Enseigner et apprendre l’informatique sans ordinateur

Computer Science UnpluggedLe Framablog se fait volontiers le relai de ceux qui, comme Jean-Pierre Archambault (de l’EPI), souhaient une présence renforcée et assumée de l’informatique à l’école française.

En témoignent ces trois articles mis en ligne : Ouvrons le débat de l’informatique à l’école, L’informatique doit-elle rester un simple outil à l’école ? et, plus récemment, Fracture et solidarité numériques.

Voilà pour la théorie.

Pour ce qui concerne la pratique, c’est-à-dire ce que pourrait être concrètement aujourd’hui un enseignement et un apprentissage de l’informatique en tant que discipline à part entière, c’est encore chez nous en discussion et en débat.

Mais nul doute que le livre (sous licence Creative Commons By-Nc-Nd) Computer Science Unplugged, que vient de traduire l’équipe Intertices[1] et que nous présente ci-dessous Roberto Di Cosmo, sera en bonne place dans la bibliothèque des ressources de référence.

En tordant le coup au passage à deux idées reçues : on peut s’initier et faire de l’informatique sans ordinateur et ce dès le plus jeune âge[2].

Enseigner et apprendre les sciences informatiques à l’école

URL d’origine du document

Roberto Di Cosmo – 9 octobre 2009 – Interstices

Computer Science UnpluggedLes TIC, Technologies de l’Information et de la Communication, ont pris une telle importance dans la société d’aujourd’hui, que le simple fait de priver un de nos concitoyens d’un accès à Internet reviendrait à en faire un citoyen de deuxième classe : on en a besoin pour communiquer, travailler, échanger avec les administrations publiques et les entreprises privées, vendre, acheter, se divertir, s’informer et informer les autres.

Mais ces technologies en évolution rapide changent aussi profondément notre rapport au monde du travail, aux loisirs et à la sphère politique, au point qu’il devient aujourd’hui indispensable de fournir à tous nos concitoyens les notions fondamentales nécessaires pour se constituer un modèle mental correct de ce qu’est l’informatique.

Il ne suffit plus de savoir se servir d’une souris (ce à quoi peut suffire le Brevet Informatique et Internet) : il faut comprendre et maîtriser la véritable mutation sociétale induite par la dématérialisation de l’information, la mise en réseau des connaissances et l’augmentation massive de la puissance de calcul disponible ; cela exige des capacités de traitement et d’analyse conceptuelle de l’information qui ne se font pas sans une bonne familiarité avec ce que l’on appelle, dans certains cercles, la « pensée informatique » (Computational Thinking en anglais).

Computer Science UnpluggedIl est devenu indispensable d’introduire les sciences informatiques de façon généralisée dans l’enseignement primaire et secondaire : c’est une lourde tâche qui devrait commencer par la reconnaissance de l’importance de la discipline, qui ne se résume pas à l’apprentissage de ses épiphénomènes technologiques, passer par la définition d’un programme d’études et se poursuivre par la formation des maîtres, mais cela demandera du temps, alors que le besoin est pressant.

En tant qu’enseignants et/ou chercheurs en informatique, nombre d’entre nous ressentent la nécessité d’y contribuer sans plus attendre : des collègues néozélandais, Tim Bell, Ian H. Witten et Mike Fellows, ont mis en place il y a quelques années un programme d’enseignement des fondements de l’informatique, Computer Science Unplugged, avec le parti pris de transmettre quelques notions de base de façon ludique, et sans aucun recours à l’ordinateur. Ils ont réussi à montrer comment, si on peut passer des heures à cliquer sur une souris sans rien apprendre d’informatique, on peut aussi apprendre beaucoup d’informatique sans toucher une souris.

Computer Science UnpluggedGrâce aux efforts coordonnés par l’équipe d’Interstices, avec le concours de Anne Berry, Paul Gibson, Isabelle Souveton, et de l’association EPI, ces ressources sont enfin disponibles dans la langue de Molière, pour le plus grand plaisir de tous ceux qui désirent faire partager largement aux jeunes générations leur passion pour cette science magnifique qu’est l’informatique. Jouons à découvrir ensemble la puissance magique de la représentation de l’information, des algorithmes et des langages de programmation.

Mais assez de théorie, c’est le moment de passer à la pratique : téléchargez le document (en PDF, 14 Mo), choisissez votre première activité, et faites-la partager aussi largement que possible !

Notes

[1] Interstices est un site de culture scientifique créé par des chercheurs, lancé à l’initiative de l’INRIA, en partenariat avec le CNRS, les Universités et l’ASTI.

[2] Les trois images proviennent du site Computer Science Unplugged et illustrent le contrôle d’erreurs appelé bit de parité.




FramActuelle

Femme Actuelle - Logiciel Libre - Octobre 2009Le logiciel libre avance. Preuve supplémentaire, il a droit aujourd’hui à une pleine page dans le numéro 1 304 du magazine… Femme Actuelle !

L’article n’échappe à la mise en avant de la gratuité (quitte à se planter en beauté sur le choix du logiciel propriétaire Picasa de Google), mais l’essentiel est là, alors ne boudons pas notre plaisir de le trouver en si galante compagnie.

Même Framasoft est cité avec ses « mille cinq cent logiciels libres classés par thème à télécharger », incrusté à même la photo de la demoiselle au laptop (cliquer sur l’image ci-contre pour agrandir).

L’angle d’attaque est également à souligner puisqu’il évoque en creux l’épineux problème de la vente liée :

Certains des logiciels, préinstallés sur votre ordi, le sont en version de démonstration pour une durée déterminée. Ensuite il faut passer à la version payante et les télécharger. La solution : opter pour des logiciels libres, souvent plus performants et la plupart du temps disponibles gracieusement ! En voici cinq.

Outre donc l’erreur de casting Picasa, on trouve Firefox, OpenOffice.org, VLC media player et Thunderbird. Ce qui est assurément un bon choix, surtout si l’on s’adresse à des utilisatrices sous Windows ou Mac.

Je parle sous couvert des spécialistes es commentaires, mais il me semble que les descriptions des logiciels sont plutôt fidèles et pertinentes. Exemple avec OpenOffice.org :

La suite bureautique Offce de Microsoft, parfois installée en démo sur votre ordi neuf, coûte plusieurs centaines d’euros. Or le suite Open Office est, elle, entièrement gratuite. Composée des mêmes outils (traitement de texte, tableur…) elle est compatible avec Word, Excel, Powerpoint, etc. L’interface et les fonctions sont quasi-identiques à celle de Microsoft Office. De plus, OpenOffice dispose de certaines possibilités orginales et utiles, comme l’export au format PDF. Riche en fonctionnalités, cet ensemble d’applications est de plus en plus adopté par les administrations, les établissements scolaires, voire les entreprises.

Enfin il y a un encart où Tristan Nitot (qui, remarque jalouse, n’en rate décidemment pas une) nous explique le logiciel libre à l’aide des recettes de cuisine (qui, remarque sexiste, est un bon choix d’analogie ici)

Et à la question : le logiciel libre est-il toujours gratuit ? Il répond : la copie est permise et même encouragée. Excellente conclusion non hadopiquement correcte 😉




Devenir chasseur de primes pour la FSF (en débusquant du code non libre)

FSF - GNU BuckPeut-être ignoriez-vous que la Free Software Foundation (FSF) maintient une liste de ce qu’elle considère selon ses propres critères comme des distributions GNU/Linux libres.

