Une journée aux HackWeeks de l’EPPLUG

EPPLUG - CC by-sa Alors, à quoi ressemblait cette fameuse semaine aux HackWeeks « automne 2010 » finalement ?

Avant de faire un bilan de cette semaine particulière et riche en échanges, consacrons déjà un billet au déroulement type d’une journées standard, au cours de cet évènement qui réunit en un même lieu 25 participants de 4 projets de développement de logiciel libre, logés, nourris et bichonnés par une bonne douzaine de bénévoles de l’association des Éleveurs de Pingouins Picards, le LUG local, célèbre pour son organisation des Rencontres Mondiales du Logiciel Libres en 2007.

D’un certain point de vue, les journées aux HackWeeks commençaient comme ça (petit clin d’œil au passage aux équipes de Seeks et Domogik, ainsi qu’au magnifique soleil matinal amiénois) :

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Et elles se terminaient de la manière suivante :

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Mais rassurez-vous, je suis là pour témoigner du fait qu’on était bien traités entre les deux.

D’ailleurs, pour être honnête, les journées commençaient plutôt comme ça :

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Par un réveil matinal dans les confortables chambres individuelles (à 2 ou 4 lits), situées juste en face du CREPS d’Amiens où se déroulait l’évènement, et que l’on pouvait joindre en deux pas [1] après une bonne douche [2].

Des matinées studieuses

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Dès 8 h 30, les premiers développeurs acharnés, d’un naturel calme et tranquille [3] se rassemblaient dans la grande salle de travail, où quatre groupes de tables avaient été aménagés pour accueillir les participants de chaque projet.

Toutefois, les développeurs étant visiblement en majorité des « couche-tard », c’est seulement vers 10 h 30 que le gros des troupes en avait fini avec le petit déjeuné, servi sous forme de buffet à volonté dans une salle à part, réservée aux repas, conviviale mais située à l’autre extrémité du long bâtiment ! Bon, objectivement c’est à peu près le seul exercice physique qu’on ait fait de la semaine, mis à part les balades rafraîchissantes pour aller du lieu de travail (le CREPS) aux lieux de rencontres avec le public (des bars en ville).

Sur place, les styles variaient beaucoup d’une table à l’autre, mais on retrouvait partout la même détermination à avancer dans le travail. Pour ce faire, l’équipement était optimal : tables, chaises, multi-prises et câbles ethernets. En creusant un peu plus, on se rendait compte, au fur et à mesure des besoins, qu’il y avait également : bloc-note et stylos à volonté, et même un tableau papier par projet. Un frêle WiFi venait dépanner lors des quelques toussotements du réseautiers du début, lorsque différentes configurations étaient appliquées à la fibre optique mise en place sur-mesure pour l’évènement et ses éditions futures.

Calme et appliquée, l’équipe Domogik qui me prêtait un coin de table a rapidement recouvert son espace de travail d’équipement domotique divers, variés et encombrants. Un nouveau dans l’équipe apprenait les rouages du logiciel, largement guidé par ses deux collègues qui avançaient sur les fonctionnalités attendues. À cette table, le silence était de mise, pour aider à la concentration et surtout pour entendre les petits claquements de relais dans les équipements branchés et en cours de test.

Un peu plus extravertie, l’équipe Seeks débattait au tableau, se répartissait les tâches et s’échangeait quelques blagues sur IRC. L’effet est d’ailleurs toujours aussi surprenant… Tout ce petit monde pianote avec l’air sérieux, et d’un coup les rires fusent, chacun s’empressant d’en rajouter une ligne au clavier 🙂

Du côté de Dolibarr, le standing n’est pas le même. On passe des chercheurs hirsutes aux auto-entrepreneurs dynamiques. Ils étaient 12, discutant, débattant de manière animée et répondant au téléphone à leurs clients. À la table Dolibarr, pour coder il fallait se concentrer. Mais justement, il n’était pas rare d’y trouver des développeurs en pleine action, intensément concentrés sur leur code, parfois même avec des écouteurs sur les oreilles et qui sursautaient si on leur posait une question.

Enfin, les NObjets étaient nettement plus discrets [4], mais tout aussi productifs.

Des déjeuners conviviaux

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Tous les jours à partir de 12 h 30, une fois les repas du traiteurs livrés avec l’aide des bénévoles de l’EPPLUG, des volées de développeurs gagnaient la salle à manger en traversant joyeusement les couloirs du CREPS. Les repas étaient à la fois bons et légers (sauf le colombo de porc du début, qui servit de leçon pour tout le monde : pour coder efficacement toute la journée, manger léger). Ils étaient aussi très bons et nous sommes tous repartis avec quelques kilos en plus en fin de semaine.

Des après-midi efficaces

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Sans moment de flottement le travail reprenait rapidement après le repas, avec autant de passion que le matin. Les après-midi, monotones pour un observateur, crépitaient de claviotages dans une ambiance à mi chemin entre une LAN-Party sérieuse et un open-space convivial. De temps à autre, un évènement particulier vient animer l’après midi : une séance avec vidéo-projecteur chez Dolibarr, une lampe qui s’allume enfin chez Domogik, le montage d’un studio radio sur place, la subtile reprise « scientifique », au tableau papier d’un groupe dont je tairai le nom, de la fameuse pub pour le Tonyglandil des Nuls…

Des soirées chaleureuses

Tout ce petit monde s’agitait à nouveau le soir, quelques heures après la tombée de la nuit [5], lorsque les repas arrivaient. Suivant les activités prévues par l’organisation (présentations de projet, projection de court-métrages libres, repas au restaurant…) chacun se motivait pour suivre le programme, les équipes jouant le jeu quitte à manger en avance pour arriver « à l’heure » au bon endroit. Les déplacements s’improvisaient joyeusement, mais il faut bien reconnaître à la décharge des valeureux bénévoles de l’EPPLUG qu’il n’est pas aisé de décoller un geek de son écran, alors pour réussir à en mobiliser plusieurs d’un coup pour espérer faire une navette en voiture, il faut bien du talent…

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Les lieux de rencontre avec le public étaient spécialement décorés pour l’évènement et l’ambiance y était donc festive. Bien qu’objectivement les présentations de projet n’attirèrent pas les foules, les équipes furent bons publics les unes envers les autres, créant des moments privilégiés d’échange entre les développeurs.

Puis, la nuit avançant les effectifs s’éparpillaient pour entreprendre diverses activités, plus ou moins saines pour le lendemain, avant de finalement rejoindre les chambres du dortoir en briques par petits groupes.

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Notes

[1] C’est une expression, il en fallait 63 par beau temps et 75 les matins de givre.

[2] Les chambres en sont équipées.

