L’accès au fichier professionnel des enseignants : l’exemple Microsoft

Microsoft - Lettre aux profsEn juin dernier Microsoft « offrait » sa suite bureautique aux enseignants sous l’aile bienveillante et complice d’associations comme Projetice ou le Café Pédagogique.

J’ai déjà eu plusieurs fois l’occasion d’en parler, je n’y reviens pas. Par contre ce que je n’avais pas évoqué c’est que cette annonce s’était accompagnée d’un courrier publicitaire nominatif adressé à un certains nombres de collègues directement dans leur casier de la salle des profs (autrement dit leur boite à lettres professionnelle).

Combien ? Aucune idée, mais au moins quelques uns disséminés aux quatre coins de la France si j’en juge par les témoignages reçus par courrier électronique. Et du coup je suppute par extrapolation que beaucoup d’enseignants ont été touchés par cette publicité non forcément désirée (et j’en appelle d’ailleurs aux commentaires pour infirmer ou confirmer cela).

Je précise que pour ce qui me concerne je n’ai rien reçu (faut dire que j’enseigne à l’étranger) mais un collègue lecteur du Framablog m’avait malicieusement mis la brochure entre les mains lors des récentes Rencontres mondiales du logiciel libre de Mont-de-Marsan. Du bel ouvrage, papier A4 glacé tout en couleur, on ne lésine pas sur la qualité et le moyens.

Récidive en ce mois d’octobre, avec les « offres de rentrée Microsoft Office 2007 pour votre établissement ». Cela reste encore un peu compliqué niveau licence (soit une location, soit un prix « attractif » pourvu que l’on dépasse les vingt unités) mais ce qui est certain c’est que la tendance est à la baisse des tarifs, la faute à la concurrence libre qui sait ?!

Le collègue qui m’a signalé cette dernière info a joint son message avec un scan de la lettre que je vous propose ci-dessous.

Une fois de plus, et c’est là où je veux en venir, la lettre était nominative. Il ne s’agissait d’un courrier générique envoyé aux professeurs de l’établissement X (et que l’administration se chargerait de distribuer dans les casiers) mais bien, comme la fois précédente, d’un courrier directement adressé au professeur Y.

D’où la question naïve suivante : Comment fait donc Microsoft pour avoir accès au fichier à jour des enseignants ? Comment la société devine-t-elle que dans l’établissement X se trouve le professeur Y ?

Ne soyons pas dupe, il n’y a pas que Microsoft qui ait accès au fichier. Il y a aussi les éditeurs de manuels scolaires par exemple qui en fin d’année envoient traditionnellement (et gratuitement) des spécimen dans l’espoir que l’équipe pédagogique porte leurs choix sur eux.

Il n’empêche qu’à l’heure où tout ce qui touche aux données personnelles est un sujet hautement sensible, il me semble étrange que personne ne s’interroge sur les facilités qu’auraient certaines entités commerciales à pénétrer aussi facilement les institutions publiques, qui plus est scolaires, pour diffuser le plus tranquillement du monde leur publi-information.




Détournement de liens

Au cours du billet inaugural sur les académies nous annoncions que vous alliez de temps en temps subir quelques articles nombrilistes ayant pour objectif de témoigner de notre prétendue utilité avant ambitieuse « campagne de soutien » dont le but est de trouver assez de fonds pour échapper au prochain voyage à Hong-Kong.

Témoigner de notre utilité et donc, corollaire et sortez les violons, de la grande perte pour le logiciel libre francophone si nous en venions disparaître, snif, snif…

Aujourd’hui c’est un peu particulier puisqu’il s’agit de simples statistiques, qui plus est uniquement celles du Framablog restreintes à la recherche par mots clés. Lorsque les visiteurs s’en viennent sur ce blog via un moteur de recherche, quels mots clés ont-ils donc saisis ? Telle est la question du jour et la réponse est assez surprenante, ou tout du moins elle nous est apparue comme telle.

Voici en (longue) image le top 50 des mots clés de ces 6 derniers mois[1] :

stats_framablog_keywords_11jun-12_nov2008.png

And the winner is… Microsoft assurément dont les différentes déclinaisons fournissent 50% des 50 premiers liens.

Du coup nous y sommes allés pour voir et effectivement Google semble penser qu’on pourrait rendre service aux internautes en tapant par exemple « ms office 2007 ». On remarquera au passage qu’on s’en sort aussi plutôt bien chez le pas rancunier Live Search de Microsoft.

Il est évident que la grande majorité de ces visiteurs doit alors rebrousser chemin aussi sec constatant qu’ils ne sont pas arrivés à bon port. Mais il nous plaît à penser que certains s’y arrêtent, étudient son contenu, y font quelques découvertes et en tirent parfois la conclusion qu’il est peut-être opportun d’évaluer de près certaines alternatives libres.

L’idée de la campagne de soutien c’est aussi être capable d’exister et se développer pour lentement mais sûrement continuer à donner le change. Nous n’avons pas le budget d’un Microsoft. Nous n’avons ni le relais internet du Café Pédagogique ni le relais du terrain d’un Projetice (capable d’assurer à lui tout seul rien moins que 120 formations « Office 2007 pour l’Éducation » dans les établissements scolaires). Alors on fait avec les moyens du bord et tant que les moteurs de recherche resteront de purs algorithmes, on aura toujours une chance de toucher de nouveaux publics, quitte à les tromper gentiment au départ sur « la marchandise ».

Et pour finir sur un sourire le « bêtisier et autres incongruités » :

stats_framablog_keywords_betisier_11jun-12_nov2008.png

Ben oui, c’est vrai ça, pourquoi faire un don ?
😉

Notes

[1] Oui il s’agit bien de statistiques issues de Google Analytics mais on étudie de près Piwik qui est d’ailleurs n°23 dans la liste des mot-clés.




En réponse au Café Pédagogique

Kevinmcgrewphoto.com - CC byLe site du Café Pédagogique compte plus de 150 000 abonnés à ses différentes éditions et avoisine le million de visiteurs par mois. Il est sans conteste la principale source d’information d’un monde enseignant hautement reconnaissant du service rendu. Là où le bât blesse c’est que faute d’aides institutionnelles il a contracté depuis un certain temps déjà un solide partenariat avec Microsoft qui s’apparente un peu au mariage de la carpe et du lapin.

