Rencontre avec Caroline d’Atabekian, présidente et cofondatrice de WebLettres

Pourquoi « Framasoft » ? me demande-t-on parfois. Quelle est sa genèse et la signification de ce nom étrange qui évoque tantôt Microsoft, tantôt Framatome.

Retour en arrière. Nous sommes en l’an 2000 dans un collège de Bobigny où une professeur de français et un professeur de mathématiques (votre serviteur) expérimentent ensemble l’usage pédagogique des nouvelles technologies, en direction notamment des élèves en difficulté à l’entrée en sixième. Comme il fallait bien donner un nom au projet, ce sera « Framanet » pour « FRAnçais et MAthématiques en IntraNet »[1].

Le prof de maths se rendit compte qu’avec le temps il avait accumulé une liste conséquente de logiciels libres et gratuits, régulièrement utilisés dans le cadre du projet, qu’il pouvait être intéressant de communiquer à ces collègues. Il décida d’ouvrir une sous-rubrique dédié sur le site web de Framanet : nom de code « Framasoft ». Plus tard, cette sous-rubrique devint site et nom de domaine à part entière, et le pingouin pris son envol…

Et la prof de français me direz-vous ? Elle n’a pas chômé non plus, loin de là, puisqu’elle est à l’initiative[2] de l’association WebLettres, dont le site est rapidement devenu un incontournable rendez-vous des professeurs de la discipline (Framasoft et WebLettres, deux projets d’envergure indirectement issus d’un collège classé ZEP de Seine-Saint-Denis, rien que pour cela l’histoire méritait aussi, je crois, d’être signalée).

Elle s’appelle Caroline d’Atabekian et je suis ravi (et un peu ému) de l’accueillir pour la première fois en ces lieux, à l’occasion de la sortie officielle de Vocabulettres, « une plate-forme d’exercices interactifs à partager » développée par ses soins, dont le caractère collaboratif est souligné par le choix de la licence Creative Commons By-Sa.

Entretien avec Caroline d’Atabekian

Bonjour Caroline, une petite présentation personnelle en quelques mots ?

Je suis professeur de français. J’ai fait mes débuts dans un collège du neuf-trois en 1997, à l’heure des balbutiements d’Internet. J’avais bien compris l’intérêt de mon ordinateur pour préparer mes cours mais il ne m’était pas venu à l’idée que je pouvais m’en servir avec les élèves. C’est un collègue de mathématiques qui m’a un jour ouvert la porte de la salle informatique du collège et m’a ouvert en même temps les yeux sur tout ce qu’on pouvait y faire. Il s’appelait Alexis Kauffmann.

Aujourd’hui j’enseigne toujours au collège pas loin d’une salle informatique, mais à Paris, et je suis présidente de WebLettres.

Alors justement, qu’est-ce que WebLettres ?

C’est une association loi 1901 de professeurs de lettres née en 2002 du regroupement d’une poignée de profs animant un site web pédagogique et qui ont décidé de fédérer leur énergie pour réaliser un grand portail à l’intention des collègues. On ne parlait pas encore de web 2.0 à l’époque.

Nous avons démarré sur quelques listes de discussion, un répertoire de liens relatifs aux programmes de français et un espace d’échange de fichiers de cours et séquences didactiques. Puis peu à peu, d’autres collègues nous ont rejoints, et nous avons créé de nouveaux services : groupes de travail, édition de livres, plateforme de blogs pour les classes…, toujours gratuits et sur la base du bénévolat.

Nos fidèles lecteurs connaissent bien Sésamath. Est-il pertinent ou abusif de dire que WebLettres est au français ce que Sésamath est aux mathématiques ?

C’est à la fois pertinent et abusif. C’est pertinent, dans la mesure où nos associations, avec celle des Clionautes en histoire-géographie, sont animées par un esprit commun, qui consiste à favoriser des échanges entre pairs, promouvoir l’intégration des TIC dans l’enseignement et parfois défendre un engagement pédagogique prononcé, tout cela selon une philosophie de service public, pour les profs mais aussi les élèves. Elles sont en outre fondées sur le même modèle, fait sur lequel nous avons d’ailleurs largement communiqué, ayant connu une histoire et un développement similaires marqués par trois étapes-clés successives : la mutualisation, le travail coopératif puis le travail collaboratif, même si ces étapes ont eu lieu plus ou moins tardivement, plus ou moins massivement[3].

Weblettres - Clionautes - Sésamath - Copyright Soph

C’est abusif, dans la mesure où Sésamath est de très loin l’association qui s’est le plus développée, notamment grâce au travail collaboratif qu’elle a entrepris très tôt et qui lui a permis de mener des projets éditoriaux d’envergure, imprimés ou numériques. Sésamath est plus nombreuse, plus connue et jouit d’une force de travail bien supérieure à la nôtre. Notre engagement dans le travail collaboratif est encore récent et timide (et surtout, pas encore très voyant !) mais il est réel. Nous avons notamment un projet d’édition de livrets d’activités TICE, qui est un projet commun aux trois associations et auquel participent tous les collègues qui ont répondu à notre appel à contributions. Cela dit, nous sommes connus de tous les professeurs de français, ce qui est satisfaisant pour nous et, pour donner un ordre de grandeur, nous recevons aux alentours de 300 000 visiteurs uniques par mois.

Vous sortez donc en cette nouvelle rentrée scolaire, le projet Vocabulettres. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Vocabulettres est d’abord une plateforme d’exercices interactifs, essentiellement de vocabulaire. Elle propose des types d’exercices bien définis, s’inscrivant dans des corpus cohérents. Cela signifie que les exercices ne sont pas classés en fonction de la technique utilisée (exercices à trous, à listes, etc.) mais en fonction de leur objectif pédagogique (travail sur les synonymes, l’étymologie, etc.). Comme tous les services de WebLettres, elle est gratuite et en libre accès pour tous. Les élèves peuvent, de chez eux, y faire quelques exercices, les enseignants peuvent, en classe, y emmener leurs élèves. Mais ils peuvent aussi utiliser les outils de création proposés par Vocabulettres pour fabriquer leurs propres exercices, en fonction des cours qu’ils sont en train de faire et du niveau de leurs élèves. Ils peuvent même inscrire par lots leurs élèves et leur faire fabriquer eux-mêmes des exercices, destinés par exemples à la classe inférieure, ou à leurs camarades.

Weblettres - Vocabulettres - Copyright Soph

Chacun peut retrouver ses exercices dans sa zone de gestion, l’enseignant donne accès à ses élèves aux exercices de de son choix parmi ceux qu’il a créés. Mais il peut aussi, si l’exercice lui paraît abouti, proposer que celui-ci soit rendu public sur Vocabulettres, c’est-à-dire qu’il apparaisse sur le site, le rendant ainsi disponible à tous. Lorsque l’enseignant propose son travail à la publication, celui-ci est examiné par une équipe d’enseignants (c’est là que le travail collaboratif arrive, car tous les enseignants qui le désirent sont invités à faire partie de cette équipe, y compris – et même de préférence – ceux qui proposent leurs exercices à la publication) ; cette équipe vérifie, teste l’exercice, éventuellement le récrit pour l’harmoniser avec les exercices déjà existants puis valide sa publication. L’auteur conserve dans sa zone de gestion l’exercice original, tandis que la copie éventuellement modifiée est rendue publique.

Lorsque l’enseignant, ou l’élève d’ailleurs, propose son exercice à la publication, il doit accepter que celui-ci soit publié sous licence Creative Commons. Il ne peut pas ignorer cette étape, qui est un passage obligé pour la publication. L’explication est rédigée de manière à ce que les enjeux en soient facilement compris par les profs comme par les élèves. Cela peut être aussi l’occasion d’un exercice d’éducation civique.

