Le logiciel libre européen est-il politiquement de gauche ?

Celesteh - CC byL’April se félicite du succès rencontré par l’initiative du Pacte du Logiciel Libre au lendemain des élections européennes. Bravo pour la mobilisation, c’est effectivement une bonne nouvelle que d’avoir 34 députés issus de 7 pays différents signataires de ce Pacte (même si on pourra m’objecter que cela représente à peine 5% des 736 députés que totalise l’assemblée).

Mais c’est moins la quantité que la qualité des ces élus qui a retenu mon attention.

On dit souvent que le logiciel libre n’appartient à aucun parti ou courant politique. On dit également que le vieux clivage gauche-droite n’est plus forcément pertinent à l’aube de ce nouveau millénaire. On dit enfin que le mouvement écologiste ne doit pas (ou plus) être classé à gauche.

Il n’empêche que si vous regardez dans le détail la liste de ces 34 députes, vous serez peut-être comme moi frappé par la parenté commune de ces élus[1].

Le voici reproduit ci-dessous, accompagnés par des liens Wikipédia donnant de plus amples informations sur les partis auxquels ils appartiennent (j’y ai appris plein de choses personnellement) :

Au final, et à une exception britannique près, il n’y en a que pour « la gauche », prise au sens large (du centre-gauche, aux socialistes, en passant par les verts).

De là à en conclure qu’il n’y a que la gauche qui manifeste un intérêt assumé pour le logiciel libre en Europe, il n’y a qu’un pas que j’hésiterais cependant à franchir.

Et vous ?

Notes

[1] Crédit photo : Celesteh (Creative Commons By)




Quand Daniel Cohn-Bendit souhaite libérer la politique !

Nicolas Patte - CC by-nc-ndQu’un Daniel Cohn-Bendit, dans la foulée de son succès électoral aux européennes, signe aujourd’hui une longue tribune dans Le Monde ayant pour titre Faisons passer la politique du système propriétaire à celui du logiciel libre, c’est tout simplement énorme !

On remarquera qu’il ne prend pas vraiment la peine, par la suite, dans le corps de l’article, d’expliquer clairement le pourquoi du comment d’un tel choix de titre, avec son « étrange » référence à l’opposition propriétaire vs logiciel libre.

On a bien la citation suivante :

Les idées, pas plus que les personnes, n’appartiennent pas à quelqu’un. Elles ont vocation à circuler librement, à se propager et à évoluer aux contacts des autres.

Et puis surtout celle-là :

Alors, à la lancinante question du « qu’allons-nous faire », je réponds que nous allons continuer à briser la logique du « système propriétaire » qui domine notre vie politique nationale, tant au niveau global qu’au niveau local, tant par l’Europe qu’à l’occasion des élections régionales. Plus que jamais, nous allons promouvoir la notion de « logiciel libre » appliquée à la politique et à la société.

Mais c’est à peu près tout, explicitement parlant.

Du coup c’est à comprendre entre les lignes, et nul doute que cela intriguera plus d’un lecteur…

Le logiciel libre et sa culture sont définitivement sortis du maquis[1].

Notes

[1] Crédit photo : Nicolas Patte (Creative Commons By-Nc-Nd)




Microsoft Office à l’école française : stop ou encore ?

Todd Baker - CC byEst-il si loin le jour où nous verrons en France un reportage similaire à celui que nous avons choisi de reproduire ci-dessous ? Titré « le boum des logiciels libres », il nous vient de la TSR (Télévision Suisse Romande) dans le cadre de son émission Nouvo consacrée aux « nouvelles tendances et technologies » (canal YouTube).

Que dire sinon que cela fait plaisir à voir et que nous applaudissons des deux mains ! Difficile en effet selon nous de faire mieux dans le temps imparti. Nous avions d’ailleurs publié un article dédié à cette évolution libre du Canton de Genève[1].

Faut-il le rappeler (et bien moins pour nous enorgueillir que pour déplorer l’immobilisme de la situation de l’autre côté des Alpes) : c’est peu ou prou exactement le même discours que tient le Framablog depuis un petit bout de temps déjà.

Ainsi, il y a tout juste un an (au moment même où le Café pédagogique se découvrait VRP de son généreux sponsor américain) nous avions fait l’effort de traduire un long rapport britannique qui déconseillait, étude sérieuse et détaillée à l’appui, l’usage en milieu scolaire de la suite bureautique propriétaire Microsoft Office 2007 ainsi que le nouveau (et tant décrié) système d’exploitation Windows Vista. Nous étions bien naïfs en pensant alors que ce rapport allait un tant soit peu émouvoir la communauté et réussir à faire naître un débat en haut lieu.

Car il n’en fut rien.

Peut-être parce que l’influence de Microsoft à l’école française demeure aussi efficace que disproportionnée ?

Cela n’empêche certainement pas la suite OpenOffice.org de se déployer silencieusement chaque jour davantage dans toutes les écoles Jean-Macé et les lycées Sud Médoc de France. Mais nous serions certainement allés bien plus vite sans cette résistance passive de notre administration, SDTICE en tête.

Le temps de la décision volontariste et du courage politique est-il enfin venu ?

On notera que le reportage ne se résume pas à l’éducation, puisqu’on y évoque par la suite brièvement la situation du logiciel libre dans le secteur privé (qui ne connait pas la crise) et le secteur public (ici en milieu hospitalier). Avec cette conclusion réaliste : « Pourtant le grand public hésite toujours à faire le pas, fidèle à Microsoft et autres leaders du marché ».

Le boum des logiciels libres

URL d’origine du document
Reportage : Zian Marro / Montage : Sandro Milone – 1 juin 2009 – TSR (Nouvo)

—> La vidéo au format webm

Transcript

Il s’agit de la retranscription de la première partie de la vidéo consacrée à l’éducation.

Voix off : Cours d’informatique dans cette classe de 8ème.

Le professeur : Le cours d’aujourd’hui consiste à faire faire aux élèves une feuille de calcul pour calculer leur moyenne à l’aide du logiciel libre Calc, qui est le correspondant en fait d’Excel.

Voix off : Les logiciels gratuits d’OpenOffice remplacent les bons vieux Word et Excel de Microsoft. Réputé compliqué, le libre a beaucoup évolué.