Ses critères sont stricts, voire drastiques. Rares sont celles qui ont passé l’examen avec succès. Ubuntu, Fedora, Mandriva, openSUSE… les plus connus des distributions grand public n’en font pas partie ! Même Debian n’y est pas, c’est vous dire !

L’idée, me semble-t-il, n’est pas de désigner ces distributions comme le mal absolu, en nous invitant à nous en détourner, mais plutôt, en alertant ainsi publiquement l’opinion, d’inciter les développeurs à ne plus inclure du code non libre dans leurs distributions (que cette inclusion soit effective ou potentielle).

Et pour garantir que ces distributions soient bien libres et surtout le demeurent, la FSF vient d’annoncer une originale campagne visant à récompenser toute personne qui trouverait du code non libre accidentellement inclus dans les distributions de la fameuse liste.

Une campagne qui se veut pragmatique mais non dénuée d’un certain humour hacker.

FSF Gnu Bucks

FSF announces new bounty program, offering "GNU Bucks" for finding nonfree works in free distributions

Communiqué de presse – 1 octobre – FSF.org
(Traduction Framalang : Quentin et Claude)

La Free Software Foundation annonce un nouveau programme de récompenses, en offrant des « GNU Bucks » à toute personne qui découvrirait des travaux non libres dans les distributions libres.

BOSTON, Massachussets, USA, Jeudi 1er Octobre 2009. La Free Software Foundation (FSF) a annoncé aujourd’hui qu’elle allait récompenser, d’une reconnaissance publique accompagnée d’une rémunération honorifique en « GNU Buck », ceux qui débusqueraient des composants non-libres contenus dans les distributions de systèmes d’exploitation libres. La FSF tient une liste de directives définissant ce qui, selon elle, est une distribution libre, et approuve les distributions qui s’engagent à suivre ces directives.

« En incitant les utilisateurs à trouver et à rapporter les problèmes, ce nouveau programme de récompenses aidera à s’assurer que les distributions GNU/Linux approuvées par la FSF demeurent réellement libres », dit Peter Brown le directeur exécutif de la FSF.

« Depuis que nous avons publié les directives nécessaires pour être une distribution libre, nous avons cherché des solutions pratiques pour nous assurer que des composants non libres n’étaient pas inclus accidentellement dans ces distributions (dans la mesure de nos moyens et de ceux des responsables de distribution). Cette nouvelle initiative est un bon moyen de participer à la recherche de ces composants. » dit Brett Smith, l’ingénieur en charge de la conformité des licences pour la FSF.

Les personnes retenues pour les récompenses recevront des billets « GNU Buck », d’un montant égal au nombre Pi et signé par Richard Stallman, le président de la Free Software Foundation et « Chef de la GNUisance ».

Pour avoir droit à une récompense GNU Buck, la personne doit initialement envoyer à la FSF et aux responsables de la distribution, un rapport détaillé concernant l’élément non libre trouvé. Si ce rapport est confirmé, la personne recevra sa récompense et l’option d’une reconnaissance publique. La FSF avertira alors les autres distributions libres impactées pour s’assurer qu’elles traitent également du problème.

Ces récompenses s’inscrivent dans la tradition des chèques que le légendaire ingénieur informatique Donald Knuth envoyait à ceux qui trouvaient des erreurs dans son livre phare The Art of Computer Programming. Recevoir un chèque de Donald Knuth était un tel honneur qu’il était la plupart du temps affiché sur les murs du bureau et non encaissé. (Knuth a arrêté d’envoyer des chèques en 2008 pour cause de fraude.)

À propos de la Free Software Foundation

La Fondation pour le Logiciel Libre, fondée en 1985, est dédiée à la promotion des droits des utilisateurs d’ordinateurs à utiliser, copier, modifier et redistribuer les programmes informatiques. La FSF encourage le développement et l’emploi de logiciels libres, particulièrement du système d’exploitation GNU et de ses variantes et de la documentation libre pour le logiciel libre. La FSF renforce également la sensibilisation autour des problèmes éthiques et politiques de la liberté dans l’usage des logiciels.

Son site Internet, http://www.fsf.org/, est une importante source d’information sur GNU/Linux. Des contributions pour soutenir son travail peuvent être faites à http://donate.fsf.org/. Son siège est à Boston, MA, USA.

À propos du Logiciel Libre et de l’Open Source

Le mouvement du logiciel libre a pour but la liberté des utilisateurs. Certains, plus spécialement des sociétés, soutiennent un point de vue différent, connu sous le nom d‘open source, qui évoquent seulement les buts pratiques comme construire un logiciel solide et sûr, se concentrant sur les modèles de développement, et évitant les discussions d’éthiques et de liberté. Ces deux points de vue sont profondément différents.

Pour en savoir plus : http://www.gnu.org/philosophy/open-source-misses-the-point.html.

À propos du système d’exploitation GNU et de Linux

Richard Stallman annonça en Septembre 1983 le projet de développer un logiciel libre semblable au système d’exploitation Unix qui s’appelerait GNU. GNU est le seul système d’exploitation développé spécifiquement pour la liberté des utilisateurs.

Pour en savoir plus : http://www.gnu.org/gnu/the-gnu-project.html.

En 1992, les composants de GNU étaient complets, à une expression près : le noyau. Quand en 1992, le noyau Linux a été re-publié sous GNU GPL, faisant de lui un logiciel libre, la combinaison de GNU et de Linux a formé un système d’exploitation complètement libre, qui donnait la possibilité pour la première fois de faire tourner un PC sans logiciel non-libre. Leur combinaison est le système d’exploitation GNU/Linux.

Pour en savoir plus : http://www.gnu.org/gnu/gnu-linux-faq.html.




Le logiciel libre est mort, longue vie à l’open source ?

Squacco - CC by-saVous n’êtes pas un familier du Framablog et de ses thèmes de prédilection ? Alors ce billet risque de vous sembler destiné à une chapelle de spécialistes, susceptibles et pointilleux, toujours prompts à s’enflammer pour d’obscures querelles de clochers[1] (autrement appelés trolls dans le milieu).

Or, c’est peut-être plus significatif que cela.

En effet, ceux qui découvrent « le logiciel libre », en ayant déjà eu du mal à saisir toute la finesse du concept, sont parfois étonnés de constater la présence d’une autre expression, qu’ils jugent de prime abord synonyme : « l’open source ».

Par exemple, l’Open World Forum 2009, qui se déroule en ce moment même à Paris, est ainsi présenté en accueil du site : « Au coeur de la révolution de l‘Open Source, l’Open World Forum 2009 permettra de cross-fertiliser les initiatives pour favoriser la croissance économique : Les logiciels libres au coeur de la relance économique ». Quant à son président, il évoque, rien que ça, un « Davos des logiciels libres et de l’innovation ouverte »[2].

