Khrys’coronalungo du lundi 6 avril 2020

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Brave New World

Spécial France

Spécial Coronavirus – données scientifiques

Spécial mauvaise gestion et casse du système de santé

Spécial inégalités face au coronavirus

Spécial travailleur·euses par temps de coronavirus

Spécial répression, violences et abus de pouvoir

  • La policière, l’attestation, et «les gens comme ça» (liberation.fr)

    Alors même que divers symptômes sont en recrudescence dans ce contexte anxiogène de pandémie et de confinement (les affects dépressifs s’accentuent et avec eux le risque suicidaire, les rituels de compulsion se renforcent, les troubles du sommeil sont en recrudescence, l’angoisse se durcit…), les patients s’en veulent de vouloir se soigner et la police punit pour une attestation mal remplie ! J’en ai le vertige. […] Je savais bien ce mépris de l’autre, autoritaire et jouissif, exercé par la police, mais son effet délétère est encore amplifié par le confinement, la façon dont il a été imposé, le langage employé pour le justifier, les moyens mis en œuvre pour le faire respecter.

  • Double peine pour la banlieue (bellaciao.org)
  • Témoignage hallucinant d’un employé de Santé Publique France victime de bavure policière (lien invidious)
  • Coronavirus : un homme condamné à 105 heures de travaux d’intérêt général pour non-respect du confinement à Paris (francetvinfo.fr)

    Le jeune homme avait été verbalisé à quatre reprises le 24 mars, dont trois fois en moins d’une heure alors qu’il se rendait de nuit dans une pharmacie de garde, muni d’une attestation non horodatée, selon sa défense. Verbalisé une cinquième fois le 26 mars avec une attestation datée du lendemain, il a ensuite été interpellé dimanche lors d’un sixième contrôle. Placé en garde à vue, il a été jugé en comparution immédiate mardi.[…] “J’ai la main et un doigt qui sont cassés, je dois être opéré le 5 avril et je suis sorti précipitamment” le 24 mars “juste pour trouver un antidouleur”, s’est justifié le prévenu.

  • Confinement et délire totalitaire (nantes-revoltee.com)

    L’hôpital est exsangue, mais tous les moyens sont bons pour la répression.La pandémie est décidément l’occasion pour les autorités de tester in vivo leurs innovations de contrôle. Quand tu entends les gendarmes te dire « oui c’est à cause de personnes comme vous que des gens meurent » alors que la plupart n’avaient aucun gant ni masque et qu’on se faisait crier dessus à 30 centimètres…

  • Covid-19 : l’attaque des drones (laquadrature.net)

    En France, la police déploie massivement ses drones pour imposer le confinement. Elle utilise la crise sanitaire pour banaliser un outil de surveillance pourtant extrêmement attentatoire à nos libertés, le tout dans un cadre légal flou, voire inexistant.

  • Le général Lizurey, qui a expulsé la Zad, assiste Édouard Philippe dans la lutte contre le Covid-19 (reporterre.net)

Spécial la démocratie et nos droits en prennent un coup

  • Nous vivons dans un état d’urgence permanent (liberation.fr)

    C’est précisément en temps de crise que l’on évalue […] la solidité des fondamentaux de l’Etat de droit. C’est une expérience universelle que celle de ces sociétés démocratiques qui, dos au mur, sont tentées par l’abîme.[…] L’état d’urgence contient en germe un poison. Venir à considérer que la réduction des libertés individuelles est un mal nécessaire serait une défaite de l’État de droit.

  • Surveillance numérique contre le coronavirus : Jacques Toubon s’inquiète de possibles dérives (lemonde.fr)
  • Face au Covid-19, le choix entre santé ou libertés est un faux dilemme (lemonde.fr)

    La liberté d’aller et venir, celle de se réunir ont été mises entre parenthèses, les prérogatives des Parlements rognées, les droits des salariés amputés. Des prévenus sont jugés et parfois privés de liberté sans avocat. L’exécutif s’est donné le droit de restreindre des libertés individuelles, prérogative réservée en temps normal aux juges en vertu du principe fondamental de la séparation des pouvoirs

  • Big Brother à l’ère du coronavirus – plus de 100 groupes alertent contre une extension de la surveillance (developpez.com)
  • État d’urgence sanitaire : l’autoritarisme comme remède à la destruction de l’État (bastienlachaud.fr)

    On ne joue pas avec les règles constitutionnelles et les principes fondant notre régime politique. Pourtant, c’est ce qu’a fait le gouvernement d’Édouard Philippe en adaptant le droit aux conséquences de politiques libérales. La création du régime d’état d’urgence sanitaire n’a eu pour seul objet que de légaliser des mesures restrictives des libertés individuelles […] Ce nouveau dispositif d’exception est une attaque massive contre les droits humains sur le fondement des circonstances exceptionnelles. Il fait peser de graves dangers sur notre régime démocratique. Les modalités de son adoption dévoilent l’inclination du gouvernement à l’autoritarisme épistémocratique. Cette dérive est en grande partie due au refus obstiné de respecter les recommandations de l’OMS qui évitent de recourir à l’enfermement massif de la population.

  • Surveillance : «L’espace public quasi militarisé devient un laboratoire sécuritaire» (liberation.fr)

    Depuis des années, on nous répète à droite comme à gauche que la sécurité est la première des libertés. Aujourd’hui, c’est la santé, et c’est un levier qui anesthésie encore un peu plus l’esprit critique. […] Nombreux sont ceux qui sont prêts à sacrifier, de bon cœur, un certain nombre de libertés au nom de l’impératif sanitaire. N’oublions pas que cette fuite en avant technologique pourrait être un moyen de dissimuler l’incurie des politiques publiques, comme si la criminalisation des passants ou la géolocalisation des malades allaient compenser la pénurie de masques ou l’absence de tests. […] À la faveur de la pandémie, l’espace public quasi militarisé […] devient un laboratoire sécuritaire.

  • COVID19 et procédures judiciaires : le Conseil d’État en marche arrière (vududroit.com)

    Le Conseil d’État a refusé d’organiser une audience et a rendu son ordonnance sans débat. Ce qui permettait d’éviter que les représentants du gouvernement soient tenus de répondre à un certain nombre de questions à l’occasion d’un débat contradictoire. Cette décision si elle n’est pas illégale, témoigne d’un refus du débat sur une question portant fondamentale pour la vie de la Nation…

  • Qui es-tu Nicole Belloubet, pour t’asseoir à ce point sur les libertés publiques ? (liberation.fr)

    Pour cause de Covid-19, une ordonnance du ministère de la Justice prolonge les délais maximums de détention provisoire de trois à six mois selon la gravité des infractions, au mépris des libertés fondamentales.n’oublions pas que nous sommes champions d’Europe avec la Roumanie du taux de détention provisoire; un tiers des détenus de nos prisons quand même. […] Comprenons bien : d’un claquement de doigts, une circulaire vient de prolonger le titre de détention de 21 000 détenus. Exit les juges, exit les avocats, exit les audiences, exit tout! La ministre sucre le droit acquis de tout détenu de voir sa situation réexaminée lors d’un débat permettant à son avocat de le sortir éventuellement au terme de son mandat de dépôt de l’enfer que seront dans quelques jours les prisons.

  • Didier Lallement et Sibeth N’diaye les duettistes de la peur et du mépris du peuple (vududroit.com)

    le fonctionnement du système Macron est lié à la façon dont celui-ci est arrivé au pouvoir par surprise en 2017. Les ambitieux et les médiocres qui n’avaient pu trouver auparavant leur place dans leurs familles respectives l’ont rejoint et ont constitué une sorte de clan dans la fidélité et la garantie de leur participation au banquet auquel sans lui ils n’auraient pu accéder. C’est la raison pour laquelle, que ce soit au gouvernement, dans les cabinets ou à l’Assemblée, nous avons un recrutement de « fonds de cuve » où les traîtres côtoient les incompétents quand ce ne sont pas parfois des imbéciles. […] Cela explique la répression policière et judiciaire d’une violence sans précédent du mouvement des gilets jaunes. Et comme Sibeth Ndiaye est l’expression Macronienne du mépris du peuple, Didier Lallement est celle de la peur et de la détestation de celui-ci. Pour le préfet de police, chaque Français n’est qu’un délinquant en puissance qu’il convient de brutaliser, de punir, de mater et de lui faire porter la responsabilité de ses propres malheurs. […] Ndiaye et Lallement ont également une fonction importante. Celle qui consiste à infantiliser l’opinion publique. La porte-parole du gouvernement dans le rôle de l’institutrice débile et le préfet police dans celui du surveillant général obtus en mode garde-chiourme. Pensant qu’ainsi le peuple sera plus facile à dompter.