Nous avons évidemment noté (avec grand plaisir) la présence de la licence Creative Commons By-Sa en bas du site officiel du projet. Est-ce un choix « militant » ou bien un choix « naturel » eu égard aux spécificités et objectifs du projet ?

Weblettres - Tryptique : Mutualisation - Copyright SophS’il y a un choix, un choix militant même, c’est celui de garantir la gratuité et l’égalité d’accès pour tous à ce travail qui est l’œuvre d’une communauté (même si, bien sûr, actuellement il y a encore peu d’auteurs, puisque nous venons tout juste de rendre public le projet !).

Cela étant décidé, la licence libre s’est imposée comme une nécessité. L’expérience de la mutualisation des cours et séquences didactiques a été une bonne leçon pour nous à cet égard.

Lorsque nous avons commencé, il s’agissait d’aider les collègues à partager leurs cours, en leur fournissant un espace de stockage public en ligne. C’était l’époque naïve où la soudaine liberté offerte par la technique nous submergeait, et la question des droits ne nous avait pas effleurés, n’ayant aucune vue d’avenir pour ces fichiers et surtout, aucune idée de l’ampleur que prendrait ce projet.

Weblettres - Tryptique : Coopération - Copyright SophC’est lorsque la pléthore de documents nous a poussés à faire des sélections, des classements et, en général, à retravailler les documents, donc à les modifier, que nous avons compris que rien ne serait possible tant que ce qui est mutualisé sur le site restait placé sous le sceau par défaut du copyright. Forts de cette expérience, nous avons cette fois sérieusement examiné les licences avant de nous plonger dans d’autres projets collectifs. Ainsi, Vocabulettres, mais aussi les Livrets TICE, sont-ils placés sous le signe de la licence libre.

Si les exercices créés dans Vocabulettres sont sous licence Creative Commons, qu’en est-il de la licence du programme Vocabulettres proprement dit ? Est-il lui aussi sous licence libre (GPL ou autre) ?

Il y a moins d’urgence pour nous de ce côté-là, bien sûr. Pour Vocabulettres, le problème est le même que pour le répertoire de liens : nous sommes très favorables à la libération de ces programmes (qui sont en pur PHP/MySQL) mais il nous est techniquement difficile d’en livrer les sources au téléchargement, pour les raisons banales que rencontrent bien des gens dans notre cas, à savoir :

  • cela nous demande un travail supplémentaire (et un temps précieux) d’isoler les sources ;
  • il s’agit de programmes en constante évolution, et nous n’avons pas les moyens (humains, en temps) de mettre à jour les versions téléchargeables successives.

Weblettres - Tryptique : Collaboration - Copyright SophIl le faudra pourtant, parce que j’imagine que des professeurs de langues, notamment, voire des professeurs à l’étranger, pourraient être tentés de créer leurs exercices sur WebLettres, que nous ne publierions pas parce que ce ne seront pas des exercices de français. Mais nous n’avons aucun programmeur chez WebLettres (Notre webmestre est saturé et, en ce qui concerne Vocabulettres, tout est fait maison par mes blanches mains sur mon temps libre), c’est le triste lot des professeurs de lettres qui, comme chacun sait, sont plus littéraires que programmeurs.

Il semblerait que ce soit la première fois que vous utilisiez explicitement une licence libre pour vos projets. Mais peut-on dire que, tel Monsieur Jourdain, WebLettres a, depuis ses origines, souvent fait du « libre » sans le savoir ?

Disons, sans se poser la question. Le problème, c’est que quand on ne se pose pas de question sur les droits de ce que l’on publie, on se retrouve à faire du copyright sans le vouloir !

Vous êtes l’auteur du logiciel Vocabulettres et du « CMS maison » sur lequel repose le site web de WebLettres, Php et MySql n’ont donc plus de secret pour vous. Pourquoi cet intérêt pour le développement informatique et quelles explications donneriez-vous à la raréfaction de votre sexe dans ce secteur ?

Le site a encore quelques mystères pour moi car notre webmestre, François Giroud, est repassé derrière moi, notamment pour le sécuriser, car j’avais laissé quelques trous.

Personnellement, je me suis mise à la programmation parce que j’avais besoin de créer pour mes élèves des pages dynamiques et que les outils alors à disposition me semblaient insuffisants (le premier étant, bien sûr, Hot Potatoes…).

Je ne parlerais pas de « raréfaction », car cela suppose une évolution croissante de cette rareté, ce qui n’est pas le cas à mon avis. Il y a peu de femmes programmeuses, mais il y en a de plus en plus. Comme dans bien d’autres milieux…

Un dernier mot en direction de la « communauté libriste » qui va vous lire ?

Eh bien puisque j’ai la parole sur Framasoft, je vais en profiter pour lancer cet appel : si quelqu’un veut bien s’occuper d’isoler les scripts de Vocabulettres et de mettre à jour les versions téléchargeables – voire même, de faire évoluer la plateforme au fur et à mesure des besoins qui s’expriment sur WebLettres (et ils sont nombreux à attendre sur la ToDoList !) – il sera le bienvenu, et Vocabulettres sera libérée.

Notes

[1] Qu’il me soit permis au passage de remercier Pierre Guillerm, alors principal du collège concerné, pour avoir cru en notre modeste projet en nous aidant à trouver les moyens nécessaires pour le développer.

[2] Caroline d’Atabekian est cofondatrice de Weblettres avec Jean-Eudes Gadenne.

[3] Les illustrations qui parsèment ce billet sont l’oeuvre de Soph’ et appartiennent à WebLettres.




Entretien avec Richard Stallman

Mlinksva - CC byCertains pensent que Richard Stallman a déjà tout dit et qu’il ne fait que répéter (voire ânonner) inlassablement le même discours aux quatre coins de la planète.

Ce n’est pas forcément vrai. Surtout quand l’exercice est un entretien et que celle qui pose les questions oriente habilement la conversation, en particulier sur l’activisme et les conditions de sa réussite.

Et pour vous en donner un avant-goût voici sa réponse à la question de son plus grand échec : « Le plus grand échec du mouvement des logiciels libres est ironique : notre logiciel libre et devenu si attirant pour les geeks que l’usage et le développement de logiciels libres se sont beaucoup plus répandus que l’appréciation de la liberté sur laquelle le mouvement se fonde. Le résultat est que nos points de vue en sont venus à être considérés comme excentriques dans la communauté que nous avons construite. »

Une traduction Framalang, avec l’aimable autorisation d’Hillary Rettig[1].

Interview de Richard Stallman

Interview with Richard Stallman

Hillary Rettig – 9 février 2009 – LifeLongActivist.com
(Traduction Framalang : Yonnel et Goofy)

Mon ami Richard Stallman est le fondateur du mouvement du logiciel libre. Ses idées sont à l’origine non seulement du système d’exploitation GNU/Linux, mais aussi de Wikipédia, Creative Commons, de la campagne anti-DRM Defective by Design et d’autres mouvements sociaux importants. Il est lauréat du prix MacArthur, et peut-être l’activiste le plus couronné de succès. Je suis honorée d’avoir pu l’interviewer.

Hillary Rettig : Qu’est-ce que le logiciel libre ?

Richard Stallman : Le logiciel libre, cela implique que l’utilisateur dispose de quatre libertés essentielles :

  • 0. La liberté d’exécuter le programme comme bon vous semble.
  • 1. La liberté d’étudier le code source du programme, puis de le modifier pour que le programme fasse ce que vous voulez.
  • 2. La liberté de distribuer aux autres des copies identiques du programme. (On appelle aussi cela la liberté d’aider son voisin.)
  • 3. La liberté de distribuer des copies de vos versions modifiées. (On appelle aussi cela la liberté de contribuer à votre communauté.)