Un élève : C’est assez facile de travailler avec, surtout avec les profs qui nous donnent des consignes très claires. C’est très facile.

Voix off : Facile, mais aussi et surtout indépendant. Une ouverture qui plait aux profs.

Le professeur : On n’est pas soumis effectivement à l’hégémonie de certains logiciels. Pour avoir des nouvelles versions, à chaque fois il faut repayer etc. Donc, à mon avis, il faut s’affranchir dans une certaine mesure des logiciels dit propriétaires.

Voix off : Dans un ordinateur, le système d’exploitation, Windows par exemple, ainsi que les programmes sont payants. Aujourd’hui on peut facilement remplacer un, deux voire la totalité de ces coûteux logiciels par du libre. Et cette année l’État de Genève a édité un CD avec OpenOffice pour les élèves.

Une élève : Je trouve que c’est bien parce que comme ça on peut les avoir chez nous et on sait deja comment ça marche.

Voix off : Dans les écoles de Genève tous les ordinateurs sont equipés. L’État évite ainsi des frais de licences pour près de 900 000 francs par an, et surtout ne dépend plus de Microsoft.

Notes

[1] Crédit photo : Todd Baker (Creative Commons By)




Pourquoi je vais voter pour le Parti Pirate

Jon Aslund - CC byDemain c’est jour d’élection pour tous les pays de la communauté européenne. En Suède il est un parti tout à fait original, qui, si l’on en croit les derniers sondages, pourrait bien conquérir un siège au prochain Parlement : j’ai nommé le parti pirate (piratpartiet en suédois).

Wikipédia nous dit : « Le parti pirate est un parti politique de type contestataire, fondé en 2006, dont le leader est Christian Engström. Ce parti s’attache notamment à diminuer les droits de la propriété intellectuelle, comme le copyright, les brevets et la protection des œuvres. Le programme comprend aussi un soutien au renforcement des droits de vie privée (comme la propriété privée et les informations privées), à la fois sur Internet et dans la vie courante. Le parti n’a pas de programme autre que ce sujet et il n’est donc pas possible de lui attribuer une position de droite ou de gauche. »

Si chez nous c’est le débat sur l’Hadopi qui aura notoirement contribué à sensibiliser le grand public sur ces questions, chez eux c’est surtout le récent procès (et son verdict) contre le site d’échange de fichiers torrents The Pirate Bay[1] qui, en défrayant la chronique, a eu pour conséquence indirecte de voir un parti pirate, de plus en plus soutenu, occuper le devant de la scène.

Et parmi ces soutiens, il y a le romancier et professeur Lars Gustafsson, dont la maigreur de sa page Wikipédia en français ne doit pas vous tromper sur sa renommée nationale (et internationale). C’est la traduction (ci-dessous) de sa récente tribune au magazine Expressen qui sert de prétexte à ce billet. Qu’un intellectuel de tel renom achève son article en expliquant que « pour toutes ces raisons mon vote ira au parti pirate » a eu son petit effet chez nos amis nordiques et témoigne de l’intérêt que suscite ce parti (et le mouvement qu’il incarne) au sein de la société suédoise.

On notera que ce parti pirate connait de nombreuses déclinaisons dans les autres pays européens, mais aucun n’a le poids du piratpartiet et, de fait, aucun autre ne se présente aux élections.

En France la situation semble un peu confuse, puisqu’on a déjà, au moins, deux « partis pirates » alors même qu’on n’en a pas du tout entendu parler pendant le projet de loi Création et Internet. Il y a en effet un parti pirate canal historique (sic) et un parti pirate tout court. Ce dernier semble le plus crédible a priori, mais je manque d’informations. Peut-être viendront-ils apporter quelques précisions dans les commentaires…

Selon moi, et quand bien même cela ne soit ni son objectif ni sa fonction, une structure emmenée par La Quadrature du Net aurait pu y aller. Avec le risque bien sûr de se planter complètement et que cela se retourne contre elle. Mais elle aurait certainement récupérée pas mal d’abstentionnistes potentiels échaudés par l’épisode Hadopi et tout ce qui, à sa suite, semble se mettre en place. Jusqu’à peut-être, qui sait, gagner un élu, et causer ainsi localement un petit tremblement de terre politico-médiatique.

Mais je vous laisse avec Lars Gustafsson dont nous avons traduit la traduction anglaise de son texte d’origine…

Lars Gustafsson : « Pourquoi je donne mon vote au Parti Pirate »

Lars Gustafsson: “Why my vote goes to the Pirate Party”

Lars Gustafsson – Traduction anglaise Rasmus – 27 mai 2009 – Copyriot
(Traduction Framalang : Olivier)

Introduction du traducteur anglophone

Lars Gustafsson est sans doute l’écrivain suédois en vie le plus prolifique. Depuis les années 1950, il ne cesse de nous abreuver de poésie, de romans et de critiques littéraires. Il y a peu, il officiait encore comme professeur de philosophie à l’Université du Texas. De retour pour de bon en Suède, il vient de commencer à s’auto-publier sur un blog. Il est aussi le lauréat de nombreux prix littéraires, le plus récent date seulement de deux jours lorsque le prix Selma Lagerlöf lui a été remis.

Vous comprendrez donc pourquoi ses récentes déclarations dans le numéro de Expressen publié aujourd’hui ne passent pas inaperçues en Suède. Il y explique que le copyright doit être abandonné et il déclare que son vote ira au parti pirate aux élections européennes toutes proches.

Comme je pense que ce texte pourrait en intéresser plus d’un hors de Suède j’en ai fait une traduction rapide. Elle est sans doute loin d’être parfaite donc je vous demanderai de vous abstenir de poster des commentaires sur les erreurs de traductions, je vous invite plutôt à les corriger vous-mêmes et à indiquer l’adresse dans les commentaires !

Je dois aussi préciser que, personnellement, je ne partage pas entièrement l’analyse de Lars Gustafsson. La dichotomie entre matériel et immatériel particulièrement est problématique. Les technologies numériques offrent en effet la re-matérialisation n’importe où, c’est un point qui fait actuellement débat au sein de l’Embassy of Piracy, débat qui s’intensifiera à la Venice Biennale. Il y a aussi matière à remettre en question le concept de reproductibilité de Walter Benjamin. Cependant Lars Gustafsson, comme Walter Benjamin, a le mérite de réussir à formuler les conflits actuels en termes matérialistes et d’utiliser les références historiques à bon escient. Le débat est lancé. Encore une fois, pardonnez-moi s’il y a des erreurs de traduction…

La tribune de Lars Gustafsson

Därför röstar jag på Piratpartiet

Les écrits anciens qui sont parvenus jusqu’à nous racontent comment l’empereur perse ordonna que les vagues de la mer soient châtiées car une tempête l’empêchait de transporter ses troupes par navire.