Les deux expressions semblent ici interchangeables. Et pourtant, pour paraphraser Wikipédia : « La principale critique issue du Mouvement du Logiciel Libre (de Richard Stallman) est le fait que l’open source ne communique presque exclusivement que sur les caractéristiques techniques des logiciels (la liberté d’accès au fonctionnement du logiciel) en occultant les motivations premières dont elles sont issues, au risque de les perdre. Ils accusent l’open source d’être mû par une dynamique économique et commerciale, l’opposant au logiciel libre mû par des idéaux d’ordre philosophique et politique. »

Critique renforcée par cet article de Richard Stallman : Pourquoi l’« open source » passe à coté du problème que soulève le logiciel libre.

Avec cette grille de lecture, on pourrait reprendre l’exemple de l’Open World Forum et en conclure qu’il aurait été peut-être plus pertinent et cohérent de permuter les associations : « révolution du logiciel libre », « Davos de l’open source ».

Or le titre de mon billet laisse à penser que la donne a changé puisque l’un l’emporterait désormais clairement sur l’autre, jusqu’à prendre acte de sa disparition. C’est en tout cas la thèse de Matt Asay qui a réveillé les antagonismes dans un récent article intitulé justement : Free software is dead. Long live open source.

Réponse immédiate de Glyn Moody dans un autre article, qui est celui que nous avons choisi de traduire ci-dessous.

Parce que si le pragmatisme et le compromis ont leurs vertus, il serait dommage que le souci de « suivre le courant dominant » en vienne à sacrifier la liberté sur l’autel de l’open source.

Sans le logiciel libre, l’open source perdrait tout son sens

Without Free Software, Open Source Would Lose its Meaning

Glyn Moody – 28 septembre 2009 – LinuxJournal.com
(Traduction Framalang : Claude)

Je suis un grand fan des écrits de Matt Asay sur le logiciel libre. Il associe une fine intelligence analytique avec cette chose rare : une longue expérience de terrain dans le monde du business open source. Mais alors que j’attendais généralement avec intérêt la lecture de ses billets, je redoutais particulièrement l’apparition de celui qu’il, je le savais, écrirait un jour… car il aurait tort. Voilà, ce billet est maintenant écrit, et avec un titre pour le moins explicite : « Le logiciel libre est mort, longue vie à l’open source ».

Matt précise dans son premier paragraphe quel est le problème principal :

L’une des choses les plus exaltantes, à laquelle j’ai assisté pendant plus de dix années dans l’open source, est son adhésion progressive au pragmatisme. Par « pragmatisme », je ne veux pas dire « capitulation » au sens où l’open source en vienne à ressembler au monde propriétaire qu’il chercherait à remplacer. Plus précisément, je sous-entends que, plus l’open source suit le courant dominant (NdT : going mainstream), plus il apprend à faire des compromis : compromis qui le rendent plus fort, pas plus faible.

Quand j’ai interviewé Richard Stallman en 1999, voici ce qu’il avait à dire à ce sujet :

Si nous avons aujourd’hui un système d’exploitation entièrement libre, c’est grâce au Mouvent du Logiciel Libre qui affirmait que nous voulions un système d’exploitation entièrement libre, et non libre à 90%.

L’open source existe parce que des créateurs de programmes libres ont refusé tout compromis. Le « pragmatisme » exalté par Matt est une option pour l’open source uniquement parce que ceux qui firent tout le travail difficile de création du logiciel libre, ont refusé initialement toute compromission.

Il y a dix ans, Stallman stigmatisait les dangers de la compromission :

Si vous n’avez pas la liberté pour principe, vous trouverez toujours une bonne raison de faire une exception. Il y aura toujours des moments où, pour une raison ou pour une autre, vous trouverez un avantage pratique à faire une exception.

La compromission est une pente glissante : une fois que vous commencez à la descendre, il n’existe pas d’endroit précis où s’arrêter. C’est alors un bel instrument entre les mains d’un Microsoft : sa stratégie actuelle est de diluer le sens « d’open source », la classique stratégie « adopte, étend et étouffe » (NdT : « embrace, extend and extinguish »), jusqu’à ce qu’il devienne une nouvelle expression marketing à la mode, systématiquement employée , ayant perdu toute sa substance et au bout du compte sans réelle valeur.

Et alors ? pourriez-vous demander. Si, comme l’écrit Matt, toute la question est de « suivre le courant dominant », alors un telle dilution de la ligne séparant logiciel libre et non-libre n’est sûrement qu’un faible prix à payer pour parvenir à un usage plus large de l’open source. Ceci pourrait être vrai à court terme, mais je ne pense pas que ce soit une stratégie judicieuse à long terme, même d’un point de vue purement pragmatique.

Par exemple les compromissions actuelles, incluant le travail sur des technologies développées par Microsoft (dont elle pourrait détenir les brevets sous certaines conditions juridiques), signifient qu’en fin de compte les développeurs open source prennent des risques et fragilisent leur autonomie et pouvoir d’autodétermination futur.

Qui plus est, si le terme « open source » perd de sa valeur, de nombreux codeurs et utilisateurs deviendront désabusés et commenceront à l’abandonner. Ceux-ci trouveront le partage de plus en plus asymétrique, leurs contributions n’ayant que peu de retour en échange (ce qui pourrait très bien arriver aux sociétés Open Source utilisant la licence GNU/GPL si elles demandent, comme cela arrive de plus en plus souvent, aux contributeurs de céder leurs droits d’auteurs). De la même manière, les utilisateurs découvriront que certaines de ces nouvelles et « troubles » applications open source ne fournissent plus les bénéfices promis de contrôle, personnalisation et réduction du coût.

Or la question n’est pas de « suivre le courant dominant » mais, comme le rappelle Stallman, d’avoir la « liberté comme principe ». Diffuser du logiciel libre concerne la diffusion de logiciel libre pas la libération du logiciel : le programme n’est que le moyen, pas la fin. C’est ce que disait déjà Stallman, il y a dix ans :

Il y a des problèmes de liberté plus importants. Des problèmes de liberté dont tout le monde a entendu parlé et qui sont bien plus importants que cela : la liberté de parole, la liberté de la presse, la liberté de se réunir.

Mais pourquoi donc Stallman se préoccupe-t-il autant du logiciel libre ?

Je ne vois pas comment je pourrais faire quelque chose de plus important dans un autre domaine.

Stallman continue farouchement sa croisade pour la liberté par le biais du logiciel libre car, comme il le reconnaît humblement, c’est là qu’il peut apporter sa plus grande contribution.

Puique c’est cette absence de compromission qui caractérise sa manière de lutter pour la liberté, il est prêt à faire et dire des choses (NdT : comme d’accuser récemment Miguel de Icaza de traîtrise) que les gens du monde pragmatique de l’open source trouvent regrettables voire choquantes. Et comme Stallman contrarie ainsi leur souhait de « suivre le courant dominant », ils en éprouvent souvent un grand ressentiment à son égard. Mais ils oublient que les combattants de la liberté (puisque c’est ainsi que se définit Stallman lui-même ) ont toujours été si concentrés sur leurs objectifs essentiels, que les affaires triviales comme le confort ou les bonnes manières ont tendance à être mises de côté.

