Conseils pour bien préparer son hackathon autour d’un projet libre

L’équipe d’OpenHatch organise régulièrement des rencontres, ateliers, événements, sprints, hackathons, etc. invitant de nouveaux contributeurs à participer au développement de logiciels libres. Elle nous livre ici le fruit de son expérience.

L’enthousiasme et la motivation sont indispensables mais ne peuvent faire l’économie d’une solide organisation et réflexion en amont. Happy Hacking 🙂

Note : On remarquera que les deux livres cités en référence pour aller plus loin font partie de nos traduction Framabook : Libres conseils et Produire du logiciel libre.

 

OpenHatch team

 

Le guide de l’événement libre in situ

The In-Person Event Handbook

L’équipe OpenHatch – février 2014
(Traduction : Omegax, zak, François, Ju, MrTino, Wan, Asta, François, goofy, amha)

Faire en sorte que votre projet soit prêt pour de nouveaux contributeurs

Il semble que chaque jour apparaisse un nouvel atelier, hackaton ou autre sprint, où des projets open source sont invités à travailler avec de nouveaux contributeurs. À OpenHatch, nous avons nous-mêmes souvent organisé ce genre d’événements ! Nous avons découvert que pour en tirer un profit maximal, il est important de planifier les choses en amont. Expliquer vos objectifs, identifier les tâches appropriées, et tester l’organisation de votre projet sont autant de points indispensables pour aboutir à de belles réalisations et passer un bon moment. Ce travail a grandement amélioré nos expériences, et nous pensons qu’il mérite l’effort significatif qu’il mplique.

Nous avons créé ce guide pour aider les projets open source à se préparer pour ces événements. Nous avons utilisé notre propre projet, l’application web OpenHatch.org, comme un exemple dans ce qui suit. Au bas de la page, vous trouverez des aide-mémoires. Elles contiennent en condensé les conseils dispensés dans ce guide, et peuvent vous aider à monitorer vos progrès durant la phase de préparation de votre projet.

Les sources de ce guide sont libres. Un tas de merci à nos contributeurs. (Vous pouvez contribuer, vous aussi !)

Définir des objectifs

Vous devez être capable de présenter clairement vos objectifs pour l’événement, car cela donne à votre groupe une ambition générale à atteindre. Vous pouvez donc commencer par vous demander :

Quel est l’objectif global de votre projet ?

Il vous faut une réponse courte (un paragraphe ou moins) à cette question que vous pourrez utiliser pour attirer les contributeurs potentiels vers votre projet. Les détails, c’est bien joli, mais vous ne devriez pas avoir besoin d’être trop technique à ce moment là. À de nombreux événements, comme les sprints PyCon, on vous demandera un court résumé à exposer devant tout le monde. Pourquoi ne pas vous y préparer ?

Exemple :

L’objectif de OpenHatch est de rendre les communautés de logiciels libres plus accueillantes pour les nouveaux venus. Pour ce faire, nous fournissons documents et support logistique pour animer des ateliers « Introduction à l’open source », un site web avec des ressources libres, des « missions d’entraînement », un découvreur de talents parmi les bénévoles, et plusieurs autres projets en cours de réalisation.

Que voulez-vous accomplir à cet événement ?

Réfléchissez à ce que vous souhaitez voir spécifiquement réalisé lors de cet événement. Vous pouvez catégoriser ces objectifs selon les différentes parties du projet, si vous en avez plusieurs. Il devrait être spécifié clairement de quelle manière ces actions contribueront au progrès général du projet. Toutefois, il ne s’agit pas de « tâches » — il devrait être toujours nécessaire de diviser ces objectifs pour mieux les atteindre.

Il est utile de les lister en termes d’objectifs « principaux » et « étendus ». Avoir des objectifs principaux réalistes et bien définis vous donne quelque chose à célébrer à la fin de l’événement, tandis que les objectifs étendus ou secondaires vous permettent de prévoir le cas excitant où vous vous retrouviez avec une équipe nombreuse et efficace, capable d’accomplir une tonne de travail.

En général, il vaut mieux avoir trop d’objectifs que pas assez, mais priorisez-les. Lorsque vous arriverez à l’étape du découpage en tâches, prenez le temps de traiter en détail chaque objectif avant de passer au suivant.

Exemple :

  • Faire une nouvelle mission d’entraînement
    • Objectif principal : Choisir une compétence sur laquelle baser une nouvelle mission d’entraînement, et concevoir cette mission. En créer une maquette.
    • Objectif étendu : Implémenter la maquette et la faire tester par des volontaires de l’événement.
  • Faire le ménage dans le suivi de tickets
    • Objectif principal : Passer en revue l’outil de suivi, et étiqueter les tickets selon le « ménage » à y faire. Un bug doit-il être vérifié ? Un patch doit-il être testé ? Une demande de fonctionnalité doit-elle être être rattachée à un jalon ?
    • Objectif étendu : Utiliser ces étiquettes comme guide pour « faire le ménage » . Vérifier les bugs, tester les patches, etc.

Installation du projet

Dans notre expérience, la phase d’installation du projet est l’obstacle majeur à la participation. Nous avons vu (et conduit !) des événements où les participants passaient le plus clair de leur temps à seulement mettre en place leur environnement de développement et faire connaissance avec le projet. Si notre objectif est de permettre à de nouveaux venus de contribuer, tâchez d’estimer le temps qu’il faut pour installer votre projet. Puis trouvez un ami qui n’est pas familier avec votre projet pour voir combien de temps il faut vraiment. Vous pouvez aussi trouver quelqu’un pour vous aider à faire cela dans #openhatch.

Documenter et améliorer le processus à l’avance peut faire économiser du temps et de l’énergie à tout le monde. Si vous savez qu’une partie de votre projet sera inévitablement dévoreuse de temps, assurez-vous que tous les participants savent exactement à quoi s’en tenir.

Toutes les informations ci-dessous devraient être documentées dans un fichier LISEZ-MOI placé à la racine de votre dépôt. Vous pouvez également placer cette information dans une section « Vous voulez participer ? » sur le site web de votre projet, et/ou vous pouvez inclure un lien vers le LISEZ-MOI dans la signature de votre liste de diffusion ou dans la barre de statut de votre canal IRC.

Comment trouver une communauté et des mainteneurs pour le projet

Les informations des contacts devraient être explicitement affichées, étant donné que vous pourriez avoir des contributeurs éloignés ou des contributeurs qui voudraient démarrer en amont de l’événement. Les types d’informations de contacts peuvent inclure :

  • Un lien vers votre mailing-list ;
  • Votre nom de canal et de serveur IRC (avec le lien vers le guide pour installer IRC et le lien vers sa version webchat) ;
  • Les comptes de réseaux sociaux tels que Identi.ca, Twitter ou Facebook si votre projet en possède ;
  • Le contact des mainteneurs du projet, si vous vous sentez à l’aise pour le mentionner.

Si vous avez une préférence pour le type de prise de contact, précisez-le.

Exemple:

OpenHatch laisse en deux endroits des informations de contact que nous essayons le plus possible de garder à jour et en cohérence l’un avec l’autre. Il y a nos informations de contacts dans la documentation, référencées principalement depuis notre répertoire où sont déposés les codes sources, et nos informations de contacts dans le wiki, référencées à partir de la page d’accueil du site web.

La structure du projet

Décrivez la structure de base de votre projet. Quels sont les plus gros composants et où sont-ils situés ? Comment ces composants interagissent-ils ? Puis décomposez chaque partie. Vous n’avez pas à parler de chaque fichier ou sous-dossier de votre projet, mais prenez soin de ne pas prendre pour acquis que chaque nouveau venu comprendra le sens de tel script, ou la manière dont interagissent tels fichiers, ou dans quel langage est programmée telle partie du projet.

Selon la taille et la complexité de votre projet, cela peut être une tâche particulièrement imposante. Chez OpenHatch, nous travaillons toujours à documenter la structure complète du projet. Nous recommandons de commencer par une explication « en vue d’ensemble » de la structure projet – juste assez de détails pour remplir d’une demi-page à une page. Quand vous aurez plus de temps, vous pourrez rentrer dans le détail, en commençant par les parties du projet sur lesquelles les gens travaillent le plus souvent (ou qui sont plus susceptibles de faire l’objet de sprints ou de hackatons). Si vous utilisez d’autres frameworks ou librairies, vous pouvez gagner du temps en mettant des liens vers leur documentation et leurs tutoriels.

Exemple :

Une description d’ensemble de la structure du projet OpenHatch peut être trouvée dans « Project Overview ». Une description de la structure de OH-Mainline (le dépôt derrière notre site web) y est présente.

Comment mettre en place un environnement (« de développement ») local

Pour contribuer à votre projet, les gens ont généralement besoin d’une version locale du projet où ils peuvent faire des modifications et les évaluer. Plus votre guide d’installation/développement est détaillé et clair, mieux c’est.

Voici quelques éléments pour la mise en place d’un environnement de développement à mettre dans votre guide :

  • Préparer leur ordinateur
    • Assurez vous qu’ils connaissent bien les outils de leurs systèmes d’exploitation, comme le terminal / la ligne de commande. Vous pouvez le faire en donnant un lien vers un didacticiel et en demandant aux utilisateurs s’ils le comprennent bien. Souvent, de très bons didacticiels existent déjà, celui d’OpenHatch sur la ligne de commande est disponible ici.
    • Si les contributeurs doivent mettre en place un environnement virtualisé, accéder à une machine virtuelle ou installer un kit de développement en particulier, expliquez-leur comment faire.
    • Donnez la liste de toutes les dépendances nécessaires pour faire tourner le projet, et une explication pour les installer. Fournissez un lien vers de bons guides d’installation, s’il en existe.
  • Téléchargement du code source
    • Donnez des instructions détaillées sur comment télécharger le code source du projet, dont les obstacles et problèmes fréquemment rencontrés.
    • S’il existe plusieurs versions du projet, dites clairement quelle version ils doivent télécharger.
  • Comment voir / tester les changements
    • Expliquer aux contributeurs comment voir et tester les changements qu’ils ont effectués. Ceci peut varier selon ce qu’ils ont changé, mais faites votre possible pour couvrir les changements les plus fréquents. Cela peut être, tout simplement, afficher un document html dans un navigateur, mais ce peut aussi être plus compliqué.

L’installation pourra différer pour chaque contributeur en fonction de leur système d’exploitation. Vous aurez probablement besoin de créer des instructions séparées pour les utilisateurs de Windows, Mac et Linux, dans différentes parties de votre guide. Si vous entendez ne supporter le développement que pour un seul système d’exploitation, assurez-vous que cela soit dit clairement pour les utilisateurs,

Exemple:

Vous pouvez voir comment OpenHatch annonce cela dans son guide d’installation. Les instructions pour tester des changements peuvent être trouvées . Des tâches plus spécifiques peuvent avoir leur documentation additionnelle (par exemple la documentation concernant les différents changements du code).

Contributions et retours

Comment les contributeurs doivent-ils procéder pour amener leurs modifications au projet ? Est-ce qu’ils soumettent une pull request sur Github ? Doivent-ils générer un patch et l’attacher à un ticket sur le système de tickets ? Assurez-vous que cette information est explicitement fournie.

Example :

Le guide d’OpenHatch pour soumettre des changements peut être trouvé ici.

Il est aussi utile d’indiquer aux gens comment ils peuvent faire des retours/signaler des bugs sur le projet. Si votre projet n’a pas de système de suivi de tickets, envisagez d’en créer un. Sur Github, tous les dépôts disposent du système de tickets (bien que vous ayez à l’activer en allant dans Settings puis Features). Il y a beaucoup d’autres systèmes de suivi de tickets.

Si votre projet est de petite taille, vous pouvez ne pas avoir besoin ou ne pas vouloir de systèmes de suivi de tickets. Aucun problème. Le principal est que les contributeurs sachent comment vous remonter des informations.

Example :

Les problèmes avec le projet « Open Source Comes to Campus » peuvent être signalés ici. La plupart des autres problèmes liés à OpenHatch peuvent être signalés .

Les outils tels que le suivi de tickets sont très utiles pour communiquer de manière asynchrone. Ce n’est peut-être pas la solution la plus appropriée lors d’un événement physique. Si vous voulez changer les choses pour l’occasion – comme demander aux participants de vous notifier par IRC les liens vers les nouveaux tickets, pour éviter qu’ils ne passent entre les mailles du filet – assurez-vous de leur en parler !