Plutôt stupide. De nos jours il se serait sûrement plaint au tribunal d’instance de Stockholm, ou il aurait exigé un entretien avec le juge, peut-être…

La détresse des droits civiques au printemps 2009 me rappelle étrangement les luttes pour la liberté de la presse en France au cours des décennies qui précédèrent la révolution française. Des idées radicalement nouvelles émergent, des idées qui n’auraient jamais vu le jour sans les progrès galopants de la technologie.

Descentes contre les ateliers d’impression clandestins, pamphlets confisqués et même saisie du matériel d’impression. Mises aux arrêts et transports épiques sous le couvert de la nuit à destination de Paris depuis l’enclave prussienne de Neuchâtel – où non seulement une bonne partie de l’Encyclopédie a été produite mais à partir d’où énormément de pornographie osée a circulé également, dissimulée dans des pamphlets athéistes.

Entre les années 1730 et 1780 le nombre de censeurs d’État a quadruplé. Les descentes contre les ateliers d’impression clandestins augmentèrent proportionnellement. Avec le recul maintenant nous savons que ça n’a pas endigué le mouvement en marche. Au contraire, les nouvelles idées se sont encore plus développées et se sont répandues plus rapidement encore, stimulées par la censure toujours plus forte et les descentes dans les ateliers d’impression clandestins.

Le combat porte de nos jours sur la défense de l’essence même d’Internet, un espace de droits civiques et d’échange d’idées. Un espace qui doit rester vierge de toute menace sur la vie privée et de toute influence de puissants intérêts privés.

Le rejet d’une folle proposition de loi franco-allemande au Parlement européen n’est en aucun cas l’assurance que la vie privée en ligne restera un acquis.

Devons-nous vraiment nous inquiéter alors ? Prenons l’exemple de la rivière Dalälven. Au printemps elle est en crue, les pires années elle peut envahir les terres sur 100 voire 200 mètres alentour. Elle inonde alors les quartiers résidentiels et les prairies. Appeler les forces de l’ordre y changera-t-il quelque chose ?

Jusqu’à maintenant, l’Histoire nous montre que les lois n’ont jamais réussi à s’opposer au développement technologique.

Walter Benjamin est l’auteur d’un essai très important, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, dans lequel il tire quelques conclusions très intéressantes sur les évolutions qui doivent accompagner l’avènement de la reproductibilité, malgré son échelle encore modeste à l’époque. La révolution numérique pousse la reproductibilité à un niveau que Walter Benjamin n’aurait pas imaginé même dans ses rêves les plus fous. On peut parler de reproductibilité maximale. Google est sur le point de construire une bibliothèque qui, si on lui permet d’aller au bout de son projet, rendra la plupart des bibliothèques physiques obsolètes ou surannées. Le cinéma et la presse écrite se sont retrouvés les premiers entraînés dans cette nouvelle immatérialité.

Les films, les romans ou les magazines sont facilement reproductibles. Mais ce n’est pas tout, les objets en trois dimensions, comme ceux créés par des machines programmables, peuvent aussi être reproduits, rapidement et sans laisser de trace.

Cette dématérialisation menace naturellement le droit de la propriété intellectuelle. Nous ne parlons pas ici des difficultés que Jan Guillou et une bonne douzaine d’autres auteurs pourraient affronter pour s’acheter une autre maison de campagne encore. C’est un problème social dont, pour être honnête, je me contrefous.

Le droit de la propriété intellectuelle touche à des aspects bien plus sérieux : qu’ont apporté les brevets déposés par les grandes firmes pharmaceutiques sur les trithérapies aux pays du tiers monde ? Et que dire de l’appropriation de plantes et de cochons par Monsanto ?

La société est garante d’un équilibre juste entre des intérêts contraires, l’ignorer serait un non-sens hypocrite. Une armée de défense opérante est plus importante qu’une patinoire ou que des pistes cyclables. Le Net représente une menace pour la propriété intellectuelle ? Et alors ?

La liberté de pensée et la sécurité des citoyens, autrement dit un Internet que les tribunaux aux ordres des lobbies et que les hommes politiques européens bien dressés n’auront pas encore transformé en canal gouvernemental, est sans aucun doute bien plus important que les desiderata d’une scène littéraire et musicale devenue essentiellement industrielle, une industrie que les détenteurs de droits eux-mêmes voient s’effondrer au cours de leur vie. Le souhait de vendre beaucoup de copies ne doit pas prendre le pas sur celui d’être lu, d’influencer ou de décrire son époque. Quand tel est le cas, les intérêts industriels devraient être mis de côté au profit de la défense de l’Art avec un A majuscule.

Le souci premier de tout artiste ou auteur qui se respecte est certainement d’être lu ou entendu par ses contemporains. Les moyens pour atteindre cette fin, c’est-à-dire atteindre son public, de ce point de vue ne sont que secondaires.

Les combats, toujours plus nombreux, pour défendre la formidable liberté de parole offerte par Internet, les droits civiques immatériels, que nous voyons se propager de pays en pays sont les prémices d’un libéralisme porté par la technologie et qui donc accroit notre liberté, à l’instar des changements radicaux qu’a connu le 18ème siècle.

Pour toutes ces raisons mon vote ira au parti pirate.

Reportage vidéo de la télévision Suisse Romande

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Reportage : François Roulet / Montage : Sandro Milone – 5 juin 2009 – TSR (Nouvo)

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Notes

[1] Crédit photo : Jon Åslund (Creative Commons By)




Sarkozy a un plan selon Guillaume Champeau

Judepics - CC bySi vous comptiez vous reposer un peu après l’éreintant épisode Hadopi, c’est raté.

En effet, un article important est apparu la semaine dernière dans le flux continu de mes fils RSS, Décryptage : Sarkozy et son œuvre de contrôle du net de Guillaume Champeau du site Numerama.