Spécial résistance

  • Mesures de confinement : les contrôles de police ne doivent être ni abusifs ni violents ni discriminatoires (voxpublic.org)
  • Coronavirus : #IlsSavaient,#OnNoublieraPas… La grogne sociale monte sur les réseaux sociaux (20minutes.fr)

    Ces mots-clés rassemblent tout le mécontentement de ceux qui ont le sentiment d’avoir été trompés. […] Cela nourrit une colère qui pourrait préparer une terrible sortie de crise […] C’est tout le peuple français qui hurle. Même la couche moyenne supérieure qui défendait encore un peu Macron et sa politique est aujourd’hui en colère !

  • Le collectif Inter-Urgences porte plainte. “Nous n’oublierons pas les soignants épuisés, contaminés, décédés” (revolutionpermanente.fr)

    Il y a quelques jours, le collectif Inter-Urgence a décidé de porter plainte contre X pour plusieurs infractions dont homicide involontaire, estimant que les mesures adoptées par les autorités françaises n’avaient pas suivi les recommandations émises par l’OMS qui auraient pourtant pu prévenir le décès de nombreuses personnes.

  • Edouard, on n’est pas dans «1984» et tu n’es pas au Ministère de la Vérité (liberation.fr)

    On se démerde, on s’entraide, les patients, les citoyens, donnent ce qu’ils ont : masques, équipements. Je n’ai toujours rien reçu du gouvernement français à part une boîte de 50 masques chirurgicaux il y a trois semaines, une éternité. […] Et pendant ce temps, les conseillers de Macron essaient de le faire passer pour un roi thaumaturge, tandis qu’il fait son show sur la résilience en cosplay Clemenceau derrière son masque canard. On n’a pas le temps de compter les conneries tant elles s’accumulent. «Certains de ceux qui ont tenu les bureaux de vote au premier tour des municipales sont en train de mourir», m’écrit une consœur de la région parisienne.

  • Bonjour, je suis en colère. (herveferon.fr)

    Je suis en colère quand je vois des élus, barons locaux faire des opérations de communication dans les médias quand ils n’ont eu de cesse de participer eux-mêmes à cette casse du service public.Je suis en colère après ce gouvernement et ce Président qui ont su organiser, pendant des mois, la répression violente contre les infirmières manifestantes et contre les pompiers en grève, les frappant, les bousculant, les gazant et qui aujourd’hui viennent les encenser, les remercier et leur promettre de misérables aménagements de salaire […] Je suis en colère après ce Gouvernement engagé depuis des mois avec violence dans la casse de notre système de protection sociale et de retraites et après ce Président qui, à l’occasion de cette terrible crise, vient nous faire un numéro de communication à la télévision, pour louer ce même système de protection à la Française… […] Je ne suis pas de votre monde, nous ne sommes pas du même monde. Il est temps qu’on vous le fasse entendre. J’ai écrit ma colère, parce que j’émets le vœu qu’après tout cela, des milliers, des millions de français heureusement rescapés engorgeront vos putains de tribunaux pour porter plainte contre vous pour « abandon de la population et en particulier des plus vulnérables ». Et j’espère que vous serez condamnés, au moins aux yeux de l’histoire.

  • Opération Résiliation (blog.mondediplo.net)

    Le mot était faible. À l’évidence, « connards », ça n’était pas suffisant […] On lit de plus en plus : « criminel » […] le crime par impéritie politique manifeste conduisant à la mise en danger des populations ne devrait-il pas constituer une qualification extra-ordinaire accompagnant nécessairement les prérogatives extra-ordinaires qui sont celles mêmes des formes contemporaines du gouvernement ? S’arrogeant le pouvoir de régir unilatéralement la vie des autres, le « gouvernement » n’est-il pas symétriquement comptable de la vie qu’il fait aux autres — spécialement quand il leur fait la mort ? Summa potestas, summum officio : pouvoir suprême, responsabilité suprême. Convenablement élaborée et inscrite dans le droit, l’idée-couperet aurait au moins pour effet de tempérer les ruées vers les positions de pouvoir.

  • Nous ne voulons pas de héros ! (liberation.fr)

    même s’il s’agit de nous faire croire qu’il n’est question que d’émotions et de sentiments, on discerne en réalité un projet politique. Car le héros, c’est un demi-dieu, un personnage exceptionnel. Autrement dit, c’est promouvoir la puissance solitaire de l’individu plutôt que la réussite du collectif. Or l’hôpital n’a pas tant besoin de surhommes ou de surfemmes que d’avoir les moyens de fonctionner dignement.

  • « Personne n’est dupe de l’héroïsation de la profession » (cqfd-journal.org)

    Les discours vantant une unité de façade – tous unis contre la maladie – ne peuvent dissimuler qu’en première ligne on trouve les soignants tandis que les cadres gestionnaires continuent leur sale besogne en télétravail. Personne n’est dupe de l’héroïsation de la profession : ils peuvent se les garder leurs médailles ! Nous voulons des moyens pour travailler et des salaires décents pour tous et toutes ! […] Même sentiment mélangé par rapport aux applaudissements tous les soirs à 20 heures. C’est un soutien apprécié, mais on ne s’en contentera pas. On demandera des comptes au gouvernement, massivement, pas seulement les syndicats car pour beaucoup le temps de la résignation est révolu. […] Pire encore, le recours à la charité, cagnottes, Fondation de France, etc., est la preuve ultime de l’abandon de la santé publique en France. Qui peut croire que cela suffira à combler l’énorme manque de moyens ? C’est se donner bonne conscience à peu de frais.

  • Le Titanic français (lundi.am)

    Quelle joie ineffable ! Quel bonheur indicible ! D’observer depuis les confins de nos confinements le réjouissant spectacle du naufrage d’un gouvernementVous êtes trempés de honte et vous nous sortez vos dernières cartouches. Mais nous ne bougerons pas d’un pouce. Nous allons applaudir à votre défaite tous les soirs au coucher du soleil pour vous souhaiter bonne chance dans les tréfonds.

  • L’économie ou la vie (lundi.am)

    Rarement l’économie ne sera à ce point apparu pour ce qu’elle est : une religion, sinon une secte. […] Pourquoi faire si grotesquement obstacle à l’administration de tests massifs ou d’un médicament manifestement efficace et peu onéreux ? Pourquoi le choix du confinement général plutôt que de la détection des sujets malades ? La réponse est simple et uniforme : it’s the economy, stupid ! […] « Pas de care avec des dirigeants qui s’arment pour la guerre contre nous. Pas de « vivre ensemble » avec ceux qui nous laissent mourir. Nous n’aurons eu nulle protection pour prix de notre soumission ; le contrat social est mort ; à nous d’inventer autre chose. Nos dirigeants actuels savent très bien que, le jour du déconfinement, nous n’aurons d’autre désir que de voir leurs têtes tomber, et c’est pour cela qu’ils feront tout pour qu’un tel jour n’ait pas lieu…

  • Refusons que leurs vies soit sacrifiées au nom de l’économie (mediapart.fr)

    Aujourd’hui, une grande partie de la population a été forcée de reprendre le travail. Cela, personne n’en parle. Ni les médias, ni le gouvernement. Pourtant, cela fait des semaines que les hôpitaux réclament un confinement total.Faisons en sorte que tout le monde prenne conscience du choix insensé et immoral qu’a fait ce gouvernement en ordonnant le retour au travail : amenons-le sur l’espace public !

  • Coronavirus : le gouvernement désormais visé par 11 plaintes devant la Cour de justice de la République (francetvinfo.fr)
  • Après la mort de 15 personnes dans une maison de retraite à Mougins, le petit-fils d’une des victimes annonce son intention de porter plainte contre l’État et la direction du groupe Korian. (liberation.fr)
  • Transport routier : FO tire le signal d’alarme (force-ouvriere.fr)
  • Dans le BTP comme partout : pas question de risquer nos vies pour leurs profits ! (iaata.info)
  • Coronavirus : la CGT porte plainte contre Carrefour et Muriel Pénicaud. (latribune.fr)
  • Droits de retrait collectifs et perspectives de grève : la révolte des salariés de la grande distribution (revolutionpermanente.fr)
  • Fiches CNT : Chômage techniqueCongés payésDroit de retraitIndemnité chômageRésident-e- étrangère-eTélétravail (cnt-so.org)
  • Comment contester une amende pour non respect du confinement ? (iaata.info)
  • Contrôles : ce que les forces de l’ordre ont le droit (ou pas) de faire (franceinter.fr)
  • Alors que les prisonnier-ere-s se révoltent (paris-luttes.info)

    Alors que les prisonnier-ere-s se révoltent, nous sommes confiné.e.s, sommé.e.s de déclarer chaque déplacement. Écrire sur ce qu’il se passe à l’intérieur des taules et sortir pour tenter de l’afficher dans la rue, est une des possibiltés pour exprimer notre solidarité avec les révolté.e.s et essayer de rompre avec notre propre isolement !