[3] Qu’on appelle aussi geeks.

[4] Enfin discrets, sauf quand la musique d’un casque poussait l’un des artistes à retranscrire avec les index un solo de batterie endiablé, porté par la force du passage, sous le regard médusé de l’assistance…

[5] Qui arrive d’un coup à 16 h en cette saison.




Framasoft annonce deux nouveaux titres dans la collection Framabook

« Le C en 20 heures » - couverture par Alexandre Mory - Creative Commons By SaAprès la traditionnelle mise à jour d’automne du best-seller de la collection Framabook, Christophe Masutti, notre coordinateur de collection, s’est fendu ce matin d’un fier communiqué de presse, dont je vous dévoile ici le contenu en avant-première.

En effet, après de longs mois de labeur au sein de l’association, avec les auteurs, les bénévoles et relecteurs, l’équipe technique de mise en page et l’éditeur, Christophe n’annonce pas un, mais bien deux nouveaux Framabooks, s’ajoutant à la mise à jour complète du « Simple comme Ubuntu ».

Sortir ces deux ouvrages nous a occupé un peu plus que d’habitude, notamment parce qu’il a fallu adapter notre chaîne éditoriale (la formidable application web libre “La Poule ou l’Oeuf”) car la mise en page d’un des ouvrages s’est révélée particulièrement riche et complexe à mettre en œuvre. Mais comme le rappelle avec philosophie l’éditeur Mathieu Pasquini :

Un livre s’écrit à la vitesse à laquelle poussent les arbres dont leurs pages sont faites…

Toutefois, le site Framabook a été mis à jour cette nuit pour accueillir les nouveaux ouvrages, et ces derniers sont aussi disponibles à l’achat chez InLibroVeritas.

Le 7e Framabook sera donc un manuel de formation à la programmation, proposant une méthode intense et originale pour apprendre « Le C en 20 heures ». Sous licence Creative Commons By Sa, il fut rédigé conjointement par Eric Berthomier et Daniel Schang que vous pourrez découvrir plus avant dans la reproduction du communiqué de presse qui suit. « Unix. Pour aller plus loin avec la ligne de commande » - couverture par Alexandre Mory - Creative Commons By Sa

Le 8e Framabook fut quant à lui rédigé par Vincent Lozano et s’intitule « UNIX. Pour aller plus loin avec la ligne de commande ». Comme le précédent livre de Vincent dans la collection Framabook, il est placé sous licence Art Libre.

Avec ces deux nouveaux Framabooks, Framasoft continue résolument sa collection d’œuvres libres, permettant à tout un chacun de soutenir ses talents d’autodidacte en informatique, pour que le monde demain regorge des bidouilleurs inventifs que l’éducation nationale peine à former avec son B2i©.

Et ce n’est pas fini. Comme annoncé avec notre campagne de don “1000 10 1”, l’équipe Framabook est toujours à pied d’œuvre sur d’autres ouvrages qui viendront rapidement compléter la collection. On retrouve ainsi parmi les plus avancés le « Producing Open Source Software » de Karl Fogel, traduit par Framalang, ainsi qu’ « Imagine there is no Copyright » traduit cet été lors d’un Traducthon mémorable aux RMLL et qui attend juste son tour pour être mis en page.

Annonçons encore un mystérieux ouvrage préparé en secret par l’ami MBen et un livre sur l’utilisation du gestionnaire de versions SVN, dont la traduction est elle aussi bien avancée.

Enfin, le comité éditorial de la collection fait actuellement le tri dans les nombreuses propositions d’ouvrages reçues par Framasoft. Tout ne cadre pas toujours avec la convention de la collection, mais déjà deux projets s’annoncent comme particulièrement prometteurs…

Pour l’heure, place au concret, avec une présentation plus détaillée des nouveaux Framabooks, issue du communiqué de presse officiel du coordinateur de la collection.

Framabook n°7 : Le C en 20 heures

« Le C en 20 heures » - couverture par Alexandre Mory - Creative Commons By Sa

Le langage C est un langage de programmation dont l’histoire nous ramène à l’époque de la création d’Unix, durant la première moitié des années 1970. Conçu pour permettre à un même programme de fonctionner sur plusieurs types de machines, ce langage à fois simple et efficace séduisait par la rapidité d’exécution des programmes qu’il permettait de générer, et par sa relative simplicité d’adaptation pour un nouveau type de matériel. Depuis lors, la majorité des systèmes d’exploitation des machines créés ultérieurement utilisèrent ce langage fiable, à la fois proche du matériel et des mathématiques. Il n’est donc pas étonnant de retrouver aujourd’hui ce langage partout, des super-calculateurs aux téléphones portables. Le Logiciel Libre lui doit aussi beaucoup. Quel héritage ! Et quelle longévité. Dans ces conditions, comment apprendre aujourd’hui et en 20 heures seulement, un langage porteur de presque quarante ans d’améliorations (dont le C++) et de développements spectaculaires (dont GNU/Linux) ? C’est la question à laquelle Le C en 20 heures répond, et par la pratique.

Eric Berthomier et Daniel Schang nous font ainsi partager au fil des pages le fruit de leurs expériences pédagogiques et professionnelles en accomplissant un effort de vulgarisation trop rarement rencontré dans la littérature du monde de la programmation. Destiné aux grands débutants, l’ouvrage n’est pas un manuel comme les autres. Son intérêt est d’être parcouru de A à Z en suivant l’adage : « j’apprends le code en écrivant le code ».

Ainsi, Le C en 20 heures n’est pas un ouvrage destiné à prendre la poussière sur une étagère en attendant que l’on s’y réfère un dimanche matin pluvieux. Il a été écrit pour être lu d’un bout à l’autre, dans l’ordre et pendant 20 à 30 heures d’apprentissage (en tout !) où l’on vous suggèrera, par des exercices et des exemples, de programmer tel jeu ou de tester tel calcul en mettant votre imagination au défi. En ce sens, l’ouvrage est orienté vers la pratique de la programmation et l’enseigne sans doute à la manière dont les auteurs l’ont apprise : devant un ordinateur, à essayer de programmer quelque chose.

Les auteurs

Ingénieur en Informatique, Eric Berthomier a débuté par le développement d’applications systèmes en C / C++ / Assembleur. Investi dans le Libre, il réalise alors des missions de développement, d’administration système et réseau et de formation. Depuis 2005, il travaille pour un ministère où GNU/Linux et la sécurité sont ses compagnons de tous les jours. Le C (et l’Assembleur) sont pour lui indispensables à la compréhension d’un système d’exploitation.

