Les données que récolte Google, document complet

Ces dernières semaines nous avons publié par chapitres successifs notre traduction de Google Data Collection, l’étude élaborée par l’équipe du professeur Douglas C. Schmidt, spécialiste des systèmes logiciels, chercheur et enseignant à l’Université Vanderbilt.

Vous trouverez ci-dessous en un seul document sous deux formats (.odt et .pdf) non seulement l’ensemble des chapitres publiés précédemment mais aussi les copieuses annexes qui référencent les recherches menées par l’équipe ainsi que les éléments qui ne pouvaient être détaillés dans les chapitres précédents.

Traduction Framalang pour l’ensemble du document :

Alain, Barbara, Bullcheat, Côme, David_m, fab, Fabrice, FranBAG, Goofy, jums, Khrys, Mika, Obny, Penguin, Piup, Serici. Remerciements particuliers à Cyrille.

Nous avons fait de notre mieux, mais des imperfections de divers ordres peuvent subsister, n’hésitez pas à vous emparer de la version en .odt pour opérer les rectifications que vous jugerez nécessaires.

document Ce que collecte google version .PDF
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Ce que collecte Google version ODT
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Les données que récolte Google – Ch.7 et conclusion

Voici déjà la traduction du septième chapitre et de la brève conclusion de Google Data Collection, l’étude élaborée par l’équipe du professeur Douglas C. Schmidt, spécialiste des systèmes logiciels, chercheur et enseignant à l’Université Vanderbilt. Si vous les avez manqués, retrouvez les chapitres précédents déjà publiés.


Il s’agit cette fois-ci de tous les récents produits de Google (ou plutôt Alphabet) qui investissent nos pratiques et nos habitudes : des pages AMP aux fournisseurs de services tiers en passant par les assistants numériques, tout est prétexte à collecte de données directement ou non.

Traduction Framalang : Côme, Fabrice, goofy, Khrys, Piup, Serici

VII. Des produits avec un haut potentiel futur d’agrégation de données

83. Google a d’autres produits qui pourraient être adoptés par le marché et pourraient bientôt servir à la collecte de données, tels que AMP, Photos, Chromebook Assistant et Google Pay. Il faut ajouter à cela que Google est capable d’utiliser les données provenant de partenaires pour collecter les informations de l’utilisateur. La section suivante les décrit plus en détail.

84. Il existe également d’autres applications Google qui peuvent ne pas être largement utilisées. Toutefois, par souci d’exhaustivité, la collecte de données par leur intermédiaire est présentée dans la section VIIII.B de l’annexe.

A. Pages optimisées pour les mobiles (AMP)

85. Les Pages optimisées pour les mobiles (AMP) sont une initiative open source menée par Google pour réduire le temps de chargement des sites Web et des publicités. AMP convertit le HTML standard et le code JavaScript en une version simplifiée développée par Google1 qui stocke les pages validées dans un cache des serveurs du réseau Google pour un accès plus rapide2. AMP fournit des liens vers les pages grâce aux résultats de la recherche Google mais également via des applications tierces telles que LinkedIn et Twitter. D’après AMP : « L’ecosystème AMP compte 25 millions de domaines, plus de 100 fournisseurs de technologie et plateformes de pointe qui couvrent les secteurs de la publication de contenu, les publicités, le commerce en ligne, les petits commerces, le commerce local etc. »3

86. L’illustration 17a décrit les étapes menant à la fourniture d’une page AMP accessible via la recherche Google. Merci de noter que le fournisseur de contenu à travers AMP n’a pas besoin de fournir ses propres caches serveur, car c’est quelque chose que Google fournit pour garantir un délai optimal de livraison aux utilisateurs. Dans la mesure où le cache AMP est hébergé sur les serveurs de Google, lors d’un clic sur un lien AMP produit par la recherche Google, le nom de domaine vient du domaine google.com et non pas du domaine du fournisseur. Ceci est montré grâce aux captures prises lors d’un exemple de recherche de mots clés dans l’illustration 17b.

 

Illustration 17 : une page web normale qui devient une page AMP.
Illustration 17 : une page web normale qui devient une page AMP.

 

87. Les utilisateurs peuvent accéder au contenu depuis de multiples fournisseurs dont les articles apparaissent dans les résultats de recherche pendant qu’ils naviguent dans le carrousel AMP, tout en restant dans le domaine de Google. En effet, le cache AMP opère comme un réseau de distribution de contenu (RDC, ou CDN en anglais) appartenant à Google et géré par Google.

88. En créant un outil open source, complété avec un CDN, Google a attiré une large base d’utilisateurs à qui diffuser les sites mobiles et la publicité et cela constitue une quantité d’information significative (p.ex. le contenu lui-même, les pages vues, les publicités, et les informations de celui à qui ce contenu est fourni). Toutes ces informations sont disponibles pour Google parce qu’elles sont collectées sur les serveurs CDN de Google, fournissant ainsi à Google beaucoup plus de données que par tout autre moyen d’accès.

89. L’AMP est très centré sur l’utilisateur, c’est-à-dire qu’il offre aux utilisateurs une expérience de navigation beaucoup plus rapide et améliorée sans l’encombrement des fenêtres pop-up et des barres latérales. Bien que l’AMP représente un changement majeur dans la façon dont le contenu est mis en cache et transmis aux utilisateurs, la politique de confidentialité de Google associée à l’AMP est assez générale4. En particulier, Google est en mesure de recueillir des informations sur l’utilisation des pages Web (par exemple, les journaux de serveur et l’adresse IP) à partir des requêtes envoyées aux serveurs de cache AMP. De plus, les pages standards sont converties en AMP via l’utilisation des API AMP5. Google peut donc accéder à des applications ou à des sites Web (« clients API ») et utiliser toute information soumise par le biais de l’API conformément à ses politiques générales6.

90. Comme les pages Web ordinaires, les pages Web AMP pistent les données d’utilisation via Google Analytics et DoubleClick. En particulier, elles recueillent des informations sur les données de page (par exemple : domaine, chemin et titre de page), les données d’utilisateur (par exemple : ID client, fuseau horaire), les données de navigation (par exemple : ID et référence de page uniques), l’information du navigateur et les données sur les interactions et les événements7. Bien que les modes de collecte de données de Google n’aient pas changé avec l’AMP, la quantité de données recueillies a augmenté puisque les visiteurs passent 35 % plus de temps sur le contenu Web qui se charge avec Google AMP que sur les pages mobiles standard.8

B. Google Assistant

91. Google Assistant est un assistant personnel virtuel auquel on accède par le biais de téléphones mobiles et d’appareils dits intelligents. C’est un assistant virtuel populaire, comme Siri d’Apple, Alexa d’Amazon et Cortana de Microsoft. 9 Google Assistant est accessible via le bouton d’accueil des appareils mobiles sous Android 6.0 ou versions ultérieures. Il est également accessible via une application dédiée sur les appareils iOS10, ainsi que par l’intermédiaire de haut-parleurs intelligents, tel Google Home, qui offre de nombreuses fonctions telles que l’envoi de textes, la recherche de courriels, le contrôle de la musique, la recherche de photos, les réponses aux questions sur la météo ou la circulation, et le contrôle des appareils domestiques intelligents10.

92. Google collecte toutes les requêtes de Google Assistant, qu’elles soient audio ou saisies au clavier. Il collecte également l’emplacement où la requête a été effectuée. L’illustration 18 montre le contenu d’une requête enregistrée par Google. Outre son utilisation via les haut-parleurs  de Google Home, Google Assistant est activé sur divers autres haut-parleurs produits par des tiers (par exemple, les casques sans fil de Bose). Au total, Google Assistant est disponible sur plus de 400 millions d’appareils11. Google peut collecter des données via l’ensemble de ces appareils puisque les requêtes de l’Assistant passent par les serveurs de Google.

 

Figure 18 : Exemple de détails collectés à partir de la requête Google Assistant.
Figure 18 : Exemple de détails collectés à partir de la requête Google Assistant.

 

 

C. Photos

93. Google Photos est utilisé par plus de 500 millions de personnes dans le monde et stocke plus de 1,2 milliard de photos et vidéos chaque jour12. Google enregistre l’heure et les coordonnées GPS de chaque photo prise.Google télécharge des images dans le Google cloud et effectue une analyse d’images pour identifier un large éventail d’objets, tels que les modes de transport, les animaux, les logos, les points de repère, le texte et les visages13. Les capacités de détection des visages de Google permettent même de détecter les états émotionnels associés aux visages dans les photos téléchargées et stockées dans leur cloud13.

94. Google Photos effectue cette analyse d’image par défaut lors de l’utilisation du produit, mais ne fera pas de distinction entre les personnes, sauf si l’utilisateur donne l’autorisation à l’application14. Si un utilisateur autorise Google à regrouper des visages similaires, Google identifie différentes personnes à l’aide de la technologie de reconnaissance faciale et permet aux utilisateurs de partager des photos grâce à sa technologie de « regroupement de visages »1215. Des exemples des capacités de classification d’images de Google avec et sans autorisation de regroupement des visages de l’utilisateur sont présentés dans l’illustration 19. Google utilise Photos pour assembler un vaste ensemble d’informations d’identifications faciales, qui a récemment fait l’objet de poursuites judiciaires16 de la part de certains États.

