L’ADN de la Framakey dans la Trousse Numérique des collégiens

Trousse NumériqueL’un des intérêts majeurs du logiciel libre, c’est la possibilité de pouvoir l’adapter à ses besoins. Cependant si on nous avait dit, il y a cinq ans, que le projet Framakey inspirerait des projets de diffusion de clés USB bourrées de logiciels libres dans les écoles, collèges et lycées, je ne suis pas certain que nous l’aurions cru.

Et pourtant ! Après avoir compté plus d’une dizaine de projets « inspirés par la Framakey », nous ne pouvons que nous réjouir de voir que le mouvement se poursuit.

Ainsi, lorsque nous avons appris que le CRDP de l’Académie de Montpellier avait réalisé une « Trousse Numérique » à destination des élèves entrant en 6ème, nous avons naturellement eu envie d’en savoir plus en interviewant son chef de projet

Si vous avez connaissance de projets utilisant la Framakey (ou des équivalents) dans un cadre pédagogique, n’hésitez pas à vous manifester dans les commentaires !

<teasing>D’ailleurs, Framasoft a dans sa besace plusieurs projets libres en rapport avec l’éducation. Notamment un Framadvd « École » et des clés USB dédiées à ce public, pleines de ressources libres, et mon petit doigt me susurre qu’on pourrait même y retrouver une encyclopédie libre bien connue. Plus de nouvelles d’ici la rentrée</teasing>

Trousse Numérique – Entretien avec Stephen Lede-Khali

Bonjour Stephen, pouvez-vous vous présenter rapidement ?

Bonjour, je me nomme Stephen Lede-Khali et je suis Chargé de Mission TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement) au Centre Départemental de Documentation Pédagogique du Gard. Professeur des écoles, je suis devenu Animateur TICE de circonscription avant d’être détaché au CRDP de l’Académie de Montpellier. Je m’occupe du développement des TICE au Centre Départemental de Documentation Pédagogique du Gard en direction des usagers ce qui m’amène à des missions de formation, d’expertise et de conseil à destination des enseignants (premier et second degré) mais aussi des collectivités locales concernées par l’éducation. Dans le cadre de mes missions, je suis chef du projet « Trousse Numérique » au CRDP de l’Académie de Montpellier : j’ai animé une équipe pour concevoir cette clé USB et en ai pensé les principales adaptations.

Le CRDP de l’Académie de Montpellier est un établissement au service de l’accompagnement des priorités des politiques éducatives nationale, académique et départementale. Il est opérateur académique de ressources pour l’Éducation, en liaison et collaboration avec l’ensemble des institutions et acteurs de ces politiques. Parmi les missions du CRDP figurent :

  • la production, la diffusion et la mise à disposition de ressources documentaires, pédagogiques, éducatives, sous tous supports à travers son réseau de médiathèques, ses librairies et son site internet ;
  • le développement, la promotion, et l’accompagnement dans l’usage des technologies de l’information et de la communication;
  • l’édition, principalement à partir de réflexions et de pratiques issues de l’expérience quotidienne des acteurs de l’Éducation nationale ;  
  • le développement et la promotion de l’éducation artistique et de l’action culturelle ;
  • l’animation des CDI (Centres de documentation et d’information) des établissements d’enseignement ;
  • la formation des enseignants et des intervenants artistiques à l’utilisation des ressources éducatives.

Le CRDP favorise tous ces usages par des activités de veille, d’expertise, de conseil, d’accompagnement de projet et d’animation.

Votre CRDP a conçu une clé dérivée de la « Trousse Numérique », elle même adaptée de la Framakey. Pouvez vous nous en dire plus sur ce projet ?

Le projet est né d’une discussion entre un élu de la ville d’Alès, la directrice du CDDP et moi-même. La municipalité souhaitait doter les élèves de CM2 entrant en 6ème d’une clé USB à la place du dictionnaire qui était distribué jusque là. Ces clés USB devaient pouvoir être utilisées en classe mais aussi au domicile de l’élève avec ses parents. La Ville d’Alès en a confié la conception et la réalisation au CDDP du Gard.

En septembre 2009 une convention a été signée entre le CRDP de l’académie de Montpellier et la Ville d’Alès. Étant donné que nous n’avions jamais développé de clé USB, nous avons pris contact avec un autre CRDP (celui de Versailles) qui avait développé une première version de la Trousse Numérique pour la ville d’Élancourt. Après quelques échanges avec Johan Pustoch et Julien Delmas, concepteurs de la Trousse Numérique au CRDP de Versailles, nous avons décidé de développer une nouvelle Trousse Numérique car la Framakey avait été mise à jour entre temps.

Quelles sont les adaptations spécifiques que vous avez réalisées ?

la dernière version de la Framakey dispose d’une nouvelle interface sur laquelle nous nous sommes basés pour développer notre Trousse Numérique. Celle-ci a le même visuel et les mêmes couleurs que celle développée par la CRDP de Versailles mais nous avons travaillé sur le contenu de cette clé et avons réalisé des adaptations à destination d’élèves de CM2.

La Trousse Numérique élaborée par la CRDP de l’Académie de Montpellier comporte tout d’abord une toute nouvelle arborescence adaptée au niveau de langue des élèves de CM2 pour leur permettre de mieux se repérer lorsqu’ils l’utilisent. Par exemple, nous avons remplacé la catégorie « Internet et multimédia » par la catégorie « Internet, musique et vidéos » car elle nous semblait plus signifiante pour des enfants de CM2. Les autres catégories sont organisées par type d’actions tels « Je lis, j’écris », « Je joue » afin de faciliter la navigation pour un élève de CM2.

Une autre adaptation a été également réalisée au niveau de la sélection de logiciels afin qu’elle soit en adéquation avec les besoins d’un élève de CM2 (nous avons par exemple supprimé le raccourci vers OpenOffice.org Base bien que le logiciel soit toujours présent sur la clé).

A la demande de la municipalité nous avons ajouté des dictionnaires car cette clé vient remplacer ceux donnés au préalable aux élèves. Le Littré entier est stocké sur la clé USB et nous proposons également un lien vers le Larousse en ligne après avoir obtenu l’autorisation de la société Larousse. Par ce fait, le principe de liens sur l’interface de la clé a été introduit.

