Laissons Google tranquille (mais pas trop)

Evgeny Morozov CC-BY-SA re:publica
Evgeny Morozov CC-BY-SA re:publica

Un article qui « défend » Google sur le framablog… sérieusement ?

Oui : sérieusement. Car ce billet d’Evgeny Morozov ne défend pas Google, ni Facebook ni leurs consorts, mais il incite nos politiques à ne pas céder à la facilité de marteler le colosse de la Silicon Valley en lui imputant tous les maux du monopole actuel, et à s’attaquer au fond du problème : la maîtrise de nos données.

Lionel Maurel (juriste et bibliothécaire connu sous le pseudo Calimaq) parle au travers de son blog des données personnelles, et suit de près les théories qui évoluent d’une vision propriétariste à la perspective de données devenant un commun.

Plutôt que de démanteler les monopoles de GAFAM, la création d’un « commun des données » pourrait couper l’herbe sous les pieds d’argile de ces colosses de manière plus éthique et solidaire.

Et si l’Europe avait le pouvoir politique de rendre cela possible… ?

Pouhiou.

L’Europe a tort de s’attaquer à la hache au géant Google.

par Evgeny Morozov (tumblr).

Traduction : Goofy

C’est le passe-temps favori du continent, et même le Parlement européen ne peut y résister : s’attaquer au moteur de recherche le plus grand du monde. Lors d’un vote récent et largement symbolique, les députés européens ont insisté pour que la recherche Google soit séparée de ses autres services — exigeant, en substance, que l’entreprise soit démantelée.(1)

Ce serait bénéfique pour les détracteurs de Google, mais malheureusement pas pour les citoyens européens. La recherche, comme le secteur du réseautage social dominé par Facebook, semble être un monopole naturel. Plus Google connaît de chaque requête — qui demande quoi, où et et pourquoi — plus ses résultats seront pertinents. Une entreprise qui a organisé, disons, 90 pour cent de l’information du monde fera naturellement mieux que une société qui détient à peine un dixième de cette information.

Mais la recherche n’est qu’une partie du portefeuille tentaculaire d’activités de Google. Les thermostats intelligents et les voitures auto-conduites sont des entreprises d’information, aussi. Tous puisent dans les réservoirs sans fond des données captées par Google, par les capteurs tels que ceux intégrés dans le matériel et les algorithmes. Tous se nourrissent mutuellement.

Les décideurs politiques ne saisissent pas encore le dilemme. Désolidariser la recherche des autres services de Google revient à les couper de leur contexte qui améliore leur précision et leur pertinence. Mais laisser Google opérer comme un monopole naturel revient à lui permettre d’envahir d’autres domaines.

Facebook présente un dilemme similaire. Si vous voulez construire un service autour de votre personnage en ligne — que ce soit pour trouver des musiques nouvelles ou partager des outils électriques avec vos voisins — sa passerelle d’identification est très pratique. Comme il cartographie nos intérêts et nos liens sociaux, Facebook est le gardien de nos réputations et des profils de consommation. Il rend disponible notre identité numérique à d’autres entreprises et lorsque nous interagissons avec ces entreprises, Facebook lui-même en apprend encore plus sur nous.

Étant donné que les données sur notre comportement pourraient détenir la clé pour résoudre les problèmes, de la santé au changement climatique, qui devrait les rassembler ? Et devraient-elles être traitées comme une marchandise et revendues à tous ?

Imaginez que ces données puissent être accumulées par les citoyens qui sont effectivement ceux qui les génèrent, d’une manière qui favorise leur utilisation commune. Donc, une communauté pourrait visualiser ses besoins de voyage précis et organiser des services de bus flexibles et efficaces — ne jamais voyager trop vide ou trop plein – pour rivaliser avec l’entreprise de transport innovante Uber. Les taxis commandés via Uber (dont Google est actionnaire) peuvent maintenant jouer des chansons que les passagers ont déjà « aimées » sur le service de musique en streaming Spotify (Facebook est un allié), une indication de ce qui devient possible une fois que notre identité numérique est au cœur des prestations de services. Mais laisser ces données entre les mains du clan Google-Facebook revient à empêcher les autres de trouver de meilleurs usages.

Nous avons besoin d’un système de données radicalement décentralisé et sécurisé ; personne ne devrait être en mesure d’obtenir vos données sans autorisation, et personne d’autre que vous ne devrait en être propriétaire. Dépouillé de identificateurs de la vie privée compromettants, cependant, ces données devraient être regroupées en une ressource commune. Tout innovateur ou un entrepreneur en herbe — pas seulement Google et Facebook — devrait être en mesure d’accéder à ce pool de données pour construire sa propre application. Cela amènerait une abondance de fonctionnalités et de services jamais vus.

L’Europe a besoin non pas d’un Airbus pour concurrencer le Boeing de Google, mais de milliers d’entreprises agiles qui opèrent sur un pied d’égalité avec les grandes sociétés américaines. Cela n’arrivera pas tant que nous n’aurons pas traité certains types de données dans le cadre d’une infrastructure commune, ouverte à tous. Imaginez le scandale si une grande entreprise achetait tous les exemplaires d’un livre en particulier, n’en laissant aucun pour les bibliothèques. Pourquoi devrions-nous accepter un tel accord avec nos données ?