Vous travaillez pour la cause du logiciel libre depuis plus de 20 ans. Comment gardez-vous le cap, comment restez-vous « attaché » à votre travail, avec le même sentiment d’urgence ?

J’utilise moi-même des ordinateurs, donc je serai moi-même un de ceux qui perdront leur liberté si le logiciel libre ne s’impose pas. J’ai donc toute la motivation nécessaire pour poursuivre la lutte.

Est-ce que vous ressentez souvent de la peur ou du découragement ? Comment gérez-vous ces sentiments ?

Je suis pessimiste de nature, donc il m’est facile d’imaginer la défaite, surtout étant donné la taille des entreprises contre lesquelles nous nous battons, et leur gouvernement lèche-bottes à Washington. Mais il n’en faut pas autant pour me mener au désespoir. Si je fais quelques tentatives pour corriger un bogue et qu’elles n’aboutissent pas, la frustration peut monter au point que je crie d’angoisse. Mais ce sentiment ne dure que quelques minutes, et ensuite je me remets au travail.

Quant à la peur, ma principale peur est la défaite de la liberté. Le meilleur moyen de l’éviter est de continuer, ce que je fais.

Pourquoi est-ce si important de travailler dans une équipe ou une communauté avec un but commun, et qu’est-ce que vous considérez comme une équipe/communauté efficace ou inefficace ?

La communauté du logiciel libre est très décentralisée – chaque programme a sa propre équipe de support. Il reste beaucoup de place. Si deux personnes ne s’entendent pas, elles n’ont pas besoin de travailler ensemble, elles peuvent travailler séparément. Cela n’élimine pas le problème des conflits de personnalité et des comportements insultants, mais au pire cela ne peut créer que du retard.

Quelles sont vos habitudes de travail, votre emploi du temps, et pourquoi ces habitudes et cet emploi du temps ont-ils évolué ?

Je n’ai pas ou ne veux pas de journée structurée. Quand je me lève, d’habitude je commence à répondre à mes messages. Quand je sens que j’ai besoin d’une pause, je la prends – je peux lire, rêver, écouter de la musique ou manger. Après un moment, je me remets au travail. Je ne suis pas un emploi du temps, sauf pour les voyages et les réunions. Mais quand même, en ce moment, cela représente une bonne partie de mon emploi du temps, ce qui d’une certaine façon est agaçant.

L’époque où j’étais le plus productif, c’était quand je programmais, en 1982. J’avais très peu de rendez-vous, donc je n’avais pas besoin de gérer un emploi du temps sur 24 heures. Quand j’étais fatigué, j’allais dormir. Quand je me levais, je recommençais à travailler. Quand j’avais faim, je mangeais. Aucun emploi du temps ! Cela me permettait d’être très productif, parce que quand je ne dormais pas, j’étais complètement éveillé.

Avez-vous déjà pris un congé sabbatique ou interrompu votre tâche d’activiste ? Pourquoi, ou pourquoi pas ? Si oui, quels bienfaits en avez-vous retiré ?

Dans les années 80, quand le mouvement était nouveau et que mon travail en son sein consistait principalement à développer des logiciels, je n’ai jamais pensé à vouloir me mettre en pause bien longtemps. À présent, comme mon travail est principalement de correspondre avec des personnes, je ne peux plus le faire. Les courriers s’accumuleraient horriblement si je ne les traitais pas jour après jour.

Comment jugez-vous votre efficacité à changer les choses ?

Je ne peux pas être impartial dans l’estimation de mes propres capacités, donc je ne puis répondre à cette question. Ce qui est clair, c’est qu’au moins nous avons mis la première pierre à l’utilisation libre d’ordinateurs, mais nous sommes encore loin de notre objectif : que tous les utilisateurs de logiciels soient libres. Mais au moins le mouvement des logiciels libres continue à grandir.

Que considéreriez-vous comme vos réussites les plus significatives en tant qu’activiste ?

Nous avons développé des systèmes d’exploitation libres, des environnements graphiques libres, des applications libres, des lecteurs média libres, des jeux libres – des milliers. Certaines régions ont adopté GNU/Linux dans leurs écoles publiques. Maintenant il nous faut convaincre le reste du monde d’en faire de même.

Que considéreriez-vous comme vos échecs les plus significatifs, ou dans quels domaines auriez-vous souhaité faire plus de progrès ?

Le plus grand échec du mouvement des logiciels libres est ironique : notre logiciel libre et devenu si attirant pour les geeks que l’usage et le développement de logiciels libres se sont beaucoup plus répandus que l’appréciation de la liberté sur laquelle le mouvement se fonde. Le résultat est que nos points de vue en sont venus à être considérés comme excentriques dans la communauté que nous avons construite.

Dans quelle mesure c’est un échec personnel, je ne le sais pas. Je ne sais pas si j’aurais pu éviter cela en agissant différemment.

Quels avantages naturels (cognitifs, émotionnels, dans votre style de vie, etc.) pensez-vous voir en tant qu’activiste ?

Mes plus gros avantages, autres que ma capacité naturelle en tant que programmeur, sont la persévérance et la détermination, ainsi qu’un sens du défi plein d’insolence et de moquerie qui me permet de faire des choses qui ne sont vraiment pas difficiles, mais devant lesquelles d’autres se déroberaient peut-être.

La plupart des gens semblent supposer que si on vous éloigne de la victoire alors on abandonne. Cela n’a aucun sens pour moi. Quel intérêt pourrait-il bien y avoir à laisser tomber ? Rien de ce que je peux imaginer réussir dans le monde n’est plus important que la défense des droits de l’homme. Tant que mes chances de victoire sont plus grandes si j’essaie que si j’abandonne, il serait absurde de laisser tomber.

Un autre avantage semblerait être que vous faites preuve d’une énorme résistance face aux critiques ou même aux railleries. On s’est moqué de vous pendant des années à propos de points de vue qui sont maintenant considérés comme valides et même majoritaires. Peu de gens savent s’accommoder de ce genre de critiques ou de railleries intenses. Est-ce que cela vous a été difficile, et si vous avez un mécanisme pour vous en accommoder, quel était-il ?

Tout ce que ces railleries disent vraiment, c’est « nous sommes plus gros que vous, nananère ! » Le but est d’intimider les insoumis, et le moyen de contrecarrer ceci est de refuser de se laisser intimider.

Parfois tous les insoumis sont intimidés, sauf un. Cela m’est arrivé plus d’une fois. C’était décourageant jusqu’à ce que j’ai appris à me souvenir que d’autres sont probablement du même avis, même s’ils ne le disent pas tout haut, donc dans les faits je suis leur porte-parole. Je me rends aussi compte que beaucoup d’autres, qui sont indécis, écoutent probablement en pesant les arguments. Rien qu’en restant sur ma position, en restant calme, et en réfutant les arguments des adversaires sans rancœur, je peux en rallier quelques-uns. Bien sûr, il est plus simple de rester calme par e-mail qu’en tête-à-tête, j’essaie donc d’avoir ces débats par e-mail. Une liste de diffusion est aussi susceptible de toucher un plus grand nombre d’indécis que je pourrais peut-être rallier.

Par contraste, dans une discussion en privé j’ai appris à ne pas perdre de temps à écouter les railleries. À la place, je fais quelque chose de plus utile, ce qui est d’habitude également plus agréable.

Quels défauts naturels avez-vous dû compenser ou vaincre ?

Mon principal défaut est une tendance à perdre mon sang-froid. Mais j’ai trouvé un moyen de contrôler cela la plupart du temps : je relis et je réécris mes e-mails avant de les envoyer.