Les conséquences sont malheureusement assez lourdes pour ceux qui souhaitent faire avancer le logiciel libre à l’école car avec la caution du Café Pédagogique les enseignants se sentent en confiance et en sécurité. Si le Café organise un forum d’enseignants innovants, il n’y a qu’à se réjouir et profiter d’une telle opportunité sans trop se poser de questions. Si le Café héberge en son sein le forum de l’opération Microsoft Office 2007 gratuite pour les enseignants c’est que l’offre est sans entourloupe. Si le Café ne fait pas mention de documents critiques vis-à-vis de son partenaire alors il n’y a pas matière à débat. Si le Café parle peu ou pas du logiciel libre, c’est que sa présence et son utilité doivent être scolairement négligeables[1].

Et si, comme aujourd’hui, le Café se décide néanmoins à l’évoquer ne serait-ce qu’à la marge et implicitement, c’est pour en donner une image où j’ai eu tant et si bien du mal à le reconnaître que je n’ai pu m’empêcher de mordre à l’hameçon et réagir, quitte à fournir de nouvelles armes à ceux qui aiment à me faire passer pour un agité, quitte aussi à donner un énième coup d’épée dans l’eau.

Il y a une semaine avait lieu à Hong-Kong le quatrième Forum mondial des enseignants innovants organisé et donc financé de A à Z par Microsoft. Ce forum était ainsi présenté sur le communiqué de presse : « 250 enseignants, administrateurs d’école et responsables d’éducation en provenance de 64 pays à travers le monde se rassemblent pour récompenser l’excellence en matière d’éducation (…) L’Innovative Teachers Forum s’inscrit dans le programme Partenaires en apprentissage de Microsoft (Partners in Learning), une initiative internationale dans le cadre du projet Unlimited Potential conçue pour rendre la technologie plus accessible aux écoles, à stimuler des conceptions innovatrices de l’éducation et à fournir aux éducateurs les outils pour gérer et mettre en oeuvre des changements. Depuis sa création en 2003, le programme Partenaires en apprentissage a bénéficié à plus de 123 millions de professeurs et d’étudiants dans 103 pays. Microsoft apporte un soutien financier continu à cette initiative depuis déjà cinq ans, et l’investissement d’une durée de dix ans atteint presque 500 millions USD, ce qui témoigne de l’engagement de la société à rendre la technologie plus adaptée et plus accessible à chacun grâce à des programmes, des formations et des partenariats de licence abordables. »

Le Café Pédagogique était bien entendu présent et y avait envoyé, c’est l’expression employée, l’une de ses « journalistes » Monique Royer. Le 3 novembre dernier elle rédigeait sur le blog dédié à l’évènement un billet titré Honni soit qui mal y pense que je me suis permis de commenter ci-dessous.

(…) Dans ce décor sans limites, la délégation française se pose sur une terrasse. Et tandis que les yeux sont baignés dans la magnifique vue, les débats s’engagent, plus prosaïques. Puisque nous sommes en terre de Chine, résumons-le ainsi : Microsoft est il un dragon dévoreur de système éducatif qui cherche à prospérer encore et sans partage ?

Je dois manquer d’humour parce que, Chine ou pas, j’ai beaucoup de mal à croire que le débat ait pu se résumer à cette question qui n’appelle qu’une seule réponse possible pour le clore aussitôt. Forçons le trait jusqu’à la caricature pour déplacer la conversation et éviter de toucher aux réels enjeux. C’est la même posture adoptée par le Directeur des partenariats éducation chez Microsoft France en réponse à mon billet sur l’association d’enseignants Projetice.

Pour les non initiés à ce type de querelle, il faut mentionner que cette question est vive dans les milieux associatifs d’enseignants.

Navré de vous contredire mais non, je ne crois pas que la question ainsi posée intéresse le moins du monde « les milieux associatifs d’enseignants », tout simplement parce qu’à ma connaissance personne ne voit Microsoft comme « un dragon dévoreur de système éducatif qui cherche à prospérer encore et sans partage ».

Quant au début de votre phrase, il eut été peut-être plus judicieux encore d’écrire « Pour les non initiés à ce type de querelle stérile », l’effet souhaité n’en aurait été alors que plus accentué…

Mais redevenons un peu sérieux. Il y a bien quelques questions à se poser mais elles sont d’une toute autre envergure. Par exemple, en référence à un récent billet : l’école doit-elle poursuivre un objectif de démocratisation du savoir et des compétences, de partage des connaissances et de coopération dans leur mise en œuvre, d’autonomie et de responsabilité face aux technologies, du développement du sens critique et de l’indépendance envers les pouvoirs de l’information et de la communication ?

Nous voici d’un coup assez loin des « querelles d’initiés »…

Toujours est-il que si vous jugez cette question d’importance alors, et telle sera mon hypothèse, il est difficile de ne pas rencontrer un jour ou l’autre le logiciel libre et sa culture. C’est ce que pensent nos amis du Département de l’instruction publique du Canton de Genève et bien d’autres acteurs éducatifs derrière eux pour qui cette rencontre fut si ce n’est comme une évidence tout du moins allant dans le sens d’un certain bon sens.

Entendons-nous bien, le logiciel libre n’est bien entendu pas LA solution mais il participe assurément à poursuivre les objectifs décrits ci-dessus. C’est pourquoi, contre vent et marée mais avec un certain enthousiasme, nous travaillons au quotidien à créer des conditions favorisant cette rencontre entre le logiciel libre et l’école, qui par delà leurs spécificités sont selon nous faits pour avancer ensemble.

Et c’est à mon avis ici qu’intervient Microsoft. Non seulement la société Microsoft ne répond que trop imparfaitement aux objectifs mentionnés mais elle a fortement tendance à consciemment ou non retarder cette fructueuse, pour ne pas dire « naturelle », rencontre. Un retard qui s’accompagne d’un frein si d’aventure cette rencontre avait malgré tout bien lieu. Ce ne serait pas bien grave si il ne s’agissait que de la praticité et du confort de tel ou tel logiciel, ça l’est peut-être plus si l’on se place dans le vaste cadre de ma question exposée plus haut.

Ce dernier paragraphe mériterait bien sûr précisions, développements et arguments. Gageons que vous ne serez pas d’accord. Très bien, ouvrons le débat mais de grâce oublions les dragons dévoreurs d’enfants !

Deux points sont dénoncés par les défenseurs du libre. Le premier touche au mode de commercialisation des ordinateurs qui sont quasi systématiquement équipés du système Windows et contraignent les acheteurs à l’acquérir et l’utiliser.

Tout à fait, et merci d’évoquer le problème. Cela s’appelle de la vente liée. Il est vrai que les « défenseurs du libre » ont été parmi les premiers à souligner la situation et à agir en conséquence (tout comme la question des brevets logiciels en Europe, des DRM, des lois DADVSI et aujourd’hui Hadopi, sauriez-vous nous expliquer pourquoi ?)

