Khrys’presso du lundi 4 janvier 2021

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.

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Brave New World

Spécial Assange

  • Pour Julian Assange (monde-diplomatique.fr)

    Depuis qu’il a été chassé de l’ambassade d’Équateur à Londres, où il faisait l’objet d’une surveillance permanente de la part de la CIA, Julian Assange est détenu par les autorités britanniques. Le verdict du procès portant sur son extradition est attendu le 4 janvier 2021.

  • Entretien avec John Shipton, le père de Julian Assange (humanite.fr)

Spécial France

Spécial traçage Covid

Spécial on gère comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial répression, racisme, violences policières…

Spécial Résistance(s)

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

  • Caractéristiques du fascisme : Dix-sept critères. (gauchemip.org)
  • L’idéologie propriétaire – À propos de : Pierre Crétois, La part commune. Critique de la propriété privée (laviedesidees.fr)
  • Le genre du capital (renverse.co)
  • De la vertu de la saignée (mediapart.fr – texte de 2013)
  • Aux chibanis, le 1er janvier (bondyblog.fr)

    hommage à tous ces immigrés, hommes et femmes, à la date de naissance inconnue, établie par défaut au premier jour de l’année.

  • « 1984 doit rester un roman populaire » (cqfd-journal.org)

    Quand il rédige 1984, Orwell vit sur une île écossaise à plus de 24 heures de voyage de Londres, sans eau ni électricité ; il pêche, cultive et coupe les foins avec ses voisins. Cet ancrage assumé dans la vie ordinaire, qui est aux antipodes de la tradition intellectuelle classique, joue un rôle déterminant dans 1984. Au sein de ce monde tellement conditionné que plus personne ne semble savoir ce qu’est la liberté, ni à quoi elle pourrait servir, Winston Smith part de ses sensations physiques pour explorer l’asservissement : “Toujours, dans l’estomac ou sur la peau, vous ressentiez une sorte de révolte, le sentiment d’avoir été floué de quelque chose auquel vous aviez droit.”

  • Je hais le nouvel an (lenumerozero.mediaslibres.org)

    Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c’est pour moi la nouvelle année. C’est pourquoi je hais ces nouvel an à échéance fixe qui font de la vie et de l’esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l’exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l’esprit.[…] Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Les pauses je les choisis moi-même, quand je me sens ivre de vie intense et que je veux faire un plongeon dans l’animalité pour en retirer une vigueur nouvelle.

  • Regard sur le phénomène Jean-Marc Jancovici (signauxfaibles.co)
  • Le Web est-il devenu trop compliqué ? (framablog.org)
  • The Great Software Stagnation (alarmingdevelopment.org)

    It’s as if we we hit a wall: progress abruptly stopped in 1996. What the hell happened in 1996? I think what happened was the internet boom. Suddenly, for the first time ever, programmers could get rich quick. The smart ambitious people flooded into Silicon Valley. But you can’t do research at a startup […] Today only megacorps like Google/Facebook/Amazon/Microsoft have the money and time horizons to create new technology.

  • Bitcoin is a disaster – (metzdowd.com)
  • Contraception masculine : la vasectomie (fiat-tux.fr)

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Alors ça y est, on a réussi à passer en 2021 ? - la personne de droite répond : Yep, espérons que la nouvelle année nous permette d'organiser à nouveau de chouettes rencontres IRL, y'en a marre du virtuel !!!
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Khrys’coronalungo du lundi 28 décembre 2020

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Spécial France

Spécial médias et pouvoir

Spécial Covid – on gère comme des pieds

  • Covid : Ces tests qui fabriquent de faux malades (Canard enchainé) (wakeupinfo.fr)

    Alors que le nombre en réanimation est surveillé comme le lait sur le feu, chiffre communiqué chaque jour se révèle exact… à quelques dizaines ou centaines près. La raison ? Les hostos n’arrivent pas toujours à renseigner les sorties en temps réel. Du coup, les autorités sanitaires ont inventé le terme pittoresque de lits fantômes pour désigner les lits dont on ne sait pas s’ils sont toujours occupés par des patients ou s’ils sont libres depuis des jours, voire des semaines.

  • Covid-19: un projet de décret détaille le système d’information prévu pour le suivi de la vaccination (ticsante.com)

    Un projet de décret dont APMnews/TICsanté a obtenu copie détaille le fonctionnement d’un système d’information (SI) de suivi de la vaccination contre le Sars-CoV-2, baptisé “Vaccin Covid”. […] L’utilisation de “Vaccin Covid” sera “obligatoire”, a-t-on ajouté de même source. Le projet de décret obtenu par APMnews/TICsanté ne prévoit pas d’obligation, note-t-on.[…] ces données pseudonymisées seront également accessibles par le Health Data Hub et la Cnam “aux seules fins de faciliter l’utilisation des données de santé pour les besoins de la gestion de l’urgence sanitaire et de l’amélioration des connaissances sur le virus”.

  • Covid-19 : un fichier de données créé pour les personnes vaccinées (leparisien.fr)
  • 6 à table et 10 en amphi (affordance.info)

    c’est donc le dimanche 20 décembre que la circulaire Vidal est arrivée. Une circulaire ahurissante […]“Dès la semaine du 4 janvier, vous pourrez accueillir sur convocation (sic) les étudiants nouvellement entrés dans l’enseignement supérieur (double sic) en situation de grande vulnérabilité (non mais putain ?!?), cela dans la limite de 10 personnes par groupe (oh et puis merde tiens).” […] Même les messes et lieux de culte ont obtenu du conseil d’état une jauge en termes de superficie. Mais l’université ? Mais les 2,5 millions d’étudiant.e.s qui en sont la chair et le sang ? Rien. Que dalle. Juste cet éternel mépris. 10 en amphi. […] Et comment s’organiser concrètement pour les accueillir le 4 Janvier en ayant l’info le 20 décembre et tout en sachant que cet accueil se fera pour 3 jours puisque le 7 Janvier d’autres mesures sanitaires nationales seront annoncées ? […] La circulaire indique que les tuteurs étudiant.e.s […] pourront contribuer et participer à cet accueil sauf que … personne dans aucune université n’est au courant de la procédure concrète permettant de lancer ces recrutements.

Spécial on profite de l’“urgence” pour (essayer de) faire passer des lois liberticides

Spécial tournant autoritaire

Spécial répression, racisme, violences policières…

Spécial Résistance(s)

Soutenir – Agir

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Allez, plus que quelques jours et c'en est fini de 2020 ! - la personne de droite répond : Yep, et je me demande bien ce que 2021 nous réserve...
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Khrys’coronalungo du lundi 21 décembre 2020

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Spécial France

Spécial médias et pouvoir

Spécial on gère comme des pieds et à la néolibérale

Spécial fichage

Spécial répression, racisme, violences policières…

Spécial Résistance(s)

Soutenir – Agir

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

  • Que se passerait-il si la BCE annulait la dette publique qu’elle détient ? (theconversation.com)
  • La publicité en pleine dérive pavlovienne (liberation.fr)

    Les campagnes d’affichage s’appuient de plus en plus sur le conditionnement, les émotions ou les pulsions sans qu’aucune caractéristique sur le produit ne soit mentionnée. […] en étant exposé au cours de la semaine à 6 000 publicités (nombre inférieur à la fourchette basse des estimations actuelles), un individu a 99% de chances de revoir au moins une même publicité quinze fois, ce qui est un nombre suffisant de répétitions pour qu’un conditionnement Pavlovien se produise.

  • SCRUM et les mêlées quotidiennes (framablog.org)
  • L’ultra-gauche n’est pas ce que vous croyez (rouendanslarue.net)
  • Décroissance et marxisme : la voie catalane (terrestres.org)
  • La droite maréchaliste et Gramsci – À propos de vessies et de lanternes (lundi.am)
  • La politique du libéralisme autoritaire (contretemps.eu)

    Libéralisme économique et autoritarisme politique alimentèrent dans leurs relations réciproques une crise de légitimité qui ne cessa jusqu’au bout de s’approfondir. […] « La destruction du système de gouvernement parlementaire, rappelle l’historien Christian Witt, ne date ni de Hitler, de Schleicher ou de Papen, mais de Brüning, qui a amorcé le processus en imposant des mesures financières et économiques au moyen de l’article 48 »

  • Une nouvelle illustration de la légalité néolibérale : le pouvoir de dérogation des préfets (dalloz-actualite.fr)

    Il y a une politique claire, menée par la haute administration pour neutraliser les conséquences du droit et surtout de la loi. C’est un programme antiparlementaire. C’est aussi un programme antienvironnemental. En fin de compte, de quoi le pouvoir de dérogation est-il le nom ? Il ne s’agit rien moins que d’autoriser légalement les préfets à contourner le droit, c’est une atteinte – encore une – à toutes les valeurs que portent la Constitution, la démocratie et la responsabilité politique.

  • Le crocodile (lundi.am)

    la forme Macron c’est l’envers, c’est l’homme avalé qui se croit toutes forces dehors, qui nie qu’il se trouve en fâcheuse posture. Enfoncé dans sa logique il ne voit ce qui l’entoure que depuis ce qu’il imagine, ne devant son salut qu’à la puissance du reptile qui se sait véritable maitre à bord. La forme Macron du crocodile c’est le libéralisme technophile qui, se frottant au réel, a décidé de faire primer son idée sur ce qu’elle met en œuvre.