En fin de compte, la raison pour laquelle le logiciel libre ne peut se compromettre, est que toute compromission liée à la liberté se fait à nos dépends : il n’y a rien de libre à 50%. Comme nous l’apprend l’histoire, la liberté n’est pas obtenue en « suivant le courant dominant », mais par une infime minorité de monomaniaques têtus, souvent agaçants qui refusent toute compromission tant qu’ils n’ont pas eu ce qu’ils souhaitent. Chose merveilleuse, nous pouvons tous partager les libertés qu’ils ont gagnées, que nous les ayons ou pas aidé, que nous soyons ou pas à la hauteur de leurs exigences de rigueur.

De la même manière, sans leur obstination, leurs efforts constants et leurs éventuelles victoires, nous perdrions toutes ces libertés, car elles sont toutes temporaires et doivent être en permanence reconquises. En particulier, sans la question précise de l’intégrité du logiciel libre , l’open source se diluerait vite d’elle-même dans un courant inconsistant qui ne trouverait plus de sens.

Notes

[1] Crédit photo : Squacco (Creative Commons By-Sa)

[2] Davos de l’open source et/ou Porto Alegre du logiciel libre ? Telle pourrait d’ailleurs être l’ironique question ! Ou encore : Les RMLL sont au logiciel libre ce que l’Open World Forum est à l’open source !




Appel de soutien de la FSF à l’occasion des 25 ans du projet GNU

Appenz - CC byDans un récent entretien que nous avions traduit, Richard Stallman évoquait le fait d’être parfois marginalisé au sein d’une communauté qu’il a lui même contribué à construire.

Son regret ne concerne bien entendu pas l’efficience, la qualité et les succès toujours plus nombreux que remportent le logiciel libre. Mais celui de constater que certains en chemin minimisent voire écartent le mouvement social et éthique qui sous-tend à ses yeux le logiciel libre.

C’est l’historique et classique opposition entre « open source » et « free software ». Et il serait dommage que le premier phagocyte le second sous prétexte qu’il est bien plus politiquement correct.

Voici très grossièrement synthétisé pourquoi nous soutenons la Free Software Foundation, et ne manquons pas de traduire et relayer bon nombre de ses appels et communiqués[1].

25 ans de GNU – Soutenons la liberté du logiciel

25 years of GNU – support software freedom!

Peter Brown – 29 septembre 2009 – FSF.org
(Traduction Framalang : Quentin et Goofy)

Chers supporters du logiciel libre,

Demain s’achèvera une année de célébrations du 25ème anniversaire du projet GNU. Une célébration démarrée en trombe en septembre 2008 avec l’excellente vidéo de l’auteur et comédien Stephen Fry.

Aujourd’hui, nous célébrons le fait que nous avons passé le cap des 25 000 personnes inscrites à notre newsletter mensuelle, la Free Software Supporter, et nous remercions les 3 200 personnes qui ont rejoint la Free Software Foundation comme membres associés pour financer notre travail. Vous pouvez rejoindre leur rang tout de suite et arborer fièrement votre carte de membre en :

Je suis fier que la FSF ait autant d’activistes et de membres dévoués, qui chaque jour proclament leur soutien à notre cause et plaident pour une société libre.

Le mouvement du logiciel libre a passé une excellente année, et son importance sur le plan éthique est de plus en plus reconnue. Ensemble, nous combattons le fléau du logiciel propriétaire, des brevets logiciels, des DRM, et de l’informatique pleine de chausse-trappes, dans un effort pour construire un monde de logiciels libres où nous, les utilisateurs, nous serons libres.

« J’aurais pu gagner de l’argent (en rejoignant le monde des logiciels propriétaires), et peut-être pris du bon temps à écrire du code. Mais je savais qu’à la fin de ma carrière, j’aurais fait le bilan de ces années passées à ériger des murs entre les individus, et j’aurais eu le sentiment d’avoir gâché ma vie en rendant le monde pire qu’il n’aurait pu l’être. »

Richard Stallman, projet GNU.

Aidez-nous à finir en beauté cette année faste pour le GNU en devenant membre ou en effectuant un don, et merci pour votre soutien sans faille !

Notes

[1] Crédit photo : Appenz (Creative Commons By)




LinuxÉdu, le groupe qui fait bouger le Libre éducatif de Toulouse et sa région

Logo LinuxEdu - ToulouseMon petit doigt me dit que cette année le Framablog va moins se lamenter sur la situation du Libre dans l’éducation nationale française que par le passé.

D’abord parce même au sein du ministère, les mentalités évoluent. Mais aussi parce que nous souhaitons être plus constructifs en mettant l’accent sur les nombreuses et positives actions de terrain (sachant que ces dernières ne bénéficient pas forcément de la même attention médiatique qu’un projet comme l’Académie en ligne par exemple).

Ici, on ne se lamente pas mais on agit. Et ces actions sont autant de petits ruisseaux qui convergent lentement mais sûrement vers une grande rivière, rivère qui finira bien par passer un jour sous les fenêtres du ministère !

Et justement, cela tombe bien, parce qu’avec le dynamique projet LinuxÉdu de Toulouse et sa région, on tient une action des plus intéressantes qui ne demande qu’à « faire jurisprudence ».

Il est en effet rare, voire unique, d’afficher ainsi officiellement (sur un site académique) sa volonté de promouvoir le logiciel libre à l’école, de réussir à pénétrer le monde a priori fermé de la formation continue pour proposer des stages aux titres plus qu’explicites (exemple : « Linux et les logiciels libres pour l’éducation »), et d’organiser d’originales rencontres publiques (comme les rendez-vous « BarCamp TICE libres » qui débutent le 7 octobre prochain) en collaboration étroite avec Toulibre, le GULL du coin (il y a même un cinéma local impliqué, la totale quoi !).

Nous nous devions d’en savoir plus, en partant à la rencontre de l’un des ses principaux acteurs.

PS : Si d’autres académies veulent se manifester dans les commentaires pour évoquer leurs propres initiatives en faveur du Libre à l’école, qu’elles n’hésitent surtout pas.

Entretien avec Rémi Boulle

Rémi Boulle, bonjour, une petite présentation personnelle ?

Rémi BoulleBonjour, dans la vraie vie, je suis père de famille.

Dans le monde du libre, je participe au projet OpenOffice.org Éducation, suis membre du CA d’EducOOo (qui développe OOo4kids), participe au groupe éducation de l’APRIL et bien sûr au groupe LinuxEdu de l’académie de Toulouse.

Quelles fonctions exercez-vous au sein de l’Académie de Toulouse ?

Je suis professeur de maths dans un collège de la proche banlieue toulousaine. J’enseigne depuis une dizaine d’année (déjà !). Je suis membre de l’IREM (groupe maths et Internet) et fais aussi de la formation continue (stages LinuxÉdu, tableur au collège, WIMS).

Qu’est-ce que le groupe LinuxÉdu ? (historique, structures, objectifs, effectifs, champ d’activites, etc.)


Vu la montée en puissance du libre dans nos métiers et la nécessité pour un professeur de pouvoir utiliser, modifier, redistribuer des ressources et ne voyant rien venir du côté de l’institution, nous nous sommes dits que c’était à nous de prendre des initiatives et de proposer.