Vérifiez votre documentation

Vérifiez que cette documentation est complète et effective en la testant auprès de personnes qui n’ont pas participé à votre projet auparavant. Pour chaque sytème d’esploitation, trouvez au moins une personne pour lire votre documentation, tenter d’installer, faire et tester des modifications et participer aux différentes modifications du projet (au choix de votre testeur, ces modifications peuvent être des faux changements ou des vraies tâches). Vérifiez que vos testeurs ont des compétences et/ou une expérience similaire à celle des nouveaux arrivants à votre évènement.

Si vous rencontrez des difficultés pour trouver des personnes pour vous aider, essayez la chaine #openhatch sur IRC.

Assurez-vous que tous les problèmes qui surviennent lors de ce processus de vérification soient intégrés à la documentation. Une fois que la documentation a été vérifiée, ajoutez une ligne au début de votre guide pour annoncer ce qui a été vérifié et quand.

Par exemple :

Instructions de l’environnement de développement testées avec succès sur Ubuntu 12.04 (le 03/10/2013), Mac OS X 10.8 (le 01/10/2013) et Windows XP (en janv. 2005). Vous pouvez consulter cette démarche à OpenHatch ici.

Idéalement, vous devriez vérifer que tout fonctionne : installer, faire des modifications, les tester et les intégrer. Si vous n’avez le temps que pour une seule de ces tâches, nous vous recommandons de vérifier l’intallation. Notre expérience nous a appris que c’est sur ce point qu’émergent la plupart des problèmes.

Définir les tâches des participants

Retournons aux objectifs de l’événement dont nous avons parlé dans la première section. Chaque objectif devrait être décomposé en étapes distinctes qui permettront de l’atteindre. Ces étapes sont les tâches à confier aux participants.

Ces tâches devraient inclure un résumé en anglais simple aussi bien que les informations sur la localisation des modifications (par exemple, quels fichiers ou fonctions sont altérés). Nous recommendons d’inclure une liste des compétences nécessaires (par exemple : compétences en design, Python basique) et des outils (par exemple: Développement sur environnement Mac). Il est aussi utile d’inclure le nombre estimé d’heures que la tâche va prendre, d’étiqueter certaines tâches comme plus ou moins importantes, et de marquer où quelle tâche est dépendante d’une autre.

Cela semble représenter beaucoup de travail mais cela devrait aider vos participants à trouver rapidement et facilement les tâches appropriées pour eux. Etant donné que l’un des objectifs principaux d’un événement en personne est de donner une expérience positive aux participants, nous pensons que cela en vaut la peine.

Créer un système pour suivre les tâches

Nous recommandons l’utilisation d’un wiki ou un document de planification similaire pour garder une trace des tâches. OpenHatch dispose d’un navigateur pour suivre les tâches que nous utilisons pour nos événements. Vous pouvez, si vous le souhaitez, faire un fork et l’adapter à votre projet ou événement ; cependant, nous vous recommandons d’attendre un peu, car nous allons bientôt faire de grosses améliorations. Quelque chose de très simple, comme un etherpad (NdT : ou Framapad), peut également faire l’affaire (ici, un cadre et un service exemple que vous pouvez utiliser).

Préparer les tâches

Pour vous rendre compte du nombre de tâches à préparer, nous vous recommandons de vous baser sur la durée de l’événement et le nombre de participants attendus pour prédire la charge en temps/homme de votre projet. Vous pouvez utiliser les estimations de temps que vous avez faites pour évaluer chaque tâche. Nous suggérons que vous prévoyiez 30% de plus que ce dont vous pensez que vous aurez besoin : il vaut mieux avoir trop que pas assez.

Exemple :

  • Objectif de base : parcourir l’interface et étiqueter les tickets selon le type de résolution nécessaire. Est-ce qu’un bug doit être vérifié ? Est-ce qu’un patch doit être testé ? Une fonctionnalité doit-elle être rattachée à un jalon ?
    • Tâche 1 : étiqueter les problèmes
      • Compétences et outils nécessaires : compétences de base en anglais, connaissance des concepts de vérification, tests, jalons…
      • Temps estimé : ~20 minutes par problème
      • Pour démarrer : prenez connaissance du suiveur de tickets, et comment il affiche les informations. (Voyez cette documentation.) Demandez un accès Administrateur pour pouvoir ajouter des étiquettes au suiveur.
      • Pour chaque problème : lisez la discussion relative à chaque problème, et identifiez où la communauté intervient dans le signalement de ce problème. Si c’est un bug non vérifié, ajoutez le label non vérifié. Si c’est un patch non testé, ajoutez l’étiquette patch non testé, etc. Si c’est une fonctionnalité qui n’est rattaché à aucun jalon, ajoutez l’étiquette jalon nécessaire.
  • Objectif étendu : utilisez les étiquettes comme un guide pour résoudre chaque ticket. Vérifiez les bugs, testez les patch, etc.
    • Tâche 1 : Vérifier les bugs
      • Compétences et outils nécessaires : compétences de base en anglais, et dans l’idéal connaître les machines virtuelles pour effectuer des tests sur plusieurs OS.
      • Temps estimé : 20 minutes par bug (variance élevée).
      • Pour démarrer : téléchargez l’environnement de développement et assurez vous que vous pouvez lancer le projet. Assurez vous que vous avez un compte sur Le suiveur de tickets et que vous savez ajouter des commentaires ou changer les étiquettes.
      • Pour chaque bug : essayez de reproduire le bug. Enregistrez les résultats dans un commentaire, avec des informations concernant le type de l’OS et sa version. Si possible, effectuez le test sur plusieurs navigateurs. S’il y a plusieurs commentaires récents sur les trois OS majoritaires, ajoutez l’étiquette prêt pour test par le mainteneur (NdT : ready_for_maintainer_review).

Quoi qu’il en soit, les participants doivent être rattachés à une tâche correspondant à leurs compétences et à leurs intérêts. Effectuer ce travail préparatoire fera démarrer les participants immédiatement plutôt que de les faire attendre que vous leur suggériez une tâche adéquate. Dans l’idéal, les organisateurs d’événements auront collecté des informations sur les compétences et intérêts des participants bien en amont, donc vous pourrez adapter la liste à votre groupe de contributeurs.

Rendre explicites les étapes de chaque tâche facilite l’entraide entre les participants. En identifiant clairement les compétences et concepts nécessaires, il devient plus facile pour les gens de dire : « Oh, je comprends comment faire ça ! Attends, je vais te montrer ».

Suite

Il est possible que les contributeurs ne puissent pas finir les tâches sur lesquelles ils travaillent pendant l’événement, ou qu’ils veuillent continuer à participer au projet en travaillant sur d’autres tâches. Penser en amont de l’événement à comment vous allez organiser sa suite rend plus facile l’échange d’informations avec les participants et la planification de la direction de votre projet.

Nous recommandons de demander à chaque participant de répondre aux questions suivantes à propos des tâches sur lesquelles ils ont travaillé. Donnez leur cette liste au début de l’événement : cela les aidera à documenter ce qu’ils font. Vous pouvez imprimer cette liste, l’envoyer par mail aux participants, faire un formulaire web, comme vous préférez.

Par exemple :

  • Pour chaque tâche sur laquelle vous avez travaillé, veuillez répondre aux questions suivantes :
    • Sur quelle tâche avez-vous travaillé ?
    • Veuillez documenter brièvement votre workflow. Quelles étapes, dans quel ordre, pourquoi ?
    • Où puis-je trouver le travail que vous avez réalisé pendant l’événement ? Ceci inclut le code, la documentation, les maquettes, et autres choses.
    • Si vous avez créé des comptes pour le projet, veuillez lister les sites et les noms des comptes. Enregistrez le mot de passe dans votre gestionnaire de mot de passes préféré, ou assurez vous que moi ou un autre mainteneur y aie accès.
    • Quels obstacles avez-vous rencontré en travaillant sur cette tâche ? Avez-vous des retours à me faire pour améliorer le processus pour les futurs contributeurs ?
    • Voudriez-vous rester impliqué dans ce projet ? Si oui, dans quelle mesure ?

S’il y a suffisamment d’enthousiasme pour continuer le travail, assurez-vous de rester en contact ! Nous suggérons que vous rassembliez les emails des participants intéressés et que vous les contactiez dans les 48 heures suivant l’événement. Dans votre email, remerciez-les pour leur aide et fournissez des informations sur comment rester dans la communauté par, par exemple, IRC ou des listes de diffusion.

Nous recommendons aussi de prévoir un rendez-vous suite à l’événement. Si vous êtes tous originaires de la même région, essayez de fixer une date après l’événement pour vous et votre équipe au café du coin, à l’espace de coworking, ou à une soirée-projet. Si vous êtes éloignés géographiquement, fixez une date pour vous rencontrer sur IRC ou sur Google Hangout. 2-3 semaines après l’événement est un bon créneau, toutefois cela dépend si vous et vous nouveaux contributeurs êtes très occupés.

Checklists

Merci de votre attention ! Pour vous aider à garder un oeil sur chaque étape, nous avons créé deux checklists pour vous. La version détaillée inclut tous les conseils ci-dessus. La checklist la plus courte inclut les conseils que nous pensons les plus importants. Nous vous recommandons de démarrer avec la cheklist la plus courte. Une fois que vous avez accompli correctement cette checklist, vous pouvez revenir et faire les étapes supplémentaires si vous avez le temps et l’énergie.

Pour voir et/ou imprimer les checklists, se rendre ici.

Remerciements

Merci à tous ceux qui ont contribué ou aidé au projet.

Contributeurs
  • Shauna Gordon-McKeon : maintenance, contenu
  • Ni Mu : design
  • Sheila Miguez : testeuse
  • Asheesh Laroia : testeuse
Pour aller plus loin



À propos du Festival des Communs en mai en Grèce

En mai prochain aura lieu la seconde édition du Festival des Commons à Héraklion sur l’île de Crète.

Nous avons choisi d’en traduire l‘à propos, pour illustrer cette dynamique des biens communs mentionnée dans un billet précédent. Et aussi pour parler un peu de la Grèce de manière positive 😉

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Le Festival des Communs – à propos

The Festival of the Commons – About

(Traduction : Isammoc, GregR, Diin, Scailyna, goofy, KoS)

Le Festival des biens communs (CommonsFest) est une initiative pour promouvoir la connaissance libreet la collaboration peer-to-peer pour la création et la gestion des biens communs. Une philosophie qui s’est propagée à travers les communautés du logiciel libre et s’étend à de nombreux aspects de notre vie quotidienne, tels que les arts, la gouvernance, la construction de machines, d’outils et d’autres marchandises. À travers une exposition, des conférences, des projections et des ateliers, le but du festival est de promouvoir et faire connaître les réalisations de cette philosophie au public et de faire un premier pas vers de plus amples adoptions.

Aujourd’hui, il existe un monde où la liberté de la connaissance et de l’art est une réalité, et où les opinions sont exprimées et débattues librement afin que les décisions soient prisent collectivement. Un monde où le bien commun est plus important que le profit individuel, où il existe un respect des ressources naturelles et de la dignité humaine, un monde où l’argent n’est qu’un moyen de subvenir à nos besoins. Dans ce monde, vous pouvez librement faire pousser ce qui va vous nourrir, remixer une chanson, donner votre avis à propos d’un projet de film, améliorer les plans de conception d’un tracteur, écrire un article d’une encyclopédie, participer à une procédure de décision politique ou assister gratuitement à des cours à l’université. Un monde où vous pouvez construire une maison, subvenir à vos besoins en échangeant des biens et des services avec vos amis.

Au cours des dernières décennies, le développement des communautés du logiciel libre ont ont ouvert de nouvelles voies à la créativité, basées sur la collaboration et l’échange libre de connaissances. Ensuite sont arrivées des communautés ouvertes peer-to-peer qui ont donné l’impulsion pour que soient diffusées ces idées dans de nombreux aspects de la vie en dehors du spectre numérique. Elles témoignent au quotidien que le modèle peer-to-peer peut fournir une gestion plus équitable et plus efficace dans la vie quotidienne.

