Les Framework CSS sont ces solutions clé en main pour créer de jolis styles pour vos pages Web en respectant les standards et en ayant l’assurance que cela s’affichera correctement dans (presque) tous les navigateurs.

Notes

[1] Crédit photo : Fabbio (Creative Commons By-Sa)




Le vain Don de la farce ou comment être très motivé pour soutenir le Libre

Mikebaird - CC by« Si tu avais un bouton pour envoyer un euro très facilement à l’artiste, tu le ferais », disait récemment Richard Stallman, sur 01net, en pleine tourmente Hadopi.

Il était ici question de musique, mais cette phrase pourrait facilement s’étendre à toute la création, à commencer par notre sujet de prédilection : le logiciel libre et sa culture.

Vous avez déjà vu ces claviers munis de cet horrible touche Windows qu’on utilise jamais. Imaginez alors un autre touche spéciale, mais dédiée au don cette fois-ci.

Vous vous promenez sur un site, par exemple celui d’un logiciel libre qui vous tient à cœur et qui vous invite à donner pour le soutenir. Vous pressez alors le-dit bouton de votre clavier. Une petite fenêtre s’ouvre pour indiquer la somme envisagée, vous validez et… c’est fait ! Vous pouvez passer au site suivant.

Pas d’intermédiaires, pas de surtaxes, pas de numéro de carte bleue à entrer… l’argent sortirait de votre compte pour aller directement dans celui du destinataire, sans passer par je ne sais quelle « case backchich ». Le rêve quoi !

Créateurs, développeurs, communautés, fondations, associations… dix euros par-ci, cinq euros par là (voire même moins). Le don entrerait alors véritablement dans nos mœurs, habitudes et (bonnes) pratiques. Nul doute que cela profiterait à beaucoup, je pense notamment à certaines petites fourmis du logiciel libre dont on moque souvent l’absence de « modèles économiques ».

Cela profiterait d’ailleurs également à tout plein d’autres domaines, comme la grande presse par exemple, qui n’en finit plus de constater sa propre chute. Cela ne me pose en effet aucun problème, bien au contraire, de presser notre « bouton don » et verser ainsi instantanément quelques dizaines de centimes d’euros après lecture d’un article intéressant. À l’échelle des millions de visiteurs mensuels de son site Internet, c’est alors Le Monde que l’on sauve (NDLR : le journal Le Monde).

Pour ne rien vous cacher cette petite réflexion m’est venue lorsque l’on a décidé de monter le site Framasoft adossé à notre campagne de soutien.

Impossible d’échapper à Paypal, ses lents et pénibles formulaires, son gros pourboire et sa situation de monopole (que l’on soit affilié ou qu’il faille sortir la CB). Reste après bien sûr la solution du virement bancaire ou du bon vieux chèque à poster, mais faut quand même alors être motivé de chez motivé. Les cartes prépayées ? personnellement j’y crois pas trop pour le moment. Quant aux systèmes de type AlloPass et autres SMS, c’est pas la peine d’y penser, les taxes (du service et de l’opérateur) sont démesurées.

Dans ces conditions, ne plus être très loin des 10 000 euros de dons (quatre mois après le lancement de l’opération et… en temps de crise), c’est déjà pas si mal, et nous remercions une nouvelle fois chaleureusement les quelques 300 personnes qui ont su passer outre l’absence de « bouton don » pour s’engager dans la lourde[1] et complexe procédure que nous propose aujourd’hui le micropaiement.

C’est déjà pas si mal mais c’est malheureusement loin d’être suffisant par rapport à notre premier objectif (le triple de la somme récoltée aujourd’hui). Quelques centaines de dons pour un trafic lui aussi proche du million de visiteurs mensuel, on pourrait en tirer des conclusions hâtives sur l’attachement réel que nous portent nos visiteurs si justement il n’y avait pas entre eux et nous ce micropaiement non optimisé (litote) qui fausse quelque peu le donne.

Ah si nous avions tous un « bouton don » qui offrirait d’aussi faciles transactions ! Nombreux seraient alors à mon avis les projets œuvrant pour le bien commun qui seraient remis à flot et qui pourraient plus sereinement se développer et s’épanouir.

Plutôt que de délirer sur un utopique « bouton don » (proche de l’autre délire sur l’open money), ce billet aurait certainement mérité une plus sérieuse recherche en alternatives réelles, crédibles et déjà opérationnelles. Mais vous avez l’occasion de corriger le tir dans les commentaires 😉

Notes

[1] Crédit photo : Mikebaird (Creative Commons By)




Stallman, il y a… 23 ans !

Sysfrog - CC by« Nous sommes actuellement dans une période où la situation qui a rendu le copyright inoffensif et acceptable est en train de se changer en situation où le copyright deviendra destructif et intolérable. Alors, ceux que l’on traite de « pirates » sont en fait des gens qui essayent de faire quelque chose d’utile, quelque chose dont ils n’avaient pas le droit. Les lois sur le copyright sont entièrement destinées à favoriser les gens à prendre un contrôle total sur l’utilisation d’une information pour leur propre bénéfice. Elles ne sont pas faites, au contraire, pour aider les gens désirant s’assurer que l’information est accessible au public ni empêcher que d’autres l’en dépossèdent. »

De qui est cette citation qui ouvre mon billet ? D’un commentateur critique de l’Hadopi ? Vous n’y êtes pas. Il s’agit de Richard Stallman en… 1986 !

En effet, en me promenant récemment sur le site GNU.org je suis tombé sur une très ancienne, pour ne pas dire antique, interview de Richard Stallman[1], donnée donc en juillet 1986 au magazine informatique américain Byte (qui d’ailleurs n’existe plus depuis). Elle a été traduite en français (merci Pierre-Yves Enderlin) mais n’a semble-t-il pas fait l’objet d’un grand intérêt sur la Toile, alors qu’elle le mérite assurément.