Water wordscape CC-BY Marius B
Water wordscape CC-BY Marius B.

Les recherches basiques  comme « Qui a écrit Guerre et Paix ? » ne nécessitent pas la sophistication de Google et peuvent être fournies gratuitement. Empêché d’accumuler les données des utilisateurs à des fins publicitaires, Google pourrait toujours fournir des services de recherche de pointe, peut-être de façon payante (pas nécessairement payés par les citoyens). La facture pour trouver des livres ou des articles en rapport avec celui que vous lisez pourrait être acquittée par les universités, les bibliothèques ou même votre employeur.

L’Amérique n’abandonnera pas le modèle actuel de services centralisés, financés par la publicité ; la surveillance d’état a besoin d’eux. La Russie et la Chine ont diminué leur dépendance à Google et Facebook, mais n’ont fait que les remplacer par des équivalents locaux.

L’Europe pourrait mieux faire. Elle dispose d’un minimum de respect de la protection des données. Ses citoyens sont mal à l’aise avec l’avidité de la Silicon Valley. Mais il n’y a aucune raison de revenir à un passé pas si lointain, lorsque les données étaient chères et difficiles à agréger. Les politiciens européens devraient adopter une vision à plus long terme. Le problème avec Google n’est pas qu’il est trop grand, mais qu’il siphonne des données qui ne lui appartiennent pas.

(1) sur la volonté européenne de scinder les activités de recherche du reste lire cet article.

 




Un Internet plus ouvert pour lutter contre le terrorisme.

À l’heure où l’on publie les décrets d’application d’une loi permettant la censure de sites sans passer par le pouvoir judiciaire… À l’heure où le choc émotionnel après les actes barbares est suivi de velléités politiques d’un Patriot Act à la française

…nous avons retrouvé et traduit une déclaration qui date de 2005.

Il y a près de dix ans, 60 chef d’états et le secrétaire général des Nations unies se retrouvaient à Madrid pour un sommet s’inscrivant dans une semaine d’hommages aux victimes des attentats de 2004.

Il y a donc près de dix ans, Kofi Annan, alors secrétaire général de l’ONU y déclarait :

Je dois malheureusement dire que les spécialistes des droits de l’homme, y compris ceux du système des Nations unies, considèrent tous, sans exception, que nombre de mesures qu’adoptent actuellement les États pour lutter contre le terrorisme constituent une atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales.

Il y a près de dix ans, le sous-groupe Internet de ce sommet formulait une série de recommandations pour lutter contre le terrorisme en tenant compte de ce formidable outil d’expression et d’interconnexion qu’est Internet.

C’était il y a près de dix ans : une éternité en « temps Internet »… Et ce n’a jamais été autant d’actualité.

Pouhiou.

madrid summit on democracy - CC-BY Wendy Seltzer
Madrid summit on democracy – CC-BY Wendy Seltzer

L’infrastructure de la démocratie.

Renforcer l’ouverture d’Internet pour un monde plus sûr.

Source.

Traduction framalang : Narcisse, Tim, Monsieur Tino, audionuma et les anonymes…

Recommandations proposées par le groupe de travail sur Internet du Sommet international sur la démocratie, le terrorisme et la sécurité.