Beaucoup d’activistes ont du mal à décider quels projets ou tâches entreprendre. Beaucoup font le mauvais choix, perdent du temps et compromettent leur efficacité. Comment décidez-vous des projets ou tâches à entreprendre ?

J’ai essayé de me demander à quels problèmes était confrontée la communauté, et ce que je pouvais faire pour changer la situation.

Quelles autres erreurs voyez-vous des activistes faire qui compromettent leur efficacité ?

Je trouve que de nombreux techos qui veulent soutenir le mouvement ne pensent qu’en termes de ce qu’ils peuvent faire seuls dans leur coin. Il ne leur vient pas à l’esprit de chercher des alliés pour agir avec plus de force.

Cependant, d’autres qui se trouvent apprécier les idées du mouvement du logiciel libre sont découragés par la taille de la tâche qui pourrait demander des années de travail, et abandonnent avant la première étape. Ils perçoivent une telle tâche comme impossible à surmonter, sans prendre en compte que nous avons déjà surmonté des tâches bien plus dures.

Quels sacrifices personnels avez-vous fait pour votre activisme ? En regardant en arrière, comment est-ce que vous les percevez ?

Je travaille dur, mais je n’appellerais pas cela un sacrifice. Comment pouvez-vous réussir quelque chose d’important sans travail ? La plupart des gens travaillent dur pour des choses qui n’en valent pas vraiment la peine.

Je me passe de certaines choses que l’on apprend à désirer à la plupart des Américains : je n’ai jamais eu une maison, une voiture ou des enfants. Mais je ne le regrette pas. Si vous avez ces choses, elles font de votre vie un combat désespéré pour pouvoir vous les payer. Souvent les hommes divorcent, après quoi c’est à peine s’ils arrivent à voir les enfants pour la subsistance desquels ils doivent se démener toute leur vie.

Quel gâchis de se battre toute sa vie pour pouvoir se continuer à se battre. C’est en rejetant ces lourds fardeaux que j’ai pu combattre pour quelque chose qui vaut ce combat.

Quels bénéfices personnels avez-vous tiré de votre activisme ?

Je passe le plus clair de mon temps à voyager là où l’on m’a invité à donner des conférences. Par certains aspects, c’est très agréable – je vois beaucoup de pays, je visite des endroits beaux et intéressants, j’essaie de nombreuses nourritures, j’écoute de nombreux styles de musique, et je me fais des amis. Il y a aussi des mauvais côtés : les voyages en avion prennent du temps, la sécurité est fascisante, et je ne peux suivre aucun cours parce que je ne suis pas assez longtemps à la maison.

Quel conseil donneriez-vous aux activistes qui voudraient avoir plus de réussite ou d’efficacité ?

Restez concentrés sur la façon de changer l’avenir. Ne vous reposez pas sur le passé sauf pour tirer les leçons sur le moyen d’être plus efficace à l’avenir. Ne perdez pas de temps à des gestes symboliques, ne mettez pas plus de la moitié de vos efforts dans des actions qui sont efficaces mais qui ne véhiculent aucun message. Dans l’idéal chaque action devrait créer une brèche dans le problème, et aussi inspirer les autres.

Quel est le meilleur moyen pour quelqu’un qui n’a pas beaucoup de temps ou d’argent pour aider le mouvement du logiciel libre ou tout autre mouvement à soutenir ?

Vous pouvez soutenir le mouvement du logiciel libre avec une petite somme d’argent, en devenant membre de la Free Software Foundation. Vous pouvez soutenir le mouvement en donnant un petit peu de temps, en vous inscrivant sur DefectiveByDesign.org pour participer à nos protestations contre les mesures de gestion numérique du droit d’auteur (DRM). Cela fait référence à la pratique qui vise à développer des produits pour restreindre les droits de l’utilisateur.

Vous pouvez aussi aider en économisant du temps et de l’argent, en n’achetant pas des médias que vous n’avez pas la possibilité de copier. N’achetez pas de BluRay ni de HD-DVD. N’achetez pas de lecteur de livre électronique comme le Swindle d’Amazon (NdT : jeu de mot avec le Kindle signifiant escroquerie) ou le Sony Reader. N’achetez pas de musique ni de films dans des formats cryptés. Insistez pour n’avoir que des médias sans restrictions.

Si vous n’étiez pas programmeur ou activiste du logiciel libre, quelle autre profession auriez-vous aimé embrasser ?

J’aurais apprécié faire de la recherche en physique. Tout comme j’aurais aimé faire du stand-up (NdT : du one-man-show comique cf Wikipédia). Quant à savoir si j’ai la capacité de faire l’un ou l’autre, qui sait ?

Du stand-up ! Quelle est votre blague préférée ?

Je n’ai pas de blague préférée, de plat préféré, de livre préféré, ou de quoi que ce soit préféré. J’ai besoin de notes pour me rappeler de toutes les blagues que je pourrais raconter si les circonstances me les rappellent. Et si je pouvais me souvenir de toutes, j’aurais du mal à les comparer pour en choisir une préférée.

Mais il me revient ce à quoi j’ai pensé aujourd’hui, en un éclair, quand c’était utile. J’ai fait un bilan médical, et le docteur m’a dit « Bon pour le service ! ». J’ai répondu « Quel service ? On n’a même pas de service de santé ! »

Notes

[1] Crédit photo : Mlinksva (Creative Commons By)




Trente mille euros de dons en sept mois et Framasoft se donne un peu d’air

Logo Framasoft - LL de Mars - Art LibreDu fond du cœur merci !

Merci à tous ceux qui ont participé à notre campagne de dons.

Ceci nous permet d’aborder la rentrée avec confiance et d’entrevoir l’exercice 2009/2010 avec beaucoup plus de sérénité.

En février dernier, lorsque nous avons constaté que les caisses de l’association étaient insuffisantes pour conserver notre unique (et indispensable) salarié, nous avons donc décidé de lancer une campagne de dons.

Cela s’est fait en toute discrétion : aucune annonce tonitruante, aucune demande de relai, une simple référence en haut de page de tous les sites du réseau, ainsi qu’une fenêtre d’information s’affichant au moment du téléchargement d’une framakey ou d’un framabook.

Nous avions fixé un peu arbitrairement la somme à atteindre à trente mille euros, le minimum vital pour achever l’année 2009. Certains, chez nous, ont dit que c’était trop bas eu égard à nos réels besoins. D’autres ont dit au contraire que c’était trop haut et qu’en temps de crise et de processus complexe de dons sur Internet, on se « taperait la honte » en n’y arrivant pas.

La honte attendra, la fin de l’aventure également, puisque, grâce à vous, nous y sommes arrivés (ou presque, vous pouvez encore y aller !). Et, au delà de l’aspect purement comptable, cela donne la pêche à toute l’équipe parce que cela témoigne de votre attachement à ce qu’est et ce que fait Framasoft.

À rapprocher d’un autre succès, celui de l’April et de ses cinq mille membres, pour émettre l’hypothèse que le logiciel libre francophone dispose d’une petite mais solide base de personnes capables de se mobiliser en soutenant aussi matériellement certains de ces acteurs. De quoi rendre optimiste en ces temps où la « mentalité Hadopi » menace les biens communs…

Objectif atteint certes, mais nous n’en déboucherons pas le champagne pour autant (notre trésorier nous l’interdirait de toutes les façons). Rien n’est acquis et notre fragilité demeure. Ce n’était qu’une étape, en quelque sorte celle de l’urgence et de la survie, et nous n’avons malheureusement pas fini de vous solliciter. Mais nous le ferons avec d’autant plus de facilité (voire de légitimité) que nous pouvons pour le moment continuer à nous concentrer sur notre travail, nos projets et le service rendu par notre réseau.