  • Viralité (lundi.am)

    La perte de vie due au COVID-19 n’est donc pas un bug dans le système, mais une caractéristique de conception. Puisque le COVID-19 révèle le noyau infecté d’un empire uniquement capable de reproduire la maladie, une réorganisation radicale de la vie à l’échelle mondiale devient un impératif absolu – la question de la révolution est maintenant une question d’évolution. Tout comme un virus insère ses gènes pour transformer le génome de l’hôte, altérant le corps même s’il continue d’assurer ses fonctions habituelles, un processus de reconstitution caché (ou de destitution) précède la rupture sociale.[…] La phase lysogène peut être considérée comme une période de ’paix sociale’, asymptomatique et sans signes visibles de bouleversement. Ces périodes sont l’occasion d’un processus d’incubation, au cours duquel les partisans du réel ont le temps d’infecter le corps social avec des ensembles d’instructions et de cadres codés, de sorte que lorsque la phase lytique s’installe (toujours de manière imprévisible), nous avons des formules auxquelles nous pouvons faire référence tandis que la physique qui soutient notre monde ensemble s’effondre.

  • Prison dehors(lundi.am)

    Plutôt que nous jeter dans le vide pour en finir, jetons-nous vivement dehors. Allons rappeler aux amnésiques que le but d’une vie pourrait être le bonheur physique, l’événement cyclique de pleine énergie (le mouvement libre, le sport, la souple danse), pas seulement le fait d’échapper à la maladie. Allons montrer que le bonheur social devrait être l’événement libre : non pas seulement le visage à découvert, sans masque et filmé par un drone, mais le visage ouvert, prêt à la fête et aux rondes joyeuses. Allons dire que les visages nous manquent. Allons montrer leur erreur à ceux qui se contraignent à penser, pour supporter les confinements, que tout va mal dehors. Allons au soleil, en forêt, dans la rue…. Faisons-le parce que c’est bon pour notre santé

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Alors, ça y est, c'est Noël ? - la personne de droite répond : Yep, et l'actu est toujours aussi chargée !
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Khrys’coronalungo du lundi 14 décembre 2020

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Spécial France

Spécial médias et pouvoir

Spécial on gère à la néolibérale

Spécial fichage

Spécial répression, racisme, violences policières…

Spécial Résistance(s)

Soutenir – Agir

  • Jusqu’au 15 décembre, le film de Mathieu Rigouste sur le soulèvement populaire algérien de décembre 1960 (unseulheroslepeuple.org) est en accès libre sur son site. À regarder, partager et (si possible) soutenir financièrement !
  • Soutenir Archive.org (archive.org)

    En 2020, Internet Archive a connu une utilisation sans précédent et nous avons besoin de votre aide. Lorsque la pandémie du COVID-19 a frappé, notre demande de bande passante a explosé. Actuellement, nous recevons plus de 1,5 million de visiteurs uniques par jour et stockons plus de 70 pétaoctets de données. Nous construisons et entretenons l’ensemble de nos propres systèmes, mais nous ne faisons pas payer l’accès, ne vendons pas d’informations sur les utilisateurs et ne diffusons pas de publicité. Nous comptons plutôt sur la générosité des particuliers pour financer notre infrastructure.

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

  • Reconnaissance faciale. Où en est-on ? Où va-t-on ? (rapportsdeforce.fr)
  • Personal responsibility (grisebouille.net)

    surprise surprise : quand aucun moyen n’est engagé, rien ne change. Les énarques tombent des nues. […] Encore et toujours, le pouvoir décide, agite les bras, fait de grandes et belles phrases en se persuadant, comme d’habitude, que « l’intendance suivra ». Mais y’a pas d’intendance, les gars. Ou plutôt : l’intendance, normalement, c’est vous. Pire : c’est même la raison de votre existence. […] Rien ne me fait plus enrager, en ce moment, qu’entendre que « la crise économique qui va suivre tuera plus que le COVID », comme si les deux phénomènes étaient à mettre sur le même plan. Qu’un individu décède des suites d’une maladie grave, c’est une tragédie parfois inévitable malgré tous les soins apporté ; qu’un individu décède de la pauvreté dans la 6e économie mondiale, c’est un meurtre organisé.

  • « Nous n’empêcherons le réchauffement planétaire qu’en changeant les institutions » (humanite.fr)

    les structures de pouvoir, qui décident aujourd’hui de la manière de penser le progrès, l’économie, la production, sont précisément à l’origine du problème climatique.

  • La pandémie et la normalisation de la mort (wsws.org)

    La normalisation de la mort découle de la décision, dictée par les intérêts de classe, de traiter la «santé économique» et la «vie humaine» comme des phénomènes comparables, la première étant prioritaire sur la seconde. Une fois la légitimité de cette comparaison et de cette hiérarchisation acceptée, la mort de la masse est considérée comme inévitable.

  • Gazer, mutiler, soumettre. Politique de l’arme non létale (lundi.am)

    Alors que le capitalisme traverse une crise importante dans les années 1970, la classe dominante compte sur les réformes néolibérales pour en sortir, en « grignotant une part croissante de la richesse auparavant détenue par la grande majorité de la population ». Cette offensive se heurte, en France, à des mobilisations populaires. L’offensive d’Emmanuel Macron pour imposer les transformations structurelles en levant « l’obstacle fondamental que constituent les acquis sociaux des luttes de l’après-guerre », se heurte à l’hostilité grandissante de la population, fissurant le bloc social qui le soutient, réduisant sa capacité à s’appuyer sur le consentement et le contraignant à un recours croissant à la force. Poulantzas détecte relativement tôt, en pleine crise du fordisme, en 1978, les premiers signes du « déclin de la démocratie libérale au profit de ce qu’il appelle l’étatisme autoritaire ». « L’étatisme autoritaire se caractérise par le déclin de l’importance du parlement, le renforcement du pouvoir exécutif et une politisation accrue de l’administration. » Les besoins populaires ne sont plus pris en compte, les libertés politiques sont réduites et la police, avec son arsenal non létal, forment « le premier rempart de l’hégémonie néolibéral », défendant férocement l’ordre établi alors qu’il devient impossible à l’État d’obtenir le consentement des masses. Cette radicalisation de L’État s’accompagne d’une criminilisation du militantisme., en recourant à « l’arsenal juridique antiterroriste qui repose sur la culpabilité par association et l’inversion de la charge de la preuve ». « Les armes non létales s’inscrivent dans le continuum d’un ensemble de pratiques, de mesures et de discours qui cherchent à réaliser le fantasme d’une hégémonie néolibérale incontestée : rendre impossible l’expression dans la rue d’une opposition populaire. Corollaire de la suspension de procédures de la démocratie libérale, elles forment la cuirasse de l’étatisme autoritaire. »

  • Shapeshifters (lundi.am)
  • Et alors enfin, je me suis assis sur la Comédie (lepoing.net)

    Place soudain très vaste, déliée, où zigzague autrement, l’axe central obligatoire, compressé entre les deux marées de terrasses, se trouvant dissout. Il reste bien tout de même les grosses structures qui, normalement, supportent les mâts des parasols géants. Voilà autant de bancs improvisés, de bancs où s’asseoir sans consommer, sans payer, sans délai, des bancs gratuits, libres d’accès, que c’en est pas croyable.

  • Pour une école commune, émancipatrice, accessible à tous (liberation.fr)
  • Quand ça veut pas … (blog.scani.fr)
  • “A damn stupid thing to do”—the origins of C (arstechnica.com)
  • Randall Haas: “Nous devons être conscients de nos préjugés sur les femmes préhistoriques” (sciencesetavenir.fr)

    À sa grande surprise, l’anthropologue américain Randall Haas a découvert qu’un bon nombre de chasseurs préhistoriques des Amériques étaient en fait des femmes. Il revient ici sur son scepticisme initial, sa méthode et sur la façon dont son travail a bousculé sa vision des peuples anciens.

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Alors ça y est, c'est reparti pour des lungo ? - la personne de droite répond : Yep, c'est la loi de l'action-réaction... Plus tu cherches à comprimer la liberté d'expression, et plus elle éclate de partout !
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Khrys’coronalungo du lundi 7 décembre 2020

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Spécial France

Spécial médias et pouvoir

Spécial Coronavirus

Spécial on gère comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial Loi Sécurité Globale

Spécial répression, racisme, violences policières…

  • Darmanin parle enfin des problèmes de fond de la police (huffingtonpost.fr)

    On aura attendu le 7e pêché capital toute la soirée, peut-être qu’il s’agissait de l’orgueil? De la part du ministre de l’Intérieur qui n’a, à aucun moment, voulu reconnaître un raté sur le plan parlementaire après son idée de commission indépendante fustigée par les députés de la majorité, jusqu’au président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, avant un énième recul du gouvernement dans ce dossier.

  • Peut-on réellement dire ACAB ? (blogs.mediapart.fr)

    Le simple refus de sanctionner, désavouer, condamner les auteurs des violences policières, des meurtres, viols et autres abus racistes et sexistes a pour conséquence nécessaire et automatique de devoir considérer la police et l’État lui-même, comme raciste, sexiste et autoritaire.

  • Violences policières : ne punir que les policiers, c’est en faire des fusibles (liberation.fr)

    Si un policier passe à l’acte, c’est qu’il a le sentiment qu’il peut le faire parce qu’à la fois la parole publique, la hiérarchie et la faiblesse du traitement judiciaire a minima décomplexent la transgression, outre la responsabilité lourde de syndicats qui devant l’évidence des faits continuent parfois à cracher sur les victimes et entretenir ainsi un clivage malfaisant.