I. Au XXIe siècle, Internet fait partie des piliers d’une société démocratique, parce que les valeurs au cœur d’Internet et de la démocratie sont très proches.
  1. Les fondements d’Internet sont : ouverture, participation et liberté d’expression pour tous, ce qui augmente la diversité et la portée des informations et idées diffusées.
  2. Internet permet de communiquer et de collaborer entre différents pays et différentes croyances.
  3. Internet rapproche des familles et des cultures dispersées à travers le monde, met les citoyens en relation et les aide à créer des sociétés civiles
  4. Internet peut favoriser le développement économique en connectant ses utilisateurs à l’information et à des marchés.
  5. Internet présente des idées et des points de vue différents aux personnes isolées qui pourraient être séduites par la violence politique.
  6. Internet n’échappe pas à la loi et les principes législatifs qui sont appliqués dans le monde réel doivent l’être également aux activités humaines sur Internet.
II. Les systèmes décentralisés — le pouvoir du nombre — peuvent vaincre un adversaire centralisé.
  1. Les réseaux terroristes sont très décentralisés et distribués. Une action centralisée ne peut donc en elle-même lutter contre le terrorisme.
  2. Le terrorisme est l’affaire de tous. Internet nous relie tous. Des citoyens connectés sont la meilleure défense contre la propagande terroriste.
  3. Comme nous l’avons vu à la suite des attaques du 11 mars, la réponse a été spontanée et rapide car les citoyens ont pu utiliser Internet pour s’organiser entre eux.
  4. Comme nous pouvons le constater sur les blogs et les autres médias citoyens, ce sont des discussions ouvertes, entre interlocuteurs dont les avis divergent, qui font émerger la vérité.
III. La meilleure sanction contre l’abus d’ouverture : plus d’ouverture.
  1. Les environnements ouverts et transparents sont plus sûrs et plus stables que ceux qui sont fermés et opaques.
  2. Même si certains services en ligne peuvent être interrompus, Internet est un système planétaire très résistant aux attaques, même les plus sophistiquées et les plus distribuées.
  3. Les interconnexions humaines qui ont lieu via Internet mettent en échec les divisions que les terroristes essayent de susciter.
  4. Le fait qu’Internet soit ouvert peut être exploité par les terroristes, mais tout comme dans les gouvernements démocratiques, l’ouverture réduit les risques d’actes terroristes et augmente l’efficacité des réponses au terrorisme.
IV. La régulation bien intentionnée de l’Internet dans les démocraties en place pourrait menacer le développement des démocraties émergentes.
  1. Le terrorisme ne peut détruire Internet, mais une réponse législative trop zélée face au terrorisme le pourrait. Les gouvernements devraient faire preuve d’une extrême prudence avant d’imposer des modifications des fonctionnalités au cœur d’Internet.
  2. Certaines initiatives gouvernementales qui pourtant semblent raisonnables violent les principes de base qui ont fait le succès d’Internet.
  3. Certains prônent par exemple la fin de l’anonymat, ce qui n’arrêtera certainement aucun terroriste déterminé, mais aura un effet dissuasif sur les actions politiques ce qui aura pour conséquence de réduire la liberté et la transparence. Ainsi par un effet boule de neige inattendu, la restriction de l’anonymat menacera la liberté d’expression, en particulier dans les pays en pleine transition démocratique.
V. En conclusion, nous prions l’ensemble des délégués réunis ici à Madrid de :
  1. Soutenir la cause d’un Internet ouvert, pilier de la démocratie du XXIe siècle et outil essentiel à la lutte contre le terrorisme
  2. Considérer Internet comme un moyen de communication indispensable et investir dans sa consolidation contre les attaques et sa capacité à refonctionner rapidement en cas de dégâts.
  3. Favoriser un accès plus large et plus égalitaire à Internet, en s’employant à réduire la fracture numérique.
  4. Protéger la liberté d’expression et d’association, soutenir la mise à disposition pour tous de moyens communication anonymes.
  5. Résister aux tentatives de gouvernance internationale d’Internet, qui pourraient avoir des conséquences indésirables et vont à l’encontre de la nature démocratique d’Internet : privilégier les initiatives qui partent de la base.



MyPads : le développement repart

Le développement du plugin a démarré mi-décembre, dont cette annonce aura été le témoin.

La feuille de route prévue était basée sur le fait que que le développeur consacrerait environ la moitié de son temps à MyPads et ce, jusqu’à la fin du mois de février.

Le calendrier est en réalité quelque peu décalé et compressé. Outre les fêtes de fin d’années, le prestataire a préféré en terminer avec ses autres engagements professionnels. Il n’a donc que très peu avancé sur MyPads.

Il a désormais assuré qu’il se dédierait exclusivement jusqu’à la fin du mois de février au plugin. Des progrès rapides devraient être visibles sur notre espace Gitlab (en maintenance pour le moment), à travers le code source, les tickets et le wiki.

Si les tests en conditions réelles ne se feront que dans quelques semaines, la date de sortie annoncée n’est pas pour autant remise en cause : le plugin reste prévu pour la fin du mois de février.

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MyPads: development is back

The development of MyPads has begun from the second half of December. Here is the annoucement.

The initial roadmap was based upon the fact the programmer would dedicate half of his time to MyPads development, from December to the end of February.

The schedule will actually be postponed and compressed. In addition to year’s end celebrations, the contractor has chosen to finish his other professional commitments. Consequently he hasn’t done much work for MyPads.

He has confirmed that he will be dedicated full time working on the plugin til the end of February. You’d be able to see significant progress in our Gitlab instance (at the moment down for maintenance), through the source, tickets and the wiki.

If real world tests can only be possible within a few weeks, the announced publishing date isn’t challenged: MyPads remains scheduled before March.




L’open source avec des mots simples.

Wrapped gifts, CC-BY Steven Depolo
Wrapped gifts, CC-BY Steven Depolo

Ah… il n’est pas si loin, le temps des réveillons et des repas de famille. Les retrouvailles, les dîners où l’on découvre sa belle-famille, les conversations qui défont et refont le monde… Seulement voilà, quand on travaille dans l’open source il est une question que l’on redoute particulièrement : « Mais dis-moi, ça consiste en quoi, ton travail, en fait ? »

Quelques fourchettes se posent, quelques nuques se tendent, l’oreille aux aguets. Il faut dire que, chez les Dupuis-Morizeau (notre sympathique famille-témoin qui a pris le relais des « Michus » depuis leur Normandie natale) l’open source relève de la charade…

On sait qu’il s’agit d’informatique. D’une informatique plutôt… « bien », comme ces légumes des AMAP qui ont meilleure presse que ceux des supermarchés. Mais… en quoi est-ce un métier ? Comment peut-on y gagner sa vie ? Est-ce réaliste dans notre monde où l’économie fait loi…?

Voici donc un petit guide pour expliquer le logiciel libre à votre belle-famille, lors de vos prochaines vacances.