Ces liens sont également utilisés par la sitographie proposée sur la clé. L’interface de celle-ci pointe vers les sites des collèges du secteur car certains d’entre-eux proposent des conseils pour permettre à l’élève de préparer sa rentrée en 6ème. Nous avons ajouté dans cette rubrique le lien vers le site de l’académie en ligne qui permet de réviser et préparer sa rentrée en 6ème.

Enfin, il s’agit d’une clé hautement personnalisée et destinée avant tout aux élèves de la ville d’Alès : le logo de la ville figure sur la clé, le député-maire d’Alès a écrit un mot à destination des élèves (chose que l’on retrouve également sur la version d’Élancourt développée par le CRDP de Versailles) et chaque clé est identifiée : à la première connexion, l’élève est invité à entrer son nom et son prénom qu’il peut retrouver en cliquant sur « A qui appartient cette trousse ? »

Nous avons enfin ajouté une partie « Mes livres » dans laquelle figure des livres numériques à disposition des élèves. L’album Lily writes, album en anglais édité par le CRDP de l’Académie de Montpellier, y figure en version pdf avec la transcription sonore ainsi que deux extraits des Petites Histoires de l’Art, éditées par le CRDP de l’académie de Montpellier.

Comment vous y êtes vous pris pour réaliser ces adaptations, et quelles difficultés avez-vous rencontré ?

Ces adaptations ont d’abord nécessité de repenser totalement l’interface de la clé afin qu’elle soit facile à utiliser pour un élève de CM2. Nous avons cherché une cohérence dans la navigation tout en évitant la complexité et la redondance des menus.

Après modification des thèmes, nous avons travaillé avec le développeur web du CRDP autour des aspects techniques en concertation avec le CRDP de Versailles qui avait déjà réalisé des adaptations et nous a guidé dans notre travail. En tant que débutants, l’expérience de nos collègues a été primordiale et nous a permis de faire évoluer le produit selon nos désirs.

La clé comporte également des produits éditoriaux du CRDP de l’Académie de Montpellier. Il a fallu travailler sur ce point avec le service Édition pour régler les questions juridiques et les droits à payer à nos auteurs qui ont accepté que leur travail figure sur la clé USB sous une forme numérique, ce qui était une première pour nous. Notre infographiste a travaillé sur ce point afin que la forme numérique soit optimisée pour une lecture à l’écran.

Enfin, de nombreux collègues du CRDP ont apporté leur aide tant par leurs conseils que pour les devis réalisés ou la relecture et les test finaux de la clé.

En tout, la conception de la clé s’est échelonnée sur environ 3 semaines avec une semaine de travail intensif exclusivement consacré à la Trousse Numérique. Le master a ensuite été envoyé à un fabriquant qui a réalisé l’ajout des données et la tampographie avec le logo de la ville et l’adresse du site web en 3 semaines.

Ces adaptations sont-elles sous licences libres ?

Tous les logiciels présents sur la Trousse Numérique sont libres et ont été portabilisés par Framasoft.

En revanche, les livres numériques de la clé USB ne sont pas libres de droits. En effet, ils sont couverts par des droits d’auteur afin de garantir la rémunération de leurs auteurs et des éditeurs qui nous ont exceptionnellement autorisés à utiliser leur travail dans ce cadre.

De même, le logo de la Ville d’Alès n’est pas libre de droit.

Notre Trousse Numérique est libre à 95% : toute l’interface est libre ainsi que la majorité des logiciels car notre objectif est de fournir une interface adaptée aux élèves de cycle 3 entrant en 6ème. Libre à chacun d’y ajouter ses ressources propres par la suite (c’est ce que nous avons fait en incluant la version numérique de productions éditées par le CRDP de l’Académie de Montpellier).

Pourriez vous nous donner votre avis sur la situation du libre dans l’éducation ?

Actuellement, de nombreux enseignants utilisent des logiciels libres dans leurs pratiques pédagogiques et à destination des apprentissages de leurs élèves. Ainsi, la suite bureautique OpenOffice.org est présente dans de nombreux établissements scolaires tout comme le navigateur Firefox. Dans l’académie de Montpellier, le Rectorat met en œuvre le plan ENT 4-5-6 (Environnement Numérique de Travail 4-5-6) basé sur des logiciels libres et qui concernera à terme tous les établissements scolaires de la région.

Ces solutions cohabitent parfaitement avec d’autres environnement de travail et d’autres solutions logicielles au service des apprentissages des élèves mais aussi de la créativité des enseignants et de leur investissement.

Parlons plus spécifiquement de pédagogie. Une clé USB à l’école : pour quoi faire ?

Cette clé USB est comme son nom l’indique une véritable « trousse ». A l’image de la trousse réelle, elle permet à l’élève d’emporter ses outils partout avec lui et de les avoir à portée de main quel que soit l’endroit où il se trouve (école, domicile, espace public numérique, cyber-base, médiathèque, cyber-café), c’est aussi un espace de stockage de près d’1 Go, ce qui permet de nombreuses applications.

Outre les traditionnelles activités de traitement de texte ou de navigation, on peut très bien imaginer de monter des séances pédagogiques entièrement avec cette clé. Par exemple, l’album en anglais Lilly writes comporte une version lue et peut être étudié en classe avec les élèves qui pourront chez eux le réécouter. Le logiciel Audacity présent sur la clé et l’espace de stockage peut permettre à chaque enfant de s’enregistrer et de conserver son travail pour le présenter à son enseignant.

C’est aussi un outil de liaison entre les différents membres d’une équipe éducative : enseignants, intervenants linguistiques, animateurs d’espaces publics numériques ou de cyber-base mais aussi les parents d’élèves. En effet, cette clé peut permettre de découvrir ensemble des ressources à utiliser après l’école telles l’Académie en ligne mais aussi de se documenter sur la rentrée en 6ème.

Comment envisagez-vous l’avenir de ce projet ?