Dans un prochain billet nos vous donnerons quelques détails sur ce que nous comptons poursuivre et développer ensemble cette année. Nous publierons également le budget et les dépenses de l’association.

Une nouvelle fois merci pour votre reconnaissance et vos encouragements.

La route est longue mais la voie est libre.
L’équipe Framasoft




Framasoft remercie la francophonie

Alexkon - CC by-saQuand bien même Framasoft en général et ce blog en particulier n’échappent pas au travers de voir trop souvent le logiciel libre par le petit bout de la lorgnette de la France (notamment lorsqu’il est question de politique et d’éducation), notre travail s’adresse bien entendu à tous ceux qui, de par le monde, s’expriment, comprennent et aiment la langue française[1].

C’est pourquoi nous sommes fiers et reconnaissants de constater qu’à l’occasion de notre campagne de soutien (qui se poursuit !) le service rendu par notre réseau de sites et de projets touchait bien au delà des frontières du pays de Molière[2].

Cotonou, Montréal, Bruxelles, Casablanca, Singapour, Genève, Capitola, Namur, Lachine, Fribourg, Niamey, Miami, Lausanne, Dakar… l’origine diverse et variée de vos dons mais aussi de vos témoignages (cf une petite sélection ci-dessous) nous font chaud au cœur et nous tenions à (vous) le faire savoir et à vous remercier à notre tour 😉

Quelques témoignages

Rachid M. de Casablanca (Maroc) :

Même si je ne peux pas faire de don, car ici on ne dispose que de carte de paiement valide exclusivement sur le territoire national, je souhaitais vous remercier infiniment pour tous le travail que vous faites. Il est en effet très utile et nécessaire pour nous autres sur le continent africain. Ici les majors de l’informatique font régner leurs lois et pratiquent des politiques dignes d’un autre âge.

Grâce à vous on a eut accès à un répertoire d’applications qui nous ont "libéré" et je pèse mes mots !

Bon courage à tous.

Luc Rivet de Montréal (Québec – Canada) :

J’utilise Ubuntu et Open Office depuis quelques années et vos livres m’ont permis de me familiariser rapidement. Bravo à vous qui nous offrez l’information nécessaire pour apprendre des nouvelles façons de faire.

Merci et longue vie à vos bouquins !

Roland P. de Hamois (Belgique) :

Sans ma "Framakey", montée sur un "bâton de mémoire" de 2Go, je perds mes marques lorsque j’arrive sur un PC inconnu (et cela m’arrive assez souvent!). Grâce à Framakey, je reste opérationnel, même dans les circonstances les plus incongrues. Merci à vous pour le magnifique travail et de rendre possible une utilisation aussi sécurisée et facile des outils qui sont utiles à tous, de l’utilisateur occasionnel à l’expert informatique, les logiciels choisis étant pertinents et bien "emballés". Continuez !!!

Khouzam B. de Moroni (Comores) :

J’ai toujours eu à utiliser les logiciels libres, pendant mes études et même actuellement en tant que stagiaire. Cela m’a été toujours d’un grand intérêt, raison pour laquelle j’ai toujours milité pour les logiciels libres.

J’ai souvent eu recours au site Framasoft pour mes besoins et je suis content de l’avoir fait connaitre à d’autres personnes. Sincèrement si je pouvais, je vous ferais un don.

Sans logiciel libre, les TICs ne serai pas la ou ils sont.

BIG UP

Christophe W. de Gland (Suisse) :

Point obligé de mon surf quotidien, de mes recherches dans le monde du libre, de ma réflexion de professeur d’informatique, le site Framasoft ne cesse de mûrir et gagne chaque jour en qualité. Merci à chacun pour cet investissement fondamental pour faire évoluer les consciences.

Continuez sur cette voie : la route est belle, la route est libre !

Robert Dupras de Montréal (Québec – Canada) :

Depuis plusieurs années que je me réfère à Framasoft, que je réfère aussi à mes clients. Le travail de Framasoft est inspirant et stimulant pour tous ceux et celles qui croient ou œuvrent dans le monde du libre.

Impossible de mesurer l’apport de Framasoft à la communauté, nul doute qu’elle est importante. Aujourd’hui ce sont nos clients qui bien souvent utilisent le banque d’informations disponibles sur Framasoft. Notre modeste contribution est un simple message pour encourager nos amis et clients à faire de même.

Le partage, la meilleure façon par laquelle l’humanité pourra continuer de grandir.

Merci à Framasoft

Handicap.sn de Dakar (Sénégal) :

Je n’ai pas de carte bancaire, je suis à Dakar. Mais c’est touchant de voir que le mouvement du Libre se retrouve dans des difficultés financières. J’aurais aimé envoyer de l’argent car grâce au Libre "FileZilla, Drupal, Ubuntu Server, SPIP, PHP, WAMP, Joomla, The Gimp, MySQL et MyODBC, NotePad++, Moodle, …" j’ai gagné beaucoup d’argent moi et j’ai aussi distribué beaucoup de bonne chose à mon tour.

Sans compter les forums, Wikipedia, et autres sites de partage de connaissances qui me sortent quotidiennement du pétrin, comme des millions d’autres.

Je dirais que Framasoft aussi est Nécessaire, Indispensable et Éternel !

J’ai démarré moi-même un projet libre, de portail pour une communauté spécifique, mais à cause de cette crise mondiale, je suis obligé de geler ces activités philanthropiques pour quelques temps et sécuriser un emploi. Car je n’ai pas réussi à gagner de l’argent à partir de cette activité philanthropique, certes çà m’a apporté d’autre gratifications humaines, mais pas pécuniaires. Voilà mon témoignage.

Que Dieu nous permettent de continuer sur cette lancée !

Sébastien A. de Bruxelles (Belgique) :

Lorsque j’ai commencé à m’intéresser aux logiciels libres, j’ai été confronté à un sérieux problème: comment trouver les logiciels dont j’avais besoin.

J’ai perdu beaucoup de temps en vaines recherches. Et puis j’ai trouvé Framasoft.

Oli C. Kan de Tunis (Tunisie) :

Je viens sur Framasoft régulièrement pour trouver des programmes et je trouve la communauté libre toujours superbe et remplie d’idées et d’ingéniosité. Comme j’en discutais avec un ami tout à l’heure, la communauté libre nous donne une bon aperçu de ce que serait un monde libre. Un monde où tout le monde contribuerait à sa manière et où tout serait accessible à tous, sans avoir à se vider les poches pour se faire.

Certes, ici ce n’est pas tout le monde qui peut vraiment contribuer puisque ce n’est pas tout le monde qui sait programmer, qui a de l’argent à donner ou même qui possède un ordinateur. Mais, continuons et le Libre s’étendra de plus en plus, et dans plus en plus de domaines, comme il l’a fait à présent.

Continuons d’en parler. Vive Framasoft !

André Cotte de LaSalle (Québec – Canada) :

Je m’intéresse aux logiciels libres depuis plus de 6 ans. Framasoft m’a accompagné pendant toutes ces années. Depuis 3 ans, je suis « Conseiller en logiciels libres pour l’éducation ». Oui, oui, c’est le titre que la société sans but lucratif où je travaille m’a donné. Sans Framasoft, j’aurais beaucoup de difficultés à assumer ce titre.

Merci et longue vie à Framasoft. Tous ensemble nous y arriverons.