Pour tout vous dire, on a un peu l’impression de parcourir l’Histoire, en assistant quasiment en direct à la naissance de quelque chose dont on sait aujourd’hui ce qu’il en est advenu, j’ai nommé… le logiciel libre (pour demain, par contre, on ne sait pas encore très bien, si ce n’est que l’aventure est loin d’être terminée).

Or si le logiciel libre a bien eu lieu, il est également question d’une autre naissance qui elle n’aura jamais vu le jour, celle du fameux projet de système d’exploitation GNU. Ainsi quand les journalistes de Byte (David Betz et Jon Edwards) demandent :

Pourriez-vous prédire quand, vraisemblablement, vous seriez à même de distribuer un environnement fonctionnel qui, si nous l’installions dans nos ordinateurs ou stations de travail, effectuerait vraiment un travail correct, et cela sans utiliser autre chose que le code que vous distribuez ?

Stallman répond :

C’est vraiment difficile à dire. Cela pourrait arriver dans un an, mais bien entendu, cela pourrait prendre plus de temps. Ou moins, mais ce n’est pas probable non plus. Je pense finir le compilateur dans un mois ou deux. La seule grosse tâche à laquelle il faut que je m’attelle est le noyau.

On connait la suite… Cela a tant et si bien tardé qu’en 1991 est arrivé Linux, ou plutôt… GNU/Linux 😉

Cet entretien contient bien sûr quelques passages techniques difficiles, enfin pour le béotien que je suis, qu’il convient de replacer dans leur contexte (la puissance des machines, ces logiciels tellement gourmands qu’ils demandent plus de 1 Mo de mémoire disponible !). Mais GNU Emacs, le célèbre éditeur de texte créé par Stallman, lui est toujours là.

Et puis surtout il y a donc tout ce qui concerne le logiciel libre, cet objet nouveau non identifié qui intrigue les journalistes.

En voici quelques (larges) extraits.

Byte : Parlez-nous de votre schéma de distribution.

Stallman : Je ne mets pas les logiciels ou les manuels dans le domaine public ; la raison en est que je veux m’assurer que tous les utilisateurs aient la liberté de partager. Je ne veux pas que n’importe qui améliore un programme que j’aurais écrit et qu’il le distribue sous un format propriétaire. Je ne veux même pas qu’il soit possible que cela arrive. Je veux encourager les libres améliorations de ces programmes et le meilleur moyen d’y parvenir est de bannir toute tentation d’amélioration qui ne soit pas libre.

Byte : Et comment allez-vous faire pour le garantir ?

Stallman : Je le garantis en mettant un copyright sur ces programmes et en communiquant une notice donnant aux gens la permission explicite decopier le programme et de le modifier, mais seulement à la condition qu’il soit distribué sous les mêmes termes que ceux que j’utilise. Vous n’êtes pas obligé de distribuer les changements effectués sur un de mes programmes ; vous pouvez très bien les faire pour vous seul, sans avoir à les donner ou en parler à qui que ce soit. Mais effectivement si vous les donnez à quelqu’un d’autre, vous devez le faire sous les mêmes conditions que celles que j’utilise.

Puis, un peu plus loin :

Byte : Dans un sens, vous attirez les gens dans cette façon de penser en distribuant tous ces outils très intéressants qu’ils peuvent utiliser, mais seulement s’ils adhèrent à votre philosophie.

Stallman : Oui. Vous pouvez aussi le voir comme l’utilisation du système légal que les thésauriseurs de logiciels ont érigé contre eux. Je l’utilise pour protéger le public contre eux.

Byte : Étant donné que les constructeurs n’ont pas voulu financer le projet, à votre avis qui utilisera le système GNU quand il sera terminé ?

Stallman : Je n’en ai aucune idée, mais ce n’est pas une question importante. Mon but est de le rendre possible pour les gens, pour qu’ils rejettent les boulets traînés par les logiciels propriétaires. Je sais qu’il y a des gens qui veulent faire cela. Maintenant, il peut y en avoir qui ne s’en soucient guère, mais je ne m’en préoccupe pas. Je me sens un peu triste pour eux et pour les personnes qu’ils influencent. De nos jours, la personne qui perçoit le caractère déplaisant des conditions des logiciels propriétaires se sent pieds et poings liés et n’a d’autres alternatives que de ne pas utiliser d’ordinateur. Eh bien, à cette personne, je vais donner une alternative confortable. (…) C’est ce qui me pousse à croire que beaucoup de gens utiliseront le reste du système GNU à cause de ses avantages techniques. Mais je ferais un système GNU même si je ne savais pas comment le faire techniquement meilleur, parce que je le veux socialement meilleur. Le projet GNU est vraiment un projet social. Il utilise des aspects techniques pour opérer des changements dans la société.

Byte : Pour vous, c’est bel et bien important que les gens adoptent GNU. Il ne s’agit pas uniquement d’un exercice de style, produire des logiciels qu’on cède ensuite aux gens. Vous espérez que cela changera la façon de faire dans l’industrie du logiciel.

Stallman : Oui. Certains disent que personne ne l’utilisera jamais sous prétexte qu’il n’y a pas le logo d’une société séduisante dessus et d’autres pensent que c’est terriblement important et que tout le monde voudra l’utiliser. Je n’ai pas les moyens de savoir ce qui va vraiment arriver. Je ne connais pas d’autres moyens pour essayer de changer la laideur du milieu dans lequel je me trouve, alors c’est ce que j’ai à faire.

Et enfin :

Byte : Pouvez-vous en donner les implications ? Manifestement, vous pensez qu’il s’agit là de bases importantes, politiquement et socialement.