Clé USB - Alès CevennesCette clé a intéressé d’autres collectivités (une version a été conçue pour les municipalités de Lasalle, Sainte Croix de Caderle et Colognac) pour laquelle nous avons conçu une Trousse Numérique personnalisée « Bien Vivre en Cévennes ». A court terme, nous songeons donc à une première mise à jour de la clé et à un nouveau cycle de développement basé sur la nouvelle Framakey mais nous réfléchissons à d’autres perspectives à moyen terme. Ainsi, nous envisageons de travailler de manière encore plus conjointe avec le CRDP de Versailles avec la refonte du site www.trousse-numerique.fr et l’ajout de nouveaux contenus tout en gardant la spécificité de chaque clé (et notamment l’aspect personnalisation de celle-ci). De même, un groupe de travail étudie l’évolution de cette clé. Nous réfléchissons à ses déclinaisons dans les différents cycles mais aussi aux ressources que l’on pourrait y insérer car c’est l’une des plus-values majeures de cette clé éducative.

Merci Stephen, et bonne diffusion !  




Bienvenue à Simon Descarpentries, deuxième permanent chez Framasoft

Simon DescarpentriesFramasoft est fière d’annoncer officiellement l’embauche d’un deuxième permanent pour l’association du même nom qui organise et anime son réseau de sites et de projets.

Simon Descarpentries, alias Siltaar, vient donc épauler Pierre-Yves Gosset, dont nous souhaitons ainsi endiguer l’apparition des premiers cheveux blancs 😉

Simon n’est pas un inconnu pour nous puisqu’il est un fidèle membre de notre forum et fait partie de longue date des traducteurs de Framalang. Il s’est de plus illustré récemment en contribuant à la réussite de l’action de sensibilisation à la Cité des Sciences ainsi qu’à la mise en place de notre premier Traducthon lors de l’Ubuntu Party de Paris.

Pour en savoir plus, nous vous invitons à parcourir sa fiche de présentation en tant que membre de l’April. Déjà un beau CV du haut de ses 26 ans et des compétences et une polyvalence qui nous seront des plus utiles dans le contexte actuel.

Pourquoi un deuxième permanent ? La réponse est assez simple. Il suffit d’avoir la curiosité de jeter un œil sur notre Rapport moral 2009, que nous publions par la même occasion, pour constater que nous n’avons pas chômé et que l’activité multiforme du réseau est en forte croissance.

Framasoft c’est aujourd’hui des dizaines de projets collaboratifs auxquels participent régulièrement près d’une centaine de bénévoles. Ce sont ces derniers qui « font » Framasoft mais sans l’intendance assurée dans les coulisses par l’association en général et Pierre-Yves en particulier, nous n’en serions jamais arrivés là. Toutefois Pierre-Yves a tant et si bien travaillé qu’on se retrouve presque mécaniquement en surchauffe, nous obligeant soit à réduire fortement la voilure soit à poursuivre l’aventure en prenant quelques risques.

Avons-nous en effet les moyens de cette nouvelle ambition ? La campagne de dons ayant été un succès (cf le Rapport moral), nous pouvons aujourd’hui nous le permettre. Quant à demain rien n’est moins sûr, mais ce n’est pas le premier pari que nous faisons. Et puis, soyons optimistes, plus le temps passe, plus le logiciel libre et ses idées pénètrent la société, plus il y a de chances de rencontrer adhésion et soutien.

Welcome Simon !




Dis-moi si tu préfères bidouiller Arduino ou consommer iPad et je te dirai qui tu es

FreeduinoParmi la centaine de commentaires provoqués par notre récent article Pourquoi je n’achèterai pas un iPad, on a pu noter une opposition franche entre ceux qui pensaient qu’il était important, voire fondamental, d’avoir la possibilité « d’ouvrir le capot » logiciel et matériel de la bête, et ceux qui n’y voyaient qu’une lubie de geeks passéistes et rétrogrades.

Or aujourd’hui nous allons justement évoquer un drôle d’objet qui accepte d’autant plus volontiers de se mettre à nu qu’il sait que c’est sa principale qualité aux yeux de son enthousiaste et créative communauté.

Il s’agit de la carte Arduino qui est un peu à l’électronique ce que le logiciel libre est à l’informatique, puisque le design, les schémas, les circuits et l’environnement de programmation sont disponibles sous licence libre[1].

Pour vous en dire plus sur cet atypique hardware libre, nous avons choisi de traduire ci-dessous un article de présentation qui fait le parallèle et la liaison avec les hackers ou bidouilleurs du monde GNU/Linux.

Nous vous suggérons également cette excellente interview de Alexandra Deschamps-Sonsino, réalisée par Hubert Guillaud pour InternetActu, dont voici quelques larges extraits :

Arduino est une plateforme de prototypage en électronique. Elle permet aux gens de faire par eux-mêmes, c’est-à-dire de fabriquer des projets interactifs, des objets qui répondent, qui réagissent par exemple à la présence des gens, à leurs mouvements, aux pressions qu’ils y exercent… Arduino relie le monde réel au monde virtuel et vice-versa.

Arduino est né en 2005 au sein d’une école de Design en Italie (…). Plusieurs professeurs ressentaient le besoin d’une plateforme technique pour créer des environnements physiques interactifs, utilisables par des gens qui n’avaient pas les compétences techniques pour cela.

(…) Arduino permet de faire un lien entre une entrée et une réponse. Il agit comme un cerveau : quand il reçoit telle information, il fait telle chose, selon la manière dont je l’ai équipé ou programmé. Arduino est à la fois du hardware et du software (du matériel et du logiciel). Il se compose d’une carte électronique de quelques centimètres qu’on connecte à un ordinateur à l’aide d’un câble USB. On télécharge un logiciel gratuit sur son ordinateur qui permet de gérer et programmer la puce de la carte Arduino. Une fois programmée, cette puce exécute ce qu’on lui dit. Il n’y a plus qu’à connecter la carte à une batterie et elle fait ce pour quoi elle a été programmée.

(…) Au niveau de la communauté, cette plateforme a révolutionné la façon dont les gens pensaient et réfléchissaient à la technologie. Il a permis de ne plus penser la techno de manière abstraite, mais de produire et s’impliquer très rapidement. C’est une plateforme qui coûte peu cher (la carte de base et la puce coûtent une vingtaine d’euros). Toute l’information nécessaire pour accéder au matériel et à son fonctionnement est en ligne, en open source, que ce soit via les forums ou via l’aire de jeux (où la communauté publie codes, plans, tutoriels et astuces). La communauté est désormais forte de quelque 6000 personnes très présentes dans les forums pour accueillir et accompagner les débutants. Il s’est vendu plus de 60 000 cartes Arduino à travers le monde et la distribution est désormais mondiale.