Notes

[1] Crédit photo : Alexkon (Creative Commons By-Sa)

[2] Nous en profitons au passage par saluer et remercier les DOM-TOM, qui ne sont pas les derniers à nous soutenir 😉




Projet Shtooka – Interview de Nicolas Vion

Cesarastudillo - CC byDans l’expression Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, il y a le mot rencontre. Et c’est ainsi que nous avons fait connaissance avec Nicolas Vion, fondateur du fort intéressant Projet Shtooka qu’il nous a semblé judicieux de mettre en avant sur ce blog à la faveur de cette courte interview.

L’objectif du projet vise la création de matériel audio libre pour l’apprentissage des langues étrangères en mettant en place un ensemble de collections sonores de mots et expressions telle la base audio libre de mots français (cf démo en ligne) ainsi que les outils logiciels capables d’en tirer parti. Outre le français, on trouve aussi des corpus pour d’autres langues telles que le russe, l’ukrainien, le biélorusse, le wolof, le tchèque ou le chinois[1].

Un entretien réalisé par Emmanuel Poirier (alias LeBidibule) pour Framasoft.


Bonjour Nicolas, je vais te demander de te présenter.

Je m’appelle Nicolas Vion, je m’intéresse depuis quelques années aux langues slaves. Après une licence de russe, je suis actuellement en licence d’ukrainien et travaille comme développeur système. Je m’occupe du Projet Shtooka depuis son origine.

En quoi consiste ton projet ?

Le projet Shtooka consiste à enregistrer des collections audio libres de mots, d’expressions idiomatiques et d’éléments du langage avec des locuteurs natifs pour toutes les langues.

C’est aussi un ensemble de logiciels permettant d’enregistrer, d’organiser et d’exploiter ces collections. Cela permet, par exemple, d’ajouter l’audio dans des dictionnaires électroniques (les fichiers sont d’ores et déjà utilisés pour le Wiktionnaire), mais aussi de faciliter l’apprentissage du vocabulaire d’une langue étrangère en se faisant des fiches de vocabulaire audio à l’aide d’outils comme le Kit Shtooka (ou bientôt les SWAC Tools) et ainsi de réviser son vocabulaire à l’aide d’un baladeur MP3 ou Ogg Vorbis en baladodiffusion. Il est également possible de créer à partir de ces fiches de vocabulaire des activités pédagogiques au format JClic pour les plus petits…

Au delà de l’aspect pédagogique, ces collections représentent, à mon sens, un intérêt linguistiques et scientifique en regroupant en un ensemble cohérent un tel matériel audio qui, je pense, comptera à l’avenir.

Depuis quelque temps, le Projet Shtooka s’est monté en association, ce qui a permis au projet de s’agrandir un peu. Nous sommes aujourd’hui environ quatre personnes actives dans le projet, de plus cela va nous permettre de contacter différents organismes en tant qu’association.

Quelles est la différence entre le Kit Shtooka et les SWAC Tools ?

Le Kit Shtooka, qui est un ensemble de programmes pour Microsoft Windows (mais qui marche aussi sous GNU/Linux avec Wine), est en quelque sorte l’héritier du petit programme à l’origine du projet. Ce petit programme était une sorte de «bidouille» que j’avais écrit pour mes besoins personnels alors que je me trouvais en Russie, où les connexions Internet ne sont pas forcément bon marché. Aussi, j’ai trouvé un CD de Delphi et ai donc commencé à coder pour cet environnement.

Le Kit Shtooka est en fait issu d’une refonte de ce programme originel. Il est mûr et utilisable, l’ayant moi-même utilisé au cours de mes études de Russe, mais des limitations sont apparues liées au choix techniques initiaux… Il y a maintenant un an j’ai commencé un travail de ré-écriture du Kit Shtooka en C++ et utilisant des libraires standards telles que GTK+ et QT, ce qui permet une meilleure portabilité entre plate-formes et une plus grande modularité.

A l’heure actuelle, si le Kit Shtooka est pleinement utilisable, les SWAC Tools sont encore assez jeunes et d’utilisation plutôt difficile (NdR : il manque notamment le logiciel d’enregistrement, le logiciel exerciseur « Repeat ») mais devraient à terme remplacer les vieux outils. C’est en quelque sorte la nouvelle génération du Kit Shtooka.

Quand as-tu pensé à utiliser des licences libres pour vos productions et vos logiciels ?

A l’origine, je n’imaginais pas qu’il serait aussi facile d’enregistrer la prononciation d’autant de mots. Tout a commencé par intérêt personnel. Je faisais enregistrer la prononciation de mots russes par mes amis afin de me faciliter l’apprentissage du vocabulaire, sans penser à la licence de ces enregistrements.

Au bout d’un an, je me suis rendu compte que je disposais d’un corpus important (NdR : mais inutilisable pour le futur projet, faute d’accord avec les locuteurs de l’époque), et j’ai pensé faire une base de mots audio en français afin d’aider des professeurs de français FLE (Français Langue Étrangère), ou encore pour les étudiants en auto-apprentissage.

C’est au cours de ces enregistrements que j’ai amélioré la technique d’enregistrement (grâce à quelques modifications de l’interface, je pouvais désormais enregistrer plus de 1500 mots de suite sans me fatiguer). J’ai alors décidé de diffuser cette première collection qui regroupait plus de 7000 enregistrements sur une site Internet sous une licence libre (la Creative Commons By) et un ami m’a soufflé l’idée de faire une dépêche sur le site d’information LinuxFr.

Très vite, j’ai été contacté par Eric Streit qui était enthousiasmé par le projet et qui a rapidement enregistré une collection de mots russes avec sa femme originaire du Kazakhstan. Un ami chinois m’a également permis de réaliser le corpus chinois : le projet Shtooka était bel et bien lancé.

À mon sens, la licence libre s’imposait car c’était la seule façon de permettre la créativité. En effet, on ne peut imaginer soi-même toutes les applications possibles à partir d’une telle « matière première » sonore.

Enfin en voulant proposer mon outil d’enregistrement à des contributeurs du projet Wiktionnaire (entre autre Betsy Megas) j’ai eu à ré-écire cet outil, pour en faire un programme séparé, plus facile à utiliser. Cela m’a permis par la même occasion de formaliser la façon des stocker les informations sur les mots enregistrés et les locuteurs, et ai proposé l’adoption des « SWAC Metatags ». En effet, s’il est possible d’enregistrer dans les fichiers audio Ogg Vorbis des informations pour les collections musicales (nom de l’album, nom de la chanson, style de musique) les « SWAC Metatags » permettent de faire la même chose avec les collections linguistiques grâce à une quarantaine de champs d’information : nom du locuteur, sa langue maternelle, région d’origine…

Avez-vous eu beaucoup de retours jusqu’alors ?

Jusqu’à présent, les retours d’expérience ont été peu nombreux; mais je remercie les personnes, notamment les professeurs de Langues Vivantes qui ont permis de faire évoluer le logiciel, et faire remonter les problèmes liés à la formation de l’outil.

Il est vrai que l’outil a été plus pensé pour des apprenants autonomes que pour des professeurs. Les RMLL 2009 ont d’ailleurs été l’occasion de rencontrer des gens d’autres projets qui utilisent nos collections. Nous avons également pris contact avec des libristes marocains qui ont l’intention de développer le Projet Shtooka dans leur pays (nous avons d’ailleurs pu enregistrer avec eux une petite collection de mots arabes durant les RMLL).

Quelles sont les aides que l’on peut vous apporter si l’on souhaite participer au projet ?

Les aides sont les bienvenues !