Docteur en informatique, Daniel Schang est enseignant-chercheur au sein du Groupe Eseo où il a acquis une longue et riche expérience de l’enseignement des langages informatiques. À l’écoute de ses élèves, c’est pour eux qu’il a pris contact avec Eric Berthomier afin de réécrire ce livre qui, sous sa forme embryonnaire, était un support de cours.

Framabook n°8 : Unix. Pour aller plus loin avec la ligne de commande

« Unix. Pour aller plus loin avec la ligne de commande » - couverture par Alexandre Mory - Creative Commons By Sa

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Unix sans jamais oser le demander

Nous sommes désormais des habitués de la formule de Vincent Lozano qui, après son excellent ouvrage sur l’usage de LaTeX, récidive ici avec un manuel sur le système Unix (et – donc – GNU/Linux).

Lors de la création d’Unix, au début des années 70, un de ses concepteurs établit trois règles pour concevoir les composants de la « boîte à outils » qui permit à Unix de s’étendre :

  • Écrivez des programmes qui font une chose et le font bien.
  • Écrivez des programmes qui peuvent communiquer entre eux.
  • Écrivez des programmes qui traitent des flux de texte car c’est l’interface universelle.

Aujourd’hui, Vincent Lozano vous propose à la fois de découvrir ces outils situés « sous le capot » de votre distribution Unix (GNU/Linux en est une) mais aussi de concevoir les vôtres.

Si vous appréciez votre système Unix et que vous pressentez qu’il existe des outils qui rendent votre système programmable, cet ouvrage est pour vous ! Le langage de commande d’Unix vous offre en effet la possibilité de piloter votre système d’exploitation – et donc votre ordinateur – par le biais de scripts. Pour planifier des tâches aussi précises que vous le souhaitez, vous aurez donc le loisir de passer des ordres, à la fois de manière souple et puissante, à votre système informatique.

Dans cet ouvrage vous découvrirez les liens qui unissent l’histoire d’Unix et le mouvement pour les logiciels libres. Vous vous plongerez dans les utilitaires classiques de votre système et apprendrez à les assembler. Vous serez donc à même d’ajouter de nouvelles pièces à la boîte à outils. L’auteur vous guidera également pour que vous parveniez à créer vos propres programmes écrits dans le langage du système d’exploitation : le langage de commande.

L’auteur

Vincent Lozano est maître de conférences en informatique à l’école nationale d’ingénieurs de Saint-Étienne (Énise). Il y utilise GNU/Linux pour l’enseignement des systèmes d’exploitation, de la programmation et des bases de données. Il s’occupe également de l’informatisation du système d’information de l’Énise qui s’appuie sur des systèmes Unix.




FramaDVD Ecole : des ressources libres pour l’école primaire

FramaDVD EcoleDans la série « projets Framasoft », je voudrais le FramaDVD. Et plus exactement le « FramaDVD École ».

Rappel : le FramaDVD est une compilation des meilleurs logiciels libres pour Windows, sélectionnés par Framasoft, auxquels nous avions ajouté le liveCD Ubuntu, ainsi que de très nombreuses ressources libres (textes, vidéos, musiques, photos, etc) afin de montrer que la culture libre allait aujourd’hui bien plus loin que le logiciel libre. Co-réalisé avec une équipe d’étudiants aussi dynamiques que sympathiques, ce DVD 100% libre a été largement diffusé depuis sa sortie (en septembre 2009). Une mise à jour est d’ailleurs prévue pour les prochaines semaines.

Mais l’un des avantages du 100% libre, c’est entre autre la possibilité de décliner un projet libre existant pour l’adapter à différents besoins.

Et c’est ce qui s’est passé avec le FramaDVD École. Cyrille Largillier, directeur et professeur des écoles, membre déjà très actif du projet Framakey, s’est proposé de créer un DVD destiné à favoriser l’usage des TUIC à l’école primaire. Et, pour joindre l’utile à l’agréable, favoriser l’usage des logiciels et de la culture libre dans ces mêmes écoles.

—> La vidéo au format webm

En plus d’un projet libre, il s’agit bien là d’un projet collaboratif. Il a en effet été conçu avec l’aide d’autres communautés. Notamment :

  • ASRI Education : pour l’intégration de sa distribution GNU/Linux particulièrement légère, adaptée aux enfants et aux adultes ;
  • EducOO : pour l’intégration d’OOo4kids, une suite bureautique dérivée d’OpenOffice, elle aussi adaptée aux enfants, dont nous vous avions déjà parlé ici ;
  • Okawix (ou plus exactement la société Linterweb, qui a développé le logiciel libre Okawix) : grâce à Okawix, le FramaDVD École intègre l’excellente encyclopédie pour enfants Vikidia, en version hors ligne, pour les écoles ou les foyers où Internet n’est pas ou peu disponible.

Après plusieurs mois de travaux, nous sommes donc fiers de vous annoncer la naissance du FramaDVD École !

Conçu spécifiquement pour les élèves et les enseignants des écoles, le FramaDVD École, doté de nombreuses fonctionnalités, comprend notamment :

• Plus de 130 logiciels libres à installer, pour Windows, répartis en 5 catégories principales :
1. Général : des logiciels pour tous (bureautique, graphisme, Internet…)
2. Élève : pour travailler dans toutes les disciplines de l’école primaire ;
3. Enseignant : pour aider les professeurs à préparer leur classe ;
4. Handicap : pour faciliter l’intégration des élèves en situation de handicap ;
5. Jeux : pour se divertir intelligemment ;

• Des copies d’écran ou des vidéos et des notices qui présentent les fonctionnalités de chaque logiciel ;

• Des tutoriels qui expliquent comment utiliser ces logiciels en classe ;

• Des ressources pédagogiques libres;

• Des textes, vidéos, images et sons utilisables et diffusables librement;

• Un installateur de logiciels qui permet en quelques clics d’ajouter très rapidement de nombreuses applications sur son ordinateur;

L’encyclopédie pour enfants Vikidia disponible hors-ligne, sur le DVD, grâce au logiciel Okawix;

Une distribution GNU/Linux particulièrement adaptée aux écoles, ASRI Éducation.

Le DVD est bien évidemment en libre téléchargement.

Cette compilation représente une contribution pour le développement des TUIC (Techniques Usuelles de l’Information et de la Communication) et en particulier des logiciels libres dans les classes.

La liste des applications et contenus est visible sur la page du projet.

Par ailleurs, il sera possible d’ici quelques semaines d’acheter ce DVD à bas prix sur notre boutique en ligne : EnVenteLibre.org. Si vous êtes intéressés, merci de remplir le formulaire dédié afin que nous puissions faire presser le DVD en quantité suffisante.

