La dégooglisation de l’éditeur

Il y a quelques mois, avant que la covid19 ne vienne chambouler notre quotidien, Angie faisait le constat que nous n’avions finalement que très peu documenté sur ce blog les démarches de passage à des outils libres réalisées au sein des organisations. Celles-ci sont pourtant nombreuses à s’être questionnées et à avoir entamé une « degooglisation ». Il nous a semblé pertinent de les interviewer pour comprendre pourquoi et comment elles se sont lancées dans cette aventure. Ce retour d’expérience est, pour Framasoft, l’occasion de prouver que c’est possible, sans ignorer les difficultés et les freins rencontrés, les écueils et erreurs à ne pas reproduire, etc. Peut-être ces quelques témoignages parviendront-ils à vous convaincre de passer au libre au sein de votre structure et à la libérer des outils des géants du Web ?

La maison d’édition Pourpenser a attiré notre attention sur Mastodon avec ses prises de position libristes. En discutant un peu nous avons compris qu’elle a joint le geste à la parole en faisant évoluer ses outils informatiques. Ça n’est pas si fréquent, une entreprise qui se dégooglise. Nous lui avons demandé un retour d’expérience.

N’hésitez pas à consulter les autres articles de cette série consacrée à l’autonomisation numérique des organisations.

Bonjour, peux-tu te présenter brièvement ? Qui es-tu ? Quel est ton parcours ?

Albert, co-fondateur des éditions Pourpenser avec ma sœur Aline en 2002.

Petit je voulais être garde forestier ou cuisinier… autant dire que j’ai raté ma vocation 🙂 (même si j’adore toujours cuisiner).

En 1987 j’avais un voisin de palier qui travaillait chez Oracle. Après les cours je passais du temps sur un ordinateur qu’il me mettait à disposition : j’ai donc commencé avec un ordi sur MS-DOS et des tables SQL.

1987, c’était aussi le tout début de la PAO. Il y avait un logiciel dont j’ai perdu le nom dans lequel je mettais le texte en forme avec des balises du genre <A>ça fait du gras</A>, je trouvais ça beaucoup plus intéressant que PageMaker et lorsque j’ai découvert Ventura Publisher qui mariait les deux mondes, j’ai été conquis.

Par la suite j’ai travaillé une dizaine d’années dans la localisation de jeux vidéo et de CD-ROM : nous traduisions le contenu et le ré-intégrions dans le code. Ma première connexion à internet remonte à 1994 avec FranceNet, j’avais 25 ans. Je découvrais ce monde avec de grands yeux en m’intéressant au logiciel libre, à la gouvernance d’internet (je me rappelle notamment de l’ISOC et des rencontres d’Autrans) et ça bousculait pas mal de schémas que je pouvais avoir.

2000 : naissance de ma fille aînée, je quitte Paris, je prends un grand break : envie de donner plus de sens à ma vie.

2002 : naissance de mon fils et création de la maison d’édition avec ma sœur.

 

Tu nous parles de ton entreprise ?

Dans sa forme, Pourpenser est une SARL classique. Régulièrement, nous nous posons la question de revoir les statuts mais ça demande du temps et de l’argent que nous préférons mettre ailleurs. Finalement, le mode SARL est plutôt souple et dans les faits, nous avons une organisation très… anarchique. Même si avec Aline nous sentons bien qu’en tant que fondateurs notre voix compte un peu plus, l’organisation est très horizontale et les projets partent souvent dans tous les sens.

L'équipe des Éditions Pourpenser

Que fait-elle ?

Dès le départ, nous avons eu à cœur de proposer des livres « avec du sens ». Aborder des questions existentielles, des questions de sociétés ou autour de notre relation au vivant. La notion d’empreinte nous interpelle régulièrement. Ne pas laisser d’empreinte est compliqué. Mais peut-être pouvons-nous choisir de laisser une empreinte aussi légère qu’utile ? La cohérence entre le contenu des livres que nous éditons et la manière dont nous produisons et amenons ces livres aux lecteurs et lectrices a toujours été centrale… même si rester cohérent est loin d’être toujours simple.

Nous aimons dire que notre métier n’est pas de faire des livres mais de transmettre du questionnement. Ceci dit, depuis 2002, nous avons édité environ 120 titres et une soixantaines d’auteur·e·s. Nous aimons éditer des contes, des romans, des BD, des jeux, des contes musicaux qui vont amener à une discussion, à une réflexion. Mais qui sait si un jour nous n’irons pas vers du spectacle vivant, de la chanson…

Combien êtes-vous ?

Normalement, nous sommes 8 personnes à travailler quasi-quotidiennement sur le catalogue de la maison et cela fait l’équivalent d’environ 5 temps plein, mais avec la crise actuelle nous avons nettement plus de temps libre… À côté de ça, nous accompagnons une soixantaine d’auteur·e·s, travaillons avec une centaine de points de vente en direct et avons quelques dizaines de milliers de contacts lecteurs.

 

Est-ce que tout le monde travaille au même endroit ?

L’équipe de huit est principalement située dans l’ouest, et l’une de nous est du côté de Troyes. Nous nous réunissons environ deux fois par an et utilisons donc beaucoup le réseau pour échanger. Le confinement de mars n’a fondamentalement rien changé à notre façon de travailler en interne. Par contre, les salons et les festivals ou nous aimons présenter les livres de la maison nous manquent et le fait que les librairies fonctionnent au ralenti ne nous aide pas.


Tu dirais que les membres de l’organisation sont plutôt à l’aise avec le numérique ? Pas du tout ? Ça dépend ? Kamoulox ?

Globalement, la culture « utilisateur du numérique » est bien présente dans toute l’équipe. Mais je dirais que nous sommes surtout deux : Dominique et moi, que la question de « jouer avec » amuse. Pour le reste de l’équipe, il faut que ça fonctionne et soit efficace sans prise de tête.

 

Avant de lancer cette démarche, vous utilisiez quels outils / services numériques ?

Lors de la création en 2002, j’ai mis en place un site que j’avais développé depuis un ensemble de scripts PHP liés à une base MySQL. Pour la gestion interne et la facturation, j’utilisais Filemaker (lorsque je ne suis pas sur Linux, je suis sur MacOS), et au fur et à mesure de l’arrivée des outils de Google (gmail, partage de documents…) nous les avons adoptés : c’était tellement puissant et pratique pour une mini structure éclatée comme la nôtre.

Par la suite, nous avons remplacé Filemaker par une solution ERP-CRM qui était proposée en version communautaire et que j’hébergeais chez OVH (LundiMatin – LMB) et le site internet a été séparé en 2 : un site B2C avec Emajine une solution locale mais sous licence propriétaire (l’éditeur Medialibs est basé à Nantes) et un site B2B sous Prestashop.

Pour les réseaux sociaux : Facebook, Instagram Twitter, Youtube.

En interne, tout ce qui est documents de travail léger passaient par Google Drive, Hubic (solution cloud de chez OVH) et les documents plus lourds (illustrations, livres mis en page) par du transfert de fichiers (FTP ou Wetransfer).

 

Qu’est-ce qui posait problème ?

La version communautaire de LMB n’a jamais vraiment décollé et au bout de 3 ans nous avons été contraints de migrer vers la solution SaS, et là, nous avons vraiment eu l’impression de nous retrouver enfermés. Impossible d’avoir accès à nos tables SQL, impossible de modifier l’interface. À côté de ça une difficulté grandissante à utiliser les outils de Google pour des raisons éthiques (alors que je les portais aux nues au début des années 2000…)

 

Vous avez entamé une démarche en interne pour migrer vers des outils numériques plus éthiques. Qu’est-ce qui est à l’origine de cette démarche ?

La démarche est en cours et bien avancée.

J’ai croisé l’existence de Framasoft au début des années 2000 et lorsque l’association a proposé des outils comme les Framapad, framacalc et toutes les framachoses ; j’en ai profité pour diffuser ces outils plutôt que ceux de Google auprès des associations avec lesquelles j’étais en contact. Mes activités associatives m’ont ainsi permis de tester petit à petit les outils avant de les utiliser au niveau de l’entreprise.

Des outils (LMB, Médialibs) propriétaires avec de grandes difficultés et/ou coûts pour disposer de fonctionnalités propre à notre métier d’éditeur. Des facturations pour utilisation des systèmes existants plutôt que pour du développement. Un sentiment d’impuissance pour répondre à nos besoins numériques et d’une non écoute de nos problématiques : c’est à nous de nous adapter aux solutions proposées… Aucune liberté.

« un besoin de cohérence »

Quelle était votre motivation ?

La motivation principale est vraiment liée à un besoin de cohérence.

Nous imprimons localement sur des papiers labellisés, nous calculons les droits d’auteurs sur les quantités imprimées, nos envois sont préparés par une entreprise adaptée, nous avons quitté Amazon dès 2013 (après seulement 1 an d’essai)…

À titre personnel j’ai quitté Gmail en 2014 et j’avais écrit un billet sur mon blog à ce sujet. Mais ensuite, passer du perso à l’entreprise, c’était plus compliqué, plus lent aussi.

Par ailleurs nous devions faire évoluer nos systèmes d’information et remettre tout à plat.

 

…et vos objectifs ?

Il y a clairement plusieurs objectifs dans cette démarche.

  • Une démarche militante : montrer qu’il est possible de faire autrement.
  • Le souhait de mieux maîtriser les données de l’entreprise et de nos clients.
  • Le besoin d’avoir des outils qui répondent au mieux à nos besoins et que nous pouvons faire évoluer.
  • Quitte à développer quelque chose pour nous autant que cela serve à d’autres.
  • Les fonds d’aides publiques retournent au public sous forme de licence libre.
  • Création d’un réseau d’acteurs et actrices culturelles autour de la question du numérique libre.

 

Quel lien avec les valeurs de votre maison d’édition ?

Les concepts de liberté et de responsabilité sont régulièrement présents dans les livres que nous éditons. Réussir à gagner petit à petit en cohérence est un vrai plaisir.
Partage et permaculture… Ce que je fais sert à autre chose que mon besoin propre…

 

Qui a travaillé sur cette démarche ?

Aujourd’hui ce sont surtout Dominique et moi-même qui travaillons sur les tests et la mise en place des outils.

Des entreprises associées : Symétrie sur Lyon, B2CK en Belgique , Dominique Chabort au début sur la question de l’hébergement.

Un des problèmes aujourd’hui est clairement le temps insuffisant que nous parvenons à y consacrer.

Aujourd’hui, la place du SI est pour nous primordiale pour prendre soin comme nous le souhaitons de nos contacts, lecteurs, pour diffuser notre catalogue et faire notre métier.

 

Vous avez les compétences pour faire ça dans l’entreprise ?

Il est clair que nous avons plus que des compétences basiques. Elles sont essentiellement liées à nos parcours et à notre curiosité : si Dominique a une expérience de dev et chef de projet que je n’ai pas, depuis 1987 j’ai eu le temps de comprendre les fonctionnements, faire un peu de code, et d’assemblages de briques 😉

 

Combien de temps ça vous a pris ?