C’est un peu long (liens hypertextes inclus), mais si l’on souhaite réellement se donner les moyens de comprendre certaines choses dans le détail, il va bien falloir accepter de temps en temps d’aller plus loin que les 140 caractères des messages Twitter ! C’est également assez courageux, parce que c’est typiquement le genre d’articles qui ne vous fait pas que des amis, sauf à considérer que les RG peuvent devenir de nouveaux amis.

Guillaume Champeau en a d’ailleurs remis une couche ce week-end, chez la petite webradio associative qui monte OxyRadio, au cours de l’émission Les enfants du Web animé de sa voix suave et viril par notre ami Mathieu Pasquini (licence Creative Commons By-Sa).

À podcadster, à écouter, à faire écouter :


Télécharger : mp3 ou ogg

J’aurais aimé ne pas l’écrire mais ça ressemble beaucoup à du « nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas »[1].

Décryptage : Sarkozy et son œuvre de contrôle du net

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Guillaume Champeau – 20 mai 2009 – Numerama
Licence Creative Commons By-Nc-Nd

« Le président de la République actuel a un plan ». C’est la première phrase du livre de François Bayrou, Abus de Pouvoir, et l’on peut la vérifier au moins en ce qui concerne le contrôle du net. Depuis la loi DADVSI où il était président de l’UMP et ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy a déployé son plan pour contrôler le net. Il a commencé à l’appliquer avant-même la loi Hadopi, et prévoit de le parachever avec la Loppsi. Dans cet article exceptionnellement long, Numerama tente un décryptage du net selon Sarkozy.

Petit à petit, les pièces du puzzle s’assemblent et l’image se révèle sous nos yeux. Le projet de loi Création et Internet n’a pas encore été promulgué que déjà le morceau suivant s’apprête à faire son apparition. Projet de loi après projet de loi, décret après décret, nomination après nomination, Nicolas Sarkozy prépare méthodiquement les moyens pour le gouvernement de contrôler Internet… et les internautes.

Lundi, Le Monde a publié un excellent article sur la prochaine loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi, ou Lopsi 2), qui montre ce que prévoit le nouveau texte commandé par Nicolas Sarkozy : installation de mouchards électroniques sans vérification de leur légalité par les services de l’Etat, légalisation des chevaux de Troie comme mode d’écoute à distance, création d’un super-fichier « Périclès » regroupant de nombreuses données personnelles (numéros de carte grise, permis de conduire, numéros IMEI des téléphones mobiles, factures…), création d’un délit d’usurpation d’identité, pouvoir de géolocaliser les internautes, …

Sans cesse repoussée, la loi est attendue de pieds fermes par Nicolas Sarkozy. C’est d’ailleurs en partie elle qui a justifié l’obsession du Président à maintenir contre vents et marée la loi Hadopi. Car « le président de la République actuel a un plan ». Pour le comprendre, il nous faut accumuler les pièces à conviction. Certaines relèvent très certainement de la paranoïa, d’autres sont véritablement réfléchies par le Président.

Mises bout à bout, elles laissent peu de doute sur la volonté de Nicolas Sarkozy de contrôler le net, aussi bien dans son contenu que dans son infrastructure.

Au commencement, Nicolas Sarkozy voulu devenir Président

Très tôt dans sa carrière politique, Nicolas Sarkozy n’a eu qu’une obsession : devenir président de la République. Et une vision : pour y parvenir, il fallait contrôler les médias. Maire de Neuilly-Sur-Seine, il s’efforce de faire entrer rapidement dans son cercle d’amis proches les Martin Bouygues, Lagardère (père et fils) et autres Dassault qui le conduiront par leur amitié complice au sommet du pouvoir. C’est d’autant plus facile que ces capitaines d’industrie, propriétaires de médias, dépendent pour l’essentiel de leurs revenus des commandes de l’État. Entre amis, on sait se rendre des services…

Toute cette énergie de réseautage a été mise au service de son ambition présidentielle. En 2007, c’était la bonne. Première tentative, première victoire. Mais Nicolas Sarkozy a eu chaud. Il avait négligé Internet. A quelques points près, François Bayrou – qui a au contraire beaucoup misé sur Internet pendant la campagne – passait devant Ségolène Royal au premier tour de la Présidentielle, et c’est le leader du MoDem qui se serait retrouvé à l’Elysée.

Il serait faux toutefois de prétendre que Nicolas Sarkozy, qui s’était assuré le soutien du blogueur Loïc Le Meur (à l’époque le plus influent), s’est aperçu trop tard du pouvoir du net. Fraîchement élu, le président Sarkozy n’avait pas tardé à demander « l’avènement d’un internet civilisé », prônant une « campagne de civilisation des nouveaux réseaux ». Le coup de Trafalgar du refus de la Constitution européenne par les Français avait montré pour la première fois au monde politique les limites des médias traditionnels face à Internet, où l’opposition au texte européen fut virulente. Les amis de Nicolas Sarkozy dans les grands médias et l’industrie culturelle l’ont très vite convaincu qu’il fallait faire quelque chose. Lui pour conserver le pouvoir, eux pour limiter cette concurrence gênante. C’est Renaud Donnedieu de Vabres (RDDV) qui s’est chargé des basses oeuvres, sous l’oeil attentif de son président de l’UMP et ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy.

DADVSI et HADOPI : les premières pierres vers le filtrage

Derrière les apparences d’une première loi contre le piratage sur Internet, comme l’avait prédit le journaliste américain Dan Gillmor, c’est une alliance à trois qui s’est formée entre le pouvoir politique, le pouvoir médiatique et l’industrie culturelle. A peine la riposte graduée (déjà) adoptée, RDDV avait prévenu que la loi DADVSI « n’est que le premier d’une longue série d’adaptations de notre droit à l’ère numérique », et qu’il comptait bien s’attaquer « un jour au problème de la presse et de l’Internet ». C’était en 2006.

Affaibli par la débâcle de DADVSI, le ministre de la Culture n’a pas eu le temps de mettre son projet en application. Mais l’idée d’accorder un label à la presse professionnelle en ligne et de doter les sites de presse d’un statut particulier opposé aux blogs était née. Nicolas Sarkozy l’a mise en application cette année. Le tout en permettant à la vieille presse papier de bénéficier par ailleurs de substantielles aides de l’État, contraires à la libre concurrence, pour investir le net.