Enfin, suivant le succès des ventes du DVD, une partie des bénéfices sera redistribué aux communautés participantes, et nous envisageons un programme inspiré du “Get 1 Give 1” d’OLPC qui permettrait de faire parvenir gratuitement des exemplaires dans les pays à faible connectivité.

Bons téléchargements [1] !

Téléchargement et informations complémentaires sur la page officielle du FramaDVD Ecole.

Notes

[1] Le miroir principal est proposé par nos amis suisses de l’EPFL, qu’ils en soient ici grandement remerciés. Si vous souhaitez participer au réseau de miroirs, vous pouvez nous aider.




Développer en public

Steve Jurvetson - CC by Voici, révélé sur son blog par Bradley M. Kuhn (cadre dirigeant à la FSF impliqué dans le projet GNU), l’un des meilleurs ingrédients pour la réussite d’un projet de logiciel libre : rendre son développement public, dès la conception. C’est du moins l’enseignement qu’il retire d’un échange qu’il a eu avec Loïc Dachary, pionnier du logiciel libre, fondateur de la FSF France, d’EUCD.info ou encore de la plateforme d’hébergement de projets libres Gna! [1].

Or, si l’idée peut sembler simple, sa réalisation est loin d’être anecdotique et porte à de nombreux débats, comme le synthétise ici Bradley. Mais surtout, ce qui se dessine au travers de cette réflexion, c’est un élément fondamental de la définition de ce qu’est un projet libre, un projet ouvert, un projet pérenne : c’est un projet dont on partage les idées et la conception, en plus des sources. Bradley Kuhn oppose, en filigrane, à cette vision, celle de grands projets (qui se clament bien souvent eux-même « OpenSource ») dont en effet seul le code est publié. Des projets opposant une résistance aux contributions extérieures, et qui peuvent alors presque paradoxalement sembler hermétiques, fermés…

Plusieurs exemples viennent aisément en tête car c’est entre autres l’un des principaux reproches fait à Chromium, la version « OpenSource » du navigateur Google Chrome. Mais LibreOffice, le récent fork d’OpenOffice, illustre parfaitement la conclusion de Bradley, quand la communauté d’un projet de logiciel libre finit par n’avoir d’autre choix que de partir sur un embranchement définitif des fichiers sources pour en ouvrir au public le développement, et plus le code seulement.

Où sont les octets ? [2]

Where Are The Bytes?

Bradley M. Kuhn – 11 juin 2010 – EBB.org
(Traduction Framalang : Barbidule, Loquemunaine, Goofy)

Il y a quelques années, j’avais envisagé de me lancer dans un projet de logiciel libre. Il n’a pas vu le jour, mais j’ai appris au passage des choses bonnes à savoir. Quand j’ai pensé à démarrer ce projet, j’ai fait comme à mon habitude : j’ai demandé à quelqu’un qui en savait plus que moi. J’ai donc téléphoné à Loïc Dachary, qui a initié de nombreux projets de logiciels libres, pour lui demander conseil.

Avant même que je puisse ne serait-ce qu’évoquer mon idée, Loïc m’a demandé : « Tu as une URL » ? J’étais abasourdi. Ben, je n’ai pas encore commencé, répondis-je. Bien sûr que si, reprit-il, puisque tu m’en parles c’est que tu as commencé. Le plus important, c’est que tu me dises où sont les octets.

Loïc m’expliqua ensuite que la plupart des projets échouent. Le plus difficile dans un projet de logiciel libre est de le pousser à un stade suffisamment avancé pour qu’il puisse survivre même si ses créateurs initiaux le quittent. Donc, selon la théorie de Loïc, la tâche la plus urgente à accomplir au démarrage d’un projet, c’est de générer ces octets, dans l’espoir qu’ils se fraieront un chemin jusqu’à une équipe de développeurs qui contribueront à maintenir le projet actif.

Mais qu’est-ce qu’il entend par « octets » au juste ? Il veut tout simplement dire que vous devez exposer vos réflexions, votre code, vos projets, vos idées, presque tout en fait sur une adresse publique où tout le monde pourra les voir. Montrez vos octets, montrez-les à chaque fois que vous en créez si peu que ce soit. C’est la seule chance de survie de votre projet de logiciel libre.

Le premier objectif d’un projet de logiciel libre est de rassembler des développeurs. Aucun projet ne peut avoir de succès à long terme sans une base diversifiée de développeurs. Le problème c’est que le travail initial de développement et le planning du projet finissent trop souvent enfermés dans la tête d’un petit noyau de développeurs. C’est dans la nature humaine : comment puis-je passer mon temps à expliquer à chacun ce que je suis en train de faire ? Si je le fais, quand trouverai-je le temps de faire vraiment avancer les choses ? Ceux qui dirigent les projets de logiciels libres savent résister à ce désir naturel et font ce qui peut sembler contre-intuitif : ils exposent leurs octets publiquement, même si cela les ralentit un peu.

Ce processus est d’autant plus nécessaire à l’ère des réseaux. Si quelqu’un veut créer un programme qui remplisse sa mission, son premier outil est le moteur de recherche : il s’agit de savoir si quelqu’un d’autre a déjà fait le boulot. L’avenir de votre projet dépend entièrement du fait que chaque recherche de ce type aide des développeurs à découvrir vos octets.

Début 2001 j’ai demandé à Larry Wall quel était le projet le plus difficile parmi tous ceux sur lesquels il a travaillé. Sa réponse fut immédiate : "quand j’ai développé la première version de Perl5," m’a dit Larry, "j’avais l’impression que je devais coder tout seul et le faire tourner par mes propres moyens". Bien sûr, Larry est un gars tellement doué qu’il peut se permettre de créer à lui tout seul un programme que tout le monde voudra utiliser. Bien que je ne lui aie pas demandé ce qu’il ferait aujourd’hui dans une situation pareille, je devine – particulièrement quand on voit comment le développement de Perl6 est devenu public – qu’il utiliserait plutôt les nouveaux outils en ligne, tels que DVCS, pour montrer plus vite et plus souvent ses octets, et chercher à impliquer plus tôt davantage de développeurs[3].

Il est vrai que la priorité de la plupart des développeurs est de tout cacher. "On publiera quand ce sera prêt", ou bien – pire encore – "le noyau dur de l’équipe travaille bien ensemble ; rendre le projet public maintenant ne ferait que nous ralentir". En vérité, c’est un mélange dangereux de peur et de narcissisme, exactement la même pulsion que celle qui pousse les développeurs de logiciels non-libres à les conserver propriétaires.