Pouhiou.

Comment impressionner sa belle famille

L’open source pour les non-techniciens.

par Brian Proffitt.

Article original paru sur le blog de RedHat

Traduction Framalang : Simon, sinma, lamessen, McKael, goofy, niilos, nilux, Bussy, niilos, r0u, Tim, audionuma, r0u, Diab, et les anonymes…

En repensant à ces dernières vacances, je dois dire qu’au final, c’était plutôt détendu (ce n’est pas toujours acquis lorsque les proches font partie de l’équation.)

Cette année, j’ai passé Noël avec ma belle-famille et c’était la première fois qu’on se voyait vraiment depuis que j’ai commencé à travailler sur le projet oVirt. Tout ce que ma belle-famille savait était que j’avais obtenu un nouveau travail et que je voyageais beaucoup. Ce qui, naturellement, a suscité l’inévitable question : qu’est ce donc que je fais exactement ?

Difficile de répondre à cela aux gens en dehors du monde des TIC. Si je dis à un groupe de confrères, « je suis un animateur de communauté open source », je peux être raisonnablement sûr qu’ils auront au moins compris partiellement. Ils seront certainement encore à côté (de la plaque) dans leurs suppositions (« tu es un de ces hippies ? »), mais au moins on sera sur le terrain de la compréhension.

En-dehors des TIC, non seulement nous ne jouons pas dans la même cour de récré, mais il n’y a même pas une compréhension mutuelle des règles du jeu en cours.

Cette fois, c’est mon beau-père qui a posé la question. Je l’ai aidé à combattre les problèmes de sa machine Windows pendant des années, et il a retenu de nombreuses bonnes pratiques que j’ai essayé de lui transmettre (« ouvre ce genre de courriel et dis adieu à tes données » — ce genre de choses.) Pour expliquer l’open source en général, voilà ce que moi (ainsi que ma femme, par moments) je lui ai dit.

Imagine, ai-je commencé, que tous les logiciels qui tournent sur ton ordinateur sont comme une collection de livres dans une bibliothèque. Certains livres sont neufs, certains sont intéressants, certains ne le sont pas. Mais quels que soient leur sujet, ces livres ont un point commun : ce sont des livres. Ils sont comme ils sont, figés. Les mots inscrits sur les pages sont indélébiles, écrits par les auteurs et ils apparaîtront pour toujours comme ils ont été publiés.

Stockholm Public Library CC-BY Samantha Marx
Stockholm Public Library CC-BY Samantha Marx

De temps en temps, une nouvelle édition du livre peut paraître, en particulier si le livre est populaire. La nouvelle édition contiendra moins de coquilles et peut-être de l’information mise à jour. D’autres auteurs peuvent faire surface et écrire de nouveaux ouvrages, approfondis par rapport aux best-sellers, en complément. Mais tout au long de ce processus, ces livres sont figés à partir du moment où ils sont publiés.

C’est comme ça, disais-je, que la majorité des logiciels sur ton ordinateur fonctionnent. L’ordinateur peut les lire et les utiliser, mais personne, hormis les auteurs ou les éditeurs des logiciels, ne peut les changer.

Maintenant imagine le contenu de ces livres sur un support moins immuable. Par exemple une série de pages web. Le contenu commence de la même manière que pour les livres papiers, mais il est plus simple et plus rapide d’apporter des changements à ce contenu. Pas besoin de ré-imprimer le livre pour corriger « Appelez-moi Iggy ». Maintenant, ajoute à cela que comme tout peut être facilement modifié, tout le monde a le droit de lire un livre, et d’y apporter des changements. Et chacun de ces livres est gratuit.

C’est cela, lui disais-je, le logiciel open source. Il est installé tel quel, mais (si tu le souhaites), tu peux y apporter les modifications qui répondront à tes besoins. Un manuel rassemblant les instructions de réparation de tous les tracteurs au monde peut être réduit en un seul qui concerne seulement les tracteurs qui t’intéressent. Ou bien tu peux corriger toi-même toutes les fautes que tu trouveras dans le livre.

Puis vint l’inévitable question :

« Donc si tu donnes ces livres gratuitement, comment gagnes-tu de l’argent ? »

Eh bien, ai-je répondu, tu te rappelles les livres complémentaires que j’ai mentionnés ? Pense à eux comme des logiciels dont ton entreprise a besoin pour mener à bien son activité. Pour obtenir des logiciels meilleurs, plus efficaces, tu as besoin de les ajuster au logiciel libre de départ. Et ces ajustements, c’est là le plus important, demandent des compétences.

Knowledge experience narrative collaborative CC-BY Howard Lake
Knowledge experience narrative collaborative CC-BY Howard Lake

En effet, même si le logiciel est ouvert, il faut des compétences pour le modifier. De la même manière qu’il en faut pour écrire des livres. Si tu as ces compétences, alors c’est facile : récupérer le logiciel libre, y apporter ses modifications, et c’est parti. Mais ceux qui ont le plus de compétences et de connaissances sont, comme tu t’en doutes, les personnes qui ont écrit ce logiciel en premier lieu. Ainsi elles offriront leur aide à ceux qui en ont besoin. S’il s’agit d’entreprises commerciales, comme Red Hat, SUSE ou Canonical, elles monnaieront leur aide aux clients, ce qui générera un revenu.