Ce modèle repose sur un certain nombre de caractéristiques essentielles de ces communautés. Les plus importantes sont le partage et la collaboration autour d’un cadre où chaque participant contribue selon ses capacités et reçoit selon ses besoins, ce qui aboutit à rendre la connaissance disponible à tous pour le bien commun. Une autre caractéristique importante, pour laquelle la création et le développement d’Internet ont joué un rôle clé, c’est que les communautés n’ont pas besoin d’un lieu commun mais peuvent être dispersées aux quatre coins du globe. Ainsi, des personnes de divers endroits peuvent collaborer à un projet commun en communicant par des moyens numériques les uns avec le autres. Travailler dans un processus de prise de décision non hiérarchique s’oppose à la concentration du pouvoir entre les mains de quelques individus avec tous les problèmes que cela implique. Cette méthode d’organisation peer-to-peer (p2p) a créé de nombreux produits caractérisées par le fait de n’être ni privés ni étatiques. On appelle ces productions des « biens communs ». Ces biens communs sont librement accessibles à tous, fondée sur la base d’un ensemble d’autorisations qui régissent leur utilisation, comme les Creative Commons (CC) ou la Licence Publique Générale (GPL).

Il existe de bons exemples de production open source et pair-à-pair au-delà du champ des biens digitaux numériques. comme les machines-outils qui sont proposées par le projet Open-Source Ecology (NdT : Écologie open-source) ou les imprimantes 3D comme Rep-Rap. Des plans libres pour fabriquer son logement tels que WikiHouse ou la prometteuse voiture Wikispeed sont d’autres exemples, de même que les recettes sans brevet pour des boissons comme Free beer (NdT : Bière libre) et OpenCola (NdT : cola-ouvert).

Les efforts pour sauver les semences traditionnelle et pour dépolluer les terrains saturés d’engrais et pesticides chimiques ont développé un réseau de connaissances que tout le monde peut suivre pour satisfaire ses besoins nutritionnels, en respectant l’environnement naturel et le travail humain. Le retour à des manières plus naturelles de construire, couplé à la recherche sur les sources d’énergies renouvelables, a ouvert de nouveaux horizons à la construction de maisons écologiques et en autonomie énergétique,ce qui constitue un pas de plus vers la gestion communautaire équitable et durable. Si on ajoute le mouvement DIY (Do-It-Yourself, Faites-le vous-même NdT) à tout cela, alors on se rend compte de la quantité impressionnante de connaissances accessibles qui peut couvrir une grande part, si ce n’est la totalité, de nos besoins quotidiens.

Tout cela pourrait en fait devenir une proposition d’organisation alternative de la société (finances comprises) car nous pouvons nous rendre compte que l’actuel système de recherche du profit ne satisfait pas les besoins de base de la majorité de la population mondiale. D’autres communautés pourraient nous apporter leur expérience de plusieurs années dans l’élaboration d’un modèle différent et plus performant pour satisfaire leurs besoins. Dans le même temps, nous constatons l’impact des groupes collaboratifs tout autour de cette mouvance qui pourrait définir en quelques mots l’économie sociale et solidaire. Ce sont pour l’essentiel et pour le moment des tentatives expérimentales qui s’accumulent avec le temps, mais qui sont des expériences précieuses de collaboration et de solidarité.

Il est évident que le passage d’une société conduite par le profit vers un système de gestion peer-to-peer ouvert ne peut pas être réalisé en un jour. Mais créons des petites structures de production pour les biens communs, là où les conditions le permettent, afin que les petits ruisseaux deviennent grandes rivières. Nous voulons que le « Festival des biens communs » soit un pas de plus dans cette direction.




Les Communs, candidats aux municipales : 16 propositions pour tout de suite

A l’automne dernier le Réseau francophone autour des biens communs avait organisé avec succès la manifestation collective Villes en Biens Communs à laquelle Framasoft avait massivement participé.

A l’approche des élections municipales le réseau a produit une plateforme comportant 16 propositions afin de sensibiliser le politique sur le sujet (lien direct vers le pdf). On remarquera que « Faire le choix des logiciels libres » fait partie du lot.

« Ni État, ni marché, on parle beaucoup des biens communs, voire des communs tout court actuellement. Ils fournissent en effet une pertinente grille de lecture et de rassemblement pour une partie émergente de la société qui, dans un monde en crise, pousse vers plus de coopération et de partage.
C’est pourtant une notion qui n’est pas toujours bien comprise, parce qu’elle se différencie du « bien public » et qu’il n’existe pas de bien commun en soi. On parlera en effet de communs lorsqu’une communauté décide de gérer une ressource de manière collective dans une optique d’accès et d’usages équitables et durables.
Ainsi la gestion de l’eau ne peut être un bien commun quand, dans un territoire donné, elle est confiée par un acteur public à un acteur privé. Ainsi le logiciel ne peut être considéré comme un commun que lorsqu’il est libre. »

Citation extraite de l’article Pour que le domaine public soit pleinement un bien commun sur Romaine Lubrique.

Pour aller plus loin nous vous suggérons la lecture de La Renaissance des Communs, dont nous avons mis en ligne la préface.

Et puisqu’on parle de biens communs, voici une vidéo réalisée à Montréal en avril dernier, intitulée Internet bien commun, une utopie nécessaire à notre imaginaire collectif, en présence, pour nous, d’Alexis Kauffmann (qui avait raconté son périple ici).

Les Communs, candidats aux municipales : 16 propositions pour tout de suite

Le Réseau francophone autour des biens communs relie des acteurs qui défendent les Communs. Ceux-ci représentent à la fois une alternative et un complément aux approches pilotées par le marché et/ou par la puissance publique. Les Communs sont le fruit de l’action collective, quand les citoyens s’engagent et se responsabilisent.

A l’occasion des élections municipales, le réseau ouvre une première série de 16 propositions dont les candidats sont invités à s’emparer. Chaque proposition est illustrée par quelques exemples qui montrent que c’est possible ici et maintenant. Le réseau a organisé en octobre dernier le mois des Communs dont vous trouverez le site ici : http://villes.bienscommuns.org/. et qui peut être contacté à contact.vebc@bienscommuns.org.

N’hésitez pas à les relayer autour de vous et à les faire connaître à vos candidats.

Introduction

Les Communs existent quand l’action collective vient transformer une ressource en un moteur de cohabitation, de démocratie et de co-construction d’un futur partagé.

En proposant de ne pas réduire la lecture du monde à une approche binaire entre marché et puissance publique, les Communs ouvrent une nouvelle perspective politique. En s’appuyant sur la capacité des communautés, collectifs citoyens, à porter de l’innovation et de la transformation sociale, les Communs sont susceptibles d’enrichir nos démocraties représentatives et de contribuer aux transitions que nos sociétés doivent inventer.

Les Communs sont porteurs d’une vision d’une société solidaire et créative. Ils offrent aussi des outils pour l’action dans les territoires.

Les municipalités constituent un espace privilégié d’expérimentation concrète de l’apport des Communs dans la société. Une politique des Communs à l’échelle des villes, c’est accentuer la participation des habitants et créer une dynamique collective pour agir et décider ensemble. Les 16 propositions qui suivent constituent des briques élémentaires, issues d’expériences qui méritent d’être étendues. Elles peuvent aider à définir, appuyer ou intensifier une politique des Communs à l’échelle des villes.

Ni programme, ni revendications, les propositions suivantes ont pour raison d’être de montrer le dynamisme de communautés existantes, et de souligner combien une politique publique pourrait créer un terreau favorable à son extension. Elles sont structurées en trois ensembles, selon le rôle que peut jouer la municipalité dans cette mise en action des Communs. Chaque proposition est illustrée d’exemples, tirés d’une liste bien plus longue d’initiatives municipales.

Nous invitons les candidats aux Municipales à s’emparer de ces propositions dans leurs programmes électoraux et les futurs élus à convertir ces propositions en actions. Nous invitons les citoyens à utiliser ces propositions pour faire leur choix électoral, et dans tous les cas pour s’emparer ici et maintenant de ces idées de pratiques collaboratives.

A/ La municipalité productrice de Communs

La municipalité peut activement contribuer à nourrir une sphère des Communs, ensemble de ressources qui ne sont ni la propriété de la puissance publique à proprement parler, ni soumise à un régime de propriété privée propre à la sphère du marché, mais régies par un bouquet de droits distribués entre les différents acteurs de la société.

De plus, les municipalités ont en gestion le domaine public. En faire partager l’usage, la maintenance et la promotion par des citoyens actifs permet de faire vivre ce domaine public, de le transformer en Commun, garantissant ainsi qu’il sera bien au service de tous.

1. Des archives et des fonds de bibliothèques et de musées du domaine public numérisés en libre accès

Contexte :

Certaines bibliothèques et musées disposent de fonds patrimoniaux dans le domaine public qui sont de plus en plus souvent numérisés. Il en va de même pour les oeuvres conservées par les services d’archives. Cette numérisation donne tout son sens aux politiques culturelles puisqu’elle allie une logique de conservation à un impératif de diffusion en permettant à tout un chacun d’accéder à distance à des contenus depuis n’importe quel point du globe. Tous ces contenus numériques sont autant de biens communs lorsqu’ils sont appropriés par des communautés locales et/ou en ligne. Le travail de médiation sur place et à distance peut alors s’appuyer sur ces communautés pour rendre le patrimoine vraiment commun.

Proposition :

La véritable valorisation du patrimoine, des archives locales et du domaine public numérisé passe par la capacité des citoyens à s’en emparer, faire circuler la culture et partager les savoirs. Mettre de tels documents numérisés librement en ligne et en faire l’objet de politiques de médiation active sont nécessaires à cette valorisation. Le domaine public ne peut faire l’objet de droit nouveaux ; ce qui est dans le domaine public doit y rester dans sa version numérisée. Les municipalités peuvent s’en porter garant en utilisant dans les institutions culturelles qui dépendent de sa gestion des instruments qui ne rajoutent pas de nouvelles couches de droits sur le domaine public numérisé. Cela signifie que toutes les formes de réutilisation doivent être autorisées, y compris dans un cadre commercial pour enrichir un fonds commun. Il s’agit de favoriser une appropriation la plus large possible des biens communs issu du domaine public.

Exemple :

Le site Les Tablettes rennaises, bibliothèque numérique diffusant le patrimoine numérisé de la Ville de Rennes (fr) est ouvert. Les utilisateurs sont désormais autorisés à partager et réutiliser librement les documents numérisés, par le biais de la Marque du Domaine Public, indiquant que les oeuvres ne sont plus protégées par le droit d’auteur.

2. Des contenus produits par la municipalité réutilisables librement pour nourrir les Communs volontaires


Contexte :

Une municipalité produit une multitude de contenus (photographies, films, textes…) pour ses activités régulières (journal municipal, site web de la ville, événements…). Restreindre la circulation de ces contenus par un régime de droits réservés, est à la fois incohérent au vu de leur mode de financement sur fonds publics, et inefficace en termes économiques et culturels : ils privent la société de ressources sur lesquelles bâtir de nouvelles productions, et les citoyens de moyens de vivre leur ville en faisant circuler et en adaptant les contenus municipaux.

Proposition :

Une fois leur fonction première remplie et sans attendre que les droits d’auteur associés s’épuisent, les œuvres produites par ou pour la municipalité peuvent être libérées avec une licence de type Creative Commons, enrichissant ainsi les Communs volontaires.

Exemple :

La ville de Brest publie ses contenus écrits en Creative Commons

3. Une politique active d’ouverture de données sous licence partage à l’identique

Contexte :

De nombreuses municipalités françaises ont lancé une politique d’ouverture de données, mettant à disposition de réutilisateurs – entreprises, citoyens, associations, administrations… – des informations à forte valeur sociale et économique. Ces données ouvertes contribuent à nourrir un espace de données en Communs.

Proposition :

Nous invitons les villes qui n’ont pas encore mis en place une politique d’ouverture des données à franchir le pas et à choisir une mise à disposition accompagnée d’une licence incluant une obligation de partage à l’identique. Une telle licence permet à chacun d’utiliser et de modifier ces données, à condition d’en citer la source, et de garantir que les données modifiées resteront elles aussi ouvertes. Cette obligation permet d’éviter que les données soient enfermées dans des services propriétaires et assure que cet ensemble de données « en Commun » continue de s’enrichir. À l’heure ou la question de la donnée devient un enjeu central à la fois en termes économiques et de libertés, il est essentiel qu’une sphère de la donnée partagée et réutilisable soit protégée et enrichie. Quand les données sont produites par un prestataire sur une commande publique, il est nécessaire de mentionner la licence dès la rédaction des appels d’offre.