  • Comment s’organiser en ligne ? Une brochure pour lutter ! (bourrasque-info.org)

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

  • Crise du Covid-19 : esquisse de scénarios à l’horizon 2021-2022 (futuribles.com)
  • Dès maintenant ! (monde-diplomatique.fr)

    déjà, il y a un peu plus de dix ans, pour sauver leur système en détresse, les libéraux avaient accepté une hausse spectaculaire de l’endettement, une relance budgétaire, la nationalisation des banques, le rétablissement partiel du contrôle des capitaux. Ensuite, l’austérité leur avait permis de reprendre ce qu’ils avaient lâché dans un sauve-qui-peut général. Et même de réaliser quelques « avancées » : les salariés travailleraient plus, plus longtemps, dans des conditions de précarité accrues ; les « investisseurs » et les rentiers paieraient moins d’impôts. De ce retournement, les Grecs ont payé le plus lourd tribut […] Ainsi, ce qui au départ laisse croire à un chemin de Damas pourrait déboucher sur une « stratégie du choc ».[…] En ce sens, la crise du coronavirus pourrait constituer une répétition générale qui préfigure la dissolution des derniers foyers de résistance au capitalisme numérique et à l’avènement d’une société sans contact. À moins que… À moins que des voix, des gestes, des partis, des peuples, des États ne perturbent ce scénario écrit d’avance. […] Le confinement, c’est aussi un moment où chacun s’arrête et réfléchit…Avec le souci d’agir. Dès maintenant.

  • Les conséquences psychologiques de l’héroïsation des soignantEs (npa2009.org)

    La figure du « héros » quant à elle, est fondamentalement masculine. Le héros est un peu le stéréotype de l’homme poussé à l’extrême, son archétype : il est viril, ne craint rien, est invincible et ne pleure jamais. […] Le manque de moyens matériels comme des lits et des respirateurs peut donc avoir des conséquences sévères sur la santé psychologique de nos soignant-e-s; c’est pourquoi il est essentiel qu’ils gardent à l’esprit qu’aucun mort n’est de leur responsabilité, que le seul sang qu’iels ont sur les mains et celui des personnes qui on été sauvé grâce à leur action et en dépit de celle du gouvernement et du patronat qui exhorte à poursuivre le travail.

  • Contre la résilience (regards.fr)

    En baptisant son opération militaire « Résilience », le président signale qu’il ne s’attaquera surtout pas aux causes structurelles de l’épidémie […]. Il n’est pas question, donc, de changer de système pour empêcher de futures épidémies, mais de sauver le système actuel et de tenter de survivre à la prochaine épidémie.

  • « Covid-19, le solutionnisme n’est pas la solution » – Evgeny Morozov (mondediplo.net)
  • «Se soutenir tous ensemble ou couler tous ensemble» (liberation.fr)

    L’élément de langage le mieux partagé du moment, c’est «personne ne pouvait savoir. On ne pouvait pas prévoir». Sur tout l’échiquier politique, ceux qui depuis trente ans ont contribué au désastre actuel le répètent en boucle, imaginant qu’une population cloîtrée chez elle va gober le morceau.

  • Alain Damasio : «La police n’a pas à être le bras armé d’une incompétence sanitaire massive» (liberation.fr)

    Réduire les sorties à un kilomètre de chez soi, interdire les espaces naturels (sans risque aucun de contamination), proscrire tout plaisir pourtant inoffensif et sanctionner les soi-disant incivilités virales est un indice ténu mais probant d’une volonté à peine déguisée de (for) mater les populations. La stupeur initie la peur – qui mute vite en torpeur. Or ces mesures doivent allumer une petite lampe rouge dans nos têtes.

  • État d’urgence ridicule (blog.ecologie-politique.eu)
  • Urgence partout, État nulle part (laquadrature.net)
  • Après cette histoire-là (liberation.fr)

    Il faudra tout réévaluer les salaires de ceux qui servent le plus afin qu’ils ne soient plus ceux qui gagnent le moins, revoir le rôle de l’Etat… et se rappeler que cette catastrophe épidémique est avant tout une catastrophe écologique.

  • Naviguer en eaux troubles (lundi.am)
  • Le virus de la peur (lundi.am)

    Ce qu’on sait aussi, c’est qu’après la grande peste, au cours de la deuxième moitié du XIVe siècle, il y eut une explosion de révoltes dans tous les Pays européens. […] Au sortir d’un cataclysme inimaginable, les survivants étaient non seulement immunisés contre la peste mais aussi contre la peur : le Seigneur, le Maître, le Patron n’étaient pas grand-chose après avoir affronté la mort !

  • Covid-19 : Quelles leçons peut-on tirer de la grippe espagnole de 1918 ? (usbeketrica.com)
  • Comment le téléphone a échoué à son grand test lors la pandémie de grippe espagnole de 1918. (fastcompany.com – en anglais)

    À Long Beach, en Californie, les enfants qui étaient mis en quarantaine à la maison étaient des cobayes pour une forme précoce d’enseignement à distance. « Les élèves du lycée de cette ville font des études à domicile et ont des conversations téléphoniques régulières avec leurs professeurs » […] Les opératrices téléphoniques étaient aussi vulnérables à la grippe espagnole que n’importe qui d’autre, peut-être même plus que certains, puisqu’elles étaient assises dans des espaces restreints, au coude à coude avec toute collègue infectée. Et leurs rangs s’appauvrissaient à cause de la maladie, alors même que la grippe augmentait le volume des appels.

  • Pour comprendre la psychologie d’une population travaillée par une épidémie (nouvelobs.com)
  • Chronique de con finé (aurelienpierre.com)

    C’est un problème d’actuariat où il faut mettre en balance le risque lié à la contagion, et le risque lié au confinement. Mais on a complètement laissé tomber les risques du confinement […] et personne ne s’est dit que le remède était potentiellement pire que le mal.

  • « Pourtant nous étions féministes » (ps.zoethical.org)
  • Quand le New Deal salariait les artistes (monde-diplomatique.fr – août – septembre 2016)
  • Allons-nous vers la Révolution Prolétarienne ? (abrupt.ch – texte de Simone Weil – 1933)

    Il n’y a aucune difficulté, une fois qu’on a décidé d’agir, à garder intacte, sur le plan de l’action, l’espérance même qu’un examen critique a montré être presque sans fondement ; c’est là l’essence même du courage. Or, étant donné qu’une défaite risquerait d’anéantir, pour une période indéfinie, tout ce qui fait à nos yeux la valeur de la vie humaine, il est clair que nous devons lutter par tous les](moyens qui nous semblent avoir une chance quelconque d’être efficaces.

  • Low tech : face au tout-numérique, se réapproprier les technologies (coredem.info)

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Ouh là, corona-lungo cette semaine ! - la personne de droite répond : Ouais, je me sens un peu débordée, là... pas eu trop le temps de faire le tri
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Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).




Pour un plan national pour la culture ouverte, l’éducation ouverte et la santé ouverte


Crise ou pas crise, nous avons tout le temps besoin d’un savoir ouvert

La crise sanitaire du coronavirus nous oblige à réévaluer ce qui est fondamental pour nos sociétés. Les personnes essentielles sont bien souvent celles qui sont invisibilisées et même peu valorisées socialement en temps normal. Tous les modes de production sont réorganisés, ainsi que nos formes d’interaction sociale, bouleversées par le confinement.

Dans ce moment de crise, nous redécouvrons de manière aigüe l’importance de l’accès au savoir et à la culture. Et nous constatons, avec encore plus d’évidence, les grandes inégalités qui existent parmi la population dans l’accès à la connaissance. Internet, qui semble parfois ne plus être qu’un outil de distraction et de surveillance de masse, retrouve une fonction de source de connaissance active et vivante. Une mediathèque universelle, où le partage et la création collective du savoir se font dans un même mouvement.