Ça a semblé faire tilt.

« Donc toi tu écris les programmes ?»

— Non, étant donné que les gens de la communauté peuvent et vont le faire. Mon travail consiste à rendre le logiciel plus simple à utiliser (comment mieux lire le livre) et à écrire (en aidant à rassembler des procédures et des outils pour écrire des livres plus efficacement). Parce qu’on a besoin d’une certaine forme d’organisation. Donc je trouve des gens intéressés par l’évolution du logiciel et des gens qui trouvent un intérêt à utiliser ce logiciel. Et, comme il y a un intérêt commercial au logiciel, certains me rémunéreront pour faire ça.

De toute évidence, il y a des nuances que je n’ai pas approfondies, comme les licences permissives contre les licences restrictives, la gouvernance et les paramètres. Mais pour le moment, c’est là l’explication la plus efficace que j’ai utilisée pour illustrer l’idée d’open source et de la communauté. Dans cet esprit, n’hésitez pas à l’utiliser ou à l’améliorer.

 




Nouvelles recrues chez Framasoft

Comme vous le savez sans doute, Framasoft à lancé en octobre 2014 une (ambitieuse) campagne « Dégooglisons Internet ».
Cette dernière vise à sensibiliser le public aux dangers d’un web chaque jour plus centralisé.

Faire ce que l’on dit…

Par ailleurs, nous cherchons à démontrer par l’exemple, en proposant à tous des services alternatifs libres dans les mois et années qui viennent.

Enfin, nous souhaitons aussi mettre en œuvre une démarche d’essaimage : il ne s’agit pas de remplacer Google par un autre acteur (Framasoft ou un autre), mais bien de donner à chacun la possibilité d’installer ces propres outils, avec des tutoriels clairs.

Il s’agit là d’un véritable défi pour l’association, notamment en termes techniques.

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Mêlée Dégooglisons CC-BY-SA Simon « Gee » Giraudot

… et dire ce que l’on fait.

En effet, en dehors des questions techniques, Une des faiblesses de Framasoft est de manquer de temps pour bien communiquer non seulement sur ses actions, mais aussi et surtout avec sa communauté.

Notamment, nous avons échoué à gérer l’afflux de nouveaux inscrits sur notre liste participer@framalistes.org, laissant de nombreux bénévoles tout frais, tout beaux, pleins d’énergie, sur une liste où nos membres manquaient cruellement de temps pour les accueillir.

Ce manque se fait d’autant plus sentir depuis qu’Alexis Kauffmann a quitté son poste de salarié (fin septembre 2014) pour créer et animer de nouveaux projets, notamment au travers du collectif Romaine Lubrique, qui vient d’organiser avec succès le premier Festival du Domaine Public.

Bienvenue à Pouhiou et Victor !

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Pouhiou, CC-0 Kaweii

Grâce à vos dons, nous avons pu embaucher une nouvelle recrue en janvier 2015.

L’association a fait le choix d’embaucher un « médiateur », en la personne de Pouhiou, que certains d’entre vous connaissent probablement pour son cycle romanesque des Noénautes (publiés chez Framabook) ou sa websérie pédagogique « Et mon cul, c’est du Pouhiou ? ».

Ses missions seront notamment de :

  • faciliter l’accueil des personnes souhaitant participer activement aux projets de l’association ;
  • coordonner notre groupe de travail Communication (relations presse, supports de communication, etc) ;
  • animer les comptes Framasoft, sur les réseaux sociaux.

Pouhiou, sur un temps partiel et pour une année, vient donc renforcer l’équipe des permanents de Framasoft, composée de Pyg et JosephK, ainsi que de Victor, qui nous a rejoints lui aussi début janvier pour un stage de 3 mois consistant à redévelopper notre outil de gestion de dons.

Bienvenue !

Pour contacter l’équipe, une seule adresse : http://contact.framasoft.org




Des lois européennes pour renforcer la surveillance de masse  ?

Parmi les articles qui soulignent l’importance de ne pas sacrifier notre liberté de communication et d’expression par Internet à une illusoire sécurité, nous vous invitons aujourd’hui à prendre un peu de champ en adoptant le point de vue d’un juriste britannique.

Steve Peers se positionne sur le principe, et pas seulement sous l’effet d’une émotion ou d’une vision partisane franco-centrée. Il est assez bon connaisseur des institutions européennes pour savoir que l’arsenal des procédures légales en ce qui concerne la recherche et la transmission des informations est déjà suffisant dans la communauté européenne — et bien sûr la France n’est pas en reste.

C’est un professeur de droit de l’Université de l’Essex qui nous le dit : davantage de lois anti-terroristes en Europe, c’est une erreur dictée par la panique !

L’Europe a-t-elle vraiment besoin de nouvelles lois anti-terroristes ?

par Steve Peers

source : Does the EU need more anti-terrorist legislation?