Tout d’abord, si l’on a des compétences pour une langue en particulier, il est possible de créer des listes de mots et expressions qui serviront lors de sessions d’enregistrements avec un locuteur natif. Pour cela il suffit de rassembler les éléments à enregistrer dans un simple fichier texte. Pour ce travail il faut quand même avoir une bonne connaissance de la langue en question : par exemple, pour le corpus français, se pose la question : faut-il prononcer les substantifs avec ou sans article ? Si oui, lesquels : définis ou indéfinis ? Pour d’autres langues se pose le problème des déclinaisons, du déplacement des accents toniques, des mutations, ou encore des cas d’homographie… Ce travail préparatoire peut être fait par un professeur, mais aussi par un apprenant.


Ensuite vous pouvez participer au projet en tant que « locuteur natif » de votre langue maternelle en enregistrant des mots ou expressions. Ceci-dit, il est important d’avoir un matériel d’enregistrement de qualité convenable, quelques connaissances sur la prise de son avec un ordinateur, et de disposer d’un endroit calme. Le logiciel d’enregistrement est très pratique et permet d’enregistrer plus de 1000 mots par heure. Ici, la communauté Shtooka peut aider (dans la mesure du possible) en trouvant le matériel, en organisant l’enregistrement…

Les professeurs de langues peuvent également nous aider en proposant des listes de vocabulaire bilingues organisées par thèmes ou par leçons, car en fait chaque collection audio est indépendante. De même, tous les travaux dérivés (exercices interactifs, imagiers pour les écoles primaires…) sont intéressants et bienvenus, et peuvent donner des idées pour compléter les collections audio.

Si vous êtes développeur C++ (ou autre) vous pouvez aider au développement des nos logiciels. Les développeurs Web et les graphistes peuvent nous donner un coup de main sur le site Internet…

Globalement, nous cherchons des aides ponctuelles mais aussi dans la durée. Il nous faudrait, par exemple, des personnes pour s’occuper du développement de telle ou telle langue (au passage, nous aurions besoin de quelqu’un qui puisse s’occuper de la collection espagnole), alors n’hésitez pas !

Notes

[1] Crédit photo : Cesarastudillo (Creative Commons By)




Framakey Ubuntu-fr Remix

Patrice Vetsel - CC by-sa

Framasoft et Ubuntu-fr sont fiers de vous annoncer la naissance de leur fille « Framakey Ubuntu-fr Remix ». Elle est bien précoce car elle sait déjà marcher !

Pour en savoir plus :

  • La page officielle du projet sur le site Framakey
  • La billet blog de Patrice Vetsel (également auteur de la photo sous CC by-sa)

PS : Ouf, juste avant les RMLL !




La Framakey : 4 ans et quelques enfants ingrats ?

Arturo de Albornoz - CC by-saVoici la deuxième partie d’un article qui, à l’occasion du quatrième anniversaire de la Framakey (déjà !), passe en revue quelques uns des projets qui s’en sont plus ou moins fortement inspirés. Nous en sommes évidemment ravis puisque le but de la manœuvre est justement de diffuser du logiciel libre, qu’il s’agisse d’utiliser la Framakey en tant que telle ou qu’il s’agisse de ses dérivés, créés à partir de nos briques génériques. Qu’il nous soit d’ailleurs permis de remercier une nouvelle fois au passage toutes celles et ceux qui ont rendu cela possible.

Mais si dans la première partie nous baignions quelque part dans une sorte de cercle vertueux, c’est plutôt « le côté obscur de la Force » qui transparait ici[1].

Car la Framakey a également « inspiré », et nous étions au départ ravis de l’apprendre, quelques gros fabricants de clés et de périphériques de stockage :

  • EMTEC, qui a longtemps diffusé (diffuse encore ?) le bureau mobile EM-DESK qui, à l’époque où nous l’avions testé, était très largement basé sur la Framakey.
  • Memup, qui va sortir sous peu sa Student-Key. N’ayant pas encore vu le produit final, je m’avance peut être un peu en prétendant qu’il s’agit d’un dérivé contenant des applications Framakey, nous verrons bien si les lanceurs sont ceux de Framakey (eux-mêmes basés sur ceux de la communauté anglophone PortableApps.com).
  • Enfin, nous savons que d’autres industriels du stockage, dont nous tairons les nom (pour l’instant), réfléchissent à l’implémentation de solutions libres applicatives pour leurs périphériques USB.

Soyons clairs, cela est parfaitement légal : la Framakey est un package 100% libre. Nous autorisons donc explicitement son intégration, y compris pour des usages commerciaux. Nous sommes par ailleurs bien conscients que le succès de la Framakey repose à 99% sur des projets libres préexistants (Firefox, OpenOffice.org, PortableApps.com, etc).

Donc, sur le papier, il n’y a aucune raison de râler. D’autant plus que, répétons-nous, cela permet de diffuser très largement des logiciels libres : lorsque Tata Jeannine ira au supermarché du coin pour acheter sa clé, elle repartira avec une clé USB contenant des dizaines de logiciels libres. N’est-ce pas merveilleux ?

Oui, mais…

Le développement durable et l’écologie sont certes à la mode, et sans doute surexploités par les média et bon nombre d’entreprises (les publicités des groupes Renault ou Total sont d’excellents exemples de « greenwashing »), mais cela ne doit pas pour autant remettre en cause les concepts et principes qui sous-tendent ces mouvements.

De même, dans le milieu du libre, on sent depuis quelques mois une forme de plus en plus exacerbée « d’open source whashing ». De gros industriels récupèrent les valeurs (et les produits) du libre, sachant qu’ils bénéficieront du triple effet kiss-cool du logiciel libre :

  • la possibilité légalement octroyée de pouvoir se baser sur le travail libre d’autrui et de faire du « rebranding » (en gros, y mettre leur logo en laissant croire que c’est eux qui ont réalisé le produit) ;
  • la gratuité (qu’on le veuille ou non, omniprésente dans le libre) ;
  • des valeurs cool-buzz-hype : le partage, l’entraide, la collaboration, etc (allez savoir pourquoi, mais je doute qu’ils mettent l’intéropérabilité dans les valeurs cools, alors que pourtant…), y’a pas à dire « le libre : c’est vendeur, coco ! ».

Du coup, ces entreprises peuvent ajouter de la valeur à leurs produits à moindre frais, enrichir leur catalogue, et accroitre leur chiffre d’affaires d’un coup de baguette magique libre.

Tout cela serait bel et bon si ces mêmes entreprises prenaient la peine de reverser aux communautés à l’origine de la valeur ajoutée de leurs produits. Et attention, je pense bien sûr ici à la Framakey (dont nous sommes humblement conscient que le succès repose sur les épaules d’autres géants), mais aussi et surtout à toutes les communautés qui soutiennent et développent les logiciels embarqués sur leurs clés.

Ainsi, par exemple et pour ce qui nous concerne, l’Université de Poitiers qui s’est fendue d’un mail de remerciements à Framakey (et cela nous suffit amplement), ou la commune de Sainte-Ménehould qui a octroyée une subvention exceptionnelle de 150€ à Framasoft (ce qui nous a chaleureusement touché).

Contre-exemple : le site officiel EM-DESK d’EMTEC propose des logiciels qui datent de janvier 2008 (bonjour les failles de sécurité pour qui irait télécharger leur pack !). Nous avons tenté plusieurs fois de prendre contact avec eux afin de leur proposer de les aider (bénévolement si nécessaire !) à maintenir leur pack plutôt que donner aux utilisateurs une mauvaise image des logiciels libres.

Mais que cela soit par le forum (fermé pour cause de spams apparemment), par email (nous n’avons jamais eu de réponse), ou sur des salons (la charmante demoiselle du stand EMTEC lors de Solution Linux n’a pas su me dire quelle solution était employée sur leurs clés, ni qui en était responsable), nos propositions sont restées lettres mortes.