Face à cette situation exceptionnelle des institutions culturelles ou de recherche, rejointes parfois par des entreprises privées, font le choix d’ouvrir plus largement leurs contenus. On a pu ainsi voir des éditeurs donner un accès direct en ligne à une partie des livres de leur catalogue. En France, plusieurs associations de bibliothèques et d’institutions de recherche ont demandé aux éditeurs scientifiques de libérer l’intégralité des revues qu’ils diffusent pour favoriser au maximum la circulation des savoirs et la recherche. Aux États-Unis, l’ONG Internet Archive a annoncé le lancement d’une National Emergency Library libérée de toutes les limitations habituelles, qui met à disposition pour du prêt numérique 1,4 millions d’ouvrages numérisés.

« Personne ne doit être privé d’accès au savoir en ces temps de crise », entend-on. « Abaissons les barrières au maximum ». L’accès libre et ouvert au savoir, en continu, la collaboration scientifique et sociale qu’il favorise, ne sont plus seulement un enjeu abstrait mais une ardente nécessité et une évidence immédiate, avec des conséquences vitales à la clé.

Il aura fallu attendre cette crise historique pour que cette prise de conscience s’opère de manière aussi large.

Cet épisode aura aussi, hélas, révélé certaines aberrations criantes du système actuel.

Ainsi, le portail FUN a décidé de réouvrir l’accès aux nombreux MOOC (Massive Online Open Courses) qui avaient été fermés après leur période d’activité. Ces MOOC « à la française » n’avaient donc, dès le départ, qu’une simple étiquette d’ouverture et vivent selon le bon vouloir de leurs propriétaires.

Pire encore, le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED) s’est opposé à la diffusion de ses contenus en dehors de son propre site au nom de la « propriété intellectuelle ». L’institution nationale a envoyé des courriers de menaces à ceux qui donnaient accès à ses contenus, alors que ses serveurs étaient inaccessibles faute de soutenir l’affluence des visiteurs. Voici donc mise en lumière l’absurdité de ne pas diffuser sous licence libres ces contenus pourtant produits avec de l’argent public.

Quelques semaines avant le développement de cette crise, le syndicat CGT-Culture publiait une tribune… contre la libre diffusion des œuvres numérisées par la Réunion des Musées Nationaux. On voit au contraire à la lumière de cette crise toute l’importance de l’accès libre au patrimoine culturel ! Il faut que notre patrimoine et nos savoirs circulent et ne soient pas sous la dépendance d’un acteur ou d’un autre !

Ces exemples montrent, qu’au minimum, une équation simple devrait être inscrite en dur dans notre droit sans possibilité de dérogation :

Ce qui est financé par l’argent public doit être diffusé en accès libre, immédiat, irréversible, sans barrière technique ou tarifaire et avec une liberté complète de réutilisation.

Cela devrait, déjà, s’appliquer aux données publiques : l’ouverture par défaut est une obligation en France, depuis 2016 et la Loi République Numérique. Cette obligation est hélas largement ignorée par les administrations, qui privent ainsi des moyens nécessaires ceux qui doivent la mettre en œuvre dans les institutions publiques.

Mais toutes les productions sont concernées : les logiciels, les contenus, les créations, les ressources pédagogiques, les résultats, données et publications issues de la recherche et plus généralement tout ce que les agents publics produisent dans le cadre de l’accomplissement de leurs missions de service public.

Le domaine de la santé pourrait lui aussi grandement bénéficier de cette démarche d’ouverture. Le manque actuel de respirateurs aurait pu être amoindri si les techniques de fabrications professionnelles et des plans librement réutilisables avaient été diffusés depuis longtemps, et non pas en plein milieu de la crise, par un seul fabricant pour le moment, pour un seul modèle.

Novel Coronavirus SARS-CoV-2
Image colorisée d’une cellule infectée (en vert) par le SARS-COV-2 (en violet) – CC BY NIAID Integrated Research Facility (IRF), Fort Detrick, Maryland

Ceci n’est pas un fantasme, et nous en avons un exemple immédiat : en 2006, le docteur suisse Didier Pittet est catastrophé par le coût des gels hydro-alcooliques aux formules propriétaires, qui limite leurs diffusions dans les milieux hospitaliers qui en ont le plus besoin. Il développe pour l’Organisation Mondiale de la Santé une formule de gel hydro-alcoolique libre de tout brevet, qui a été associée à un guide de production locale complet pour favoriser sa libre diffusion. Le résultat est qu’aujourd’hui, des dizaines de lieux de production de gel hydro-alcoolique ont pu démarrer en quelques semaines, sans autorisations préalables et sans longues négociations.

Beaucoup des barrières encore imposées à la libre diffusion des contenus publics ont pour origine des modèles économiques aberrants et inefficaces imposés à des institutions publiques, forcées de s’auto-financer en commercialisant des informations et des connaissances qui devraient être librement diffusées.

Beaucoup d’obstacles viennent aussi d’une interprétation maximaliste de la propriété intellectuelle, qui fait l’impasse sur sa raison d’être : favoriser le bien social en offrant un monopole temporaire. Se focaliser sur le moyen – le monopole – en oubliant l’objectif – le bien social – paralyse trop souvent les initiatives pour des motifs purement idéologiques.

La défense des monopoles et le propriétarisme paraissent aujourd’hui bien dérisoires à la lumière de cette crise. Mais il y a un grand risque de retour aux vieilles habitudes de fermeture une fois que nous serons sortis de la phase la plus aigüe et que le confinement sera levé.

Quand l’apogée de cette crise sera passée en France, devrons-nous revenir en arrière et oublier l’importance de l’accès libre et ouvert au savoir ? Aux données de la recherche ? Aux enseignements et aux manuels ? Aux collections numérisées des musées et des bibliothèques ?

Il y a toujours une crise quelque part, toujours une jeune chercheuse au Kazakhstan qui ne peut pas payer pour accéder aux articles nécessaires pour sa thèse, un médecin qui n’a pas accès aux revues sous abonnement, un pays touché par une catastrophe où l’accès aux lieux physiques de diffusion du savoir s’interrompt brusquement.

Si l’accès au savoir sans restriction est essentiel, ici et maintenant, il le sera encore plus demain, quand il nous faudra réactiver l’apprentissage, le soutien aux autres, l’activité humaine et les échanges de biens et services. Il ne s’agit pas seulement de réagir dans l’urgence, mais aussi de préparer l’avenir, car cette crise ne sera pas la dernière qui secouera le monde et nous entrons dans un temps de grandes menaces qui nécessite de pouvoir anticiper au maximum, en mobilisant constamment toutes les connaissances disponibles.

Accepterons-nous alors le rétablissement des paywalls qui sont tombés ? Ou exigerons nous que ce qui a été ouvert ne soit jamais refermé et que l’on systématise la démarche d’ouverture aujourd’hui initiée ?

Photographie Nick Youngson – CC BY SA Alpha Stock Images

Pour avancer concrètement vers une société de l’accès libre au savoir, nous faisons la proposition suivante :

Dans le champ académique, l’État a mis en place depuis 2018 un Plan National Pour la Science Ouverte, qui a déjà commencé à produire des effets concrets pour favoriser le libre accès aux résultats de la recherche.

Nous proposons que la même démarche soit engagée par l’État dans d’autres champs, avec un Plan National pour la Culture Ouverte, un Plan National pour l’Éducation Ouverte, un Plan National pour la Santé Ouverte, portés par le ministère de la Culture, le ministère de l’Education Nationale et le ministère de la Santé.

N’attendons pas de nouvelles crises pour faire de la connaissance un bien commun.

Ce texte a été initié par :

  • Lionel Maurel, Directeur Adjoint Scientifique, InSHS-CNRS;
  • Silvère Mercier, engagé pour la transformation de l’action publique et les communs de capabilités;
  • Julien Dorra, Cofondateur de Museomix.

Nous appelons toutes celles et tous ceux qui le peuvent à le republier de la manière qu’elles et ils le souhaitent, afin d’interpeller les personnes qui peuvent aujourd’hui décider de lancer ces plans nationaux: ministres, députés, directrices et directeurs d’institutions. Le site de votre laboratoire, votre blog, votre Twitter, auprès de vos contacts Facebook: tout partage est une manière de faire prendre conscience que le choix de l’accès et de la diffusion du savoir se fait dès maintenant.