(…) L’internet nous a permis de faire plein de choses avec nos vies en ligne… et nous a donné envie de faire la même chose avec les objets de tous les jours.

Depuis la révolution industrielle, on a beaucoup créé de dépendances aux produits déjà fabriqués, déjà organisés. Le mouvement DIY (Do It Yourself, Faites-le vous-mêmes) qui se développe depuis 2 ans, réunit une communauté qui ne veut plus accepter des produits tout finis, tout cuits. Cette nouvelle vague de hackers (bidouilleurs) essaye de regarder ce qu’il y a l’intérieur, alors que les conditions d’utilisation n’encouragent pas les gens à regarder ce qu’il y a l’intérieur de ce qu’ils achètent. (…) Le DIY devient un outil pour la microproduction, permettant à chacun de créer son propre business, de fabriquer 20 exemplaires et de voir ce qu’il se passe. Le DIY est finalement important pour sortir du carcan de la mégaproduction. Avant, il fallait un grand marché potentiel pour lancer un produit. Avec l’internet et des plateformes comme Arduino, chacun a accès à sa micro production.

Arduino s’inscrit donc en plein dans cette approche DIY (Do It Yourself), ou, encore mieux, du DIWO (Do It With Others), que l’on retrouve dans les Fab lab (lire à ce sujet cet article de Rue89).

Le professeur que je suis se met à rêver d’une utilisation accrue de ces objets libres dans nos écoles, en particulier en cours de technologie au collège[2].

Plus de curiosité, de créativité, d’esprit critique, d’autonomie, et d’envie d’appprendre, comprendre et entreprendre ensemble, pour moins d’idolâtrie, de passivité et d’individualisme consumériste : une « génération Arduino » plutôt qu’une « génération iPad » en somme…

PS : Tous les liens de l’article ont été ajoutés par nos soins pour en faciliter la compréhension.

Arduino – La révolution matérielle

Arduino – the hardware revolution

Richard Smedley – 23 février 2010 – LinuxUser.co.uk
(Traduction Framalang : Yoann, JmpMovAdd, Siltaar et Goofy)

Chaque année on nous annonce que ce sera « l’année de Linux sur nos écrans d’ordinateur ». Or cette percée tant attendue du logiciel libre chez le grand public tarde à arriver. Mais au moment même où nous guettons des signes d’espoir tels que les ventes de netbooks sous Linux, l’apparition de sites en Drupal ou le développement des téléphones Android (dont une partie est libre), une autre révolution est en marche, dans le monde physique et pourtant pas si éloigné de la sphère d’Internet.

Et voici Arduino qui fait son entrée : un faible coût, un code source ouvert, une carte matérielle pour le raccordement du monde réel à votre ordinateur, et/ou à tout l’Internet. Que peut-on en faire ? Tout. La seule limite est l’imagination, et comme vous allez le voir à travers quelques exemples de créations que nous passons en revue ici, l’invention de nouveaux usages est la seule règle.

Matériel ouvert

Tout comme dans le cas de GNU/Linux, la propagation de ce matériel tient aux raisons suivantes : tout le monde le possède, peut l’améliorer et il donne envie de s’y impliquer. Les plans de référence pour Arduino sont en effet distribués sous licence Creative Commons (le logiciel est quant à lui naturellement sous licence libre en GPL/LGPL), et la société italienne qui est derrière cette plateforme, Smart Projects, accepte avec plaisir les nouveaux collaborateurs et les suggestions alternatives. Les cartes sont réalisées en différents formats, vendues partout dans le monde entier, et si vous souhaitez en fabriquer une vous-même, le Web regorge de modèles différents, quel que soit votre niveau de compétence.

Le nombre de cartes utilisées est estimé à plusieurs centaines de milliers, mais comme dans le cas des distributions Linux, la possibilité de les copier librement rend délicat le décompte précis. Ce qui n’est pas difficile c’est de constater la nature véritablement ouverte des communautés en ligne et l’émergence de nombreuses réunions entre hackers autour des projets Arduino. Ceci a généré un flot continu des projets géniaux menés par toutes sortes de personnes à la fibre créative et artistique. Mais d’abord, un peu d’histoire…

Ceux qui ont de la mémoire et un intérêt pour l’histoire des geeks et du mouvement du logiciel libre se souviennent peut-être du Tech Model Railroad Club (TMRC) – un groupe d’étudiants du MIT créé dans les années 1950 qui s’étaient réunis pour jouer avec les trains électriques. Certains s’intéressaient avant tout aux modèles réduits mais d’autres se passionnaient pour les circuits, l’aiguillage et tout ce qui fait que les trains partent et arrivent à l’heure. C’est le fameux Signals and Power Subcommittee (NdT : Sous-comité des signaux et de l’énergie) qui a mis en œuvre dans les années cinquante et soixante un système de contrôle numérique semi-automatique très brillant, avant d’acquérir un ordinateurs PDP-11 en 1970.

Les membres du TMRC on incarné très tôt la culture hacker, lui donnant son vocabulaire et ses termes de référence. Beaucoup sont devenus des pionniers au sein des premières grandes entreprises d’informatique (DEC, …). Mais cette culture hacker correspondait bien au stéréotype américain du « nerd » : le génie sociopathe qui n’arrivait jamais à avoir de petite copine (au TMRC il n’y avait, inévitablement, que des garçons).

Les logiciels libres et la culture hacker ont toujours souffert d’un problème d’image, si bien que la participation féminine dans l’informatique professionnelle a chuté de 50% à 20% pendant les 50 dernières années, certain projets libres ont la proportion dérisoire de 1% de femme. C’est déplorable, les gars, vraiment ! mais il y a des lueurs d’espoir.

Au-delà d’Arduino

Les modules sont basées sur les micro-contrôleurs Atmel AVR et une conception open source. Il vous est donc facile de faire votre propre Arduino et en fait il existe beaucoup de versions de ce que l’on appelle les Freeduinos qui ont été créés pour des besoin très différents.

Même le micro-contrôleur Atmel n’est pas indispensable – du moment que l’interface et le langage sont compatibles, on peut bricoler toutes sortes de clones. Il existe aussi des kits pour créer son propre Arduino, vous pouvez même construire votre propre carte si vous êtes à l’aise avec l’électronique embarquée. C’est ce que font finalement certains après des expériences fructueuses avec l’Arduino, bien qu’ils ne soient pas à priori des hackers de systèmes embarqués.