Je dirais que la démarche est réellement entamée depuis 2 ans (le jour ou j’ai hébergé sauvagement un serveur NextCloud sur un hébergement mutualisé chez OVH). Et aujourd’hui il nous faudrait un équivalent mi-temps pour rester dans les délais que nous souhaitons.

 

Ça vous a coûté de l’argent ?

Aujourd’hui ça nous coûte plus car les systèmes sont un peu en parallèle et que nous sommes passés de Google « qui ne coûte rien » à l’hébergement sur un VPS pour 400 € l’année environ. Mais en fait ce n’est pas un coût, c’est réellement un investissement.

Nous ne pensons pas que nos systèmes nous coûteront moins chers qu’actuellement. Mais nous estimons que pour la moitié du budget, chaque année, les coûts seront en réalité des investissements.

Les coûts ne seront plus pour l’utilisation des logiciels, mais pour les développements. Ainsi nous pensons maîtriser les évolutions, pour qu’ils aillent dans notre sens, avec une grande pérennité.

 

Quelles étapes avez-vous suivi lors de cette démarche  de dégooglisation ?

Ah… la méthodologie 🙂

Elle est totalement diffuse et varie au fil de l’eau.

Clairement, je n’ai AUCUNE méthode (c’est même très gênant par moment). Je dirais que je teste, je regarde si ça marche ou pas, et si ça marche moyen, je teste autre chose. Heureusement que Dominique me recadre un peu par moment.

Beaucoup d’échanges et de controverse. Surtout que le choix que nous faisons fait reposer la responsabilité sur nous si nous ni parvenons pas. Nous ne pouvons plus nous reposer sur « c’est le système qui ne fonctionne pas », « nous sommes bloqué·e·s par l’entreprise ». C’est ce choix qui est difficile à faire.

La démarche c’est les rencontres, les échanges, les témoignages d’expériences des uns et des autres…

Et puis surtout : qu’avons nous envie de faire, réellement…

Dans un premier cas, est-ce que cela me parle, me met en joie d’avoir un jolie SI tout neuf ? Ou cela nous aiderait au quotidien, mais aucune énergie de plus.

Dans l’option que nous prenons, l’idée de faire pour que cela aide aussi les autres éditeurs, que ce que nous créons participe à une construction globale est très réjouissant…

La stratégie est là : joie et partage.

Au début ?

Un peu perdu, peur de la complexité, comment trouver les partenaires qui ont la même philosophie que nous…

Mais finalement le monde libre n’est pas si grand, et les contacts se font bien.

 

Ensuite ?

Trouver les financements, et se lancer.

 

Et à ce jour, où en êtes-vous ?

À ce jour nous avons totalement remplacé les GoogleDrive, Hubic et Wetransfer par Nextcloud ; remplacé également GoogleHangout par Talk sur Nextcloud.

Facebook, Instagram et Twitter sont toujours là… Mais nous avons un compte sur Mastodon !

Youtube est toujours là… Mais le serveur Peertube est en cours de création et Funkwhale pour l’audio également.

Concernant l’administration de ces outils, je suis devenu un grand fan de Yunohost : une solution qui permet l’auto-hébergement de façon assez simple et avec communauté très dynamique.

Notre plus gros projet est dans le co-développement d’un ERP open source : Oplibris

Ce projet est né en 2018 après une étude du Coll.LIBRIS (l’association des éditeurs en Pays de la Loire) auprès d’une centaine d’éditeurs de livres. Nous avons constaté qu’il n’existait à ce jour aucune solution plébiscité par les éditeurs indépendants qui ont entre 10 et 1000 titres au catalogue. Nous avons rencontré un autre éditeur (Symétrie, sur Lyon) qui avait de son côté fait le même constat et commencé à utiliser Tryton. (je profite de l’occasion pour lancer un petit appel : si des dev flask et des designers ont envie de travailler ensemble sur ce projet, nous sommes preneurs !)

Migrer LMB, notre ERP actuel, vers Oplibris est vraiment notre plus gros chantier.

À partir de là, nous pourrons revoir nos sites internet qui viendront se nourrir dans ses bases et le nourrir en retour.

 

Combien de temps entre la décision et le début des actions ?

Entre la décision et le début des actions : environ 15 secondes. Par contre, entre le début des actions et les premières mise en place utilisateur environ 6 mois. Ceci dit, de nombreuses graines plantées depuis des années ne demandaient qu’à germer.

« Nous mettons de grosses contraintes éthiques »

Avant de migrer, avez-vous testé plusieurs outils au préalable ?

J’ai l’impression d’être toujours en test. Par exemple, Talk/Discussion sur Nextcloud ne répond qu’imparfaitement à notre besoin. Je préférerais Mattermost, mais le fait que Talk/Discussion soit inclus dans Nextcloud est un point important côté utilisateurs.

Nous mettons de grosses contraintes éthiques, de ce fait les choix se réduisent d’eux-mêmes, il ne reste plus beaucoup de solutions. Lorsqu’on en trouve une qui nous correspond c’est déjà énorme !

 

Avez-vous organisé un accompagnement des utilisateur⋅ices ?

L’équipe est assez réduite et plutôt que de prévoir de la documentation avec des captures écran ou de la vidéo, je préfère prendre du temps au téléphone ou en visio.

 

Prévoyez-vous des actions plus élaborées ?

Nous n’en sommes pas à ce stade, probablement que si le projet se développe et est apprécié par d’autres, des formations entre nous seront nécessaires.

 

Quels ont été les retours ?

Il y a régulièrement des remarques du genre : « Ah mais pourquoi je ne peux plus faire ça » et il faut expliquer qu’il faut faire différemment. Compliqué le changement des habitudes, ceci dit l’équipe est bien consciente de l’intérêt de la démarche.

 

Comment est constituée « l’équipe projet » ?

Dominique, B2CK, Symétrie.

 

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

La difficulté majeure est de trouver le bon équilibre entre la cohérence des outils et l’efficacité nécessaire dans le cadre d’une entreprise.

Le frein majeur côté utilisateurs est de faire migrer les personnes qui utilisent encore Gmail pour le traitement de leur courriel. L’interface est si pratique et la recherche tellement puissante et rapide qu’il est compliqué de le quitter.

Une autre difficulté est d’ordre comptable et financier : comment contribuer financièrement à ce monde du logiciel libre ? Comment donner ? A quelles structures ? (aujourd’hui nos financements vont principalement au développement de Tryton).

 

Et l’avenir ? Envisagez-vous de continuer cette démarche pour l’appliquer à d’autres aspects de votre organisation ?

Côté création, j’aimerais beaucoup que nous puissions utiliser des outils libres tels que Scribus, Inkscape, Krita ou GIMP plutôt que la suite Adobe. Mais aujourd’hui ces outils ne sont pas adoptés par l’équipe de création car trop compliqués d’utilisation et pas nativement adaptés à l’impression en CMJN. Une alternative serait d’utiliser la suite Affinity (mais qui n’est pas open source…)

Quels conseils donneriez-vous à d’autres organisations qui se lanceraient dans la même démarche ?

Y prendre du plaisir ! Mine de rien, la démarche demande du temps et de l’attention. Il faut confier ça à des personnes qui prennent ça comme un jeu. Oubliez la notion de temps et de délais, optez pour les valeurs qui soient plus la finalité et le plaisir. Au pied de la montagne entre prendre le téléphérique ou le chemin à pied ce n’est pas le même projet, vous n’avez pas besoin des même moyens.

 

Le mot de la fin, pour donner envie de migrer vers les outils libres ?

Sommes-nous les outils que nous utilisons ? Libres ?

Quitter les réseaux sociaux centralisés est extrêmement complexe. Je manque encore de visibilité à ce sujet et ça risque d’être encore très long. J’ai proposé à l’équipe une migration totale sans clore les comptes mais avec un mot régulièrement posté pour dire « rejoignez-nous ici plutôt que là ». Mon rêve serait d’embarquer au moins une centaine d’entreprises dans une telle démarche pour tous faire sécession le même jour. Des volontaires ? 🙂

 

Aller plus loin

  • Fair-play, Albert ne nous l’a jamais demandé, il sait qu’on est un peu allergique à la pub, mais on vous donne quand même le lien vers le site des Éditions Pourpenser

Crédits

  • Illustrations réalisées par Albert sur Gégé  à partir de dessins de Gee
  • Photo de l’équipe avec des illustrations d’Aline de Pétigny et Laura Edon
  • Logo de pourpenser mis en couleurs par Galou



S’y retrouver dans le framabazar, nous parler, nous soutenir : édition 2020

Vous ne l’avez peut-être pas remarqué car on ne s’en est pas vanté, mais certains de nos sites web ont connu de notables améliorations ces derniers mois.

Ainsi, notre page de contact et notre page de dons ont vu leur design (structuration des contenus, ergonomie, valorisation graphique, etc. ) évoluer et l’ensemble de nos sites sont désormais dotés d’un nouveau menu.

Avec cet article, nous voulons non seulement vous informer de ces mises à jour, mais aussi vous accompagner dans leur prise en main. Par ailleurs, l’ensemble de ces améliorations s’inscrit dans une démarche que nous avons envie de décrire, afin qu’elle puisse être ouverte à la critique ou, pourquoi pas, recevoir les hommages de la copie.

Un million de personnes à accompagner autonomiser

En général, quand on décide de mettre à jour un site web, c’est parce qu’on a constaté que des améliorations pouvaient y être apportées. Notre motivation première derrière ces améliorations est de permettre aux internautes utilisant nos services d’être davantage autonomes dans leurs usages. Après avoir présenté, notamment lors de la campagne Degooglisons Internet, les possibilités offertes par les logiciels libres, Framasoft souhaite offrir un accès plus simple et plus rapide à la galaxie des services, projets et ressources qu’elle met à disposition de toutes et tous.

Cette infographie présente Framasoft en janvier 2020… Donc dans le monde d’avant.

Accueillant chaque mois plus d’un million de visiteur⋅ses sur nos sites web, nous faisons le constat que nous ne pouvons accompagner humainement chacun⋅e dans la découverte de notre univers. Et parce que cet univers est foisonnant, nous sommes conscient⋅es que c’est souvent frustrant pour vous de ne pas bénéficier de cet accompagnement. Mais, contrairement aux géants du web qui appliquent un design de l’autorité sur leurs plateformes, vous mettant dans une position infantilisante d’hyper-consommateur⋅ices, chez Framasoft, nous vous considérons comme des contributeur⋅ices. Et c’est à ce titre qu’il est pour nous essentiel de repenser nos interfaces afin que vous puissiez, en toute autonomie, davantage vous y retrouver.