Un kit de partage contenant HTML, PDF et captures du texte est disponible ici: http://savoirsouverts.fr/




Khrys’coronalungo du lundi 30 mars 2020

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Brave New World

Spécial France

Spécial Coronavirus – données scientifiques

Spécial mauvaise gestion et casse du système de santé

Spécial inégalités face au coronavirus

Spécial travailleur·euses par temps de coronavirus

Spécial répression, violences et abus de pouvoir

  • La guerre et l’armée : analyse linguistique du discours d’Emmanuel Macron (lundi.am)

    On n’envoie pas l’armée en temps de paix. Tout le monde le sait. L’armée dans nos rues et à nos portes, en temps de paix : personne en démocratie ne peut l’accepter. Mission impossible ? Mission accomplie.[…] Ignorer le terme de « confinement ». Marteler le terme de « guerre ». Ignorer le terme de « crise sanitaire ». Marteler le terme de « guerre ». Minorer l’importance de l’armée. Suggérer une solution fallacieuse à un problème faussement posé. État-majorer la France.

  • Le non-respect de l’obligation de confinement, un délit de mise en danger de la vie d’autrui ? Pas sûr du tout (lessurligneurs.eu)
  • La démocratie à l’épreuve du coronavirus (samuelhayat.wordpress.com)

    Le virus n’a que faire de notre classe, de notre race ou de notre genre, mais les modalités de sa gestion par le pouvoir restaure et amplifie l’ensemble des inégalités sociales. […] Dans les quartiers bourgeois désertés, non seulement les supermarchés restent ouverts, et relativement peu fréquentés, mais la présence policière est quasiment nulle. On croise des joggers, des employé.es de commerces faisant une pause, des SDF, des livreurs attendant une course… Au contraire, les quartiers populaires des grandes agglomérations sont l’objet d’un contrôle policier tatillon, d’autant plus insupportable que c’est là qu’il y a des problèmes d’approvisionnement, de promiscuité dans les marchés et supermarchés et de concentration de la population dans les rues – puisque c’est là que la densité d’habitations est la plus forte, les appartements les plus exigus et la proportion la plus faible de privilégiés pouvant télétravailler ou partir à la campagne. C’est là qu’ont lieu les contrôles, là que vont tomber les amendes, là que vont être prises les images montrant comment l’Etat fait bien régner l’ordre.[…] Le coronavirus ne met pas en danger la démocratie ; mais nos dirigeants, face au coronavirus, sont en train de sacrifier la démocratie pour dissimuler leur incompétence et se maintenir au pouvoir.

  • Est-ce que des SDF ont été verbalisés en France pour non-respect du confinement ? (liberation.fr)
  • Achats de première nécessité : les forces de l’ordre ont-elles le droit de contrôler nos courses ? (liberation.fr)
  • Verbalisé (parce que) (n.survol.fr)
  • Coronavirus en Seine-Saint-Denis. Elle est tasée et frappée pour ne pas avoir montré son attestation (actu.fr)

    Lors d’un contrôle de son attestation de sortie à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) Ramatoulaye B. est brutalisée par la police. Des violences qui entraînent cinq jours d’ITT.« J’étais juste sortie faire des courses pour nourrir mon bébé ». Cette phrase Ramatoulaye B., 19 ans, la répète de façon lancinante

  • Violences policières: le jeune homme, filmé lors d’un contrôle dans l’Essonne, porte plainte (lavoixdunord.fr)

    l’avocat a souligné le « stress post-traumatique » , relevant le «caractère extrêmement grave » de ces violences, « surtout dans cette période de crise sanitaire ». «La violence policière dont on parle est institutionnelle et c’est quelque chose d’extrêmement effrayant. On est dans des quartiers où des personnes parfaitement honnêtes vivent dans la peur de croiser la police »

  • La police reste la même malgré la crise sanitaire (revolutionpermanente.fr)

    L’état d’urgence sanitaire est basé aujourd’hui sur le rôle de la police qui joue un rôle de maintien de l’ordre dans le cadre du confinement. Cette police qu’on a filmé du haut des immeubles dans les quartiers populaires en train de tabasser des jeunes se rendant au travail, c’est la même qui a réprimé les derniers mouvement sociaux, et qui a tué Adama, Zineb ou encore Steve.

Spécial la démocratie et nos droits en prennent un coup

Spécial résistance

Spécial GAFAM et cie

Soutenir

Les autres lectures de la semaine

  • Le rêve politique de la peste (Foucault 1975) (danslesfers.wordpress.com)

    La ville pestiférée, toute traversée de hiérarchie, de surveillance, de regard, d’écriture, la ville immobilisée dans le fonctionnement d’un pouvoir extensif qui porte de façon distincte sur tous les corps individuels – c’est l’utopie de la cité parfaitement gouvernée.

  • Penser l’état d’exception en démocratie. (pagesdegauche.ch)
  • (Re)lire Deleuze

    de même que l’entreprise remplace l’usine, la formation permanente tend à remplacer l’école, et le contrôle continu remplacer l’examen. Ce qui est le plus sûr moyen de livrer l’école à l’entreprise.

  • Être toujours du côté des « opprimé·e·s » : relire le philosophe Paulo Freire en temps de crise éthique (theconversation.com)

    Paulo Freire a invité à se méfier du « fatalisme néolibéral » comme il l’écrit dans Pédagogie de l’autonomie. Cela signifie qu’avant d’en arriver à penser que nous sommes dans une situation de pénurie de ressources de soins qui imposent un triage des patients, il faut réellement s’assurer que toutes les ressources possibles ont été mises à disposition.[…] il ne faut pas négliger les ressources du volontarisme politique. On l’a vu la Chine a construit un hôpital neuf en 10 jours tout comme la Russie, qui a opté pour cette solution. Certains syndicats en France demandent la réquisition des usines capables de fabriquer des respirateurs artificiels. Il faut être attentif à ne pas rendre inévitables les situations de pénuries en cas de catastrophes humanitaires. Elles ont pu être le fait de choix politiques malencontreux pris bien auparavant ou quelques semaines avant. De même, les ressources dont disposent un pays pour faire face à une catastrophe sanitaire ne peuvent pas être vues comme limitées en soi ne serait ce que parce qu’elles peuvent être accrues par l’aide internationale.[…] En affirmant qu’il peut y avoir des critères de triage « justes » en soi, on risque d’affaiblir l’idéal d’égale dignité des personnes. Il n’est jamais juste au regard de ce principe d’établir des critères de qui a le droit de vivre ou de qui a le droit de mourir. On peut tout au plus parler de degrés d’injustice : il s’agit de trouver des critères qui sont les moins injustes. Mais, il n’y a pas de critères justes au regard du principe absolu d’égale dignité des personnes humaines.

  • Qui était le « patient zéro » de la surveillance de masse sur Internet ? (theconversation.com)

    L’histoire d’Internet retiendra que Jack Kelley […] aura été le patient zéro de la surveillance de masse. Il aura légitimé une dérive des services de renseignements américains, avant que les velléités de surveillance de masse des gouvernances ne se mondialisent, infléchissant les libertés publiques en faisant d’Internet un éternel coupable et de l’usager un potentiel suspect.

  • Le droit de retrait en droit du travail (ldh-france.org)
  • « Je serais tellement plus utile au chômage » (monde-diplomatique.fr – article de 2014)
  • Culture de la surveillance : résistances (golb.statium.link)
  • Carnets d’un confiné (davduf.net)
  • Assigné à résistance – on va tous mûrir (lemediatv.fr)
  • Confinement : Mathieu est de mauvaise humeur (vududroit.com)
  • Lettre aux amis du désert (lundi.am)
  • Pourquoi n’interdisons-nous pas tout simplement la publicité ciblée ? (wired.com)

    De la protection de la vie privée à la sauvegarde de la presse libre, ce serait peut-être le meilleur moyen de réparer Internet.

  • Les femmes travaillent, les hommes accumulent… (laviedesidees.fr)

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Ouh là, corona-lungo cette semaine ! - la personne de droite répond : Ouais, je me sens un peu débordée, là... pas eu trop le temps de faire le tri
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).