Illustration : Exemple de reconnaissance d’images dans Google Photos.
Illustration : Exemple de reconnaissance d’images dans Google Photos.

 

D. Chromebook

95. Chromebook est la tablette-ordinateur de Google qui fonctionne avec le système d’exploitation Chrome (Chrome OS) et permet aux utilisateurs d’accéder aux applications sur le cloud. Bien que Chromebook ne détienne qu’une très faible part du marché des PC, il connaît une croissance rapide, en particulier dans le domaine des appareils informatiques pour la catégorie K-12, où il détenait 59,8 % du marché au deuxième trimestre 201717. La collecte de données de Chromebook est similaire à celle du navigateur Google Chrome, qui est décrite dans la section II.A. Chromebooks permet également aux cookies de Google et de domaines tiers de pister l’activité de l’utilisateur, comme pour tout autre ordinateur portable ou PC.

96. De nombreuses écoles de la maternelle à la terminale utilisent des Chromebooks pour accéder aux produits Google via son service GSuite for Education. Google déclare que les données recueillies dans le cadre d’une telle utilisation ne sont pas utilisées à des fins de publicité ciblée18. Toutefois, les étudiants reçoivent des publicités s’ils utilisent des services supplémentaires (tels que YouTube ou Blogger) sur les Chromebooks fournis par leur établissement d’enseignement.

E. Google Pay

97. Google Pay est un service de paiement numérique qui permet aux utilisateurs de stocker des informations de carte de crédit, de compte bancaire et de PayPal pour effectuer des paiements en magasin, sur des sites Web ou dans des applications utilisant Google Chrome ou un appareil Android connecté19. Pay est le moyen par lequel Google collecte les adresses et numéros de téléphone vérifiés des utilisateurs, car ils sont associés aux comptes de facturation. En plus des renseignements personnels, Pay recueille également des renseignements sur la transaction, comme la date et le montant de la transaction, l’emplacement et la description du marchand, le type de paiement utilisé, la description des articles achetés, toute photo qu’un utilisateur choisit d’associer à la transaction, les noms et adresses électroniques du vendeur et de l’acheteur, la description du motif de la transaction par l’utilisateur et toute offre associée à la transaction20. Google traite ses informations comme des informations personnelles en fonction de sa politique générale de confidentialité. Par conséquent il peut utiliser ces informations sur tous ses produits et services pour fournir de la publicité très ciblée20. Les paramètres de confidentialité de Google l’autorisent par défaut à utiliser ces données collectées21.

F. Données d’utilisateurs collectées auprès de fournisseurs de données tiers

98. Google collecte des données de tiers en plus des informations collectées directement à partir de leurs services et applications. Par exemple, en 2014, Google a annoncé qu’il commencerait à suivre les ventes dans les vrais commerces réels en achetant des données sur les transactions par carte de crédit et de débit. Ces données couvraient 70 % de toutes les opérations de crédit et de débit aux États-Unis22. Elles contenaient le nom de l’individu, ainsi que l’heure, le lieu et le montant de son achat23.

99. Les données de tiers sont également utilisées pour aider Google Pay, y compris les services de vérification, les informations résultant des transactions Google Pay chez les commerçants, les méthodes de paiement, l’identité des émetteurs de cartes, les informations concernant l’accès aux soldes du compte de paiement Google, les informations de facturation des opérateurs et transporteurs et les rapports des consommateurs20. Pour les vendeurs, Google peut obtenir des informations des organismes de crédit aux particuliers ou aux entreprises.

100. Bien que l’information des utilisateurs tiers que Google reçoit actuellement soit de portée limitée, elle a déjà attiré l’attention des autorités gouvernementales. Par exemple, la FTC a annoncé une injonction contre Google en juillet 2017 concernant la façon dont la collecte par Google de données sur les achats des consommateurs porte atteinte à la vie privée électronique24. L’injonction conteste l’affirmation de Google selon laquelle il peut protéger la vie privée des consommateurs tout au long du processus en utilisant son algorithme. Bien que d’autres mesures n’aient pas encore été prises, l’injonction de la FTC est un exemple des préoccupations du public quant à la quantité de données que Google recueille sur les consommateurs.

VIII. CONCLUSION

101. Google compte un pourcentage important de la population mondiale parmi ses clients directs, avec de multiples produits en tête de leurs marchés mondiaux et de nombreux produits qui dépassent le milliard d’utilisateurs actifs par mois. Ces produits sont en mesure de recueillir des données sur les utilisateurs au moyen d’une variété de techniques qui peuvent être difficiles à comprendre pour un utilisateur moyen. Une grande partie de la collecte de données de Google a lieu lorsque l’utilisateur n’utilise aucun de ses produits directement. L’ampleur d’une telle collecte est considérable, en particulier sur les appareils mobiles Android. Et bien que ces informations soient généralement recueillies sans identifier un utilisateur unique, Google a la possibilité d’utiliser les données recueillies auprès d’autres sources pour désanonymiser une telle collecte.




Framasoft en 2019 pour les gens pressés

Vous avez aimé Dégooglisons Internet et pensez le plus grand bien de Contributopia ? Vous aimeriez savoir en quelques mots où notre feuille de route nous mènera en 2019 ? Cet article est fait pour vous, les décideurs pressés 🙂

Cet article présente de façon synthétique et ramassée ce que nous avons développé dans l’article de lancement de la campagne 2018-2019 : «Changer le monde, un octet à la fois».

Un octet à la fois, oui, parce qu’avec nos pattounes, ça prend du temps.

Passé

Depuis 14 ans, Framasoft a créé un annuaire du logiciel libre, écrit et traduit des milliers d’articles, diffusé le logiciel libre sur de nombreux supports.

Depuis 4 ans, Framasoft montre qu’il est possible de décentraliser Internet avec l’opération « Dégooglisons Internet ». Le propos n’est ni de critiquer ni de culpabiliser, mais d’informer et de mettre en avant des alternatives qui existaient déjà, mais demeuraient difficiles d’accès ou d’usage.

De façon à ne pas devenir un nouveau nœud de centralisation, l’initiative CHATONS a été lancée, proposant de relier les hébergeurs de services en ligne qui partagent nos valeurs.

Dégooglisons Internet, vu par Péhä (CC-By)

Présent

Depuis l’année dernière, avec sa feuille de route Contributopia, Framasoft a décidé d’affirmer clairement qu’il fallait aller au-delà du logiciel libre, qui n’était pas une fin en soi, mais un moyen de faire advenir un monde que nous appelons de nos vœux.

Il faut donc encourager la société de contribution et dépasser celle de la consommation, y compris en promouvant des projets qui ne soient plus seulement des alternatives aux GAFAM, mais qui soient porteurs d’une nouvelle façon de faire. Cela se fera aussi en se rapprochant de structures (y compris en dehors du mouvement traditionnel du libre) avec lesquelles nous partageons certaines valeurs, de façon à apprendre et diffuser nos savoirs.

Cette année a vu naître la version 1.0 de PeerTube, logiciel phare qui annonce une nouvelle façon de diffuser des médias vidéos, en conservant le contrôle de ses données sans se couper du monde, qu’on soit vidéaste ou spectateur.

Le monde des services de Contributopia.
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Avenir

La campagne de don actuelle est aussi l’occasion de de rappeler des éléments d’importance pour Framasoft : nous ne sommes pas une grosse multinationale, mais un petit groupe d’amis épaulé par quelques salarié·e·s, et une belle communauté de contributeurs et contributrices.

Cette petite taille et notre financement basé sur vos dons nous offrent souplesse et indépendance. Ils nous permettront de mettre en place de nouveaux projets comme MobilZon (mobilisation par le numérique), un Mooc CHATONS (tout savoir et comprendre sur pourquoi et comment devenir un chaton) ou encore Framapétitions (plateforme de pétitions n’exploitant pas les données des signataires).

Nous voulons aussi tenter d’en appeler à votre générosité sans techniques manipulatoires, en vous exposant simplement d’où nous venons et où nous allons. Nous espérons que cela vous motivera à nous faire un don.

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Pour en savoir plus




Les données que récolte Google – Ch.6

Voici déjà la traduction du sixième chapitre de Google Data Collection, l’étude élaborée par l’équipe du professeur Douglas C. Schmidt, spécialiste des systèmes logiciels, chercheur et enseignant à l’Université Vanderbilt. Si vous les avez manqués, retrouvez les chapitres précédents déjà publiés.


Il s’agit cette fois de comprendre comment Google complète les données collectées avec les données provenant des applications et des comptes connectés des utilisateurs.

Traduction Framalang : Auteurs: Khrys, Piup, Goofy, David_m, Côme, Fabrice, Serici

 

VI. Données collectées par les applications clés de Google destinées aux particuliers

67. Google a des dizaines de produits et services qui évoluent en permanence (une liste est disponible dans le tableau 4, section IX.B de l’annexe). On accède souvent à ces produits grâce à un compte Google (ou on l’y associe), ce qui permet à Google de relier directement les détails des activités de l’utilisateur de ses produits et services à un profil utilisateur. En plus des données d’usage de ses produits, Google collecte également des identificateurs et des données de localisation liés aux appareils lorsqu’on accède aux services Google. 25

68. Certaines applications de Google (p.ex. YouTube, Search, Gmail et Maps) occupent une place centrale dans les tâches de base qu’une multitude d’utilisateurs effectuent quotidiennement sur leurs appareils fixes ou mobiles. Le tableau 2 décrit la portée de ces produits clés. Cette section explique comment chacune de ces applications majeures collecte les informations des utilisateurs.