Ainsi la télécommande Arduino pour caméra de Michael Nicholls’s, élaborée avec au Fizzpop hackerspace, est un voyage parmi les oscillateurs et les signaux carrés de contrôle. Chaque projet peut s’avérer aussi amusant qu’éducatif, et en fait, la vie ne devrait-elle pas toujours lier ces deux éléments ? Les télécommandes pour caméra sont un projet populaire, mais ceux qui souhaitent les rendre encore plus petites vont au-delà du projet Arduino, et développent leurs propres cartes mères.

Pour Abdul A Saleh et Aisha Yusuf, le projet Arduino a été une étape puisqu’ils bidouillaient un circuit à brancher sur des radios ordinaires jusqu’à ce qu’ils réalisent qu’un service Web serait plus utile pour leur idée de startup, un moyen de trouver des émissions télé connexes. Leur système peut désormais pointer sur des podcasts au lieu de parcourir les stations de radios, mais « c’est cela qui donne désormais un nouvel élan à de notre projet » indique Yusuf.

En creusant autour de l’univers amical des hackers d’Arduino on trouve plusieurs startups, micro-sociétés et excellentes petites entreprises de constructeurs, vendeurs et formateurs, ainsi que des artistes. Certains, comme .:oomlout:. entrent dans toutes les catégories à la fois.

Beaucoup sont allés du « suivre la voie du matériel libre », à « poursuivre leur rêves ». Tout comme l’Internet mobile, les ordinateurs portables et les cybercafés ont permis aux créatifs numériques de se lancer en freelance à moindre frais, le bidouilleur de matériel dédié a besoin de son espace de travail partagé à moindre coût, avec si possible plein de collègues créatifs autour. Pour répondre à ce besoin, les hackerspaces (NdT : que l’on pourrait éventuellement traduire par « bidouilloires ») ont finalement vu le jour au Royaume-Uni.

Hackerspaces

Si le netbook n’a pas complètement fait de 2009 « l’année de Linux dans les ordinateurs grand public », il a vu l’arrivée en retard des hackerspaces sur ses rives, avec des groupes se formant à Birmingham, Brighton, Exeter, Leeds, Liverpool, Londres, Manchester, Shrewsbury, Stoke-on-Trent et York, avec deux groupes distincts coopérant à Manchester. (NdT : le même phénomène s’est produit en France avec au moins cinq hackerspaces rien qu’à Paris – voir Hackerspace.net et ce reportage de Rue89)

Fabrique le toi-même, ne l’achète pas. L’éthique du hacker sonne bien ces temps-ci, alors que l’intérêt pour les jardins familiaux va croissant et que les journaux multiplient les dossiers pour nous aider à bâtir des maisons plus écologiques. Ce n’est plus le « fais-le marcher et répare », hérité de nos parents avec le rationnement en temps de guerre, et l’austérité qui a suivi, mais un défi post-société de consommation, pour trouver de la valeur au-delà du « je suis ce que je consomme », par une implication plus profonde dans les choses qui nous entourent. C’est cette implication que l’on retrouve avec les projets Arduino et les réalisations complexes sorties des hackerspaces. Ils témoignent d’une approche vraiment ludique et d’une certaines aisance avec la technologie plutôt que son rejet.

L’Homo sapiens est la seule race définie par les objets dont elle s’entoure, et qui ne peut survivre sans les outils qu’elle fabrique. Des recherches archéologiques ont montré que les néanderthaliens de l’âge de pierre, vivant dans des caves, sans agriculture, et survivant grâce à la chasse et à la cueillette, employaient leurs précieuses heures de temps libre à fabriquer des bijoux et du maquillage.

Il semble que l’envie de jouer, de se parer et de s’amuser soit inhérente à ce que nous sommes. Les hackers et les artistes qui utilisent les modules Arduino pour s’amuser avec le matériel ne sont ni des fondus de technologie ni des artistes d’avant-garde mais la simple incarnation de l’esprit de notre temps.

Quelques liens connexes (en vrac)

Ne pas hésiter à en ajouter d’autres références dans les commentaires et bien entendu à donner votre avis sur Arduino, son modèle et notre choix discutable de l’opposer ici symboliquement et sociologiquement à l’iPad.

Notes

[1] Crédit photo : Freeduino.org (Creative Commons By)

[2] Il est à noter que le groupe toulousain LinuxÉdu (voir ce billet du Framablog) propose le 5 juin prochain une découverte d’Arduino parmi les nombreuses autres actions de sa journée de sensibilisation.




Lancement réussi du premier Traducthon Framalang à l’Ubuntu Party de Paris

Traducthon - Ubuntu Party Paris - mai 2010Votre mission, si toutefois vous l’acceptez…

Le « Traducthon », mais qu’est-ce donc que ce néologisme barbare que l’on vient d’inventer ?

Cela consiste à traduire collaborativement au même moment et au même endroit un document anglophone sélectionné préalablement. Le challenge étant de commencer et surtout terminer l’ensemble du travail dans le temps imparti[1].

À l’initiative du groupe de traducteurs Framalang, le premier « Traducthon » vient à peine de s’achever. Il a eu lieu ce samedi 29 mai de 11h à 14h lors de l’Ubuntu Party de Paris, dont nous remercions les organisateurs pour leur invitation et leur accueil.

Rencontre et convivialité sans perdre de vue l’objectif. C’est un peu comme un apéro Facebook sans Facebook dont l’apéro viendrait après le boulot 😉

En s’insérant dans cette prestigieuse manifestation, l’idée était également d’inviter spontanément les passants curieux à participer avec nous, ou tout du moins leur expliquer ce que nous faisions là avec tant d’enthousiasme. Parce que « l’esprit du Libre » c’est aussi ça et ça n’est donc pas uniquement réservé aux développeurs chevronnés.

Pour coller à l’actualité, nous avons fait le choix d’un article critique sur l’iPad de Cory Doctorow nous expliquant pourquoi il n’en achètera pas (nous non plus d’ailleurs). Pari tenu puisque la traduction a été mise en ligne dans la foulée sur le Framablog !