Avec des collègues (Frédéric Bellissent et Yves Dhenain), nous avons donc proposé un premier stage « Linux et les logiciels libres pour l’éducation ». Celui-ci a eu beaucoup de demandes. L’intérêt des personnels pour le libre et pour linux est bien présent. Le libre est, pour les enseignants, une nécessité professionnelle. Depuis, nous avons lancé un stage « niveau 2 ».

Tout cela nous a beaucoup encouragé. Nous avons donc continué de fédérer au plan académique les professionnels de l’éducation utilisateurs du libre et à intensifier nos actions. La liste de diffusion, deux sites Internet, le canal IRC, le micro-blogging… sont d’ailleurs des outils essentiels pour cela.

La structure du groupe LinuxÉdu ? Ce serait davantage une communauté de pratique informelle plutôt du côté du bazar que de la cathédrale. Nous mutualisons nos connaissances, échangeons, partageons… Le groupe au sens large est formé de 150 à 200 personnes. On y trouve majoritairement des professeurs, certains en charge de la gestion du réseau de leur établissement mais aussi des personnels du rectorat, des membres des AIDAT (assistance informatique pour les réseaux pédagogiques), du CRIA (idem mais pour les réseaux administratifs) et aussi des développeurs ou des gérants de SSLL travaillant dans l’éducation.

Est-ce le premier et (pour le moment) unique groupe faisant explicitement la promotion du logiciel libre au sein d’un site académique ?


J’ai l’impression que oui. J’espère me tromper. Pourtant faire progresser les pratiques sur ce plan est relativement simple à faire et vite très efficace…

Je profite de cette interview pour lancer un appel à l’ensemble des personnels de l’éducation afin que, dans leurs académies :

  • ils créent une liste de diffusion type linuxedu@ac-monacademie.fr (contacter le service académique ad hoc).
  • ils fassent une communication la plus large possible de l’existence de cette liste dans le maximum de réseaux professionnels (listes professionnelles, syndicats, listes internes…) afin d’en augmenter l’effectif.

Il est fondamental dans un premier temps de rassembler les enseignants innovants que sont les utilisateurs du libre dans une liste de diffusion académique. Le reste suivra.

Vous avez donc réussi à investir la formation continue des enseignants en proposant des stages originaux. Pouvez-vous nous en dire plus ?


Dans notre académie, il n’y avait pas de stages fléchés « ressources libres », « Linux » ou « intéropérabilité ». De nos jours, un Plan Académique de Formation (PAF) sans ce type de contenu ne peut, à mon avis, sembler qu’incomplet. Quid alors des parties « veille technologique et pédagogique », « innovations pédagogiques » sans ce volet ?

Si ce n’était pas à nous de combler ce vide, qui l’aurait fait ?

Il faut savoir qu’en théorie n’importe qui peu proposer des stages de formations. Je veux dire par là que ce n’est pas seulement les gros opérateurs de formations comme les IUFM ou les Inspections. Un personnel peut tout à fait proposer un stage… et voir sa proposition validée. C’est la voie que nous avons suivi.

Lorsque notre proposition de stage est arrivée en commission, je sais qu’elle a été bien accueillie. Le groupe LinuxÉdu s’est constitué au fil de ces formations.

Avez-vous rencontré des résistances internes aussi bien pour ce qui concerne la création de LinuxEdu que pour les propositions de stages ? Mais peut-être que le temps d’une certaine méfiance vis-à-vis du logiciel libre est définitivement révolu ?

Selon Héraclite, les chiens aboient contre les inconnus… face à quelque chose que l’on est incapable de comprendre, l’Homme est plus souvent tenté d’attaquer. Ce fût parfois le cas pour le libre et ce fût le plus souvent cocasse. Ce stade est, je pense, révolu.

Le libre est une solution de qualité professionnelle pour nos établissements scolaires. C’est déjà le cas en entreprise. Au delà du logiciel, la licence libre est tout ce qu’il y a de plus compatible avec les missions d’un professeur. Cela ne semble pas faire de doutes. Reste à vraiment franchir le pas.

Nous travaillons beaucoup avec le Centre Régional de Documentation Pédagogique (CRDP) de Midi-Pyrénées. Nous y avons toujours eu un accueil des plus favorables. Ils ont été un partenaire crucial pour les journées TICE libres en 2009.

La Mission aux TICE de notre académie avec qui nous avons de très bons contacts nous a ouvert la liste de diffusion ainsi qu’un hébergement sans difficultés. Elle fait aussi partie de nos partenaires, nous y avons notamment déjà fait une réunion de travail pour notre projet de paquets « linuxedu ».

De quoi s’agit-il ?

Quasiment tous les serveurs des réseaux pédagogiques des établissements sont sous windows, ce n’est pas le cas pour les réseaux administratifs et des serveur web du rectorat qui sont sous Linux.

L’idée est de mettre à disposition des établissements un paquet logiciel pour linux qui automatise l’intégration d’une machine Linux dans le réseau et qui installe aussi toute une sélection de logiciels et ressources pédagogiques.

Ainsi, un élève ou un professeur, qu’il soit sous Linux ou Windows, utilisera le même compte, retrouvera ses propres documents et bénéficiera de la complémentarité des deux univers.

On a tendance à caricaturer le corps enseignant comme un bloc monolithique assez difficile à déplacer. Comment faites-vous pour arriver à convaincre les enseignants de « s’essayer au Libre » ? Abordez-vous le sujet en insistant sur la qualité technique (angle « open source ») ou en mettant plutôt l’accent sur le caractère éthique et social du logiciel libre (angle « free software ») ?


L’accès au code source importe peu à la très grande majorité des enseignants. Ce n’est tout simplement pas notre métier.

L’angle idéal est celui des ressources. Pouvoir récupérer une ressource pédagogique, la modifier, y adjoindre des éléments venant d’ailleurs, la redistribuer à nos élèves, à nos collègues c’est un aspect très important de notre travail. Cela implique d’avoir des formats ouverts, d’utiliser des logiciels librement distribuables, des ressources libres… Le libre est une condition nécessaire d’exercice forte de notre métier. D’ailleurs beaucoup d’enseignants développent des logiciels libres éducatifs.

Le monde propriétaire même s’il a des produits de qualité complique inutilement notre travail, pose des barrières à la transmission des connaissances à nos élèves, à la mutualisation de nos ressources : problèmes de formats qui ne sont pas intéropérables, de logiciels dont la mise à jour n’est pas automatique, dont on impose indirectement l’achat ou la copie illégale à nos élèves, problème de licence des ressources, difficulté d’interagir avec les développeurs… C’est une vision de l’éducation qui contraste quelque peu avec les valeurs de l’école de la République.

Cette découverte s’accompagne-t-elle de réelles migrations chez nos collègues, jusqu’à changer de système d’exploitation ?


On en observe de plus en plus. Dans tous les cas, la curiosité et l’envie sont très vives. Ce BarCamp est aussi destiné à accompagner celles et ceux qui souhaitent migrer.

Quelles sont vos relations avec la très dynamique association TouLibre ?


Excellentes ! Je suis d’ailleurs membre de Toulibre même si je participe plus souvent aux Qjelt. Ils nous ont beaucoup aidé lors de l’organisation de LinuxEdu Pride 2008, des journées TICE libres 2009 ainsi que pour La journée du libre pour l’éducation en partenariat avec les cinémas Utopia. Nous savons que nous pouvons compter sur eux dans le futur.