En parallèle, nous avons aussi constaté que nous recevons énormément de questions via notre formulaire de contact dont les réponses sont déjà publiées dans notre foire aux questions, dans les guides d’utilisation des outils que nous proposons ou bien sur notre forum d’entraide Framacolibri. Répondre à ces demandes (en renvoyant vers ces ressources) est une tâche répétitive assez peu valorisante pour les personnes en charge du support. En nous lançant dans cette refonte, nous avions donc aussi en tête la nécessité de cesser l’augmentation de ces demandes.

illustration : David Revoy (CC-By)

Cependant, simplifier l’accès à un ensemble de contenus nous a beaucoup questionné. Comment mettre cela en œuvre ? Comment ne pas tomber dans le piège du dédale de clics ? Comment autonomiser nos utilisateur⋅ices sans que cela créé avec elleux une relation froide et distante ? En gardant en tête que sur un site web, l’internaute doit identifier rapidement où il est (est-ce la page que je souhaitais voir ?), où il peut aller (vais-je pouvoir trouver facilement ce que je cherche sur ce site ?) et d’où il vient (quel chemin m’a amené à cette page ?), nous avons décidé de repenser totalement le menu de nos sites web et l’expérience d’utilisation de notre page de contact tout en améliorant la structuration des contenus et l’ergonomie de notre page de dons.

Une page de contact actualisée

Cette nouvelle page de contact vous informe dès votre arrivée de qui nous sommes et des moyens que nous mettons à votre disposition pour vous aider lorsque vous rencontrez des difficultés. L’accès au formulaire de contact n’est plus aussi immédiat qu’auparavant car nous espérons que vous n’aurez au final plus besoin de vous en servir, ayant trouvé l’information que vous recherchiez. C’est d’ailleurs en cherchant comment résoudre au mieux vos problèmes que nous avons trouvé comment résoudre le nôtre (l’augmentation de l’activité du support).

Notre page de contact, avant refonte

Vous l’aurez sûrement remarqué, nous avons revu totalement le design de cette page. Pour vous accueillir, la magnifique illustration de David Revoy se veut douce et rassurante. Car même si nous ne sommes pas en mesure d’accompagner humainement chacun⋅e d’entre vous, cette page de contact ne vous laisse pas seul⋅e face à votre question. C’est d’ailleurs en étant à l’écoute de vos besoins que nous avons reformulé les intitulés des six catégories de contact. En attribuant une couleur spécifique à chacune de ces catégories, vous pouvez vérifier à chaque moment de votre navigation que vous êtes sur le bon chemin.

Structuré en 4 étapes (pré-requis, service concerné, FAQ, formulaire), ce nouveau parcours est pensé pour que vous puissiez prendre connaissance des questions auxquelles nous avons préalablement répondu dans notre foire aux questions (FAQ) avant de nous contacter. Nous vous incitons aussi très fortement à consulter nos guides et astuces d’utilisation lorsque vous avez des questions sur un service en particulier. Nous avons d’ailleurs revu et enrichi les contenus de ces deux ressources pour qu’elles soient plus faciles à comprendre.

Notre page de contact, après refonte.

Si vous ne trouvez réponse à votre question ni dans la FAQ, ni dans nos guides d’utilisation, peut-être votre question vaut-elle la peine d’être publiée sur notre forum. Framacolibri est un espace d’entraide où de nombreuses personnes pourront vous aider à comprendre pourquoi vous n’arrivez pas à utiliser telle fonctionnalité de tel service. D’ailleurs, dans l’article Ce que Framasoft a fait durant le (premier) confinement que nous avons publié il y a quelques jours, nous rappelions que pendant cette période si particulière, une communauté d’aidant⋅es numériques avaient spontanément proposé leur aide sur le forum (merci à elleux !). Cette dynamique d’entraide collective ne s’est pas essoufflée et nous vous invitons à en faire l’expérience.

La catégorie « entraide » de notre forum des contributions.

Ce nouveau dispositif d’aiguillage (catégorie, faq, guides, forum) nous permet d’identifier au plus vite votre besoin afin d’y répondre au mieux en mettant en avant des ressources adaptées pour que vous puissiez vous les approprier. Mais il peut arriver que nos ressources ne répondent pas à votre besoin. Dans ce cas, ou si votre question doit rester confidentielle, qu’elle implique de devoir divulguer des informations personnelles et privées, alors nous vous invitons à utiliser notre formulaire de contact.

Un menu enrichi pour mieux vous orienter

Avant, tous nos sites web étaient dotés d’un menu situé, de manière très classique, en haut de toutes les pages. Ce menu vous permettait d’accéder à notre galaxie de sites web. Mais comme on est plutôt prolixe en la matière, ce menu avait grossi avec le temps et la multiplication de nos projets, ce qui ne le rendait plus vraiment utilisable facilement. C’était particulièrement le cas si vous vous rendiez sur nos sites web à partir d’un appareil mobile, doté d’un écran plus petit : certaines rubriques du menu étaient si longues qu’elles ne pouvaient s’afficher en entier. De plus, sur certains de nos services, cette barre de menu pouvait être perturbante car elle se superposait au menu de l’outil lui-même, pouvant troubler certain·es internautes.

La « framanav », le menu avant, lorsqu’il était une barre en haut de nos sites.

On a donc repensé totalement la façon dont vous pouvez accéder à nos contenus dans ce nouveau menu désormais accessible via un bouton situé en haut à droite de chacun de nos sites web. Placé ainsi, il ne perturbe plus l’affichage des menus des outils que nous proposons et il s’adapte de façon automatique à la taille de votre écran. Reproduit sur l’ensemble de nos sites web, ce nouveau menu vous permet de savoir d’un seul coup d’œil que vous êtes sur l’un des sites de la galaxie Framasoft. Une fois que vous avez cliqué sur ce bouton, une barre latérale s’affiche à droite, en surimpression du site sur lequel vous êtes.

Par défaut, ce menu vous est proposé selon une vue par catégories (4 en l’occurrence) pour favoriser la découvrabilité des actions de Framasoft. Vous avez la possibilité de modifier cet affichage en sélectionnant la vue sous forme de grille pour trouver plus aisément un service ou un outil spécifique (puisqu’ils sont classés par ordre alphabétique). Nous avons aussi ajouté un bloc de recherche où vous pouvez directement indiquer ce que vous cherchez. Lorsque vous utilisez la recherche directe, il vous est proposé d’étendre votre recherche sur le web ou à l’ensemble des sites de Framasoft, au Framablog, au forum Framacolibri, à l’annuaire Framalibre ou à notre instance PeerTube de diffusion de vidéos, Framatube.

Conceptualisée en 2012, la structuration du menu n’était plus pertinente au regard de l’évolution de nos projets. Nous nous sommes donc questionné⋅es sur la meilleure façon de vous mener vers nos différents outils. Pour cela, nous avons pris en compte des remarques qui nous ont été faites. Nous avons, par exemple, décidé d’archiver certains de nos projets, certes pertinents au moment de leur création, mais n’ayant pas été mis à jour depuis plusieurs années. De plus, nous avons souhaité que ce menu vous donne accès directement à davantage d’informations. Ainsi, vous n’avez plus besoin de vous rendre sur la page d’un outil ou d’un projet pour savoir exactement de quoi il s’agit.

En plus d’un accès totalement remanié à nos contenus, ce nouveau menu s’enrichit d’un bloc intitulé Entraide qui vous donne immédiatement accès à plusieurs ressources. Notez que les contenus qui apparaissent lorsque vous cliquez sur la rubrique « Obtenir des réponses » sont adaptés au service (ou projet) que vous êtes en train de consulter. Nous vous affichons l’information la plus adaptée à votre usage pour que vous puissiez y accéder en seulement 2 clics. Notez aussi que nous utilisons le même habillage graphique pour ces ressources.

Une nouvelle peau pour notre page de dons

Alors que ça faisait un moment qu’on y pensait (quasiment 2 ans), alors qu’il s’agit du fameux « nerf de la guerre » (Framasoft ne vit que grâce à vos dons), notre page de dons a finalement fait peau neuve, elle aussi. Nous avons repensé l’organisation des contenus afin de vous apporter plus facilement des réponses, mais sans vous surcharger d’informations.

Cette page se compose désormais de 4 blocs horizontaux :

On a cherché des jeux de couleurs chaleureux, sereins, et loin des bleu glacés de la french tech disruptive du digital ;)

Vous aurez peut-être remarqué que le design du formulaire de dons change désormais de couleur en fonction du type de dons (entourage jaune pour les dons mensuels et entourage bleu pour les dons ponctuels). Nous recevions de temps en temps un message de certain⋅es donateur⋅ices qui croyaient avoir complété leurs informations pour un don ponctuel alors qu’iels avaient réalisé un don mensuel. Nous nous sommes donc dit que cette différence n’était pas assez explicite sur le formulaire et que nous devions penser un nouveau design pour que cette situation ne se reproduise pas. C’est aussi suite à plusieurs de vos retours que nous avons ajouté à ce formulaire une case (cochée par défaut) « Je souhaite recevoir un reçu fiscal » qui automatise l’envoi de votre reçu fiscal chaque année.

En mettant à jour les textes explicitant à quoi servent vos dons, nous avons souhaité mieux expliquer comment nous fonctionnons, quelles sont nos principales actions et quelles valeurs nous portons. Ces textes sont moins longs, plus synthétiques, car nous voulons aller à l’essentiel. Nous avons repensé le bloc Framasoft en quelques chiffres pour ne faire apparaître que quelques chiffres-clés. Nous n’étions plus très à l’aise avec cet effet un peu racoleur de « performance » qui arrive lorsqu’on met en valeur certains chiffres. Nous avons choisi un affichage qui, nous l’espérons, rend sobrement compte de nos actions, sans se pavaner, et sans fausse modestie.

voir la page « Soutenir Framasoft »

Vos retours font leur chemin !

Ce n’est pas facile de réfléchir aux interfaces qui nous permettent de vous mettre en relation avec nos actions : voilà donc une bonne chose de faite ! On espère que vous partagez notre enthousiasme pour cette refonte.

Prenez le temps de vous approprier la nouvelle version de ces outils et n’hésitez pas, ensuite, à nous dire ce que vous en pensez sur le forum : ça nous permettra de réfléchir à de futures améliorations. Mais, ne vous emballez pas trop tout de même, on ne vous promet pas une nouvelle refonte tous les ans !

Un grand merci à l’équipe salarié⋅es pour le travail réalisé, et un grand merci à vous de continuer à nous soutenir.




Ce que Framasoft a fait durant le (premier) confinement

Entre mars et mai 2020, les membres de Framasoft ont mouillé la chemise pour partager des savoirs, des outils et des actions en espérant qu’elles fassent sens alors qu’une pandémie bouleversait nos repères.

Retour sur une période pas comme les autres, ainsi que sur les outils et les leçons qu’on en tire aujourd’hui.

À noter : lorsque nous avons commencé l’écriture de cette… disons « longue synthèse », nous ignorions qu’il faudrait préciser dans le titre qu’il s’agit du premier confinement.

Endiguer le flot

Nous l’avions un peu vu venir. Une semaine avant l’annonce du #RestezChezVous français, l’Italie et l’Espagne étaient déjà confinées. C’est alors que Framatalk (visioconférence) et Framapad (écriture collaborative) ont vu leurs nombres de visites multipliés par 8, et que nos serveurs ont montré des signes de surcharge. Nous avons alors compris que des familles, des écoles et des entreprises de nos voisines européennes venaient utiliser nos services pour continuer de communiquer ensemble.