Voici un cliché, parmi d’autres[2], où figurent quelques uns des participants :

Traducthon - Ubuntu Party Paris - mai 2010

Vous remarquerez la présence d’un écran coloré projetant l’espace de travail du Traducthon.

Nous avons en effet travaillé en temps réel sur un unique fichier issu de l’excellent logiciel d’édition collaborative en ligne Etherpad (dont Google, encore lui, a eu la bonne idée de libérer les sources récemment).

Traducthon - Ubuntu Party Paris - mai 2010Ceux qui y étaient en témoigneront dans les commentaires, travailler à l’aide de l’application Etherpad est pratique et ludique. À chaque couleur son participant, comme l’illustre l’image ci-contre, que l’on voit éditer en même temps qu’on édite, ce qui n’est d’ailleurs pas sans poser quelques intéressants problèmes d’organisation.

Cliquez (si le serveur tient) sur la frise chronologique de notre fichier à l’instant t=0 et appuyez sur la grosse flèche en haut à droite pour faire défiler le temps… Partagez-vous ma fascination de voir apparaître au fur et à mesure les contibutions, modifications et commentaires de chacun ?

Du coup, ceux qui comme moi n’avaient pu physiquement se rendre sur place à Paris ont eu la possibilité d’apporter néanmoins leur pierre à l’édifice en se connectant à l’instant précis de la date fixée.

Nous n’avions ici que 3 petites heures à notre disposition, ce qui limitait d’autant la taille du document choisi. Mais avec l’expérience de cette première fois plus qu’encourageante, nous vous donnons rendez-vous début juillet à Bordeaux pour la onzième édition des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre où nous serons présents durant les 6 jours de la manifestation pour œuvrer cette fois-ci à un projet bien plus ambitieux : la traduction intégrale d’un livre.

Merci à tous les participants et à très bientôt.

Notes

[1] Le Traducthon est un fork non hostile et adapté à un travail de traduction du concept des Book Sprints issu du site FLOSS manuals.

[2] Crédit photos : Quentin Theuret alias cheval_boiteux (Creative Commons By)




Inauguration du CF2L – Allocution du président de l’Université Paris Diderot

Le 5 février 2010 était inauguré à l’Université Paris Diderot le premier Centre de Formation Logiciels Libres (ou CF2L) dans le cadre de l’Université numérique Paris Île-de-France (UNPIdF).

Nous en avions annoncé ici-même la création et participé à diffuser le programme.

Cet évènement témoigne de l’intérêt croissant de l’université en général et de celles d’Île-de-France en particulier pour le logiciel libre. J’en veux pour preuve supplémentaire la présence de deux présidents et un vice-président d’université lors de cette inauguration.

Partie prenante de la formation, Framasoft était représenté par Pierre-Yves Gosset et moi-même. D’ordinaire les traditionnels discours officiels ont quelque chose de lisse et de convenu. Or nous avons été très agréablement surpris par l’acuité et la justesse des propos tenus ce soir-là. C’est aussi à cela que l’on mesure le chemin parcouru.

Mention spéciale à Vincent Berger, président de l’Université Paris Diderot et hôte de la manifestation, dont l’intervention m’a tant et si bien marquée que je n’ai pu m’empêcher de l’aborder pour lui demander l’aimable autorisation de la reproduire sur le Framablog.

Qu’il en soit ici chaleureusement remercié. Pour son accord, mais aussi et surtout pour être à la tête d’une université qui fait la part belle à un logiciel libre malicieusement associé ici à un oxymore.

CF2L - Inauguration - Jean-Baptiste Yunes

De gauche à droite sur le photographie ci-dessus[1] :

  • Michel Moreau-Belliard – Chef de projet de l’Université Numérique Paris Île-de-France (UNPÎdF)
  • Vincent Berger – Président de l’Université Paris Diderot
  • Jean-Claude Colliard – Président de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de l’Université Numérique Paris Île-de-France (UNPÎdF)
  • Arnaud Ducruix – Vice-Président de l’Université Paris Descartes, représentant Axel Kahn, Président de l’Université Paris Descartes

Intervention Président Berger

Inauguration du Centre de Formation aux Logiciels Libres
Vendredi 5 février 2010
Salle des thèses, Université Paris Diderot

Mesdames et Messieurs,
Chers collègues,

Nous le savons tous et vous le savez mieux que quiconque, la société de l’information qui est la nôtre est une société de la circulation : circulation des savoirs, circulation des données, circulation des signes. Qui a accès aux moyens de cette communication peut espérer prendre part à cette société de l’information et en être un acteur.

On sait combien l’économie du partage des savoirs est aujourd’hui un enjeu complexe. On sait aussi combien le large accès aux moyens de l’information est un enjeu politique au sens le plus large et le plus noble du terme. L’accès à ces moyens d’information conditionne la réalité de l’exercice démocratique dans un monde aux cultures et aux pratiques toujours plus intégrées et globalisées.

Dans ce contexte, on sait quel est le rôle charnière de l’université. Sa mission hier comme aujourd’hui est de garantir l’accès du plus grand nombre à des savoirs et à des compétences complexes. Son rôle dans l’économie de la connaissance et de l’information lui enjoint de jouer un rôle ambitieux et volontaire dans la promotion et la diffusion d’une culture du partage.

En cela, la pratique universitaire — qu’elle soit pédagogique ou scientifique, qu’elle se déploie dans une salle de TD ou un laboratoire — participe du même esprit que celle du logiciel libre. La dynamique collégiale, l’énergie collective qui ont rendu le développement du logiciel libre possible relève de la même éthique du partage que celle de la recherche et de l’enseignement.

Les outils numériques ouverts ont connu un essor tel qu’aujourd’hui ils répondent à la quasi intégralité de nos besoins en technologie informatique. Accompagner leur développement, former les utilisateurs et les développeurs à leur utilisation et à leur développement, est désormais aussi la tâche de l’université. Le Centre de Formation aux Logiciels Libres (CF2L) répond à cet impératif.

Dans sa conception et sa gestation, ce Centre est aussi exemplaire d’une autre forme de dynamique collaborative que nous défendons aussi : celle qui doit permettre à des universités de dépasser leur logique propre pour faire advenir des synergies porteuse d’avenir, porteuse de nouveau. C’est le cas de l’Université Numérique Paris Ile de France, pilotée par l’université Paris 1 – Panthéon Sorbonne, dont l’une des actions est d’offrir en mutualisation des formations à destination des personnels, quels qu’ils soient, appartenant aux universités franciliennes. C’est aussi le cas du RTC (Regional Training Center), aujourd’hui hébergé par l’Université Paris Descartes, une initiative de l’Université numérique et d’Apple pour former les personnels des universités de la région parisienne aux usages du numérique. En 2011 devrait ouvrir aussi un centre de formation aux outils Microsoft.