  • Violences policières : de Gênes 2001 à Paris 2020 ? (liberation.fr)

    En 2009, Vincenzo est condamné à douze ans de prison. Les faits avérés dont il s’est personnellement rendu coupable sont les suivants : participation à la manif, utilisation de planches d’échafaudage pour dresser une barricade, tentative (avortée) d’enflammer un pneu (avec un briquet). Manifester, ramasser des planches, chauffer du caoutchouc : douze ans. Voilà un tarif qui pourrait sembler quelque peu exagéré, même au plus exigeant des syndicats policiers. Altermondialistes, jeunes de banlieue, gilets jaunes, noirs, livreurs, journalistes, sans-abri, producteurs de musique, la liste s’est quelque peu allongée depuis le beau poème du pasteur Niemöller dans les années 50, mais à ce rythme, nous y allons tout droit, nous y sommes presque : si Vincenzo est le prochain, si cette folle escalade se poursuit, alors tout porte à croire que, bientôt, ce sera vous.

  • Tabassage de Michel Zecler : “Combien de gens ont vécu de pareilles situations sans pouvoir faire valoir leurs droits, faute d’images ?” (telerama.fr)
  • Dans le cortège parisien, «On en a assez de la précarité… et de l’État policier» (liberation.fr)

    Quelques dizaines de minutes plus tard, plusieurs centaines de manifestants quittent le cortège, les yeux en larmes, pour fuir le gaz des grenades lacrymogènes.[…] Pendant près de deux heures, la manifestation est alors saucissonnée en trois parties par les forces de l’ordre. […] Place de la République, de nouveaux affrontements débutent un peu avant 20 heures. Les policiers chargent, lancent des grenades lacrymogènes et utilisent un canon à eau. Au moins deux personnes sont aussi blessées aux jambes. C’est le cas du vidéaste Amar Taoualit qui dit avoir été touché par une grenade de désencerclement. Samedi 28 novembre, lors de la précédente journée de mobilisation, c’est lui qui avait filmé un policier frappé au sol par plusieurs manifestants.

  • Le gouvernement balbutie, la « marche des libertés et des justices » enfumée (humanite.fr)

    « Le pouvoir veut diviser le mouvement en pointant du doigt la violence qu’il a lui même généré avec sa politique antisociale et répressive » […] « La préfecture de police n’a pas apprécié les annonces d’Emmanuel Macron, le préfet Lallement a délibérément saboté la manifestation. Elle a coupé le cortège en deux et refusé un itinéraire bis »

  • Ce député LREM a peur de la police (liberation.fr)
  • Racisme et apologie des violences policières sur TN Rabiot, le groupe Facebook qui regroupe des milliers de fonctionnaires (streetpress.com) – voir aussi : De nouveaux messages racistes et insultants fuitent d’un groupe Facebook de policiers (revolutionpermanente.fr)
  • Photographe syrien blessé à Paris: le parquet ouvre une enquête (huffingtonpost.fr)

    Ameer al-Halbi a raconté à l’AFP qu’au moment des échauffourées en fin de manifestation place de la Bastille, il avait pris quelques minutes avant l’incident “des photos de policiers qui étaient en train de frapper quelqu’un”. Quelques minutes plus tard, “les policiers sont arrivés et d’un coup je me suis retrouvé au sol, je ne me suis pas rendu compte de ce qui s’est passé. Je pense que c’était un seul coup.”

  • Violences sur Arthur le 10 décembre 2019 : l’ensemble de la chaîne hiérarchique a couvert les faits (rebellyon.info)
  • Mort de Zineb Redouane: une contre-expertise de Disclose met en cause les CRS (huffingtonpost.fr)

    À l’aide d’une reproduction en 3D de la scène, de vidéos publiées sur les réseaux sociaux et d’une mise en contexte soutenue par un rapport de l’IGPN contenant notamment des images de vidéosurveillance, cette nouvelle expertise vient mettre à mal les conclusions officielles. […] les images de vidéosurveillance montrent que 12 secondes après avoir tiré, le tireur continue de regarder vers la fenêtre de Zineb Redouane. “Les policiers prétendent qu’ils ne savent pas qui a tiré, et à ce jour le tireur ne s’est toujours pas désigné. Or, on voit bien que le CRS ne peut avoir oublié ce tir, qui l’a visiblement beaucoup inquiété” […] “La contre-expertise indépendante démontre clairement qu’il s’agit d’un tir volontaire de la part du CRS. Zined Redouane était au téléphone avec sa fille à ce moment-là, selon son habitude, elle avait mis son appareil sur haut-parleur. Pour nous, elle a été visée par le policier parce qu’il pensait qu’elle filmait les violences policières”

Spécial Résistance(s)

  • Dissolution politique du CCIF – Communiqué LDH (ldh-france.org)

    En assumant de dissoudre une association parce qu’elle a qualifié d’islamophobes « des mesures prises dans le but de prévenir des actions terroristes et de prévenir ou de combattre des actes punis par la loi », le gouvernement s’engage sur la voie du délit d’opinion. En y ajoutant que les opinions du CCIF constituent des « agissements en vue de provoquer des actes de terrorisme » et « qu’il défend et promeut une notion d’islamophobie particulièrement large », le gouvernement nous montre que plus personne n’est à l’abri de telles ou telles poursuites.

  • La fille de Zineb Redouane porte plainte contre Castaner auprès de la CJR pour “altération et soustraction de preuves”. (huffingtonpost.fr)
  • Avenir lycéen : Les insoumis saisissent la justice pour enquêter sur Blanquer (huffingtonpost.fr)
  • « Il faut faire payer Amazon » : devant Bercy, quelques manifestants contre le géant (numerama.com)

    « Si on est devant Bercy ce matin », explique Annick Coupé, « c’est parce que ce gouvernement déroule un tapis rouge à Amazon ». Elle dénonce notamment le fait qu’il n’y ait encore aucun moratoire sur la construction des entrepôts pour les sites de e-commerce, « alors que c’était une des propositions de la Convention citoyenne pour le Climat. C’est un discours un peu schizophrène de la part du gouvernement, parce que d’un côté ils appellent les Français à ne pas faire leurs courses sur Amazon, mais de l’autre ils soutiennent Amazon en permettant la construction des entrepôts ». […] « Quatorze projets d’entrepôts Amazon ont été autorisés en moins d’un an en France », poursuit Alma Dufour. « Il y a un problème majeur de cohérence. Le gouvernement a une politique ultra répressive quand il s’agit du droit social et des libertés publiques, mais quand il s’agit d’Amazon, de l’économie et d’ultra libéralisme, que fait le gouvernement ? C’est la politique du flashball face aux citoyens et du numéro vert face à Amazon. »

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Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

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Khrys’coronalungo du lundi 30 novembre 2020

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Spécial France

Spécial médias et pouvoir

Spécial Coronavirus

Spécial on gère comme des pieds (et à la néolibérale)

  • Les stations de ski ouvertes à Noël mais les remontées mécaniques resteront fermées (20minutes.fr)
  • À Lille, la grande roue autorisée à s’installer… mais sans public (huffingtonpost.fr)
  • Plus de béton et moins de lits : en Île-de-France, un nouvel hôpital met en colère les soignants (reporterre.net)

    Trois centres hospitaliers fermés, près de 500 lits et 900 emplois en moins. C’est ce qui attend le nord de l’Essonne, en Île-de-France. À la place, un hôpital « innovant » devrait voir le jour sur le plateau de Saclay. Soignants, chercheurs, militants et habitants s’attendent au pire. Le BTP est enchanté, les habitants et les écolos, beaucoup moins.

  • La casse (humanite.fr)

    Le gouvernement et son administration profitent de la focalisation de l’attention des citoyens sur les problèmes liés à la crise du coronavirus pour accélérer leurs projets de restructuration de l’offre hospitalière. Qui dit restructuration implique fermeture systématique de près d’un tiers des lits […] Or, l’épidémie a mis en lumière le cruel manque de lits dans nos établissements, notamment en réanimation mais aussi dans les autres services.

  • « Les étudiants sont-ils les derniers de cette putain de cordée ? » : la colère d’Olivier Ertzscheid (nouvelobs.com)

    Covid-19 : « Le seul front où l’Elysée ne faillit pas, c’est celui de l’érosion de nos libertés » […] Ces étudiant.e.s, depuis le mois de mars dernier, ils et elles ont tout encaissé. À commencer par la misère, encore plus grande, liée aux petits boulots qu’ils ne peuvent plus occuper. L’autre jour le président des restos du cœur expliquait qu’il voyait débarquer pour chercher des colis alimentaires des étudiants avec leur tenue Deliveroo. Ils nous amènent à bouffer mais ils n’ont plus rien à bouffer.

  • Sauver les apparences (imagesociale.fr)

    L’autoritarisme est à l’autorité ce que la brutalité est à la force: une mise en scène de son excès dicté par la faiblesse. L’Etat néolibéral est une administration paradoxale, qui met toutes ses forces à se priver de moyens. L’affaiblissement des instruments de l’action publique impose d’abandonner les processus de concertation et de dialogue au profit d’une démocratie de théâtre, qui exhibe ses pectoraux à défaut de pouvoir remédier aux difficultés sociales.