Stallman : C’est un changement. J’essaye de modifier l’approche qu’ont les gens de la connaissance et de l’information en général. Je pense qu’essayer de s’approprier le savoir, d’en contrôler son utilisation ou d’essayer d’en empêcher le partage est un sabotage. C’est une activité qui bénéficie à la personne qui le fait, au prix de l’appauvrissement de toute la société. Une personne gagne un dollar en en détruisant deux. Je pense qu’une personne ayant une conscience ne ferait pas ce genre de chose, à moins de vouloir mourir. Et bien entendu, ceux qui le font sont passablement riches ; ma seule conclusion est leur manque total de scrupules. J’aimerais voir des gens récompensés d’écrire des logiciels libres et d’en encourager d’autres à les utiliser. Je ne veux pas voir des gens être récompensés pour avoir écrit des logiciels propriétaires, parce que ce n’est vraiment pas une contribution à la société. Le principe du capitalisme réside dans l’idée que les gens peuvent faire de l’argent en produisant des choses et de fait, ils sont encouragés à faire ce qui est utile, automatiquement, si on peut dire. Mais ça ne marche pas quand il s’agit de posséder la connaissance. Ils sont encouragés à ne pas vraiment faire ce qui est utile et ce qui est réellement utile n’est pas encouragé. Je pense qu’il est important de dire que l’information diffère des objets matériels, comme une voiture ou une baguette de pain, car on peut la copier, la partager de son propre chef et si personne ne cherche à nous en empêcher, on peut la changer et la rendre meilleure pour nous-même. (…) Nous sommes actuellement dans une période où la situation qui a rendu le copyright inoffensif et acceptable est en train de se changer en situation où le copyright deviendra destructif et intolérable. Alors, ceux que l’on traite de « pirates » sont en fait des gens qui essayent de faire quelque chose d’utile, quelque chose dont ils n’avaient pas le droit. Les lois sur le copyright sont entièrement destinées à favoriser les gens à prendre un contrôle total sur l’utilisation d’une information pour leur propre bénéfice. Elles ne sont pas faites, au contraire, pour aider les gens désirant s’assurer que l’information est accessible au public ni empêcher que d’autres l’en dépossèdent.

La graine du logiciel libre était plantée.
La suite n’était plus qu’une question d’arrosage 😉

Pour lire l’interview dans son intégralité, rendez-vous sur GNU.org.

Notes

[1] Crédit photo : Sysfrog (Creative Commons By-Sa)




Entretien avec Philippe Scoffoni

Philippe Scoffoni - CC byAu fil de mes lectures sur le Web et de mes heures passées à scruter mes flux RSS pour alimenter en liens le canal identi.ca de Framasoft, un nom est apparu de plus en plus régulièrement dans les billets en français que je sélectionnais.

Il s’agit de Philippe Scoffoni, qui depuis quelque temps anime Philippe.Scoffoni.Net, site d’actualités et de réflexion sur les « Logiciels Libres, l’Open Source et technologies ouvertes », que l’on retrouve également sur le très dynamique Planet Libre.

J’apprécie particulièrement le soin apporté à la rédaction des billets et au choix des sujets, qu’il traite en profondeur, avec méticulosité… et humour.

Philippe a donc accepté ici de se prêter au jeu pas forcément évident de l’interview par mails interposés. Il est d’ailleurs possible que ce billet inaugure une future rubrique, car nous espérons à l’avenir offrir notre tribune à d’autres acteurs du libre, francophones ou non, développeurs et/ou blogueurs.

Si vous ne connaissez pas le site de Philippe, allez y jeter un coup d’œil, ça vaut le coup. Si vous le connaissez, vous apprécierez sans doute d’en savoir un peu plus sur l’auteur[1] de ce jeune site très prometteur.

Petit « framapapotage » au coin du modem, donc…

Let’s talk with : Philippe Scoffoni

Présentation

Don Rico : Pour commencer, peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ?

Philippe Scoffoni : Côté état civil, je viens de passer la quarantaine gaillardement, je suis marié, j’ai deux filles, un lapin et deux poissons rouge :-) !

Côté cursus personnel, j’ai une formation d’ingénieur en informatique faite au centre universitaire de Sciences et techniques de Clermont-Ferrand en 1992. Je suis plutôt un généraliste de l’informatique.

J’ai travaillé principalement pour deux sociétés :

  • 8 ans chez un éditeur/intégrateur de logiciels dans le domaine de la GED/GRC/CTI (Gestion Electronique de Documents/Gestion de la relation Clients/Couplage Téléphonie Informatique). C’était une petite structure d’une quarantaine de personnes, j’étais donc plutôt multi-casquette (avant-vente, développement produit, intégration client).
  • Depuis 6 ans je travaille comme Responsable Informatique pour une société de service de 250 personnes dont je gère l’informatique interne.

Quand et comment es-tu venu au libre et à GNU/Linux ?

J’ai commencé à mettre en œuvre des logiciels libres pour mon travail il y a 6 ans. Auparavant j’utilisais exclusivement du logiciel propriétaire.

En cherchant une solution pour mettre en place un intranet, j’ai découvert SPIP, qui fut le premier logiciel libre que j’ai réellement utilisé. Après, ce fut un peu un engrenage, j’ai utilisé des distributions comme la Red Hat 8 puis Debian 3 pour déployer des applications Web et de la messagerie. J’ai suivi l’évolution des distributions, mais en restant plutôt sur la partie serveur et les applications Web développées en PHP/MySQL.

Côté poste de travail, j’ai commencé avec la distribution Fedora 4, puis je suis passé à Ubuntu avec sa version 6.

En résumé, je dirais que je suis venu aux logiciels libres pour des raisons essentiellement pragmatiques, pour les avantages qu’ils peuvent procurer. Bien sûr, depuis j’ai découvert tous les principes et idéaux qui se « cachent » derrière ce concept et pour lesquels j’ai un grand respect.

Mais je reste quand même un pragmatique dans le sens où je privilégierai toujours les choix qui me permettent de répondre aux besoins de mes utilisateurs, même si pour cela je dois utiliser un logiciel propriétaire. Au-delà du logiciel libre il y a aussi les formats et protocoles ouverts qui sont importants.

On te retrouve sur plusieurs Planets. Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans un blog personnel plutôt que participer à un projet déjà existant ?