Mais cela nous concerne tous et il n’est pas étonnant de retrouver également des associations de consommateurs dans la bataille.

La réponse pour ce type d’argument est plutôt une nuance : la plupart des acheteurs ne sont pas des utilisateurs avertis de l’informatique, ils ont le choix entre deux systèmes Microsoft et Mac qui leur permet de se servir de leur ordinateur sans se préoccuper de programmation complexe.

Nos initiés (ou utilisateurs avertis) sont vraiment d’étranges personnages. Quand il ne s’engagent pas dans de vaines querelles, c’est pour mieux s’adonner à leur passe-temps favori : la programmation, si possible complexe.

Je sais bien que le Café Pédagogique n’est malheureusement pas le meilleur média pour se tenir au courant des avancées du logiciel libre mais quitte à jouer les journalistes TICE autant se mettre un peu à jour.

« Les logiciels dits libres ont atteint aujourd’hui un niveau de maturité technique qui en fait une alternative fiable, stable, adaptable et pérenne aux logiciels dits propriétaires ». Telle est l’introduction de la récente directive du Département de l’instruction publique du Canton de Genève. Sachant que les « systèmes Microsoft et Mac » sont bien propriétaires, j’ai le plaisir de vous annoncer qu’on se retrouve avec un troisième choix.

Ce troisième choix c’est donc celui du logiciel libre. Son niveau de maturité est tel qu’il postule aujourd’hui sans attendre à se retrouver lui aussi sur les postes de travail de nos élèves et ce jusqu’au système d’exploitation où GNU/Linux fera d’autant mieux l’affaire que certaines autorités compétentes déconseillent sagement de passer à Windows Vista.

Il est vrai que le changement passe souvent par une période de perturbation liée à ses habitudes antérieures mais il sera d’autant mieux accepté qu’il aura été explicité et justifié. La directive citée plus haut dit encore : « Lors des choix de solutions informatiques pédagogiques, les produits sous licence libre et les standards ouverts sont choisis par défaut. Tout choix de solutions propriétaires devra être dûment justifié par les demandeurs, en expliquant de façon détaillée les usages qui rendent indispensable l’acquisition d’un produit ou l’utilisation d’un standard non libre. » Et d’ajouter lucidement : « Les migrations importantes qui sont prévues seront annoncées suffisamment à l’avance pour permettre l’accompagnement nécessaire au changement. »

Une fois de plus il ne s’agit pas ici de faire table rase de l’existant pour s’en aller vers le « tout libre ». Mais, au nom d’une certaine pluralité, puissions-nous faire en sorte que de telles propositions soient elles aussi évaluées chez nous ?

Le deuxième point porte sur la politique de Microsoft en éducation, en particulier sur son programme « partners in learning » qui soutient des projets et des associations ou encore sur la mise à disposition gratuite de suites Office pour les enseignants, et se focalise donc sur une supposée recherche d’hégémonie, voire de captation de la firme.

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer ce programme « partners in learning » qui en France ne voulait pas dire son nom.

Pour ce qui concerne la mise à disposition gratuite de la suite MS Office, l’explication n’est pas philanthropique mais toute entière contenue dans le rapport Becta Microsoft Office 2007 et Windows Vista que le Café Pédagogique n’a d’ailleurs pas cru bon de retenir dans son fil d’informations, privant ainsi de nombreux enseignants de la possibilité de s’interroger sur le pourquoi du comment d’un tel « cadeau ». C’est d’autant plus dommage que le Café n’ignore pas le Becta (voir l’Expresso de lundi dernier). De là à penser que le Café Pédagogique, soutenu par Microsoft, ne s’intéresse plus au Becta dès lors que ce dernier se montre critique vis-à-vis de son partenaire « premium », il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement.

Quant à votre fin de phrase, je me focalise bien moins sur la « supposée hégémonie captive de la firme » que sur le fait qu’une rédactrice du si réputé Café Pédagogique évite de se poser les bonnes questions en feignant de croire que certains se focalisent sur un Microsoft tellement décrié qu’on a presqu’envie de lui venir en aide, surtout quand il permet gracieusement à des enseignants du monde entier de se rencontrer.

Les associations, les animateurs des projets soutenus pointent comme réponse le faible soutien des pouvoirs publics, du ministère de l’éducation notamment. Pour vivre, même en reposant sur le bénévolat, les associations ont besoin d’argent pour financer leur structure, leur site, bref, tout ce qui concrétise, solidifie le projet. Leur survie repose souvent sur une quête perpétuelle de financement auprès des collectivités locales, d’entreprises, de fondations. Idem pour les projets, les innovations pédagogiques ; pour se développer elles ont besoin d’une reconnaissance, de matériels, de logiciels, parfois cruellement absents dans l’institution. Microsoft se positionne comme un financeur potentiel pour des partenaires qui bien souvent ont d’autres financements.

Quelle est la part de Microsoft dans le financement du Café Pédagogique ? J’ai souvent posé la question mais n’ai jamais eu de réponse…

Pour qu’on en arrive là l’Institution doit effectivement procéder à son autocritique. Toujours est-il que si l’on vous suit c’est exclusivement pour son argent que Microsoft intéresse les associations. Il n’y aurait donc pas d’adhésion à un projet commun, à des valeurs communes… ou plus modestement à la qualité de leurs logiciels. Cela leur aurait fait plaisir pourtant, histoire de se sentir moins « vaches à lait ».

« Survie », « quête perpetuelle », besoins cruciaux »… Il y a visiblement extrême urgence ! Et pour nous tirer de là, reposons-nous sur les épaules d’un Microsoft, véritable sauveur d’associations d’enseignants en péril abandonnées lâchement par leurs institutions ! Merci donc à Microsoft de nous offrir cette manne financière providentielle que d’autres ne peuvent ou ne veulent nous proposer.

Il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire sur la provenance de cette manne financière. Quand on soutire des sommes considérables aux pouvoirs publics du monde entier, on a beau jeu par la suite d’en redistribuer une infime partie à ceux qui nous ont enrichis.

L’équation est certes un peu plus complexe que cela mais pourquoi ne pas procéder autrement ? Par exemple en s’appuyant massivement sur le logiciel libre et avec l’argent ainsi économisé soutenir non seulement les associations d’enseignants mais également un véritable développement logiciel local, ouvert et adapté aux besoins du terrain. Ce ne sont pas les AbulEdu, Adullact, EducOO, Ofset, Scideralle et autres qui me contrediront.