Le mercredi 7 octobre prochain aura lieu le premier « BarCamp TICE libres » au CRDP Midi-Pyrénées à Toulouse. Pourquoi une telle manifestation et quel en sera le programme ?


L’idée est de permettre aux collègues d’avoir une antenne du libre éducatif à leur disposition, de servir de point relais, de lieu d’innovation technique et pédagogique. Comme nous avons tous des centres d’intérêts variés et que nous voulons tous avancer, l’organisation sous forme de BarCamp s’est imposée.

Selon Wikipédia, Un BarCamp, c’est une rencontre, une non-conférence ouverte qui prend la forme d’ateliers-événements participatifs où le contenu est fourni par les participants qui doivent tous, à un titre ou à un autre, apporter quelque chose au Barcamp.

Tout le monde est invité à participer quelles que soient ses compétences techniques : on peut présenter un logiciel, un exemple d’activité utilisant les TICE, aborder des aspects techniques mais aussi une simple idée…

« BarCamp » c’est pour faire moderne ou bien cela cache une véritable originalité dans l’organisation et le déroulement de l’évènement ?


Un peu les deux j’avoue. J’ai l’impression que les programmes trop définis, trop minutés ont tendance a attirer moins de participants. L’idée de base est que nous avons tous des compétences, des connaissances et que nous souhaitons les donner et en recevoir. Partageons-les !

Outre TouLibre et LinuxÉdu, Toulouse accueille également le président d’Ubuntu-fr (Christophe Sauthier) et la présidente de Wikimedia France (Adrienne Alix). Est-ce un hasard ? Pourquoi Toulouse a-t-elle de telles bonnes dispositions pour le Libre ? Et pourquoi ne pas avoir encore organisé de RMLL ?


Je ne sais pas. Peut-être le confit de canard et le Gaillac ont-ils tendance à libérer ? À vérifier lors des RMLL à Toulouse 😉

Une dernière chose. Est-ce que le service rendu par le réseau Framasoft vous est utile. Et que nous suggéreriez-vous pour l’améliorer ?


Je suis venu au libre par l’approche « free software » et avec l’aide de Framasoft. Surtout continuez !




Mon Université m’offre ma licence Microsoft Windows

James Wheare - CC byLorsque vous vous rendez sur le site de Microsoft, vous pouvez lire ceci : « MSDN Academic Alliance (MSDNAA) est une offre logicielle destinée à l’enseignement supérieur. Les établissements ayant souscrit à MSDNAA bénéficient des logiciels Microsoft pour la pédagogie (salles de cours, de TP, libre-service pour les étudiants,…) incluant de nombreux produits tels que Windows Vista, Windows XP, Windows Server 2008, Visual Studio 2008, Virtual PC, Visio… Ces logiciels peuvent également être installés sur les machines personnelles des étudiants et enseignants chez eux ! Le tout sans payer les licences des produits. »

Un étudiant d’un de ces établissements peut donc installer sur sa machine personnelle l’offre logicielle contenu dans cet accord, en particulier le logiciel d’exploitation Windows. Mais que se passe-t-il s’il cet étudiant compte s’acheter un nouveau PC pendant son cursus universitaire ? Il ira comme tout le monde dans un magasin spécialisé et achètera un ordinateur avec, encore trop souvent, un Windows préinstallé dedans[1]. Or il n’a aucune raison de le payer puisque son établissement peut le lui fournir gratuitement suite justement aux termes de l’accord MSDNAA !

C’est ce léger « bug dans le système » que souhaite exploiter l’équipe Racketiciel, dans sa dernière campagne Mon Université m’offre ma licence Microsoft Windows.

L’objectif est non seulement d’informer les étudiants pour qu’ils ne se retrouvent pas à payer deux fois leur système d’exploitation, mais aussi de continuer à alerter l’opinion sur la question de la vente liée afin de maintenir la pression sur les constructeurs.

Soutenant cette opération, nous relayons bien volontiers l’appel à la communauté ci-dessous.

Pour les libristes

URL d’origine du document

25 septembre 2009 – Racketiciel.info

Cher(e) Linuxien(ne), cher(e) BSDiste,

Nous, libristes, avons besoin d’une concurrence saine sur les systèmes d’exploitation.

C’est pourquoi nous, équipe racketiciel, nous nous battons contre la situation actuelle où la vente du matériel informatique est subordonnée à celle de la licence des logiciels préinstallés.

Aujourd’hui, nous sommes en train de lancer une campagne mondiale qui devrait marquer un pas de plus dans ce combat, et nous avons besoin de votre aide à tous.

Les actions

Sur le terrain juridique, plusieurs procès ont obligé les constructeurs à rembourser celui qui n’avait pas l’usage des logiciels, en partie grâce au guide du remboursement et à notre équipe accompagnement. Toujours sur le terrain juridique, quelques procès, initiés par l’UFC Que Choisir ou par le Ministère Public, ont obligé les constructeurs à afficher le prix de Microsoft Windows préinstallé. Sur le terrain politique, plusieurs questions au gouvernement ont été présentées par des députés, grâce au précieux travail d’explication de quelques membres de la communauté du libre. Sur le terrain administratif, les contacts sont réguliers avec la DGCCRF.

Le résultat

Ces derniers temps, vous avez peut-être noté l’apparition d’étiquettes dans le rayon informatique de certains magasins, annonçant une possibilité de se faire rembourser Microsoft Windows auprès du constructeur. C’est sans doute en grande partie le résultat de toutes ces actions.

Pour autant, c’est encore totalement insuffisant : l’affichage du prix de la licence n’est pas effectif auprès de l’appareil.

Néanmoins, cette possibilité de remboursement, présente pour certains constructeurs seulement, est irréversible : tout retour en arrière de leur part mettrait trop fortement en lumière la question de la vente subordonnée. Nous entendons profiter de cette évolution irréversible pour mettre la pression d’une manière différente.

C’est l’heure du combat sur le terrain économique

Nous lançons une campagne mondiale :
« Mon Université m’offre ma licence Microsoft Windows »

Les grandes écoles et les universités mettent souvent les licences Microsoft Windows à la disposition de leurs étudiants, y compris sur leur ordinateur personnel. Or, en magasin, les étudiants déboursent tout de même le prix de la licence lors de l’achat de leur ordinateur.

Le but de la campagne est donc d’inciter un maximum d’étudiants dans le monde entier à se faire rembourser la licence (dite OEM) du système Microsoft Windows préinstallé puisqu’ils bénéficient de la licence obtenue via leur institution.

Pourquoi ce type de campagne ?

Pour les étudiants sous Microsoft Windows (et ils sont les plus nombreux), c’est toujours quelques dizaines d’euros de pris. Pour nous, libristes, qui pâtissons à plein de la vente subordonnée, c’est l’effet de masse qui nous intéresse en faisant appel aux étudiants sous Windows. La pression économique sera d’autant plus forte sur les constructeurs, et la pression politique sur l’administration permettra d’imposer la simplification des procédures de remboursement voire de passer à l’optionnalité que nous réclamons.