Pour faire simple, on va dire que je sortais d’une expérience collective qui n’a malheureusement pas très bien fonctionné. Cela n’avait d’ailleursaucun rapport avec le logiciel libre. C’est donc un peu en réaction à cela que j’ai lancé mon site (désolé, mais je n’aime pas le mot blog 😉 ). Mais je n’exclus pas de participer à d’autres sites à l’avenir.

Le libre sur le Web francophone

Tu apportes un grand soin à ton blog, tant sur le fond que sur la forme. La blogosphère francophone tient-elle la route, d’après toi ?

Il y a de tout, des sites de qualité, des rigolos, des mauvais. Se demander si elle tient la route n’a pas forcément grand sens. Internet est un média de masse. On pourra lui reprocher un certain conformisme et des attitudes de mimétisme auquel il est parfois difficile d’échapper.

Je lis beaucoup de sites anglo-saxons, mais c’est plus pour chercher un autre point de vue que ce que l’on peut lire en France. Leur approche du Free Software est différente, plus orientée business qu’en France, où l’on est plus sur des postures idéologiques.

Que penses-tu du traitement de l’actualité GNU/Linux et Open Source sur le Web ?

Je trouve qu’il n’y a pas assez de blogs qui traitent du logiciel libre dans le cadre des entreprises. Je fais abstraction des magazines pros. Je ne parle pas ici de techniques ou de tutoriels, mais plus de réflexion par rapport à l’utilisation des logiciels libres en entreprise, sur leur mise en place, les avantages, les inconvénients, etc… Mais c’est un jugement qui m’est propre, car cela correspond à mes attentes et pas forcément à celles de tout le monde.

Framasoft, qu’est-ce que ça t’évoque ?

Ma jeunesse :-) ! C’est pour moi le site référence pour celui qui veut découvrir la diversité des logiciels libres. C’est par ce site que j’ai découvert et fait mes premiers pas dans l’univers des logiciels libres.

GNU/Linux et le libre

Quels logiciels affectionnes-tu le plus ? As-tu une application fétiche ?

Une ? Non plusieurs : mon navigateur, mon logiciel de messagerie et depuis quelques mois mon client de micro-blogging, soit respectivement Firefox, Thunderbird et Gwibber.

Quel est, à ton sens, la plus belle réussite du libre ?

C’est celle d’avoir offert une alternative au modèle traditionnel des logiciels propriétaires et d’avoir permis quelques belles réussites dans le cadre de l’adoption de formats « ouverts ». Car, au-delà des logiciels, je pense que les formats de données et les protocoles sont la clef de notre liberté de choix.

Selon toi, quel est le projet libre le plus prometteur ?

Difficile de choisir, il y en a tellement. Forcément, il y a le projet Mozilla et Firefox qui a su bousculer une hiérarchie que l’on croyait inébranlable. Firefox est un très bon cheval de Troie pour permettre une bascule de Windows à une distribution Gnu/Linux.

Dans les projets plus récents, j’attends de voir ce que peuvent donner les initiatives de normalisation autour du cloud-computing et notamment celles qui touchent à la définition de formats et de protocoles ouverts pour cette technologie. Mais pour l’instant il y a au moins trois initiatives différentes (Distributed Management Task Force, l’Open Cloud Consortium et l’Open Cloud Manifesto) et j’ai peur que cet éparpillement ne mène hélas pas à grand chose.

Sinon, il y a le GroundOS sur lequel Framablog a attiré mon attention. Mais la sortie de la bêta a été repoussée en juin. Je suis assez impatient de voir de quoi il retourne.

Y a-t-il une personnalité du libre que tu admires particulièrement ?

Pas vraiment, le Logiciel libre est une œuvre collective. Bien sûr, il y a des leaders, des personnes plus charismatiques que d’autres. Personnellement je préfère tirer un coup de chapeau à tous ces inconnus qui font vivre le logiciel libre par leur activité souvent anonyme.

J’essaie d’aller à leur rencontre en proposant des interviews sur mon site. La semaine dernière il s’agissait de deux développeurs français travaillant sur Frugalware.

Ce sont ces gens-là que j’admire.

Si je devais absolument citer un nom je donnerais celui de Chris Anderson l’inventeur de l’expression la Longue traîne encore qu’il ne soit pas lié directement à l’univers du Libre. Il s’intéresse au modèle du « Gratuit ». Je sais que le logiciel libre n’est pas gratuit. Mais j’aime bien mettre en parallèle ses analyses avec ce qui se passe dans le monde de l’Open Source.

Quels sont les principaux problèmes internes au monde du libre qui gênent son expansion au sein du grand public ? À quoi la communauté doit-elle s’attaquer en priorité pour y remédier ?

C’est un sujet de discussion relativement inépuisable tant les avis divergent. Et c’est peut-être cette divergence qui pose problème. Parfois j’ai l’impression qu’il n’y a pas de stratégie globale, que personne ne mène la danse. Bien sûr il y a la FSF et l’OSI qui, d’une certaine manière et chacun à leur façon, donnent le la.

C’est peut-être aussi inhérent à ce fonctionnement non centralisé des logiciels libres qui peut dérouter et donner cette impression. Chacun essaie des solutions dans son coin et lorsqu’il y en a un qui trouve la bonne, tous les autres peuvent en tirer parti. Je trouve ce principe de fonctionnement très intéressant.

On est face à une problématique de changement. Comment le conduire, comment l’accompagner, ce n’est jamais simple. En ce qui me concerne j’aurais plutôt tendance à prôner une approche pas à pas en recherchant de stratégies de conversion. On parlait des navigateurs, c’en est une.

La communauté

Certains redoutent que les nouveaux venus, imprégnés d’automatismes acquis sur Windows, ne dénaturent l’esprit du Libre. Cette crainte te paraît-elle fondée ?