Ceci dit, et pour tout vous avouer, Framasoft se trouve aujourd’hui également dans la difficulté financière. Il n’empêche qu’on aura tenu bon pendant pas mal d’années et que l’on ne désespère pas de trouver des soutiens moins, comment dire, « problématiques ».

Le partenariat tournera d’autant moins à la main mise que les données du marché sont claires et le financement multiple.

Cette dernière phrase que l’on dirait extraite d’un conseil d’administration d’une grande entreprise, vient fort à propos nous rappeler la nature même de Microsoft. Si l’école n’était qu’un marché comme un autre nous n’en ferions pas grand cas.

(…) Une rencontre entre enseignants innovants du monde entier, d’Israël, de Thaïlande, d’Australie, d’Autriche, du Sénégal, du Brésil, des Seychelles et de tant de pays différents, n’est elle pas à même de changer les idées, les opinions les plus tranchées. En regardant ce que font les autres, en écoutant leur expérience, leurs doutes, leurs solutions, dans ce voyage dans les mondes de l’éducation, le débat perd de son acuité.

Je ne vous le fais pas dire. Et Microsoft de s’en frotter les mains. Bingo, c’est à n’en pas douter le type de témoignages que la société souhaitait susciter.

Et puis, « ce qui est important pour les enseignants c’est la pédagogie. Pour innover, on a besoin d’outils qui nous conviennent. Les querelles risquent plus de freiner l’innovation pédagogique, qu’autre chose », ainsi Annie clôt le débat (…).

Il se trouve que c’est à peu près le même discours que nous sert Microsoft depuis des années. Cette symbiose finale entre l’enseignant et son partenaire fournit effectivement une excellente conclusion.

Quant à « l’innovation » que Microsoft et le Café citent ad nauseam, il tend à devenir un mantra vidé de toute substance et qui se suffit à lui-même. Je n’arrive plus vraiment à comprendre ce que vous y mettez dedans, si ce n’est que les enjeux dépassent de très loin la question des « outils qui nous conviennent ».

Soit, allons-y, restons sur ce mot et répétons nous aussi notre propos. L’innovation peut-elle venir d’une école résolument décidée à poursuivre un objectif de démocratisation du savoir et des compétences, de partage des connaissances et de coopération dans leur mise en œuvre, d’autonomie et de responsabilité face aux technologies, du développement du sens critique et de l’indépendance envers les pouvoirs de l’information et de la communication ?

J’en suis intimement persuadé. Et vous ?

Notes

[1] Crédit photo : Kevinmcgrewphoto.com (Creative Commons By)




Quand le Becta aide Microsoft à devenir un meilleur élève

Riot Jane - CC byQuand on se donne les moyens d’avoir une politique publique sérieuse, cohérente et indépendante en matière de technologies de l’information et de la communication pour l’éducation (TICE) alors on obtient des résultats.

La preuve par l’exemple en Angleterre avec le très crédible interlocuteur Becta (organe principal de conseil et stratégie TICE du gouvernement britannique) qui vient d’obtenir quelques avancées significatives de la part de Microsoft en particulier du côté de l’interopérabilité et des licences spécifiques à l’éducation.

Ces problèmes d’interopérabilité et de licences des logiciels Microsoft sont une évidence en milieu scolaire. Encore fallait-il le dire. Ce qui fut fait et bien fait l’année dernière par le Becta d’abord en déposant plainte auprès de conseil de la concurrence locale et ensuite en publiant son fameux rapport Microsoft Vista and Office 2007, actions qui ont justement poussé Microsoft à venir s’assoir aujourd’hui autour de la table.

Précisons que ce fameux rapport a été récemment traduit par nos soins mais le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas eu l’écho qu’il méritait chez nous. D’abord parce que Framasoft n’a clairement pas les épaules assez larges pour monter seul au créneau. Mais ensuite parce qu’en l’absence d’un Becta, ce n’est malheureusement pas l’école qui pousse Microsoft à s’adapter à ses besoins mais bien Microsoft qui continue à contraindre l’école française à s’adapter à ses produits et ses logiques économiques.

Précisons également que nous n’en sommes qu’au stade des déclarations d’intention et qu’en attendant les changements effectivement promis par Microsoft, le Becta préconise d’en rester aux édifiantes conclusions de son rapport, à savoir tout simplement de ne pas passer à Windows Vista et Microsoft Office 2007 en l’état actuel des choses.

Précisons enfin qu’il sera être d’autant plus facile de ne pas passer à MS Office 2007 que la suite bureautique libre OpenOffice.org est sur le point de sortir sa fort attendue version 3.

Vous trouverez ci-dessous une traduction du communiqué que le Becta a mis en ligne pour l’occasion[1].

Becta se réjouit de l’avancée importante des discussions avec Microsoft

Becta welcomes substantial progress in discussions with Microsoft

Communiqué du Becta – 16 septembre 2008 – becta.org
(Traduction Framalang : Yostral et Don Rico)

Becta s’est aujourd’hui réjoui de l’avancée importante des discussions avec Microsoft au sujet de la plainte de Becta auprès de Office of Fair Trading (OFT) (NdT : équivalent du Conseil de la concurrence) concernant l’interopérabilité et les accords d’exploitation de ses licences en milieu scolaire.

Becta travaille de concert avec Microsoft pour trouver des solutions aux différents problèmes concernant l’interopérabilité au sein de son produit Office 2007. Becta estime qu’une interopérabilité efficace est une composante importante de l’infrastructure technologique nécessaire à l’amélioration de l’éducation, qu’elle facilite les liens entre l’école et la maison, et répond au problème de la fracture numérique.

Microsoft a annoncé récemment son intention de fournir un support natif au format OpenDocument (ODF) dans Office 2007. Écoles et universités seront ainsi plus libres d’utiliser une gamme élargie de logiciels. Becta travaillera en collaboration avec Microsoft afin d’évaluer les améliorations apportées, et, en tant qu’acteur de ces recherches, fournira au secteur de l’éducation des conseils toujours d’actualité quant à leur développement.

Microsoft revoit également ses accords d’exploitation scolaire à la lumière de la nouvelle Stratégie d’Exploitation Technologique que Becta a publié récemment. Microsoft introduira un nouveau programme de licence pour les écoles, initialement comme pilote pour tous les établissements scolaires, dans à peu près six mois, parallèlement aux accords d’exploitation actuels. Becta continuera sa collaboration avec Microsoft pour garantir les bénéfices du nouveau programme et assurer sa mise en application effective.