Le Centre de Formation que nous inaugurons aujourd’hui s’inscrit dans ce même esprit. Il témoigne de l’investissement ancien de notre établissement dans l’usage et la défense du logiciel libre. L’UFR d’informatique a eu, dès le début des années 80, une action très volontariste dans l’usage et la promotion du numérique ouvert, avec la pratique d’Unix par exemple. L’Université a, dès les années 90 promu l’usage systématique de systèmes d’exploitation libres au sein du Service Commun de Ressources Informatiques Pédagogiques et Technologiques (le SCRIPT), dirigé aujourd’hui par Olivier Cardoso. De nombreux enseignements s’appuient sur des logiciels libres.

J’ouvre ici une parenthèse, j’aime beaucoup l’expression « logiciel libre » qui a le charme des oxymores, comme « la force tranquille . Je me rappelle que lorsque j’étais étudiant en Maths spé, on employait une technique d’intégration qui répondait au nom épatant de « méthode de la variation de la constante ». Le programme d’une révolution, en somme.

Le « logiciel libre » ressemble à la variation de la constante, parce que justement, le logiciel est une succession d’actions élémentaires qui sont censées s’enchaîner « logiquement », c’est-à-dire tout le contraire de la liberté. Je me rappelle aussi de mon sujet de philosophie au baccalauréat, qui s’intitulait « l’acte libre existe-il ? ». Je ne soupçonnais pas un instant que cette courte question deviendrait, bien au delà du petit tracas d’une dissertation de trois heures, le questionnement de toute une vie. Récemment, dans le cadre des discussions sur l’attribution des primes à l’université, nous avons été amenés à discuter de l’excellence, du mérite. Nous nous sommes vite rendu compte que la complexité de la discussion résidait dans le fait que nous touchions ici foncièrement à la question de la liberté. Si quelqu’un réussit davantage dans ses recherches simplement parce qu’il est plus intelligent, parce que le logiciel de ses gènes l’a programmé à être doué de capacités hors normes, peut-on parler de mérite ? Si c’est au contraire son éducation qui l’a programmé à faire preuve des qualités nécessaires pour atteindre l’excellence, où est le mérite ? Le mérite n’est-il pas lié intimement à la possibilité d’un acte libre ? La vie dans son ensemble est-elle un enchaînement logiciel d’actions complexes mais logiques, où laisse-t-elle place à la libre construction de son destin ? Cette expression, le « logiciel libre », m’évoque donc cet éternel sujet de philosophie.

Mais revenons à notre inauguration. Le Centre de Formation implanté à Paris Diderot constitue la suite logique de cet investissement de longue date dans l’économie du logiciel libre. Développé en partenariat avec Paris Descartes, il est aussi un exemple concret des partenariats lancés entre nos deux établissements afin de renforcer notre action commune dans le paysage universitaire francilien et national.

On le sait la liberté a de nombreux visages. L’économie ouverte du logiciel libre est de celle qui permettront demain, comme aujourd’hui, un plus libre partage des compétences informatiques. Nous ne pouvons que nous féliciter de la création de ce centre et remercier tous les collègues qui ont travaillé à sa mise en place, dont Jean-Baptiste Yunès et Thierry Stoehr qui ont été la cheville ouvrière du projet et qui défendent avec une énergie inlassable le développement des TICE et du logiciel libre dans notre établissement.

L’action citoyenne de notre établissement passe aussi par le soutien à cette action et je souhaite réaffirmer que, parmi les nombreux chantiers qui sont les nôtres, le développement de ces technologies engage notre avenir pédagogique. Il engage aussi notre mission de diffusion des savoirs. De cette diffusion nous sommes aussi comptables avec vous.

Je vous remercie.

Notes

[1] Crédit photo : Université Paris Diderot




Vous êtes libre ce soir pour un restaurant open source ?

Instructables RestaurantPour faire comprendre ce qu’est un logiciel libre et son si précieux code source, on utilise souvent l’analogie de la recette de cuisine.

« Imaginez que vous vous trouviez dans un restaurant et que vous mangiez un excellent repas. Peut-être aurez vous l’envie de le cuisiner le lendemain chez vous pour vos amis ? C’est impossible, car vous n’avez pas la recette du plat (le code source). Vous pouvez toujours le manger dans le restaurant, mais même si vous connaissez le goût, vous ne savez pas comment le reproduire.

En informatique, c’est la même chose avec un logiciel. La plupart des logiciels sont distribués sans leur recette, et il est interdit d’essayer de comprendre leur fonctionnement (on parle dans ce cas d’un logiciel propriétaire). Il est interdit de les partager avec vos amis, et il est interdit d’essayer de les modifier pour les adapter à vos besoins. Avec un logiciel libre et ses 4 libertés, vous avez en revanche le plat, la recette, le droit de redistribuer (ou de vendre) le plat, la recette, et même de la modifier. »

Chiche ! Et si on pouvait aller dans des restaurants et repartir avec la recette des plats que l’on a dégustés ? Et même les plans de tout le mobilier et du design ![1]

C’est l’expérience proof of concept qui a été menée récemment à Amsterdam. Nouvelle fructueuse tentative de déclinaison du Libre en dehors des frontières du logiciel…

Un petit creux ? Un restaurant open source, ça vous dit ?

Hungry? How About An Open Source Restaurant

Alan Shimel – 23 février 2010 – NetworkWorld.com
(Traduction Framalang : Poupoul2, Goofy et Tinou)

Il ne vous est jamais arrivé de déguster un bon plat dans un restaurant, et d’imaginer le refaire une fois chez vous ? Dans le premier restaurant open source du monde, c’est possible.

Imaginez vous en train de finir un plat épatant dans un restaurant, et de vous dire que vous feriez bien le même chez vous. À l’Instructables Restaurant (NdT : Contraction d’instruction, signifiant aussi bien mode d’emploi qu’enseignement, et de tables), c’est justement de que vous pouvez faire. En fait, vous pouvez non seulement obtenir le « code source » du plat que vous avez dégusté, mais également télécharger les plans du mobilier et des équipements.

