Khrys’presso du lundi 6 août


Brave New World

dessin du geektionnerd generator : samouraï enragé qui brandit son arme en fonçant vers un corbeau. Il crie : MEURS SALE DRONE. Le corbeau plus haut répond : pfff, n'importe quoi.

Spécial GAFAM

copie d'écran dune page qui déclare en anglais : j'en ai plein le c** de facebook
Image de Chris Dorward (CC BY 2.0)

Spécial France

Les lectures de la semaine

  • Le web est encore une arme du DARPA (medium.com – en anglais)
  • Pourquoi est-il aussi difficile de décentraliser le web ? (computing.co.uk – en anglais)
  • Le web à la con (pxlnv.com – en anglais)

    Prenons cet article de CNN, par exemple. Voici ce qu’il contenait quand je l’ai chargé :
    Onze polices web, totalisant 414 KB
    Quatre feuilles de style, totalisant 315 KB
    Vingt iframes
    Vingt-neuf requêtes HTTP XML, totalisant environ 500 Ko.
    Environ une centaine de scripts, totalisant plusieurs mégaoctets – bien qu’il soit difficile d’en déterminer le nombre et la taille réelle car certains des scripts sont des « balises » qui se chargent une fois que la page est techniquement téléchargée.
    La grande majorité de ces ressources ne sont pas directement liées à l’information sur la page, et j’inclus la publicité. Bon nombre des scripts qui ont été chargés le sont uniquement à des fins de surveillance : des analyses auto-hébergées, dont il existe plusieurs exemples ; diverses sociétés d’analyse extérieures comme Salesforce, Chartbeat et Optimizely ; et des widgets de partage de réseaux sociaux. Ils mettent mon processeur en surchauffe et font couiner d’épuisement mon ordinateur vieux de six ans. Je ne demandais pourtant pas grand-chose : j’ai ouvert un document textuel sur le Web.

  • Tout ce qui est mauvais à propos de Facebook l’est pour une seule et même raison (qz.com – en anglais)

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Un personnage écrasé par la chaleur, dit : un expresso, par cette chaleur ? Un deuxième personnage répond : oui, paraît qu'il faut boire chaud quand il fait chaud. Et pour la version allongée, suffit de cliquer sur l'image

À nouveau un grand merci à Goofy pour le coup de patte !!!

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Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys) ; et je ne suis pas traductrice de profession ;-P




Khrys’presso du lundi 30 juillet


Brave New World

  • La Blockchain, utilisée par des internautes chinois pour partager du contenu censuré (subspace.club)
  • Le Zimbabwe vend le visage de ses citoyens à la Chine en échange de caméras (usbeketrica.com)
  • Ces caméras qui peuvent déterminer si vous êtes heureux/se – ou si vous constituez une menace (bbc.co.uk – en anglais)

    « At the moment we can detect suspicious behaviour, but not intent, to prevent something bad from happening. But I think this is where it is going and we are already doing tests in this area. »
    This sounds a step closer to the « pre-crime » concept featured in the sci-fi film Minority Report, where potential criminals are arrested before their crimes have even been committed. A further concern for civil liberties organisations? « The key question we always ask ourselves is: Who is building this technology and for what purposes? […] Is it used to help us – or to judge, assess and control us? »
    « Pour l’instant, pour empêcher que quelque chose de mal se produise, nous pouvons détecter des comportements suspects, pas des intentions. Mais je pense que c’est vers ça que nous allons, et nous sommes déjà en train d’effectuer des tests dans ce domaine. » Cela semble un pas de plus vers le concept de « pre-crime » exposé dans le film de science-fiction Minority Report, où des criminels potentiels sont arrêtés avant même que leurs crimes soient commis. Une préoccupation supplémentaires pour les organisations de défense des libertés civiles ? « la question-clef que nous nous posons toujours est : qui construit cette technologie et pour quelles raisons ? Est-ce que c’est pour nous aider – ou pour nous juger, nous évaluer et nous contrôler ? »

  • Dropbox a-t-il exposé des données personnelles pour une étude ? (zdnet.fr)
  • Les très indiscrètes puces des objets connectés (lemonde.fr)

    les chercheurs n’excluent pas que leur technique ait été découverte il y a plusieurs années par les agences de renseignement pour d’autres types de matériels. Un document déclassifié il y a plus de dix ans par la NSA, l’agence américaine chargée du renseignement électronique, et retrouvé par les chercheurs, semble l’indiquer. « Je pense que les communautés du renseignement la connaissent depuis au moins quarante ans »

  • Hacker un avion en plein vol : un risque bien plus réel qu’on l’imagine

Spécial GAFAMs

Spécial France

Les lectures de la semaine

Encore un peu de lecture pour cet été \o/

La « Propriété Intellectuelle » c’est le viol ! par Gérald Sédrati-Dinet (alias gibus)

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos de la semaine

Dégooglisons internet : 3 ans de campagne (canalc2.tv – Pyg aux RMLL 2018)

Les autres trucs chouettes de la semaine

devant deux cafés, discussion : le personnage de gauche remarque que l'expresso est toujours aussi corsé, le personnage de droite indique que s'il clique sur sa tasse, il pourra l'allonger

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Khrys’presso du lundi 23 juillet


Brave New World

  • En Égypte, les internautes qui ont plus de 5000 abonnés Twitter ou Facebook seront surveillés (numerama.com)

    Selon une nouvelle loi en Égypte, n’importe quel compte suivi par plus de 5000 personnes pourra désormais être considéré comme un média, et donc être soumis à la régulation et la censure de l’organe de régulation des média.