Avec la loi Hadopi, qu’il a maintenu jusqu’à mettre en péril la cohésion du groupe UMP, le chef de l’État a réussi à imposer à tous les foyers français l’installation d’un « logiciel de sécurisation », qui, sous la forme d’un mouchard, aura pour but de filtrer les sites internet et certains logiciels. Soit de manière franche, en bloquant l’accès à des contenus ou des protocoles. Soit de manière plus sournoise, en mettant en place un système qui met en avant les sites labellisés par l’Hadopi ou par les ministères compétents, pour mieux discréditer les autres. Les sites de presse professionnels feront bien sûr partis un jour des sites labellisés, tandis que la multitude de blogs ou de sites édités par des journalistes non professionnels verront leur crédibilité mise en doute. Pour le moment on ne sait rien du périmètre des caractéristiques imposées par l’Etat aux logiciels de sécurisation, et c’est bien là sujet d’inquiétudes. Il suffira d’étendre par décret la liste des fonctionnalités exigées pour que la censure se fasse de plus en plus large et précise, hors du contrôle du législateur ou du juge.

LOPPSI : le filtrage imposé aux FAI

Si elle prévoit la création de ce logiciel de sécurisation, et suggère fortement son installation, la loi Hadopi ne fait cependant pas de son installation une obligation. Le risque d’inconstitutionnalité serait trop fort. Il faut donc compléter le tableau, en organisant un filtrage au niveau de l’infrastructure du réseau. C’est le rôle de la loi Loppsi, chapeautée par Michèle Alliot-Marie.

Entre autres choses, la Loppsi va imposer aux FAI une obligation de filtrage de résultat. Ils auront le devoir de bloquer l’accès à des sites dont la liste sera déterminée par l’administration, sous le secret. Ce qui n’est pas sans poser d’énormes problèmes dans les quelques pays qui ont déjà mis en place cette idée. Là aussi, une fois mis le pied dans la porte, sous prétexte de lutter contre la pédophilie (une tentation du pathos contre laquelle il faut résister), il suffira d’étendre la liste des exceptions qui donnent droit au filtrage. Ici pour les maisons de disques victimes de piratage, là pour les sites de presse suspectés de diffamation, ou pour les sites de jeux d’argent qui ne payent pas leurs impôts en France. La liste n’aura de limites que l’imagination et l’audace des gouvernants.

Encore faut-il que ces idées de contrôle du net puissent se mettre en place sur le terrain, ce qui nécessite des hommes et des femmes peu regardants. C’est dans cet art que Nicolas Sarkozy excelle le plus.

Le choix des hommes, le triomphe des idées

Dès 2006, Nicolas Sarkozy a compris qu’il aura besoin de verrouiller son gouvernement et les télécoms pour mettre en place son plan de contrôle d’internet. Christine Boutin, qui avait été une farouche et convaincante opposante à la loi DADVSI fin 2005 (au point de faire basculer le vote de certains députés UMP pour la licence globale), et qui avait défendu l’idée d’un internet libre, s’est ensuite mue dans un silence confondant à la reprise des débats en mars 2006. En échange, et entre temps, elle a reçu la promesse de Nicolas Sarkozy d’entrer au gouvernement après les élections présidentielles si elle mettait sa langue dans sa poche. Les deux ont tenu parole.

Président de la République, Nicolas Sarkozy a ainsi composé son gouvernement de manière à accomplir son oeuvre sans opposition interne. Nadine Morano à la Famille, et Michèle Alliot-Marie à l’Intérieur, n’ont pas eu besoin de forcer leur nature pour prêcher la censure de certains sites Internet ou le filtrage des sites pédophiles ou terroristes. Porte-parole de l’UMP, pilotée par l’Elysée, le lobbyiste Frédéric Lefebvre ne passe plus une semaine sans se confondre en invectives contre Internet, et réclamer le filtrage. En plaçant l’ex-socialiste Eric Besson au numérique, Sarkozy pensait peut-être aussi paralyser les critiques à la fois de son propre camp et de l’opposition, tout en s’assurant le soutien d’un homme qui a troqué ses convictions pour son ambition. En le remplaçant par Nathalie Kosciusko-Morizet, plus rebelle, Sarkozy a pris un risque. Mais il fait aussi un pari. Celui que son frère Pierre Kosciusko-Morizet, président des deux plus gros lobbys français du numérique hostiles au filtrage, serait moins audible dans son opposition si sa soeur est systématiquement suspectée de collusion lorsqu’elle défend le même point de vue. Ce qui n’a pas manqué lorsque PKM a prêché, dans le vide, un moratoire sur la loi Hadopi.

Il a fallu aussi convaincre dans les télécoms. Free, à la nature frondeuse, reste le plus difficile à manipuler pour Nicolas Sarkozy. Il a toutefois trouvé une arme : la quatrième licence 3G. L’opérateur sait qu’elle va être rapidement indispensable pour continuer à concurrencer Bouygues, SFR et Orange, qui peuvent tous proposer des offres regroupant ADSL et mobile. Mais elle est dépendante de la volonté du gouvernement. Très rapidement, Christine Albanel a fait comprendre à Free qu’il devrait être obéissant pour espérer accéder à la fameuse licence. Depuis, le dossier ne cesse d’être repoussé sous des prétextes fumeux, et Free a mis de l’eau dans son vin contre Hadopi et contre le filtrage, dans l’espoir de ne pas hypothéquer ses chances d’avoir accès à la téléphonie mobile.

Pis, Nicolas Sarkozy a fait nommer numéro deux de France Telecom Stéphane Richard, le directeur de cabinet de Christine Lagarde, qui ne compte « que des amis » dans la commission qui déterminera le prix de la quatrième licence 3G. L’homme aura également pour mission de mettre en oeuvre le filtrage chez Orange, qu’il dirigera d’ici deux ans.

Le contrôle des institutions ayant leur mot à dire sur le filtrage

Enfin, Nicolas Sarkozy s’est également assuré de contrôler les institutions qui pourraient lui faire de l’ombre. La CNIL, qui s’est opposée à l’Hadopi, n’aura pas le droit de siéger au sein de la haute autorité. Les amendements le proposant ont été refusés. Elle n’a pas non plus eu le droit de publier son avis contre la loi Hadopi, et les deux députés commissaires de la CNIL, tous les deux membres de l’UMP, ont voté pour la loi. L’un des deux, Philippe Gosselin, a même été un farouche défenseur de la loi à l’Assemblée, et sans doute au sein de l’institution. Dans son dernier rapport annuel, la CNIL a dénoncé l’omerta imposée par le gouvernement, et son manque d’indépendance, notamment financière.