Tableau 2 : Portée mondiale des principales applications Google

Produits  Utilisateurs actifs
Search  Plus d’un milliard d’utilisateurs actifs par mois, 90.6 % de part de marché des moteurs de recherche 26
Youtube  Plus de 1,8 milliard d’utilisateurs inscrits et actifs par mois 27
Maps  Plus d’un milliard d’utilisateurs actifs par mois 28
Gmail  1,2 milliard d’utilisateurs enregistrés 29

A. Recherche

69. Google Search est le moteur de recherche sur internet le plus populaire au monde 26, avec plus de 11 milliards de requêtes par mois aux États-Unis 30. En plus de renvoyer un classement de pages web en réponse aux requêtes globales des utilisateurs, Google exploite d’autres outils basés sur la recherche, tels que Google Finance, Flights (vols), News (actualités), Scholar (recherche universitaire), Patents (brevets), Books (livres), Images, Videos et Hotels. Google utilise ses applications de recherche afin de collecter des données liées aux recherches, à l’historique de navigation ainsi qu’aux activités d’achats et de clics sur publicités. Par exemple, Google Finance collecte des informations sur le type d’actions que les utilisateurs peuvent suivre, tandis que Google Flight piste leurs réservations et recherches de voyage.

70. Dès lors que Search est utilisé, Google collecte les données de localisation par différents biais, sur ordinateur ou sur mobile, comme décrit dans les sections précédentes. Google enregistre toute l’activité de recherche d’un utilisateur ou utilisatrice et la relie à son compte Google si cette personne est connectée. L’illustration 13 montre un exemple d’informations collectées par Google sur une recherche utilisateur par mot-clé et la navigation associée.

Un exemple de collecte de données de recherche extrait de la page My Activity (Mon Activité) d'un utilisateur
Illustration 13 : Un exemple de collecte de données de recherche extrait de la page My Activity (Mon Activité) d’un utilisateur

 

71. Non seulement c’est le moteur de recherche par défaut sur Chrome et les appareils Google, mais Google Search est aussi l’option par défaut sur d’autres navigateurs internet et applications grâce à des arrangements de distribution. Ainsi, Google est récemment devenu le moteur de recherche par défaut sur le navigateur internet Mozilla Firefox 31 dans des régions clés (dont les USA et le Canada), une position occupée auparavant par Yahoo. De même, Apple est passé de Microsoft Bing à Google pour les résultats de recherche via Siri sur les appareils iOS et Mac 32. Google a des accords similaires en place avec des OEM (fabricants d’équipement informatique ou électronique) 33, ce qui lui permet d’atteindre les consommateurs mobiles.

B. YouTube

72. YouTube met à disposition des utilisateurs et utilisatrices une plateforme pour la mise en ligne et la visualisation de contenu vidéo. Il attire plus de 180 millions de personnes rien qu’aux États-Unis et a la particularité d’être le deuxième site le plus visité des États-Unis 34, juste derrière Google Search. Au sein des entreprises de streaming multimédia, YouTube possède près de 80 % de parts de marché en termes de visites mensuelles (comme décrit dans l’illustration 14). La quantité de contenu mis en ligne et visualisé sur YouTube est conséquente : 400 heures de vidéo sont mises en ligne chaque minute 35 et 1 milliard d’heures de vidéo sont visualisées quotidiennement sur la plateforme YouTube.36

Illustration 14 : Comparaison d'audiences mensuelles des principaux sites multimédia aux États-Unis

 

Illustration 14 : Comparaison d’audiences mensuelles des principaux sites multimédia aux États-Unis 37

73. Les utilisateurs peuvent accéder à YouTube sur l’ordinateur (navigateur internet), sur leurs appareils mobiles (application et/ou navigateur internet) et sur Google Home (via un abonnement payant appelé YouTube Red). Google collecte et sauvegarde l’historique de recherche, l’historique de visualisation, les listes de lecture, les abonnements et les commentaires aux vidéos. La date et l’horaire de chaque activité sont ajoutés à ces informations.

74. Si un utilisateur se connecte à son compte Google pour accéder à n’importe quelle application Google via un navigateur internet (par ex. Chrome, Firefox, Safari), Google reconnaît l’identité de l’utilisateur, même si l’accès à la vidéo est réalisé par un site hors Google (ex. : vidéos YouTube lues sur cnn.com). Cette fonctionnalité permet à Google de pister l’utilisation YouTube d’un utilisateur à travers différentes plateformes tierces. L’illustration 15 montre un exemple de données YouTube collectées.

 

Illustration 15 : Exemple de collecte de données YouTube dans My Activity (Mon Activité)
Illustration 15 : Exemple de collecte de données YouTube dans My Activity (Mon Activité)

 

75. Google propose également un produit YouTube différencié pour les enfants, appelé YouTube Kids, dans l’intention d’offrir une version « familiale » de YouTube avec des fonctionnalités de contrôle parental et de filtres vidéos. Google collecte des informations de YouTube Kids, notamment le type d’appareil, le système d’exploitation, l’identifiant unique de l’appareil, les informations de journalisation et les détails d’utilisation du service. Google utilise ensuite ces informations pour fournir des annonces publicitaires limitées, qui ne sont pas cliquables et dont le format, la durée et le site sont limités.38.

C. Maps

76. Maps est l’application phare de navigation routière de Google. Google Maps peut déterminer les trajets et la vitesse d’un utilisateur et ses lieux de fréquentation régulière (ex. : domicile, travail, restaurants et magasins). Cette information donne à Google une idée des intérêts (ex. : préférences d’alimentation et d’achats), des déplacements et du comportement de l’utilisateur.

77. Maps utilise l’adresse IP, le GPS, le signal cellulaire et les points d’accès au Wi-Fi pour calculer la localisation d’un appareil. Les deux dernières informations sont collectées par le biais de l’appareil où Maps est utilisé, puis envoyées à Google pour évaluer la localisation via son interface de localisation (Location API). Cette interface fournit de nombreux détails sur un utilisateur, dont les coordonnées géographiques, son état stationnaire ou en mouvement, sa vitesse et la détermination probabiliste de son mode de transport (ex. : en vélo, voiture, train, etc.).

78. Maps sauvegarde un historique des lieux qu’un utilisateur connecté à Maps par son compte Googe a visités. L’illustration 16. montre un exemple d’un tel historique 39. Les points rouges indiquent les coordonnées géographiques recueillies par Maps lorsque l’utilisateur se déplace ; les lignes bleues représentent les projections de Maps sur le trajet réel de l’utilisateur.

Illustration 16 : Exemple d'un historique Google Maps (« Timeline ») d'un utilisateur réel
Illustration 16 : Exemple d’un historique Google Maps (« Timeline ») d’un utilisateur réel

79. La précision des informations de localisation recueillies par les applications de navigation routière permet à Google de non seulement cibler des audiences publicitaires, mais l’aide aussi à fournir des annonces publicitaires aux utilisateurs lorsqu’ils s’approchent d’un magasin 40. Google Maps utilise de plus ces informations pour générer des données de trafic routier en temps réel.41

D. Gmail

80. Gmail sauvegarde tous les messages (envoyés et reçus), le nom de l’expéditeur, son adresse email et la date et l’heure des messages envoyés ou reçus. Puisque Gmail représente pour beaucoup un répertoire central pour la messagerie électronique, il peut déterminer leurs intérêts en scannant le contenu de leurs courriels, identifier les adresses de commerçants grâce à leurs courriels publicitaires ou les factures envoyées par message électronique, et connaître l’agenda d’un utilisateur (ex. : réservations à dîner, rendez-vous médicaux…). Étant donné que les utilisateurs utilisent leur identifiant Gmail pour des plateformes tierces (Facebook, LinkedIn…), Google peut analyser tout contenu qui leur parvient sous forme de courriel (ex. : notifications, messages).

81. Depuis son lancement en 2004 jusqu’à la fin de l’année 2017 (au moins), Google peut avoir analysé le contenu des courriels Gmail pour améliorer le ciblage publicitaire et les résultats de recherche ainsi que ses filtres de pourriel. Lors de l’été 2016, Google a franchi une nouvelle étape et a modifié sa politique de confidentialité pour s’autoriser à fusionner les données de navigation, autrefois anonymes, de sa filiale DoubleClick (qui fournit des publicités personnalisées sur internet) avec les données d’identification personnelles qu’il amasse à travers ses autres produits, dont Gmail 42. Le résultat : « les annonces publicitaires DoubleClick qui pistent les gens sur Internet peuvent maintenant leur être adaptées sur mesure, en se fondant sur les mots-clés qu’ils ont utilisés dans leur messagerie Gmail. Cela signifie également que Google peut à présent reconstruire le portrait complet d’une utilisatrice ou utilisateur par son nom, en fonction de tout ce qui est écrit dans ses courriels, sur tous les sites visités et sur toutes les recherches menées. » 43

82. Vers la fin de l’année 2017, Google a annoncé qu’il arrêterait la personnalisation des publicités basées sur les messages Gmail 44. Cependant, Google a annoncé récemment qu’il continue à analyser les messages Gmail pour certaines raisons 45.