Un jour, les admin-sys domineront le monde.
Mais pas demain : demain, y’a mise à jour.

Nous avons aussi un peu pressenti qu’on allait en prendre pour notre grade lorsque le gouvernement français décida enfin un confinement qui semblait inéluctable. Et cela n’a pas manqué. Ça a pris exactement un week-end. Lorsque le PDG de la startup nation est passé de « Nous ne renoncerons à rien » à « Nous sommes en guerre ! » c’est un tsunami d’impréparation numérique qui est venu se réfugier sur nos serveurs.

Nous l’avons —sérieusement— senti passer. Pratiquant déjà le télétravail pour des activités qui se font principalement en ligne, il n’y eut aucun moment d’inactivité. Nous, les membres de Framasoft, avons trimé comme jamais pour accompagner (à notre petite échelle d’association loi 1901 financée par les dons) des centaines de milliers de confiné·es qui avaient besoin d’outils numériques pour maintenir leurs liens avec les autres.

Il est fort probable que nombre de ces actions, souvent expérimentales, parfois improvisées, soient passées inaperçues. D’où notre besoin de faire le point aujourd’hui sur le travail effectué.

Illustration CC-By David Revoy.

Informer / éduquer / accompagner

Le mémo sur le télétravail n’est pas simplement une liste de logiciels et services libres, c’est surtout un ensemble d’astuces, de réflexes pour réhumaniser les relations lorsqu’on travaille à distance. C’est enfin le partage de plus de 10 ans d’expérience de télétravail que Pyg a eue au sein de Framasoft.

Le dossier StopCovid est un ensemble d’articles que nous avons écrits, traduits ou repris pour les publier sur le Framablog. L’objectif, double, était à la fois d’informer sur ce que peuvent impliquer les choix technologiques et sociétaux de créer une telle application ; et aussi d’alerter, en tant que passionnées du numérique, sur la toxicité du solutionnisme technologique effréné.

Non, ça ne marche pas comme ça.

Plus que jamais, le Framablog s’est fait le relais d’informations et de savoirs partagés. Qu’il s’agisse de publier l’appel d’un collectif pour la continuité pédagogique, de lancer les librecours sur la culture libre, de publier un témoignage de directeur d’école primaire en temps de pandémie… Nous avons fait de notre mieux pour accompagner voire favoriser la publication de nombreux articles.

Afficher, en pages d’accueils de Framapad ou de Framatalk, notre refus d’être le « service informatique de secours » des Ministères de l’Éducation Nationale et de celui de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche fut un réel crève-cœur. Car cela signifiait refuser nos services aux profs, au personnel encadrant et aux étudiant·es. Même si nous avons pris nos distances, Framasoft vient de l’Éducation Nationale. Et pourtant, notre petite association n’a pas à compenser l’incurie et l’impréparation numérique de ces ministères, dont dépendent des centaines de milliers d’employé·es et des millions d’élèves.

Nous remercions les profs et leurs élèves qui ont joué le jeu de la restriction volontaire pour laisser l’usage de nos services aux collectifs, familles, associations etc. qui n’ont pas les moyens de l’État à leur disposition. Nous espérons que notre refus a au moins eu l’effet d’un coup de pied dans la fourmilière pour favoriser l’émancipation numérique de nos académies par des initiatives libres et auto-hébergées telles que apps.education.fr

 

Grâce au travail de notre petite équipe technique, cette limitation n’a été nécessaire que pendant 12 jours, du 14 au 26 mars 2020

Tenir régulièrement les journaux de confinement de Framasoft fut un travail supplémentaire, certes, mais dont nous croyons aujourd’hui encore qu’il était essentiel. D’une part, cela nous a permis de mettre des mots sur les moments d’adrénaline comme sur les coups de fatigue ou les coups de colère. D’autre part, ces journaux montrent combien Framasoft, c’est avant tout des personnes qui œuvrent sur des outils numériques pour favoriser une société de contribution. À l’heure où nombre de personnes découvraient Framasoft par la petite lorgnette des services en ligne, nous trouvions essentiel de rappeler que derrière les machines, il y a des humain·es.

Enfin, et dans un second temps, nous avons aussi pris le soin de répondre aux médias qui sont venus nous interroger sur notre position et nos actions durant ce confinement. De Reporterre à l’Âge de Faire en passant par Le Monde et Politis, la liste est longue mais nous essayons de la tenir à jour sur cette page de notre wiki.

 

Maintenir /proposer

Le confinement de la France a mécaniquement induit une violente augmentation des outils numériques pour communiquer et collaborer à distance. Cependant, la ruée sur des services libres et éthiques indique qu’une grande partie du public recherche activement des alternatives aux outils prédateurs des entreprises du capitalisme de surveillance.

C’est Framatalk, notre outil de visioconférence, qui a été submergé en premier. Très vite, les Framapad (rédaction collaborative) ou un service comme Framadrop (partage de gros fichiers par un simple lien) ont aussi été pris d’assaut. Nous avons donc commencé par migrer les logiciels sur des serveurs plus puissants (que nous avions réservés la semaine précédant le confinement français), quitte à ventiler la charge d’un seul service sur plusieurs serveurs (pour Framatalk, par exemple).

En même temps, nos salariés techniciens se sont plongés dans la documentation des logiciels libres derrière ces services (Jitsi Meet pour Framatalk, Etherpad pour Framapad, etc.), afin de trouver toutes les astuces qui permettraient d’optimiser leur installation et de réduire la charge. En gros, nos techniciens ont finement ajusté de nombreux paramètres sur les ordinateurs-serveurs qui font tourner ces logiciels, pour que les processeurs travaillent moins et donc travaillent mieux.

Dès la deuxième semaine de confinement, nous avons mis en place de nouveaux services. Lorsqu’on voit qu’il y a un moyen simple de faire de l’audio-conférence avec Mumble (sans installation logicielle pour les participant·es, sauf pour qui organise la réunion), et qu’un serveur bien paramétré peut accueillir 1200 personnes en même temps, nous n’hésitons pas.

Lorsque des personnels soignants nous demandent un outil provisoire pour la prise de rendez-vous médicaux en ligne… Nous n’hésitons que le temps de nous renseigner sur l’encadrement légal (qui fut allégé provisoirement et exceptionnellement). C’est ainsi que nous avons installé l’application Rendez-vous sur un NextCloud pour leur fournir rdv-medecins.org. L’outil est passé hors ligne depuis la fin du confinement, mais il a inspiré d’autres usages (par exemple en bibliothèques).

Car même si l’on parle de (et agit pour) Déframasoftiser Internet, nous avions simplement la volonté d’être utiles là où on peut et on sait le faire. Lorsque nous installons un service, nous faisons de notre mieux pour donner un maximum d’autonomie aux personnes qui vont l’utiliser. Cela signifie un travail technique d’installation et d’administration, mais aussi une production de tutoriels, guides et astuces (ici pour les audio-conférences et là pour les prises de rendez-vous en ligne), ainsi qu’un accompagnement sur notre support (dont on reparle plus bas).

Enfin, maintenir des services (encore plus de trente à ce jour) implique d’en assurer un entretien régulier. Durant les quelques semaines de confinement, nos équipes techniques ont donc procédé à des résolutions de bug sur Framacalc, une mise à jour majeure de Framavox, et même à de gros développements sur Framaforms qui ont mené à sa première version majeure au début de l’été.

Faire jouer la contribution

Le monde du Libre, encore une fois, nous a prouvé que solidarité et organisation collective sont bien plus efficaces que la simple puissance brute. Alors que nous migrions Framapad, Framatalk et Framadrop sur des machines plus puissantes (voire sur un lot de machines pour Framatalk) tout en affinant leurs paramétrages, de nombreuxses ami·es de la communauté ont proposé de l’aide pour accueillir les besoins numériques des confiné·es.

Si seul on va plus vite, ensemble on va carrément plus loin. Mais moins vite. Il a fallu prendre le temps de rassembler les bonnes volontés et de discuter ensemble pour trouver la marche à suivre. Mais au bout de quelques jours, nous avons pu faire en sorte que la création d’un nouveau pad (ou d’un nouveau talk) sur les pages d’accueil de nos services puisse être redirigée, sans accrocs, vers l’un des serveurs des libristes se portant volontaires pour porter la charge ensemble.

La majeure partie de ces bonnes volontés qui ont mis leurs serveurs et leurs services dans le pot commun sont des membres du Collectif des Hébergeurs Alternatifs CHATONS (avec un « S » comme « Solidaires »). Leur présence et leur entraide était déjà un magnifique cadeau en soit (et encore merci à vous, les ami·es !), cela aurait pu s’arrêter là. Sauf que comme nous avions développé l’outil permettant de rediriger la demande de création d’un pad (par exemple) vers un des sites de pads disponibles, les CHATONS y ont vu une belle opportunité !

Site https://entraide.chatons.org

C’est ainsi qu’est né le site entraide.chatons.org. Une adresse, 9 services essentiels, éthiques et sans inscription (tableau de post-it, visioconf, écriture collaborative, hébergement d’images, etc.). Mais en plus de cela, ce site va rediriger votre usage vers un des membres du collectif CHATONS qui peut et veut l’accueillir. Concrètement, pour vous ça ne change rien. Mais pour vos données, ça change tout : elles ne sont pas hébergées au même endroit… Elles sont, au contraire, décentralisées. Une bonne manière de ne pas mettre toutes ses données dans le même panier (non parce qu’après ça crée des Google et des Facebook, et le monde n’a pas besoin de nouveaux géants du web !)

De nombreuses personnes, pas forcément spécialisées en hébergements de services, nous ont spontanément proposé de l’aide. C’est ainsi que nous avons pu demander à ce que les demandes de support pour nos services passent en priorité sur le forum, où des bénévoles ont contribué à répondre dans une entraide communautaire. D’autres ont rejoint le groupe de traductions Framalang, qui n’a pas chômé durant cette période et a notamment produit des traductions nourrissant notre dossier StopCOVID.

Un petit message léger et subtil est apparu sur notre page de Contact.

Enfin, le groupe des Contribateliers a expérimenté une formule en ligne, le Confinatelier. Grâce au logiciel BigBlueButton, près de 80 personnes se sont retrouvées le 6 juin 2020 sur plus de 11 salons visio pour contribuer au Libre sans forcément faire du code. Merci au groupe d’avoir publié leur retour d’expérience et d’avoir continué à faire des confinateliers encore récemment.

Le monde d’après ne ressemblera pas au monde d’avant

Bien entendu, la pandémie a grandement influé le fonctionnement interne de l’association Framasoft. Le « Framacamp 2020 » (un temps estival de convivialité et de travail collectif des membres) a finalement eu lieu sous forme d’ateliers en visioconf tout au long d’un week-end. Nous craignions vraiment que le fait de ne pas pouvoir se faire des câlins et trinquer ne vide ce Framacamp de son intérêt, et finalement, même si ce n’est pas pareil, ce fut un moment de retrouvailles agréable, productif et essentiel à la vie de l’association.

