Enquête « Ce que vous pensez de Framasoft » : les résultats

« Framasoft ne piste personne. Pour savoir ce que vous pensez de ce que nous sommes et ce que nous faisons, nous avons bien quelques indices… Mais le mieux reste de vous poser la question ! »

Ainsi débutait l’enquête que nous avions lancée le 23 mai 2022 et qui aura duré jusqu’au 26 juin dernier.

L’objectif était donc de mieux connaître les utilisateur⋅ices de nos services (tranche d’âge, vos engagements, votre rapport au numérique, etc.), et d’essayer de comprendre comment vous, vous nous perceviez. Rappelons aussi que l’enquête était parfaitement anonyme (on ne vous demandait ni votre nom/pseudo, ni adresse mail, et les adresse IP étaient anonymisées).

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Le premier fait marquant de cette enquête, c’est d’abord le nombre de réponses collectées : 12 664 !

Honnêtement, nous n’en espérions pas autant. Votre large implication nous permet d’avoir un échantillon que nous pensons être suffisamment représentatif. En effet, même si le réseau Framasoft accueille plus d’un million de visiteur⋅euses par mois, la plupart de ces personnes ne savent pas du tout qu’elles utilisent un service associatif, financé par les dons (merci !).

Le second fait marquant, c’est que les réponses libres sont, dans leur immense majorité, très élogieuses ! Alors évidemment, on ne s’emballe pas : nous nous doutons bien que les personnes qui ont pris cinq minutes de leur vie pour répondre au formulaire d’enquête d’une association sont plutôt « bien disposées » vis-à-vis de cette association.

Vous avez en effet apporté 10 482 commentaires à la question « Vous pouvez commenter vos cinq choix dans le champ libre suivant, si vous le souhaitez », et 7 092 messages à la question « Si vous voulez nous adresser un petit mot ». L’inconvénient, c’est que, par conséquent, nous ne pouvons pas en faire une synthèse complète ici 😅 (mais on les a tous lus, promis !!)

Donc, faisons une rapide analyse concernant la perception de Framasoft pour les répondant⋅es 🙂

Framasoft, c’est…

Nous commencions par essayer de comprendre ce que Framasoft représentait pour vous

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Vrai Faux Je ne sais pas répondre
…une entreprise de développement de logiciels libres 6 441 4 983 1 042
…des gauchistes du web 3 372 6 066 2 905
…apolitique (et ça doit le rester) 7 812 2 638 1 992
…une structure qui doit grandir pour accueillir la demande 6 436 2 230 3 725
…uniquement pour la défense et promotion du logiciel libre 6 234 4 027 2 154
…trop neutre, politiquement 761 7 750 3 807
…pour tout le monde, même les grosses entreprises 8 147 2 143 2 134
…une association qui ne veut pas grossir 3 417 3 662 5 311
…anticapitaliste 5 601 2 579 4 194
…bien sympa, mais j’aimerais un peu plus de sérieux 500 10 049 1 819
…contre la centralisation 8 875 761 2 790
…trop peu engagé dans l’écologie 886 5 617 5 853
…fait pour des personnes qui partagent les mêmes valeurs 7 017 3 292 2 091
…un collectif qui tient à son statut associatif 9 882 87 2 510

 

Les trois réponses récoltant le plus de « Vrai » sont

  1. …un collectif qui tient à son statut associatif
  2. …contre la centralisation
  3. …pour tout le monde, même les grosses entreprises

Les trois réponses qui récoltent le plus de « Faux » sont

  1. …bien sympa, mais j’aimerais un peu plus de sérieux
  2. …trop neutre, politiquement
  3. …des gauchistes du web

Quant aux trois réponses ayant le plus de « Je ne sais pas » (et donc intéressant pour nous à clarifier)

  1. …trop peu engagé dans l’écologie
  2. …une association qui ne veut pas grossir
  3. …anticapitaliste

 

Ce que Frama fait

Cette question nous permettait de savoir si vous connaissiez (ou pas) nos actions phares, et si vous en avez bénéficié au moins une fois en 2021 ou 2022.