Les développeurs de logiciels libres ont la possibilité de dépasser la réalité fondamentale de tout développement logiciel : le code est mal fichu, et n’est généralement pas terminé. Malgré tout, il est essentiel que la communauté puisse voir ce qu’il se passe à chaque étape, dès le noyau initial du code et au-delà. Quand un projet est perçu comme actif, cela attire les développeurs et donne au projet une chance de succès.

Quand j’étais à la fac, une des équipes d’une classe de génie logiciel s’est complètement plantée. C’est arrivé alors même qu’un des membres de l’équipe avait passé près de la moitié du semestre à coder par lui-même, nuit et jour, sans se soucier des autres membres de l’équipe. Durant l’évaluation finale, le professeur lui fit remarquer : « un développeur de logiciel, ce n’est pas un pilote de chasse ». L’étudiant, ne voyant pas le rapport, plaisanta : « Ouais, je sais, au moins le pilote de chasse, il a un copilote ». En vérité, il ne suffira pas d’une personne ou deux, ou même d’une petite équipe, pour faire aboutir un projet de logiciel libre. Le projet ne marchera que s’il est soutenu par une communauté importante qui évitera tout point individuel de défaillance.

Il n’en reste pas moins que la plupart des projets de logiciels libres sont voués à l’échec. Cependant, il n’y a aucune honte à balancer quelques octets, pour inciter les gens à y jeter un oeil, quitte à laisser tomber si la mayonnaise ne prend pas. Toute la recherche scientifique fonctionne ainsi, et il n’y a pas de raison pour que l’informatique fasse exception. Garder un projet privé, c’est garantir son échec ; le seul intérêt, c’est que vous pouvez dissimuler le fait que vous avez essayé. Comme le disait mon directeur de thèse lorsque je me faisais du souci quant à la réussite de ma recherche : un résultat négatif peut être aussi intéressant qu’un résultat positif. Ce qui est important, c’est d’être sûr que tous les résultats seront publiés et que le public pourra les examiner.

Quand j’ai commencé à parler de cette idée il y a quelques semaines, certains m’ont répondu que les premiers programmes GNU, les logiciels fondateurs de notre communauté ont d’abord été développé en privé. C’est vrai, mais le fait que les développeurs du projet GNU aient procédé de cette façon ne veut pas dire que c’est la bonne. Nous disposons désormais des outils pour faire facilement du développement en public, et nous devrions le faire. De mon point de vue, aujourd’hui nous ne sommes pas vraiment dans l’esprit du logiciel libre tant que le projet, y compris les discussions sur sa conception, les plans et les prototypes, ne sont pas développés publiquement. Le code (quelque soit sa licence) qui n’est que balancé à intervalles plus ou moins réguliers mérite d’être repris par une communauté qui rende son développement public.


Mise à jour (2010-06-12) : J’ai complètement oublié de parler de « The Risks of Distributed Version Control » par Ben Collins-Sussman, qui date de cinq ans maintenant mais qui est toujours d’actualité. Ben fait un constat similaire au mien, et remarque que certaines utilisations de DVCS peuvent avoir les effets que j’encourage les développeurs à éviter. Je pense que DVCS est comme n’importe quel autre outil : il peut être mal utilisé. Il faut éviter de s’en servir comme Ben le signale, et DVCS, lorsqu’il est utilisé correctement, aide dans le processus de développement public de logiciel.

Notes

[1] Fonctionnant tout comme GNU Savannah grâce au logiciel Savane dont il est le principal développeur.

[2] Crédit photo : Steve Jurvetson (Creative Commons By). Cette photo, intitulée « mémoires primitives » est un gros plan sur une barrette de mémoire vive du milieu du siècle dernier. On y voit un quadrillage de « fins » fils de laiton, tricoté à la main avec de petits anneaux de ferrite à chaque intersection, le tout noyé dans de la colle. L’ensemble, qui pouvais occuper le volume d’un magazine papier, était capable de conserver plusieurs centaines de … bits de mémoire. Le circuit tricoté ici représente ainsi 38 octets de mémoire vive, et il est assez vertigineux de constater que 50 ans plus tard, on stocke environ 25 millions de fois plus d’information dans le volume de chaque anneau de ferrite.

[3] Notez que rendre son code public au milieu des années 1990 était plus difficile (d’un point de vue technologique) que maintenant. Ceux qui n’ont pas connu les archives shar ne s’en rendent pas compte. 🙂




Framapack : un succès discret, mais pas inattendu…

Framasoft - CC By SaComme nous l’annoncions il y a tout juste 10 mois, Framasoft a mis en place un service destiné à favoriser la migration, en douceur, des utilisateurs de Windows vers les logiciels libres. Or, comme pour l’annuaire Framasoft dès ses débuts, le succès rencontré par Framapack aujourd’hui nous confirme que les logiciels libres, on les aime d’abord un peu, et puis beaucoup, et même passionnément dans les associations du libre, voire à la folie selon certains.

En quelques mots, Framapack permet d’installer automatiquement sur un ordinateur équipé de Windows toute une collection de logiciels libres.


Ainsi, sur Framapack.org vous pouvez sélectionner parmi les cinquante applications proposées celles qui correspondent à vos besoins, et télécharger d’un clic l’installateur généré pour vous à la volée en fin de sélection. Un nouveau clic vous permet de lancer l’installateur sur la machine à libérer, et ce dernier se chargera alors de télécharger à son tour et d’installer pour vous les dernières versions des logiciels libres que vous avez choisis.


Il est important de préciser que les applications sont installées telles que vous les auriez téléchargées depuis leur site d’origine, sans avoir subit la moindre transformation de notre part[1].


Or, nous sommes fiers de pouvoir annoncer aujourd’hui que ce projet, dont les maîtres mots sont simplicité et liberté[2], a rencontré un succès dépassant nos pronostics, en distribuant plus de 100 000 logiciels libres au cours de ses 8 premiers mois d’existence.

Nous ne pouvons que remercier les quelque 5000 visiteurs mensuels de nous accorder ainsi leur confiance.

Enfin, si vous n’y trouvez pas le logiciel que vous cherchez ou si vous avez une idée d’amélioration, n’hésitez pas à nous déposer un petit message sur contact _arobase_ framapack.org. Pour l’heure, nous envisageons d’ajouter dans les prochaines versions du projet un petit morceau de musique libre pour agrémenter le temps de chargement des applications, n’hésitez pas à nous faire part de vos préférences dans les commentaires de cet article.

Notes

[1] À l’exception de CDex qui confirme ainsi la règle, voir la F.A.Q. de Framapack pour plus d’information à ce sujet.

[2] Jusqu’au code source mise en œuvre, disponible sur SourceForge.




L’April et Framasoft joignent leurs efforts pour plus d’accessibilité… libre !