L’Instructables Restaurant est le prolongement du site Instructionables.com :

Une plateforme de documentation en ligne sur laquelle des passionnés partagent ce qu’ils font et comment ils le font, apprennent des autres et collaborent les uns avec les autres. Les graines d’Instructables ont germé au Media Lab du MIT (NdT : Massachusetts Institute of Technology), alors que les futurs fondateurs de Squid Labs concevaient des espaces de partage de leurs projets tout en s’entraidant.

En cohérence avec la philosophie des Instructables, tout ce qui se trouve dans le restaurant est soit basé sur des recettes postées sur Instructables, soit sur des conceptions et créations réalisées sur place. Si un besoin n’était pas déjà satisfait sur Instructables, les gérants du restaurant le prendraient en charge et le publieraient alors sur Instructables.com.

Tout est placé sous licence Creative Commons. Je trouve que cela place la créativité à un tout nouveau niveau.

Si vous vous apprêtez à courir vers l’Instructables Restaurant, vous pourriez être déçus. Après avoir annoncé leur intention d’ouvrir un restaurant basé sur ce concept en 2008, le restaurant a finalement ouvert ses portes le 16 décembre, au Theatrum Anatomicum du Waag d’Amsterdam. Ce restaurant n’a cependant été qu’un événement éphémère, et pour ce que j’ai pu en voir, il n’existe plus à cet endroit. C’est là toute l’histoire des événements éphémères qui vont et viennent à toute vitesse.

Mais maintenant que la glace est brisée, il n’y a aucune raison pour que d’autres restaurants reprenant le concept d’open source ne voient le jour un peu partout. Alors, la prochaine fois que vous aimez vraiment un plat lorsque vous sortez dîner, il se pourrait que vous puissiez repartir avec la recette (mais aussi tout ce qu’il faut pour reproduire l’assiette elle-même).

Notes

[1] Par contre, autant vous prévenir tout de suite, pour repartir avec la serveuse ou le serveur, c’est plus compliqué. Ça obéit à d’autres codes, bien moins compréhensibles que ceux d’un logiciel libre.




Centre de Formation Logiciels Libres : Demandez le programme !

CF2L - La salle de formation - Jean-Baptiste YunesEn décembre dernier nous vous annoncions la création d’un Centre de Formation Logiciels Libres (ou CF2L) dans le cadre de l’Université numérique Paris Île-de-France (UNPIdF), par l’entremise de Thierry Stœhr interviewé pour l’occasion.

C’est désormais chose faite. Il y a un un site (www.cf2l.unpidf.fr), un mail (cf2l AT unpidf.fr) mais surtout un programme qui commence demain avec la Découverte d’une plate-forme libre, GNU/Linux[1].

Il reste encore des places, alors n’hésitez pas à faire tourner l’information (sur twitticabook et ailleurs), a fortiori si vous connaissez de près ou de loin du personnel des universités franciliennes.

CF2L Formations 2009/2010

  • Découverte d’une plate-forme libre, GNU/Linux – 26/02
  • Les formats des fichiers et les problèmes d’interopérabilité, d’ouverture, d’archivage – 12/03
  • Le Web avec Firefox et le courriel avec Thunderbird – 19/03 ou 12/04
  • La bureautique avec OpenOffice.org – 03/05
  • Produire des documents avec LaTeX – 16/04 ou 17/05
  • La création et la retouche d’images avec Gimp et Inkscape – 07/05
  • La mise en page et la publication (PAO) avec Scribus – 14/06
  • Le calcul formel avec Sage/Maxima – 04/06
  • Le traitement des données avec Octave et Scilab – 28/06
  • La chaîne éditoriale numérique de création de documents multimédia avec Scenari – 21/05
  • Les réseaux sociaux avec le logiciel Elgg – 31/05
  • Les plates-formes de formation libres Dokeos, Claroline, Moodle, Sakai – 18/06
  • Gestion d’une salle de ressources et déploiement d’images disques – 02/07

Pour s’inscrire et obtenir de plus amples informations, rendez-vous sur le site dédié à la formation.

Notes

[1] Crédit photo : Jean-Baptiste Yunes




RMS’s Mostly Slax GNU/Linux-Libre Rose

L’image ci-dessous représente la copie d’écran d’une nouvelle distribution GNU/Linux qui se veut entièrement libre et bootable sur une clé USB.

Un peu comme notre Framakey Ubuntu-fr Remix, sauf qu’Ubuntu n’est pas « entièrement libre » au sens que lui donne la Free Software Foundation (principalement à cause des drivers graphiques propriétaires inclus dans la distribution, attention troll détecté !).

Elle porte le nom de RMS’s Mostly Slax (codename pour la version 1.2 : Rose), acronyme récursif faisant un double clin d’œil à Richard Matthew Stallman et à l’héritage de la distribution Slax.


RMS GNU/Linux-libre - Copie d'écran

RMS GNU/Linux-Libre !

RMS GNU/Linux-Libre!

Mattl – 11 février 2009 – FSF Blogs
(Traduction Framalang : Quentin)

RMS GNU/Linux-Libre est un projet visant à créer une distribution GNU/Linux composée uniquement de logiciels libres et qui soit assez petite pour tenir sur une clé USB. tion-gnu-linux-rms-mostly-slax La distribution, qui promet d’être le parfait compagnon des amoureux de la liberté, aura la capacité de garder les modifications sur la clé, ainsi que d’installer, de mettre à jour ou de désactiver les paquets logiciels dans une application de gestion des modules.

Le nom de cette distribution, RMS’s Mostly Slax, est à la fois un hommage au fondateur du système d’exploitation GNU, mais aussi une référence à l’histoire de ce projet, basé sur SLAX (elle même basée sur la vieille Slackware). RMS présente la version 2.6.27.42 de Linux-Libre, un projet pour modifier le noyau Linux et supprimer tout firmware et bouts de code propriétaire, ainsi que le navigateur GNU Icecat et l’environnement KDE 3.5. D’autres modules sont aujourd’hui en développement et devraient être prochainement disponibles au téléchargement sur le site du projet.

On trouvera une liste de distributions libres sur le site du projet GNU.