Khrys’presso du lundi 23 mars 2020

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Brave New World

Spécial France et Coronavirus

Spécial Coronavirus – pistes et traitements

Spécial mauvaise gestion et casse des hôpitaux

Spécial “guerre”

Spécial inégalités (et travail forcé)

Spécial « ça cloche »

  • Coronavirus: pourquoi il faut dénoncer maintenant ce qui cloche (sarkofrance.blogspot.com)

    Les statistiques ne reflètent que le haut de l’iceberg : faute de moyens, on ne réalise que 2500 tests chaque jour, contre 12 500 en Allemagne. La France ne teste pas et préfère ruiner son économie en confinant la quasi-totalité de sa population. “On me dit qu’en Allemagne des usines tournent même la nuit pour produire 4 millions de tests. Quel est le point de blocage en France ?” […] La France ne protège même plus son personnel soignant, puisqu’elle a délocalisé en Chine la fabrication de masques. En Chine. Macron n’est pour rien dans cette absence. Les 200 millions de masques disponibles il y a 10 ans au moment du SRAS ont été détruits. Le ministre de la Santé s’appelait Xavier Bertrand. La Cour des Comptes disait que cela coûtait trop cher. Olivier Véran, nouveau ministre de la Santé, le reconnait: “En 2011 il a été déterminé que la France n’avait pas à faire de stock d’État des fameux masques FFP2. Il n’y a donc pas de stock d’État.” Voilà ce qui cloche.

  • Coronavirus: les propos de Buzyn, une “bombe” pour le gouvernement (huffingtonpost.fr)

    L’ex-ministre de la Santé assure qu’elle a prévenu Macron et Philippe au mois de janvier de l’ampleur que prendrait l’épidémie de coronavirus. Précisant alors que les municipales ne pourraient se tenir.

  • Gestion du Covid-19 : le gouvernement français a-t-il fait les bons choix ? (liberation.fr)
  • Coronavirus : y a-t-il eu retard à l’allumage au sommet de l’Etat ? (leparisien.fr) «

    Il ne faut pas se leurrer, la priorité du départ n’était pas 100 % sanitaire, mais économique. Il fallait tout faire pour rassurer les milieux économiques et financiers »

  • Coronavirus: on nous a envoyés “au front” des municipales et le danger était partout (huffingtonpost.fr) – voir aussi : Élections municipales : le coronavirus l’emporte haut la main (telerama.fr)

    Dans mon bureau de vote, effectivement, pas grand monde, distances de sécurité parfaitement respectées… et gel hydro-alcoolique à volonté. Pendant ce temps, un réanimateur travaillant dans un hôpital du Grand Est se désole : « Moins de cinq jours de stock en solution hydro-alcoolique. » Normal, les stocks sont dans les bureaux de vote.

  • Ludovic Toro, maire-médecin de Coubron : sur le coronavirus «le gouvernement nous ment tous les jours» – Le Parisien (leparisien.fr)
  • Congés, 35 heures, licenciements: la loi d’adaptation au coronavirus va nous faire basculer dans un nouveau monde social (marianne.net)

    Le projet de loi d’urgence lié au coronavirus autorise une nouvelle limitation des congés payés ou du repos hebdomadaire. Une remise en cause des acquis sociaux… qui pourrait prospérer, jusqu’à une période indéterminée après la fin de la crise.

  • C’est confirmé : la loi “urgence coronavirus” va revenir sur les droits aux congés, les 35 heures… et sans date limite (marianne.net)
  • Coronavirus : Muriel Pénicaud sermonne les tire-au-flanc parmi les entreprises (marianne.net)

    Comme si, dans les entreprises françaises, on n’attendait que cette occasion pour baisser le rideau et se la couler douce, en comptant sur le chômage partiel pour les salariés.

  • Liste non exhaustive des lois et dispositifs antisociaux et sécuritaires liées au coronavirus (paris-luttes.info)
  • Coronavirus : le travail, c’est bon pour la santé… mais pas les masques (telerama.fr)

    Grâce à notre président et à son gouvernement, la connaissance des Français en matière de prévention des risques sanitaires progresse aussi vite que l’épidémie. Ils ont ainsi appris que, le travail n’étant pas une interaction sociale, il était impossible de contracter la maladie en allant bosser mais seulement en allant danser. Quant au port du masque, terrible vecteur de contamination, il est formellement déconseillé. […] « L’industrie en Italie tourne à 90 %. Il est tout à fait possible de limiter les interactions sociales et de continuer à travailler. » Et de compter plus de morts que la Chine, pays de 1,5 milliard d’habitants, performance qu’a réussi l’Italie avec ses 60 millions d’habitants. Ne désespérons pas : grâce aux consignes de notre gouvernement, nous sommes en mesure de battre son record.

  • Coronovirus en Guadeloupe : assassins-criminels (mediapart.fr)
  • Coronavirus : la communication pitoyable du gouvernement (marianne.net)

    Lorsque le combat sera gagné, grâce à tous ces Français travailleurs, ces caissières, ces agents de l’État qui continuent de faire tourner la boutique, ces professions de “privilégiés nantis” sur lesquelles on a tellement tapé pendant des mois, ce sera l’heure des comptes et les pirouettes ineptes du “en même temps” ne passeront plus. Surtout si la justice, comme il est prévisible suite aux graves révélations d’Agnès Buzyn, s’en mêle. Et, puisque rien ne semble servir à rien, il sera temps alors de se demander à quoi aura servi La République en marche.

  • Les connards qui nous gouvernent (mondediplo.net)

    On s’est beaucoup moqué des soviétiques, de Tchernobyl et du socialisme réel, mais vraiment, le capitalisme néolibéral […] devrait prendre garde à ne pas faire le malin. […] zéro-stock, zéro-bed : c’était la consigne efficace des lean-managers — les zéro-managers. À qui ne reste plus que la supplication. […] L’armement, et le réarmement permanent de la finance, donc des crises financières, y compris après celle de 2007 : connards. La destruction de l’école, de l’université et de la recherche (notamment sur les coronavirus, quelle ironie) : connards. La démolition de l’hôpital public : ah oui, là, sacrés connards. Le surgissement des flacons de gel désinfectant dans les bureaux de vote quand même les personnels soignants en manquent : hors catégorie. […] Or l’organe complotiste de la gauche radicale, Le Figaro, nous apprend qu’il y a bien des raisons de penser que la première réponse du gouvernement français a été fortement imprégnée, sans le dire évidemment, de la stratégie sacrificielle de « l’immunité de groupe » Vient le moment où, à Paris et à Londres, on s’aperçoit que « quelques morts », ça va plutôt faire une montagne de morts. De là le passage un peu brutal de la poésie collégienne au confinement armé. […] On les planquera d’autant moins que les médecins disent depuis des mois l’effondrement du système hospitalier, et que la population les a entendus. De même qu’elle commence à comprendre de qui cet effondrement est « la responsabilité terrible ». L’heure de la reddition des comptes politiques se profile, et elle aussi risque d’être « terrible »

Spécial résistance

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Ouh là, corona-lungo cette semaine ! - la personne de droite répond : Ouais, je me sens un peu débordée, là... pas eu trop le temps de faire le tri
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L’Internet pendant le confinement


On parle beaucoup en ce moment d’une « saturation des réseaux », de « risques pour l’Internet », qui justifieraient des mesures autoritaires et discriminatoires, par exemple le blocage ou le ralentissement de Netflix, pour laisser de la place au « trafic sérieux ». Que se passe-t-il exactement et qu’y a-t-il derrière les articles sensationnalistes ?

La France, ainsi que de nombreux autres pays, est confinée chez elle depuis plusieurs jours, et sans doute encore pour plusieurs semaines. La durée exacte dépendra de l’évolution de l’épidémie de COVID-19. Certains travailleurs télétravaillent, les enfants étudient à la maison, et la dépendance de toutes ces activités à l’Internet a suscité quelques inquiétudes.

On a vu des médias, ou des dirigeants politiques comme Thierry Breton, réclamer des mesures de limitation du trafic, par exemple pour les services vidéo comme Netflix. Les utilisateurs qui ont constaté des lenteurs d’accès à certains sites, ou des messages d’erreur du genre « temps de réponse dépassé » peuvent se dire que ces mesures seraient justifiées. Mais les choses sont plus compliquées que cela, et il va falloir expliquer un peu le fonctionnement de l’Internet pour comprendre.

Copie d'écran du site du CNED, montrant un message d'erreur
Le site Web du CNED, inaccessible en raison des nombreux accès (mais le réseau qui y mène marchait parfaitement à ce moment).