  • Article 24 : Castex répond à Ferrand… et se contredit (liberation.fr)

Spécial Loi Sécurité Globale

Vu de l’étranger

Spécial répression, racisme, violences policières…

  • La police française est gangrenée par les fléaux du racisme et de la violence (liberation.fr)
  • À Paris, migrants frappés et journalistes molestés lors de l’évacuation d’un camp de migrants éphémère (liberation.fr)
  • Place de la République à Paris, une chasse aux migrants honteuse et absurde (telerama.fr)

    Hier soir, place de la République, sous les yeux impuissants d’élus, d’avocats et de responsables associatifs qui avaient voulu rendre « visibles » ces éternels invisibles de nos villes, la police s’est livrée à une dispersion aussi honteuse qu’absurde, puisque aucune solution n’est proposée. Puisque les hébergements, insuffisants, sont saturés, et le parcours de la demande d’asile, engorgé. Espère-t-on que ces hommes, parfois ces familles disparaissent par magie ? Ultime ironie de cette soirée honteuse : le ministre de l’Intérieur a jugé certaines images filmées par journalistes et vidéastes place de la République « choquantes », et promis des « décisions ». Ces images mêmes que sa loi dite de sécurité globale cherche à empêcher.

  • En toute impunité (liberation.fr)

    Comment en est-on arrivé là, se demandent de bonnes âmes face aux scènes de violences policières insoutenables au cœur de Paris. […] La réponse est toute simple : en y allant. Car c’est la direction qu’a indiquée le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à ses troupes, par ses amendements liberticides, par ses déclarations belliqueuses contre les médias, par ses clins d’œil appuyés aux syndicats de police où se répand le racisme le plus abject contre les migrants sur notre sol. Et c’est aussi la direction prônée par le président de la République par son silence assourdissant, aujourd’hui, comme dans les nombreux cas précédents. Mardi, le ministre de l’Intérieur s’est fendu d’un tweet dénonçant «des images choquantes», offrant ainsi une image non moins choquante de son inconscient. Qui donc oserait lui expliquer que c’est la réalité qui est choquante, et que les images ne sont là que pour le prouver ? […] Comment en est-on arrivé là ? En faisant la leçon à d’autres au lieu de la faire à ses propres policiers, préfets et ministre de l’Intérieur.

  • Place de la République, les images de la honte (liberation.fr)

    Des forces de l’ordre en roue libre et heureusement des vidéos pour le montrer. Alors que la diffusion d’images non floutées de policiers ou de gendarmes dans l’exercice de leurs fonctions reste un sujet épidermique place Beauvau, c’est justement par des images de journalistes vidéastes […] que le ministre de l’Intérieur a pris conscience que quelque chose avait dérapé. Le témoignage effaré du vidéaste de Brut, Rémy Busine, […] est particulièrement saisissant. Il décrit des policiers plus déchaînés que dépassés […] Aux commandes de ce grossier déblayage, Didier Lallement, préfet de police de sinistre réputation qui s’est illustré dans la répression du mouvement des Gilets jaunes. Ce dernier pourrait cette fois avoir, enfin, des comptes à rendre. Le choc et la revanche des images non floutées.

  • Après République, l’IGPN et son indépendance contestées jusque dans la majorité (huffingtonpost.fr)
  • Rémy Buisine ciblé par la police, des violences de moins en moins collatérales vis-à-vis des journalistes (liberation.fr)
  • Paris police filmed beating music producer in studio (theguardian.com)

    Three French police officers have been suspended after they were filmed beating and allegedly racially abusing a music producer in his Paris studio.[…]The film shows police punching and kicking him, and hitting him over the head and body with a truncheon. […]“If it hadn’t been for the camera I would be in prison today”

  • «Marche des libertés» à Paris : un photographe syrien blessé pendant une charge de la police (liberation.fr)

    «je l’ai retrouvé entouré de gens, le visage tout ensanglanté et enveloppé de pansements. Il était psychologiquement très touché, il a pleuré, et a dit qu’il ne comprenait pas “pourquoi c’était mal de faire des photos”.»[…] Ameer al-Halbi a «été pris en charge par des street medics, qui ont été bloqués plusieurs fois par des CRS au moment de l’amener à l’hôpital».

  • Un photographe syrien blessé à Paris, RSF dénonce des violences policières “inacceptables” (huffingtonpost.fr)
  • Éditorial. Permis de tabasser (humanite.fr)

    Que se passe-t-il dans notre pays ? Comment trois policiers peuvent-ils agresser et rouer de coups durant vingt minutes un homme sur son pas de porte ? Que se passe-t-il dans nos institutions pour que trois individus portant l’uniforme de gardien de la paix se comportent comme les pires nervis d’extrême droite ? Pour qu’un préfet se croie autoriser à organiser une chasse aux migrants dans les rues de la capitale ? Que se passe-t-il dans notre République pour qu’une loi qui prévoit une limitation inédite de la liberté de la presse et des libertés en général soit adoptée sans coup férir à l’Assemblée ? Que se passe-t-il au sommet de l’État pour que des ministres se permettent de traiter des parlementaires en opposition avec leur politique comme des complices du terrorisme ? Que se passe-t-il à la tête du pays pour qu’un président de République dirige son pays à travers un Conseil de défense au mépris d’une représentation nationale abaissée comme rarement ? […] L’exécutif ne tient plus son autorité que de la police. C’est pour protéger ce qu’il nomme d’ailleurs « les forces de l’ordre », rempart d’un pouvoir délégitimé, que le gouvernement tente d’imposer sa loi de sécurité globale, quoi qu’il en coûte.

  • Police : une grave crise de commandement (lemonde.fr)

    La dispersion violente d’un campement de migrants et le passage à tabac d’un producteur de musique ne sont pas uniquement des dérapages individuels. Ils montrent surtout des dérives hiérarchiques et une perte des repères républicains. L’histoire le montre : le comportement des policiers dépend largement des ordres qui leur sont donnés, de la fermeté des rappels aux procédures et au droit, de l’impunité promise ou non. « Vous serez couverts », déclarait aux policiers parisiens le préfet Maurice Papon quelques jours avant le massacre de manifestants algériens le 17 octobre 1961. A l’inverse, on sait ce que l’absence de drame pendant les émeutes de Mai 1968 doit aux consignes du préfet Maurice Grimaud : « Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. » […] Il est trop tard pour le ministre de l’intérieur pour trouver « choquantes » les images de la place de la République et « inqualifiables » celles du passage à tabac de Michel Zecler. Quant au fameux article 24 de la proposition de loi « sécurité globale », attentatoire à la liberté d’expression, il doit, tout comme d’autres dispositions dangereuses de ce texte, être immédiatement retiré. Sans la diffusion des images que ce texte prétend réglementer, Michel Zecler serait aujourd’hui poursuivi pour « rébellion », et les policiers tabasseurs auraient poursuivi leur exercice.

  • Violences policières : la vidéo, élément déterminant dans les enquêtes (leparisien.fr)

    Les décisions récentes et un soutien affiché de la majorité politique ont peut-être fait croire à certains qu’on leur avait signé un chèque en blanc. C’est le moment de leur dire que non. La police n’est pas une bande rivale. Si elle se comporte ainsi, elle s’affaiblit.

  • République : derrière les violences policières, un échec signé Lallement et Darmanin (actu.fr)
  • Violences policières: ces deux archives de Macron candidat refont surface (huffingtonpost.fr)

    En 2017, Emmanuel Macron promettait d’être “intraitable” tout en s’étonnant du manque de remise en cause de “la hiérarchie policière et administrative.”

  • Arnaud, simple flic, dénonce un système devenu toxique (lezephyrmag.com)

    « On ne peut pas imaginer à quel point la situation a glissé » […] « Dans la brigade, on parle volontiers de matraquer du journaleux, de leur mettre un coup de pied dans la gueule. Et ça fait sourire les collègues. »Dans les vestiaires, les flyers anti-journalistes fleurissent de plus belle. On y voit, placardés, les têtes de reporters connus, d’indépendants, de patrons de médias dits « islamo-gauchistes ». On y encourage les coups portés à leur encontre. Au milieu de la liasse, les prospectus de syndicats comme Alliance ou ceux du SCPN […] visent nommément Gaspard Glanz, David Dufresne, Taha Bouhafs, Nnoman Cadoret… Autant de noms affichés comme des cibles mouvantes aux yeux de tous. […]« Ajoutez à ça les remarques et les applaudissements quand on apprend qu’un journaliste a pris des coups la veille, et vous aurez un aperçu de l’ambiance ». […] « La déculpabilisation et la légitimation de la violence, ça n’arrive pas comme ça, du jour au lendemain […] Ça vient avec le temps. Ce sont des années de travail et de déshumanisation des gens que l’on place en garde à vue. Ce sont des gestes et des accords. Ce sont des soutiens parfois haut placés qui renforcent le sentiment d’impunité dans les rangs. »

  • Garde à vue : 17 heures d’humiliation (la-zep.fr)

    Le 17 novembre, j’ai manifesté contre la loi « sécurité globale » à Paris devant l’Assemblée nationale. Bilan : plus de 3 heures d’interpellation et 17 heures de garde à vue pour un délit non avéré. Et la conviction que mes droits et ma personne n’ont pas été respectés par la police.