Les données que récolte Google – Ch.5

Voici déjà la traduction du cinquième chapitre de Google Data Collection, l’étude élaborée par l’équipe du professeur Douglas C. Schmidt, spécialiste des systèmes logiciels, chercheur et enseignant à l’Université Vanderbilt. Si vous les avez manqués, retrouvez les chapitres précédents déjà publiés.
Il s’agit cette fois d’explorer la quantité de données que Google collecte lorsque l’on a désactivé tout ce qui pouvait l’être…

Traduction Framalang : Khrys, Mika, Piup, David_m, Côme, Serici, Fabrice, Bullcheat, Goofy

V. Quantité de données collectées lors d’une utilisation minimale des produits Google

58. Cette section montre les détails de la collecte de données par Google à travers ses services de publication et d’annonces. Afin de comprendre une telle collecte de données, une expérience est réalisée impliquant un utilisateur qui se sert de son téléphone dans sa vie de tous les jours mais qui évite délibérément d’utiliser les produits Google (Search, Gmail, YouTube, Maps, etc.), exception faite du navigateur Chrome.

59. Pour que l’expérience soit aussi réaliste que possible, plusieurs études sur les usages de consommateurs4647 ont été utilisées pour créer le profil d’usage journalier d’un utilisateur lambda. Ensuite, toutes les interactions directes avec les services Google ont été retirées du profil. La section IX.F dans les annexes liste les sites internet et applications utilisés pendant l’expérience.

60. L’expérience a été reproduite sur des appareils Android et iOS et les données HTTPS envoyées aux serveurs Google et Apple ont été tracées et analysées en utilisant une méthode similaire à celle expliquée dans la section précédente. Les résultats sont résumés dans la figure 12. Pendant la période de 24 h (qui inclut la période de repos nocturne), la majorité des appels depuis le téléphone Android ont été effectués vers les services Google de localisation et de publication de publicités (DoubleClick, Analytics). Google a enregistré la géolocalisation de l’utilisateur environ 450 fois, ce qui représente 1,4 fois le volume de l’expérience décrite dans la section III.C, qui se basait sur un téléphone immobile.

comparaison des requêtes Google entre iOS et Android avec téléphone en mouvement

Figure 12 : Requêtes du téléphone portable durant une journée typique d’utilisation

61. Les serveurs de Google communiquent significativement moins souvent avec un appareil iPhone qu’avec Android (45 % moins). En revanche, le nombre d’appels aux régies publicitaires de Google reste les mêmes pour les deux appareils — un résultat prévisible puisque l’utilisation de pages web et d’applications tierces était la même sur chacun des périphériques. À noter, une différence importante est que l’envoi de données de géolocalisation à Google depuis un appareil iOS est pratiquement inexistant. En absence des plateformes Android et Chrome — ou de l’usage d’un des autres produits de Google — Google perd significativement sa capacité à pister la position des utilisateurs.

62. Le nombre total d’appels aux serveurs Apple depuis un appareil iOS était bien moindre, seulement 19 % des appels aux serveurs de Google depuis l’appareil Android. De plus, il n’y a pas d’appels aux serveurs d’Apple liés à la publicité, ce qui pourrait provenir du fait que le modèle économique d’Apple ne dépend pas autant de la publicité que celui de Google. Même si Apple obtient bien certaines données de localisation des utilisateurs d’appareil iOS, le volume de données collectées est bien moindre (16 fois moins) que celui collecté par Google depuis Android.

63. Au total, les téléphones Android ont communiqué 11.6 Mo de données par jour (environ 350 Mo par mois) avec les serveurs de Google. En comparaison, l’iPhone n’a envoyé que la moitié de ce volume. La quantité de données spécifiques aux régies publicitaires de Google est restée pratiquement identique sur les deux appareils.

64. L’appareil iPhone a communiqué bien moins de données aux serveurs Apple que l’appareil Android n’a échangé avec les serveurs Google.

65. De manière générale, même en l’absence d’interaction utilisateur avec les applications Google les plus populaires, un utilisateur de téléphone Android muni du navigateur Chrome a tout de même tendance à envoyer une quantité non négligeable de données à Google, dont la majorité est liée à la localisation et aux appels aux serveurs de publicité. Bien que, dans le cadre limité de cette expérience, un utilisateur d’iPhone soit protégé de la collecte des données de localisation par Google, Google recueille tout de même une quantité comparable de données liées à la publicité.

66. La section suivante décrit les données collectées par les applications les plus populaires de Google, telles que Gmail, Youtube, Maps et la recherche.




MobiliZon : reprendre le pouvoir sur ce qui nous rassemble

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Penser hors des sentiers battus par les actionnaires

Pauvre MeetUp ! Pauvre Facebook avec ses événements et ses groupes ! Vous imaginez combien c’est dur, d’être une des plus grandes capitalisations boursières au monde ? Non mais c’est que les actionnaires ils sont jamais contents, alors il faut les arracher avec les dents, ces dividendes !

Nos pauvres petits géants du Web sont o-bli-gés de coder des outils qui ne vous donnent que très peu de contrôle sur vos communautés (familiales, professionnelles, militantes, etc.). Parce qu’au fond, les centres d’intérêt que vous partagez avec d’autres, c’est leur fonds de commerce ! Nos pauvres vendeurs de temps de cerveau disponible sont trop-for-cés de vous enfermer dans leurs plateformes où tout ce que vous ferez sera retenu envers et contre vous. Parce qu’un profil publicitaire complet, ça se vend plus cher, et ça, ça compte, dans leurs actions…

Cliquez sur l’image pour aller voir la conférence « Comment internet a facilité l’organisation des révolutions sociales mais en a compromis la victoire » de Zeynep Tufekci sur TED Talk

Et nous, internautes prétentieuses, on voudrait qu’ils nous fassent en plus un outil complet, éthique et pratique pour nous rassembler…? Mais on leur en demande trop, à ces milliardaires du marketing digital !

Comme on est choubidou chez Framasoft, on s’est dit qu’on allait leur enlever une épine du pied. Oui, il faut un outil pour organiser ces moments où on se regroupe, que ce soit pour le plaisir ou pour changer le monde. Alors on accepte le défi et on se relève les manches.

On ne changera pas le monde depuis Facebook

Lors du lancement de la feuille de route Contributopia, nous avions annoncé une alternative à Meetup, nom de code Framameet. Au départ, nous imaginions vraiment un outil qui puisse servir à se rassembler autour de l’anniversaire du petit dernier, de l’AG de son asso ou de la compète de son club d’Aïkido… Un outil singeant les groupes et événements Facebook, mais la version libre, qui respecte nos sphères d’intimité.

Puis, nous avons vu comment les « Marches pour le climat » se sont organisées sur Facebook, et comment cet outil a limité les personnes qui voulaient s’organiser pour participer à ces manifestations. Cliquera-t-on vraiment sur «ça m’intéresse» si on sait que nos collègues, nos ami·e·s d’enfance et notre famille éloignée peuvent voir et critiquer notre démarche ? Quelle capacité pour les orgas d’envoyer une info aux participant·e·s quand tout le monde est enfermé dans des murs Facebook où c’est l’Algorithme qui décide de ce que vous verrez, de ce que vous ne verrez pas ?

L’outil dont nous rêvons, les entreprises du capitalisme de surveillance sont incapables de le produire, car elles ne sauraient pas en tirer profit. C’est l’occasion de faire mieux qu’elles, en faisant autrement.

Nous avons été contacté·e·s par des personnes des manifestations #OnVautMieuxQueÇa et contre la loi travail, des Nuits Debout, des Marches pour le climat, et des Gilets Jaunes… Et nous travaillons régulièrement avec les Alternatiba, l’association Résistance à l’Agression Publicitaire, le mouvement Colibris ou les CEMÉA (entre autres) : la plupart de ces personnes peinent à trouver des outils permettant de structurer leurs actions de mobilisation, sans perdre le contrôle de leur communauté, du lien qui est créé.

Groupe gilets jaunes sur Facebook : «Quelle que soit l'issue du mouvement, la base de donnée "opinion" qui restera aux mains de Facebook est une bombe démocratique à retardement ... Et nous n'avons à ce jour absolument aucune garantie qu'elle ne soit pas vendue à la découpe au(x) plus offrant(s). »
Cliquez sur cette image pour lire « Après avoir liké, les Gilets Jaunes iront-ils voter ? » d’Olivier Ertzschied.

Or « qui peut le plus peut le moins » : si on conçoit un outil qui peut aider un mouvement citoyen à s’organiser, à s’émanciper… cet outil peut servir, en plus, pour gérer l’anniversaire surprise de Tonton Roger !