Réseaux et services

D’abord, il faut différencier l’Internet et les services qui y sont connectés. Si un élève ou un enseignant essaie de se connecter au site du CNED (Centre National d’Enseignement à Distance) et qu’il récupère un message avec une  « HTTP error 503 », cela n’a rien à voir avec l’Internet, et supprimer Netflix n’y changera rien : c’est le site Web au bout qui est surchargé d’activité, le réseau qui mène à ce site n’a pas de problème. Or, ce genre de problèmes (site Web saturé) est responsable de la plupart des frustrations ressenties par les utilisateurs et utilisatrices. Résumer ces problèmes de connexion avec un « l’Internet est surchargé » est très approximatif et ne va pas aider à trouver des solutions aux problèmes. Pour résumer, les tuyaux de l’Internet vont bien, ce sont certains sites Web qui faiblissent. Ou, dit autrement, « Dire que l’Internet est saturé, c’est comme si vous cherchez à louer un appartement à la Grande Motte au mois d’août et que tout est déjà pris, du coup vous accusez l’A7 d’être surchargée et demandez aux camions de ne pas rouler. »

On peut se demander pourquoi certains services sur le Web plantent sous la charge (ceux de l’Éducation Nationale, par exemple) et d’autres pas (YouTube, PornHub, Wikipédia). Il y a évidemment de nombreuses raisons à cela et on ne peut pas faire un diagnostic détaillé pour chaque cas. Mais il faut noter que beaucoup de sites Web sont mal conçus. L’écroulement sous la charge n’est pas une fatalité. On sait faire des sites Web qui résistent. Je ne dis pas que c’est facile, ou bon marché, mais il ne faut pas non plus baisser les bras en considérant que ces problèmes sont inévitables, une sorte de loi de la nature contre laquelle il ne servirait à rien de se révolter. Déjà, tout dépend de la conception du service. S’il s’agit de distribuer des fichiers statiques (des fichiers qui ne changent pas, comme des ressources pédagogiques ou comme la fameuse attestation de circulation), il n’y a pas besoin de faire un site Web dynamique (où toutes les pages sont calculées à chaque requête). Servir des fichiers statiques, dont le contenu ne varie pas, est quelque chose que les serveurs savent très bien faire, et très vite. D’autant plus qu’en plus du Web, on dispose de protocoles (de techniques réseau) spécialement conçus pour la distribution efficace, en pair-à-pair, directement entre les machines des utilisateurs, de fichiers très populaires. C’est le cas par exemple de BitTorrent. S’il a permis de distribuer tous les épisodes de Game of Thrones à chaque sortie, il aurait permis de distribuer facilement l’attestation de sortie ! Même quand on a du contenu dynamique, par exemple parce que chaque page est différente selon l’utilisateur, les auteurs de sites Web compétents savent faire des sites qui tiennent la charge.

Mais alors, si on sait faire, pourquoi est-ce que ce n’est pas fait ? Là encore, il y a évidemment de nombreuses raisons. Il faut savoir que trouver des développeurs compétents est difficile, et que beaucoup de sites Web sont « bricolés », par des gens qui ne mesurent pas les conséquences de leurs choix techniques, notamment en termes de résistance à la charge. En outre, les grosses institutions comme l’Éducation Nationale ne développent pas forcément en interne, elles sous-traitent à des ESN et toute personne qui a travaillé dans l’informatique ces trente dernières années sait qu’on trouve de tout, et pas forcément du bon, dans ces ESN. Le « développeur PHP senior » qu’on a vendu au client se révèle parfois ne pas être si senior que ça. Le développement, dans le monde réel, ressemble souvent aux aventures de Dilbert. Le problème est aggravé dans le secteur public par le recours aux marchés publics, qui sélectionnent, non pas les plus compétents, mais les entreprises spécialisées dans la réponse aux appels d’offre (une compétence assez distincte de celle du développement informatique). Une petite entreprise pointue techniquement n’a aucune chance d’être sélectionnée.

D’autre part, les exigences de la propriété intellectuelle peuvent aller contre celles de la technique. Ainsi, si BitTorrent n’est pas utilisé pour distribuer des fichiers d’intérêt général, c’est probablement en grande partie parce que ce protocole a été diabolisé par l’industrie du divertissement. « C’est du pair-à-pair, c’est un outil de pirates qui tue la création ! » Autre exemple, la recopie des fichiers importants en plusieurs endroits, pour augmenter les chances que leur distribution résiste à une charge importante, est parfois explicitement refusée par certains organismes comme le CNED, au nom de la propriété intellectuelle.

Compter le trafic réseau

Bon, donc, les services sur le Web sont parfois fragiles, en raison de mauvais choix faits par leurs auteurs, et de réalisations imparfaites. Mais les tuyaux, eux, ils sont saturés ou pas ? De manière surprenante, il n’est pas facile de répondre à cette question. L’Internet n’est pas un endroit unique, c’est un ensemble de réseaux, eux-mêmes composés de nombreux liens. Certains de ces liens ont vu une augmentation du trafic, d’autres pas. La capacité réseau disponible va dépendre de plusieurs liens (tous ceux entre vous et le service auquel vous accédez). Mais ce n’est pas parce que le WiFi chez vous est saturé que tout l’Internet va mal ! Actuellement, les liens qui souffrent le plus sont sans doute les liens entre les FAI (Fournisseurs d’Accès Internet) et les services de vidéo comme Netflix. (Si vous voyez le terme d’appairage – peering, en anglais – c’est à ces liens que cela fait allusion.) Mais cela n’affecte pas la totalité du trafic, uniquement celui qui passe par les liens très utilisés. La plupart des FAI ne fournissent malheureusement pas de données publiques sur le débit dans leurs réseaux, mais certains organismes d’infrastructure de l’Internet le font. C’est le cas du France-IX, le principal point d’échange français, dont les statistiques publiques ne montrent qu’une faible augmentation du trafic. Même chose chez son équivalent allemand, le DE-CIX. (Mais rappelez-vous qu’à d’autres endroits, la situation peut être plus sérieuse.) Les discussions sur les forums d’opérateurs réseau, comme le FRnog en France, ne montrent pas d’inquiétude particulière.

Graphique montrant le trafic du France-IX
Le trafic total au point d’échange France-IX depuis un mois. Le début du confinement, le 17 mars, se voit à peine.

Statistiques du FAI FDN
Le trafic des clients ADSL du FAI (Fournisseur d’Accès Internet) FDN depuis un mois. L’effet du confinement est visible dans les derniers jours, à droite, mais pas spectaculaire.

Mais pourquoi est-ce qu’il n’y a pas d’augmentation massive et généralisée du trafic, alors qu’il y a beaucoup plus de gens qui travaillent depuis chez eux ? C’est en partie parce que, lorsque les gens travaillaient dans les locaux de l’entreprise, ils utilisaient déjà l’Internet. Si on consulte un site Web pour le travail, qu’on le fasse à la maison ou au bureau ne change pas grand-chose. De même, les vidéo-conférences (et même audio), très consommatrices de capacité du réseau, se faisaient déjà au bureau (si vous comprenez l’anglais, je vous recommande cette hilarante vidéo sur la réalité des « conf calls »). Il y a donc accroissement du trafic total (mais difficile à quantifier, pour les raisons exposées plus haut), mais pas forcément dans les proportions qu’on pourrait croire. Il y a les enfants qui consomment de la capacité réseau à la maison dans la journée, ce qu’ils ne faisaient pas à l’école, davantage de réunions à distance, etc., mais il n’y a pas de bouleversement complet des usages.

Votre usage de l’Internet est-il essentiel ?

Mais qu’est-ce qui fait que des gens importants, comme Thierry Breton, cité plus haut, tapent sur Netflix, YouTube et les autres, et exigent qu’on limite leur activité ? Cela n’a rien à voir avec la surcharge des réseaux et tout à voir avec la question de la neutralité de l’Internet. La neutralité des réseaux, c’est l’idée que l’opérateur réseau ne doit pas décider à la place des utilisateurs ce qui est bon pour eux. Quand vous prenez l’autoroute, la société d’autoroute ne vous demande pas si vous partez en week-end, ou bien s’il s’agit d’un déplacement professionnel, et n’essaie pas d’évaluer si ce déplacement est justifié. Cela doit être pareil pour l’Internet. Or, certains opérateurs de télécommunications rejettent ce principe de neutralité depuis longtemps, et font régulièrement du lobbying pour demander la possibilité de trier, d’évaluer ce qu’ils considèrent comme important et le reste. Leur cible favorite, ce sont justement les plate-formes comme Netflix, dont ils demandent qu’elles les paient pour être accessible par leur réseau. Et certaines autorités politiques sont d’accord, regrettant le bon vieux temps de la chaîne de télévision unique, et voulant un Internet qu’ils contrôlent. Le confinement est juste une occasion de relancer cette campagne.