Il nous a aussi fallu repenser le reste de notre année. D’une part, nous avons annoncé un retard d’un trimestre pour la sortie de Mobilizon. D’autre part, nous avons complètement repensé la collecte que nous avions commencé à imaginer pour financer la v3 de PeerTube. Exit les mécaniques du crowdfunding ou « si vous ne payez pas, alors on ne fait pas » ! Nous avons choisi d’annoncer que nous développerions cette version, que l’on reçoive les 60 000 € de dons nécessaires ou non.

Framasoft, dans le monde d’avant.
D’après une infographie de Geoffrey Dorne, CC-By-SA.

C’est une chose que nous nous n’avons réalisée qu’après coup : vous avez été très généreuxses dans votre soutien à Framasoft durant ce premier confinement. C’était important : nos actions sont financées (à plus de 95 %) par vos dons. Si nous avons pu tout mettre en pause, prendre des libertés, expérimenter des contributions et retarder, voire modifier des projets, c’est parce que les seules personnes à qui nous avons des comptes à rendre, c’est vous. Vous nous avez offert cette liberté, merci.

Pour qui le peut, nous rappelons que Framasoft est une association reconnue d’intérêt général, et qu’à ce titre elle donne droit à des réductions fiscales pour les contribuables français·es. Concrètement, un don de 100 € à Framasoft revient, après déduction des impôts sur le revenu, à 34 €. Si vous le pouvez et le voulez, merci de contribuer à nos actions.

Soutenir Framasoft

Et le reste de 2020…?

Nous raconterons, dans un prochain article, ce que nous avons fait hors de cette parenthèse étrange et intense. Entre le 17 mars et le 11 mai, il y a eu moins de deux mois : nous avons eu l’impression que cela a duré un an !

L’avantage, si l’on peut dire, c’est que ce premier confinement nous a préparé⋅es au suivant. Aujourd’hui nos services ont beaucoup mieux encaissé la sérieuse montée en charge due au reconfinement. Du coup, nous, nous avons pu nous détendre, et faire des frama-prouts !




Framaprout : ceci est une Prout-révolution

Plus qu’un service, Framasoft lance aujourd’hui un mouvement, un art de vivre, un programme politique qui se résume en un mot : prout.

« Alors ça y est, Framasoft a prouté un câble…? »

Oui.

Il faut dire qu’entre un reconfinement mi-figue mimolette (dont les règles oscillent entre Kamoulox et chante-sloubi), des drames affreux récupérés de manière cynique et morbide par des obsédé·es du solutionnisme compulsif, la théâtralisation de jeux électoraux dont les conséquences risquent de n’amuser personne… Comment garder l’esprit sain ?

La solution est apparue au petit Pierre-Yves, 42 ans, alors que l’application Twitter l’entraînait dans un scroll infini. Les tweets anxiogènes défilaient sous ses yeux jusqu’à ce que : Prout.

J’ai alors un peu craqué nerveusement, témoigne-t-il. Je trouvais ça tellement génial que le site la RTBF (l’équivalent Belge de France Télévision) se retrouve avec des dizaines de milliers de pages terminant par « Prout ».

Justice nulle part…? Prout partout !

On pourrait vous pondre un essai long, intelligent et académique sur les vertus du Prout face au capitalisme de surveillance. (attention, ceci est une menace : ne nous poussez pas ou on l’écrit, hein !)

Nous y évoquerions à coup sûr la loi de Brandolini, qui explique qu’il est toujours moins fatiguant de dire une connerie que de démentir la connerie qui vient d’être dite. Vous aussi vous trouvez que c’est usant de répondre à une personne qui dénie le réchauffement climatique, dit que la terre est plate et que toutes les opinions -même les nazies- se valent…? Prout.

Notre éloge du Prout mentionnerait forcément la fenêtre d’Overton. Lorsque des partis, médias, groupes, etc. laissent certains membres dire des énormités choquantes, c’est pour que leur idée nauséabonde pue un peu moins en comparaison. Des politiques se lancent dans un nouveau concours Lépine des idées extrêmes ? Prout, prout et re-prout !

Vulgaire, le prout ? Que nenni ! C’est même tout un art ! Le prout est imparable, car il lâche une caisse d’irrévérence pour révéler l’absurdité de celles et ceux qui se prennent un poil trop au sérieux. Le prout est subversif, il souffle un vent de « je te pète à la gueule ». Par sa nature même, le prout est insaisissable. Son parfum vengeur vient et s’en va. Sans laisser de trace.

« Le prout n’est-il pas nihiliste, dépolitisant ou aquoiboniste ? » Non ! Sa matière, si tant est qu’on puisse parler de matière, est tellement éthérée, qu’elle ne porte pas d’autres poids que celui d’affirmer la fa(r)tuité de celui qui le génère. On peut même compléter en paraphrasant Victor Hugo dans un de ses plus beaux discours : « Le prout, comme épiphonème, appartient à son auteur, mais comme acte, il appartient — le mot n’est pas trop vaste — au genre humain. ».

Enfin, le prout est in-censurable. « Prout » n’est pas une insulte, c’est une fonction naturelle. Prout.

Du prout comme arme d’auto-défense sociale

C’est une phrase connue sur Internet : argumenter avec des trolls, c’est comme jouer aux échecs contre un pigeon. Peu importe votre niveau, le pigeon va juste renverser toutes les pièces, chier sur le plateau et se pavaner fièrement comme s’il avait gagné.

Le meilleur moyen de s’en sortir c’est de s’écrier : « Aha ! Je te vois ! Tu es un pigeon ! Et les pigeons ne jouent pas aux échecs, donc je ne joue pas avec toi ! ». Mais, dans notre expérience, un tel recul est rare. Et s’il advient, le pigeon vous entraîne dans un nouveau débat d’un « mais pourquoi tu me traites de troll ? ». Donc : prout.

Le prout est un moyen de faire tomber les masques, de s’écrier ce « je te vois ! » au pigeon qui voulait nous mettre en échec. Notre paysage médiatique (qui inclut les médias sociaux) est rempli de postures d’autorité ballonnées, de rhétoriques foireuses, de techniques de manipulation nauséabondes et de vents de désinformation. Celles et ceux qui en pètent d’avoir tout le temps un avis : on vous voit. Prout.

Le monde n’a jamais eu autant besoin de Prouts. Parce qu’en fait, on n’a aucune place dans le débat en tant qu’individu. Parce que les médias sociaux sont des places où tout le monde crie et personne n’écoute. Parce que, pire encore, à gueuler et à voir que rien ne bouge alors qu’on est des milliers (millions) à être en désaccord ne fait qu’exacerber la haine de « l’autre », de cellelui qui n’entend pas. Mieux vaut prouter.

Framaprout, des outils numériques pour prouter en liberté

Nous, quand on commence à péter du casque, on le fait bien. Sur Framaprout.org, vous avez à votre disposition :

Proutify, l’extension navigateur qui va vous prouter le web

Proutify est une extension  pour votre navigateur que vous retrouverez ici. L’installation est facilitée sur Firefox, mais elle reste manuelle pour Chrome (parce que plutôt prouter que de créer un compte dev Google !). Une fois installée, Proutify remplacera toute une série de noms et d’expressions par leur version Proutesque. Parce que la vie est absurde.

Avant, la lecture des actualités me déprimait. Désormais, grâce à Proutify, je vois des Prouts partout !

L’actualité prend tout son arôme avec Proutify.

Les prouts de la Team Mème

La #TeamMémé a encore frappé. Ou Prouté. À vrai dire, la team est au bord du surmenage. Ses membres ont plus prouté qu’un Ariégeois venant de remporter un concours de dégustation de Mounjetada.

Nous ne pouvions pas tous les utiliser pour illustrer cet article, donc on vous a préparé une galerie de mèmes gastriques à télécharger et à prouter partout autour de vous.

Le prout-o-mètre, pour compter les prouts

Une personne vient de lâcher une grosse caisse et vous voulez identifier en quoi son prout pue ? Il y a un Framachin pour ça, un « bingo du prout » inspiré de notre Bingo du Troll.

Sur le prout-o-mètre, vous pouvez cocher les cases qui correspondent à ses flatulences. Et donnez lui son score en partageant avec lui le lien en bas de ce « bingo du prout ».

Le bon vieux prout artisanal

Il y a des moments où on n’en peut plus de répondre. Où on est fatigué·e de se prendre l’écume des jours dans les dents, ressassée par chaque nouvelle vague d’indignation. Si ça vous arrive, répondez simplement : prout.

Le bon vieux prout artisanal, n’y a que ça de vrai. C’est cinq touches sur votre clavier. Six si vous en faites un hashtag. Allez-y, lâchez-vous, vous verrez : ça soulage.

Voulez-vous prouter avec nous, ce soir ?

Nous serrons les fesses à l’idée de votre réponse. Du fond de l’internet, la Raie Publique se fraiera-t-elle un chemin vers la sortie du tunnel ?

Notre argument, vous l’aurez senti, c’est que ça sent le gaz. Et qu’on a besoin de se (dé)ballonner un peu.

Une action burlesco-dadaïste pour mettre le web en odorama, vous la sentez comment ?

 




Hommage à Laurent Séguin

Hier, nous apprenions le décès de Laurent Séguin, à l’âge de 44 ans.

Pour reprendre le communiqué du CNLL, après une première carrière au sein de la Marine Nationale, Laurent s’était investi dans les communautés du logiciel libre en France. Il avait été notamment:

Les membres de Framasoft et Laurent se sont côtoyés régulièrement pendant près de 15 ans sur différents événements autour du logiciel libre. Forcément, cela crée des liens.

Nous lui serons éternellement reconnaissant⋅es d’avoir aussi été l’une des premières personnes à soutenir financièrement Framasoft, par le biais d’entreprises successives pour lesquelles il a travaillé. Sans lui, nous n’en serions peut-être pas là où nous en sommes.

Peu de gens hors de ses proches le savaient, mais Laurent était aussi musicien (sous licence libre). Au mois d’avril dernier, nous recevions par e-mail une « auto-interview » signée de son pseudonyme. Étant en pleine phase de confinement, et peu disponibles, nous ne lui avions pas répondu alors. Puis le temps est passé…

Nous publions donc aujourd’hui cette interview à titre posthume, chargée d’émotions pour nous, en hommage au militant plein d’énergie qu’il était, et au compagnon de la route longue – mais libre – qu’il fut pour nous.

Nous présentons à sa famille, ses proches, ses amis, ses collègues d’Entr’ouvert, nos plus sincères condoléances.

Laurent Séguin

CyberSDF, drôle de pseudo, qui es-tu en vrai ?

Oui c’est stupide comme pseudo. Il date d’il y a très longtemps (les années 2000 n’existaient pas encore). J’ai utilisé ce pseudo pour les jeux vidéo et je ne sais pas vraiment pourquoi je l’ai utilisé comme nom d’artiste.