Exemples :
  • La Ville de Rennes a été la première en France à lancer une politique d’ouverture des données. Aujourd’hui de nombreux jeux de données sont à disposition des tiers (transport, espaces verts, équipements…). La municipalité a fait le choix de la licence OdBL qui impose une réutilisation à l’identique.
  • Le département de Saône-et-Loire a ouvert ses données et a été plus loin en intégrant des outils de visualisation qui permettent aux citoyens d’en comprendre le sens et d’en produire leur propre interprétation.

4. Favoriser la circulation des informations par la mise à disposition d’accès internet ouverts dans les espaces et bâtiments publics

Contexte :

L’accès à internet a été reconnu par le conseil constitutionnel comme un droit fondamental. Ouvrir un tel accès à tous, gratuitement, dans les lieux publics est une garantie d’équité sociale. Il favorise également l’entraide et la collaboration entre usagers pour pallier les difficultés et le manque d’expérience. Hors de leur domicile, les habitants ont de plus en plus besoin de se connecter pour accéder aux applications en ligne, échanger et produire des informations et accéder à une multitude de services publics ou privés.

Proposition :

Faciliter l’accès de tous à l’internet via des accès ouverts. Les accès filaires peuvent être mis à disposition par les municipalités dans les espaces et bâtiments publics. Quand l’accès wifi est choisi, l’utilisation d’émetteurs de faible puissance est à privilégier pour limiter les effets sur la santé.

Exemple :

La ville de Bordeaux a équipé ses rues et bâtiments publics d’un réseau wifi ouvert et gratuit.

B/ La municipalité coproductrice de communs avec les citoyens

Les habitants ne sont pas uniquement des « consommateurs » de services publics ou privés, mais peuvent être coproducteurs à la fois de la conception du développement de leur ville, mais aussi de ses facilités essentielles. En voici trois exemples.

5. Un espace public co-designé avec les habitants, pilier d’une gouvernance contributive

Contexte :

Alors que le principe de la participation des habitants a fait son entrée dans la politique française dès 1988, et vient d’être réaffirmé et renforcé dans la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine adoptée en novembre dernier, on observe une difficulté récurrente à rendre ce principe effectif, au-delà d’une simple consultation. L’espace public, espace en commun par essence, et plus globalement les projets de développement urbain, peuvent faire l’objet d’une co-conception, en s’appuyant sur des outils numériques, en ligne et hors ligne.

Propositions :
  • Systématiser les dispositifs de co-construction des projets de développement urbain, de manière à ce que l’espace public soit véritablement coproduit par la municipalité et ses habitants.
  • Considérer les habitants comme des forces de proposition, soit par leur activité dans les périodes de consultation, soit par l’analyse de leurs pratiques quotidiennes pour s’approprier l’espace public.
  • Développer les budgets participatifs.
Exemples :
  • IMakeRotterdam : la municipalité de Rotterdam a invité les habitants à des projets pour la revitalisation de la ville qui ont, après présélection, été soumis au vote des citoyens.
  • La ville d’Unieux (42) et son système d’écoute citoyenne pour optimiser les doléances des habitants, en lien avec les services municipaux :
  • Le réaménagement de la Place de la République à Paris s’est appuyé sur une concertation durant les trois années du projet avec les usagers de la Place et les habitants des 4 arrondissements limitrophes

6. Une information sur la ville coproduite avec les habitants

Contexte :

De longue date, les municipalités tendent à produire de façon centralisée (ex : bulletin municipal) pendant que les citoyens construisent des médias alternatifs (radios et télés locales…) pour refléter leurs préoccupations, l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et de leur ville, et créer du lien social. Une troisième voie envisage la fourniture d’information sur la ville comme une coproduction municipalités/habitants, en dépassant les logiques de silos. Il peut s’agir d’informations cartographique, de mise en valeur d’un territoire, de rendre accessibles les informations sur la qualité de l’air ou la détection de problèmes. Cette information coproduite est un Commun.

Proposition :

Généraliser les espaces et les outils numériques permettant de coproduire de l’information sur la ville par les habitants et la municipalité.

Exemples :
  • Wiki – Brest, site collaboratif du patrimoine et du vivre ensemble à Brest et au Pays de Brest
  • FixMystreet, expérience anglaise, permet de faire remonter les problèmes urbains et territoriaux aux institutions municipales, une idée reprise au Sénégal par Nanuyeggle
  • Le medialab de la ville de Madrid héberge le projet The Data Citizen Driven City qui permet aux habitants de produire de l’information sur la qualité de l’air de leur ville
  • La région Nord Pas de Calais a réalisé des fiches, donnant des exemples d’outils numériques à même de favoriser une participation démocratique citoyenne

7. Renforcer l’investissement citoyen face au changement climatique

Contexte :

Le changement climatique global va profondément modifier notre environnement et nos modes de vie. Déjà des épisodes extrêmes et désordonnés ont des effets repérables (inondations, sècheresses, tempêtes…). L’impact économique du changement climatique est sensible au lendemain de chaque épisode majeur.

Les municipalités peuvent intervenir pour favoriser l’action des citoyens afin d’atténuer les changements climatiques (nouvelles formes de production et de consommation d’énergie) et nous permettre de nous adapter au nouveau régime climatique (évacuation des eaux en cas de fortes précipitation, éviter les pics d’ozone, rendre la ville supportable lors de canicules,…).

De plus, Les habitants en direct ou via des outils de finance citoyenne, les collectivités, des opérateurs privés, des banques issues de l’ESS (économie sociale et citoyenne) s’associent pour se réapproprier la production d’énergie renouvelables sur leur territoire

Propositions :
  • Associer habitants, collectivités, entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire dans des projets de production énergétique renouvelable et locale, dans une démarche de décentralisation de la production et des décisions. Utiliser des formes de financement innovantes et participatives pour engager les profonds changements nécessaires.
  • Développer l’éducation populaire pour favoriser la prise de conscience des enjeux du climat et le transformer en un Commun afin que tous aient à cœur d’en protéger le caractère tempéré.
  • Favoriser les circuits courts dans toutes les activités dépendant de la municipalité, mettre en œuvre le partage des moyens de transport et les transports publics.
Exemples :
  • Création du parc éolien des Landes du Mené, centre Bretagne. La municipalité avec les habitants utilise un financement participatif avec la mise en place de Cigales
  • Energie Partagée est un mouvement qui accompagne, finance et fédère les projets citoyens de production d’énergies renouvelables et de maîtrise de l’énergie.
  • Les « Villes en Transition » adoptent une démarche pour passer « de la dépendance au pétrole à la résilience locale » http://villesentransition.net/ Au Pays Basque, l’association Bizi a présenté un “Pacte de transition énergétique” avec des propositions concrètes. Il a été validé par plus de 30 listes pour les municipales de 2014

8. Des jardins partagés au “guerilla gardening” : remettre la nature en Commun dans la ville

Contexte

Les habitants se mobilisent de plus en plus pour ouvrir dans leurs quartiers, leurs villages, des espaces naturels – jardins partagés, potagers dans des bacs en ville, murs et toits végétalisés… Certaines démarches sont portées par des associations, d’autres impulsées par les municipalités, d’autres encore poussées par les habitants comme une forme de résistance civique. Tous contribuent à leur manière à réintroduire la nature comme Commun dans l’espace urbain.

Propositions :
  • Officialiser l’autorisation pour les habitants d’investir les espaces abandonnés, ou négligés de la ville pour les transformer en jardins, aussi petits soient ces espaces.
  • Développer l’éducation populaire autour des jardins partagés (méthodes culturales, alimentation liée aux saisons…).
Exemples :

9. Des réseaux d’accès à internet collaboratifs et ouverts

Contexte :

Si dans les grandes villes, le marché a su offrir une couverture territoriale assez complète en réseau haut débit, de nombreuses villes secondaires et zones rurales restent peu ou mal desservies, créant des inégalités de développement entre les territoires, problématique qui risque de se renouveler avec l’arrivée du très haut débit. Dans certaines villes, les habitants s’auto organisent pour partager de la ressource réseau et proposent ainsi une offre alternative, complémentaire, gérée sur un mode collectif de l’accès à internet.

Proposition :

Reconnaître ces réseaux d’accès citoyens comme des opérateurs à part entière, leur garantir un raccordement aux backbones nationaux, et participer à leur cofinancement. Au-delà des réseaux, les municipalités peuvent prendre part à l’offre de services : fermes de services permettant aux habitants et associations de disposer d’adresse courriel, de listes de diffusion, de blogs, d’hébergement multimédia (cf. Maison du libre) et de lieux d’accès publics de proximité.

Exemples :
  • Guifi.net est un réseau de télécommunications communautaire, libre, ouvert et neutre, principalement sans-fil, lancé en Catalogne. Les nœuds du réseau sont créés par des individus, des entreprises et des administrations sur la base du volontariat. Le réseau est auto-organisé et s’appuie sur des liaisons sans fil et des liaisons optiques ouvertes. Guifi.net a le statut d’opérateur reconnu par l’autorité de régulation espagnole et est soutenu par certaines municipalités.
  • La fédération FDN qui regroupe des Fournisseurs d’Accès à Internet associatifs – par exemple à Toulouse Montataire qui a fibré sa commune, proposé aux habitants un réseau moins cher que le FAI privés

10. Soutenir l’émergence citoyenne de monnaies complémentaires

Contexte :

« Pour relever les défis sociaux et environnementaux de notre époque, le système monétaire devrait être fondé sur le principe de la complémentarité des monnaies. Une telle organisation serait plus résiliente aux tempêtes spéculatives que la « monoculture monétaire » actuelle, et plus à même de soutenir le développement endogène des territoires. » (Wojtek Kalinowski – Institut Veblen)

La monnaie locale complémentaire est à la fois un bien commun et un outil de transformation sociale à l’échelle locale. De nombreuses collectivités territoriales et collectifs associatifs locaux désireux de renforcer le lien social et la participation citoyenne dans l’économie territoriale s’en saisissent.

Propositions :

Initier un processus consultatif sur l’économie locale et le rôle qu’une monnaie complémentaire pourrait jouer pour la renforcer. Impliquer toutes les parties prenantes : associations, entreprises locales, experts… Animer le débat local sur la monnaie comme un bien commun. Au terme des consultations avec les parties prenantes, et si les résultats sont positifs, inscrire dans le budget local une expérimentation de création d’une monnaie locale. Prévoir et voter un budget de cautionnement par la municipalité.


Exemples :
  • Le WIR en Suisse utilisé par 50 000 PME et autorisé par l’Etat avec le statut d’institution bancaire. Son effet contra-cyclique a été démontré : confrontées au resserrement du crédit et à la crise de liquidité, les PME suisses augmentent leurs transactions en WIR ; lorsque la conjoncture s’améliore, elles reviennent au franc suisse.
  • Les monnaies locales créées par les collectivités : le SOL Violette à Toulouse, bientôt le “SoNantes” à Nantes, le Torekes à Gand (Belgique)… ;/ ;
  • Les Accorderies au Québec et maintenant en France : exemple de monnaie temps et de banque temps. Chaque Accordeur dispose d’un « compte-temps » qui comptabilise au débit les dépenses, c’est-à-dire les services reçus, et au crédit les recettes par les services rendus.
  • Les SEL– systèmes d’échanges locaux http://selidaire.org/spip/

C/ La municipalité, soutien et facilitatrice des Communs

Les actions portées par les Communs et celles portées par les acteurs publics ne sont pas antinomiques, bien au contraire. Les uns et les autres participent d’une co construction de l’intérêt général et peuvent s’épauler mutuellement. La puissance publique a souvent intérêt à soutenir les acteurs des Communs qui s’auto organisent plutôt qu’à porter les actions en direct ou à les déléguer à des acteurs du marchés qui répondent à d’autres logiques.