Mais, penserez-vous peut-être, on ne peut pas nier qu’il y a des usages plus importants que d’autres, non ? Une vidéo-conférence professionnelle est certainement plus utile que de regarder une série sur Netflix, n’est-ce pas ? D’abord, ce n’est pas toujours vrai : de nombreuses entreprises, et, au sein d’une entreprise, de nombreux employés font un travail sans utilité sociale (et parfois négatif pour la société) : ce n’est pas parce qu’une activité rapporte de l’argent qu’elle est forcément bénéfique pour la collectivité ! Vous n’êtes pas d’accord avec moi ? Je vous comprends, car, justement, la raison principale pour laquelle la neutralité de l’Internet est quelque chose de crucial est que les gens ne sont pas d’accord sur ce qui est essentiel. La neutralité du réseau est une forme de laïcité : comme on n’aura pas de consensus, au moins, il faut trouver un mécanisme qui permette de respecter les choix. Je pense que les Jeux Olympiques sont un scandaleux gaspillage, et un exemple typique des horreurs du sport-spectacle. Un autre citoyen n’est pas d’accord et il trouve que les séries que je regarde sur Netflix sont idiotes. La neutralité du réseau, c’est reconnaître qu’on ne tranchera jamais entre ces deux points de vue. Car, si on abandonnait la neutralité, on aurait un problème encore plus difficile : qui va décider ? Qui va choisir de brider ou pas les matches de foot ? Les vidéos de chatons ? La vidéo-conférence ?

D’autant plus que l’Internet est complexe, et qu’on ne peut pas demander à un routeur de décider si tel ou tel contenu est essentiel. J’ai vu plusieurs personnes citer YouTube comme exemple de service non-essentiel. Or, contrairement à Netflix ou PornHub, YouTube ne sert pas qu’au divertissement, ce service héberge de nombreuses vidéos éducatives ou de formation, les enseignants indiquent des vidéos YouTube à leurs élèves, des salariés se forment sur YouTube. Pas question donc de brider systématiquement cette plate-forme. (Il faut aussi dire que le maintien d’un bon moral est crucial, quand on est confiné à la maison, et que les services dits « de divertissement » sont cruciaux. Si vous me dites que non, je vous propose d’être confiné dans une petite HLM avec quatre enfants de 3 à 14 ans.)

À l’heure où j’écris, Netflix et YouTube ont annoncé une dégradation délibérée de leur service, pour répondre aux injonctions des autorités.  On a vu que les réseaux sont loin de la saturation et cette mesure ne servira donc à rien. Je pense que ces plate-formes essaient simplement de limiter les dommages en termes d’image liés à l’actuelle campagne de presse contre la neutralité.

Conclusion

J’ai dit que l’Internet n’était pas du tout proche d’un écroulement ou d’une saturation. Mais cela ne veut pas dire qu’on puisse gaspiller bêtement cette utile ressource. Je vais donc donner deux conseils pratiques pour limiter le débit sur le réseau :

  • Utilisez un bloqueur de publicités, afin de limiter le chargement de ressources inutiles,
  • Préférez l’audio-conférence à la vidéo-conférence, et les outils textuels (messagerie instantanée, courrier électronique, et autres outils de travail en groupe) à l’audio-conférence.

Que va-t-il se passer dans les jours à venir ? C’est évidemment impossible à dire. Rappelons-nous simplement que, pour l’instant, rien n’indique une catastrophe à venir, et il n’y a donc aucune raison valable de prendre des mesures autoritaires pour brider tel ou tel service.

Quelques lectures supplémentaires sur ce sujet :




Une mobilisation citoyenne pour la continuité pédagogique

Nous vivons depuis quelques jours une situation tout à fait exceptionnelle. Parmi les multiples décisions prises, il y a notamment celles de fermer écoles, collèges et lycées. 800 000 enseignant⋅e⋅s et 12 millions d’élèves sont donc invité⋅e⋅s à faire cours depuis chez eux

Framasoft accueillait, ces derniers mois, environ 700 000 personnes par mois sur ces différents services. Cependant, pour de multiples raisons évoquées ici, nous souhaitons privilégier le modèle décentralisé. Face à la situation, nous avons bien évidemment fait le choix d’être responsables et solidaires et d’augmenter les capacités de certains de nos services, et nous préparons différentes actions qui seront annoncées dans les jours à venir. Cependant, nous savons que nous ne sommes pas en mesure de fournir les outils qui permettraient la « continuité pédagogique » souhaitée par le Ministère de l’Éducation Nationale.

D’autres structures et collectifs font le choix de prendre à bras le corps cette problématique. Nous avons ainsi été contactés par le collectif encore en construction Continuité Pédagogique qui souhaite rassembler une communauté citoyenne composée de volontaires (Éducation nationale ou non), qui souhaiteraient mettre leurs compétences (techniques, pédagogiques, didactiques) au service de ce défi. Nous relayons ici leur appel.


Une communauté de citoyen·nes qui soutiennent les enseignant·es dans leurs pratiques numériques pour assurer (au mieux) la continuité pédagogique durant l’épidémie du coronavirus en France.

  • Vous êtes développeur⋅se et vous souhaitez proposer une application web ?
  • Vous faites partie de la communauté éducative (enseignant⋅es, référent⋅es numériques, formateur⋅ices, militant⋅es dans l’éducation populaire, entrepreneurs dans une Edtech, etc.) et vous enseignez avec le numérique ?
  • Vous êtes étudiant⋅es, parents, et vous savez utiliser les outils numériques et vous souhaitez mettre du temps à disposition des enseignant⋅es ?

Rejoignez-nous !

 

Parce que la mobilisation de la communauté éducative depuis le 13 mars prouve – s’il en était besoin – l’énorme engagement des enseignant·es, leur expertise et leur volonté de faire vivre les liens éducatifs avec tous leurs élèves.

Parce que nous savons que ces liens peuvent être entretenus, en co-éducation avec les parents, dans un écosystème éducatif numérique libre, neutre, décentralisé, loin de toute tentative de marchandisation ou de récupération.

Parce que nous voulons apporter notre pierre à l’édifice, pour assurer la continuité du service public d’éducation, à partir de celles et ceux qui la font : les 880 000 enseignant⋅es de France.

Nous avons créé la plateforme continuitepedagogique.org pour mobiliser massivement des personnes doté⋅es de compétences numériques, pour aider les enseignant⋅es en demande de conseils à se former à l’usage d’outils en ligne ainsi que des développeur⋅ses et les designers qui auraient des idées pour d’autres outils d’accompagnement.

Nous appelons donc à une mobilisation citoyenne pour aider les enseignants à se former rapidement aux usages pédagogiques du numérique.

Retrouvez l’appel à mobilisation en intégralité sur https://www.continuitepedagogique.org/.




Khrys’presso du lundi 16 mars 2020

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Brave New World

Spécial France

Spécial Coronavirus (infos santé)

Spécial manifs et Grève Générale

Spécial couverture médiatique

Spécial violences policières

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Décidément, c'est fou, tout ce qu'il se passe en une semaine !- la personne de droite répond : Si tu en veux encore plus, clique sur ma tasse !
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).




Khrys’presso du lundi 9 mars 2020

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Brave New World

Spécial Assange

Spécial Coronavirus

Spécial France

Spécial réforme des retraites

Spécial manifs et Grève Générale

Spécial couverture médiatique

Spécial violences policières

Soutenir

Spécial GAFAM et cie

  • Google a retracé son parcours à vélo devant une maison cambriolée. Cela en a fait un suspect (nbcnews.com- en anglais)

    « C’était cauchemardesque », a rappelé M. McCoy. « J’utilisais une application pour voir combien de kilomètres je parcourais à vélo et elle m’a placé sur la scène du crime. Je suis devenu le principal suspect. »

  • Que se passe-t-il lorsque les gens arrêtent d’utiliser Facebook ? (developpez.com)

    « La désactivation a entraîné des améliorations faibles, mais significatives du bien-être, et en particulier du bonheur, de la satisfaction de la vie, de la dépression et de l’anxiété autodéclarés » […]
    « À la fin de l’expérience, les participants ont indiqué qu’ils prévoyaient d’utiliser Facebook beaucoup moins à l’avenir ». 5 % des membres du groupe « Traitement » sont allés encore plus loin et ont refusé de réactiver leur compte après la fin de l’expérience

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Décidément, c'est fou, tout ce qu'il se passe en une semaine !- la personne de droite répond : Si tu en veux encore plus, clique sur ma tasse !
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).