Traduction Framalang : Framatophe, nilux, goofy, niilos, r0u, Asta, peupleLà, Diab, Jane Doe, lamessen

stevePeers.pngÀ la suite des attentats épouvantables subis par Paris il y a quelques jours, il n’aura fallu que 24 heures à la Commission européenne pour déclarer qu’elle allait proposer une nouvelle série de mesures anti-terroristes pour l’Union européenne dans un délai d’un mois. On ne sait pas encore quel sera le contenu de ces lois ; mais l’idée même d’une nouvelle législation est une grave erreur.

Bien entendu, il était légitime que les institutions européennes expriment leur sympathie pour les victimes des attentats et leur solidarité pour tout ce qui relève de la défense de la liberté d’expression. De même, il ne serait pas problématique de recourir si nécessaire aux lois anti-terroristes qui existent déjà de l’Union européenne, afin par exemple de pouvoir livrer les suspects de ce crime sur la base d’un mandat d’arrêt européen (MAE), au cas où ils fuiraient vers un autre État membre. La question est plutôt de savoir si l’Union européenne a vraiment besoin de davantage de lois dans ce domaine.

En effet, l’UE a déjà réagi à des actes de terrorisme antérieurs, d’abord à l’occasion du 11 septembre puis au moment des atroces attentats de Madrid et de Londres en 2004 et 2005. Le résultat en est un vaste corpus de lois anti-terroristes, répertoriées ici dans le projet SECILE. Il comprend non seulement des mesures ciblant spécifiquement le terrorisme (comme les mesures de droit pénal adoptées en 2002 et modifiées en 2008), mais aussi de nombreuses autres mesures qui facilitent la coopération pour tout ce qui concerne tant le terrorisme que les infractions pénales, telles que, par exemple, le mandat d’arrêt européen, les lois sur l’échange d’informations entre les polices, la transmission des indices et preuves par-delà les frontières, etc.

En outre, sont déjà discutées des propositions qui s’appliqueraient entre autres aux questions de terrorisme, comme une nouvelle législation pour Europol, les services de renseignement de l’UE (voir ici pour la discussion) ou un projet de loi de l’UE visant à faciliter la transmission des données nominales des passagers de transports aériens (Passenger Name Record, dont l’acronyme PNR est utilisé plus loin dans ce billet).

Alors quelles sont les nouvelles lois que va probablement proposer la Commission ? Elle peut suggérer une nouvelle version de la directive sur la rétention des données, dont la précédente version avait été invalidée au printemps dernier [1] par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), dans son jugement sur les droits numériques (en discussion ici). Les autres idées débattues, selon des documents qui ont été divulgués (voir ici et ), concernent de nouvelles lois visant à renforcer les contrôles obligatoires aux frontières.

Est-ce que ces lois sont véritablement nécessaires ? Les États membres peuvent déjà adopter des lois sur la rétention des données de communication, conformément à la directive de l’UE concernant la protection de la vie privée sur Internet. Comme l’a confirmé le service juridique du parlement européen (voir son avis ici), si les États membres adoptent de telles mesures, ils seront soumis aux contraintes de l’arrêt sur les droits numériques, qui interdit la surveillance de masse menée en l’absence de garde-fous pour protéger la vie privée. De même, les États membres sont libres d’établir leur propre système de PNR, en l’absence de toute mesure à l’échelle de l’UE (en-dehors des traités PNR entre l’UE et les États-Unis, le Canada et l’Australie). La question de savoir si la surveillance de masse est compatible, en tant que telle, avec les droits de l’Homme a déjà été soumise à la CJUE par le Parlement européen, qui a demandé à la Cour de se prononcer sur cette question dans le contexte du traité PNR UE/Canada (en discussion ici).

Il serait possible d’adopter de nouvelles lois imposant un contrôle systématique des frontières dans certains cas. En pratique, cela signifierait probablement des contrôles ciblant les musulmans revenant d’endroits comme la Syrie. On peut se demander si poser des questions détaillées supplémentaires aux frontières extérieures serait, en soi, un moyen d’empêcher le terrorisme. Après tout, suite aux attentats de Paris, il a malheureusement été démontré qu’il était impossible d’empêcher une attaque terroriste malgré une législation anti-terroriste développée sur le papier et malgré la présence de gardes du corps pour protéger les collaborateurs d’une personne identifiée comme une cible des terroristes.

Il est également question de principe ici. Les attentats de Paris étaient directement dirigés contre la liberté d’expression : c’est le fondement d’une démocratie avancée. Bien sûr, il faudra intensifier les efforts pour empêcher ces situations de se reproduire ; mais les lois existantes permettent déjà la collecte et le partage de renseignements ciblés. La réponse immédiate de la Commission a une odeur nauséabonde de panique. Et l’attaque directe des principes fondamentaux de la démocratie dont a été victime Paris ne devrait pas servir de prétexte à de nouvelles attaques contre d’autres libertés civiles fondamentales.

Des articles sur le même thème :

Note

[1] Voir le communiqué de presse en français sous ce lien




MyPads : le développement est lancé

(english version below)

Notre éditeur de texte libre et collaboratif Framapad est une implémentation du logiciel libre Etherpad. Ce  service est mis à la disposition de tous et cela démontre en même temps que ce service peut être proposé de manière décentralisée (même si nous sommes peu nombreux à proposer une instance publique d’Etherpad, des milliers d’instances privées existent).