Certes, les utilisateurs de Windows ont été formatés à des pratiques, et celles des logiciels libres sont différentes. Mais en fin de compte ces utilisateurs de Windows cherchent juste des solutions simples et efficaces pour répondre à leurs besoins, et bien entendu des solutions les moins coûteuses possibles, surtout en ce moment.

Le logiciel libre a toutes les caractéristiques pour les séduire. Souvent, lorsqu’une idéologie, un concept est adopté par une grande masse de personnes, elle prend le risque de se voir modifier, altérer. C’est ce qui se passe avec le logiciel libre. Alors j’ai envie de dire, n’utilisons pas ce terme à tort et à travers et réservons-le à un usage précis pour lui conserver toute sa pureté. Je suis persuadé que du logiciel libre au sens de la FSF sortira quelque chose de différent. Par exemple, Ubuntu me semble quelque chose de différent.

Je n’ai donc pas de craintes pour l’esprit du Libre. Il a ses gardiens du temple.

Récemment, tu es revenu sous Debian après quelques années passées sous Ubuntu. Je te sais modéré sur le sujet, mais c’est à la mode de cracher sur Ubuntu, qui pourtant donne une visibilité sans précédent à GNU/Linux. Qu’en penses-tu ?

Je ne cracherai certainement pas sur Ubuntu, bien au contraire. Je suis revenu sur Debian non pas pour des raisons idéologiques mais pragmatiques : Debian est la distribution de mes débuts, j’aime bien son principe de fonctionnement et elle marche sur mon PC. Ubuntu a toujours planté dessus malgré les multiples réinstallations et mises à jour. J’avais le choix entre changer de PC ou changer de distribution. La deuxième solution m’a couté beaucoup moins cher. 😉

Comme je le disais plus haut, Ubuntu, c’est quelque chose de différent. C’est à mon sens la seule distribution qui de par ses choix stratégiques et marketing clairement orientés vers une diffusion de masse peut reproduire ce qui s’est passé avec Firefox : un basculement. Reste à Canonical à trouver le modèle économique qui lui sera associé. Ubuntu One me semble une bonne approche. Mais attention à la façon dont sera traitée la problématique des données et des formats associés. Il faut que tout soit « ouvert ».

Ubuntu a fait des choix techniques, des raccourcis qui ont été pris pour des raisons de pragmatisme et qui de fait ne la rendent pas totalement Libre au sens de La FSF. On peut ne pas être d’accord avec la définition de la FSF et considérer qu’Ubuntu est une distribution libre selon sa propre définition.

C’est là que se situe la zone de « conflit » entre les gardiens du temple et les Ubunteros. C’est dans cette définition du Libre.

Je n’y vois pas d’inconvénient du moment que cela permet de faire entrer plus d’utilisateurs dans un certain monde du logiciel libre qui sera de toute façon toujours bien meilleur que celui de Microsoft. Mais il faut rester vigilant et les gardiens du temple sont indispensables pour nous le rappeler.

Que dirais-tu à ceux qui sont convaincus par le Libre mais qui, par habitude ou frilosité, restent sous Windows ou Mac (on appelle ça le « syndrôme Bayrou », chez nous…)

Je leur dirais seulement : essayez, courage… Les changements sont souvent douloureux, on y laisse toujours une part de confort au début. Mais il y a des gains à la clef.

Souhaites-tu porter un ou des acteurs du Libre francophone à l’attention de nos lecteurs ?

Question piège, si je cite des noms on va m’accuser de copinage ! Si je n’en cite pas je serais une peau de vache 🙂 .

Alors, je vais donner un coup de pouce à un nouveau venu, le site Informatique et liberté qui a ouvert depuis le 7 mai. Son auteur est un étudiant en informatique qui garde l’anonymat mais qui s’appelle Philippe. J’avoue avoir été assez troublé au début, proximité du nom oblige, et dans la mesure où il a écrit un certain nombre d’articles que « j’aurais pu écrire » et que j’ai apprécié en tout cas.

Tu es très actif sur identi.ca, où tu exerces comme moi une veille sur l’actualité Open Source. Cette ville est-elle assez grande pour nous deux, hombre ?

Hola Muchachos, je pense qu’il n’y a pas de soucis, le sujet est tellement vaste et il y a tellement de monde à qui faire découvrir cet univers du logiciel libre !

Vous pouvez retrouver Philippe sur identi.ca et sur Twitter.

Notes

[1] Crédit photo : Philippe Scoffoni (Creative Commons By)




Largage de liens en vrac #16

Pitel - CC by-saNouvelle fournée des liens en vrac autour des (supposées ou avérées) nouveautés logicielles. Si il fallait lui donner une note, je dirais… 16/20.

J’en profite pour lancer un appel à participation parce qu’à Framasoft nous croulons sous le boulot en ce moment.

Y aurait-il de gentils volontaires prêts à maintenir avec moi cette rubrique des Liens en vrac ? Et pourquoi pas aussi pousser la chose plus loin, en effectuant un véritable test lorsque le logiciel semble vraiment intéressant ? Test qui pourrait faire l’objet d’un billet à part entière ici.

Pour le dire autrement, un peu comme sur Facebook, je veux me faire des amis pour ne plus être seul[1] avec cette rubrique qui je sais rend service mais qui prend pas mal de temps à rédiger à chaque fois.

Si vous voulez « être mon ami », il suffit de m’envoyer un message via notre formulaire.