  • Selon un nouveau rapport, la manipulation des médias sociaux est en hausse à l’échelle mondiale (phys.org – en anglais)
  • Des autocollants électroniques pour accélérer l’expansion de l’Internet des objets (zdnet.fr)
    un personnage demande : qu'est-ce que tu fabriques encore ? L'autre, nu avec un rectangle noir (étiquette) cachant ses parties intimes répond : je me transforme en capteur
  • Votre historique de vote a été leaké, et ce n’est pas le pire dans cette histoire (medium.com – en anglais)

    A recent data breach exposed the personal details of 200 million Americans. In addition to birthdates, addresses, and telephone numbers the breach included the political views of everyone on the list.
    That’s right, now everyone knows who you voted for. Not just for the recent election but your entire voting history.
    But it gets worse than that. As the investigation shows “the data also contained citizens’ suspected religious affiliations, ethnicities and political biases, such as where they stood on controversial topics like gun control, the right to abortion and stem cell research.”
    Une brèche récente a exposé les données personnelles de deux millions d’américain·e·s. Outre les dates de naissance, adresses et numéros de téléphone, les opinions politiques de l’ensemble des personnes sur la liste ont également fuité. Oui, maintenant, tout le monde sait pour qui vous avez voté. Pas juste pour la dernière élection, mais l’ensemble de votre historique de vote. Et il y a encore pire que ça. D’après les résultats de l’enquête, les données contenaient également les affiliations religieuses probables des citoyen·ne·s concerné·e·s ainsi que leurs préjugés ethniques et politiques comme leurs positions par rapport au contrôle des armes à feu, le droit à l’avortement ou la recherche sur les cellules souches.

  • US : Le fabriquant n°1 de machines de vote admet avoir installé des logiciels de contrôle à distance sur les systèmes vendus aux États (motherboard.vice.com)

    The nation’s top voting machine maker has admitted in a letter to a federal lawmaker that the company installed remote-access software on election-management systems it sold over a period of six years, raising questions about the security of those systems and the integrity of elections that were conducted with them.[…] Election-management systems are not the voting terminals that voters use to cast their ballots, but are just as critical: they sit in county election offices and contain software that in some counties is used to program all the voting machines used in the county; the systems also tabulate final results aggregated from voting machines. […] Remote-access software and modems on election equipment ‘is the worst decision for security short of leaving ballot boxes on a Moscow street corner.’
    Le fabriquant n°1 de machines de vote [aux US] a admis dans une lettre à un législateur fédéral que son entreprise avait installé des logiciels de contrôle à distance sur les systèmes de gestion électorale vendus sur une période de six ans, ce qui soulève des interrogations concernant la sécurité de ces systèmes et l’intégrité des élections organisées par leur biais. Les systèmes de gestion électorale ne sont pas les terminaux que les électeurs utilisent pour voter, mais sont tout aussi critiques : ils se situent dans les bureaux électoraux des comtés et comprennent des logiciels qui sont utilisés dans certains comtés pour programmer l’ensemble des machines de vote utilisées dans le comté ; les systèmes tabulent également les résultats finaux regroupés à partir des machines de vote.[…] Des logiciels de contrôle à distance et des modems sur des équipements électoraux ‘sont la pire des décisions en termes de sécurité, à part déposer directement les urnes à un coin de rue moscovite.’

  • Ce qui se passe quand votre photo de garde à vue finit sur Internet (motherboard.vice.com)
  • US : Les assurances santé pompent vos données personnelles – et cela pourrait augmenter vos tarifs (propublica.org – en anglais)

    With little public scrutiny, the health insurance industry has joined forces with data brokers to vacuum up personal details about hundreds of millions of Americans. […] The companies are tracking your race, education level, TV habits, marital status, net worth. They’re collecting what you post on social media, whether you’re behind on your bills, what you order online. Then they feed this information into complicated computer algorithms that spit out predictions about how much your health care could cost them.
    Sans susciter beaucoup l’attention publique, l’industrie des assurances santé a fait alliance avec les courtiers en données pour récupérer les données personnelles de centaines de millions d’américain·e·s. Ces entreprises traquent vos origines ethniques, votre niveau d’éducation, habitudes télévisuelles, statut marital, valeur économique. Elles collectent ce que vous postez sur les média sociaux, si vous êtes en retard sur vos factures, ce que vous commandez en ligne. Ces informations vont alors nourrir des algorithmes informatiques compliqués qui recracheront des prédictions sur ce que votre couverture médicale pourrait leur coûter.