Ce que MeetUp nous refuse, MobiliZon l’intègrera

Concevoir le logiciel MobiliZon (car ce sera son nom), c’est reprendre le pouvoir qui a été capté par les plateformes centralisatrices des géants du Web. Prendre le pouvoir aux GAFAM pour le remettre entre les mains de… de nous, des gens, des humains, quoi. Nous allons nous inspirer de l’aventure PeerTube, et penser un logiciel réellement émancipateur :

  • Ce sera un logiciel Libre : la direction que Framasoft lui donne ne vous convient pas ? Vous aurez le pouvoir de l’emmener sur une autre voie.
  • Comme Mastodon ou PeerTube, ce sera une plateforme fédérée (via ActivityPub). Vous aurez le pouvoir de choisir qui héberge vos données sans vous isoler du reste de la fédération, du « fediverse ».
  • L’effet « double rainbow » de la fédération, c’est qu’avec MobiliZon vous donnerez à vos événements le pouvoir d’interagir avec les pouets de Mastodon, les vidéos PeerTube, les musiques de FunkWhale
  • Vous voulez cloisonner vos rassemblements familiaux de vos activités associatives ou de vos mobilisations militantes ? Vous aurez le pouvoir de créer plusieurs identités depuis le même compte, comme autant de masques sociaux.
  • Vous voulez créer des événements réellement publics ? Vous donnerez le pouvoir de cliquer sur « je participe » sans avoir à se créer de compte.
  • Il faut lier votre événement à des outils externes, par exemple (au hasard) à un Framapad ? Vous aurez le pouvoir d’intégrer des outils externes à votre communauté MobiliZon.

dessin de MobiliZon par Devid Revoy
MobiliZon, illustré par David Revoy – Licence : CC-By 4.0

La route est longue, mais MobiliZon-nous pour que la voie soit libre !

Nous avons travaillé en amont pour poser des bases au projet, que nous vous présentons aujourd’hui sur JoinMobilizon.org. Au delà des briques logicielles et techniques, nous avons envie de penser à l’expérience utilisateur de l’application que les gens auront en main au final. Et qui, en plus, se doit d’être accessible et compréhensible par des néophytes.

Nous souhaitons éprouver ainsi une nouvelle façon de faire, en contribuant avec des personnes dont c’est le métier (designeurs et designeuses, on parlera très vite de Marie-Cécile et de Geoffrey !) pour œuvrer ensemble au service de causes qui veulent du bien à la société.

Le développement se fera par étapes et itérations, comme cela avait été le cas pour PeerTube, de façon à livrer rapidement (fin 2019) une version fonctionnelle qui soit aussi proche que possible des aspirations de celles et ceux qui ont besoin d’un tel outil pour se mobiliser.

Voilà notre déclaration d’intention. La question est : allez-vous nous soutenir ?

Car pour avancer vers la concrétisation de MobiliZon, et prolonger l’ensemble de nos projets, il n’y a pas de secrets : nous avons besoin de dons. Des dons qui, on le rappelle, restent déductibles des impôts (pour les contribuables français·es).

Pour notre campagne de dons de cette année, nous avons fait le choix de ne pas utiliser des outils invasifs qui jouent à vous motiver (genre la barre de dons qu’on a envie de voir se remplir). On a voulu rester sobre, et du coup c’est pas super la fête : on risque d’avoir du mal à ajouter MobiliZon dans notre budget 2019…

Alors si MobiliZon vous fait rêver autant que nous, et si vous le pouvez, pensez à soutenir Framasoft.

Faire un don pour soutenir les actions de Framasoft

 




Les données que récolte Google – Ch.4

Voici déjà la traduction du quatrième chapitre de Google Data Collection, l’étude élaborée par l’équipe du professeur Douglas C. Schmidt, spécialiste des systèmes logiciels, chercheur et enseignant à l’Université Vanderbilt. Si vous les avez manqués, retrouvez les chapitres précédents déjà publiés.
Il s’agit cette fois d’explorer les stratégies des régies publicitaires qui opèrent en arrière-plan : des opérations fort discrètes mais terriblement efficaces…

Traduction Framalang : Côme, goofy, Khrys,Obny, Penguin, Piup, serici.

IV. Collecte de données par les outils des annonceurs et des diffuseurs

29. Une source majeure de collecte des données d’activité des utilisateurs provient des outils destinés au annonceurs et aux éditeurs tels que Google Analytics, DoubleClick, AdSense, AdWords et AdMob. Ces outils ont une portée énorme ; par exemple, plus d’un million d’applications mobiles utilisent AdMob48, plus d’un million d’annonceurs utilisent AdWords49, plus de 15 millions de sites internet utilisent AdSense50 et plus de 30 millions de sites utilisent Google Analytics51.

30. Au moment de la rédaction du présent rapport, Google a rebaptisé AdWords « Google Ads » et DoubleClick « Google Ad Manager« , mais aucune modification n’a été apportée aux fonctionnalités principales des produits, y compris la collecte d’informations par ces produits52. Par conséquent, pour les besoins du présent rapport, les premiers noms ont été conservés afin d’éviter toute confusion avec des noms de domaine connexes (tels que doubleclick.net).

31. Voici deux principaux groupes d’utilisateurs des outils de Google axés sur l’édition — et les annonces publicitaires :

  • Les éditeurs de sites web et d’applications, qui sont des organisations qui possèdent des sites web et créent des applications mobiles. Ces entités utilisent les outils de Google pour (1) gagner de l’argent en permettant l’affichage d’annonces aux visiteurs sur leurs sites web ou applications, et (2) mieux suivre et comprendre qui visite leurs sites et utilise leurs applications. Les outils de Google placent des cookies et exécutent des scripts dans les navigateurs des visiteurs du site web pour aider à déterminer l’identité d’un utilisateur et suivre son intérêt pour le contenu et son comportement en ligne. Les bibliothèques d’applications mobiles de Google suivent l’utilisation des applications sur les téléphones mobiles.
  • Les annonceurs, qui sont des organisations qui paient pour que des bannières, des vidéos ou d’autres publicités soient diffusées aux utilisateurs lorsqu’ils naviguent sur Internet ou utilisent des applications. Ces entités utilisent les outils de Google pour cibler des profils spécifiques de personnes pour que les publicités augmentent le retour sur leurs investissements marketing (les publicités mieux ciblées génèrent généralement des taux de clics et de conversion plus élevés). De tels outils permettent également aux annonceurs d’analyser leurs audiences et de mesurer l’efficacité de leur publicité numérique en regardant sur quelles annonces les utilisateurs cliquent et à quelle fréquence, et en donnant un aperçu du profil des personnes qui ont cliqué sur les annonces.

32. Ensemble, ces outils recueillent des informations sur les activités des utilisateurs sur les sites web et dans les applications, comme le contenu visité et les annonces cliquées. Ils travaillent en arrière-plan — en général imperceptibles par des utilisateurs. La figure 7 montre certains de ces outils clés, avec des flèches indiquant les données recueillies auprès des utilisateurs et les publicités qui leur sont diffusées.

Figure 7 : Produits Google destinés aux éditeurs et annonceurs53

33. Les informations recueillies par ces outils comprennent un identifiant non personnel que Google peut utiliser pour envoyer des publicités ciblées sans identifier les informations personnelles de la personne concernée. Ces identificateurs peuvent être spécifiques à l’appareil ou à la session, ainsi que permanents ou semi-permanents. Le tableau 1 liste un ensemble de ces identificateurs. Afin d’offrir aux utilisateurs un plus grand anonymat lors de la collecte d’informations pour le ciblage publicitaire, Google s’est récemment tourné vers l’utilisation d’identifiants uniques semi-permanents (par exemple, les GAID)54. Des sections ultérieures décrivent en détail la façon dont ces outils recueillent les données des utilisateurs et l’utilisation de ces identificateurs au cours du processus de collecte des données.

Tableau 1: Identificateurs transmis à Google

Identificateur Type Description
GAID/IDFA Semi-permanent Chaine de caractères alphanumériques pour appareils Android et iOS, pour permettre les publicités ciblées sur mobile. Réinitialisable par l’utilisateur.
ID client Semi-permanent ID créé la première fois qu’un cookie est stocké sur le navigateur. Utilisé pour relier les sessions de navigations. Réinitialisé lorsque les cookies du navigateur sont effacés.
Adresse IP Semi-permanent Une unique suite de nombre qui identifie le réseau par lequel un appareil accède à internet.
ID appareil Android Semi-permanent Nombre généré aléatoirement au premier démarrage d’un appareil. Utilisé pour identifier l’appareil. En retrait progressif pour la publicité. Réinitialisé lors d’une remise à zéro de l’appareil.
Google Services Framework (GSF) Semi-permanent Nombre assigné aléatoirement lorsqu’un utilisateur s’enregistre pour la première fois dans les services Google sur un appareil. Utilisé pour identifier un appareil unique. Réinitialisé lors d’une remise à zéro de l’appareil.
IEMI / MEID Permanent Identificateur utilisé dans les standards de communication mobile. Unique pour chaque téléphone portable.
Adresse MAC Permanent Identificateur unique de 12 caractères pour un élément matériel (ex. : routeur).
Numéro de série Permanent Chaine de caractères alphanumériques utilisée pour identifier un appareil.

A. Google Analytics et DoubleClick

34. DoubleClick et Google Analytics (GA) sont les produits phares de Google en matière de suivi du comportement des utilisateurs et d’analyse du trafic des pages Web sur les périphériques de bureau et mobiles. GA est utilisé par environ 75 % des 100 000 sites Web les plus visités55. Les cookies DoubleClick sont associés à plus de 1,6 million de sites Web56.

35. GA utilise de petits segments de code de traçage (appelés « balises de page ») intégrés dans le code HTML d’un site Web57. Après le chargement d’une page Web à la demande d’un utilisateur, le code GA appelle un fichier analytics.js qui se trouve sur les serveurs de Google. Ce programme transfère un instantané « par défaut » des données de l’utilisateur à ce moment, qui comprend l’adresse de la page web visitée, le titre de la page, les informations du navigateur, l’emplacement actuel (déduit de l’adresse IP), et les paramètres de langue de l’utilisateur. Les scripts de GA utilisent des cookies pour suivre le comportement des utilisateurs.