À terme, l’abolition de la vente subordonnée libérera une place économique pour des offres commerciales autour de GNU-Linux et des autres systèmes libres, avec, nous l’espérons, leur plus large diffusion.

Quel peut être votre rôle ?

Nous cherchons parmi vous des étudiants volontaires pour relayer dans vos facs et écoles respectives l’information sur cette campagne par voie d’affiches, de mails ou tout autre moyen qui vous paraîtra approprié.

Nous comptons sur votre aide sans laquelle cette campagne est inconcevable ! Merci de vous signaler à l’adresse msdnaa@racketiciel.info en indiquant, dans le sujet du message :
Nom_du_Gull/Dépt/Ville/Sigle_Fac_ou_école.

Dans le corps de message, mettez l’adresse complète de votre unité universitaire dans laquelle vous pensez pouvoir relayer l’info (plusieurs si c’est dans vos cordes) et votre email de contact (si différent de celui utilisé pour nous écrire).

Un grand merci !

L’équipe racketiciel.

Notes

[1] Crédit photo : James Wheare (Creative Commons By)




Rencontre avec Caroline d’Atabekian, présidente et cofondatrice de WebLettres

Pourquoi « Framasoft » ? me demande-t-on parfois. Quelle est sa genèse et la signification de ce nom étrange qui évoque tantôt Microsoft, tantôt Framatome.

Retour en arrière. Nous sommes en l’an 2000 dans un collège de Bobigny où une professeur de français et un professeur de mathématiques (votre serviteur) expérimentent ensemble l’usage pédagogique des nouvelles technologies, en direction notamment des élèves en difficulté à l’entrée en sixième. Comme il fallait bien donner un nom au projet, ce sera « Framanet » pour « FRAnçais et MAthématiques en IntraNet »[1].

Le prof de maths se rendit compte qu’avec le temps il avait accumulé une liste conséquente de logiciels libres et gratuits, régulièrement utilisés dans le cadre du projet, qu’il pouvait être intéressant de communiquer à ces collègues. Il décida d’ouvrir une sous-rubrique dédié sur le site web de Framanet : nom de code « Framasoft ». Plus tard, cette sous-rubrique devint site et nom de domaine à part entière, et le pingouin pris son envol…

Et la prof de français me direz-vous ? Elle n’a pas chômé non plus, loin de là, puisqu’elle est à l’initiative[2] de l’association WebLettres, dont le site est rapidement devenu un incontournable rendez-vous des professeurs de la discipline (Framasoft et WebLettres, deux projets d’envergure indirectement issus d’un collège classé ZEP de Seine-Saint-Denis, rien que pour cela l’histoire méritait aussi, je crois, d’être signalée).

Elle s’appelle Caroline d’Atabekian et je suis ravi (et un peu ému) de l’accueillir pour la première fois en ces lieux, à l’occasion de la sortie officielle de Vocabulettres, « une plate-forme d’exercices interactifs à partager » développée par ses soins, dont le caractère collaboratif est souligné par le choix de la licence Creative Commons By-Sa.

Entretien avec Caroline d’Atabekian

Bonjour Caroline, une petite présentation personnelle en quelques mots ?

Je suis professeur de français. J’ai fait mes débuts dans un collège du neuf-trois en 1997, à l’heure des balbutiements d’Internet. J’avais bien compris l’intérêt de mon ordinateur pour préparer mes cours mais il ne m’était pas venu à l’idée que je pouvais m’en servir avec les élèves. C’est un collègue de mathématiques qui m’a un jour ouvert la porte de la salle informatique du collège et m’a ouvert en même temps les yeux sur tout ce qu’on pouvait y faire. Il s’appelait Alexis Kauffmann.

Aujourd’hui j’enseigne toujours au collège pas loin d’une salle informatique, mais à Paris, et je suis présidente de WebLettres.

Alors justement, qu’est-ce que WebLettres ?

C’est une association loi 1901 de professeurs de lettres née en 2002 du regroupement d’une poignée de profs animant un site web pédagogique et qui ont décidé de fédérer leur énergie pour réaliser un grand portail à l’intention des collègues. On ne parlait pas encore de web 2.0 à l’époque.

Nous avons démarré sur quelques listes de discussion, un répertoire de liens relatifs aux programmes de français et un espace d’échange de fichiers de cours et séquences didactiques. Puis peu à peu, d’autres collègues nous ont rejoints, et nous avons créé de nouveaux services : groupes de travail, édition de livres, plateforme de blogs pour les classes…, toujours gratuits et sur la base du bénévolat.

Nos fidèles lecteurs connaissent bien Sésamath. Est-il pertinent ou abusif de dire que WebLettres est au français ce que Sésamath est aux mathématiques ?

C’est à la fois pertinent et abusif. C’est pertinent, dans la mesure où nos associations, avec celle des Clionautes en histoire-géographie, sont animées par un esprit commun, qui consiste à favoriser des échanges entre pairs, promouvoir l’intégration des TIC dans l’enseignement et parfois défendre un engagement pédagogique prononcé, tout cela selon une philosophie de service public, pour les profs mais aussi les élèves. Elles sont en outre fondées sur le même modèle, fait sur lequel nous avons d’ailleurs largement communiqué, ayant connu une histoire et un développement similaires marqués par trois étapes-clés successives : la mutualisation, le travail coopératif puis le travail collaboratif, même si ces étapes ont eu lieu plus ou moins tardivement, plus ou moins massivement[3].

Weblettres - Clionautes - Sésamath - Copyright Soph

C’est abusif, dans la mesure où Sésamath est de très loin l’association qui s’est le plus développée, notamment grâce au travail collaboratif qu’elle a entrepris très tôt et qui lui a permis de mener des projets éditoriaux d’envergure, imprimés ou numériques. Sésamath est plus nombreuse, plus connue et jouit d’une force de travail bien supérieure à la nôtre. Notre engagement dans le travail collaboratif est encore récent et timide (et surtout, pas encore très voyant !) mais il est réel. Nous avons notamment un projet d’édition de livrets d’activités TICE, qui est un projet commun aux trois associations et auquel participent tous les collègues qui ont répondu à notre appel à contributions. Cela dit, nous sommes connus de tous les professeurs de français, ce qui est satisfaisant pour nous et, pour donner un ordre de grandeur, nous recevons aux alentours de 300 000 visiteurs uniques par mois.

Vous sortez donc en cette nouvelle rentrée scolaire, le projet Vocabulettres. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Vocabulettres est d’abord une plateforme d’exercices interactifs, essentiellement de vocabulaire. Elle propose des types d’exercices bien définis, s’inscrivant dans des corpus cohérents. Cela signifie que les exercices ne sont pas classés en fonction de la technique utilisée (exercices à trous, à listes, etc.) mais en fonction de leur objectif pédagogique (travail sur les synonymes, l’étymologie, etc.). Comme tous les services de WebLettres, elle est gratuite et en libre accès pour tous. Les élèves peuvent, de chez eux, y faire quelques exercices, les enseignants peuvent, en classe, y emmener leurs élèves. Mais ils peuvent aussi utiliser les outils de création proposés par Vocabulettres pour fabriquer leurs propres exercices, en fonction des cours qu’ils sont en train de faire et du niveau de leurs élèves. Ils peuvent même inscrire par lots leurs élèves et leur faire fabriquer eux-mêmes des exercices, destinés par exemples à la classe inférieure, ou à leurs camarades.