Quant à qui je suis, ce n’est pas secret, on va dire que je suis discret. Beaucoup (trop) de gens connaissent ma réelle identité, mais si vous ne savez pas qui je suis, gardez cette part de mystère qui a son charme.

NB : Je suis GNU-Linuxien depuis plus de 20 ans, donc libriste 😉

Tu es donc musicien ?

On va dire que non. Adolescent, j’ai été pendant assez longtemps (mauvais) batteur et (mauvais) bassiste en groupe et j’ai toujours aimé appuyer sur les touches d’un piano. Même si j’ai le goût de la musique depuis tout petit et que j’ai touché à pas mal d’instruments je ne me considère pas comme un musicien qui maîtrise un instrument.

Je me vois plutôt comme un manipulateur du travail des autres. Avec un bon enregistrement d’une guitare ou d’un piano, sur plusieurs gammes, je peux exploiter ce travail pour le mélanger à d’autres instruments pour en faire une œuvre originale. Si je n’ai pas cette matière première, on a les logiciels qu’il faut pour générer ces sons. Je travaille principalement avec des boucles de deux ou quatre mesures sur un tempo dans les 120 bpm la plupart du temps (bien que j’ai publié des titres allant de 90 à 140 bpm).

Pourquoi tu as commencé à publier de la musique ?

Lors d’une table ronde dont le sujet portait sur la création musicale et la loi Hadopi (oui ça date), je défendais un point de vue de diffusion sous licence libre face à un représentant de la SACEM qui ne comprenait visiblement de quoi je parlais tellement c’était éloigné de son schéma de pensée. Vexé de mes arguments à un moment il me sort « vous ne pouvez pas comprendre, vous n’êtes pas créateur de musique ».

Je me renseigne sur le mec, pensant avoir eu affaire avec un grand compositeur, eh bien non. Le type de toute sa vie n’avait composé qu’une pauvre musique d’un film qui n’a pas eu un fort succès, mais il en était tellement imbu de lui-même que cela m’avait énervé. Quelque temps plus tard j’ai commencé à créer mes propres musiques que j’ai finalement décidé de partager pour démontrer que la création musicale sous licence libre était pertinente.

Donc tu continues à créer pour lui en mettre plein les dents ?

Non. En vrai je crée d’abord pour moi. Je fais ce que j’ai envie d’écouter, et comme je suis très éclectique, je passe d’un style musical à un autre assez facilement. Une fois que je suis content de mon travail, il m’arrive de le publier pour le partager avec les gens. Je ne publie pas tout, même si parfois je publie trop vite…

Ce n’est donc pas une activité professionnelle ?

Pas du tout. Je crée mes musiques quand j’ai le temps et l’envie, sans pression. Bien évidement, j’ai des coûts de production. Par exemple, je protège l’antériorité de mes créations sur safecreative.org et cela me coûte 72€ par an. Pour les diffuser sur Soundcoud, cela me coûte 8,25 €/mois (parce que je prends à l’année). À cela il faut ajouter les coûts des sons que j’achète pour créer mes morceaux, souvent à prix d’or pour pouvoir diffuser en CC-BY (un chant par exemple, va me coûter les yeux de la tête alors qu’un rif de guitare ne me coûtera que quelques euros ; bon j’ai aussi des contres exemples avec mes deux titres de flamenco).

Mais j’accepte les dons. Si le système de don a bien fonctionné les premières années où créer et publier ne me coûtait presque rien d’autre que du temps, cela a énormément baissé et là cela devient compliqué d’être à l’équilibre financier. Comme je vois ma création musicale comme un passe-temps et non pas une activité rémunératrice pour subvenir à mes besoins, j’accepte que cela me coûte de l’argent, mais comme pour tout loisir pas trop non plus.

Avec quoi tu composes ?

Avec un peu tout ce qui tombe sous la main. Au début j’aimais beaucoup manipuler Music Maker Jam sous Android, mais ils ont changé leur interface et c’est devenu moins puissant pour composer. Ils ont ajouté trop de fioritures qui tuent le vrai travail de création.

Étant aussi Gamer à l’occasion, j’ai un Windows dans le Cloud avec Shadow.tech ce qui me donne accès à des logiciels de création musicales assez puissants, notamment dans les générateurs de son. Après je manipule un peu tout et n’importe quoi comme son, et il n’est pas rare que je sorte mon smartphone pour enregistrer un son de la rue qui me plaît afin de l’isoler et le retravailler à la maison pour l’intégrer dans un morceau (même si vous ne l’entendez pas vraiment, il est là). Il m’est aussi arrivé de demander à des artistes de rue de jouer sur leur instrument une mélodie que j’avais en tête pour obtenir un son plus naturel et moins « parfait ».

Quel est ton plus gros défaut d’artiste ?

Je ne remastérise pas mes titres. Après avoir passé des heures à sortir un FLAC correct, je n’ai plus l’énergie pour repasser dessus et réarranger les niveaux des pistes du morceau.

J’ai aussi une grosse flemme pour faire du marketing. Parfois je fais des campagnes aux USA pour attirer des auditeurs, mais en vrai ça me saoule. J’aimerais que les auditeurs qui aiment ce que je fais partagent plus (ça motive), mais (d’après les stats Soundcloud) ils ne le font pas et se gardent « le bon plan ».

J’ai été longtemps naïf aussi en pensant que d’autres musiciens allaient améliorer mes morceaux ou créer des œuvres dérivées des miennes, un peu à l’image du logiciel, mais non. Cela explique pourquoi mes créations dans les deux premières année ont ce goût de « c’est pas fini ». Parce que oui, c’était fait exprès…

Quelles sont les difficultés de publier en CC-BY ?

La première ce sont les vrais prédateurs. Ces gens qui vont prendre ta musique, éventuellement la modifier un peu et la faire diffuser par un service du genre CD Baby (https://en.wikipedia.org/wiki/CD_Baby). L’écueil c’est que ce genre de service est totalement automatisé et va envoyer des violations de copyright à l’œuvre originale et toutes ses utilisations. C’est pour cela que j’ai été contraint de publier sur Youtube, car pas mal de youtubeurs utilisent ma musique puisque ma licence est compatible avec leur propre monétisation.

Le second ce sont les « promoteurs » qui vont publier sous leur nom ma musique et ainsi noyer la source de création, et donc pour moi perdre de l’attention. Il y a des chaînes Youtube russes avec presque que mes créations qui ont plus d’abonnés que la mienne.

Enfin la dernière, majoritaire, ce sont ceux qui utilisent mes musiques sans créditer. Ce n’est quand même pas compliqué de donner le nom de l’artiste et le titre de la musique…

Quels sont tes titres préférés ?

J’ai publié 169 musiques, j’en ai donc pas mal 😉

Je peux vous donner les plus écoutées par plateforme :
– Sur Souncloud : Welcome, suivi de Burneco
– Sur Youtube : Flame and Go, suivi de Aventurine
– Sur Bandcamp : Sunday, suivi de CyberBeats

Et je trouve que beaucoup d’autres méritent plus de succès que ces six-là 😛

As-tu une chose surprenante à nous dire ?

Plusieurs ! Mais je n’en garderai que quelques-unes, significatives.

1/ J’ai composé Persepolis dans une chambre aux Arc 1800 en 3h de travail non stop
2/ J’ai rencontré une fille totalement en dehors de mes univers à qui je faisais écouter ma dernière création du moment pour voir sa réaction, juste en donnant le nom de l’artiste et sans préciser que c’était moi, elle m’a répondu « de lui, je préfère Welcome  »

3/ Une Suisse m’a fait un don de 200€ d’un coup via Bandcamp

4/ Arched Cellar  est un résumé d’un live mix d’environ une demi-heure lors d’une free party dans les catacombes de Paris

5/ L’UNRIC et BFMTV ont, à un an d’intervalle, utilisé ma même musique

 


 




[Photo Novel] Guided tour of Mobilizon

« OK, so, what is Mobilizon? How can this free and federated tool help me to progressively do without Facebook for my groups, pages and events? And where do I go to get started, where do I sign up? »

Let’s answer these questions with a lot of pictures, and (relatively) few words.

This is Rȯse, the mascot of Mȯbilizon

Conceived and designed by David Revoy (the author-illustrator of Pepper and Carott, who has just self published albums of his webcomic), Rȯse represents the people for whom we designed Mobilizon.

Meet Rȯse, Mobilizon’s mascot.
illustration : David Revoy (CC-By)

A fennec whose wicks recall the star of a compass rose, Rȯse is autonomous, voluntary and lives in a beautiful but arid, sometimes hostile landscape. Rȯse needs to get together with her fellow fennecs beings to organize and mobilize themselves around actions that can change her world, one grain of sand at a time.

If you don’t recognize yourself in Rȯse, don’t panic: Mobilizon might still work for you! However, this service might surprise and confuse. You won’t find any ads, influencers, or the hobby where we watch the lives of our loved ones staged like a reality TV show.

To better understand our intentions and the choices behind Mobilizon, you can visit joinmobilizon.org (short version), or read our lengthy introductory article on the Framablog (detailed version).

illustration : David Revoy (CC-By)

Our photo novel: Rȯse Mobilize

Rȯse discovers an event on Mobilizon

Rȯse feels that the hyper-consumerist society in which we live is destroying the planet. One day, on one of her usual social media platform, Rȯse comes across a link to an event called « More trees, less ads! « The title amuses and challenges her, so she clicks.

She arrives on a website she has never seen before which seems to be called « Mobilizon ». She is invited to go and hide an advertising videoscreen by standing in front of it with an umbrella. She learns that those screens are not only polluting our public spaces with images that capture our attention, but they are also equipped with cameras and sensors that analyze the number of passers-by, their reactions, etc.

She would like to participate in the event presented but doesn’t want to create a new account on yet another site. Rȯse decides to participate « anonymously » in the event.

You do not need an account to participate in an event published on Mobilizon: the site simply asks Rȯse to confirm her participation by email. That’s OK, she already has a « trash » email address that she uses for her online shopping, and unfamiliar sites that may resell her contact information.

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A few days later, Rȯse goes to the event site and meets the group of ContribUtopists. They invite her to exchange a quarter of an hour of her time, blocking the advertising screen with an umbrella, for a tree cutting that she could plant at home. Rȯse loves the idea and spends the morning sympathizing with the ContribUtopists.

Rȯse registers on Mobilizon

Benedict, the group’s organiser, explains to Rȯse that these screens work like Facebook: they impose advertising in our lives while capturing our behaviors and data. He advises Rȯse to go to mobilizon.org to find out for herself about the alternative that the ContribUtopists have chosen.

Rȯse is convinced, she wants to try Mobilizon. She understands she needs to find an instance, i.e. a Mobilizon website that will host her account and data. She tells herself that if she has to entrust her data, she wants to find a trusted host. So she goes to the « about » page of several Mobilizon instances to see how these hosts present themselves and what their rules are.

Rȯse has found her instance, and off she goes. She suspects that she is not going to leave Facebook overnight, but thinks that she can start by registering on Mobilizon, even if it means having to publish the links to the Mobilizon events and groups she wants to promote on Facebook.