 

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Je connais et j’en profite Je connais mais je n’en profite pas Je ne connais pas
Conférences, ateliers et rencontres (en 2021-2022) 476 5 311 6 702
PeerTube 2 224 4 905 5 296
Services (Framapad, Framaforms, Framalistes, Framadate…) 10 747 1 162 652
Framablog 2 067 5 953 4 458
Mobilizon 707 4 657 7 007
Guides et outils (Résolu, MOOC CHATONS…) 2 421 4 634 5 418
Le conseil à d’autres associations/collectifs 677 3 815 7 949
Framabook / Des Livres en Communs 1 254 4 595 6 618
Support (aide reçue dans le forum, par email, ou autres) 1 498 5 293 5 636
Framalibre 3 727 2 976 5 741
Interventions publiques (médias, institutions, etc.) 1 552 3 875 6 998
Animation du collectif CHATONS 1 108 5 125 6 184

 

Bon, sans surprise, plus de 9 personnes sur 10 ayant répondu nous connaissent avant tout pour nos services. Par contre, nous étions un peu surpris⋅e de nous rendre compte qu’autant de personnes ne connaissent pas Mobilizon, Framabook, ou nous imagine uniquement derrière des écrans, et non devant le public.

 

Si vous étiez aux manettes…

D’après vos messages, il a été particulièrement difficile pour vous de répondre à cette question, qui vous proposait de vous mettre à la place de « pilote dans l’avion Framasoft » et de choisir cinq (et uniquement cinq) actions à prioriser.

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Services en ligne (Framapad, Framadate, Framaforms, Framalistes, etc.) 10 389
Conseils aux associations et collectifs 5 906
Animation du collectif CHATONS 2 856
Développements de logiciels fédérés (PeerTube, Mobilizon) 6 430
Travail de fond sur des logiciels vieillissants (par ex. ceux derrière Framaforms, Framadate, Framacalc…) 7 871
Support et modération des services en ligne 2 143
Communication (blog, médias sociaux…) 4 137
Interventions (conférences, ateliers, etc.) 4 449
Réponses médias (journaux, vidéastes, podcasts, etc.) 3 099
Guides et outils d’émancipation numérique (Résolu, MOOC CHATONS) 7 013
Contributions à des projets externes (Pytitions, bénévalibre, etc.) 2 015

 

Les trois actions les plus plébiscitées, si vous étiez aux manettes, sont donc :

  1. Les services en ligne (ça ne nous surprend pas)
  2. Améliorer les logiciels vieillissants
  3. La production de guides et outils d’émancipation numérique

Et les trois que vous laisseriez de côté :

  1. Contributions à des projets externes
  2. Support et modération des services en ligne (facile à dire, moins facile à faire)
  3. Animation du collectif CHATONS

Framasoft et … vous !

Les tranches d’âge des répondant⋅es

Capture écran "Votre tranche d'âge"
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moins de 25 ans 589
26-45 ans 5 645
46-65 ans 5 037
plus de 66 ans 1 304
je préfère ne pas répondre 60

 

Sans surprise, l’énorme majorité des répondant⋅es ont entre 26 et 65 ans.

Le niveau de vie des répondant⋅es

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Je dépends de ma famille (collège, lycée, etc.) 240
Je suis en mode survie : minima sociaux, etc. 320
Fin du mois difficiles, je croise les doigts 469
Ça va, mais je vis sans filet 1 438
Je suis « OK », sans plus 3 926
Je suis à l’aise 5 261
J’ai bien plus qu’il ne m’en faut 734
je préfère ne pas répondre 244

 

Ici, une répartition sensiblement équivalente est observée entre les personnes qui se déclarent « à l’aise » ou plus, et celle qui se déclarent dans une certaine précarité, voir une précarité certaine.