  • Dans l’affaire Theo, blessé lors d’une arrestation, le parquet requiert le renvoi de trois policiers devant les assises (lemonde.fr)
  • Pour l’avocat de Théo, le rapport de la Défenseure des droits «montre les dérives de la police» (leparisien.fr)
  • Affaire Théo : la Défenseuse des droits réclame des «sanctions disciplinaires» contre les policiers (liberation.fr)
  • L’État condamné par le tribunal administratif de Lyon pour un tir de LBD sur une manifestante Gilet jaune (francebleu.fr)
  • Toulouse : un commandant de police condamné pour avoir gazé un handicapé (sudouest.fr)

    Un commandant de police a été condamné vendredi à Toulouse, sur la base d’une vidéo diffusé sur les réseaux sociaux, à 4 mois de prison avec sursis pour avoir gazé un tétraplégique en fauteuil lors d’une manifestation des gilets jaunes.“Cette affaire démontre que la vidéo est essentielle dans le cadre d’un procès mettant en cause un policier”, a déclaré l’avocate de la victime, Me Claire Dujardin.

  • La préfecture de police de Paris a menti pour couvrir les tirs d’un policier sur des jeunes innocents (mediapart.fr)
  • Jérôme Laronze, le paysan tué par un gendarme, avait subi des contrôles irréguliers (reporterre.net)

    Trois des contrôles subis par Jérôme Laronze, éleveur tué par un gendarme en 2017, étaient « irréguliers », assure le tribunal administratif de Dijon. « Les gendarmes présentaient Jérôme comme dangereux. Mais selon ce jugement, c’est Jérôme qui était agressé », souligne la famille de l’éleveur. « Cette décision rétablit Jérôme dans ses droits et dans sa dignité. »

Spécial Résistance(s)

Soutenir

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

  • Ce qui déconne (affordance.info)

    Michel Zecler. Passé à tabac par des policiers. Sous le regard de plein d’autres policiers. Et le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, expliquant que les policiers ont “déconné”.

  • La semaine imaginaire du préfet Lallement (slate.fr)

    Heureusement, pour me changer un peu les idées, je peux toujours compter sur ce cher Jean Castex […] La dernière en date est hilarante même si un peu tirée par les cheveux qu’il n’a plus trop. Les stations de ski vont finalement ouvrir pour les vacances des Noël. Mais pas les remontées mécaniques. Un peu comme si un homme se faisait élire pour faire barrage à l’extrême droite, et finissait par autoriser et organiser l’impunité des violences policières.

  • Rendre les camps de migrants invisibles ne les fera pas disparaître (theconversation.com)
  • Simulmatics : le big data au service de la manipulation politique 50 ans avant Facebook (maisouvaleweb.fr)

    lorsqu’il s’agit aujourd’hui de défendre des projets technologiques potentiellement liberticides, un des arguments qui revient souvent consiste à dire qu’il n’est jamais aisé de prévoir ce que pourrait produire comme « effets » une nouvelle technologie, de sorte qu’il est inutile d’interroger sa légitimité, ou encore de penser à l’interdire. […] Peut-être est-il temps de ne plus chercher à prévoir le futur, mais à tirer les leçons du passé…

  • Hold-up : un récit alternatif ? (lundi.am)
  • Paniques anticomplotistes (blog.mondediplo.net)

    l’autorité des paroles institutionnelles n’a pas été effondrée du dehors par quelque choc exogène adverse : elle s’est auto-effondrée, sous le poids de tous ses manquements. À commencer par le mensonge des institutions de pouvoir. Les institutions de pouvoir mentent. Mediator : Servier ment. Dépakine : Sanofi ment. Bridgestone : Bridgetsone ment. 20 milliards de CICE pour créer un million d’emplois : le Medef ment. Mais aussi : Lubrizol, les pouvoirs publics mentent ; nucléaire, tout est sûr : les nucléocrates mentent. Loi de programmation de la recherche : Vidal ment (mais à un point extravagant). Violences policières, alors là, la fête : procureurs, préfecture, IGPN, ministres, président de la République, tout le monde ment, et avec une obscénité resplendissante qui ajoute beaucoup. Covid : hors-concours. Le capitalisme néolibéral a déchaîné les intérêts les plus puissants, or là où les intérêts croissent, la vérité trépasse. C’est qu’il faut bien accommoder la contradiction entre des politiques publiques forcenées et l’effet qu’elles font aux gens. Or pour combler ce genre d’écart, quand on a décidé de ne pas toucher aux causes de l’écart, il n’y a que le secours des mots. […] Quand il n’est pas pure et simple répression, le néolibéralisme finissant n’est plus qu’une piscine de mensonge. Nous baignons là-dedans. C’est devenu une habitude, et en même temps on ne s’y habitue pas. Vient forcément le moment où l’autorité de la parole institutionnelle s’effondre parce que l’écart entre ce qu’elle dit et ce que les gens expérimentent n’est plus soutenable d’aucune manière. […] En fait c’est très simple : pourquoi les paroles institutionnelles s’effondrent-elles ? Parce que, dans le temps même où elles présidaient au délabrement de la société, elles auront, chacune dans leur genre, ou trop menti, ou trop couvert, ou trop laissé passer, ou trop regardé ailleurs, ou trop léché, que ça s’est trop vu, et qu’à un moment, ça se paye. Le complotisme en roue libre, c’est le moment de l’addition.

  • Comment le béton a homogénéisé le monde (reporterre.net)

    Le béton incarne la logique capitaliste. Il est le côté concret de l’abstraction marchande. Comme elle, il annule toutes les différences et est à peu près toujours le même. Produit de manière industrielle et en quantité astronomique, avec des conséquences écologiques et sanitaires désastreuses, il a étendu son emprise au monde entier en assassinant les architectures traditionnelles et en homogénéisant par sa présence tous les lieux.

  • 5G : un ogre énergétique en puissance ? (reporterre.net)
  • Daniel Colson : « L’anarchisme est extrêmement réaliste » (revue-ballast.fr – texte de 2015)

    L’idéalisme et l’utopie ne sont pas du côté de l’anarchisme, mais du côté de l’ordre, des apparences et des mises en forme soi-disant réalistes dont les principales réalités sont celles de la contrainte et de la domination.

  • Effets de genre sur grand écran (genre-ecran.net)
  • Féminisme noir : s’autodéfinir, une nécessité vitale (unioncommunistelibertaire.org)

    Dans son ouvrage, la brésilienne Joice Berth revient sur le concept d’« empowerment » qu’elle considère «  vidé de son sens original et a perdu son pouvoir transformateur pour devenir une pratique individualiste, carriériste, récupérée par le néolibéralisme ».

  • Pour s’adapter, il faut s’inspirer du vivant et cesser d’optimiser à tout prix (liberation.fr)

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Alors ça y est, c'est reparti pour des lungo ? - la personne de droite répond : Yep, c'est la loi de l'action-réaction... Plus tu cherches à comprimer la liberté d'expression, et plus elle éclate de partout !
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).




Khrys’coronalungo du lundi 23 novembre 2020

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.

Brave New World

Spécial France

Spécial médias et pouvoir

Spécial Coronavirus – données (plus ou moins) scientifiques

Spécial on gère comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial Loi Sécurité Globale (et liberté d’expression)

Spécial répression, racisme, violences policières…

Spécial Résistance(s)

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Alors ça y est, c'est reparti pour des lungo ? - la personne de droite répond : Yep, c'est la loi de l'action-réaction... Plus tu cherches à comprimer la liberté d'expression, et plus elle éclate de partout !
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Détruire le capitalisme de surveillance – 4

Voici la quatrième  partie de l’essai que consacre Cory Doctorow au capitalisme de surveillance (parcourir sur le blog les épisodes précédents – parcourir les trois premiers épisodes en PDF : doctorow-1-2-3).

Traduction Framalang : Claire, Fabrice, goofy,  jums, mo, ngfchristian, retrodev, tykayn

Billet original sur le Medium de OneZero : How To Destroy Surveillance Capitalism

Les monopoles n’engendrent pas la surveillance, mais ils l’encouragent certainement

par Cory Doctorow

Les industries compétitives sont fragmentées dans le sens où elles sont composées d’entreprises qui s’entre-déchirent en permanence et qui rognent sur leurs marges respectives lorsqu’elles proposent des offres à leurs meilleurs clients. Ce qui leur laisse moins d’investissement afin d’obtenir des règles plus favorables. Cette situation rend aussi plus difficile la mutualisation des ressources de chaque entreprise au profit de l’industrie toute entière.

La rencontre entre la surveillance et l’apprentissage machine est censé être l’aboutissement d’une crise existentielle, un moment particulier pour l’espèce humaine où notre libre arbitre serait très proche de l’extinction pure et simple. Même si je reste sceptique quant à cette hypothèse, je pense tout de même que la technologie pose de réelles menaces existentielles à notre société (et aussi plus généralement pour notre espèce entière).
Et ces menaces viennent des monopoles.

L’une des conséquences de l’emprise de la technologie sur la réglementation est qu’elle peut rejeter la responsabilité de mauvaises décisions en matière de sécurité sur ses clients et sur la société en général. Il est tout à fait banal dans le domaine de la technologie que les entreprises dissimulent les mécanismes de leurs produits, qu’elles en rendent le fonctionnement difficile à comprendre et qu’elles menacent les chercheurs en sécurité indépendants qui auditent ces objets.

L’informatique est le seul domaine dans lequel ces pratiques existent : personne ne construit un pont ou un hôpital en gardant secret la composition de l’acier ou les équations utilisées pour calculer les contraintes de charge. C’est une pratique assez bizarre qui conduit, encore et toujours, à des défauts de sécurité grotesques à une échelle tout aussi grotesque, des pans entiers de dispositifs étant révélés comme vulnérables bien après qu’ils ont été déployées et placés dans des endroits sensibles.