 

Rȯse wants to join a group

Once her account is confirmed and her profile complete (finally a site that doesn’t require acres profile information!) Rȯse goes to the ContribUtopists page to join the group.

Unfortunately, the « join the group » button does not work and is grayed out. Obviously, you can’t ask to join a group, you have to be invited. When Rȯse looks into the matter, she realizes that it’s just a matter of time before this feature is added to the site.

She looks for ways to get invited to the ContribUtopists group and sees that there is a post « Join the ContribUtopists! » on the group’s page. These posts look a bit like a blog.

She follows the instructions and goes to the page of the event she attended and adds a comment reminding everyone who she is and asking to be invited to the group.

The surprise birthday of Rȯse’s mother

Rȯse’s mother’s birthday is coming up. Narcisse Boréal, her dad, asks her daughter how to organize a surprise party without using Facebook, so as not to blow the whistle. Rȯse, the family geek, explains to her dad how to create an account on Mobilizon.

Narcisse creates an event to invite family and friends to his partner’s surprise birthday party. It’s a fairly short form, and the options are self-explanatory.

Rȯse goes to her Mobilizon instance, but does not see the event created by her father. She realizes that he has registered on another Mobilizon website, another instance. Fortunately, these instances are federated: using the search bar of her instance, Rȯse can find the event that her father has created on his instance.

Rȯse compartmentalizes family and activism

Rȯse hesitates to register for her father’s event. She doesn’t want her family to see that she used this account for her activism within the ContribUtopists! So she decides to go to her account settings to create a new profile.

Rȯse registers for her dad’s event with this new profile, which she will use only for family events.

She takes the opportunity to share the event with a few family members and then exports the event to add the date to her online calendar.

Rȯse mobilizes for the ContribUtopists

In her notifications, Rȯse notices that the ContribUtopists have read her message and invited her to join the group. She goes back to her activist profile to accept the invitation.

In the group, she sees a new discussion about the lessons learned from the previous event and the group’s next initiative.

After a few weeks, Rȯse’s involvement and commitment did not go unnoticed. Benedict, the administrator of the ContribUtopists group on Mobilizon, decides to promote Rȯse as moderator of the group.

Rȯse makes collective intelligence work!

Becoming a moderator will allow Rȯse to organize the next ContribUtopists event. She creates a draft of the event « Another Collage on the Wall » to discuss it with the group.

However, Rȯse does not know how to best describe the event. She decides to make collective intelligence work for her and create a collaborative writing pad. On Mobilizon, this is done in two clicks, from the group’s Resources space.

The group worked well, the text is great. Rȯse just has to put it in the Another Collage on the Wall event description and publish it!

Prologue: Fennecs don’t fall far from the burrow

A few days later, Rȯse goes to the event. What a joy to see so many people registered! Suddenly, as she was reading the comments of the event, Rȯse utters a little cry of surprise:

Several members of her family registered for the Another Collage on the Wall event, without knowing that it was Rȯse who had organized it! There’s even her father asking to join the ContribUtopists.

With a smile, Rȯse thinks that she will have to show them how to create several profiles on Mobilizon, if they are interested.

illustration : David Revoy (CC-By)

Mobilizon.org, our gateway to Mobilizon

Not everyone is like Rȯse and everyone will have their own way of approaching Mobilizon: some will want to sign up right away, others will want to understand the political concepts behind the digital tool, and yet others will want to know how it works.

That’s why we created Mobilizon.org: it’s THE site to remember and share, which will direct you to

illustration : David Revoy (CC-By)

It took time and hard work to create all these tools. Our small association (35 members, 10 employees) is financed almost exclusively by donations. If you would like to support this work and encourage us to continue, you can do so by making a donation, which is tax deductible for French taxpayers.

Support Framasoft

Another way to support our actions is to take them over, use them and make them known. From now on, it is up to you to get together, organize and mobilize… with Mobilizon!

Get started on Mobilizon.org




[Roman Photo] Visite guidée de Mobilizon

« Concrètement, c’est quoi Mobilizon ? Comment cet outil libre et fédéré peut-il m’aider à progressivement me passer de Facebook pour mes groupes, pages et événements ? Et où je vais pour m’y retrouver, pour m’inscrire ? »

Répondons à ces questions avec beaucoup d’images, et (relativement) peu de mots.

Voici Rȯse, la mascotte de Mȯbilizon

Conçue et dessinée par David Revoy (l’auteur-illustrateur de Pepper and Carott, qui vient d’auto-publier des albums de son webcomic), Rȯse représente les personnes pour qui nous avons conçu Mobilizon.

Voici Rȯse, la mascotte de Mobilizon.
illustration : David Revoy (CC-By)

Fennec dont les mèches rappellent l’étoile d’une rose des vents, Rȯse est autonome, volontaire et vit dans un paysage beau mais aride, parfois hostile. Rȯse a besoin de se rassembler avec ses semblables et de s’organiser ensemble pour se mobilizer autour d’actions qui peuvent changer son monde, ne serait-ce qu’un grain de sable à la fois.

Si vous ne vous reconnaissez pas en Rȯse, pas de panique : vous restez libres d’utiliser Mobilizon ! Seulement, ce service risque de vous désarçonner et vous surprendre : vous n’y trouverez ni pubs, ni influenceurs, ni un passe-temps où on regarde la vie de nos proches mise en scène comme une émission de TV-réalité.

Pour mieux comprendre nos intentions et choix derrière Mobilizon, vous pouvez consulter le site joinmobilizon.org (version courte), ou lire notre long article de présentation sur le Framablog (version détaillée).

illustration : David Revoy (CC-By)

Notre photoroman : Rȯse Mobilize

Rȯse découvre un événement sur Mobilizon

Rȯse sent bien que la société d’hyper-consommation dans laquelle nous vivons est en train de détruire la planète. Un jour, sur un de ses médias sociaux habituels, Rȯse tombe sur un lien vers un événement « Plus d’arbres, moins de Pub ! » Le titre l’amuse et l’interpelle, alors elle clique.

Elle arrive sur un site qu’elle n’a jamais vu et qui semble s’appeler « Mobilizon ». On lui propose de venir cacher un écran de publicité vidéo en se tenant devant avec un parapluie. Elle apprend qu’en plus de polluer nos espaces publics avec des images qui captent notre attention, ces écrans sont munis de caméras et de capteurs qui analysent le nombre de passant·es, leurs réactions, etc.

Elle voudrait bien participer à l’événement présenté mais elle n’a pas envie de se créer un nouveau compte sur un énième site. Rȯse décide de participer « anonymement » à l’événement.

 

Pour participer anonymement à un événement, pas besoin de compte sur Mobilizon : le site demande juste à Rȯse de confirmer sa participation par email. Ça tombe bien, elle a créé une adresse email « poubelle » qui lui sert pour son shopping en ligne, et tous les sites qu’elle ne connaît pas et qui pourraient revendre ses coordonnées.

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Quelques jours plus tard, Rȯse se rend sur les lieux de l’événement et rencontre le groupe des ContribUtopistes. Iels lui proposent d’échanger un quart d’heure de son temps, à bloquer l’écran de pub avec un parapluie, contre une bouture d’arbre qu’elle pourra planter chez elle. Rȯse adore l’idée et passe la matinée à sympathiser avec les ContribUtopistes.

Rȯse s’inscrit sur Mobilizon

Bénédicte, la référente du groupe, explique à Rȯse que ces écrans fonctionnent comme Facebook : ils imposent de la pub dans notre vie tout en captant nos comportements et nos données. Bénédicte conseille à Rȯse d’aller sur mobilizon.org pour se renseigner par elle-même sur l’alternative que les ContribUtopistes ont choisie.

Rȯse est convaincue, elle a envie d’essayer Mobilizon. Elle comprend qu’elle doit se trouver une instance, c’est à dire un site web Mobilizon qui va héberger son compte et ses données. Elle se dit que si elle doit confier ses données, elle veut trouver un hébergeur de confiance. Elle va donc voir la page « à propos » de plusieurs instances Mobilizon pour voir comment ces hébergeurs se présentent et quelles sont leurs règles.

Rȯse a trouvé son instance, elle se lance. Elle se doute bien qu’elle ne va pas quitter Facebook du jour au lendemain, mais elle se dit qu’elle peut commencer par s’inscrire sur Mobilizon, quitte à devoir publier sur Facebook les liens vers les événements et groupes qu’elle veut promouvoir.

 

Rȯse veut rejoindre un groupe

Une fois son compte confirmé et son profil rempli (enfin un site qui ne demande pas beaucoup d’informations de profil !) Rȯse va sur la page des ContribUtopistes pour rejoindre le groupe.

Malheureusement, le bouton « rejoindre le groupe » ne marche pas, il est grisé. Visiblement, on ne peut pas demander à rejoindre un groupe, il faut y être invité. Lorsqu’elle se penche sur la question, Rȯse se rend compte que c’est juste une question de temps avant que cette fonctionnalité ne soit ajoutée au site.

Elle cherche comment faire pour se faire inviter au groupe des ContribUtopistes et voit qu’il y a un article « Devenez Contributopistes ! » sur la page du groupe. En fait, ces articles, c’est un peu comme un blog, se dit-elle.

Elle suit les instructions et va sur la page de l’événement auquel elle a participé et ajoute un commentaire rappelant qui elle est et demandant à être invitée au groupe.

L’anniversaire surprise de la maman de Rȯse

C’est bientôt l’anniversaire de la maman de Rȯse. Narcisse Boréal, son papa, demande à sa fille comment organiser une fête surprise sans passer par Facebook, pour ne pas vendre la mèche. Rȯse, la geek de la famille, explique à son papa comment se créer un compte sur Mobilizon.

Tout à son enthousiasme, Narcisse crée aussi l’événement pour inviter famille et ami·es à l’anniversaire surprise de sa compagne. C’est un formulaire assez court, et les options sont explicites :

Rȯse va sur son instance Mobilizon, mais n’y voit pas l’événement créé par son père. Elle se rend compte qu’il s’est inscrit sur un autre site web Mobilizon, une autre instance. Heureusement, ces instances sont fédérées : depuis la barre de recherche de son instance à elle, Rȯse peut trouver l’événement que son père a créé sur son instance à lui.

Rȯse cloisonne ses activités familiales et militantes

Rȯse hésite à s’inscrire sur l’événement de son père… Elle n’a pas envie que sa famille voie qu’elle a utilisé ce compte pour aller militer avec les ContribUtopistes ! Elle décide donc d’aller dans les paramètres de son compte pour se créer un nouveau profil.

Rȯse s’inscrit donc à l’événement de son papa avec ce nouveau profil, qu’elle utilisera uniquement pour les événements familiaux.

Elle en profite pour partager l’événement auprès de quelques membres de la famille, puis elle exporte l’événement pour ajouter la date dans son agenda en ligne.

Rȯse se mobilize pour les ContribUtopistes

Dans ses notifications, Rȯse s’aperçoit que les ContribUtopistes ont lu son message et l’ont invitée à rejoindre le groupe. Elle repasse sur son profil militant pour accepter l’invitation.