Et c’est parti, mon kiki…

  • SRWare Iron : Justement, à propos de Chrome, la principale raison de ne pas y passer c’est… Google. Voici donc la tentative allemande d’un Chrome sans Google (à partir des sources de Chromium, la version libre de Chrome, je sais c’est compliqué). Toutes les qualités de Chrome moins les problèmes de privacy ?
  • The Open Video Player Initiative : « The Open Video Player Initiative is a community project dedicated to sharing player code and best practices around video player development and monetization. » Pas besoin de traduire non ? Il y a Adobe et Microsoft dans les partners. Doit-on alors se méfier ?
  • Dogma Player : Codé en Flex, un player musical (encore en bêta) pour avoir accès à tout le catalogue Dogmazic.
  • Pixie : Un site web permettant de créer des sites web ! Intituitif et sexy.
  • Papillon : Outil en ligne de réservation de ressource et d’affichage de disponibilité. Un Doodle libre à surveiller de près.
  • Open Font Library : Une sorte de forge spécialement dédiée aux polices de caractères très bien présentée. Piochez mais aussi créez et partagez vos polices libres et ouvertes ! (Mozilla est impliquée dans le projet)
  • LMMS : Acronyme de Linux Multi Media Studio. Sorte d’alternative libre à Cubase (mais à vérifier, je suis pas très calé en création musicale). On pourra lire ce tutoriel sur Linux MAO.
  • Sockso Personal Music Server : Hadopi appréciera moyennement cet outil pour se créer sur son ordi son petit serveur musical que l’on peut partager avec ses amis sur le Net (Java inside)
  • UltraStar Deluxe : Un logiciel de karaoke libre inspiré de Singstar (Playstation).
  • Thematic : Pour que le webmaster blogueur en herbe se fasse un WordPress aux petits oignons.
  • AlbanEye : Un JavaScript qui déroule un coin de page terrifiant sur l’œil de Moscou Christine Albanel. Peut resservir pour d’autres occasions.
  • Monkey Smileys : Des smileys mais sous forme de tête de singe, par notre ami Poupoul2.
  • Circos : Pour visualiser le génome mais par extension toutes sortes de données, le tout dans un cercle dont les points sont liés par des courbes de couleurs. Un truc un peu mutant mais très très joli (si quelqu’un veut nous en dire plus dans les commentaires…).
  • ICEpdf : Ce lecteur de PDF en Java vient de passer Open Source.
  • jsPDF : Pour générer du PDF uniquement en JavaScript (et donc à partir de votre navigateur si vous le souhaitez).
  • Flot : Utilise toujours l’excellente bibliothèque JavaScript jQuery pour faire de bien jolis graphiques.
  • FullCalendar : Encore avec jQuery, j’ai relevé ce calendrier à mettre sur son site web.
  • jCart : Et pour en finir avec jQuery, la petite boutique de vente en ligne avec panier et tout et tout (intègre Paypal).
  • Cinecode : Si j’ai bien compris un encodeur permettant de convertir d’un simple glisser/déposer n’importe quel fichier vidéo (ou presque) en Flash (.flv).
  • Appetizer : Un esthétique lanceur d’applications (ou dock) pour Windows. Existe en version portable.
  • Open Paint : Qui n’a pas connu le logiciel Paint de Windows ? (à l’école, les élèves continuent de l’utiliser dès qu’on a le dos tourné). On tient ici une tentative de clonage Open Source de Paint déjà bien aboutie.
  • Miro Adoption : Miro propose ses lignes de code à l’adoption. Une manière originale de lancer une campagne de dons.
  • Le Wecena ? : Je le signale car j’ai trouvé le mot intéressant (contraction si j’ai bien compris de web et mécénat). « Le wecena met au service de projets d’intérêt général la créativité et le savoir-faire technologiques des meilleurs ingénieurs et informaticiens de la profession. Le wecena, c’est le mécénat de compétences en informatique. »
  • TaskJuggler : Un logiciel de gestion de projet (vous n’en saurez pas plus !)
  • Web Optimizer : Ensemble d’applications permettant de réduire le temps de chargement de vos pages web.
  • Ulteo Virtual Desktop : Philippe Scoffoni nous annonce la sortie en version 1.0 de la solution de bureau virtuel Ulteo Virtual Desktop (je n’arrive pas à comprendre si le projet Ulteo, de Gaël Duval, ex-fondateur de Mandrake, est un espoir ou une déception, vous avez un avis ?).

Notes

[1] Crédit photo : Pitel (Creative Commons By-Sa)




Quand l’Europe est invitée à signer le Pacte du Logiciel Libre

Le pacte du Logiciel Libre - AprilC’est à ce type d’initiatives que l’on mesure pleinement le rôle et l’utilité de l’April et de tous ses adhérents.

En invitant, depuis 2007, les candidats aux élections politiques à signer Le Pacte du Logiciel Libre, l’April sensibilise en effet nos futurs représentants aux enjeux du logiciel libre. Accord, refus ou indifférence constituant alors des éléments d’information à prendre en compte lors du vote 😉

C’est aujourd’hui le tour des élection européennes qui sont souvent le théâtre de décisions lourdes de conséquence pas forcément médiatisées.

Encore faut-il que notre candidat soit au courant. C’est pourquoi l’April vous invite à porter ce Pacte à leur connaissance. Car rien ne se fera sans vous.

Il y a actuellement 72 signataires du Pacte à l’Assemblée nationale. Participons à sensiblement augmenter ce chiffre dans toutes les chambres représentatives et les futures lois Hadopi ne passeront plus.

Vous trouverez ci-dessous la reproduction du Pacte et du communique de presse de l’April.

Le Pacte du Logiciel Libre à la conquête du Parlement européen

URL d’origine du document

Paris, le 31 mars 2009. Communiqué de presse.

À l’occasion des élections européennes de juin 2009, l’April lance une nouvelle campagne sous la bannière de l’initiative Candidats.fr : tous les citoyens attachés au Logiciel Libre sont invités à proposer le Pacte du Logiciel Libre aux candidats. Le Parlement européen est effectivement le théâtre de débats majeurs pour le Logiciel Libre et les standards ouverts. L’April souhaite par cette campagne prévenir le retour des brevets logiciels, les atteintes à la neutralité des réseaux, et favoriser l’interopérabilité et la libre concurrence sur le marché européen du logiciel. L’April souhaitant que cette campagne soit l’occasion de sensibiliser aussi largement que possible les futurs députés européens elle propose à tous les citoyens européens attachés au Logiciel Libre de se joindre à cette campagne. L’April propose donc, avec l’association italienne Associazione per il Software Libero, un portail européen.