Le rapport au numérique des répondant⋅es

Capture écran "Votre rapport à l'informatique et au numérique"
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Conflictuel : je déteste tout ça 145
Neutre : je fais comme on me dit sans chercher à comprendre 638
Méfiant·e : je m’y intéresse mais avec méfiance 2 036
Enthousiaste : je m’y intéresse avec enthousiasme 3 696
Geek : je suis considéré comme le / la geek de mon entourage 2 494
Expert·e : j’ai une expertise dans ce domaine 3 343
Je préfère ne pas répondre 240

 

Dans quel(s) domaine(s) les répondant⋅es se déclarent engagé⋅e ou militant⋅e

Capture écran "Est-ce que vous vous définissez comme engagée ou militant⋅e dans..."
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l’associatif 7 074
la création d’entreprise(s) 1 122
l’éducation populaire 3 384
le logiciel libre 4 583
la lutte contre les discriminations (sexisme, racisme, validisme, LGBT-phobies, etc.) 3 288
la justice sociale 3 706
la politique 2 269
la communication 753
la culture et les arts 2 195
l’écologie 5 783
les crypto monnaies 254
l’éducation 3 455
l’humanitaire 1 148
le marketing 139
l’entraide sociale 2 833
la vie privée 2 810
je ne suis ni militante, ni engagé 1 543
autre 546

 

Les trois domaines dans lesquels les répondant⋅es se déclarent le plus engagé⋅es sont donc :

  1. l’associatif
  2. l’écologie
  3. le logiciel libre

La communication, le marketing et les crypto-monnaies fermant le ban (on s’y attendait un peu 🙂 )

Le nombre de répondant⋅es ayant fait un don à Framasoft en 2021/2022

Capture écran "Avez-vous fait un don à Framasoft en 2021 ou 2022 ?"
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Oui 3 351
Non 8 382
Je ne sais pas 931

 

Le nombre de répondant⋅es souhaitant faire un don à Framasoft à l’avenir

Capture écran "Comptez-vous faire un don à Framasoft à l'avenir ?"
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Oui 5 956
Non 1 318
Je ne sais pas 5 306

 

Une indication plutôt positive pour nous : si 3 351 répondant⋅es ont indiqué avoir fait un don récemment (cf. question précédente), ce sont quasiment 6 000 répondant⋅es qui nous apprennent qu’ils ou elles comptent nous faire un don à l’avenir.

Nos ressources reposant quasi-exclusivement sur vos dons, et le contexte économique, social, sanitaire, politique et géopolitique étant pour le moins… tendu, cela nous donne un signal d’espoir dans l’avenir et de la motivation et de l’énergie non seulement pour poursuivre nos actions, mais aussi pour en développer de nouvelles.

Merci encore infiniment à toutes les personnes ayant répondu ! 🙏




« Ce que vous pensez de Framasoft » : on a besoin de vous !

Du 23 mai au 26 juin, nous lançons une grande enquête pour mieux comprendre qui vous êtes et ce que vous attendez de nous.

Répondre à cette enquête (et la partager sur vos réseaux) nous aidera beaucoup à saisir ce que vous appréciez de notre travail, ce que vous en percevez, les directions que nous pouvons lui faire prendre. Votre participation à cette enquête sera une contribution précieuse.

Participez en répondant à ce Framaforms (5-10mn) et en le partageant !

En vous remerciant chaleureusement de cette contribution très importante à nos yeux,

L’équipe de Framasoft

 




Annuaire des acteurs et actrices de l’accompagnement au numérique libre

En octobre 2019, nous avons publié un article signalant notre besoin d’identifier les acteurs et actrices de l’accompagnement au libre dans lequel nous proposions à toutes celles et ceux qui exercent une activité de médiation numérique (bénévole et/ou professionnelle) autour des logiciels libres de répondre à un questionnaire en ligne.

L’objectif : recenser les personnes, structures et organisations réalisant des accompagnements au numérique libre et publier leurs coordonnées dans un annuaire pour celles qui le désirent. Nous souhaitions d’une part pouvoir estimer la taille de l’écosystème dans lequel nous nous inscrivons, d’autre part pouvoir réorienter les demandes que nous recevons vers d’autres acteur·ices, plus disponibles, plus localisé·es ou plus spécialisé·es que nous.

Une publication retardée pour cause de pandémie mondiale

Nous avons confié ce travail à La dérivation, un collectif d’éducation populaire composé de Mélissa et Lunar, deux camarades de longue date de Framasoft. Nous avons reçu 402 réponses à ce questionnaire. Et après avoir supprimé les réponses vides, les doublons et celles hors du périmètre de l’enquête, nous avons retenu 371 réponses, dont 293 ont choisi de figurer dans l’annuaire.