36. Le script de GA, la première fois qu’il est exécuté, génère et stocke un cookie spécifique au navigateur sur l’ordinateur de l’utilisateur. Ce cookie a un identificateur de client unique (voir le tableau 1 pour plus de détails)58 Google utilise l’identificateur unique pour lier les cookies précédemment stockés, qui capturent l’activité d’un utilisateur sur un domaine particulier tant que le cookie n’expire pas ou que l’utilisateur n’efface pas les cookies mis en cache dans son navigateur58

37. Alors qu’un cookie GA est spécifique au domaine particulier du site Web que l’utilisateur visite (appelé « cookie de première partie »), un cookie DoubleClick est généralement associé à un domaine tiers commun (tel que doubleclick.net). Google utilise de tels cookies pour suivre l’interaction de l’utilisateur sur plusieurs sites web tiers59 Lorsqu’un utilisateur interagit avec une publicité sur un site web, les outils de suivi de conversion de DoubleClick (par exemple, Floodlight) placent des cookies sur l’ordinateur de l’utilisateur et génèrent un identifiant client unique60 Par la suite, si l’utilisateur visite le site web annoncé, le serveur DoubleClick accède aux informations stockées dans le cookie, enregistrant ainsi la visite comme une conversion valide.

B. AdSense, AdWords et AdMob

38. AdSense et AdWords sont des outils de Google qui diffusent des annonces sur les sites Web et dans les résultats de recherche Google, respectivement. Plus de 15 millions de sites Web ont installé AdSense pour afficher des annonces sponsorisées50 De même, plus de 2 millions de sites web et applications, qui constituent le réseau Google Display Network (GDN) et touchent plus de 90 % des internautes61 affichent des annonces AdWords.

39. AdSense collecte des informations indiquant si une annonce a été affichée ou non sur la page web de l’éditeur. Il recueille également la façon dont l’utilisateur a interagi avec l’annonce, par exemple en cliquant sur l’annonce ou en suivant le mouvement du curseur sur l’annonce62. AdWords permet aux annonceurs de diffuser des annonces de recherche sur Google Search, d’afficher des annonces sur les pages des éditeurs et de superposer des annonces sur des vidéos YouTube. Pour suivre les taux de clics et de conversion des utilisateurs, les publicités AdWords placent un cookie sur les navigateurs des utilisateurs pour identifier l’utilisateur s’il visite par la suite le site web de l’annonceur ou s’il effectue un achat63.

40. Bien qu’AdSense et AdWords recueillent également des données sur les appareils mobiles, leur capacité d’obtenir des renseignements sur les utilisateurs des appareils mobiles est limitée puisque les applications mobiles ne partagent pas de cookies entre elles, une technique d’isolement appelée « bac à sable »64 qui rend difficile pour les annonceurs de suivre le comportement des utilisateurs entre différentes applications mobiles.

41 Pour résoudre ce problème, Google et d’autres entreprises utilisent des « bibliothèques d’annonces » mobiles (comme AdMob) qui sont intégrées dans les applications par leurs développeurs pour diffuser des annonces dans les applications mobiles. Ces bibliothèques compilent et s’exécutent avec les applications et envoient à Google des données spécifiques à l’application à laquelle elles sont intégrées, y compris les emplacements GPS, la marque de l’appareil et le modèle de l’appareil lorsque les applications ont les autorisations appropriées. Comme on peut le voir dans les analyses de trafic de données (Figure 8), et comme on peut trouver confirmation sur les propres pages web des développeurs de Google65, de telles bibliothèques peuvent également envoyer des données personnelles de l’utilisateur, telles que l’âge et le genre, tout cela va vers Google à chaque fois que les développeurs d’applications envoient explicitement leurs valeurs numériques vers la bibliothèque.

Figure 8 : Aperçu des informations renvoyées à Google lorsqu’une application est lancée

C. Association de données recueillies passivement et d’informations à caractère personnel

42. Comme nous l’avons vu plus haut, Google recueille des données par l’intermédiaire de produits pour éditeurs et annonceurs, et associe ces données à une variété d’identificateurs semi-permanents et anonymes. Google a toutefois la possibilité d’associer ces identifiants aux informations personnelles d’un utilisateur. C’est ce qu’insinuent les déclarations faites dans la politique de confidentialité de Google, dont des extraits sont présentés à la figure 9. La zone de texte à gauche indique clairement que Google peut associer des données provenant de services publicitaires et d’outils d’analyse aux informations personnelles d’un utilisateur, en fonction des paramètres du compte de l’utilisateur. Cette disposition est activée par défaut, comme indiqué dans la zone de texte à droite.

Figure 9 : Page de confidentialité de Google pour la collecte de sites web tiers et l’association avec des informations personnelles6667.

43. De plus, une analyse du trafic de données échangé avec les serveurs de Google (résumée ci-dessous) a permis d’identifier deux exemples clés (l’un sur Android et l’autre sur Chrome) qui montrent la capacité de Google à corréler les données recueillies de façon anonyme avec les renseignements personnels des utilisateurs.

1) L’identificateur de publicité mobile peut être désanonymé grâce aux données envoyées à Google par Android.

44. Les analyses du trafic de données communiqué entre un téléphone Android et les domaines de serveur Google suggèrent un moyen possible par lequel des identifiants anonymes (GAID dans ce cas) peuvent être associés au compte Google d’un utilisateur. La figure 10 décrit ce processus en une série de trois étapes clés.

45. Dans l’étape 1, une donnée de check-in est envoyée à l’URL android.clients.google.com/checkin. Cette communication particulière fournit une synchronisation de données Android aux serveurs Google et contient des informations du journal Android (par exemple, du journal de récupération), des messages du noyau, des crash dumps, et d’autres identifiants liés au périphérique. Un instantané d’une demande d’enregistrement partiellement décodée envoyée au serveur de Google à partir d’Android est montré en figure 10.

Figure 10 : Les identifiants d’appareil sont envoyés avec les informations de compte dans les requêtes de vérification Android.

46. Comme l’indiquent les zones pointées, Android envoie à Google, au cours du processus d’enregistrement, une variété d’identifiants permanents importants liés à l’appareil, y compris l’adresse MAC de l’appareil, l’IMEI /MEID et le numéro de série du dispositif. En outre, ces demandes contiennent également l’identifiant Gmail de l’utilisateur Android, ce qui permet à Google de relier les informations personnelles d’un utilisateur aux identifiants permanents des appareils Android.

47. À l’étape 2, le serveur de Google répond à la demande d’enregistrement. Ce message contient un identifiant de cadre de services Google (GSF ID)68 qui est similaire à l’« Android ID »69 (voir le tableau 1 pour les descriptions).

48. L’étape 3 implique un autre cas de communication où le même identifiant GSF (de l’étape 2) est envoyé à Google en même temps que le GAID. La figure 10 montre l’une de ces transmissions de données à android.clients.google.com/fdfe/bulkDetails?au=1.

49. Grâce aux trois échanges de données susmentionnés, Google reçoit les informations nécessaires pour connecter un GAID avec des identifiants d’appareil permanents ainsi que les identifiants de compte Google des utilisateurs.

50. Ces échanges de données interceptés avec les serveurs de Google à partir d’un téléphone Android montrent comment Google peut connecter les informations anonymisées collectées sur un appareil mobile Android via les outils DoubleClick, Analytics ou AdMob avec l’identité personnelle de l’utilisateur. Au cours de la collecte de données sur 24 heures à partir d’un téléphone Android sans mouvement ni activité, deux cas de communications d’enregistrement avec des serveurs Google ont été observés. Une analyse supplémentaire est toutefois nécessaire pour déterminer si un tel échange d’informations a lieu avec une certaine périodicité ou s’il est déclenché par des activités spécifiques sur les téléphones.

2) L’ID du cookie DoubleClick est relié aux informations personnelles de l’utilisateur sur le compte Google.

51. La section précédente expliquait comment Google peut désanonymiser l’identité de l’utilisateur via les données passives et anonymisées qu’il collecte à partir d’un appareil mobile Android. Cette section montre comment une telle désanonymisation peut également se produire sur un ordinateur de bureau/ordinateur portable.

52. Les données anonymisées sur les ordinateurs de bureau et portables sont collectées par l’intermédiaire d’identifiants basés sur des cookies (par ex. Cookie ID), qui sont typiquement générés par les produits de publicité et d’édition de Google (par ex. DoubleClick) et stockés sur le disque dur local de l’utilisateur. L’expérience présentée ci-dessous a permis d’évaluer si Google peut établir un lien entre ces identificateurs (et donc les renseignements qui y sont associés) et les informations personnelles d’un utilisateur.
Cette expérience comportait les étapes ordonnées suivantes :

  1. Ouverture d’une nouvelle session de navigation (Chrome ou autre) (pas de cookies enregistrés, par exemple navigation privée ou incognito) ;
  2. Visite d’un site Web tiers qui utilisait le réseau publicitaire DoubleClick de Google ;
  3. Visite du site Web d’un service Google largement utilisé (Gmail dans ce cas) ;
  4. Connexion à Gmail.