Becta estime que l’engagement clair de Microsoft pour une réelle interopérabilité et l’introduction d’un programme pilote de licence est une excellente nouvelle pour les établissements scolaires.

Michel Van der Bel, vice président du département Secteur Public International de Microsoft, a déclaré :

« Nous comprenons que le problème de l’interopérabilité était un des facteurs clés à la base de la plainte déposée par Becta en octobre 2007 auprès de l’OFT. Il me tarde de poursuivre notre collaboration avec Becta pour garantir qu’avec la mise en place du support natif d’ODF dans Microsoft Office 2007 nous répondons aux exigences du secteur de l’éducation.

Nous revoyons nos accords d’exploitation scolaire à la lumière des développements dans la politique de l’éducation et des problèmes qu’a soulevé Becta. Nous présenterons de nouveaux accords d’exploitation conçus pour apporter la flexibilité exigée par la nouvelle Stratégie d’Exploitation Technologique. »

Stephen Crowne, Directeur Général de Becta, a commenté :

« Je salue l’annonce récente de Microsoft concernant le support natif de l’ODF dans Office 2007, et me réjouis des échanges très positifs que nous avons eu avec eux au sujet de leur engagement quant à sa mise en œuvre effective. Écoles et universités seront ainsi plus libres d’utiliser une gamme élargie de logiciels. Nous continuerons à travailler de concert avec Microsoft et le reste de l’industrie afin de maximiser les bénéfices de l’ICT (NdT : TIC) pour nos institutions scolaires.

Je me réjouis également de l’intention qu’a Microsoft d’introduire de nouveaux accords d’exploitation conçus pour donner plus de choix et de flexibilité aux établissements scolaires afin de répondre aux besoins de leurs élèves.

Ce sont des avancées très positives, qui répondent à nos préoccupations concernant les accords actuels.

La politique que Microsoft est en train d’adopter va dans le sens des grands objectifs que nous nous sommes fixés au travers de la nouvelle Stratégie d’Exploitation Technologique. »

La nouvelle direction prise par Microsoft concernant les licences : pourquoi est-ce important ?

Le Royaume-Uni va introduire un nouveau système de licences mis en place par Microsoft, qui abroge l’obligation pour les établissements scolaires ayant signé des accords de souscription de payer Microsoft afin d’acquérir des licences pour des systèmes utilisant des technologies concurrentes. Pour la première fois, les établissements ayant souscrit des accords de souscription de licence Microsoft pourront donc décider pour quelle part de leur parc informatique ils veulent acquérir des licences.

Quels bénéfices les établissements vont-ils en tirer ?

Les écoles ayant choisi le programme de licences pilote pourront décider de ne plus payer de frais de licences Microsoft pour leurs Macs ou leurs ordinateurs sous Linux sur lesquels ne tourne aucun logiciel Microsoft. Les ordinateurs fonctionnant avec des produits Open Source, tel que OpenOffice.org, ne seront également plus soumis aux frais de licences Microsoft. Point important, ces écoles pourront aussi refuser de payer une licence pour des produits tels que Vista sur des machines incapables de les faire fonctionner. Les établissements auront également désormais la possibilité d’acquérir des licences en fonction du nombre d’utilisateurs plutôt que sur le nombre de PC, ou bien une combinaison des deux.

Pourquoi un programme pilote ?

Le but de ce programme pilote est de mettre en place des dispositions qui donneront davantage de choix et de souplesse aux établissements scolaires pour répondre aux besoins de leurs étudiants. Le programme pilote donnera à Becta la possibilité de voir dans quelle mesure ces nouvelles dispositions apportent des solutions concrètes aux préoccupations que nous avons préalablement identifiées.

Quelles sont les répercussions pour les établissements, et que doivent-ils faire à présent ?

Dans l’immédiat, en attendant les modifications des accords d’exploitation de licences de Microsoft et la sortie de la nouvelle version d’Office 2007, nous conseillons aux établissements scolaires de s’assurer qu’ils possèdent les licences requises et renouvèlent leurs accords lorsque nécessaire. Ils devraient ensuite attendre les recommandations détaillées que leur fournira Becta lorsque le programme pilote de convention de Microsoft sera mis en place et que la sortie du Service Pack 2 d’Office 2007 sera imminente. Ces recommandations devraient être disponibles à la fin 2008.

Suite à ces changements d’accords de licence, les établissements paieront-ils moins cher leurs logiciels ?

Si Becta a pointé du doigt des problèmes liés aux licences, ce n’était pas dans le but d’obtenir une réduction des coûts, mais pour que les établissements ayant signé un accord de souscription puissent choisir pour quelle part de leur parc informatique ils souhaitent acquérir des licences. Cette démarche gagnant en souplesse grâce au programme pilote, les établissements devraient pouvoir optimiser le rapport entre services obtenus et budget investi. Les remises sur les achats en gros que Microsoft applique aux produits destinés au marché des établissements du Royaume-Uni sont régies par un Memorandum of Understanding (MoU) (NdT : Protocole d’accord) que Becta négocie à part.

Comment les établissements ayant signé des accords de souscription peuvent-ils réduire leurs frais ?

L’accord de souscription de Microsoft en vigueur à l’heure actuelle (Convention pour l’Education) n’est ni plus ni moins qu’une convention « tout ou rien », aussi les établissements se retrouvent-ils souvent à payer des produits Microsoft dont ils n’ont pas l’utilité. Grâce à la nouvelle convention, les établissements seront libres de choisir les systèmes sur lesquels tourneront des produits Microsoft, les produits pour lesquels ils souhaiteront acquérir une licence, et pourront ainsi éventuellement réduire leurs coûts.

Pourquoi « éventuellement » réduire leurs coûts – en toute logique, si j’achète moins, cela me coûte moins ?

Pas forcément. Dans sa convention pilote, Microsoft stipule que les tarifs pour une acquisition de licences à l’unité destinées à une partie du parc informatique d’un établissement seraient plus élevés d’environ 10% que ceux appliqués en cas d’acquisition de licences pour la totalité du parc. Si vous parvenez à moduler vos besoins en licences Microsoft de façon à les réduire de plus de 10%, vous économiserez de l’argent. Au-delà de ce pourcentage, plus vous les réduirez, plus vous économiserez chaque année.

Cette nouvelle licence de souscription « flexible » est-elle approuvée par Becta ?