L’initiative Candidats.fr de l’April invite les citoyens à contacter les candidats aux élections européennes pour leur proposer le Pacte du Logiciel Libre. Le Pacte du Logiciel Libre est un document simple permettant aux électeurs de savoir quel candidat dans leur circonscription a conscience des enjeux du Logiciel Libre et s’est engagé à promouvoir et défendre les libertés qui y sont associées.

Le Pacte du Logiciel Libre est également un outil permettant à tous les citoyens attachés au Logiciel Libre de sensibiliser les candidats quant à la responsabilité qui sera la leur s’ils sont élus. Le Pacte du Logiciel Libre s’inscrit donc dans une double démarche citoyenne fournir une base au dialogue entre les citoyens et les élus avant les élections autour des enjeux du Logiciel Libre, et disposer d’engagements clairs pris en conscience.

Le Logiciel Libre est une opportunité pour le public, la France et l’Europe mais de nombreuses menaces pèsent sur son avenir. Au niveau européen, il s’agit de prévenir le retour des brevets logiciels, les atteintes à la neutralité des réseaux, et de s’opposer aux tentatives d’imposer le « trusted computing », véritable informatique déloyale, comme norme technique. Mais l’objectif est aussi de mettre un terme à la vente liée des ordinateurs et des systèmes d’exploitation, de réviser la directive EUCD, de mettre en place un véritable droit à l’interopérabilité et de favoriser l’utilisation de logiciels libres et de standards ouverts dans les administrations et établissements publics européens.

« Le Parlement européen vote les directives qui s’appliquent ensuite dans notre droit national, à l’instar de la directive EUCD transposée par la loi DADVSI. Il est donc essentiel que les eurodéputés soient sensibilisés aux enjeux du Logiciel Libre, afin que le droit européen ne soit pas porteur de discriminations pour les développeurs comme pour les utilisateurs, » déclare Benoît Sibaud, Président de l’April.

Des domaines comme le droit de la consommation ou la réglementation des marchés publics sont également concernés : la vente liée des ordinateurs et des systèmes d’exploitation est largement pratiquée en Europe, et les marchés publics y sont trop souvent orientés sur une technologie en particulier. L’établissement de règles claires est une condition incontournable pour mettre un terme aux abus de position dominantes et aux situations de rente.

« Les futurs eurodéputés doivent prendre conscience que le Logiciel Libre est une opportunité pour l’Europe. La mobilisation de chacun est essentielle pour que les candidats prennent la mesure de l’attachement des citoyens au Logiciel Libre et aux libertés qu’il leur offre, » ajoute Frédéric Couchet, Délégué Général.

L’April souhaite que cette campagne soit l’occasion de sensibiliser aussi largement que possible les futurs députés européens. C’est pourquoi, avec l’association italienne Associazione per il Software Libero, elle propose à tous les citoyens européens attachés au Logiciel Libre de se joindre à cette campagne. Les deux associations mettent leurs outils à la disposition de tous. Un portail européen avec un wiki (en anglais) donne accès à toutes ces ressources : http://freesoftwarepact.eu/

Le pacte du logiciel libre

URL d’origine du document

Un bien commun à protéger et à développer

Je suis candidat(e) aux élections européennes 2009

J’ai conscience que

Le travail des acteurs du Logiciel Libre participe à la préservation des libertés fondamentales à l’ère du numérique, au partage du savoir et à la lutte contre la « fracture numérique ». Il constitue également une opportunité pour le public mais aussi pour l’indépendance technologique et la compétitivité de pays et de l’Europe ;

Le Logiciel Libre est un bien commun à protéger et à développer. Son existence repose sur le droit pour un auteur de divulguer son logiciel avec son code source et d’accorder à tous le droit de les utiliser, les copier, les adapter et les redistribuer, en version originale ou modifiée.

Je m’engage donc à

Encourager par des moyens institutionnels les administrations publiques, établissements publics et collectivités territoriales à développer et utiliser prioritairement des logiciels libres et des standards ouverts ;

Soutenir des politiques actives en faveur du Logiciel Libre et m’opposer à toute discrimination à son encontre ;

Défendre les droits des auteurs et des utilisateurs de logiciels libres, notamment en demandant la modification de toute disposition légale fragilisant ces droits et en m’opposant à tout projet ou proposition qui irait dans ce sens.




Le journal La Croix consacre un dossier au logiciel libre

Intéressante évocation du logiciel libre dans le journal La Croix du jour. D’abord parce qu’on y parle de libre dans un grand quotidien, mais aussi par le contenu des articles (pluriels, et qui forment donc un véritable dossier).

Il y a tout d’abord l’article Les logiciels libres, histoire d’un succès qui introduit le dossier.

Depuis leur apparition il y a vingt-cinq ans, les logiciels libres n’ont cessé de se développer, convainquant un large public, professionnels comme amateurs, entreprises comme administrations, de l’efficacité de leur modèle de développement.

On y parle de vente liée, de Stallman et des méthodes de travail du libre. Une large place est faite au témoignage d’Alexandre Zapolsky (président de la FniLL et de Linagora), pour qui le libre sait s’adapter aux difficultés des temps actuels.

Reste que « le libre profite de la crise », selon Alexandre Zapolsky. Jusque-là, les grands organismes ne voulaient pas prendre de risques en abandonnant le « propriétaire » au motif que, selon Loïc Rivière, « la possibilité de l’accès au code peut tenter des personnes mal intentionnées ». « Mais cette frilosité s’estompe avec les restrictions budgétaires », reprend Alexandre Zapolsky. L’argument économique n’est cependant pas la seule cause de la progression du secteur : « Nos clients veulent leur indépendance à l’égard des grands éditeurs et fournisseurs », ajoute le président de la FniLL.

J’ai noté une double citation, de l’Afdel et de NKM, qui pourrait faire l’objet d’un petit débat.