Plus directement, Nicolas Sarkozy a également évincé l’autorité de régulation des télécommunications (Arcep) des études sur le filtrage, auquel elle était hostile. Redoutant que l’autorité ne reste trop à l’écoute des professionnels des télécoms et des internautes, le président de la République a récemment mis à la tête de l’Arcep Jean-Ludovic Silicani, l’ancien président du Conseil de la propriété littéraire et artistique (CSPLA). Un homme notoirement favorable au filtrage et à la lutte contre le P2P. Le CSPLA, rattaché au ministère de la Culture, compte par ailleurs parmi ses membres le Professeur Sirenelli, à qui le gouvernement confie quasiment toutes les missions juridiques liées au filtrage depuis quatre ans, avec un résultat certain.

Finalement, c’est au niveau européen que Nicolas Sarkozy compte ses plus forts adversaires. Il a entamé un bras de fer avec le Parlement Européen sur l’amendement Bono, et exerce un lobbying intense sur les États membres pour qu’ils refusent de marquer dans le marbre le principe du respect de la neutralité du net, contraire au filtrage. Il peut compter sur le soutien de Silvio Berlusconi, propriétaire de médias, qui met en place exactement le même plan en Italie. Mais il redoute l’opposition des députés européens.

D’où l’importance des élections européennes du 7 juin prochain. De leur résultat dépendra peut-être la réussite ou l’échec du plan mis en place par Nicolas Sarkozy.

Notes

[1] Crédit photo : Judepics (Creative Commons By)




S’il te plaît… dessine-moi une ville libre

Sophiea - CC byUne « ville libre » vous en rêviez ? Vancouver tente dès aujourd’hui de le réaliser.

Il convient bien entendu de s’entendre sur ce qu’est, ou plutôt pourrait, être une « ville libre ». Mais la motion, présentée il y a peu au conseil municipal de la plus grande cité de Colombie-Britannique (Canada), dessine les contours d’un séduisant possible « vivre ensemble urbain » du futur[1].

Au menu, entre autres choses : interopérabilité, standards ouverts, logiciels libres, mises à disposition des données, et incitation citoyenne à s’approprier ces outils et informations pour créer de nouveaux services.

Libres enfants de Vancouver, vous en avez de la chance. Parce que si ce texte se trouvait adopté vous grandiriez alors dans un monde plus ouvert et plus juste, que vos parents n’auraient pas même pu imaginer il y a à peine dix ans de cela.

PS1 : Pour aller plus loin, on pourra parcourir l’excellent article de Fabrice Epelboin (ReadWriteWeb) Qui écrira la démocratie électronique de demain ? qui relate les avancées américaines tout en se désolant à juste titre de la situation française.

PS2 :Vidéo YouTube de la lecture publique de la motion à la mairie.

Vancouver ouvre l’âge de la ville Open Source

Vancouver enters the age of the open city

David Eaves – 14 mai 2009 – Blog
(Traduction Framalang : Claude et Don Rico)

La municipalité de Vancouver a planifié une réunion du conseil au cours de laquelle a été lue la motion suivante :

Déclaration de motion

Open Data, Standards Ouverts et Open Source
Auteur : Mme la conseillère municipale Andrea Reimer
Intercesseur: Mme la conseillère

Attendu que la Ville de Vancouver légifère loyalement au sein du City Hall (NdT : la mairie) à l’écoute des citoyens et des sollicitations relatives à leurs idées, propositions et énergie créatrice ;

Attendu que les municipalités du Canada ont l’opportunité de réduire fortement leurs dépenses en partageant et soutenant les logiciels qu’elles utilisent ou créent ;

Attendu que la valeur absolue des données publiques est maximisée lorsqu’elle est fournie gratuitement ou, si nécessaire, pour un coût minimal ;

Attendu que lorsque les données sont partagées librement, les citoyens ont la possibilité de les utiliser et de les transformer, favorisant ainsi la création d’une cité plus dynamique économiquement et plus respectueuse de l’environnement ;

Attendu que Vancouver a besoin de chercher des opportunités de création d’activité économique et de partenariat avec les secteurs technologiques innovants ;

Attendu que l’adoption des standards ouverts facilite la transparence, l’accès aux informations de la ville par les citoyens,(attendu) qu’ils améliorent la coordination et l’efficacité des relations municipales avec leurs partenaires fédéraux et provinciaux ;

Attendu que l’ICIS (NdT : Integrated Cadastral Information Society pour Système d’information cadastral) est une organisation à but non lucratif créé en partenariat avec les gouvernements locaux, les gouvernements provinciaux et les principaux services publics de Colombie Britannique afin de partager et intégrer les informations géographiques, à laquelle adhèrent 94 % des gouvernements locaux de Colombie Britannique, mais pas Vancouver ;

Attendu que l’innovation informatique peut améliorer les communications entre citoyens, renforcer l’image d’une ville créatrice et innovante, améliorer la fourniture des services, aider les citoyens à s’autogérer et résoudre leurs problèmes, mais aussi créer un sentiment plus fort d’engagement civique, de communauté et de fierté ;

Attendu que la ville de Vancouver possède d’incroyables ressources de données et d’informations, et qu’elle a récemment reçu le prix Best City Archive of the World (meilleures archives municipales du monde).

En conséquence, qu’il soit assuré que la ville de Vancouver approuve les principes suivants :

– Données accessibles et ouvertes : la ville de Vancouver partagera librement avec les citoyens, les entreprises et les autres juridictions la plus grande quantité de données possible en respectant la vie privée et la sécurité.
– Standards Ouverts : La ville de Vancouver adoptera le plus rapidement possible les standards ouverts en vigueur pour les données, documents, cartes et autres formats de diffusion.
– Logiciels Open Source : la ville de Vancouver, au moment du remplacement des logiciels existants ou de l’étude de nouvelles applications, mettra les logiciels Open Source à pied d’égalité avec les systèmes commerciaux au cours de la passation de marché.