Non. Becta n’approuve aucun produit vendu sous licence logicielle par un fournisseur. De notre point de vue cependant, ces nouveaux accords constituent une avancée positive en comparaison des modalités d’acquisition de licences ayant motivé la plainte que nous avons déposée en octobre 2007 auprès de l’Office of Fair Trading (OFT). L’OFT, en tant qu’autorité chargée de la réglementation de la concurrence, a été averti des modifications proposées, et livrera ses propres conclusions concernant ces questions. Pour l’heure, l’OFT n’a pris aucune décision concernant la plainte déposée par Becta.

Becta fournit-elle assistance et conseil aux établissements ne souhaitant pas utiliser de logiciels Microsoft ou refusant de « faire un mix des deux » ?

Oui, Becta indique la marche à suivre aux établissements, qui peuvent obtenir une large gamme de logiciels grâce à notre Software Licensing Framework (NdT. : Accord-cadre pour les licences logicielles). Un nouvel accord-cadre prévu spécialement pour l’éducation, établi en collaboration avec OGCbuying.solutions, remplacera notre accord-cadre actuel en octobre 2008. Nous fournissons aussi des conseils basés sur des recherches publiées au sujet des logiciels Open Source à l’école. Il est prévu que nous développions ce rôle de conseil, dans le cadre de notre participation au Schools Open Source Project (NdT : Projet pour les logiciels Open Source à l’école), qui vise à soutenir la communauté d’établissements utilisant ou envisageant d’utiliser des logiciels Open Source.

Au regard de ces changements, Becta déconseille-t-elle toujours aux établissements de passer à Vista et Office 2007 ?

Dans un rapport publié en janvier 2008, nous déconseillions le passage à Vista et Office 2007. Une des raison majeures à cela était l’absence de support natif du format de fichiers ODF dans Office 2007. Lorsque que le support natif de l’ODF sera disponible dans la suite bureautique de Microsoft, nous mettrons à jour nos recommandations concernant l’interopérabilité. En attendant, nos recommandations à ce sujet demeurent inchangées.

Avez-vous retiré votre plainte déposée auprès de l’OFT concernant les termes et les conditions d’acquisition de licences de la Convention pour l’éducation ?

Ces nouveaux accords sont à nos yeux une avancée très positive, et nous en avons fait part à l’OFT. Nous n’avons néanmoins pas retiré notre plainte. Nous estimons que sur le long terme, les intérêts des établissements scolaires et du marché des technologies de l’information et de la communication au sens large seront mieux servis par une régulation de l’OFT concernant les problèmes de licences importants que nous lui avons soumis. L’OFT nous a confirmé que l’étude de la plainte déposée par Becta en octobre 2007 était toujours en cours.

Qu’en est-il du traitement de la plainte par la Commission européenne ?

Suite à la plainte déposée par Becta auprès de l’OFT au sujet de l’interopérabilité, la Commission européenne (CE) a annoncé son intention de se pencher davantage sue les problèmes d’interopérabilité des produits Microsoft. Pour l’heure, l’OFT a reporté son examen des éléments de notre plainte relatifs à l’interopérabilité, et Becta a fourni ses éléments à charge à la CE, afin que celle-ci intègre au dosseir les problèmes d’interopérabilité que nous avons dénoncé. Nous avons informé la CE des récentes annonces de Microsoft concernant leur intention de remédier à ces problèmes d’interopérabilité avec les documents ODF dans MS Office 2007, mais c’est à la CE de décider de la marche à suivre.

Dans quelle mesure cette annonce affecte la Convention d’accord signée avec Microsoft en avril et qui doit courir jusqu’en décembre 2010 ?

Le Protocole d’accord concerne les remises sur les prix en gros pour les établissements scolaires et ne sera soumis à aucune modification.

La nouvelle convention porte exclusivement sur les établissements scolaires. Certains de ces changements auront-ils des répercussions sur les universités et d’autres institutions de l’enseignement supérieur ?

Les universités et les autres institutions d’enseignement supérieur bénéficient d’un accord de souscription de licences de Microsoft à part (portant le nom de « Convention Campus »), basé sur le nombre d’enseignants travaillant à temps plein dans l’institution. Microsoft continuera à proposer cette convention à cette catégorie d’utilisateurs. Concernant l’interopérabilité, universités et institutions d’enseignement supérieur devraient elles aussi bénéficier de l’amélioration de l’interopérabilité pour les documents que Microsoft s’est engagé à fournir dans Office 2007.

Notes

[1] Crédit photo : Riot Jane (Creative Commons By)




La Voix du Nord, la Framakey et les netbooks sous Windows

La Voix du Nord - MiniatureL’Asus Eee PC sous GNU/Linux, et ses toujours plus nombreuses déclinaisons, ont été un tel succès que Microsoft n’a pu rester sans réagir et a fait son habituel, mais toujours aussi efficace, forcing commercial pour apparaitre lui aussi dans ces fameux netbooks (sous la forme d’une version adaptée de l’OS Windows XP qu’on croyait pourtant mort avec l’arrivée de Windows Vista).

Du coup la formidable opportunité de faire découvrir GNU/Linux (et ses innombrables logiciels libres qui l’accompagnent) dans ces ordinateurs low-cost qui séduisent tant le grand public est aujourd’hui à nuancer.

Il n’empêche que, comme nous le rappelle cette photo illustrant un récent article de la Voix du Nord sur l’un des derniers nés de la famille netbook (à savoir le Medion), on ne perd pas cette occasion de découvrir des logiciels libres si on décide d’utiliser conjointement une clé USB Framakey. D’autant que la dernière version de notre Framakey, la 1.8, propose désormais plus d’une trentaine de logiciels libres dans son nouveau pack intégré.

Tout ça pour dire que si l’on pousse à passer à Linux (ou tout du moins à s’y essayer), on n’en oublie pas pour autant ceux qui pour x raisons restent sous Windows même avec leur netbook 😉

Tout ça pour témoigner également de notre reconnaissance à La Voix du Nord qui, par l’intermédiaire de Franck Bazin, vient coup sur coup de nous citer fort élogieusement (un peu trop même, car nous ne considérons pas comme le portail du monde libre mais comme une porte d’entrée francophone du logiciel libre).

Extrait de Jusqu’à 32 gigaoctets de mémoire dans la poche: les clefs du succès paru dans La Voix du Nord du mardi 2 septembre 2008 :

Une simple clef (au moins 2 Go) permet d’avoir en poche sa suite bureautique, son navigateur Internet, son logiciel de messagerie…, et gratuitement en plus : « La Framakey est une compilation de logiciels libres pour Windows, (…) préinstallés et prêts à être utilisés directement depuis votre clef USB. L’utilisation des logiciels se fait de façon sécurisée et sans laisser d’informations personnelles sur les machines sur lesquelles vous utilisez votre Framakey », peut-on lire sur le site Framasoft (www.framasoft.net), le portail du monde libre. Même plus besoin de portable : on peut « squatter » sans risque n’importe quel PC !