Le pouvoir monopolistique qui tient à distance toute conséquence significative de ces violations, signifie que les entreprises technologiques continuent à créer des produits exécrables, mal conçus et qui finissent par être intégrés à nos vies, par posséder nos données, et être connectés à notre monde physique. Pendant des années, Boeing s’est battu contre les conséquences d’une série de mauvaises décisions technologiques qui ont fait de sa flotte de 737 un paria mondial, c’est l’un des rares cas où des décisions technologiques de piètre qualité ont été sérieusement sanctionnées par le marché.

Ces mauvaises décisions en matière de sécurité sont encore aggravées par l’utilisation de verrous de copyright pour faire appliquer des décisions commerciales à l’encontre des consommateurs. Souvenez-vous que ces verrous sont devenus un moyen incontournable de façonner le comportement des consommateurs, qui rend techniquement impossible l’utilisation de cartouches d »encre compatibles, d’insuline, d’applications mobiles ou de dépôts de services tiers en relation avec vos biens acquis légalement.

Rappelez-vous également que ces verrous sont soutenus par une législation (telle que la section 1201 du DMCA ou l’article 6 de la directive européenne sur le droit d’auteur de 2001) qui interdit de les altérer (de les « contourner »), et que ces lois ont été utilisées pour menacer les chercheurs en sécurité qui divulguent des vulnérabilités sans la permission des fabricants.

Cela revient à un véritable veto des fabricants sur les alertes de sécurité et les critiques. Bien que cela soit loin de l’intention législative du DMCA (et de son équivalent dans d’autres juridictions dans le monde), le Congrès n’est pas intervenu pour clarifier la loi et ne le fera jamais, car cela irait à l’encontre des intérêts des puissantes entreprises dont le lobbying est imparable.

Les verrous de copyright sont une arme à double tranchant. D’abord parce qu’ils provoquent de mauvaises décisions en matière de sécurité qui ne pourront pas être librement étudiées ni discutées. Si les marchés sont censés être des machines à agréger l’information (et si les rayons de contrôle mental fictif du capitalisme de surveillance en font un « capitalisme voyou » parce qu’il refuse aux consommateurs le pouvoir de prendre des décisions), alors un programme qui impose légalement l’ignorance sur les risques des produits rend le monopole encore plus « voyou » que les campagnes d’influence du capitalisme de surveillance.

Et contrairement aux rayons de contrôle mental, ce silence imposé sur la sécurité est un problème brûlant et documenté qui constitue une menace existentielle pour notre civilisation et peut-être même pour notre espèce. La prolifération des dispositifs non sécurisés – en particulier ceux qui nous espionnent et surtout lorsque ces dispositifs peuvent également manipuler le monde physique, par exemple, qui tourne le volant de votre voiture ou en actionnant un disjoncteur dans une centrale électrique – est une forme de dette technique.
En conception logicielle, la « dette technique » fait référence à des décisions anciennes et bien calculées qui, avec le recul, s’avèrent être mauvaises. Par exemple, un développeur de longue date a peut-être décidé d’intégrer un protocole réseau exigé par un fournisseur, qui a depuis cessé de le prendre en charge.

Mais tout dans le produit repose toujours sur ce protocole dépassé. Donc, à chaque révision, des équipes doivent travailler autour de ce noyau obsolète, en y ajoutant des couches de compatibilité, en l’entourant de contrôles de sécurité qui tentent de renforcer ses défenses, etc. Ces mesures de fortune aggravent la dette technique, car chaque révision ultérieure doit en tenir compte, tout comme les intérêts d’un crédit revolving. Et comme dans le cas d’un prêt à risque, les intérêts augmentent plus vite que vous ne pouvez espérer les rembourser : l’équipe en charge du produit doit consacrer tellement d’énergie au maintien de ce système complexe et fragile qu’il ne lui reste plus de temps pour remanier le produit de fond en comble et « rembourser la dette » une fois pour toutes.

En général, la dette technique entraîne une faillite technologique : le produit devient si fragile et instable qu’il finit par échouer de manière catastrophique. Pensez aux systèmes bancaires et comptables désuets basés sur du COBOL qui se sont effondrés au début de la pandémie lorsque les demandes d’allocations chômage se sont multipliées. Parfois, cela met fin au produit, parfois, cela entraîne l’entreprise dans sa chute. Être pris en défaut de paiement d’une dette technique est effrayant et traumatisant, tout comme lorsque l’on perd sa maison pour cause de faillite.
Mais la dette technique créée par les verrous de copyright n’est pas individuelle, elle est systémique. Chacun dans le monde est exposé à ce surendettement, comme ce fut le cas lors de la crise financière de 2008. Lorsque cette dette arrivera à échéance – lorsque nous serons confrontés à des violations de sécurité en cascade qui menacent le transport et la logistique mondiales, l’approvisionnement alimentaire, les processus de production pharmaceutique, les communications d’urgence et autres systèmes essentiels qui accumulent de la dette technique en partie due à la présence de verrous de copyright délibérément non sécurisés et délibérément non vérifiables – elle constituera en effet un risque existentiel.

Vie privée et monopole

De nombreuses entreprises technologiques sont prisonnières d’une orthodoxie : si elles recueillent assez de données sur suffisamment de nos activités, tout devient possible – le contrôle total des esprits et des profits infinis. C’est une hypothèse invérifiable : en effet, si des données permettent à une entreprise technologique d’améliorer ne serait-ce que légèrement ses prévisions de comportements, alors elle déclarera avoir fait le premier pas vers la domination mondiale sans retour en arrière possible. Si une entreprise ne parvient pas à améliorer la collecte et l’analyse des données, alors elle déclarera que le succès est juste au coin de la rue et qu’il sera possible de l’atteindre une fois qu’elle disposera de nouvelles données.

La technologie de surveillance est loin d’être la première industrie à adopter une croyance absurde et égoïste qui nuit au reste du monde, et elle n’est pas la première industrie à profiter largement d’une telle illusion. Bien avant que les gestionnaires de fonds spéculatifs ne prétendent (à tort) pouvoir battre le S&P 500 (l’équivalent du CAC40 américain), de nombreuses autres industries « respectables » se sont révélées être de véritables charlatans. Des fabricants de suppositoires au radium (si, si, ça existe!) aux cruels sociopathes qui prétendaient pouvoir « guérir » les homosexuels, l’histoire est jonchée de titans industriels autrefois respectables qui ont mal fini.

Cela ne veut pas dire que l’on ne peut rien reprocher aux Géants de la tech et à leurs addictions idéologiques aux données. Si les avantages de la surveillance sont généralement surestimés, ses inconvénients sont, à tout le moins, sous-estimés.

Cette situation est très ironique. La croyance que le capitalisme de surveillance est un « capitalisme voyou » s’appuie sur l’hypothèse que les marchés ne toléreraient pas des entreprises engluées dans de fausses croyances. Une compagnie pétrolière qui se trompe souvent sur l’endroit où se trouve le pétrole finira par faire faillite en creusant tout le temps des puits déjà secs.

Mais les monopoles peuvent faire des choses graves pendant longtemps avant d’en payer le prix. Imaginez comment la concentration dans le secteur financier a permis à la crise des subprimes de s’envenimer alors que les agences de notation, les régulateurs, les investisseurs et les critiques sont tous tombés sous l’emprise d’une fausse croyance selon laquelle les mathématiques complexes pourraient construire des instruments de dette « entièrement couverts », qui ne pourraient pas faire défaut. Une petite banque qui se livrerait à ce genre de méfaits ferait tout simplement faillite au lieu d’échapper à une crise inévitable, à moins qu’elle ait pris une telle ampleur qu’elle l’aurait évitée. Mais les grandes banques ont pu continuer à attirer les investisseurs, et lorsqu’elles ont finalement réussi à s’en sortir, les gouvernements du monde entier les ont renflouées. Les pires auteurs de la crise des subprimes sont plus importants qu’ils ne l’étaient en 2008, rapportant plus de profits et payant leurs dirigeants des sommes encore plus importantes.

Les grandes entreprises technologiques sont en mesure de surveiller non seulement parce qu’elles sont technologiques, mais aussi parce qu’elles sont énormes. La raison pour laquelle tous les éditeurs de sites web intègrent le bouton «J’aime » de Facebook, est que Facebook domine les recommandations des médias sociaux sur Internet – et chacun de ces boutons « J’aime » espionne tous les utilisateurs qui visitent sur une page qui les contient (voir aussi : intégration de Google Analytics, boutons Twitter, etc.).

Si les gouvernements du monde entier ont tardé à mettre en place des sanctions significatives pour atteintes à la vie privée, c’est parce que la concentration des grandes entreprises technologiques génère d’énormes profits qui peuvent être utilisés pour faire pression contre ces sanctions.
La raison pour laquelle les ingénieurs les plus intelligents du monde veulent travailler pour les Géants de la tech est que ces derniers se taillent la part du lion des emplois dans l’industrie technologique.

Si les gens se sont horrifiés des pratiques de traitement des données de Facebook, Google et Amazon mais qu’ils continuent malgré tout d’utiliser ces services, c’est parce que tous leurs amis sont sur Facebook, que Google domine la recherche et qu’Amazon a mis tous les commerçants locaux en faillite.