Avec le concours du groupe de travail accessibilité et logiciels libres de l’April, une nouvelle rubrique vient de voir le jour dans l’annuaire des logiciels libres Framasoft : la rubrique « Accessibilité, technologies d’assistance », classée dans la rubrique utilitaires.

Il s’agit ainsi de donner plus de visibilité à des logiciels libres d’accessibilité. En effet, certaines personnes nécessitent l’utilisation de technologies spécifiques pour utiliser leur ordinateur. Par exemple, une personne qui ne pourra pas voir son écran pourra utiliser un logiciel qui décrira oralement ce qui s’y passe et lui permettra de naviguer à l’aide de raccourcis clavier, en remplacement de la souris.

Le groupe de travail accessibilité de l’April a commencé à recenser les logiciels libres existant, certaines notices et tutoriels sont déjà rédigés. Mais il reste encore beaucoup de travail pour alimenter cette nouvelle rubrique accessibilité sur le site de Framasoft. En joignant leurs efforts, c’est le pari de la promotion et de la progression de la liberté et de l’accessibilité que l’April et Framasoft souhaitent relever ensemble.

Toutes les bonnes volontés sont invitées à contribuer ! Pour savoir comment participer, rendez-vous sur :

Vous pouvez aussi nous contacter à l’adresse accessibilite@april.org.

PS : Et puisqu’on parle de l’April et Framasoft, je signale également cette présentation vidéo de notre permanent Pierre-Yves Gosset.




Les AMAP : c’est quoi ? c’est bien !

Mzelle Biscotte - CC by-saIl y a quelques semaines, nous tentions une nouvelle escapade parmi les Hors-sujet… ou presque du blog en vous parlant de Couchsurfing, cette pratique sociale et solidaire qui prend le contre-pied des canons de la société de consommation, et remise au goût du jour par le réseau des réseaux.

Aujourd’hui, nous poursuivons l’exploration en évoquant une autre pratique solidaire aux valeurs humanistes proches de celles portées par le logiciel libre.

Il ne s’agit pas d’un site ou d’un projet, mais d’un véritable phénomène de société, émergeant enfin en France : les AMAP. Ces Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne, poussent en effet comme des champignons et il est fortement probable qu’elles soient déjà plus nombreuses que les GUL[1] en France comme on peut s’en convaincre en se promenant sur le site Réseau-AMAP.org[2].

Les AMAP proposent tout simplement une autre façon de faire ses courses alimentaires. À l’image de l’émergence de GNU/Linux et des logiciels libres face à Windows et aux logiciels privateurs, les AMAP se composent d’hommes et de femmes qui ont décidé de s’organiser pour ne plus subir un système jugé déloyal, représenté par les coopératives agricoles et la grande-distribution, qui imposent aux paysans une agriculture intensive et polluante, tout en achetant à des prix irresponsablement bas des denrées que le consommateur paye au prix fort.

Ensemble, ils ont imaginé une autre solution, et elle fonctionne tellement bien qu’aujourd’hui, que l’on profite de l’air pur de la campagne, ou du bruit des villes, on a sûrement une AMAP à proximité. Et si elle se révèle trop éloignée, c’est qu’il y a la place pour en créer une nouvelle plus près 🙂

D’ailleurs, une fois qu’on a pris l’habitude de ne plus consommer passivement, tout s’illumine !

Voyez par vous-même : en se rapprochant du G.U.L. le plus proche, on installe un système d’exploitation libre sur sa machine, et rapidement au fil des discussions, on lance le site FDN dans son Firefox. De là, on libère sa connexion Internet et on commence à produire l’Internet qu’on consomme… Dès lors, pour peu qu’on aide à tenir le stand de l’association (par exemple au Village du Libre de la fête de l’Huma) on risque fortement de rencontrer d’autres membres qui vous présentent à leur tour : Énercoop, la coopérative d’intérêt collectif des producteurs et consommateurs d’électricité 100% renouvelable, qui permet de s’affranchir d’EDF. Et finalement, lorsqu’on a décidé d’avancer tant que la voie serait libre, on se rend compte que la route s’allonge sous les pieds, sans cul de sac, jusqu’à trouver naturel de prévenir son AMAP qu’on ne viendra pas chercher son panier pendant deux semaines puisqu’on s’évade en co-voiturage pour des vacances à l’aventure en Couchsurfing, ou avec les enfants en club CPN

Je vous présente donc « Framap », l’innocent nouveau projet de Framasoft, qui tient en un billet de blog…

Un article rédigé à Kervelgan près de Baud en Bretagne, par mon frère Denys. Et attention, Daphné K. n’a qu’à bien se tenir car il est lui aussi guitariste et poète à ses heures !

Framap : Favoriser la Reconnaissance des « Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne »

Denys Descarpentries – 19 août 2010

Dans un monde où les entreprises seraient délocalisées pour augmenter les profits des grands actionnaires, dans un monde où les agriculteurs n’auraient d’autre choix pour survivre que de s’agrandir et de produire de façon intensive, à grand renfort d’engrais et de pesticides ; dans un monde qui ressemblerait étrangement au nôtre donc, quels seraient les leviers d’action des consommateurs non consentants ?

Une piste qui a fait ses preuves est celle des « consom’acteurs » qui se réunissent en AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) et s’émancipent des circuits de grande-distribution, tout en mangeant bon et bio.

Le principe des AMAP est relativement simple. Il s’agit de mettre en relation un groupe de consommateurs et une ou plusieurs fermes locales, pour organiser une distribution hebdomadaire de paniers, composés de « produits de la ferme ». C’est un contrat solidaire entre d’un côté des producteurs qui s’engagent à nous fournir toutes les semaines des produits bio et d’un autre des consommateurs qui paient à l’avance la totalité de leur consommation pour une période donnée[3].

En ce qui me concerne, je suis adhérent d’une AMAP avec mon amie depuis deux ans. Nous nous fournissons en légumes, lait, produits laitiers (beurre, fromages, crème fraîche, desserts…), en pain, œufs, miel, jus de pomme et en cidre (et oui, nous habitons en Bretagne ^^). Nous avons un contrat avec chacun des 7 producteurs membres de l’AMAP et les intérêts que nous y trouvons sont nombreux. Je vais les classer en trois catégories : les aspects économiques, environnementaux et sociaux (les initiés remarqueront au passage qu’il s’agit là des trois piliers du développement durable…!).

L’aspect économique

Pour les producteurs adhérents, l’aspect économique est le plus important. Le fait de recevoir la totalité des paiements au début de chaque période permet aux agriculteurs de compter sur une trésorerie suffisante pour réaliser des investissements lourds. Ces investissements sont nécessaires pour faire évoluer leur outil de travail, et à plus forte raison en agriculture biologique où les techniques d’élevage et de culture sans « produit artificiel » et dans le respect du bien-être des animaux demandent des outils spécifiques.