En conséquence, dans cette volonté de favoriser les données ouvertes, la ville de Vancouver :

– Identifiera les opportunités immédiates permettant une plus grande distribution de ses données.
– Indexera, publiera et syndiquera ses données sur l’Internet au moyen des standards, interfaces et formats ouverts en vigueur.
– Mettra en place les accords appropriés en vue du partage de ses données avec l’ICIS (Integrated Cadastral Information Society) et encouragera l’ICIS à partager ses données avec le grand public.
– Développera un plan de numérisation et distribuera librement les archives disponibles au public.
– S’assurera que les données fournies à la ville par des tierces parties (développeurs, prestataires, consultants) sont libres, dans un format ouvert en vigueur, et non soumises à des droits d’auteurs ou aux lois du copyright, exception faite d’empêchement pour considérations légales.
– Mettra sous licence toutes les applications logicielles développées par la ville de Vancouver de sorte qu’elles pourront être utilisées par les autres municipalités, les entreprises et le public sans restriction.

En conséquence, le City Manager (NdT : le gérant municipal) aura pour tâche de développer un plan d’action en vue de la mise en application du texte ci-dessus.

Nous sommes nombreux à avoir travaillé d’arrache-pied pour mettre en place cette motion. Même si plusieurs villes comme Portland, Washington DC ou Toronto, ont mis en œuvre certaines des idées défendues dans cette motion, aucune ne l’avait codifié ou n’avait été aussi claire et explicite dans ses intentions.

Je vois certainement cette motion comme la pierre angulaire d’une transformation de Vancouver en ville ouverte (NdT : Open City), ou comme le formule mon ami Surman, en ville qui pense comme le Web.

À plus haut niveau, l’objectif qui anime cette motion est de permettre aux citoyens de créer, concevoir et contrôler l’expression virtuelle de leur ville afin qu’ils puissent en retour influer sur la ville réelle et physique.

Dans la pratique, je crois que cette motion va accentuer plusieurs résultats :

  • De nouveaux services et programmes : les données étant ouvertes, partagées et possédant des APIs (interfaces utilisateurs) dédiées, nos concitoyens codeurs vont créer des applications Web qui faciliteront leur vie (et celle des autres), les rendront plus efficaces et plus plaisantes.
  • La possibilité de piocher dans la longue traîne de l’analyse politique publique : plus les habitants de Vvancouver consulteront les données, les cartes et les autres informations de la municipalité, plus ils remarqueront les lacunes, les problèmes et autres difficultés, d’où un potentiel d’économie d’argent, d’amélioration des services et, de manière plus générale, d’édification d’une ville plus puissante.
  • La création de nouvelles entreprises, rendre la ville plus attractive pour les compétences : comme la ville partage plus de données et utilise plus de logiciels Open Source, les nouvelles entreprises créant du service autour de ces données vont éclore. De manière plus générale, je pense que cette motion, au fil du temps, va attirer le talent à Vancouver. Selon Paul Graham, les grands programmeurs veulent de bon outils et des défis intéressants. Nous leur offrons les deux: le défi d’améliorer la ville où ils vivent ainsi que les outils et données pour les assister.

Ceux qui souhaiteraient assister au conseil municipal afin de soutenir cette motion trouveront les détails ici. La réunion du conseil est Mardi 19 Mai à 14 heures. Vous pouvez aussi voir la séance en direct.

Ceux qui veulent écrire une lettre pour soutenir la motion peuvent l’envoyer à cette adresse.

Notes

[1] Crédit photo : Sophiea (Creative Commons By)




Le petit livre mauve (et libre) de Nicolas Dupont-Aignan

Le petit livre mauve - Nicolas Dupont-Aignan - ILV - CC by-saTous ceux, nombreux, qui ont suivi les débats à l’Assemblée autour du projet de loi Création et Internet, auront peut-être découvert ou en tout cas retenu les noms de certains parlementaires qui auront tenté jusqu’au bout de refuser cette loi inique.

Le député Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, était de ceux-là.

Or, celui qui a comparé les pro-Hadopi « aux moines copistes qui voulaient emprisonner Gutenberg et interdire l’imprimerie », nous revient aujourd’hui avec un livre original et très certainement pionnier en son genre en France : Le petit livre mauve.

Ce livre, qui s’inscrit dans la perspective des élections européennes (à ce propos n’oubliez pas Le Pacte), est selon ses dires un abécédaire « de l’Europe qui marche sur la tête… et qu’il faut remettre sur ses deux jambes ! »

Il ne s’agit pas pour moi ici d’en faire la critique politique, mais de souligner que ce livre est rien moins que disponible chez InLibroVeritas[1], sous licence, tenez-vous bien, Creative Commons By-Sa !

Et dans sa version print (comprendre vraie livre physique) il ne vous en coutera que 2 €.

Voici ce qu’on peut notamment lire sur le blog de Nicolas Dupont-Aignan :

Ce livre est publié par Inlibroveritas, une maison d’édition originale qui fait le pari innovant de l’émergence d’un nouveau modèle économique et culturel du livre, fondé sur l’accès gratuit aux œuvres sur internet. Créée en 2005 par Mathieu Pasquini, Inlibroveritas édite des livres sous licences totalement libres de droits, qui sont diffusés à la fois sur support physique payant et sur support numérique gratuit par internet. Le site communautaire d’Inlibroveritas constitue ainsi une sorte de bibliothèque ouverte contenant toutes les œuvres publiées par cette maison et qui draine plus d’un million et demi de connexions par mois. La démarche d’Inlibroveritas s’inscrit dans le concept d’ « édition équitable », qui est un peu au livre ce que la licence globale – l’un des combats majeurs de Debout la République – est à la musique et au cinéma.

Ce n’est certainement pas ceci qui me fera voter pour lui, mais cela y participe.

D’autant qu’avec ce modèle il est bien plus facile de s’informer de ce que l’homme politique a à dire et à proposer.

Notes

[1] Il est également à noter qu’InLibroVeritas inaugure une nouvelle collection, Science Libre, avec comme premier ouvrage L’évolution du vivant expliquée à ma boulangère de Virginie Népoux (toujours sous la très libre licence Creative Commons By-Sa).




Quand l’Europe est invitée à signer le Pacte du Logiciel Libre

Le pacte du Logiciel Libre - AprilC’est à ce type d’initiatives que l’on mesure pleinement le rôle et l’utilité de l’April et de tous ses adhérents.