Nous avions prévu de publier cet annuaire au printemps, mais la diffusion d’un tel recensement au beau milieu d’une pandémie et d’un confinement général ne nous a pas semblé pertinente. Merci pour votre patience concernant ce délai entre l’enquête et la publication des résultats. La « photo » prise par ces documents est de fait déjà un peu datée au moment de sa sortie. Nous espérons cependant qu’elle permettra à celles et ceux qui recherchent un accompagnement dans ce domaine de trouver des contacts adéquats vers lesquels se tourner.

Nous avons fait le choix de ne pas faire figurer dans cet annuaire les structures proposant des accompagnements dédiés à un logiciel ou à une solution technique précise. Notre raisonnement étant que les personnes cherchant un accompagnement sur un outil bien spécifique seront mieux renseignées par une requête type « formations Dolibarr » dans un moteur de recherche.

L’annuaire des acteurs et actrices de l’accompagnement au numérique libre

L’annuaire des accompagnements présente plusieurs moyens de découvrir les données récoltées par ce questionnaire. L’annuaire alphabétique diffuse les informations de chaque répondant⋅e et plusieurs index (type de public, domaine d’intervention, format d’intervention, zone géographique) permettent d’y référer. Diffusé au format .pdf, cet annuaire est à considérer comme un instantané : les informations qui y sont indiquées ne sont peut-être plus à jour et méritent donc d’être vérifiées.

Framasoft menant de front de nombreux projets, nous ne nous lancerons pas dans la mise à jour régulière des données qui composent cet annuaire. Mais en publiant les données brutes, nous permettons à la communauté d’en prendre connaissance pour proposer des modalités de recherche différentes et/ou la création de nouvelles interfaces y donnant accès, et potentiellement permettant de les mettre à jour.

Ces données brutes sont disponibles sous 2 formats. Le fichier Accompagner_au_numérique_donnees_brutes.csv contient les données brutes (séparateur : points virgules ; séparateur de chaînes de caractères : guillemets doubles). Le fichier Accompagner_au_numérique_donnees_brutes.ods est un fichier LibreOffice Calc reprenant ces mêmes données brutes, accompagnées d’un onglet « Glossaire », qui détaille les différentes réponses des questions à choix multiples (séparées par des virgules). Nous avons rédigé un document annexe à destination des personnes souhaitant exploiter les données brutes du questionnaire dans lequel nous avons précisé quelques aspects concernant leur utilisation.

La synthèse des réponses à l’enquête

Les résultats de l’enquête sont présentés dans une synthèse explicative des réponses. Ce sont les grandes tendances que nous avons saisies concernant le statut des intervenant·es, les publics touchés, ainsi que les domaines, formats et zones géographiques des interventions.

Les personnes ayant répondu à ce questionnaire sont pour  39% des bénévoles, pour 33% des professionnels et 27% pratiquent les deux formes d’intervention. Les accompagnements recensés s’adressent plutôt aux néophytes et aux utilisateur·ices quotidien·nes. Les domaines d’intervention les plus souvent cités font écho aux axes principaux d’actions de Framasoft : les alternatives aux GAFAM, les logiciels libres sur ordinateur personnel (plutôt que sur plateformes mobiles) et les outils collaboratifs. Les ateliers pratiques et les accompagnements personnalisés sont les formats d’intervention les plus recensés. Et nous savons désormais que 39% des répondant⋅es ont indiqué proposer des accompagnements en ligne, ce qui, dans le contexte actuel, est une information très utile.

Framasoft tient à remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont participé à cette enquête. Nous vous incitons vivement à faire connaître ce document en le partageant au sein de vos communautés. Et nous serions ravi⋅es que d’autres s’emparent à leur tour de cette question et envisagent, en utilisant les données brutes, de proposer des interfaces qui permettraient de mettre à jour facilement cet outil qui répond à une demande forte.




Désinformation, le rapport – 2

La traduction suivante est la suite et la continuation du travail entamé la semaine dernière sur le long rapport final élaboré par le comité « Digital, Culture, Media and Sport » du Parlement britannique, publié le 14 février dernier, sur la désinformation et la mésinformation.

Il s’agit cette fois de poser le décor. Participants, méthodes de travail, acteurs audités. Une bonne mise en bouche qui vous rendra impatient⋅e de lire les articles suivants.