Dans le groupe, elle aperçoit une nouvelle discussion sur les leçons de l’événement précédent et la prochaine initiative du groupe

Au bout de quelques semaines, l’implication et la volonté de Rȯse ne passent pas inaperçus. Bénédicte, l’administratrice du groupe Les Contributopistes sur Mobilizon, décide de promouvoir Rȯse en tant que modératrice du groupe.

Rȯse fait fonctionner l’intelligence collective !

Devenir modératrice va permettre à Rȯse de prendre en charge l’organisation du prochain événement des ContribUtopistes. Elle crée un brouillon de l’événement « Collages pas sages » pour en discuter avec le groupe.

Cependant, Rȯse ne parvient pas à décrire l’événement toute seule. Elle décide de faire marcher l’intelligence collective et de créer un pad d’écriture collaborative. Sur Mobilizon, cela se fait en deux clics depuis l’espace Ressources du groupe.

Le groupe a bien travaillé, le texte est top. Rȯse n’a plus qu’à le mettre en page dans la description de l’événement des Collages Pas Sages et à le publier !

Prologue : les fennecs ne font pas des lapins

Quelques jours plus tard, Rȯse se rend sur l’événement. Quelle joie de voir que de nombreuses personnes s’y sont inscrites ! Soudain, alors qu’elle lisait les commentaires de l’événement, Rȯse pousse un petit cri de suprise :

Plusieurs membres de sa famille se sont inscrits à l’événement des collages pas sages, sans savoir que c’était Rȯse qui l’avait organisé ! Il y a même son père qui demande à rejoindre les ContribUtopistes.

Dans un sourire, Rȯse se dit qu’il faudra qu’elle leur montre comment se créer plusieurs profils sur Mobilizon, si jamais ça les intéresse.

illustration : David Revoy (CC-By)

Mobilizon.org, la porte d’entrée vers Mobilizon

Tout le monde n’est pas comme Rȯse. En vérité, chaque personne va avoir sa manière d’aborder Mobilizon : certaines vont vouloir s’inscrire tout de suite, d’autres vont chercher à comprendre les concepts politiques derrière l’outil numérique, alors que les derniers vont vouloir savoir comment cela fonctionne.

C’est pour cela que nous avons créé Mobilizon.org : c’est LE site à retenir et partager, qui vous aiguillera vers

illustration : David Revoy (CC-By)

Tous ces outils nous ont demandé du temps et du travail. Notre petite association (35 membres, 10 salarié·es) est financée quasi-exclusivement par les dons des particuliers. Si vous voulez soutenir ce travail et nous encourager à poursuivre, vous pouvez le faire par un don, déductible des impôts pour les contribuables français.

Soutenir Framasoft

Une autre manière de soutenir nos actions, c’est de vous en emparer, les utiliser et les faire connaître. Désormais, c’est à vous de vous rassembler, vous organiser et vous mobilizer… grâce à Mobilizon !

Premiers pas avec Mobilizon.org




Mobilizon. Your events. Your groups. Your data.

Mobilizon is our free-libre and federated tool to free events and groups from the clutches of Facebook. After two years of work, today we are releasing the first version of this software, along with a whole series of tools so that you can quickly get started.

Delayed because of pandemic

Announced almost two years ago on the Framablog (FR), Mobilizon was born  of our need to offer a solid alternative to Facebook to friends who organize climate walks, LGBT+ association organisations and new educational workshops with that platform’s limited options.

The success of our fundraising campaign (spring 2019) reinforced our belief that there was great demand for such an alternative. To this end, we worked with designers to understand the expectations of activists who use Facebook to gather and organize.

illustration: David Revoy (CC-By)

We planned to launch the first version (the « v1 ») of Mobilizon this summer. Life, however, has other plans. A global pandemic and a French quarantine induced a rush on the online collaboration services our small association offers. Our entire team, including the developer who carries the Mobilizon project on his shoulders, put their activities on hold to contribute to the collective effort.

However, the stakes behind Mobilizon are high. In our opinion, to be successful, Mobilizon must be :

  • Emancipatory. It is a software that we want to be free, federated and separate from the attention economy.
  • Practical. Mobilizon is above all a tool for managing your events, your profiles and your groups.
  • Welcoming. We have created and incorporated tools explaining how to use its features, to find your Mobilizon instance or even hos to install it yourself.

illustration : David Revoy (CC-By)

Building the freedoms that Facebook denies us

Federate to foster diversity

There is not one but several Mobilizons. By going to Mobilizon.org you will find a selection of instances: websites created by those who have installed Mobilizon software on their server. Each of these instances offers you the same service, but from a different host.

Multiplying Mobilizon instances is healthier for the Internet as it avoids the formation of web giants. Decentralizing usage over multiple Mobilizon instances prevents the creation of huge datasets that could be exploited for surveillance or mass manipulation.

It is also healthier for you: it allows you to find your host, the one whose management, terms of use, business model, moderation charter, etc. match your values.

Each of these Mobilizon instances can federate with others, as well as interacting with them. For example, if the « UniMobilized » and « MobilizedSports » instances are federated, UniMobilized user Camille will be able to register for the karate course her teacher has created on the MobilizedSports instance.

An event on Mobilizon

A software that respects your freedoms

Mobilizon is a free-libre software, so it respects your freedoms. This means for example, that its source code, the « recipe » that allows one to concoct Mobilizon, is made public for transparency’s sake. People who know how to code are free to browse the source code as they wish, to see for themselves whether there are hidden features (spoiler alert: there aren’t!).

Moreover, the culture of free-libre software is a community-driven culture of contribution. Mobilizon should therefore be seen as a digital commons, that everyone can use and to which everyone can contribute. Your remarks, feedback, skills (in translation, tests, explanations, code, etc.) will be considered as contributions to the common project.

Finally, if the direction given to the Mobilizon code does not suit you, you are completely free to create your own team and « fork » the software. Thus, several governances and directions can be given to the same initial project, which is a strong defence against any monopolization.

illustration : David Revoy (CC-By)

Saving your attention from the economy

The truth is, Mobilizon may feel confusing. Where most platforms gamble on your user experience and flatter your ego to better capture your attention and data, Mobilizon is a tool. It is not a hobby where you can scroll endlessly, simply a service to organize your events and groups.

Mobilizon is designed to not monopolize your attention: no infinite scrolling, no running to check likes and new friends.

Mobilizon makes it futile to inflate the number of participants in your event or the number of members in your group. When each account can create an infinite number of profiles, the numbers displayed by the membership counters are no longer an influencer’s badge.

Mobilizon is designed so that you can follow the news of a group, but not of an individual: it is impossible to follow a single profile. In Mobilizon, profiles have no « wall », « thread » or « story »: only groups can publish posts. The goal is to get rid of the self-promotional reflexes where we stage our lives to be the person at the center of our followers. With Mobilizon, it is not the ego but the collective that counts.

Finally, if there is no ability to like a comment or a message in a group discussion, it keeps the exchanges informative. This prevents the common exchange from turning into a dialogue-duel where you have to keep and save face.

In fact… we have to stop comparing Mobilizon to a free-libre Facebook clone. If user engagement is the new oil the giants of the web drill for, Mobilizon is an attempt, at our small level, of a tool designed for attentional sobriety.

« Do I have a Facebook face? »
— Mobilizon, freeing itself from the comparison

A service for your events, your profiles, your groups.

Mobilizon allows you to register for events

On Mobilizon instances you can find many events published by organizers: date, location (geographical or online), description… The event form gives you quick access to essential information, as well as the ability to register, add the event to your calendar or share it.

The search bar will give you results that match your keywords, your location or a specific time. This search is done within the events on the Mobilizon website you are browsing, but also across all events on other Mobilizon websites to which yours is linked, or « federated ».

When the organizers allow it, you can participate anonymously in an event: no need to log in a Mobilizon account, only a confirmation email will be required!

illustration : David Revoy (CC-By)

One account, one instance, several profiles

If you wish to participate more actively in events and groups (or even organize them yourself), you will need to create an account on one of the existing Mobilizon instances.

Before signing up, remember to find out about the instance you are interested in (starting with its « about » page). By looking at who administers this instance, their content moderation policy, their business model, who they choose to federate with or not, etc., you will know if the governance they apply to their Mobilizon website is right for you.

A single account will allow you to create as many profiles as you want. Note that multiple profiles are not a cyber security measure (which should be provided by other tools and practices). It is a social partitioning tool, allowing you to display different facets of yourself depending on the social groups you are involved with.

This will allow you, for example, to reserve one profile to register for family birthdays and another for work-related conferences, or to distinguish between groups related to your hobbies and those where you organize your activist activities.

In the left column you can see that this is Rȯse’s second profile.

Groups to discuss and organize

Currently, you must wait until you have been invited into a Mobilizon group before selecting one of your profiles to join. You can also create and organize your own group to invite whoever you want and define roles (and therefore permissions) of the new members of the group you administer.

In Mobilizon, groups have a public page where you can display a short presentation of the group, upcoming events and the latest posts published.

In the group members’ area, members can (depending on their permission level) start and participate in discussions, create new events and public messages or add new resources (link to a collaborative writing pad, online survey, etc.) in the group resources page.

A group page as seen by one of the members of this group

Mobilizon.org, the site to share

To help you find your way around and choose your instance, we designed Mobilizon.org. It’s a site that will guide you on your first steps, whether you want to get some info, test Mobilizon, find your instance, learn more, or contribute to Mobilizon’s future.

There you will find links to our facilitation tools, in French and English, such as :

illustration : David Revoy (CC-By)

Mobilizon, a common contributor

Meet Rȯse, Mobilizon’s mascott.
illustration : David Revoy (CC-By)

From the very start, Mobilizon has been a collective adventure. Framasoft would first of all like to thank and congratulate the developer, an employee of the association, who has devoted nearly two years of his professional life to making this tool a reality.

Of course our thanks also go to all the members, volunteers and employees, who contributed to the project, as well as to Marie-Cécile Godwin (conception, UX design), Geoffrey Dorne (graphic & UI design) and David Revoy (illustrations).

Finally, we would like to thank all the people who believed in this project and supported it through their sharing, their attention and their money, especially during the fundraising that helped finance this first version.

In the coming months, Framasoft is eager to see the creation of a community that will take over the Mobilizon code and, in the long term, take charge of its maintenance. This will be done according to good will and over time, but we hope that this new chick will one day be strong enough from your contributions to leave the nest of our association.

In the meantime, we are going to be very attentive to your feedback, your corrections and your desires on the evolutions to be brought to this tool. We also have a few ideas on our side and we have no doubt that Mobilizon will grow in the coming months.

Support Framasoft

This work can be acheived thanks to the support and donations that finance our association. Donations represent 95% of our income and give us our freedom of action. As Framasoft is recognized as being in the public interest, a donation of 100 € from a French taxpayer will, after deduction, be reduced to 34 €.

In the meantime, it is now up to you to mobilize to make Mobilizon known!

Get started on Mobilizon.org