Au mois de juin dernier, Framasoft a lancé une campagne de financement participatif visant à contribuer activement à l’amélioration d’Etherpad pour y ajouter la gestion des comptes utilisateurs, des groupes et des pads privés. Il n’aura fallu que trois semaines pour que l’objectif soit atteint. Nous vous en remercions une fois encore.

Le but de ce projet  est de permettre aux utilisateurs d’Etherpad, et donc de Framapad, de créer un compte en leur nom, d’y associer des groupes et, pour chaque groupe, des pads. Ces pads pourront être publics, privés sur invitation ou encore d’accès restreints par l’usage d’un mot de passe. Le tout doit prendre la forme d’un plugin pour Etherpad, publié sous licence libre et s’installant de la même manière que tous les autres plugins du logiciel.

Il était prévu que la réalisation débute à la rentrée et que le plugin soit livré en fin d’année. La feuille de route a quelque peu glissé du fait de la surcharge temporaire du prestataire sélectionné. Le coup d’envoi est néanmoins lancé cette semaine et l’ensemble du développement se déroulera sur notre Gitlab via le projet ep_mypads https://git.framasoft.org/framasoft/ep_mypads .

Le plugin est attendu pour la fin du mois de février 2015. Il devrait comporter de petits bonus par rapport au cahier des charges initial.
Les premières semaines seront consacrées à l’écriture du code serveur, à sa documentation et à ses tests. Il faudra attendre début 2015 avec la création de l’interface graphique afin que MyPads puisse commencer à être testé.

Pour rappel, le cahier des charges originel est disponible sur ce pad : http://lite4.framapad.org/p/LEpEOUoQb3/timeslider#24.

Un point sur l’avancement du développement sera réalisé environ toutes les deux semaines.

Campagne Framapad

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MyPads : development launched

Our free/open source and collaborative editor named Framapad, is an application of the free software Etherpad. This GoogleDoc-like service is opened for everybody and demonstrate simultaneously that it can be proposed in a decentralized way (even if only few organizations can propose such an open service, thousands private instances are running).

In last June, Framasoft has launched a crowdfunding campaign aiming to to contribute actively to Etherpad’s improvement, by adding the management of users, groups and private pads. Only three weeks have been necessary to reach the goal. We want to thank you again.

The purpose of this funding is to let Etherpad and so Framapad’s users create an account, link some groups and for each group some pads. These ones may be public, privates with invitation or protected by a password. All of this must be an Etherpad plugin, pubished under open source license. This have to be installed like any other Etherpad plugin.

The beginning of the plugin’s cofing was planned at the fall this year. The roadmap has moved forward because of the contractor’s overloading. However the project is launched this week and the development will be made on our Gitlab instance with the ep_mypads project  https://git.framasoft.org/framasoft/ep_mypads

The plugin is expected on the end of February, 2015. It might include several little extra comparing to the original specifications.
First weeks will be dedicated to server side programming, its documentation and tests. You’ll have to wait for 2015 with the creation of the user interface if you want to test MyPads.

As a reminder, you will find the initial specifications on this pad http://lite4.framapad.org/p/LEpEOUoQb3/timeslider#24

A stage news will be made around every two weeks.




Réédition du catalogue : 20 objets à réaliser en design libre

L’association Entropie réédite un catalogue de vingt objets à réaliser en design libre via une souscription sur la plate-forme de financement participatif Kisskissbankbank.

Un projet à l’esprit libre, à soutenir, à lire et à construire 😉

L’équipe de Framasoft est allée interviewer les membres de l’association pour en savoir plus sur leurs activités.

Cover 20 objets Design Libre

Pouvez-vous présenter les activités de l’association Entropie ?

L’association Entropie effectue des recherches sur un modèle de société plus écologique et plus démocratique basé sur la libre circulation des connaissances, l’entraide et une remise en question du système industriel.

Nous avons plusieurs axes de recherches :

  • L’autonomie politique : comment pouvons-nous nous organiser de manière plus démocratique ? Comment rétablir une équité dans la répartition des richesses ? Ces recherches ont donné lieu à la création du festival Vivre l’utopie qui a pour but de faire connaître des alternatives existantes au public étudiant.
  • Dans le cadre du pôle de recherche sur le design libre, nous créons des objets et réfléchissons à un système technique basé sur la libre circulation des connaissances.
  • Pour accompagner ce changement de système, nous avons créé des outils pédagogiques d’éducation à l’écologie et au travail manuel: ce sont les ateliers bricolo-écolo, nous y apprenons à y fabriquer des fours solaires, des éoliennes, des composteurs…Nous accompagnons également des personnes dans la construction de mobilier ou d’outil de travail adapté à leur besoin spécifique, dans le cadre des ateliers d’autoproduction accompagnée.