Le groupe Framalang a en effet entrepris de vous communiquer l’intégralité du rapport en feuilleton suivant l’avancement de la traduction.

Vous trouverez le texte intégral en suivant ce lien vers le PDF original (3,8 Mo).

La traduction est effectuée par le groupe Framalang, avec l’aide de toutes celles et ceux qui veulent bien participer et pour cet opus :
Lumibd, maximefolschette, Alio, wazabyl, Khrys, serici, Barbara + 1 anonyme

Introduction et contexte

1. Le Rapport Provisoire du Comité DCMS, « Désinformation et infox », a été publié en juillet 2018 1. Depuis l’été 2018, le Comité a tenu trois audiences supplémentaires pour y entendre témoigner les organismes de réglementation du Royaume-Uni et le gouvernement, et nous avons reçu 23 autres témoignages écrits 2. Nous avons également tenu un “International Grand Commitee”3 en novembre 2018, auquel ont participé des parlementaires de neuf pays : Argentine, Belgique, Brésil, Canada, France, Irlande, Lettonie, Singapour et Royaume-Uni.

2. Notre longue enquête sur la désinformation et la mésinformation a mis en lumière le fait que les définitions dans ce domaine sont importantes. Nous avons même changé le titre de notre enquête de « infox » à « désinformation et infox », car le terme “infox” a développé sa propre signification très connotée. Comme nous l’avons dit dans notre rapport préliminaire les “infox” ont été utilisées pour décrire un contenu qu’un lecteur pourrait ne pas aimer ou désapprouver. Le président américain Donald Trump a qualifié certains médias de « faux médias d’information » et d’être « les véritables ennemis du peuple »4.

3. Nous sommes donc heureux que le gouvernement ait accepté les recommandations de notre rapport provisoire et, au lieu d’utiliser l’expression “infox”, il utilise l’expression « désinformation » pour décrire « la création et le partage délibérés de renseignements faux ou manipulés qui visent à tromper et à induire en erreur le public, soit dans le but de nuire, soit pour leur procurer un avantage politique, personnel ou financier »5.

4. Ce rapport final s’appuie sur les principales questions mises en évidence dans les sept domaines couverts dans le rapport provisoire : la définition, le rôle et les responsabilités juridiques des plateformes de médias sociaux ; le mauvais usage des données et le ciblage, fondé sur les allégations Facebook, Cambridge Analytica et Aggregate IQ (AIQ), incluant les preuves issues des documents que nous avons obtenus auprès de Six 4 Three à propos de la connaissance de Facebook de donnés de partages et sa participation dans le partage de données ; les campagnes électorales ; l’influence russe dans les élections étrangères l’influence des SCL dans les élections étrangères; et la culture numérique. Nous intégrons également les analyses réalisées par la société de conseil 89up, les données litigieuses relatives à la base de données AIQ que nous avons reçues de Chris Vickery.

5. Dans le présent rapport final, nous nous appuyons sur les recommandations fondées sur des principes formulés dans le rapport provisoire. Nous avons hâte d’entendre la réponse du gouvernement à ces recommandations d’ici deux mois. Nous espérons que cette réponse sera beaucoup plus complète, pratique et constructive que leur réponse au rapport provisoire publié en octobre 2018. 6 Plusieurs de nos recommandations n’ont pas reçu de réponse substantielle et il est maintenant urgent que le gouvernement y réponde. Nous sommes heureux que le Secrétaire d’État, le très honorable député Jeremy Wright, ait décrit nos échanges comme faisant partie d’un « processus itératif » et que ce rapport soit « très utile, franchement, pour pouvoir alimenter nos conclusions futures avant la rédaction du Livre Blanc » et que nos opinions fassent partie des considérations du gouvernement. 7 Nous attendons avec impatience le livre blanc du gouvernement dénommé Online Harms, rédigé par le Ministère du Numérique, de la Culture, des Médias et des Sports et le Ministère de l’Intérieur, qui sera publié au début de 2019, et qui abordera les questions des préjudices en ligne, y compris la désinformation. 8 Nous avons réitéré plusieurs des recommandations figurant dans notre rapport provisoire, demeurées sans réponse de la part du gouvernement auxquelles le gouvernement n’a pas répondu. Nous présumons et nous nous espérons que le gouvernement réponde à la fois aux recommandations du présent rapport final et à celles du rapport provisoire restées sans réponse.