53. Au terme des étapes 1 et 2, dans le cadre du processus de chargement des pages, le serveur DoubleClick a reçu une demande lorsque l’utilisateur a visité pour la première fois le site Web tiers. Cette demande faisait partie d’une série de reqêtes comprenant le processus d’initialisation DoubleClick lancé par le site Web de l’éditeur, qui a conduit le navigateur Chrome à installer un cookie pour le domaine DoubleClick. Ce cookie est resté sur l’ordinateur de l’utilisateur jusqu’à son expiration ou jusqu’à ce que l’utilisateur efface manuellement les cookies via les paramètres du navigateur.

54. Ensuite, à l’étape 3, lorsque l’utilisateur visite Gmail, il est invité à se connecter avec ses identifiants Google. Google gère l’identité à l’aide d’une architecture single sign on (SSO) [NdT : authentification unique], dans laquelle les identifiants sont fournis à un service de compte (ici accounts.google.com) en échange d’un « jeton d’authentification », qui peut ensuite être présenté à d’autres services Google pour identifier les utilisateurs. À l’étape 4, lorsqu’un utilisateur accède à son compte Gmail, il se connecte effectivement à son compte Google, qui fournit alors à Gmail un jeton d’autorisation pour vérifier l’identité de l’utilisateur.70 Ce processus est décrit à la figure 24 de la section IX.E de l’annexe.

55. Dans la dernière étape de ce processus de connexion, une requête est envoyée au domaine DoubleClick. Cette requête contient à la fois le jeton d’authentification fourni par Google et le cookie de suivi défini lorsque l’utilisateur a visité le site web tiers à l’étape 2 (cette communication est indiquée à la figure 11). Cela permet à Google de relier les informations d’identification Google de l’utilisateur à un cookie DoubleClick. Par conséquent, si les utilisateurs n’effacent pas régulièrement les cookies de leur navigateur, leurs informations de navigation sur les pages Web de tiers qui utilisent les services DoubleClick pourraient être associées à leurs informations personnelles sur Google Account.

Figure 11 : La requête à DoubleClick.net inclut le jeton d’authentification Google et les cookies passés.

56. Il est donc établi à présent que Google recueille une grande variété de données sur les utilisateurs par l’intermédiaire de ses outils d’éditeur et d’annonceur, sans que l’utilisateur en ait une connaissance directe. Bien que ces données soient collectées à l’aide d’identifiants anonymes, Google a la possibilité de relier ces informations collectées aux identifiants personnels de l’utilisateur stockés sur son compte Google.

57. Il convient de souligner que la collecte passive de données d’utilisateurs de Google à partir de pages web tierces ne peut être empêchée à l’aide d’outils populaires de blocage de publicité71, car ces outils sont conçus principalement pour empêcher la présence de publicités pendant que les utilisateurs naviguent sur des pages web tierces72. La section suivante examine de plus près l’ampleur de cette collecte de données.




Ce que peut faire votre Fournisseur d’Accès à l’Internet

Nous sommes ravis et honorés d’accueillir Stéphane Bortzmeyer qui allie une compétence de haut niveau sur des questions assez techniques et une intéressante capacité à rendre assez claires des choses complexes. Nous le remercions de nous expliquer dans cet article quelles pratiques douteuses tentent certains fournisseurs d’accès à l’Internet, quelles menaces cela représente pour la confidentialité comme pour la neutralité du Net, et pourquoi la parade du chiffrement fait l’objet d’attaques répétées de leur part.

L’actualité de M. Bortzmeyer est son ouvrage à paraître intitulé Cyberstructure, L’Internet : un espace politique. Vous pouvez en  lire un extrait et le commander en souscription jusqu’au 10 décembre, où vous pourrez rencontrer l’auteur à la librairie À Livr’ouvert.


Introduction

Photo par Ophelia Noor, CC BY-SA 2.0,

Pour vous connecter à l’Internet, vous avez besoin d’un FAI (Fournisseur d’Accès à l’Internet), une entreprise ou une association dont le métier est de relier des individus ou des organisations aux autres FAI. En effet, l’Internet est une coalition de réseaux, chaque FAI a le sien, et ce qui constitue l’Internet global, c’est la connexion de tous ces FAI entre eux. À part devenir soi-même FAI, la seule façon de se connecter à l’Internet est donc de passer par un de ces FAI. La question de la confiance est donc cruciale : qu’est-ce que mon FAI fait sans me le dire ?

Outre son travail visible (vous permettre de regarder Wikipédia, et des vidéos avec des chats mignons), le FAI peut se livrer à des pratiques plus contestables, que cet article va essayer d’expliquer. L’article est prévu pour un vaste public et va donc simplifier une réalité parfois assez compliquée.

Notons déjà tout de suite que je ne prétends pas que tous les FAI mettent en œuvre les mauvaises pratiques décrites ici. Il y a heureusement des FAI honnêtes. Mais toutes ces pratiques sont réellement utilisées aujourd’hui, au moins par certains FAI.

La langue française a un seul verbe, « pouvoir », pour désigner à la fois une possibilité technique (« ma voiture peut atteindre 140 km/h ») et un droit (« sur une route ordinaire, je peux aller jusqu’à 80 km/h »). Cette confusion des deux possibilités est très fréquente dans les discussions au sujet de l’Internet. Ici, je parlerais surtout des possibilités techniques. Les règles juridiques et morales encadrant les pratiques décrites ici varient selon les pays et sont parfois complexes (et je ne suis ni juriste ni moraliste) donc elles seront peu citées dans cet article.

Au sujet du numérique

Pour résumer les possibilités du FAI (Fournisseur d’Accès à l’Internet), il faut se rappeler de quelques propriétés essentielles du monde numérique :

  • Modifier des données numériques ne laisse aucune trace. Contrairement à un message physique, dont l’altération, même faite avec soin, laisse toujours une trace, les messages envoyés sur l’Internet peuvent être changés sans que ce changement ne se voit.
  • Copier des données numériques, par exemple à des fins de surveillance des communications, ne change pas ces données, et est indécelable. Elle est très lointaine, l’époque où (en tout cas dans les films policiers), on détectait une écoute à un « clic » entendu dans la communication ! Les promesses du genre « nous n’enregistrons pas vos données » sont donc impossibles à vérifier.
  • Modifier les données ou bien les copier est très bon marché, avec les matériels et logiciels modernes. Le FAI qui voudrait le faire n’a même pas besoin de compétences pointues : les fournisseurs de matériel et de logiciel pour FAI ont travaillé pour lui et leur catalogue est rempli de solutions permettant modification et écoute des données, solutions qui ne sont jamais accompagnées d’avertissements légaux ou éthiques.

copie d’écran page symantec
Une publicité pour un logiciel d’interception des communications, même chiffrées. Aucun avertissement légal ou éthique dans la page.

Modifier le trafic réseau

Commençons avec la possibilité technique de modification des données numériques. On a vu qu’elle était non seulement faisable, mais en outre facile. Citons quelques exemples où l’internaute ne recevait pas les données qui avaient été réellement envoyées, mais une version modifiée :

  • de 2011 à 2013 (et peut-être davantage), en France, le FAI SFR modifiait les images envoyées via son réseau, pour en diminuer la taille. Une image perdait donc ainsi en qualité. Si la motivation (diminuer le débit) était compréhensible, le fait que les utilisateurs n’étaient pas informés indique bien que SFR était conscient du caractère répréhensible de cette pratique.
  • en 2018 (et peut-être avant), Orange Tunisie modifiait les pages Web pour y insérer des publicités. La modification avait un intérêt financier évident pour le FAI, et aucun intérêt pour l’utilisateur. On lit parfois que la publicité sur les pages Web est une conséquence inévitable de la gratuité de l’accès à cette page mais, ici, bien qu’il soit client payant, l’utilisateur voit des publicités qui ne rapportent qu’au FAI. Comme d’habitude, l’utilisateur n’avait pas été notifié, et le responsable du compte Twitter d’Orange, sans aller jusqu’à nier la modification (qui est interdite par la loi tunisienne), la présentait comme un simple problème technique.
  • en 2015 (et peut-être avant), Verizon Afrique du Sud modifiait les échanges effectués entre le téléphone et un site Web pour ajouter aux demandes du téléphone des informations comme l’IMEI (un identificateur unique du téléphone) ou bien le numéro de téléphone de l’utilisateur. Cela donnait aux gérants des sites Web des informations que l’utilisateur n’aurait pas donné volontairement. On peut supposer que le FAI se faisait payer par ces gérants de sites en échange de ce service.

Il s’agit uniquement des cas connus, c’est-à-dire de ceux où des experts ont décortiqué ce qui se passait et l’ont documenté. Il y a certainement de nombreux autres cas qui passent inaperçus. Ce n’est pas par hasard si la majorité de ces manipulations se déroulent dans les pays du Sud, où il y a moins d’experts disponibles pour l’analyse, et où l’absence de démocratie politique n’encourage pas les citoyens à  regarder de près ce qui se passe. Il n’est pas étonnant que ces modifications du trafic qui passe dans le réseau soient la règle en Chine. Ces changements du trafic en cours de route sont plus fréquents sur les réseaux de mobiles (téléphone mobile) car c’est depuis longtemps un monde plus fermé et davantage contrôlé, où les FAI ont pris de mauvaises habitudes.

Quelles sont les motivations des FAI pour ces modifications ? Elles sont variées, souvent commerciales (insertion de publicités) mais peuvent être également légales (obligation de censure passant techniquement par une modification des données).