Pour les « amapiens » que nous sommes, il s’agit en revanche du point le plus délicat. En effet cela demande de faire un chèque environ tous les 6 mois, ce qui représente une grosse sortie d’argent à prévoir dans le budget. En fonction des AMAP, il est tout de même possible de faire plusieurs chèques pour un même producteur et d’étaler ainsi les versements.

Concernant le budget alimentation, il faut bien se rendre compte d’une part que les produits bio achetés à l’AMAP ne sont pas plus chers que sur les marchés et si vous habitez en ville, ils sont même moins chers que dans les grandes surfaces. Et ensuite, que même s’il faut toujours se rendre dans les magasins pour acheter les produits qui ne sont pas proposés par l’AMAP (tout bonnement le « non alimentaire »), les passages en supermarché sont beaucoup moins fréquents. Cela entraîne des économies de déplacement et une baisse notable des achats impulsifs des lots en super promo exposés en tête de gondole ou des produits qu’on ne pensait pas acheter avant d’entrer dans le magasin mais sur lesquels on craque quand on a le malheur d’aller faire les courses le ventre vide… Au final, nous observons que notre budget pour les courses n’a pas changé, alors que désormais nous mangeons bio et que nous contribuons activement à tous les autres aspects développés dans cet article.

Le dernier aspect économique (et non le moindre) c’est que les producteurs de l’AMAP sont des producteurs locaux. Cela permet de maintenir un tissu économique autour de chez nous, évite de passer par des intermédiaires qui s’enrichissent sur notre dos et celui des agriculteurs et cela réduit les coûts environnementaux liés aux transports des marchandises par camion ou pire, par avion. Il s’agit donc de lutter à notre échelle contre une forme de délocalisation bien réelle : celle des productions agricoles. D’ailleurs, soit dit en passant, lorsqu’on achète des produits en supermarché la logique reste la même : mieux vaut accorder sa préférence aux fruits et légumes du terroir, ou à défaut « origine France », par rapport aux autres provenances. Mais nous débordons déjà là sur le second aspect.

L’aspect environnemental

Il s’agit de l’aspect le plus facilement identifiable des AMAP. Les producteurs qui nous fournissent s’inscrivent dans une démarche d’agriculture biologique. Ils conduisent leurs cultures sans utiliser de produits synthétiques polluants tels que les engrais de laboratoire et les pesticides (herbicides, insecticides, fongicides, etc…). Pour la conduite des animaux, les hormones et les antibiotiques sont interdits et le bien-être animal est également un critère d’évaluation à respecter pour être labellisé.

Une autre facette de l’aspect environnemental se trouve dans la sauvegarde de la biodiversité. Les producteurs n’étant pas soumis aux contraintes de la grande distribution, ils peuvent « se faire plaisir » en cultivant des légumes méconnus[4] ou d’anciennes variétés presque oubliées (à l’heure des productions intensives et uniformisées) malgré leurs qualités. Je vous recommande de tester certaines espèces de tomates roses et biscornues[5] absolument délicieuses mais délaissées car ne répondant pas aux standards « toute ronde et bien rouge » ! Ou encore les délicieuses chips de panais, une espèce de grosse carotte blanche et savoureuse. Cette découverte de nouveaux légumes dans les paniers s’apparente un peu à ouvrir les « dragées surprises de Bertie Crochue » dans Harry Potter : on ne sait pas sur quoi on va tomber ! Des fois on aime, et parfois moins… Heureusement, il y a un panier d’échange où l’on peut remplacer ce qu’on n’aime pas par des légumes qu’on préfère, à condition d’y avoir goûté au moins une fois ! D’ailleurs nous sommes régulièrement surpris avec mon amie par la saveur des légumes bio, tellement meilleurs que ceux qu’on trouve dans le commerce (et ce n’est pas un cliché).

Quand le panier contient des espèces méconnues, notre producteur (qui est un passionné), accompagne toujours le sac d’un petit mot pour expliquer de quelle variété de légume il s’agit, préciser son histoire et indiquer comment le cuisiner facilement. Ainsi, il s’agit non seulement de faire revivre certaines espèces mieux adaptées à nos sols et à nos climats, mais également de piquer les curiosités, ajoutant toujours un peu de surprise à la découverte de la composition du panier de la semaine.

L’aspect social

Après avoir détaillé les aspects les plus matériels de l’affaire, abordons maintenant ce volet, un peu plus « bonus », un peu moins quantifiable, mais où pour ma part, je trouve aussi mon compte : l’aspect social. Tout d’abord, quand on est enfermé toute la journée chez soi et que l’on ne voit quasiment personne (quand on travaille à domicile par exemple, ou quand on cherche du travail), c’est pas plus mal d’avoir rendez-vous avec son panier de courses et donc avec les autres adhérents de l’AMAP par la même occasion. Comme ça on sort un peu de la maison (au moins une fois dans la semaine…) et on rencontre des personnes qui partagent des valeurs communes. Comme la distribution en elle-même est assez rapide, ça laisse du temps pour engager des discussions. Les profils classiques que l’on rencontre sont des couples d’enseignants (souvent à l’origine de la création de l’AMAP), beaucoup de jeunes dans la trentaine [6], des actifs de la classe moyenne (si si, il y en a encore) et bien sûr des écologistes convaincus.

Ensuite, pour approfondir les connaissances et surtout pour faciliter le bon déroulement des distributions, tous les adhérents sont conviés à s’inscrire à tour de rôle pour prêter main-forte aux agriculteurs, au moins une fois par semestre. On s’inscrit par trinôme, en fonction des places disponibles, ce qui nous amène à passer l’heure de distribution avec d’autres personnes et à voir défiler l’ensemble des adhérents (dont certains qu’on ne verrait pas autrement à cause des impératifs horaires propres à chacun). Les missions des « amapiens » de permanence sont : d’aider les producteurs à installer les tables, de porter les produits (cagettes, bidons de lait…) des camionnettes jusqu’aux tables, de peser les légumes et de les mettre en sachet pour gagner du temps pendant la distribution, puis de tout débarrasser à la fin. Cela nous permet également de voir l’envers du décors et de participer au groupe.