  • L’Europe et le Japon s’accordent sur la protection des données (zdnet.fr)

Spécial GAFAMs

La grosse amende de la semaine

Spécial France

Les lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

 

Agir

devant deux cafés, discussion : le personnage de gauche remarque que l'expresso est toujours aussi corsé, le personnage de droite indique que s'il clique sur sa tasse, il pourra l'allonger

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Khrys’presso du lundi 16 juillet


Brave New World
* Neutralité du Net : l’Inde vient d’adopter les « règles les plus strictes au monde »
* Les Berlinois veulent une ville sans pub
* Sécurité des objets connectés : un « trou béant » dans la loi

un personnage râle : Moi j'aime pas les trous béants

* Les Smart TVs envahissent notre intimité et cela nécessite une investigation, selon les sénateurs américains (en anglais) – voir aussi : Mouchards publicitaires : comment les télés connectées espionnent les foyers
* Face à l’algorithme, l’impossible grève des livreurs à vélo
* Les entreprises de fracturation hydraulique utilisent les informations personnelles récoltées sur Facebook pour discréditer leurs opposants (en anglais)
* Interfaces utilisateur : les techniques de design visuel utilisées pour manipuler les plus vulnérables (en anglais)

A dark user experience pattern is loosely defined as a way to trick users into performing certain actions. These actions always benefit the company employing these techniques, and often leave user out of pocket in at least one way. Sometimes this is monetary; other times it’s at the cost of privacy, time, or even user rights.
Un « modèle pervers d’expérience utilisateur » peut se définir grossièrement comme un procédé piégeant les utilisateurs, pour les amener à effectuer certaines actions. Ces actions profitent toujours à l’entreprise employant ces techniques, et l’utilisateur doit souvent payer d’une façon ou d’une autre. Parfois, il s’agit d’argent ; d’autre fois, c’est au prix de l’intimité de l’utilisateur, de son temps, voire de ses droits.

Spécial GAFAMs
* Les politiques lisent les règles de confidentialité de Gmail
Deux personnages, le premier demande à l'autre (qui lit) s'il a fini, l'autre répond que non, c'est sacrément long à lire, les CGU
* Jeff Bezos et Amazon commencent à inquiéter l’industrie de la publicité (en anglais)

Google knows what consumers are interested in, and Facebook knows who you are. But Amazon has what many in the advertising industry regard as the most important piece of the puzzle: what people buy. And the e-commerce giant is starting to capitalize on that data in a big way […] The scary part for marketers is that [data] is all walled off, and if you want the special sauce you have to play by Amazon’s rules.
Google connaît les centres d’intérêt des consommateurs, Facebook sait qui vous êtes. Mais Amazon possède ce que nombre d’acteurs du secteur de la publicité considèrent comme la pièce la plus importante du puzzle : ce que les gens achètent. Et le géant du e-commerce a commencé à tirer profit de ces données dans les grandes largeurs […] Le côté inquiétant de l’affaire pour les marketeux est que toutes ces données sont bien gardées, et que pour y accéder, il faut accepter de se soumettre aux règles d’Amazon.

* Collecte de données : Google et Apple priés de faire la lumière

Darth Vader râle : la lumière, et puis quoi encore.

* La censure mise en place par Apple pour la Chine fait crasher les Iphone (en anglais)
* Le Royaume-Uni inflige une amende de 7 minutes de chiffre d’affaires à Facebook (voir aussi : Cambridge Analytica : amende maximale pour Facebook au Royaume-Uni)
* Facebook et la lutte contre la désinformation, un double discours qui dérange

Un personnage représentant Facebook dit : nous sommes pour la liberté d'expression, mais nous nous réservons le droit de supprimer votre contenu.

* Windows 10 : Microsoft renonce à imposer Edge depuis Courrier ou Mail

La supériorité revendiquée de Edge sur les autres navigateurs suscite par ailleurs un certain scepticisme […]: « Nous voulons que les gens utilisent notre produit. Devrions nous: a) Faire un meilleur produit ou b) Ne pas leur donner le choix et leur coincer ce produit inférieur au fond de la gorge ? Ce n’est pas une question normale à poser. »

Spécial France
* Le gouvernement juge que la loi « garantit une protection effective de la neutralité du net »
* Les juteuses activités annexes de certains eurodéputés français
* « PACT », le nouveau plan d’action contre le terrorisme du gouvernement
* Directive droit d’auteur : le vote du Parlement européen fixé au 12 septembre. Lire à ce propos l’excellente tribune de Lionel Maurel : Directive droit d’auteur: la régulation au prix de la répression ?

Ne nous y trompons pas : le but réel des industries culturelles n’est pas de combattre les Gafam, mais d’utiliser le filtrage comme une menace pour négocier en position de force «un prix de gros» pour l’ensemble de leur catalogue. Leur but est d’instaurer une «licence globale privatisée» qui consacrerait définitivement la position dominante d’acteurs, comme Facebook ou YouTube, si elle voyait le jour.

* Modèle social. La Macronie veut supprimer la Sécu de la Constitution

[EDIT 17/07] Comme le signale le commentaire ci-dessous, le gouvernement a finalement renoncé à supprimer la référence à la Sécu dans la Constitution.