11. Faire le choix des logiciels libres

Contexte :

De plus en plus de municipalités ont fait le choix de s’équiper de logiciels métiers en logiciel libre. Ce choix leur permet de s’affranchir de fournisseurs pour lesquels ils doivent payer des licences annuelles, dont les solutions propriétaires interdisent ou limitent fortement les migrations en cas de meilleure offre ou de faillite du fournisseur. De plus cela permet aux municipalités de mutualiser les coûts d’investissement pour le développement de nouveaux logiciels. Au-delà des logiciels métiers, les suites bureautiques libres (Open Office, Libre Office…) répondent généralement aux besoins d’une administration. En faisant le choix du libre, les municipalités participent également au développement de Communs immatériels.

Proposition :

Systématiser la migration des logiciels des villes vers le logiciel libre lorsque des offres de qualité équivalente ou supérieure aux offres propriétaires existent et les commandes publiques groupées entre plusieurs villes de nouveaux logiciel afin de réaliser des économies d’échelles. Inclure autant que possible une clause en ce sens dans les appels d’offres, de manière à ce qu’un logiciel financé par une collectivité crée du bien commun. Un accompagnement des fonctionnaires par de la formation aux outils libres doit être prévu.

Exemple :
  • Adullact, association travaillant à la mutualisation de solutions libres pour les collectivités territoriales françaises
  • L’April relance sa campagne Candidats.fr pour les élections municipales 2014 avec le Pacte du Logiciel Libre, qui référence plusieurs initiatives

12. Utiliser et alimenter des fonds cartographiques ouverts

Contexte :

Les fonds cartographiques sont couramment utilisés sur le Web. Aujourd’hui le marché est dominé par un acteur privé en situation quasi monopolistique qui a construit son modèle économique sur le recueil de données et leur monétisation, et qui ne permet pas aux internautes d’améliorer l’outil. Une alternative libre existe, qui permet au contraire la coproduction d’informations par les utilisateurs, OpenStreetMap.

Proposition :

Une politique municipale en matière cartographique peut s’appuyer sur 3 piliers :

  • diffuser les cartes produites par la ville sous licences libres et en formats ouverts
  • rendre accessibles et utilisables les données cartographiques telles que toponymie, inventaire patrimonial, emplacements des établissements recevant du public, dispositifs liés à la sécurité comme les défibrillateurs ou bornes à incendie
  • Soutenir l’essor d’OpenStreetMap en incitant les acteurs de la ville (employés municipaux, habitants, gendarmerie…) à contribuer à améliorer la carte, en encourageant les cartoparties qui forment les habitants à la contribution à OpenStreetMap, et en utilisant systématiquement la solution libre dans les sites Web des villes.
Exemples :
  • Cartopartie de la ville de Montpellier http://tinyurl.com/o6rkvlb
  • Utilisation d’OpenStreetMap par la ville de Metz
  • Carte de Plouarzel enrichie par les pompiers
  • Dessine ta ville à Digne-les-Bains
  • Projet Sanikart – FunLab Tours : enrichissement des données OpenStreetMap avec les citoyens, modélisation en 3d sous blender, importation sur tuxcart (mario kart libre sous linux), puis jeu projeté sur la façade d’un immeuble du quartier, et joué par les habitants

13. Mailler le territoire de tiers-lieux susceptibles d’accueillir et faire fructifier l’innovation sociale et le débat citoyen

Contexte :

Les initiatives citoyennes porteuses d’innovation sociale, capables de répondre à des besoins auxquels ni le marché ni la puissance publique ne sont en mesure de fournir des solutions satisfaisantes, fleurissent dans les territoires. Porteuses de sens, elles participent de la création de lien social, de débat public et de valeur qui, pour être le plus souvent non monétisable, n’en est pas moins essentielle. Ce faisant, elles participent à la construction de Communs. Ces initiatives auto organisées, formelles (associations, coopératives…) ou informelles ont besoin de s’appuyer sur des lieux partagés dans lesquels faire grandir leurs initiatives. Ces tiers-lieux sont aussi le lieu de nouveaux apprentissages pour permettre aux habitants d’être plus actifs et impliqués dans la vie de leur ville.

Propositions :
  • Multiplier l’ouverture de lieux métissés (fablabs, livinglabs, EPN…) ou utiliser des lieux existants et prisés d’un large public (bibliothèques, piscines, musées, maisons pour tous…) pour expérimenter et se former. Dans de tels lieux vont se croiser acteurs associatifs, makers, créateurs d’entreprise, coworkers…
  • Les pratiques élaborées dans ces lieux peuvent se diffuser auprès des populations par des démarches « hors les murs » (ex : bibliothèques de rues, de squares…)
  • Soutenir la multiplication des ateliers participatifs, formations, susceptibles de participer à une montée en compétence des habitants en dehors des espaces formels d’apprentissage, dans une logique de renouvellement de l’éducation populaire à l’heure numérique, s’appuyant le cas échéant sur des dispositifs d’enseignement collaboratif à distance.
  • Favoriser la mise en réseau des innovations sociales d’un territoire, en encourageant leur réutilisation (recettes libres) et le remix (biblioremix, museormix, copy party…)
  • Participer à la diffusion d’une culture des communs et des droits d’usages élargis dans le cadre de la politique d’éducation populaire de la formation du personnel municipal et de l’accompagnement des associations.
Exemples :

14. Développer l’habitat participatif et groupé

Contexte :

Aujourd’hui, les municipalités et les aménageurs cèdent le foncier à des promoteurs pour produire des copropriétés et des lotissements de maisons individuelles et à des bailleurs sociaux pour créer des logements sociaux. Ces 2 types d’habitat peinent à créer du lien social et produisent un urbanisme qui tend à s’uniformiser et des villes qui s’étendent sur des terres agricoles en accentuant la consommation énergétique.

Proposition :

Réserver une partie du foncier constructible à l’habitat participatif, tiers secteur de production du logement. Intermédiaire en termes de prix, générateur de liens sociaux, l’habitat participatif permet également une forte amélioration de la qualité architecturale grâce à la conception réfléchie entre les habitants et les professionnels, qui s’appuie sur l’intelligence collective.

Exemples :
  • En Europe du nord : Oslo (40% d’habitat participatif), de nombreuses villes allemandes dont Fribourg et Tübingen (100% de la construction neuve en habitat participatif). ;
  • En France : Strasbourg, Montpellier, Bordeaux, Montreuil Sous-bois, Lille…

15. Permaculture et circuits courts : nourrir les villes autrement

Contexte :

L’extension des villes et du réseau routier grignote régulièrement les espaces cultivables, tout en accentuant le réchauffement climatique. L’alimentation est de plus en plus déconnectée des usages de la nature, des saisons et des particularités locales. Des méthodes culturales nouvelles permettent de favoriser la permaculture sur de petits espaces, tout en diminuant les intrants chimiques. Les circuits courts, qui construisent du lien direct entre les habitants et les producteurs sont plébiscités à chaque fois qu’ils sont mis en œuvre (AMAP, marchés paysans…).

Propositions :
  • Favoriser les circuits courts dans toutes les structures alimentaires dépendant des municipalités (cantines, restaurants administratifs…). Associer les usagers, notamment les parents d’élèves et les enfants, pour défendre un régime alimentaire qui ne soit pas dépendant des plats préparés et de la consommation de sodas sucrés dans les services municipaux.
  • Développer l’éducation populaire sur les questions de goût, d’équilibre alimentaire et de saisonnalité des produits.
Exemples :

Veytaux veut encourager ses habitants à jardiner

16. Soutenir les dispositifs participatifs dans la gestion des ressources naturelles

Contexte :

Actuellement la gestion des ressources naturelles se fait sans concertation avec les habitants. Pourtant, en particulier dans les communes rurales, ceux-ci possèdent une connaissance approfondie de leur territoire, de l’eau, des parcs naturels, des zones côtières, des forets, des pâturages et des terres agricoles. Cette absence d’investissement citoyen conduit à une perte de conscience de leurs responsabilités écologiques.

Par ailleurs, toutes les études environnementales sur la qualité de l’eau montrent la nécessité d’agir pour préserver la ressource en eau. La Directive cadre 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000 s’inscrit dans une logique de résultats : stopper toute dégradation et atteindre le bon état des eaux et des milieux aquatiques d’ici 2015. Cette échéance pousse tous les acteurs de l’eau à réfléchir à des solutions alternatives afin de respecter cette norme

Propositions :
  • Instituer des instances constituées d’habitants d’un territoire qui délimitent l’accès à la ressource à la fois en termes d’espace (territoire) et de temps (saisons, périodes), définissent des règles et des sanctions et instaurent des mécanismes de résolution de conflits. Ces instances sont soutenues par des institutions publiques ou semi publiques et engagent des actions de remunicipalisation de l’eau avec investissement des citoyens.
  • Instaurer des communautés qui mutualisent leurs ressources financières pour reprendre la gestion des terres agricoles qui ne sont plus exploitées, avec l’aide des municipalités.
  • Action préventive par des mesures incitatives de mise en place d’une agriculture biologique sur les zones de captage d’eau.
  • Fonder auprès de chaque conseil municipal un observatoire de l’eau, composé de représentants des conseils de quartier, des Conseils syndicaux de copropriété pour favoriser les conditions de passage à la régie, soit sous forme de structure de l’économie sociale et solidaire (ESS) soit municipale. Cette régie, outre l’économie qu’elle permettrait de réaliser pour les consommateurs aurait un rôle d’éducation à la consommation et à l’écologie. Elle serait un interlocuteur pour renforcer la responsabilisation des propriétaires et des occupants.
  • Développer l’éducation populaire sur les économies en eau (Atelier Coopératif d’Education Populaire à une Autre Consommation et Production), et les bonnes pratiques en matière d’utilisation de l’eau.
Exemples :
  • La Ville de Lons-le-Saunier a aidé les agriculteurs locaux pour développer une agriculture raisonnée, au profit de démarches bio. Ceci a contribué à rétablir la qualité de l’eau et développé des filières bios dont le débouché est assuré par la cuisine centrale de Lons.
  • Afin d’obtenir une eau de qualité et réduire les processus coûteux de traitement, la ville de Munich (.pdf) a décidé d’agir en amont. Depuis 1991, elle encourage l’agriculture biologique sur les 2 250 hectares de terres agricoles situées à proximité des captages d’eau potable,
  • Le Programme Re-Sources : Initiatives pour préserver la qualité de l’eau en Poitou-Charentes tant superficielle que souterraine
  • L’IPHB dans le Haut Béarn, Terre de liens : Certaines collectivités on céder des terres agricoles / fermes / bâtis pour permettre l’installation de producteurs locaux. Il s’agit d’un travail entre région, municipalité et fondation qui vise à protéger des terres cultivables pour une durée “infinie”.



L’AFUL invite les enfants à dessiner les risques et menaces informatiques

« Dessine-moi les menaces informatiques ! »

Telle est la proposition de l’AFUL qui souhaite ainsi sensibiliser la jeune génération sur cet épineux sujet.

AFUL

Dessine-moi les menaces informatiques ! Comment se protéger de l’informatique à l’ère post-Snowden

URL d’origine du document

Février 2014 – AFUL

À l’occasion de la publication de son document « Comment se protéger de l’informatique, ou l’informatique à l’ère post-Snowden » l’AFUL organise une grande activité de dessin pour les enfants en leur demandant « Dessine-moi les menaces informatiques ! ».

L’AFUL vient de publier le document Comment se protéger de l’informatique, ou l’informatique à l’ère post-Snowden.

À cette occasion l’AFUL convie les enfants de 7 à 17 ans à dessiner ce que leur évoquent les menaces informatiques (de celles des téléphones portables aux navigateurs Internet des ordinateurs de bureau) en même temps que des bonnes habitudes à prendre.

Il est demandé que les dessins envoyés soient placés sous une licence libre, idéalement Creative Commons Paternité – Partage des Conditions Initiales à l’Identique (ce sera la licence par défaut si rien n’est précisé) de manière à ce que l’AFUL puisse les publier et qu’ils servent au plus grand nombre.

Alors jeunes gens, filles et garçons, à vos crayons de couleur, crayons feutres et/ou logiciels de dessin !

Nous attendons des dessins de toute la francophonie (Afrique, Europe, Amérique du Nord, DOM-TOM français, écoles francophones), nous voulons voir quel est le degré de prise de conscience sur toute la Terre.