Des solutions qui coûtent souvent beaucoup moins cher que celles qui font appel à des logiciels propriétaires. « C’est moins cher à court terme, mais à long terme, les services achetés à une société du libre peuvent coûter plus cher que l’acquisition d’un logiciel propriétaire », rétorque Loïc Rivière, délégué général de l’Association française des éditeurs de logiciels (Afdel), qui veille à ce que l’État reste neutre en face du choix de solutions entre « libre » et « propriétaire ».

(…) « Ce que beaucoup redoutent, ce n’est pas forcément le libre, mais c’est la migration vers un environnement différent, analyse Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État au développement de l’économie numérique. Pour les collectivités, l’État finance beaucoup de formations aux logiciels libres en direction des élus. Mais on ne peut pas les forcer à faire le choix entre libre et propriétaire. »

L’Angleterre semble avoir fait un choix différent. Il ne s’agit pas de forcer mais d’inciter fortement pour les raisons que l’on sait (par exemple en parcourant les cinq cents articles du Framablog !).

Un deuxième article s’intitule Peaufiner les logiciels est un modèle de science participative.

Il s’agit donc de comprendre un peu mieux comment fonctionne le logiciel libre et de faire plus ample connaissance avec tous ces gens qui gravitent autour non, sans un certain enthousiasme.

Parmi eux, il y a un administrateur de Rue89, l’incontournable April et… notre ami Pierre-Yves (alias Pyg quand il est rédacteur du Framablog). Ce dernier me fait savoir dans l’oreillette que retenir ce qui suit sur près d’une heure d’entretien téléphonique avec la journaliste, c’est un peu… frustrant ! (d’autant qu’il lui arrive d’être barbu et de manger des pizzas à 3 heures du mat’).

« Nous ne sommes pas des utopistes barbus qui mangent de la pizza à 3 heures du matin. » Pierre-Yves Gosset, délégué général de l’association Framasoft, s’élève contre les clichés qui frappent les développeurs de logiciels libres. « Les gens pensent toujours que c’est un sujet technique seulement maîtrisé par les informaticiens », déplore-t-il.

Lancé par des spécialistes en informatique, le mouvement du « libre » rassemble aujourd’hui des profils très divers, techniciens comme profanes. Framasoft structure un réseau de sites Internet et met à la disposition du public des ressources sur les logiciels libres.

Avec une volonté participative : ce sont les utilisateurs de logiciels eux-mêmes qui rédigent leur présentation, enrichissent l’annuaire, traduisent des textes pour les mettre à la portée de tous. « Nous encourageons les utilisateurs à s’entraider et à publier de l’information, c’est une sorte de “Wikipedia du libre” », précise Pierre-Yves Gosset.

(…) À distance, un échange se crée entre développeurs professionnels, traducteurs bénévoles, utilisateurs vigilants. Leur passion commune permet d’améliorer sans cesse les logiciels existants, ou d’en créer de nouveaux. « Le public est très varié, confirme Pierre-Yves Gosset. Il y a des médecins, des plombiers, des couturières. Chacun peut devenir producteur et créateur. »

Quand je pense qu’il ne m’a jamais présenté la couturière ! Bref passons…

Par contraste, « l’enfermement du savoir » est le principal reproche adressé aux logiciels propriétaires. « Le logiciel est l’expression technique d’une idée, affirme Pierre-Yves Gosset. C’est un enjeu éthique : est-ce que le marché peut s’approprier quelque chose qui relève du bien commun ? »

(…) Les acteurs du libre refusent néanmoins qu’on leur prête des intentions idéologiques. Bill Gates, le richissime fondateur de Microsoft, les surnomme « les communistes d’un nouveau genre ». Ils admettent en revanche défendre une vision « citoyenne ». Pierre-Yves Gosset résume les valeurs du « libre » par une devise bien connue : « Liberté, égalité, fraternité. »

Fallait bien la placer quelque part la devise 😉

Un troisième article se demande si Le logiciel libre paraît-il utopique ? dans une sorte de dialogue entre NKM et François Elie (cf la récente interview).

L’avis de NKM sur le sujet laisse à penser qu’elle a bien compris le logiciel libre et ses enjeux. De quoi être malgré tout un peu optimiste pour la période gouvernementale post-Hadopi ?

« Le logiciel libre est d’abord une philosophie, avant d’être un standard ou un modèle économique. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une religion, bien que l’on parle des commandements du logiciel libre !

(…) Le modèle de financement du libre est cependant plus fragile que celui du logiciel dit propriétaire. Les éditeurs de logiciels disposent de la rente annuelle de licences. Dans le libre, il faut sans cesse inventer et améliorer des produits pour pouvoir survivre. L’avantage du libre est son caractère innovant.

(…) Le libre est un peu l’anti-trust d’un secteur facilement monopolistique. Du coup, la philosophie du libre s’étend et un équilibre dynamique s’installe entre “libre” et “propriétaire” avec des mouvements de vague tantôt dans un sens tantôt dans l’autre. Je ne crois donc pas que cette évolution aboutisse à la disparition du propriétaire. »

C’est pourtant ce que prophétise peu ou prou François Elie dans son livre Économie du logiciel libre.

Il n’y a pas de fatalité à ce que ce logiciel soit propriétaire. Toute l’informatique est en train de basculer vers un autre modèle. Même Microsoft songe à basculer vers le libre. »

Il y a également un petit Lexique sur les logiciels libres expliquant le logiciel libre, l’open source, le logiciel propriétaire, et la licence GPL.

D’habitude lorsque le Framablog pointe un article de presse autour du logiciel libre, il y a toujours de « gentils pinailleurs » prêts à dégainer dans les commentaires pour en souligner les inexactitudes (sachant qu’il n’est pas toujours simple de vulgariser le logiciel libre, sachant aussi que ces précisions apportent de l’information aux lecteurs du blog).

En ira-t-il de même ici ? Vous le saurez en parcourant… les commentaires 😉