Des marchés concurrentiels affaibliraient le pouvoir de lobbying des entreprises en réduisant leurs profits et en les opposant les unes aux autres à l’intérieur d’une réglementation commune. Cela donnerait aux clients d’autres endroits où aller pour obtenir leurs services en ligne. Les entreprises seraient alors suffisamment petites pour réglementer et ouvrir la voie à des sanctions significatives en cas d’infraction. Cela permettrait aux ingénieurs, dont les idées remettent en cause l’orthodoxie de la surveillance, de lever des capitaux pour concurrencer les opérateurs historiques. Cela donnerait aux éditeurs de sites web de multiples moyens d’atteindre leur public et de faire valoir leurs arguments contre l’intégration de Facebook, Google et Twitter.

En d’autres termes, si la surveillance ne provoque pas de monopoles, les monopoles encouragent certainement la surveillance…

Ronald Reagan, pionnier du monopole technologique

L’exceptionnalisme technologique est un péché, qu’il soit pratiqué par les partisans aveugles de la technologie ou par ses détracteurs. Ces deux camps sont enclins à expliquer la concentration monopolistique en invoquant certaines caractéristiques particulières de l’industrie technologique, comme les effets de réseau ou l’avantage du premier arrivé. La seule différence réelle entre ces deux groupes est que les apologistes de la technologie disent que le monopole est inévitable et que nous devrions donc laisser la technologie s’en tirer avec ses abus tandis que les régulateurs de la concurrence aux États-Unis et dans l’UE disent que le monopole est inévitable et que nous devrions donc punir la technologie pour ses abus mais sans essayer de briser les monopoles.

Pour comprendre comment la technologie est devenue aussi monopolistique, il est utile de se pencher sur l’aube de l’industrie technologique grand public : 1979, l’année où l’Apple II Plus a été lancé et est devenu le premier ordinateur domestique à succès. C’est également l’année où Ronald Reagan a fait campagne pour la présidentielle de 1980, qu’il a remportée, ce qui a entraîné un changement radical dans la manière dont les problèmes de concurrence sont traités en Amérique. Toute une cohorte d’hommes politiques de Reagan – dont Margaret Thatcher au Royaume-Uni, Brian Mulroney au Canada, Helmut Kohl en Allemagne et Augusto Pinochet au Chili – a ensuite procédé à des réformes similaires qui se sont finalement répandues dans le monde entier.

L’histoire de la lutte antitrust a commencé près d’un siècle avant tout cela avec des lois comme la loi Sherman, qui ciblait les monopoles au motif qu’ils étaient mauvais en soi – écrasant les concurrents, créant des « déséconomies d’échelle » (lorsqu’une entreprise est si grande que ses parties constitutives vont mal et qu’elle semble impuissante à résoudre les problèmes), et assujettissant leurs régulateurs à un point tel qu’ils ne peuvent s’en tirer sans une foule de difficultés.

Puis vint un affabulateur du nom de Robert Bork, un ancien avocat général que Reagan avait nommé à la puissante Cour d’appel américaine pour le district de Columbia et qui avait inventé de toutes pièces une histoire législative alternative de la loi Sherman et des lois suivantes. Bork a soutenu que ces lois n’ont jamais visé les monopoles (malgré de nombreuses preuves du contraire, y compris les discours retranscrits des auteurs des de ces lois) mais qu’elles visaient plutôt à prévenir les « préjudices aux consommateurs » – sous la forme de prix plus élevés.
Bork était un hurluberlu, certes, mais les riches aimaient vraiment ses idées. Les monopoles sont un excellent moyen de rendre les riches plus riches en leur permettant de recevoir des « rentes de monopole » (c’est-à-dire des profits plus importants) et d’assujettir les régulateurs, ce qui conduit à un cadre réglementaire plus faible et plus favorable, avec moins de protections pour les clients, les fournisseurs, l’environnement et les travailleurs.

Les théories de Bork étaient particulièrement satisfaisantes pour les mêmes personnalités influentes qui soutenaient Reagan. Le ministère de la Justice et d’autres agences gouvernementales de l’administration Reagan ont commencé à intégrer la doctrine antitrust de Bork dans leurs décisions d’application (Reagan a même proposé à Bork de siéger à la Cour suprême, mais Bork a été tellement mauvais à l’audience de confirmation du Sénat que, 40 ans plus tard, les experts de Washington utilisent le terme « borked » pour qualifier toute performance politique catastrophique).

Peu à peu, les théories de Bork se sont répandues, et leurs partisans ont commencé à infiltrer l’enseignement du droit, allant même jusqu’à organiser des séjours tous frais payés, où des membres de la magistrature étaient invités à de copieux repas, à participer à des activités de plein air et à assister à des séminaires où ils étaient endoctrinés contre la théorie antitrust et les dommages qu’elle cause aux consommateurs. Plus les théories de Bork s’imposaient, plus les monopolistes gagnaient de l’argent – et plus ils disposaient d’un capital excédentaire pour faire pression en faveur de campagnes d’influence antitrust à la Bork.

L’histoire des théories antitrust de Bork est un très bon exemple du type de retournements d’opinion publique obtenus secrètement et contre lesquels Zuboff nous met en garde, où les idées marginales deviennent peu à peu l’orthodoxie dominante. Mais Bork n’a pas changé le monde du jour au lendemain. Il a été très endurant, pendant plus d’une génération, et il a bénéficié d’un climat favorable parce que les forces qui ont soutenu les théories antitrust oligarchiques ont également soutenu de nombreux autres changements oligarchiques dans l’opinion publique. Par exemple, l’idée que la fiscalité est un vol, que la richesse est un signe de vertu, etc. – toutes ces théories se sont imbriquées pour former une idéologie cohérente qui a élevé l’inégalité au rang de vertu.

Aujourd’hui, beaucoup craignent que l’apprentissage machine permette au capitalisme de surveillance de vendre « Bork-as-a-Service », à la vitesse de l’Internet, afin qu’on puisse demander à une société d’apprentissage machine de provoquer des retournements rapides de l’opinion publique sans avoir besoin de capitaux pour soutenir un projet multiforme et multigénérationnel mené aux niveaux local, étatique, national et mondial, dans les domaines des affaires, du droit et de la philosophie. Je ne crois pas qu’un tel projet soit réalisable, bien que je sois d’accord avec le fait que c’est essentiellement ce que les plateformes prétendent vendre. Elles mentent tout simplement à ce sujet. Les (entreprises de la) Big Tech mentent tout le temps, y compris dans leur documentation commerciale.

L’idée que la technologie forme des « monopoles naturels » (des monopoles qui sont le résultat inévitable des réalités d’une industrie, comme les monopoles qui reviennent à la première entreprise à exploiter des lignes téléphoniques longue distance ou des lignes ferroviaires) est démentie par la propre histoire de la technologie : en l’absence de tactiques anticoncurrentielles, Google a réussi à détrôner AltaVista et Yahoo, et Facebook a réussi à se débarrasser de Myspace. La collecte de montagnes de données présente certains avantages, mais ces montagnes de données ont également des inconvénients : responsabilité (en raison de fuites), rendements décroissants (en raison d’anciennes données) et inertie institutionnelle (les grandes entreprises, comme la science, progressent en liquidant les autres à mesure).

En effet, la naissance du Web a vu l’extinction en masse des technologies propriétaires géantes et très rentables qui disposaient de capitaux, d’effets de réseau, de murs et de douves autour de leurs entreprises. Le Web a montré que lorsqu’une nouvelle industrie est construite autour d’un protocole, plutôt que d’un produit, la puissance combinée de tous ceux qui utilisent le protocole pour atteindre leurs clients, utilisateurs ou communautés, dépasse même les produits les plus massivement diffusés. CompuServe, AOL, MSN et une foule d’autres jardins clos propriétaires ont appris cette leçon à la dure : chacun croyait pouvoir rester séparé du Web, offrant une « curation » et une garantie de cohérence et de qualité au lieu du chaos d’un système ouvert. Chacun a eu tort et a fini par être absorbé dans le Web public.

Oui, la technologie est fortement monopolisée et elle est maintenant étroitement associée à la concentration de l’industrie, mais c’est davantage lié à une question de temps qu’à des tendances intrinsèquement monopolistiques. La technologie est née au moment où l’application de la législation antitrust était démantelée, et la technologie est tombée exactement dans les mêmes travers contre lesquels l’antitrust était censé se prémunir. En première approximation, il est raisonnable de supposer que les monopoles de Tech sont le résultat d’un manque d’action anti-monopole et non des caractéristiques uniques tant vantées de Tech, telles que les effets de réseau, l’avantage du premier arrivé, etc.

À l’appui de cette théorie, je propose de considérer la concentration que tous les autres secteurs ont connue au cours de la même période. De la lutte professionnelle aux biens de consommation emballés, en passant par le crédit-bail immobilier commercial, les banques, le fret maritime, le pétrole, les labels discographiques, la presse écrite et les parcs d’attractions, tous les secteurs ont connu un mouvement de concentration massif. Il n’y a pas d’effets de réseau évidents ni d’avantage de premier arrivé dans ces secteurs. Cependant, dans tous les cas, ils ont atteint leur statut de concentration grâce à des tactiques qui étaient interdites avant le triomphe de Bork : fusion avec des concurrents majeurs, rachat de nouveaux venus innovants sur le marché, intégration horizontale et verticale, et une série de tactiques anticoncurrentielles qui étaient autrefois illégales mais ne le sont plus.