De là à dire qu’EMTEC se sert du libre pour promouvoir ses produits et accroitre les dividendes de ses actionnaires plutôt que de l’envisager comme un système gagnant-gagnant, il n’y a qu’un pas, que je franchis aujourd’hui bien tristement. Espérons qu’il en ira autrement pour d’autres projets comme le GDium et sa Gkey….

Pour en finir avec la métaphore écologique, cette situation n’est pas sans rappeler celles des entreprises pharmaceutiques qui surexploitent certaines ressources potentiellement renouvelables (comme la forêt amazonienne, par exemple) sans se soucier réellement d’entretenir l’écosystème sur lequel elles basent pourtant leur modèle économique.

Ainsi, même si Framasoft a actuellement besoin de soutien financier, nous aurions été ravis de recevoir un message du genre « Bonjour, je suis chargé par la société X de réaliser un fork de la Framakey. Dans ce cadre, je vais utiliser vos applications PortableTutu et PortableTiti. Comme on m’a demandé de réaliser PortableToto, qui n’existe pas sur Framakey, je vous le propose ici avec ses sources, afin que tout le monde puisse en profiter ». La société X n’y perdrait rien, au contraire, elle bénéficierait d’un « effet communautaire » qui lui éviterait de forts coûts de recherche et développement. Et elle aurait le mérite de prouver qu’elle comprend son intérêt à ne pas scier la branche sur laquelle elle est assise.

Qu’en pensez-vous ? Sommes-nous ici « mauvais joueurs » ou bien avons-nous quelques raisons de stigmatiser cela en évoquant ce néologisme « d’open source whashing » ?

Notes

[1] Crédit photo : Arturo de Albornoz (Creative Commons By-Sa)




La Framakey : 4 ans et plein d’enfants reconnaissants !

Trazomfreak - CC byLa Framakey souffle aujourd’hui sa quatrième bougie 😉

Depuis cette date originelle, elle poursuit tranquillement son petit bonhomme de chemin, toujours 100% libre, toujours animée par une communauté de passionnés.

Nous le savons, l’un des avantages du logiciel libre, c’est qu’il permet à tout le monde, sans discrimination, de pouvoir améliorer le logiciel pour ses propres besoins (personnels ou professionnels). Et c’était bien là l’une des principales motivations de ce projet, proposer, si vous me passez l’expression, une « arme de diffusion massive du logiciel libre ».

Ainsi durant ces quatre années[1], la Framakey a donné naissance à pas mal de « forks », c’est-à-dire des versions adaptées par des particuliers, institutionnels ou entreprises.

Je me propose de vous en présenter quelques uns, qui me paraissent assez représentatifs de la diversité d’un projet générique dont la licence libre autorise et même encourage l’appropriation (dans le sens « rendre propre à », et non dans le sens de « s’approprier »).

Commençons par les projets liés à l’éducation :

  • L’Université de Poitiers : UP Key Etu est une adaptation de la Framakey. Cette adaptation a été réalisée par la Maison des Langues et par i-médias, le Service commun informatique et multimédia de l’Université de Poitiers.}} Notez au passage que l’Université propose une vidéo dynamique, pédagogique, et bien réalisée de l’UP Key Etu en situation.
  • L’IUFM d’Aquitaine : L’IUFM @qui.CLE est mise à disposition des usagers et de tous les formateurs (formateurs permanents, PEMF, formateurs associés, conseillers pédagogiques, tuteurs, …) de l’IUFM d’Aquitaine.
  • Le projet « Clé en main », à destination des enseignants, qui fut l’un des premiers dérivés de la Framakey, et qui a inspiré la Trousse Numérique du CRDP de Versailles ;
  • l’excellent site Grain2Tice propose, lui, son le CNEP (Cartable Numérique pour l’Ecole Primaire). Utilise le lanceur PortableApps.com.
  • Le nom moins excellent site Quebecois Zone Libre en Education propose sa Liberclé qui contient notamment le Programme de formation de l’école québécoise, sous forme de fichiers PDF, ainsi qu’une vingtaine d’hyperliens vers des sites indispensables pour l’enseignant québécois voulant intégrer les TIC dans son enseignement.
  • La SEPR, organisme de formation lyonnais, a réalisée en interne une version personnalisée, diffusée à 4 000 exemplaires à ses étudiants.
  • D’autres expériences de diffusion à l’école, souvent sur des projets de taille plus modeste (< 100 clés), mais qui nous réchauffent vraiment le cœur, comme le cas exemplaire de la commune de Sainte-Ménehould.

Il existe aussi des dérivés associatifs ou communautaires :

  • Miftaah, la Framakey en langue arabe (dont on nous a rapporté des cas d’utilisation jusque dans les cybercafés libanais) : « Sous la supervision du bureau de l’UNESCO à Rabat et ICTDAR, Miftaah est réalisé par diverses universités associé dans la région : Algérienne du centre de recherche sur l’information scientifique et technique (CERIST), Marocaine de l’école de Mohammadia d’Ingénieurs, université Mohamed V Agdal et université de Birzeit en Palestine ». Voici d’ailleurs ce qu’on peut lire sur le site de l’UNESCO : « L’UNESCO reconnaît l’importance de la valeur sociale du logiciel libre et ses actions de promotion visent à donner les moyens et l’autonomie nécessaire aux pays pour faire leurs propres choix. Dans ce contexte le Bureau de l’UNESCO à Rabat en coopération avec ICTDAR élabore la clé Miftaah qui contiendra non seulement des logiciels dont le code source est ouvert et fourni gratuitement, mais aussi une capacité de stockage pour les données personnelles de l’utilisateur ; tout cela est animé par une interface agréable et à usage facile. »
  • Le DATICE Framakey, destinée aux nouveaux enseignants d’histoire-géo.
  • Plus original, la Technoboulkey, pour les profs et apprentis boulangers (aujourd’hui basée sur PortableApps.com).
  • Une adaptation (en cours de réalisation) par Antipodes-Ingénierie, société coopérative spécialisée dans le développement des compétences des premiers niveaux de formation (illettrismes, migrants…) : « Parmi nos projets, nous avons notamment le souhait d’adapter une Framakey pour les formateurs qui interviennent auprès de ces publics. Cette Framakey contiendra un nombre restreint de logiciels portables (OpenOffice.org, lecteur PDF et Firefox) ainsi qu’une méthodologie de travail pour les formateurs sous forme de pages HTML et de grilles d’évaluation sous Calc. Cette méthodologie sera elle-même diffusé sous la licence GPL (ou FDL). C’est pour nous l’opportunité de favoriser l’utilisation des logiciels libres et de permettre à des formateurs (qui souvent travaillent dans des organismes associatifs) d’avoir accès à moindre coût aux outils informatiques (l’investissement informatique est souvent chaotique dans ces structures et les logiciels « périmés » ou aux licences douteuses sont monnaie courante, les fonds investis devraient se concentrer sur le matériel et non pas se perdre dans les méandres des moultes versions trop chères des produits Microsoft. »

Framakey - coque en bois

Tout ceci fait plaisir à voir et à lire, et nous conforte dans l’idée que ça valait le coup de développer ce projet.

Cette liste étant non exhaustive, auriez-vous de nouveaux éléments à y apporter ? Avez-vous connaissance d’autres dérivés de la Framakey et de son utilisation en classe, entreprise ou administration ?

Telles les deux faces d’une même médaille, l’article se poursuit dans une seconde partie, La Framakey : 4 ans et quelques enfants ingrats ?, où l’on tentera d’illustrer le fait que le libre peut aussi malheureusement parfois faire l’objet d’une certaine récupération…

Notes

[1] Crédit photo : Trazomfreak (Creative Commons By)