Dans la continuité de son accord cadre avec le ministère de l’Éducation, l’AFUL sollicite les maîtresses et maîtres d’école, les professeurs, les éducateurs et bien entendu les parents pour assurer l’encadrement et la motivation des troupes. Ce peut être aussi l’occasion de nouer des partenariats pédagogiques. Un dossier pédagogique sera fourni aux adultes sur ces sujets, histoire de ne pas alimenter de paranoïa mais bien de donner des éléments favorisant la compréhension du sujet par des citoyens libres et éclairés.

Les dessins peuvent être envoyés par n’importe quel moyen et sous n’importe quelle forme. Que ce soit par la poste ou par voie électronique. Dans le cas d’un gros fichier, pensez à plutôt le mettre à disposition sur un espace en ligne plutôt que de nous l’envoyer par courriel, ce qui aurait pour effet de saturer nos boîtes aux lettres.

Les dessins sont à envoyer à :

dessine-moi-les-menaces-informatiques@aful.org

ou

AFUL
Boîte associative 14
23 rue GRENETA
75002 PARIS
FRANCE

Toutes les classes, et tous les enfants en individuel, ayant participé recevront un diplôme personnalisé de l’AFUL !

L’opération dure toute l’année civile 2014, dans le cadre de Éducation au numérique : grande cause nationale 2014. La date limite pour envoyer vos dessins est donc le 31 décembre 2014.

L’espoir est dans les jeunes générations. Des jeunes qui s’interrogent, qui exercent leur esprit critique, qui savent programmer, c’est l’espoir d’avoir des citoyens et des décideurs qui comprennent l’outil informatique. Plutôt que de le subir (perdre la main sur ses données personnelles, etc.) ou de s’en servir comme justification de l’incompétence (choix des ordinateurs de vote, etc.) ou du manque de courage (prescription de logiciels non libres, etc.), ils pourront en tirer parti pour le bien de la société.




L’April en campagne – Entretien avec Lionel Allorge et Frédéric Couchet

L’April repart en campagne « afin d’augmenter sa capacité d’action, de donner la priorité au logiciel libre et de contribuer à construire une société plus libre, plus égalitaire et plus fraternelle ».

Nous en avons profité pour faire le point en interrogeant ci-dessous son président, Lionel Allorge, et son délégué général, Frédéric Couchet.

Avec tout notre soutien…

Campagne April

Entretien avec Lionel Allorge et Frédéric Couchet

Bonjour Lionel et Frédéric, une rapide présentation personnelle et de l’April ?

Bonjour, je m’appelle Lionel Allorge et je suis membre de l’association April depuis 14 ans et président depuis 2 ans. Bonjour, je m’appelle Frédéric Couchet, l’un des fondateurs de l’April en 1996, et actuellement son délégué général.

L’April est l’association nationale de promotion et défense du logiciel libre. Depuis 1996, côté pile nous menons des activités visant à promouvoir le logiciel libre auprès du grand public, des professionnels, des associations et des pouvoirs publics. Côté face, nous luttons contre toute atteinte au logiciel libre et plus globalement aux libertés fondamentales à l’ère du numérique.

Certains disent que vous êtes un lobby pro-logiciel libre. Vous reconnaissez-vous dans cette qualification ?

Lobby, contre-lobby, on a souvent entendu ces termes. Mais nous rejetons le terme de lobby. Pour nous un lobby est un organisme qui défend des intérêts particuliers (entreprises…). Mais au fond, peu importe les termes, l’important est ce que nous faisons, pourquoi nous le faisons et comment nous le faisons.

Bien sûr, nous agissons pour diffuser nos idées auprès de tous les publics, dont notamment les responsables politiques (mais pas uniquement). Nous défendons une vision particulière de l’intérêt général et non l’intérêt particulier de quelques-uns. Et nous travaillons dans la transparence, nos positions sont connues, nos documents publiés. Les personnes que nous côtoyons savent que nous militons pour nos idées et que nous ne sommes pas des « professionnels de la profession » comme disait l’autre, ce qui n’empêche pas que nous travaillons de façon professionnelle et rigoureuse. Nous essayons de protéger la liberté informatique de tous les citoyens.

Pour plus d’informations sur nos actions vous pouvez consulter notre rapport d’activités 2013.

Votre dernière grande campagne d’adhésion date de plus de 5 ans, que s’est-il passé depuis pour l’April et pour le logiciel libre : succès, résistances, fronts politiques et juridiques, etc. ?

Le logiciel libre est aujourd’hui très largement utilisé et se répand partout. Et rappelons que de très nombreux logiciels libres utilisés aujourd’hui (grands publics ou autre) sont relativement récents (moins de 10 ans pour certains).

Côté politique publique, on note une inflexion positive en faveur du logiciel libre. Ainsi en France, en 2012 il y a eu la circulaire Ayrault sur le bon usage du logiciel libre dans les administrations.

Et, en 2013, le parlement français a adopté pour la première fois une disposition législative donnant la priorité au logiciel libre.

De son côté, l’Italie vient de mettre en place la priorité pour le logiciel libre dans l’administration.

Bien sûr, des résistances persistent à ce changement et il reste du travail pour faire connaître et protéger le modèle du libre.

Des menaces et des blocages existent toujours : brevets logiciels (notamment en Europe), la vente forcée ordinateurs/logiciels; les DRM (voir notamment la tentative d’introduire les DRM dans HTML5) ; l’informatique déloyale, les contrats comme l’Openbar Microsoft/Défense

Au niveau international, le scandale Prism, qui a révélé l’ampleur des écoutes généralisées commises par les USA et de certains de ses alliés sur les communications de tous les citoyens, a rappelé l’importance de contrôler son système informatique. Les logiciels libres, parce qu’ils peuvent être vérifiés et améliorés par tous, sont une brique de base pour construire une informatique au service des utilisateurs et non pas un outil pour ceux qui souhaitent les asservir.

Mais il est possible d’agir aussi sur les décideurs politiques par la mobilisation citoyenne, qui donne des résultats, comme par exemple sur ACTA.

Il reste encore beaucoup de travail pour réellement libérer la voie 🙂

Pourquoi avoir attendu si longtemps et quels sont les objectifs de cette campagne ?

Notre dernière campagne d’adhésion date de 2008, elle nous avait permis de gagner en crédibilité auprès de nos interlocuteurs et de financer nos actions (outils de sensibilisation, actions menées par l’équipe de permanents…).

Malheureusement, phénomène commun à toute structure associative, la base de nos adhérents s’est érodée au fil du temps. Les cotisations représentant l’essentiel de nos ressources financières on parlait en interne depuis longtemps du besoin de relancer une campagne d’adhésion. Mais pris par les dossiers et les actions on a repoussé, repoussé 🙂 On a récemment trouvé un peu de temps pour formaliser une campagne.

Cette campagne a pour objectif notamment d’augmenter nos capacités d’action, car il y a beaucoup à faire pour donner la priorité au logiciel libre, et remettre le logiciel libre dans les préoccupations principales des gens.

Adhérer à une association, ça n’est pas seulement rester passif en ayant la carte. Un certain nombre de projet et d’actions bénévoles ont été mis en place. Pouvez-vous nous en dire plus et êtes vous satisfaits de l’implication des membres ?

De nombreuses personnes adhérent seulement pour nous soutenir et ne participent pas directement aux actions de l’association. Ces personnes nous permettent d’être plus représentatif (plus nous sommes nombreux, plus nous sommes écoutés) et de financer nos actions. De plus ces personnes sont souvent des militants qui font de la sensibilisation au logiciel libre dans leur entourage. Pour ceux qui souhaitent participer, nous leur proposons de rejoindre des listes de discussions et des groupes de travail qui produisent des documents et des analyses, des traductions, des transcriptions, tiennent des stands ou donnent des conférences. Les activités possibles sont nombreuses (pour en savoir plus voir notre rapport d’activités). Certains bénévoles indiquent le nombre d’heures qu’ils passent sur leurs actions, pour 2013 cela représente plus de 4 200 heures mais c’est très loin de refléter la réalité de la contribution bénévole à l’April.

Que répondez-vous à ceux qui disent que le logiciel libre a déjà gagné et que ça n’est plus la peine de se battre pour lui comme par le passé ?

Je pense au contraire que les développements récents de l’informatique nomade, tablettes, ordiphones, liseuses, avec leur cortège de pratiques néfastes : Brevets logiciels, DRM, informatique déloyale et vente forcée ont fait reculer nettement les logiciels libres. Pouvez-vous me monter un ordiphone (smartphone) actuel sur lequel je puisse installer une distribution entièrement libre sans perdre des fonctionnalités importantes de mon appareil ? Personnellement je n’en connais pas. Il me semble donc plus que jamais nécessaire de défendre le logiciel libre contre le penchant naturel de l’industrie et de l’état de souhaiter contrôler l’informatique des citoyens, alors que pour nombre d’entre-nous, nous confions à ces machines une part de plus en plus grande de notre vie !

Il y a 10 ans, le côté obscur de la force était symbolisé par Microsoft. Diriez-vous qu’aujourd’hui c’est « GAFA » (Google-Apple-Amazon-Facebook) qui a pris le relais ?

Microsoft reste toujours une menace, mais n’est effectivement plus la seule. J’ai vu que la campagne 2013 Framasoft prônait « moins de Google et plus de Libre », d’autres entreprises comme Apple, Amazon ou Facebook, menacent le logiciel libre. Ces entreprises privent aujourd’hui leurs utilisateurs de leurs libertés sans qu’ils s’en rendent pleinement compte, abusent de leur confiance, récupèrent leurs données privées, accèdent à leur informatique sans les prévenir,

C’est ce genre de menace-là qui nous encourage à aller au contact des citoyens, non pas seulement pour promouvoir les logiciels libres mais surtout pour les informer de ce qu’ils subissent et de ce qu’il existe pour en échapper et donc se libérer.

Les principes de liberté de l’utilisateur et de contrôle de son informatique sont donc plus pertinents que jamais. Le logiciel libre n’est certainement pas la solution ultime et unique à ces problématiques, mais il constitue une brique essentielle et nécessaire dans le combat pour les libertés.

Et que va-t-il se passer selon vous dans les 5 années à venir pour l’April et le logiciel libre ?

Madame Irma n’est pas encore membre de l’April 🙂 De plus en plus de personnes, organisations sont convaincues que les modèles basés sur la coopération, le partage de l’information valent mieux socialement, politiquement et économiquement que ceux basés sur le contrôle d’usage et la rente. Il faut continuer à agir pour accélérer ce mouvement et faire apparaître un monde numérique où il fait bon vivre. Le temps que cela prendra dépend principalement de notre capacité de mobilisation et d’action.

Concrètement, on fait comment pour adhérer et/ou vous soutenir ?

Pour adhérer, il suffit de se rendre sur cette page de notre site et de remplir le formulaire en ligne. Pour le paiement de la cotisation, cela peut se faire en ligne par carte bancaire ou par virement, ou bien par l’envoi d’un chèque à notre adresse. Il est également possible de nous payer en espèces lors des principaux événements du libre où nous tenons un stand comme les JDLL en avril, Solutions Libres en mai, ou RMLL en juillet etc.

Il est possible également de relayer notre campagne d’adhésion auprès de ses amis, collègues… Faire connaître le logiciel libre est une autre façon de nous aider, sur le site EnVenteLibre certains de nos outils de sensibilisation sont disponibles.

Pour les personnes qui souhaiteraient être active la plupart de nos groupes de travail sont ouverts, il suffit de s’inscrire sur les listes de discussion de groupe.

Enfin, dans les semaines qui viennent il y a nos campagnes Candidats.fr pour les élections municipales de mars en France et du FreeSoftwarePact.eu pour les élections européennes de mai.




Framasoft fights everyday back

The Day We Fight Back

Avec La Quadrature, Mozilla et tant d’autres organisations, nous nous associons à l’opération de riposte The Day We Fight Back[1], journée de mobilisation contre la surveillance de masse, également journée hommage à Aaron Swartz[2] et date anniversaire du succès remporté contre SOPA.

Nous n’avons pas prévu d’actions d’éclat particulières aujourd’hui dans la mesure où nous estimons, comme l’April en campagne actuellement, que nous y participons au quotidien, par la défense et la promotion du Libre en général et du logiciel libre en particulier.