Enfin, nous sommes invités occasionnellement (une à deux fois par semestre) à venir apporter notre aide directement sur la ferme d’un des producteurs adhérents. Cela présente plusieurs avantages pour chaque partie. Tout d’abord c’est un renfort bienvenu pour l’agriculteur (arrachage de mauvaises herbes, récolte de plants de pomme de terre…). C’est également l’occasion pour l’agriculteur de nous présenter sa ferme et comment il travaille, et on est bien entendu invité à poser toutes nos questions. Mais c’est surtout un bon prétexte pour prendre l’apéro tous ensemble après le travail et la visite, puis de sortir les salades, les tartes au fromage de chèvre ou les pains d’épices que chacun a préparé chez lui la veille (avec les produits de l’AMAP évidemment) et de se faire un bon repas dans une ambiance conviviale, au soleil (même en Bretagne) à la campagne, en échangeant nos convictions associatives (et nos meilleures recettes).

C’est dans ce contexte et dans cette ambiance qu’en fonction de l’âge et du dynamisme de l’AMAP, d’autres services peuvent se mettre en place. Nous avons par exemple commencé cette année un service de « prêts de matériel » pour des outils qu’on n’a pas forcément tous chez soi (taille-haies, perceuses…). C’est vraiment le côté associatif de l’AMAP qui ressort. D’ailleurs dans le même état d’esprit, un des derniers courriels en date qui a circulé dans notre AMAP proposait de s’intéresser à la possibilité d’héberger soi-même sa boîte aux lettres électronique via une connexion Internet du fournisseur d’accès « dont vous êtes le héros », un certain FDN.fr[7].

Conclusion

Pour conclure ce billet, je ne serais pas tout à fait honnête si je ne vous faisais pas part des quelques inconvénients que j’ai pu constater au cours de mes deux années d’AMAP. Tout d’abord, comme je l’ai déjà mentionné, il faut payer tous les paniers au début du semestre. Au moins le budget est fixe, et puis c’est un réel atout pour les petits producteurs, mais il faut pouvoir sortir l’argent.

Ensuite, on ne sait pas à l’avance ce qu’on va avoir dans son panier… Mais une chose est sûre, ce sont des produits bios et ce sont des produits de saison (ce qui permet au passage d’apprécier à nouveau le rythme des saisons : non, on ne mange pas de haricots verts en hiver !).

Enfin, il n’y a presque pas de pause dans les distributions. Les agriculteurs prennent rarement de vacances et donc il faut être là toutes les semaines pour la distribution car on n’est pas remboursé d’un panier que l’on n’a pas pu venir chercher. Une solution consiste à proposer son panier à quelqu’un d’autre quand on n’est pas là… on peut donc faire passer un mot à l’AMAP la semaine précédente pour savoir si quelqu’un est intéressé pour le racheter, mais c’est quand même quelque chose à prévoir. Avec mon amie, on préfère offrir le panier à nos voisins, pour leur faire découvrir le concept et peut être les compter prochainement comme de nouveaux adhérents 🙂

Car, si la voie est libre, la route est encore longue…

Notes

[1] Trois sites qui recensent les Groupes d’Utilisateurs de GNU/Linux en France : l’annuaire de l’AFUL, l’InterLUG, et l’initiative TrouveTonGUL.

[2] Crédit photo : Mzelle Biscotte (Creative Commons By-Sa)

[3] Il y a souvent deux saisons de production : « printemps/été » et « automne/hiver ».

[4] Voici un lien vers le blog de l’association « Le Sens de l’Humus » qui expérimente différentes méthodes d’agriculture biologique autour des murs à pêche de Montreuil. Vous y trouverez plusieurs billets présentant ces « légumes méconnus ».

[5] Tomates rose de Berne

[6] En majorité des filles, et pas forcément en couple 😉

[7] Note de Siltaar : et cette anecdote authentique n’est pas de mon fait !




Imagine there is no copyright – Traducthon 2.0 – RMLL 2010

Imagine there is no CopyrightLors de la dernière Ubuntu Party à Paris, les framalinguistes ont lancé avec succès le premier « Traducthon ». Ce coup d’essai réussi ne pouvant rester orphelin, Framalang relève son propre gant. La deuxième édition du Traducthon (ou Traducthon 2.0) aura donc lieu du 6 au 9 juillet prochain à Bordeaux au cours des fameuses et célèbres Rencontres Mondiales du Logiciel Libre[1].

L’ambition est cette fois plus grande. La gourmandise des framalinguistes n’ayant pas de limite, nous ne pouvions donc nous limiter à un article. 4 jours d’intenses traductions, relectures, reformulations, mise en page, bières s’offrent à nous. Le texte sélectionné se devait donc d’être à la hauteur.

Le choix de Framalang s’est porté sur un livre au cœur de l’actualité : Imagine there is no copyright and no cultural conglomerates too / An essay (ce qui donne en français et en chantonnant du John Lennon : Imaginez qu’il n’y ait ni droit d’auteur ni industrie culturelle / un essai).

Ce document des néerlandais Joost Smiers et Marieke Van Schijndel analyse dans le détail les raisons du déclin du droit d’auteurs tel qu’il a été conçu à une époque d’avant l’immatériel, et pourquoi il ne peut survivre à l’univers numérique dont la présence est croissante dans nos vies quotidiennes. Cet essai propose par ailleurs un certain nombre de pistes, permettant de transformer le marché hyper-dominé de l’industrie culturelle en marché de micro-entrepreneurs de cette même culture, permettant une ouverture maximale du marché, en libérant les créateurs et en leur permettant de se rapprocher de leur public.

When a limited number of conglomerates control our common area of cultural communication to a substantial degree, then that undermines democracy. The freedom to communicate for everyone and everyone’s right to participate in his or her society’s cultural life, as promised in the Universal Declaration of Human Rights, can become diluted to the unique right of a few heads of companies and investors and the ideological and economic agendas to which they work.

Ce qui pourrait se traduire par :

Lorsqu’un nombre réduit de groupes industriels contrôle à un certain point notre univers commun de communication culturelle, il sape alors la démocratie. La liberté de chacun de communiquer et le droit de chacun de participer à la vie culturelle de sa propre société, tels que promis par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, peuvent se trouver dilués dans le droit unique de quelques dirigeants d’entreprises ou de quelques investisseurs, et dans les priorités idéologiques et économiques pour lesquelles ils travaillent.

Tous ceux qui le souhaitent peuvent participer à cette aventure avec nous. La traduction aura lieu sur le Pad de Framasoft. L’exercice de la traduction nécessite des compétences aussi variées que la maîtrise de l’anglais, la capacité de reformulation ou celle d’assurer la cohérence du style, une relecture attentive, mais surtout une grande ouverture d’esprit.

Toutes les bonnes volontés sont donc les bienvenues, sur place ou à distance. Et, as usual, dans la joie et dans la bonne humeur 😉

Notes

[1] Le week-end (10 et 11 juillet), les RMLL auront lieu en centre ville, et ne nous permettront pas de poursuivre la traduction en direct.