Nous appliquons la philosophie des logiciels libre à tous nos projets en les documentant et en les diffusant pour la plupart sous licence libre. C’est le cas des captations vidéo du festival Vivre l’utopie, des notices pédagogiques des ateliers bricolo-écolo ou des notices d’objets réalisées dans le cadre des ateliers d’autoproduction accompagnée.

Qu’est ce que vous entendez par un système technique plus démocratique ? En quoi consiste un atelier d’autoproduction accompagnée ?

La démocratisation de la technique ne consiste pas en l’autoconstruction généralisée à tout le monde : ceci, c’est le mythe du Do It Yourself, qui nie le savoir-faire des professionnels. Mais c’est plutôt donner l’accès au code source des objets pour comprendre la conception et la fabrication de l’objet à tous ceux qui en ont les compétences ou qui veulent les acquérir. Nous pensons aussi que l’usager peut participer à la conception et à la production de certains objets et acquérir des savoir-faire. Cela change le rapport entre profane et professionnel et demande un effort pédagogique. C’est ce que nous mettons en application lors des ateliers d’autoproduction accompagnée. Des usagers nous sollicitent avec un besoin, nous concevons et fabriquons avec eux un objet qui y répond, et bien sûr nous documentons cette expérience pour qu’elle rentre dans le pot commun de la connaissance.

Le fait de documenter notre travail et de le diffuser sous une licence libre permet de démocratiser les rapports entre les participants à nos projets. Par exemple si un employé de l’association est en désaccord avec les orientations de la structure et décide de partir, il peut le faire (forker comme on dit dans le monde du logiciel libre) en emportant toute la propriété intellectuelle et s’en resservir lors d’un autre projet. Dans le cas d’une entreprise classique, vous ne pouvez pas repartir avec les brevets auxquels vous avez participés.

Pouvez-vous nous présenter ce catalogue que vous rééditez ?

Ce catalogue est composé de 20 notices, chacune donnant accès au « code source » d’un objet, c’est-à-dire à la méthode de fabrication illustrée par des plans et des photos mais aussi au choix de conception qui, comme les commentaires d’un programme, permettent de mieux comprendre ces choix voire de modifier la conception. Et enfin on a rajouté une rubrique sur les avantages, les inconvénients et les optimisations possibles car, contrairement au modèle marchand où on va cacher les problèmes, on a ici intérêt à les dévoiler pour permettre à d’autres personnes de travailler dessus et de nous faire des retours pour l’amélioration de l’objet.

Le catalogue contient aussi un texte théorique sur les changements de société qui sont nécessaires pour démocratiser la technique et libérer la connaissance.

Il est possible de commander le catalogue sur la plate-forme de financement participatif, le projet court jusqu’au 30 octobre. On peut aussi se procurer l’un des objets libres conçus et réalisés par Entropie si l’on souhaite encore plus soutenir l’association.

Vous avez choisi de diffuser ce catalogue sous la licence Art Libre, pourquoi ce choix de cette licence ?

Troll !!! (rires)

Nous aurions pu aussi utiliser la licence Creative Commons BY-SA qui offre les mêmes libertés. Comme dirait Antoine Moreau, nous avons fait le choix du libre et non le libre choix. En effet sur les six licences CC, seulement deux sont libres alors que la licence Art libre est unique et libre, ce qui évite toute confusion. De plus cette licence a été rédigée en français, ce qui lui donne plus de reconnaissance par le droit français. Voilà pourquoi nous avons fait le choix de la licence Art Libre, mais cette décision est toujours en débat : nous nous penchons actuellement sur l’utilisation de la licence OHL du CERN, qui s’appliquerait sur le matériel et les solutions technologiques et non seulement sur le contenu des notices.

Jusqu’où va votre philosophie du libre, avez-vous par exemple utilisé un logiciel libre pour réaliser le graphisme du catalogue ?

C’était une des conditions du choix de notre graphiste. Nous avons travaillé avec Clara Chambon qui a accepté d’utiliser le logiciel libre de mise en page Scribus. Sachant que Clara travaillait depuis toujours sur le logiciel propriétaire Indesign, ce changement de logiciel a été un gros effort de sa part. De plus notre budget n’étant pas assez important pour qu’elle réalise l’intégralité du catalogue, elle nous a proposé une maquette et nous a formé pendant une journée à Scribus. Nous avons introduit le contenu dans cette maquette nous-même, ce qui nous a permis d’économiser 2000 euros sur les frais de graphisme.

Dans votre catalogue il y a beaucoup de notices de mobilier, est-ce que c’est un choix, avez-vous d’autres projets ?

Jusqu’à présent nos principaux clients étaient des particuliers qui avaient des besoins liés à de l’aménagement d’intérieur. Cependant nous avons eu dernièrement un projet d’un particulier qui souhaite s’installer en tant qu’apiculteur professionnel. Or pour vivre d’une activité d’apiculture, il faut un minimum de 400 ruches, ce qui représente un gros budget. Cette personne désire qu’on lui apprenne à fabriquer ses ruches ainsi que de l’outillage. Une fois les premières ruches fabriquées, elle sera autonome pour fabriquer les suivantes dans un atelier bois collectif.

Un dernier mot que vous aimeriez rajouter ?

L’entraide vaincra !!!

Cover 20 objets Design Libre