Nous agissons pour re-décentraliser le Web[3] en offrant nos libres services en ligne que chacun peut installer sur son propre serveur ou utiliser librement sur notre portail. Ils sont regroupées sous le projet global « Framacloud » : Framapad, Framadate, Framindmap, Framanews, le petit dernier Framabag, etc.
Comme annoncé, nous avons aussi récemment entrepris notre « libération de Google », en commençant par le mail.
Brique après brique, construisons des alternatives à GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ces géants du Net parfaitement transparents pour la NSA.

Tous ensemble, faisons en sorte que notre optimiste slogan se concrétise chaque jour davantage : La route est longue mais la voie est libre.

Le jour de la riposte - Simon Gee Giraudot - CC by-sa




Mobilisons-nous le 11 février : The Day We Fight Back, contre la surveillance de masse

Comme nous l’avions annoncé il y a un mois ici, demain c’est la journée d’action The Day We Fight Back.

On peut toujours gloser sur la réelle portée d’un tel événement, mais il a le mérite de mettre le focus sur un sujet fondamental, pas assez relayé par les médias et peu pris à bras le corps par nos politiques. L’occasion justement d’en parler autour de nous et de faire avancer la sensibilisation.

Greenoid - CC by-sa

Le jour de la contre-attaque : un appel à la communauté internationale pour lutter contre la surveillance de masse

The Day We Fight Back: A Call To the International Community to Fight Against Mass Surveillance

Katitza Rodriguez – 27 janvier 2014 – EFF.org
(Traduction : nitot, Asta, amha, piero, GregR, maxauvy)

Les révélations de Snowden ont confirmé nos pires craintes au sujet de l’espionnage en ligne. Elles montrent que la NSA et ses alliés ont construit une infrastructure de surveillance globale pour « contrôler Internet » et espionner les conversations mondiales. Ces groupes de l’ombre ont sapé les normes de chiffrement de base, et criblé la dorsale Internet avec des équipements de surveillance. Ils ont collecté des centaines de millions d’enregistrements téléphoniques de personnes qui n’étaient soupçonnées d’aucun crime. Ils ont écouté les communications électroniques de millions de personnes, chez elles et à l’extérieur, sans distinction aucune, en exploitant les technologies numériques que nous utilisons pour échanger et nous informer. Ils espionnent les populations alliées, et partagent ces informations avec d’autres organisations, au mépris le plus complet des lois.

Nous n’allons pas laisser la NSA et ses alliés détruire Internet. Inspirée par la mémoire d’Aaron Swartz, alimentée par la victoire contre SOPA et ACTA, la communauté numérique tout entière est unie pour retourner au combat.

Le 11 février, le jour de la contre-attaque (NdT : The Day We Fight Back), le monde va exiger la fin de la surveillance de masse dans tous les pays, tous les états, quels que soient les frontières et les régimes politiques. Les manifestations contre SOPA et ACTA ont été un succès car nous avons tous participé en tant que communauté. Comme le disait Aaron Swartz, tout le monde est devenu « le héros de sa propre histoire ». Nous pouvons choisir une date, mais nous avons besoin de tout le monde, de tous les utilisateurs de l’Internet, pour faire de ceci un mouvement.

Voici une partie de notre plan (mais ce n’est que le début). L’an dernier, avant qu’Ed Snowden ne fasse ses révélations au monde, les militants des droits numériques se sont entendus sur 13 Principes. Ces Principes expliquaient clairement en quoi la surveillance généralisée représente une violation des Droits de l’Homme, et donnaient aux législateurs et juges une liste de correctifs qu’ils pouvaient appliquer aux barbouzes de l’Internet. Ce jour de la contre-attaque, nous voulons que le monde adhère à ces principes. Nous voulons que les politiciens s’engagent à les respecter. Nous voulons que le monde voie que nous sommes concernés.

Voici comment vous pouvez rejoindre le mouvement :

1. Nous encourageons les sites web à faire un lien vers le site The Day We Fight Back. Cela permettra à des personnes du monde entier d’apposer leur signature sous nos 13 Principes, en riposte à la surveillance de masse de la NSA, du GCHQ et d’autres agences de renseignement. Si vous pouvez informer vos collègues sur cette campagne et le site avant la fin de la journée, nous pourrons envoyer de l’information à ce sujet dans chaque pays.

2. Dites à vos amis de signer les 13 Principes ! Nous (NdT : EFF) sommes en train de nous organiser pour nous associer à la journée d’action. Nous allons continuer à utiliser ces Principes pour montrer à ceux qui nous gouvernent que le respect de la vie privée est un droit pour chacun et doit être protégé sans tenir compte des frontières.

3. Courriels : Si vous avez besoin d’un prétexte pour en parler à vos collègues ou à vos proches à ce sujet, le 11 février est pile le bon moment pour leur dire de contacter les politiques locaux sur des sujets comme l’espionnage via Internet. Il faut les encourager à agir et à comprendre l’importance du combat contre la surveillance de masse.

4. Réseaux sociaux : touittez ! Postez sur Facebook et Google Plus ! Nous voulons faire autant de bruit que possible. Nous voulons vraiment une campagne à l’échelle du globe, où tous les pays sont impliqués. Plus nous serons nombreux à signer les Principes, plus ceux qui nous gouvernent entendront nos exigences visant à arrêter l’espionnage de masse chez nous et dans d’autres pays.

5. Outils : développez des mèmes, des outils, des sites web et tout ce que vous pouvez pour encourager d’autres personnes à participer.

6. Soyez créatifs (NdT : exemple) : préparez vos propres actions et vos propres engagements. Descendez dans la rue. Faites la promotion des Principes dans votre pays. Ensuite, dites-nous ce que vous comptez faire, de façon à ce qu’on fasse un lien vers vos efforts et qu’on leur donne de la visibilité.

Ce serait génial si vous participiez de ces six façons (ou plus encore !) mais franchement, tout ce que vous pourrez faire aidera le mouvement.

Les espions d’Internet ont passé trop de temps à écouter nos pensées et peurs les plus privées. Il est maintenant temps qu’ils nous entendent vraiment à leur tour. Si vous partagez notre colère, partagez aussi nos principes et contre-attaquez.

Crédit photo : Greenoid (Creative Commons By-SA)




Les filles et le logiciel

Le témoignage ci-dessous ne devrait pas laisser indifférent ni faire consensus.

Il s’agit de Susan Sons, fille hacker avant d’être femme hacker, qui semble regretter le temps où l’on ne s’enflammait pas sur la théorie du genre (troll inside).

« Je suis venue au monde de l’open source car j’aimais faire partie d’une communauté où mes idées, mes capacités et mon expérience comptaient, pas mes seins. Cela a changé, et ce changement est dû à l’action de gens qui disent vouloir une communauté où les idées, les capacités et l’expérience comptent plus que des seins. »

Remarque : On pourra lire sur le sujet, les autres articles du Framablog.

Les filles et le logiciel

Girls and Software

Susan Sons – 4 février 2014 – LinuxJournal
(Traduction : Eve, RemyG, lyn, RyDroid, Asta, Kifferand, Wan, Diin, numahell, KoS, MFolschette)

L’article EOF de décembre 2013 nommé « Mars a Besoin de Femmes » a exploré un sujet intéressant : celui du rapport hommes/femmes parmi les lecteurs de Linux Journal, et parmi les développeurs du noyau Linux. Ce rapport est si déséquilibré (beaucoup d’hommes, peu de femmes) qu’en faire un graphe reviendrait presque à tracer une ligne verticale. J’espérais que l’article amènerait un hacker Linux du côté féminin de ce graphe à se mettre en avant et à faire avancer la conversation. Chose dite chose faite, voici Susan Sons aka @HedgeMage. À lire ci-dessous. — Doc Searls

Les filles et le logiciel. Oui, j’ai bien dit « les filles ». Sachant que les hommes ont d’abord été des garçons, mais que les femmes ont jailli de la tête de Zeus, à leur taille adulte, et en se battant comme des Athéna des temps modernes, vous pouvez commencer à m’insulter maintenant pour avoir utilisé ce mot… à moins que vous ne préfériez voir l’industrie à travers les yeux d’une fille qui est devenue femme au sein d’un ensemble de communautés open source.

Quand je pense aux hackers de mon entourage, les meilleurs ont commencé avant la puberté. Même s’il n’avaient pas d’ordinateurs, ils démontaient leurs réveils, réparaient leurs taille-crayons ou jouaient les radio-amateurs. Certains ont construit des lance-citrouilles ou des trains en LEGO. J’ai commencé à coder quand j’avais six ans, dans le bureau de mon père au sous-sol, sur la machine qu’il utilisait pour suivre l’inventaire de son entreprise de réparations. Après un été marqué par des essais et des erreurs, j’ai finalement réussi à faire jeter à des gorilles autre chose que des bananes explosives. Ça avait un goût de victoire ! (NdT : sans doute une référence au jeu Gorilla)

Quand j’ai eu 12 ans, j’ai mis les mains sur un disque d’une distribution Slackware et je l’ai installé sur mon ordinateur — un cadeau de Noël de mes parents après une année particulièrement bonne pour l’entreprise de mon père — et j’ai trouvé un bogue dans un programme. Le programme était en C, un langage que je n’avais jamais vu. J’ai frayé mon chemin vers IRC et expliqué le problème : ce qui n’allait pas, comment le reproduire, et l’endroit d’où semblait venir le problème.

J’étais vraiment naïve à cette époque — je n’avais même pas réalisé que la raison pour laquelle je n’arrivais pas à bien lire le code était qu’il existait plusieurs langages de programmation — mais les résidents du salon IRC m’ont dirigée vers le gestionnaire de tickets du projet, m’ont expliqué son intérêt et m’ont aidée à soumettre mon premier rapport de bogue.

Ce dont je n’avais pas connaissance à l’époque, c’était cet échange privé entre un des vétérans qui m’avait aidée et un des résidents du salon qui avait reconnu mon surnom sur une mailing list :

développeur0 : C’était une question vraiment bien posée… mais pourquoi est-ce que j’ai l’impression que c’est un gamin de 16 ans ?

développeur1 : Parce que c’est une fille de 12 ans.

développeur0 : Wow… Qu’est-ce que ses parents font, pour qu’elle pense comme ça ?

développeur1 : Je pense qu’elle vit dans une ferme, en fait.

Quand développeur1 m’a parlé de cette conversation, j’ai été convaincue par l’open source. Étant une petite fille d’une région rurale, qui avait été exclue encore et encore de toute activité intellectuelle, sous prétexte que je n’étais pas assez riche, trop campagnarde, pas assez âgée pour être désirée, je ne pouvais pas croire la facilité avec laquelle j’avais été acceptée et traitée comme tout le monde sur le salon, même s’ils savaient qui j’étais. Et j’ai été encore plus impressionnée quand j’ai appris que développeur0 n’était autre que Eric S. Raymond, dont j’avais dévoré les textes peu après avoir découvert Linux.

L’open source était mon refuge parce que c’était un endroit où personne ne prêtait attention à mes « ancêtres » ou ce à quoi je ressemblais — les gens s’intéressaient uniquement à ce que je faisais. Je me faisais bien voir des gens qui pouvaient m’aider en m’occupant de tâches ingrates : trier les tickets pour garder les listes propres, rédiger de la documentation et corriger les commentaires dans le code. J’aidais tout le monde, donc quand j’avais besoin d’aide, la communauté était là. Je n’avais encore jamais rencontré un autre développeur dans le monde réel, mais j’en savais plus sur le développement que certains étudiants.

C’est vraiment une question de filles (et de garçons)

Les filles de 12 ans d’aujourd’hui ne vivent généralement pas les expériences que j’ai vécues. On conseille généralement aux parents d’éloigner leurs enfants de l’ordinateur, de peur qu’ils se fassent attraper par des prédateurs sexuels, ou pire encore — deviennent obèses ! Cela vaut d’autant plus pour les filles, qui finissent diplômées en sciences humaines et sociales. Plus tard, à l’approche de leur vingt ans, quand quelqu’un trouve que le déficit de filles dans les communautés technologiques est un problème, on vient les chercher par la manche et on les emmène à une rencontre LUG (NdT : Linux User Group / Groupe des utilisateurs de Linux) ou sur un salon IRC. Étonnamment, cela ne fait pas de ces jeunes femmes des hackers.