Un mot, dans une Constitution, ça compte énormément. Les fondamentaux d’un pays peuvent être balayés en s’attaquant à quelques lettres. La Macronie s’y emploie : elle a décidé de supprimer toute référence à la Sécurité sociale dans la Constitution. Comme si de rien n’était, la commission des Lois a profité du chantier de la réforme constitutionnelle pour faire disparaître l’un des piliers de notre République et de notre modèle social de la loi fondamentale.

* La fraternité, enfin !

La décision du Conseil constitutionnel, qui contraint le gouvernement à revoir la définition de son «délit de solidarité», est historique. Elle fera date aussi, et peut-être surtout, en raison de la place éminente qu’elle assigne au dernier terme de la devise républicaine.

Agir
Données personnelles: informez-nous, protégez-vous

Les lectures de la semaine
* Wikipédia en français, une évolution spectaculaire en 10 dates clefs
* Le moment néofasciste du néolibéralisme
* Quand George Orwell passait en revue Mein Kampf (1940) (en anglais)
* Supprimer le mot «race» de la Constitution: oui, mais…
* Mouvements de la main, vitesse de frappe : des gestes anodins qui peuvent vous trahir

Les montres connectées et smartphones collectent des informations sensibles à partir d’attitudes dont nous n’imaginons pas devoir nous méfier, du mouvement de notre main au dessus d’un distributeur de billets à l’imprécision de nos doigts sur l’écran de notre smartphone lors de la commande d’un VTC après une soirée arrosée. Cet intérêt pour l’imperceptible permet aux entreprises d’obtenir des renseignements à notre sujet, avec notre accord mais sans que nous en soyons conscients.

* Le filtrage internet s’avère inefficace contre les contenus pornographiques, selon des chercheurs (en anglais)

It’s important to consider the efficacy of Internet filtering. Internet filtering tools are expensive to develop and maintain, and can easily ‘underblock’ due to the constant development of new ways of sharing content. Additionally, there are concerns about human rights violations – filtering can lead to ‘overblocking’, where young people are not able to access legitimate health and relationship information.
Il est important de s’interroger sur l’efficacité du filtrage internet. Les outils de filtrage sont coûteux à développer et à maintenir, et peuvent facilement « sous-bloquer » à cause du développement incessant de nouveaux moyens de partage de contenu. De plus, il y a des risques de violation des droits de l’Homme – le filtrage peut amener à « surbloquer », quand de jeunes personnes ne se trouvent plus en mesure d’avoir accès à des informations légitimes concernant la santé et les relations interpersonnelles.

À (re)lire ou écouter pendant l’été
* La série d’articles « Leviathan » (accessible sous Licence Art Libre sur framagit et téléchargeable en format epub via ce lien, à compléter avec Les Léviathans V. Vie privée, informatique et marketing dans le monde d’avant Google)
* La thèse de Félix Tréguer « Pouvoir et résistance dans l’espace public : une contre-histoire d’Internet (XV-XXI siècle) »
* Des heures de conférences/cours de Michel Foucault, enregistrées en anglais et français entre 1961 et 1983 via le site openculture.com (en anglais)

Les BDs/graphiques/photos de la semaine
* Capitalisme de surveillance
* Data & Facebook
* Londres
* Sauver la princesse – comparaison de 8 langages de programmation
* Arch vs Gentoo

Les vidéos de la semaine
Les vidéos de PSES sont désormais sur PeerTube

Les autres trucs chouettes de la semaine
* WHOIS et RGPD : l’Icann peine à endiguer la vague
* On parle de PeerTube dans Télérama

devant deux cafés, discussion : le personnage de gauche remarque que l'expresso est toujours aussi corsé, le personnage de droite indique que s'il clique sur sa tasse, il pourra l'allonger

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Khrys’presso du lundi 9 juillet


Brave New World
* Neutralité du net : la Californie fait de la résistance. Voir aussi : La neutralité du Net fait son comeback en Californie (en anglais).
* En Ouganda, il faut maintenant payer pour utiliser les réseaux sociaux (en anglais).
* Zwielbelfreunde, la police allemande s’en prend à nos oignons (voir aussi : La police allemande accusée de mener des raids pour le moins stupides – en anglais).
* Quand les grands éditeurs irritent et abusent de leur force
* 500px abandonne les photos en Creative Commons

Mais le plus discutable n’est pas tant que 500px oriente sa plateforme de photos vers une autre direction — après tout, chaque service entend rester maître de son destin. C’est le manque de considération qu’a la plateforme a à l’égard de ceux et celles qui ont placé des photos sous licence Creative Commons sur 500px : à la question de savoir si 500px va offrir une aide à la migration pour les contributeurs existants qui soumettent des images Creative Commons, le site répond que non. « Notre plan est de supprimer la possibilité de téléverser une image à 500px avec une licence Creative Commons. Nous supprimerons également la fonctionnalité de téléchargement et de recherche d’images Creative Commons sur notre site web ».