Weblettres - Vocabulettres - Copyright Soph

Chacun peut retrouver ses exercices dans sa zone de gestion, l’enseignant donne accès à ses élèves aux exercices de de son choix parmi ceux qu’il a créés. Mais il peut aussi, si l’exercice lui paraît abouti, proposer que celui-ci soit rendu public sur Vocabulettres, c’est-à-dire qu’il apparaisse sur le site, le rendant ainsi disponible à tous. Lorsque l’enseignant propose son travail à la publication, celui-ci est examiné par une équipe d’enseignants (c’est là que le travail collaboratif arrive, car tous les enseignants qui le désirent sont invités à faire partie de cette équipe, y compris – et même de préférence – ceux qui proposent leurs exercices à la publication) ; cette équipe vérifie, teste l’exercice, éventuellement le récrit pour l’harmoniser avec les exercices déjà existants puis valide sa publication. L’auteur conserve dans sa zone de gestion l’exercice original, tandis que la copie éventuellement modifiée est rendue publique.

Lorsque l’enseignant, ou l’élève d’ailleurs, propose son exercice à la publication, il doit accepter que celui-ci soit publié sous licence Creative Commons. Il ne peut pas ignorer cette étape, qui est un passage obligé pour la publication. L’explication est rédigée de manière à ce que les enjeux en soient facilement compris par les profs comme par les élèves. Cela peut être aussi l’occasion d’un exercice d’éducation civique.

Nous avons évidemment noté (avec grand plaisir) la présence de la licence Creative Commons By-Sa en bas du site officiel du projet. Est-ce un choix « militant » ou bien un choix « naturel » eu égard aux spécificités et objectifs du projet ?

Weblettres - Tryptique : Mutualisation - Copyright SophS’il y a un choix, un choix militant même, c’est celui de garantir la gratuité et l’égalité d’accès pour tous à ce travail qui est l’œuvre d’une communauté (même si, bien sûr, actuellement il y a encore peu d’auteurs, puisque nous venons tout juste de rendre public le projet !).

Cela étant décidé, la licence libre s’est imposée comme une nécessité. L’expérience de la mutualisation des cours et séquences didactiques a été une bonne leçon pour nous à cet égard.

Lorsque nous avons commencé, il s’agissait d’aider les collègues à partager leurs cours, en leur fournissant un espace de stockage public en ligne. C’était l’époque naïve où la soudaine liberté offerte par la technique nous submergeait, et la question des droits ne nous avait pas effleurés, n’ayant aucune vue d’avenir pour ces fichiers et surtout, aucune idée de l’ampleur que prendrait ce projet.

Weblettres - Tryptique : Coopération - Copyright SophC’est lorsque la pléthore de documents nous a poussés à faire des sélections, des classements et, en général, à retravailler les documents, donc à les modifier, que nous avons compris que rien ne serait possible tant que ce qui est mutualisé sur le site restait placé sous le sceau par défaut du copyright. Forts de cette expérience, nous avons cette fois sérieusement examiné les licences avant de nous plonger dans d’autres projets collectifs. Ainsi, Vocabulettres, mais aussi les Livrets TICE, sont-ils placés sous le signe de la licence libre.

Si les exercices créés dans Vocabulettres sont sous licence Creative Commons, qu’en est-il de la licence du programme Vocabulettres proprement dit ? Est-il lui aussi sous licence libre (GPL ou autre) ?

Il y a moins d’urgence pour nous de ce côté-là, bien sûr. Pour Vocabulettres, le problème est le même que pour le répertoire de liens : nous sommes très favorables à la libération de ces programmes (qui sont en pur PHP/MySQL) mais il nous est techniquement difficile d’en livrer les sources au téléchargement, pour les raisons banales que rencontrent bien des gens dans notre cas, à savoir :

  • cela nous demande un travail supplémentaire (et un temps précieux) d’isoler les sources ;
  • il s’agit de programmes en constante évolution, et nous n’avons pas les moyens (humains, en temps) de mettre à jour les versions téléchargeables successives.

Weblettres - Tryptique : Collaboration - Copyright SophIl le faudra pourtant, parce que j’imagine que des professeurs de langues, notamment, voire des professeurs à l’étranger, pourraient être tentés de créer leurs exercices sur WebLettres, que nous ne publierions pas parce que ce ne seront pas des exercices de français. Mais nous n’avons aucun programmeur chez WebLettres (Notre webmestre est saturé et, en ce qui concerne Vocabulettres, tout est fait maison par mes blanches mains sur mon temps libre), c’est le triste lot des professeurs de lettres qui, comme chacun sait, sont plus littéraires que programmeurs.

Il semblerait que ce soit la première fois que vous utilisiez explicitement une licence libre pour vos projets. Mais peut-on dire que, tel Monsieur Jourdain, WebLettres a, depuis ses origines, souvent fait du « libre » sans le savoir ?

Disons, sans se poser la question. Le problème, c’est que quand on ne se pose pas de question sur les droits de ce que l’on publie, on se retrouve à faire du copyright sans le vouloir !

Vous êtes l’auteur du logiciel Vocabulettres et du « CMS maison » sur lequel repose le site web de WebLettres, Php et MySql n’ont donc plus de secret pour vous. Pourquoi cet intérêt pour le développement informatique et quelles explications donneriez-vous à la raréfaction de votre sexe dans ce secteur ?

Le site a encore quelques mystères pour moi car notre webmestre, François Giroud, est repassé derrière moi, notamment pour le sécuriser, car j’avais laissé quelques trous.

Personnellement, je me suis mise à la programmation parce que j’avais besoin de créer pour mes élèves des pages dynamiques et que les outils alors à disposition me semblaient insuffisants (le premier étant, bien sûr, Hot Potatoes…).

Je ne parlerais pas de « raréfaction », car cela suppose une évolution croissante de cette rareté, ce qui n’est pas le cas à mon avis. Il y a peu de femmes programmeuses, mais il y en a de plus en plus. Comme dans bien d’autres milieux…

Un dernier mot en direction de la « communauté libriste » qui va vous lire ?

Eh bien puisque j’ai la parole sur Framasoft, je vais en profiter pour lancer cet appel : si quelqu’un veut bien s’occuper d’isoler les scripts de Vocabulettres et de mettre à jour les versions téléchargeables – voire même, de faire évoluer la plateforme au fur et à mesure des besoins qui s’expriment sur WebLettres (et ils sont nombreux à attendre sur la ToDoList !) – il sera le bienvenu, et Vocabulettres sera libérée.

Notes

[1] Qu’il me soit permis au passage de remercier Pierre Guillerm, alors principal du collège concerné, pour avoir cru en notre modeste projet en nous aidant à trouver les moyens nécessaires pour le développer.

[2] Caroline d’Atabekian est cofondatrice de Weblettres avec Jean-Eudes Gadenne.

[3] Les illustrations qui parsèment ce billet sont l’oeuvre de Soph’ et appartiennent à WebLettres.