Extrait de Le « netbook » de Medion toujours petit mais plus costaud paru dans La Voix du Nord du mardi 16 septembre 2008 :

Windows XP est installé en série ainsi que Corel Word Perfect Office X3. Mais il ne faut que quelques dizaines de minutes pour installer tous les logiciels dont on peut avoir besoin, gratuitement et légalement, en allant sur www.framasoft.net, le portail Internet des logiciels libres.

On a beau être modeste (ce qui reste à démontrer), on ne va pas bouder notre plaisir surtout que, quand bien même la gratuité soit évoquée, il est bien rappelé que c’est de logiciels libres qu’il s’agit. Au delà de Framasoft, puissent de tels journalistes entrer toujours plus nombreux dans les rédactions des grands médias, cela facilitera d’autant la nécessaire sensibilisation au logiciel libre et son état d’esprit au plus large public que nous appelons de nos vœux.

Une dernier extrait pour la route et pour démonter que La Voix du Nord ne se résume pas à Franck Bazin et son éloge de Framasoft 😉

Extrait de Ruée sur les « mini-ordis » : que valent-ils ? par Yves Smague le 18 septembre 2008 :

L’arrivée des netbooks, c’est aussi la défaite du géant Microsoft. Ses logiciels toujours plus lourds et sophistiqués exigent des machines toujours plus puissantes. Le retour à la simplicité met en avant les logiciels libres.




Affaire OOXML – Quand 6 pays disqualifient l’ISO

Nous aurons l’occasion d’y revenir mais la standardisation du format OOXML par l’ISO, dans des conditions de pression qui confinent au scandale, est certainement l’un des gros points noirs de l’année en cours.

Quatre pays, le Brésil, l’Afrique du Sud, le Venezuela, et l’Equateur, avaient officiellement remis en cause cette normalisation en faisant appel de la décision. Peine perdu, l’appel a été rejeté cet été. Plus rien ne s’oppose donc à ce que Office Open XML, le format de fichier bureautique défendu par Microsoft, devienne officiellement la norme ISO/IEC DIS 29500.

Ce qui n’empêche pas les pays en question (plus Cuba et le Paraguay) de dire après coup tout le bien qu’ils pensent de l’ISO dans cette déclaration[1] non diplomatiquement correcte que nous soutenons sans condition et qui rappelle au passage que nous avions déja avec l’ODF une norme bureautique libre et ouverte satisfaisante.

Il est bien dommage que la France en soit absente mais cela n’est malheureusement guère étonnant quand on avait décidé de voter non pour finalement s’abstenir à la dernière minute.

CONSEGI 2008 - Logo

DECLARATION CONSEGI 2008

Nous, les sous-signés représentants de sociétés nationales en informatique du Brésil, d’Afrique du Sud, du Venezuela, de l’Equateur, de Cuba et du Paraguay, faisons part de notre déception après avoir pris connaissance du communiqué de presse émanant de l’ISO/IEC/JTC-1 et daté du 20 août concernant les recours déposés par les instances nationales du Brésil, d’Afrique du Sud, d’Inde et du Venezuela. Nos instances nationales, conjointement à celle de l’Inde, ont chacune, indépendamment, fait part de leur grande inquiétude concernant l’ensemble du processus d’adoption rapide de DIS29500. Le fait que ces inquiétudes n’aient pas été traitées comme il se devait par une commission de conciliation entâche l’integrité de ces institutions internationales de normalisation.

Nous ne gaspillerons pas plus d’énergie à faire pression sur nos organismes nationaux pour qu’ils continuent d’appuyer nos contestations, mais nous jugeons cependant qu’il est important de clarifier certains points :

1. L’assouplissement des règles pour permettre la procédure express pour DIS29500 nous interpelle. Que l’ISO TMB n’ait pas jugé utile d’accorder aux contestations l’attention nécessaire pour les étudier convenablement remet en question la confiance que nous pouvons accorder à ces institutions et à leur capacité à répondre à nos besoins nationaux.

2. L’empiètement de la norme en question sur la norme ISO/IEC26300 (Open Document Format) existante reste sujet à questionnement. Nos pays ont déjà fait d’importants efforts pour employer la norme ISO/IEC26300, l’une des principales raisons étant justement qu’elle avait obtenu le titre de norme ISO en 2006.

3. L’adoption à grande échelle d’une norme pour les documents est longue et coûteuse, des projets s’étalant sur plusieurs années ayant été initiés dans chacun de nos pays. Parmi nous, nombreux sont ceux à avoir allouer beaucoup de temps et de ressources dans cet effort. Par exemple, au Brésil, le processus de traduction de la norme ISO/IEC26300 en portugais a duré plus d’un an.

Les problèmes rencontrés au cours de l’année précédente nous ont tous mis dans des situations délicates. Au vu de l’incapacité de l’organisme a suivre ses propres règles, la capacité de l’ISO/IEC a se transformer en un organisme de normalisation ouvert et libre de toute influence, ce qui est une nécessité urgente, nous semble compromise. Il nous apparaît clairement maintenant que nous allons devoir, quoiqu’à contre coeur, ré-évaluer notre appréciation de l’ISO/IEC, en particulier en ce qui concerne sa pertinence vis à vis des différentes structures d’interopérabilité de nos gouvernements nationaux. Alors que dans le passé la mise en oeuvre au sein d’un gouvernement d’une norme ISO/IEC était automatiquement envisagée, cet état de fait est maintenant discutable.

Signataires :

Aslam Raffee (South Africa)
Chairman, Government IT Officer’s Council Working Group on Open Standards Open Source Software

Marcos Vinicius Ferreira Mazoni (Brazil)
Presidente, Servico Federal de Processamento de Dados

Carlos Eloy Figueira (Venezuela)
President, Centro Nacional de Tecnologías de Información

Eduardo Alvear Simba (Ecuador)
Director de Software Libre, Presidencia de la República

Tomas Ariel Duarte C. (Paraguay)
Director de Informática, Presidencia de la República

Miriam Valdés Abreu (Cuba)
Directora de Análisis, Oficina para la Informatización

Notes

[1] Merci à Olivier et Daria pour la traduction.