Spécial données personnelles/Surveillance

personnage tenant une caméra de surveillance
« Vidéo Surveillance » by Lena (CC BY-NC-ND 2.0)

* États-Unis : les données de millions de personnes et d’entreprises ont fuité (voir aussi l’article original de Wired en anglais)
* La NSA efface des millions de métadonnées téléphoniques qu’elle n’était pas censée avoir
* Aux États-Unis, les TVs connectées traquent les utilisateurs par millions (en anglais)

“You appear to opt into a discovery-recommendation service, but what you’re really opting into is pervasive monitoring on your TV.”
(Vous semblez opter pour un service de recommandation-découverte, mais ce pour quoi vous optez en réalité, c’est une surveillance omniprésente sur votre téléviseur.)

* Quand les objets connectés sont utilisés comme des armes contre leurs propriétaires – voir aussi : Thermostats, verrous, lumières : les nouveaux outils de la violence domestique (en anglais).
* Quand le portable sert à espionner ses proches…
Un personnage râle : moi, je n'aime pas qu'on m'espionne
* Alors qu’ils cherchaient à savoir si votre smartphone vous écoutait en secret, des scientifiques ont fait une autre découverte : certaines applications enregistrent tout ce que vous faites et l’envoient à des tiers.
* Android : les apps ne se privent pas de faire des captures d’écran
* L’Europe utilise les données des smartphones comme une arme pour déporter les réfugiés (en anglais).

Spécial GAFAMs
* Gmail : vous avez probablement laissé des développeurs lire vos mails
* Gmail ne scanne pas vos mails. Ses partenaires, en revanche…
* Gmail : oui, des tiers lisent vos emails, et vous auriez dû le savoir
* Polémique Gmail : tout ce que pourquoi la Silicon Valley est détestée
deux personnages, le premier pleure parce que Google lit tous ses mails, le second lui réplique qu'il n'avait qu'à lire les CGUs
* Facebook : l’enquête Cambridge Analytica prend de l’ampleur
* Facebook a identifié la Déclaration d’indépendance des États-Unis comme un discours haineux
* Facebook débloque, mais se soigne
* Facebook est-il un éditeur ? En public, la réponse est non, mais en cour de justice… (en anglais)
* RGPD : Google, Amazon et Facebook ou Claudette au bal des vampires

Spécial France
* 3 volets pour le futur cloud souverain de l’Etat français . Voir aussi : Souveraineté numérique : la France précise ses plans dans le cloud
* Tous les examens seront-ils bientôt surveillés à distance par des humains ou des algorithmes ?
* La Smart City policière se répand comme traînée de poudre
* La France lancera en 2020 un indice de réparabilité des appareils électroniques
* Le « délit de solidarité » censuré par le Conseil constitutionnel au nom du « principe de fraternité ». Voir aussi : «Délit de solidarité» : la fraternité érigée en principe constitutionnel

La lutte – et la victoire ! de la semaine
* Directive Copyright : 146 organisations lancent un ultime appel au Parlement européen
* En quoi la directive Copyright menace-t-elle le web et Wikipedia (en anglais).
* Wikipédia ferme ses portes en Italie pour s’opposer à la directive sur le droit d’auteur
* Après l’Italie, Wikipédia ferme en Espagne, Pologne, Lettonie et Estonie
* Directive Copyright : le Parlement européen dit non et reprend la main
* Le Parlement européen écarte la directive controversée sur le droit d’auteur
* Directive sur le droit d’auteur : une victoire du lobbying des GAFA, vraiment ?
* Sur YouTube, la détection automatique des contenus soumis à droit d’auteur ne satisfait personne et même, peut aboutir à des situations complètement absurdes, comme ce YouTubeur accusé de violation de droits d’auteur sur sa propre chanson !

deux personnages, le premier a une guitare et dit que c'est lui qui a fait la chanson, le second lui répond que ce n'est pas ce que lui a dit son algorithme

Les lectures de la semaine
* Ce que le numérique fait au droit
* Comment financer le logiciel libre ? un vrai sujet
* Un jeune libriste part à l’asso des mauvaises habitudes
* Contribuer à un logiciel libre dans une formation en école d’ingénieur
* Darknet : faut-il démanteler la revente illégale de la liberté de s’exprimer et de s’informer ?
* Alain Damasio : « Rendre désirable autre chose que le transhumanisme »

Avec un vélo, si ta chaîne saute, tu peux la remettre toi-même et repartir : tu as une autonomie par rapport à l’objet car tu sais comment il marche et tu peux le réparer. Avec un vélo électrique, tu peux pédaler, mais si la batterie lâche ou s’il y a un problème technique, tu es démuni, et là tu es en situation d’hétéronomie. L’objet ne t’« empuissante » pas, il te retire une faculté.
Apple a été très précurseur là-dessus. La stratégie de ses managers a toujours été la fluidité absolue : tout doit être simple, fluide, ergonomique. Et ce sont les premiers à avoir fait des technologies tellement propriétaires qu’ils t’ont foutu dans l’hétérénomie absolue : ça marche ou ça ne marche pas. La dépendance est maximale […]
Je pense qu’on a réussi à mettre en place des systèmes qui font que tu as à peine besoin d’un coup de pouce pour que les gens les mettent en place. Les GAFA par exemple ne font que mettre à disposition un ensemble d’outils qui potentialisent des choses. Mais c’est tellement bien fait, ergonomique, lié à des logiques de commodité, de fluidité, de facilité que tu vas t’en emparer et aller là où ça les arrange. Ce n’est même pas eux qui mettent en place le mécanisme d’aliénation, ils ne t’imposent rien. Il faut interroger cette façon que nous avons de nous piéger nous-mêmes.