Encore une fois : lorsque vous modifiez les lois destinées à empêcher les monopoles, puis que les monopoles se forment exactement comme la loi était censée les empêcher, il est raisonnable de supposer que ces faits sont liés. La concentration de Tech peut être facilement expliquée sans avoir recours aux théories radicales des effets de réseau – mais seulement si vous êtes prêt à accuser les marchés non réglementés de tendre vers le monopole. Tout comme un fumeur de longue date peut vous fournir une foule de raisons selon lesquelles ce n’est pas son tabagisme qui a provoqué son cancer (« Ce sont les toxines environnementales »), les vrais partisans des marchés non réglementés ont toute une série d’explications peu convaincantes pour prétendre que le monopole de la technologie ne modifie pas le capitalisme.

Conduire avec les essuie-glaces

Cela fait quarante ans que le projet de Bork pour réhabiliter les monopoles s’est réalisé, soit une génération et demie, c’est à dire suffisamment de temps pour qu’une idée commune puisse devenir farfelue ou l’inverse. Avant les années 40, les Américains aisés habillaient leurs petits garçons en rose alors que les filles portaient du bleu (une couleur « fragile et délicate »). Bien que les couleurs genrées soient totalement arbitraires, beaucoup découvriront cette information avec étonnement et trouveront difficile d’imaginer un temps où le rose suggérait la virilité.

Après quarante ans à ignorer scrupuleusement les mesures antitrust et leur mise en application, il n’est pas surprenant que nous ayons presque tous oublié que les lois antitrust existent, que la croissance à travers les fusions et les acquisitions était largement interdite par la loi, et que les stratégies d’isolation d’un marché, comme par l’intégration verticale, pouvait conduire une entreprise au tribunal.

L’antitrust, c’est le volant de cette voiture qu’est la société de marché, l’outil principal qui permet de contrôler la trajectoire de ces prétendants au titre de maîtres de l’univers. Mais Bork et ses amis nous ont arraché ce volant des mains il y a quarante ans. Puisque la voiture continue d’avancer, nous appuyons aussi fort que possible sur toutes les autres commandes de la voiture, de même que nous ouvrons et fermons les portes, montons et descendons les vitres dans l’espoir qu’une de ces commandes puisse nous permettre de choisir notre direction et de reprendre le contrôle avant de foncer dans le décor.

Ça ressemble à un scénario de science-fiction des années 60 qui deviendrait réalité : voyageant à travers les étoiles, des humains sont coincés dans un « vaisseau générationnel » autrefois piloté par leurs ancêtres, et maintenant, après une grande catastrophe, l’équipage a complètement oublié qu’il est dans un vaisseau et ne se souvient pas où est la salle de contrôle. À la dérive, le vaisseau court à sa perte, et, à moins que nous puissions reprendre le contrôle et corriger le cap en urgence, nous allons tout fonçons droit vers une mort ardente dans le cœur d’un soleil.

La surveillance a toujours son importance

Rien de tout cela ne doit minimiser les problèmes liés à la surveillance. La surveillance est importante, et les Géants de la tech qui l’utilisent font peser un véritable risque existentiel sur notre espèce, mais ce n’est pas parce que la surveillance et l’apprentissage machine nous subtilisent notre libre arbitre.

La surveillance est devenue bien plus efficace avec les Géants de la tech. En 1989, la Stasi — la police secrète est-allemande — avait l’intégralité du pays sous surveillance, un projet titanesque qui recrutait une personne sur 60 en tant qu’informateur ou comme agent de renseignement.

Aujourd’hui, nous savons que la NSA espionne une partie significative de la population mondiale, et le ratio entre agents de renseignement et population surveillée est plutôt de l’ordre de 1 pour 10 000 (ce chiffre est probablement sous-estimé puisqu’il suppose que tous les Américains détenant un niveau de confidentialité top secret travaillent pour la NSA — en fait on ne sait pas combien de personnes sont autorisées à espionner pour le compte de la NSA, mais ce n’est certainement pas toutes les personnes classées top secret).

Comment ce ratio de citoyens surveillés a-t-il pu exploser de 1/60 à 1/10 000 en moins de trente ans ? C’est bien grâce aux Géants de la tech. Nos appareils et leurs services collectent plus de données que ce que la NSA collecte pour ses propres projets de surveillance. Nous achetons ces appareils, nous nous connectons à leurs services, puis nous accomplissons laborieusement les tâches nécessaires pour insérer des données sur nous, notre vie, nos opinions et nos préférences. Cette surveillance de masse s’est révélée complètement inutile dans la lutte contre le terrorisme : la NSA évoque un seul et unique cas, dans lequel elle a utilisé un programme de collection de données pour faire échouer une tentative de transfert de fond de quelques milliers de dollars d’un citoyen américain vers un groupe terroriste basé à l’étranger. Les raisons de cette inefficacité déconcertante sont les mêmes que pour l’échec du ciblage publicitaire par les entreprises de surveillance commerciale : les personnes qui commettent des actes terroristes, tout comme celles qui achètent un frigo, se font très rares. Si vous voulez détecter un phénomène dont la probabilité de base est d’un sur un million avec un outil dont la précision n’est que de 99 %, chaque résultat juste apparaîtra au prix de 9 999 faux positifs.

Essayons de le formuler autrement : si une personne sur un million est terroriste, alors nous aurons seulement un terroriste dans un échantillon d’un million de personnes. Si votre test de détecteur à terroristes est précis à 99 %, il identifiera 10 000 terroristes dans votre échantillon d’un million de personnes (1 % d’un million = 10 000). Pour un résultat juste, vous vous retrouvez avec 9 999 faux positifs.

En réalité, la précision algorithmique de la détection de terroriste est bien inférieure à 99 %, tout comme pour les publicités de frigo. La différence, c’est qu’être accusé à tort d’être un potentiel acheteur de frigo est une nuisance somme toute assez faible, alors qu’être accusé à tort de planifier un attentat terroriste peut détruire votre vie et celle de toutes les personnes que vous aimez.

L’État ne peut surveiller massivement que parce que le capitalisme de surveillance et son très faible rendement existent, ce qui demande un flux constant de données personnelles pour pouvoir rester viable. L’échec majeur du capitalisme de surveillance vient des publicités mal ciblées, tandis que celui de la surveillance étatique vient des violations éhontées des Droits de l’humain, qui ont tendance à dériver vers du totalitarisme.

La surveillance de l’État n’est pas un simple parasite des Géants de la tech, qui pomperait les données sans rien accorder en retour. En réalité, ils sont plutôt en symbiose : les Géants pompent nos données pour le compte des agences de renseignement, et ces dernières s’assurent que le pouvoir politique ne restreint pas trop sévèrement les activités des Géants de la tech jusqu’à devenir inutile aux besoins du renseignement. Il n’y a aucune distinction claire entre la surveillance d’État et le capitalisme de surveillance, ils sont tous deux co-dépendants.

Pour comprendre comment tout cela fonctionne aujourd’hui, pas besoin de regarder plus loin que l’outil de surveillance d’Amazon, la sonnette Ring et son application associée Neighbors. Ring — un produit acheté et non développé par Amazon — est une sonnette munie d’une caméra qui diffuse les images de l’entrée devant votre porte sur votre téléphone. L’application Neighbors vous permet de mettre en place un réseau de surveillance à l’échelle de votre quartier avec les autres détenteurs de sonnette Ring autour de chez vous, avec lesquels vous pouvez partager des vidéos de « personnes suspectes ». Si vous pensez que ce système est le meilleur moyen pour permettre aux commères racistes de suspecter toute personne de couleur qui se balade dans le quartier, vous avez raison. Ring est devenu de facto, le bras officieux de la police sans s’embêter avec ces satanées lois et règlements.

À l’été 2019, une série de demande de documents publics a révélé qu’Amazon a passé des accords confidentiels avec plus de 400 services de police locaux au travers desquelles ces agences font la promotion de Ring and Neighbors en échange de l’accès à des vidéos filmées par les visiophones Ring. En théorie, la police devrait réclamer ces vidéos par l’intermédiaire d’Amazon (et des documents internes ont révélé qu’Amazon consacre des ressources non-négligeables pour former les policiers à formuler des histoires convaincantes dans ce but), mais dans la pratique, quand un client Ring refuse de transmettre ses vidéos à la police, Amazon n’exige de la police qu’une simple requête formelle à adresser à l’entreprise, ce qu’elle lui remet alors.

Ring et les forces de police ont trouvé de nombreuses façons de mêler leurs activités . Ring passe des accords secrets pour avoir un accès en temps réel aux appels d’urgence (le 911) pour ensuite diffuser à ses utilisateurs les procès-verbaux de certaines infractions, qui servent aussi à convaincre n’importe quelle personne qui envisage d’installer un portier de surveillance mais qui ne sait pas vraiment si son quartier est suffisamment dangereux pour que ça en vaille le coup.

Plus les flics vantent les mérites du réseau de surveillance capitaliste Ring, plus l’État dispose de capacités de surveillance. Les flics qui s’appuient sur des entités privées pour faire respecter la loi s’opposent ensuite à toute régulation du déploiement de cette technologie, tandis que les entreprises leur rendent la pareille en faisant pression contre les règles qui réclament une surveillance publique de la technologie de surveillance policière. Plus les flics s’appuient sur Ring and Neighbors, plus il sera difficile d’adopter des lois pour les freiner. Moins il y aura de lois contre eux, plus les flics se reposeront sur ces technologies.