Quand Curiosphere.tv adopte une attitude plus responsable (ou presque)

Suite à mon billet d’hier Curiosphere.tv et Microsoft : merci le service public ! Curiosphere.tv a sensiblement modifié sa fameuse page d’accueil dédiée au B2i. Il est fort possible que ce billet, relayé par LinuxFr et par certains lecteurs qui ont directement écrit à Curiosphère (merci pour eux), ait influé sur ces récents et pertinents changements.

Avant :

« Pour accompagner l’initiation de vos élèves ou de vos enfants au B2I, Curiosphere.tv, en partenariat avec Microsoft, met à votre disposition un ensemble de tutoriels vidéo réalisés par des enseignants. Reprenant des exemples concrets dans différentes disciplines, ces tutoriels vidéo décryptent dans le cadre des compétences B2I, un grand nombre de fonctionnalités et de modules de Word, Excel, Publisher, Power Point, Outlook ou encore Internet Explorer (…) Enfin, de nouvelles vidéos viendront enrichir, tout au long de l’été, l’ensemble des tutoriels existants. Bonne navigation ! »

Copie d'écran - Curiosphère TV

Après :

« Pour se former au B2i, ce site met à votre disposition un ensemble d’exercices en vidéo (…) Vos productions vidéo nous intéressent ! Pour compléter cette sélection gracieusement initiée par notre partenaire, nous vous invitons à nous contacter à l’adresse suivante : education AT france5.fr »

Copie d'écran - Curiosphère TV

On notera par ailleurs que l’image de la suite Microsoft Office a disparu et qu’il n’est plus question de « préparez vos élèves au B2i » mais plus modestement d’un simple « B2i : cours et exercices en vidéo ». Enfin, dernier petit détail savoureux : en haut à droite vous n’avez plus « avec Microsoft » en blanc aveuglant mais un bien plus discret « en partenariat avec Microsoft » dont la nouvelle couleur vient se fondre à merveille avec le décor.

Toujours est-il que nous voici donc nous aussi invités à participer en proposant nos propres productions vidéos. Que ne diriez-vous d’apporter un peu de pluralité avec la suite bureautique libre OpenOffice.org (le plus simple étant alors de prendre contact avec projet OpenOffice.org Education) ?

Et comme ils m’ont l’air dans d’excellentes dispositions chez Curiosphère en ce moment, je me permets bien humblement de leur suggérer également de modifier certains liens de leur menu interactif de gauche. Ce menu liste en effet les cinq grands domaines de compétences du B2i :

  • S’approprier un environnement informatique de travail
  • Adopter une attitude responsable
  • Créer, produire, traiter, exploiter des données
  • S’informer, se documenter
  • Communiquer, échanger

Or, si à partir de cette page d’accueil B2i, vous cliquez par exemple sur Adopter une attitude responsable pour le niveau collège, vous tombez à ce jour sur ceci :

Copie d'écran - Curiosphère TV

C’est-à-dire les trois et uniques vidéos suivantes :

Rappelons que l’un des objectifs du domaine « Adopter une attitude responsable » du B2i est texto de « Prendre conscience des enjeux citoyens de l’usage de l’informatique et de l’internet ».

Sans vouloir être outrecuidant il ne me semble pas évident que l’on atteigne ainsi l’objectif fixé.




Curiosphere.tv et Microsoft : merci le service public !

Dans la série « ça ne servait à rien de traduire le Rapport Becta »

Copie d'écran - Curiosphère TV

Curiosphere.tv vous connaissiez ? C’est la webTV de France 5 (du groupe France Télévision) dont on peut lire sur le site la description suivante :

Curiosphere.tv a une vocation éducative généraliste. Cette webTV s’est donnée pour mission d’« offrir aux médiateurs éducatifs – profs, parents, éducateurs – les meilleurs contenus audiovisuels afin de favoriser l’éducation citoyenne des enfants et leur accès à la culture ».

Ce sont ainsi plus de six cents vidéos qui sont proposées dont on précise qu’elles sont « accessibles gratuitement pour une utilisation dans un cadre scolaire ou à domicile » (les licences de type Creative Commons attendront encore un peu, mais là n’est pas mon propos).

Parmi ces vidéos, il y a une nouvelle rubrique dédiée au B2i, le fameux Brevet informatique et internet ainsi introduit par l’institution sur son site officiel Educnet :

Pour assurer l’égalité des chances, l’Éducation nationale doit dispenser à chaque futur citoyen la formation aux utilisations des technologies de l’information et de la communication qui lui permettra : d’en faire une utilisation raisonnée, de percevoir les possibilités et les limites des traitements informatisés, de faire preuve d’esprit critique face aux résultats de ces traitements, d’identifier les contraintes juridiques et sociales dans lesquelles s’inscrivent ces utilisations.

Le décor est donc planté, les louables intentions et objectifs de l’un comme de l’autre clairement affichés.

Là ou le bât blesse c’est que Curiosphère s’est associé à Microsoft pour produire les tutoriels vidéos de cette rubrique B2i. Et comme les intentions et objectifs de ce troisième larron sont quelque peu différents de ceux mentionnés ci-dessus, on se retrouve avec la présentation suivante :

Pour accompagner l’initiation de vos élèves ou de vos enfants au B2I, Curiosphere.tv, en partenariat avec Microsoft, met à votre disposition un ensemble de tutoriels vidéo réalisés par des enseignants. Reprenant des exemples concrets dans différentes disciplines, ces tutoriels vidéo décryptent dans le cadre des compétences B2I, un grand nombre de fonctionnalités et de modules de Word, Excel, Publisher, Power Point, Outlook ou encore Internet Explorer.

Illustration par l’exemple avec des titres qui ne se cachent pas derrière des termes génériques comme Traitement de texte ou Tableur :

Copie d'écran - Curiosphère TV

Et il y en a des dizaines d’autres du même acabit ! Tenez, voici comment débute texto celui-là :

Les élèves vont donc utiliser Internet Explorer pour faire des recherches afin de réaliser un exposé multimédia. Par exemple « la respiration des êtres vivants ». Live Search propose 47.000 résultats…

No comment (si ce n’est que comme par hasard il s’agit de la version 2007 de la suite MS Office qui est montrée dans ces vidéos). Toujours est-il qu’ils sont modernes web 2.0 à Curiosphere.tv puisqu’ils proposent plein de fils RSS par catégorie :

Copie d'écran - Curiosphère TV

Si Microsoft est une discipline alors je comprends mieux maintenant : Apprenons tous le Microsoft à l’école avec les deniers du contribuable !

Edit : la suite ici