deux personnages, le premier demande au second pourquoi il se pièger lui-même, le second lui répond : bonne question

Agir
Pour Tim Berners-Lee, il est temps de « descendre dans la rue » pour sauver le Web

Les BDs/graphiques de la semaine
* Reaching people on the internet
* Les algorithmes et le week-end
* Heaviest objects in the universe
* Calm down
* Sunglasses
* Simone Veil

Les vidéos de la semaine
* En podcast, toutes les interventions de Pas Sage En Seine 2018 (et en version torrent : 2017 et 2018)
* Et si on quittait les réseaux sociaux ?
* Data brokers, les courtiers de nos données

devant deux cafés, discussion : le personnage de gauche dit que c'est fou, le nombre de trucs qui se passent en une semaine, le personnage de droite indique que s'il clique sur sa tasse, il en aura encore plus

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Khrys’presso du lundi 2 juillet


1- Brave New World
La Chine bloque HBO après la satire de Xi Jinping par John Oliver dans son show Last Week Tonight (en anglais ; le lien direct vers la vidéo)
Venezuela is blocking access to the Tor network
Bac 2018 en Algérie : la coupure Internet plombe l’activité des entreprises
Les gens se vengent des robots en trompant les caisses sans humains des supermarchés
L’intelligence artificielle au service de la conformité au RGPD
Cloud Act, l’offensive américaine pour contrer le RGPD
Aux États-Unis, les données de géolocalisation téléphoniques désormais protégées par la Constitution
La Californie vote une loi sur la protection des données (voir aussi : La Californie fait voter une loi plus exigeante en matière de vie privée) mais Facebook et Google manœuvrent et font du lobbying en sous-main, en y consacrant des centaines de milliers de dollars, pour éviter que cette loi ne gêne leur business, d’après The Intercept.
Le MIT peut voir vos mouvements au travers des murs grâce au Wi-Fi

Playing with Ghosts – Photo par Wade Simmons (CC BY 2.0)

 

À partir de quel moment une entreprise de la tech devrait-elle refuser de développer des outils pour le gouvernement ? (en anglais).
2 – Spécial France…
Des véhicules autonomes à la demande expérimentés à Rouen, une première en Europe
Le ticket de caisse va-t-il disparaître ?
Le gouvernement interpellé sur les parents qui utilisent leurs enfants sur YouTube
Grande école du numérique : 11.000 étudiants, peu de femmes et de CDI
Le Conseil constitutionnel appelé à se prononcer sur le « délit de solidarité »
Dans un rapport, la Cimade souligne la hausse en 2017 des « non-admissions » aux frontières en France
Le recours aux armes à feu par les policiers a fortement augmenté en France en 2017

3 – GAFAM
• Données personnelles : l’UFC Que Choisir dénonce les petits arrangements entre GAFAMs (actu reprise entre autres par Numerama et Le Monde).
Pourquoi Facebook et YouTube se lancent dans le payant
Facebook et YouTube seraient les deux services qui exposent le plus les enfants au sexe, à la violence et aux suicides
• Google aime l’open source…(en anglais) mais aussi les DRM
• Ah tiens, en parlant de DRM : Metal Gear Rising injouable sur Mac à cause des DRM 😉

 

Image d’après Etamme (CC BY 3.0) En savoir plus sur les DRM ? Une synthèse de l’APRIL est disponible

 

 

Sinon, cette semaine, Facebook continue à se prendre les pieds dans le tapis…
Facebook s’emmêle et fait fuiter des données Facebook Analytics
Sur Facebook, des tests de personnalité très bavards
• On connait désormais quelles sont les différentes sociétés à qui Facebook livrait des informations liées aux utilisateurs de sa plateforme, en d’autres termes, vos données de profil.
…à ne plus trop savoir sur quel pied danser…
Facebook abandonne l’idée de construire ses drones donnant accès à Internet, mais pas le projet Aquila
Le Festival de Film de Fesses n’est pas le bienvenu sur Facebook
… alors du coup…
Facebook n’est plus l’idole des jeunes (snif ;-))

Copie d’écran : désolé, quelque chose s’est mal passé

4 – Toujours plus de PeerTube !
Dans la « presse »
PeerTube: An Open Source YouTube Alternative To Beat Censorship
PeerTube, le YouTube libre, se finance sans peine sur Kisskissbankbank
Et aussi…
Peertube en page d’accueil de Qwant \o/
Les instances repérées cette semaine
L’instance de la Blender Foundation
L’instance Peertube de l’académie de Lyon
Une instance pour partager des vidéos en Creative Commons
Skeptikón, une instance peertube autour de la zététique, de l’esprit critique, du scepticisme de manière plus générale.

5 – Les lectures de la semaine
Les mèmes les plus toxiques sont aussi les plus performants

La guerre des navigateurs est terminée et nous l’avons perdue.