6. Ce rapport final est le fruit de plusieurs mois de collaboration avec d’autres pays, organisations, parlementaires et particuliers du monde entier. Au total, le Comité a tenu 23 séances d’audiences, reçu plus de 170 mémoires écrits, entendu 73 témoins, posé plus de 4 350 questions lors de ces audiences et eu de nombreux échanges de correspondance publique et privée avec des particuliers et des organisations.

7. Il s’agit d’une enquête collaborative, dans le but de s’attaquer aux questions techniques, politiques et philosophiques complexes qui sont en jeu et de trouver des solutions pratiques à ces questions. Comme nous l’avons fait dans notre rapport provisoire, nous remercions les nombreuses personnes et entreprises, tant nationales qu’internationales, y compris nos collègues et associés en Amérique, d’avoir bien voulu nous partager leurs opinions et informations. 9

8. Nous aimerions également souligner le travail réalisé par d’autres parlementaires qui se sont penchés sur des questions semblables en même temps que notre enquête. Le Comité permanent canadien de l’accès à l’information, de la protection des renseignements personnels et de l’éthique a publié en décembre 2018 un rapport intitulé « Démocratie menacée : risques et solutions à l’ère de la désinformation et du monopole des données » 10 . Ce rapport souligne l’étude du Comité canadien sur la violation des données personnelles impliquant Cambridge Analytica et Facebook, et les questions concernant plus largement l’utilisation faite des données personnelles par les média sociaux et leur responsabilité dans la diffusion d’information dites fake news ou dans la désinformation . Leurs recommandations concordent avec bon nombre des nôtres dans le présent rapport.

9. La commission du Sénat américain sur le renseignement mène actuellement une enquête sur l’ampleur de l’ingérence de la Russie dans les élections américaines de 2016. Grâce à l’ensemble des données fournis par Facebook, Twitter et Google au Comité du renseignement, sous la direction de son groupe de conseillers techniques, deux rapports tiers ont été publiés en décembre 2018. New Knowledge , une société travaillant sur l’intégrité de l’information, a publié “The Tactics and Tropes of the Internet Research Agency” (La stratégie et la rhétorique de l’agence de renseignement sur internet), qui met en lumière les tactiques et les messages utilisés par ladite agence pour manipuler et influencer les américains, rapport qui inclus un ensemble de présentations, des statistiques éclairantes, des infographies et un présentation thématique de mèmes 11. The Computational Propaganda Research Project (Le projet de recherche sur la propagande informatique) et Graphikap ont publié le second rapport, qui porte sur les activités de comptes connus de l’Internet Research Agency, utilisant Facebook, Instagram, Twitter et YouTube entre 2013 et 2018, afin d’influencer les utilisateurs américains 12. Ces deux rapports seront intégrés au rapport du Comité du renseignement en 2019.

10. La réunion du Grand Comité International qui s’est tenue en novembre 2018 a été le point culminant de ce travail collaboratif. Ce Grand Comité International était composé de 24 représentants démocratiquement élus de neuf pays, incluant 11 membres du Comité du DCMS, qui représentent au total 447 millions de personnes. Les représentants ont signé un ensemble de principes internationaux lors de cette réunion. 13 Nous avons échangé des idées et des solutions en privé et en public, et nous avons tenu une séance de témoignage oral de sept heures. Nous avons invité Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, l’entreprise de média social qui compte plus de 2,25 milliards d’utilisateurs et qui a réalisé un chiffre d’affaires de 40 milliards de dollars en 2017, à témoigner devant nous et devant ce Comité ; il a choisi de refuser, par trois fois14. Cependant, dans les 4 heures qui ont suivi la publication des documents obtenus auprès de Six4Three – concernant la connaissance et la participation au partage de données par Facebook, M. Zuckerberg a répondu par un message sur sa page Facebook 15. Nous remercions nos collègues du “International Grand Commitee” pour leur participation à cette importante session, et nous espérons pouvoir continuer notre collaboration cette année.