Pourquoi croit-on que cela va marcher ? Prenez une jeune femme qui a déjà construit son identité. Jetez-la dans un monde qui est construit sur des schémas sociaux différents de ceux dont elle a l’habitude, où plein de gens parlent d’un sujet qu’elle ne comprend pas encore. Dites-lui ensuite qu’il existe une hostilité de la communauté envers les femmes et que c’est pour cela qu’il n’y en a pas assez, tout en la mettant en avant comme une bête de concours en expliquant que vous êtes ravi d’avoir recruté une femme. C’est la recette de l’échec.

Les jeunes femmes ne deviennent pas magiquement des technophiles à 22 ans. Les jeunes hommes non plus. Les hackeurs sont nés dans l’enfance, parce que c’est à cet âge que l’envie de résoudre des puzzles ou de créer quelque chose apparait chez ceux qui ont connu ce moment de « Victoire ! », comme la fois où j’ai réussi à imposer ma volonté à un couple de primates électroniques.

Malheureusement, notre société a conditionné les filles à ne pas être technophiles. Mon fils est à l’école primaire. L’année dernière, son école a fait un cours sur la robotique uniquement pour les filles. Quand mon fils a demandé pourquoi il ne pouvait pas y participer, on lui a expliqué que les filles ont besoin d’une aide spéciale pour s’intéresser à la technologie, et que s’il y a des garçons autour, les filles auront trop peur d’essayer.

Mon fils est rentré à la maison très perturbé. Vous voyez, il a grandi avec une mère qui codait en l’allaitant et l’a amené à sa première réunion du LUG à l’âge de sept semaines. La première fois qu’il a vu un robot fait maison, il lui a été montré par un membre d’un hackerspace local, une femme qui administre un des plus gros super-ordinateurs du pays. Pourquoi son école agissait comme si les filles étaient stupides ?

Merci beaucoup, « féminisme » moderne, pour avoir mis des idées pas très féministes dans la tête de mon fils.

Il y a un autre endroit dans ma vie, autre que ma maison, où l’idée selon laquelle la technologie est « un truc de gars » est complètement absente : ma ville natale. De temps en temps, je retourne à l’école de Sandridge, le plus récemment c’était quand mon professeur de mathématiques m’a invitée à une discussion avec les étudiants sur les carrières dans les Sciences, la Technologie, l’Ingénierie et les Mathématiques (NdT : STEM en anglais). Je suis presque sûre que je suis le seul programmeur que quiconque ait jamais vu dans cette ville… Je suis donc une sorte de représentante des geeks pour eux. Et certains considèrent même que c’est un « truc de filles ».

Pourtant, je ne peux pas dire que la région produise des quantités de hackeuses. Même en mettant de côté la pauvreté, l’urbanisation et la hausse de la criminalité, les filles ne sont pas plus portées à hacker dans ma ville natale que partout ailleurs. Quand j’ai parlé à des classes de mathématiques de CM2, les garçons m’ont expliqué qu’ils réparaient leurs consoles de jeux, ou débridaient leurs téléphones. Les filles n’ont pas fait de projets, elles ont parlé de mode ou de quête de popularité, pas de construire des choses.

Qu’est-ce qui a changé?

Je n’ai jamais eu de problème avec les hackers de la vieille école. Ils me traitent comme l’un d’eux, plutôt que comme « la femme du groupe », et beaucoup sont assez âgés pour se souvenir d’avoir travaillé dans des équipes composées d’un tiers de femmes, et personne ne trouvait cela bizarre. Bien sûr, le mot clé ici est « âgé » (désolée les gars). La plupart des programmeurs dont j’apprécie la compagnie sont plus proches de l’âge de mon père que du mien.

La nouvelle génération de développeurs open source n’est pas comme l’ancienne. Ils ont changé les règles à tel point que mon sexe est sous les projecteurs pour la première fois en 18 ans passés dans cette communauté.

Lorsque nous appelons un homme un « technicien », cela signifie qu’il est programmeur, administrateur système, ingénieur électrique ou quelque chose du même genre. C’était également le cas lorsqu’on appelait une femme une « technicienne ». Cependant, selon la nouvelle génération, une femme technicienne peut être également une graphiste ou quelqu’un qui gagne sa vie en tweetant. Cela dit, je suis contente de savoir qu’il y a des gens spécialisés dans les médias — cela veut dire que je n’ai pas à m’occuper de cet aspect des choses — mais les mettre à côté des programmeurs donne l’impression que ces « femmes techos » sont la partie handisport des JOs de la programmation.

Avant, je me sentais à l’aise avec les hommes, et personne ne se souciait de mon apparence. Aujourd’hui, j’ai l’impression de perdre mon temps à parler de genre plutôt que de technologies… Ceci dit, il y a plusieurs visions :

  • La vision « il n’y a aucune femme dans l’assemblée ». Je suis dans l’assemblée, mais on me dit que je ne compte pas puisque je porte t-shirt, jeans, bottes, et que je n’ai pas de maquillage.
  • La vision « tu nies ta féminité pour rentrer dans le moule ; c’est une forme d’oppression ! ». On me dit que c’est dans ma nature de femme d’aimer absolument le maquillage et la mode. Alors que je suis simplement une geek qui se soucie peu de son apparence.
  • La vision « tu ne représentes pas les femmes ; tu serais un meilleur modèle pour les filles si tu avais le bon look ». Marrant, le reste du monde semble très occupé à dire aux filles d’être à la mode (il suffit de regarder un magazine ou marcher dans le rayon fille d’un magasin de jouets). Je ne pense pas que quelqu’un d’aussi peu doué que moi dans ce domaine doive s’en occuper.

À une exception près, j’ai entendu ces réprimandes venir uniquement de femmes, et de femmes qui ne savent pas coder. Quelquefois, j’ai envie de crier « vous n’êtes pas une programmeuse, vous faites quoi ici ?! »

J’en suis aussi venue à réaliser que j’ai un avantage que les nouvelles arrivantes n’ont pas : j’étais ici avant le début de la panique morale autour du sexisme. Quand une douzaine de mecs décident de boire et hacker dans la chambre d’hôtel de quelqu’un, je suis invitée. Ils me connaissent depuis des années, donc je suis sûre. Les nouvelles, quelles que soient leurs compétences, ne sont pas invitées à moins que je ne sois là tout du long. Une accusation de harcèlement sexuel potentielle plane, et personne ne veut se risquer à avoir 12 hommes seuls avec une seule femme et des boissons alcoolisées. Du coup, les nouvelles restent dehors.

Je n’ai jamais été mise dans un groupe « Les femmes dans X », à l’écart de l’action réelle d’un projet. J’ai assez d’influence pour dire non quand on me dit que je devrais être loyale et réserver mon temps de travail pour des groupes féminins au lieu de le consacrer à la technologie. Je ne suis pas assez jeune ou impressionnable pour écouter les goûts de l’Initiative Ada[1], qui m’aurait tenue de donner de façon passive-agressive des cartons rouges à quiconque me dérange, ou m’aurait fait ressentir tous les hommes comme une menace, ou encore m’aurait fait comprendre que n’importe quel différend que je peux avoir serait causé par mon sexe.

Voici une nouvelle pour vous : à l’exception des polymathes dans le groupe, les hackers sont généralement socialement inadaptés. Si quelqu’un de n’importe quel sexe fait quelque chose qui viole mes limites, je suppose que c’est un malentendu. J’explique calmement et précisément ce qui m’a dérangé et comment éviter le franchissement de cette limite, je tiens à ce que la personne sache que je ne suis pas en colère contre elle, je veux juste m’assurer qu’elle est au courant, de sorte que cela ne se reproduise pas. C’est ce que font les adultes, et cela fonctionne. Les adultes ne cherchent pas à tout prix à se vexer, à donner des « creeper cards », et ne s’attendent pas à ce qu’on lise dans leurs esprits. Je ne suis pas un enfant, je suis un adulte, et j’agis comme tel.

On s’en fout de mes nibards

Je suis venue au monde de l’open source car j’aimais faire partie d’une communauté où mes idées, mes capacités et mon expérience comptaient, pas mes seins. Cela a changé, et ce changement est dû à l’action de gens qui disent vouloir une communauté où les idées, les capacités et l’expérience comptent plus que des seins.

Il y a très peu de filles qui veulent hacker. J’imagine que ça a beaucoup à voir avec le fait que l’on donne aux filles des poupées de mode et du maquillage et qu’on leur dit de fantasmer à propos d’amour et de popularité, alors qu’on donne aux garçons des LEGO et des boites à outils et qu’on leur dit d’en faire quelque chose. J’imagine que ça a beaucoup à voir avec le genre de femmes qui roucoulaient « mais elle pourrait être tellement belle si seulement elle ne passait pas autant de temps avec les ordinateurs ». J’imagine que ça a beaucoup à voir avec la manière dont les filles sont associées à l’éphémère — popularité, beauté et bien-être — alors qu’on enseigne aux garçons à se délecter de la réalisation. Donnez-moi une jeune personne de n’importe quel sexe avec une mentalité de hacker, et je vais m’assurer qu’elle aura le soutien dont elle a besoin pour devenir incroyable. Pendant ce temps, achetez à votre nièce ou votre fille une boite de LEGO et apprenez-lui à souder. J’aime voir des enfants aux rencontres de LUG et aux hackerspaces — amenez-les ! Il n’y aura jamais trop de hackers.

Ne blâmez pas les hommes simplement parce qu’ils sont là. Le « privilège des hommes » est une manière de dire « tu te sens coupable car tu n’as pas de seins, honte à toi, même si tu ne fais rien de mal », et j’ai perdu trop de mon temps à protéger des mecs sympas de cette idée. Oui, certaines personnes sont des ordures. Appelez-les des ordures, et ne reprochez à personne ayant la même anatomie d’avoir ce comportement. L’amalgame entre les bons mecs et les mauvais n’aide personne, ça empêche juste les mecs sympas d’interagir avec les femmes car ils sentent qu’ils ne pourront pas s’en tirer. Je suis fatiguée de dépenser mon temps et mon énergie à protéger les mecs bien de ce drame.

Ne blâmez pas les hackers d’avoir des défauts de non-hackers. Ce n’est pas ma faute si certaines personnes ne lisent pas les pages du manuel, pas plus que c’est mon travail de leur tenir la main étape après étape pour qu’ils n’aient pas à les lire. Ça n’est pas à moi d’amener de force des femmes aux rencontres de LUG et de tenter de leur laver le cerveau de manière à vous rendre plus à l’aise avec le ratio homme/femme, et de toute manière procéder ainsi ne marcherait pas.

Avant tout, je suis déçue. J’avais un havre, un endroit où personne n’accordait d’importance à mon apparence, à ce à quoi mon corps ressemblait ou à n’importe quel attribut éphémère — car ils s’intéressaient à ce que je pouvais faire — et ce décalage de culture m’a volé mon havre. Au moins, je l’ai eu. Les filles qui me suivent ont raté cela.

Je me rappelle qu’à cette époque, dans mon havre, si quelqu’un était désagréable ou essayait de m’intimider, les gens autour de moi réagissaient avec un retentissant « Comment oses-tu être désagréable avec quelqu’un qu’on apprécie ! ». Aujourd’hui, si un homme se comporte mal, on s’embourbe dans un raisonnement beaucoup plus complexe : « Est-ce que c’est parce qu’elle est une femme ? », « Est-ce que je vais passer pour un héros si j’interviens ? », « Est-ce que je suis misogyne si je n’interviens pas ? », « Qu’est-ce que ça implique pour les femmes dans le monde de la technologie ? », « Est-ce que je veux vraiment participer à un énième débat sur la politique des sexes ? ». C’était tellement plus simple lorsqu’on n’avait pas besoin de tout analyser, et qu’on tombait sur des gens désagréables seulement parce qu’ils étaient désagréables.

La passion de Susan Sons pour l’éducation l’a conduite vers l’open source avec Debian Edu, Edubuntu, et elle a aussi initié Frog et Owl qui aident les technophiles à interagir avec les enseignants pour développer des outils éducatifs plus utiles.

Notes

[1] Source: wikipedia: Ada Initiative est une organisation américaine visant à accroître la participation des femmes dans la culture libre et l’open source. Elle a été fondée en 2011 par les informaticiennes et défenseurs de l’open source Valerie Aurora et Mary Gardiner.