Nous l’avons perdue parce que nous avons abandonné le futur de l’informatique personnelle — le web et le mobile.

L’essentiel du parc est contrôlé par une régie publicitaire dont le modèle économique est de surveiller et régenter tout ce que vous faites sur vos appareils. Google et Chrome c’est ça.

(…)

Le résultat c’est que nous avons besoin d’Opera, Firefox et Edge, aujourd’hui, même si ce n’était que pour forcer Chrome et Safari à continuer à jouer le jeu. Ceux qui ont connu la première guerre des navigateurs savent de quoi on parle. On joue un peu l’avenir du web et du mobile. Rien que ça.

À lire dans : Après la seconde guerre, le web et le mobile

Jusqu’où va aller l’hypocrisie des géants du net et des fabricants ?
• Gee publie Working Class Heroic Fantasy chez Framabook « un livre pour donner la niaque »
Engagement_atypique, le parcours de quota_atypique interviewée pour le framablog.

6 – Les BDs/images/graphiques de la semaine
Personnalisation
Appeau
Une question de principes
Please note…
Les maths, c’est vache…(ment bien)
Fierté
Coupe du Monde
Verre à moitié plein…
BD : « La guerre des fourmis » (épisode final)

7 – Les vidéos de la semaine
Les données collectées par les pisteurs
Droit d’auteur : doit-on marquer les œuvres à la culotte ? (podcast)
Interview de Pouhiou au JT de @LeMediaTV

8 – Les actions de la semaine
Plaintes massives dans toute l’Europe contre la rétention illégale de nos données (voir aussi : 62 associations s’attaquent à la rétention des données de connexion en Europe et Conservation des données par les opérateurs télécoms: 62 associations saisissent la Commission européenne ).
Directive Copyright : le vote du Parlement européen fixé au 5 juillet
Texte commun : « Nous ne laisserons pas Bure devenir la nouvelle affaire Tarnac !
ToS;DR : aidez à noter les conditions générales d’utilisation que personne ne lit

9 – Les autres chouettes trucs de la semaine
StartTLS Everywhere : le projet pour que vos mails soient transmis en toute sécurité
GNOME et Mozilla s’associent pour atteindre le monde universitaire
Les RMLL 2018 Strasbourg arrivent à grand pas !
linuxjobs.fr/ arrive sur Mastodon ! (plusieurs comptes, chercher @linuxjobsfr)

 

devant deux cafés, discussion : le personnage de gauche voudrait un café allongé, le personnage féminin de droite indique qu'il suffit de cliquer sur sa tasse pour accéder à son blog

Avec à nouveau un grand merci à Goofy pour le coup de patte 🙂




Les Léviathans V. Vie privée, informatique et marketing dans le monde d’avant Google

Dans notre ère désormais numérique il nous arrive parfois d’être pris d’un léger vertige tant le flux tourbillonnant de l’actualité porte des coups brutaux à notre représentation du monde. C’est alors qu’un pas de côté est salutaire.

Apprendre avec Meltdown et Spectre que même le matériel, en l’occurrence le processeur, comporte des failles critiques, ou plus récemment que par dizaines de millions des profils Facebook ont été exploités pour manipuler l’opinion à des fins politiques, voilà le genre d’affaires qui défraient la chronique, mais qui nous demandent un peu de recul.

Dans la continuité de sa série des Léviathans, Christophe Masutti nous propose aujourd’hui avec Léviathans V de prendre un peu de distance avec le capitalisme de surveillance pour mieux en appréhender et déconstruire le mode opératoire.

Pour commencer, il nous invite à remonter aux années 1960 aux États-Unis et découvrir que l’exploitation des données personnelles par le marketing numérique (certes moins sophistiqué qu’aujourd’hui) était une réalité dès la constitution des premières banques de données. Au point que très tôt des mouvements d’opinion sont apparus pour s’opposer aux dangers des atteintes à la vie privée. On verra donc à quel point ni la collecte de données personnelles à des fins marchandes ni les légitimes oppositions qu’elle soulève ne sont dans leur principe des phénomènes nouveaux.

Historiquement, c’est l’informatique bancaire qui s’est trouvée comme à l’avant-garde de cette collecte structurée qui va constituer les bases de données. Mais entre le climat de la Guerre froide et la méfiance des citoyens américains alors jaloux de leur liberté, les protestations sont vives. Dès le début des années 1970 certains déjà redoutent un monde où l’individu serait sous totale surveillance grâce aux technologies informatiques.

Les tentatives pour contenir par un cadre juridique l’exploitation des données privées étaient trouées d’exceptions dont les entreprises commerciales ont évidemment profité. Grâce à l’informatisation croissante du traitement de données, il leur devenait facile de déterminer des types de consommateurs et d’anticiper sur leurs désirs d’achat : dès avant 1980, le profilage était né.

Christophe Masutti retrace le chemin parcouru depuis : comment les données vont devenir une ressource monnayable, comment dès le début des années 1990 on peut proposer un modèle économique où chacun vendrait ses données (ça ne vous rappelle rien ?), comment s’est développé le business juteux du commerce des données, au point d’alimenter les méga-corporations que nous connaissons aujourd’hui, et quelles voix se sont élevées, opposant la liberté au profilage et à la segmentation sociale qu’impose cette économie de la surveillance.