En invitant, depuis 2007, les candidats aux élections politiques à signer Le Pacte du Logiciel Libre, l’April sensibilise en effet nos futurs représentants aux enjeux du logiciel libre. Accord, refus ou indifférence constituant alors des éléments d’information à prendre en compte lors du vote 😉

C’est aujourd’hui le tour des élection européennes qui sont souvent le théâtre de décisions lourdes de conséquence pas forcément médiatisées.

Encore faut-il que notre candidat soit au courant. C’est pourquoi l’April vous invite à porter ce Pacte à leur connaissance. Car rien ne se fera sans vous.

Il y a actuellement 72 signataires du Pacte à l’Assemblée nationale. Participons à sensiblement augmenter ce chiffre dans toutes les chambres représentatives et les futures lois Hadopi ne passeront plus.

Vous trouverez ci-dessous la reproduction du Pacte et du communique de presse de l’April.

Le Pacte du Logiciel Libre à la conquête du Parlement européen

URL d’origine du document

Paris, le 31 mars 2009. Communiqué de presse.

À l’occasion des élections européennes de juin 2009, l’April lance une nouvelle campagne sous la bannière de l’initiative Candidats.fr : tous les citoyens attachés au Logiciel Libre sont invités à proposer le Pacte du Logiciel Libre aux candidats. Le Parlement européen est effectivement le théâtre de débats majeurs pour le Logiciel Libre et les standards ouverts. L’April souhaite par cette campagne prévenir le retour des brevets logiciels, les atteintes à la neutralité des réseaux, et favoriser l’interopérabilité et la libre concurrence sur le marché européen du logiciel. L’April souhaitant que cette campagne soit l’occasion de sensibiliser aussi largement que possible les futurs députés européens elle propose à tous les citoyens européens attachés au Logiciel Libre de se joindre à cette campagne. L’April propose donc, avec l’association italienne Associazione per il Software Libero, un portail européen.

L’initiative Candidats.fr de l’April invite les citoyens à contacter les candidats aux élections européennes pour leur proposer le Pacte du Logiciel Libre. Le Pacte du Logiciel Libre est un document simple permettant aux électeurs de savoir quel candidat dans leur circonscription a conscience des enjeux du Logiciel Libre et s’est engagé à promouvoir et défendre les libertés qui y sont associées.

Le Pacte du Logiciel Libre est également un outil permettant à tous les citoyens attachés au Logiciel Libre de sensibiliser les candidats quant à la responsabilité qui sera la leur s’ils sont élus. Le Pacte du Logiciel Libre s’inscrit donc dans une double démarche citoyenne fournir une base au dialogue entre les citoyens et les élus avant les élections autour des enjeux du Logiciel Libre, et disposer d’engagements clairs pris en conscience.

Le Logiciel Libre est une opportunité pour le public, la France et l’Europe mais de nombreuses menaces pèsent sur son avenir. Au niveau européen, il s’agit de prévenir le retour des brevets logiciels, les atteintes à la neutralité des réseaux, et de s’opposer aux tentatives d’imposer le « trusted computing », véritable informatique déloyale, comme norme technique. Mais l’objectif est aussi de mettre un terme à la vente liée des ordinateurs et des systèmes d’exploitation, de réviser la directive EUCD, de mettre en place un véritable droit à l’interopérabilité et de favoriser l’utilisation de logiciels libres et de standards ouverts dans les administrations et établissements publics européens.

« Le Parlement européen vote les directives qui s’appliquent ensuite dans notre droit national, à l’instar de la directive EUCD transposée par la loi DADVSI. Il est donc essentiel que les eurodéputés soient sensibilisés aux enjeux du Logiciel Libre, afin que le droit européen ne soit pas porteur de discriminations pour les développeurs comme pour les utilisateurs, » déclare Benoît Sibaud, Président de l’April.

Des domaines comme le droit de la consommation ou la réglementation des marchés publics sont également concernés : la vente liée des ordinateurs et des systèmes d’exploitation est largement pratiquée en Europe, et les marchés publics y sont trop souvent orientés sur une technologie en particulier. L’établissement de règles claires est une condition incontournable pour mettre un terme aux abus de position dominantes et aux situations de rente.

« Les futurs eurodéputés doivent prendre conscience que le Logiciel Libre est une opportunité pour l’Europe. La mobilisation de chacun est essentielle pour que les candidats prennent la mesure de l’attachement des citoyens au Logiciel Libre et aux libertés qu’il leur offre, » ajoute Frédéric Couchet, Délégué Général.

L’April souhaite que cette campagne soit l’occasion de sensibiliser aussi largement que possible les futurs députés européens. C’est pourquoi, avec l’association italienne Associazione per il Software Libero, elle propose à tous les citoyens européens attachés au Logiciel Libre de se joindre à cette campagne. Les deux associations mettent leurs outils à la disposition de tous. Un portail européen avec un wiki (en anglais) donne accès à toutes ces ressources : http://freesoftwarepact.eu/

Le pacte du logiciel libre

URL d’origine du document

Un bien commun à protéger et à développer

Je suis candidat(e) aux élections européennes 2009

J’ai conscience que

Le travail des acteurs du Logiciel Libre participe à la préservation des libertés fondamentales à l’ère du numérique, au partage du savoir et à la lutte contre la « fracture numérique ». Il constitue également une opportunité pour le public mais aussi pour l’indépendance technologique et la compétitivité de pays et de l’Europe ;

Le Logiciel Libre est un bien commun à protéger et à développer. Son existence repose sur le droit pour un auteur de divulguer son logiciel avec son code source et d’accorder à tous le droit de les utiliser, les copier, les adapter et les redistribuer, en version originale ou modifiée.

Je m’engage donc à

Encourager par des moyens institutionnels les administrations publiques, établissements publics et collectivités territoriales à développer et utiliser prioritairement des logiciels libres et des standards ouverts ;

Soutenir des politiques actives en faveur du Logiciel Libre et m’opposer à toute discrimination à son encontre ;

Défendre les droits des auteurs et des utilisateurs de logiciels libres, notamment en demandant la modification de toute disposition légale fragilisant ces droits et en m’opposant à tout projet ou proposition qui irait dans ce sens.