En définitive, le parcours historique et analytique que vous allez lire est à la fois surprenant – puisque tout était déjà là, et éclairant – car c’est ainsi que nous en sommes arrivés là.

*   *   *

Comme le texte de l’article est un peu long (une trentaine de pages au format A4 plus une abondante bibliographie), nous vous en proposons la lecture hors-ligne en téléchargeant ci-dessous le fichier .pdf (avec liens actifs pour le parcourir)

Cliquez sur l’image pour télécharger Léviathans V de Christophe Masutti au format .pdf (210 Ko) (ou sur Hal-shs)

 

* Crédit image Robert Nix (CC BY-2.0)

 

 

 




21degrés de liberté – 13

Nos comportements font désormais l’objet d’une surveillance de plus en plus intrusive de la part du commerce, qu’il soit ou non virtuel, au point de surveiller même les achats que nous ne faisons pas…

Voici déjà le 13e article de la série écrite par Rick Falkvinge. Le fondateur du Parti Pirate suédois. Il attire aujourd’hui notre attention sur une forme inattendue du pistage à caractère commercial.

Le fil directeur de la série de ces 21 articles, comme on peut le voir clairement dans les épisodes précédents que nous vous avons déjà livrés, c’est la perte de certaines libertés dont nous disposions encore assez récemment, avant que le passage au tout-numérique ne nous en prive.

On espionne non seulement tout ce que nos enfants achètent, mais également tout ce qu’ils N’ACHÈTENT PAS

Source : Rick Falkvinge sur privateinternetaccess.com

Traduction Framalang : draenog, dodosan, goofy et un anonyme

Nous avons vu comment les achats de nos enfants, que ce soit en liquide ou par carte, sont surveillés au mépris de leur vie privée, d’une manière qui aurait fait frémir nos parents. Pire encore : la vie privée de nos enfants est également violée par l’espionnage des achats qu’ils ne font pas, qu’ils les refusent sciemment ou qu’ils passent simplement leur chemin.

Amazon vient d’ouvrir son premier magasin Amazon Go, où il est possible de mettre des articles dans son sac et de partir, sans avoir à passer par une caisse. Pour présenter ce concept1, Amazon indique qu’il est possible de prendre un article, qui sera inscrit dans vos achats, puis de changer d’avis et de le reposer, auquel cas le système enregistre que l’article n’a pas été acheté.

Évidemment, on ne paie pas pour un article à propos duquel on a changé d’avis, ce qui est le message de la vidéo. Mais il ne s’agit pas seulement d’enlever un article du total à payer : Amazon sait que quelqu’un a envisagé de l’acheter et ne l’a au final pas fait, et l’entreprise utilisera cette information.

Nos enfants sont espionnés de cette manière chaque jour, si ce n’est à chaque heure. Nos parents n’ont jamais connu cela.

Lorsque nous faisons des achats en ligne, nous rencontrons même des plugins simples pour les solutions commerciales les plus courantes, qui réalisent ce qu’on nomme, par un barbarisme commercial, une « analyse en entonnoir » ou « analyse d’abandon de panier », qui détermine à quel moment nos enfants décident d’abandonner le processus d’achat.

On ne peut même plus quitter un achat en cours de route sans qu’il soit enregistré, consigné et catalogué pour un usage futur.

Mais cet « abandon de panier » n’est qu’une partie d’un plus vaste problème, à savoir le pistage de ce qui nous intéresse, à l’ère de nos enfants du numérique, sans pour autant que nous l’achetions. On ne manque pas aujourd’hui de personnes qui jureraient avoir tout juste discuté d’un type de produit au téléphone (disons, « jupe noire en cuir ») pour voir, tout à coup, des publicités spécifiques pour ce type de produit surgir de tous les côtés sur les pubs Facebook et/ou Amazon. Est-ce qu’il s’agit vraiment d’entreprises à l’écoute de mots-clés via notre téléphone ? Peut-être, peut-être pas. Tout ce qu’on sait depuis Snowden, c’est que s’il est techniquement possible de faire intrusion dans notre vie privée, alors c’est déjà en place.

(On peut supposer que ces personnes n’ont pas encore appris à installer un simple bloqueur de publicités… Mais bon.)

Dans les endroits les plus surchargés en pubs, comme les aéroports (mais pas seulement là), on trouve des traqueurs de mouvements oculaires pour déterminer quelles publicités vous regardez. Elles ne changent pas encore pour s’adapter à vos intérêts, comme dans Minority Report, mais puisque c’est déjà le cas sur votre téléphone et votre ordinateur, il ne serait pas surprenant que cela arrive bientôt dans l’espace public.

Dans le monde analogique de nos parents, nous n’étions pas enregistrés ni pistés quand nous achetions quelque chose.

Dans le monde numérique de nos enfants, nous sommes enregistrés et suivis même quand nous n’achetons pas quelque chose.

La vie privée demeure de votre responsabilité.