Mais ces modifications sont une violation directe du principe de neutralité de l’intermédiaire (le FAI). La « neutralité de l’Internet » est parfois présentée à tort comme une affaire financière (répartition des bénéfices entre différents acteurs de l’Internet) alors qu’elle est avant tout une protection des utilisateurs : imaginez si la Poste modifiait le contenu de vos lettres avant de les distribuer !

Les FAI qui osent faire cela le savent très bien et, dans tous les cas cités, aucune information des utilisateurs n’avait été faite. Évidemment, « nous changerons vos données au passage, pour améliorer nos bénéfices » est plus difficile à vendre aux clients que « super génial haut débit, vos vidéos et vos jeux plus rapides ! » Parfois, même une fois les interférences avec le trafic analysées et publiées, elles sont niées, mais la plupart du temps, le FAI arrête ces pratiques temporairement, sans explications ni excuses.

Surveiller le trafic réseau

De même que le numérique permet de modifier les données en cours de route, il rend possible leur écoute, à des fins de surveillance, politique ou commerciale. Récolter des quantités massives de données, et les analyser, est désormais relativement simple. Ne croyez pas que vos données à vous sont perdues dans la masse : extraire l’aiguille de la botte de foin est justement ce que les ordinateurs savent faire le mieux.

Grâce au courage du lanceur d’alerte Edward Snowden, la surveillance exercée par les États, en exploitant ces possibilités du numérique, est bien connue. Mais il n’y a pas que les États. Les grands intermédiaires que beaucoup de gens utilisent comme médiateurs de leurs communications (tels que Google ou Facebook) surveillent également massivement leurs utilisateurs, en profitant de leur position d’intermédiaire. Le FAI est également un intermédiaire, mais d’un type différent. Il a davantage de mal à analyser l’information reçue, car elle n’est pas structurée pour lui. Mais par contre, il voit passer tout le trafic réseau, alors que même le plus gros des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) n’en voit qu’une partie.

L’existence de cette surveillance par les FAI ne fait aucun doute, mais est beaucoup plus difficile à prouver que la modification des données. Comme pour la modification des données, c’est parfois une obligation légale, où l’État demande aux FAI leur assistance dans la surveillance. Et c’est parfois une décision d’un FAI.

Les données ainsi récoltées sont parfois agrégées (regroupées en catégories assez vastes pour que l’utilisateur individuel puisse espérer qu’on ne trouve pas trace de ses activités), par exemple quand elles sont utilisées à des fins statistiques. Elles sont dans ce cas moins dangereuses que des données individuelles. Mais attention : le diable est dans les détails. Il faut être sûr que l’agrégation a bien noyé les détails individuels. Quand un intermédiaire de communication proclame bien fort que les données sont « anonymisées », méfiez-vous. Le terme est utilisé à tort et à travers, et désigne souvent des simples remplacements d’un identificateur personnel par un autre, tout aussi personnel.

La solution du chiffrement

Ces pratiques de modification ou de surveillance des données sont parfois légales et parfois pas. Même quand elles sont illégales, on a vu qu’elles étaient néanmoins pratiquées, et jamais réprimées par la justice. Il est donc nécessaire de ne pas compter uniquement sur les protections juridiques mais également de déployer des protections techniques contre la modification et l’écoute. Deux catégories importantes de protections existent : minimiser les données envoyées, et les chiffrer. La minimisation consiste à envoyer moins de données, et elle fait partie des protections imposées par le RGPD (Règlement [européen] Général sur la Protection des Données). Combinée au chiffrement, elle protège contre la surveillance. Le chiffrement, lui, est la seule protection contre la modification des données.

Mais c’est quoi, le chiffrement ? Le terme désigne un ensemble de techniques, issues de la mathématique, et qui permet d’empêcher la lecture ou la modification d’un message. Plus exactement, la lecture est toujours possible, mais elle ne permet plus de comprendre le message, transformé en une série de caractères incompréhensibles si on ne connait pas la clé de déchiffrement. Et la modification reste possible mais elle est détectable : au déchiffrement, on voit que les données ont été modifiées. On ne pourra pas les lire mais, au moins, on ne recevra pas des données qui ne sont pas les données authentiques.

Dans le contexte du Web, la technique de chiffrement la plus fréquente se nomme HTTPS (HyperText Transfer Protocol Secure). C’est celle qui est utilisée quand une adresse Web commence par  https:// , ou quand vous voyez un cadenas vert dans votre navigateur, à gauche de l’adresse. HTTPS sert à assurer que les pages Web que vous recevez sont exactement celles envoyées par le serveur Web, et il sert également à empêcher des indiscrets de lire au passage vos demandes et les réponses. Ainsi, dans le cas de la manipulation faite par Orange Tunisie citée plus haut, HTTPS aurait empêché cet ajout de publicités.

Pour toutes ces raisons, HTTPS est aujourd’hui massivement déployé. Vous le voyez de plus en plus souvent par exemple sur ce blog que vous êtes en train de lire.

copie d’écran, page du framablog avec le https et le cadenas vert
Tous les sites Web sérieux ont aujourd’hui HTTPS

Le chiffrement n’est pas utilisé que par HTTPS. Si vous utilisez un VPN (Virtual Private Network, « réseau privé virtuel »), celui-ci chiffre en général les données, et la motivation des utilisateurs de VPN est en effet en général d’échapper à la surveillance et à la modification des données par les FAI. C’est particulièrement important pour les accès publics (hôtels, aéroports, Wifi du TGV) où les manipulations et filtrages sont quasi-systématiques.

Comme toute technique de sécurité, le chiffrement n’est pas parfait, et il a ses limites. Notamment, la communication expose des métadonnées (qui communique, quand, même si on n’a pas le contenu de la communication) et ces métadonnées peuvent être aussi révélatrices que la communication elle-même. Le système « Tor », qui peut être vu comme un type de VPN particulièrement perfectionné, réduit considérablement ces métadonnées.

Le chiffrement est donc une technique indispensable aujourd’hui. Mais il ne plait pas à tout le monde. Lors du FIC (Forum International de la Cybersécurité) en 2015, le représentant d’un gros FAI français déplorait en public qu’en raison du chiffrement, le FAI ne pouvait plus voir ce que faisaient ses clients. Et ce raisonnement est apparu dans un document d’une organisation de normalisation, l’IETF (Internet Engineering Task Force). Ce document, nommé « RFC 8404 »73 décrit toutes les pratiques des FAI qui peuvent être rendues difficiles ou impossibles par le chiffrement. Avant le déploiement massif du chiffrement, beaucoup de FAI avaient pris l’habitude de regarder trop en détail le trafic qui circulait sur leur réseau. C’était parfois pour des motivations honorables, par exemple pour mieux comprendre ce qui passait sur le réseau afin de l’améliorer. Mais, aujourd’hui, compte-tenu de ce qu’on sait sur l’ampleur massive de la surveillance, il est urgent de changer ses pratiques, au lieu de simplement regretter que ce qui était largement admis autrefois soit maintenant rejeté.

Cette liste de pratiques de certains FAI est une information intéressante mais il est dommage que ce document de l’IETF les présente comme si elles étaient toutes légitimes, alors que beaucoup sont scandaleuses et ne devraient pas être tolérées. Si le chiffrement les empêche, tant mieux !

Conclusion

Le déploiement massif du chiffrement est en partie le résultat des pratiques déplorables de certains FAI. Il est donc anormal que ceux-ci se plaignent des difficultés que leur pose le chiffrement. Ils sont les premiers responsables de la méfiance des utilisateurs !

La guerre contre les pratiques douteuses, déjà au XIe siècle… – Image retrouvée sur ce site.

J’ai surtout parlé ici des risques que le FAI écoute les messages, ou les modifie. Mais la place cruciale du FAI dans la communication fait qu’il existe d’autres risques, comme celui de censure de certaines activités ou certains services, ou de coupure d’accès. À l’heure où la connexion à l’Internet est indispensable pour tant d’activités, une telle coupure serait très dommageable.

Quelles sont les solutions, alors ? Se passer de FAI n’est pas réaliste. Certes, des bricoleurs peuvent connecter quelques maisons proches en utilisant des techniques fondées sur les ondes radio, mais cela ne s’étend pas à tout l’Internet. Par contre, il ne faut pas croire qu’un FAI est forcément une grosse entreprise commerciale. Ce peut être une collectivité locale, une association, un regroupement de citoyens. Dans certains pays, des règles très strictes imposées par l’État limitent cette activité de FAI, afin de permettre le maintien du contrôle des citoyens. Heureusement, ce n’est pas (encore ?) le cas en France. Par exemple, la FFDN (Fédération des Fournisseurs d’Accès Internet Associatifs) regroupe de nombreux FAI associatifs en France. Ceux-ci se sont engagés à ne pas recourir aux pratiques décrites plus haut, et notamment à respecter le principe de neutralité.

Bien sûr, monter son propre FAI ne se fait pas en cinq minutes dans son garage. Mais c’est possible en regroupant un collectif de bonnes volontés.

Et, si on n’a pas la possibilité de participer à l’aventure de la création d’un FAI, et pas de FAI associatif proche, quelles sont les possibilités ? Peut-on choisir un bon FAI commercial, en tout cas un qui ne viole pas trop les droits des utilisateurs ? Il est difficile de répondre à cette question. En effet, aucun FAI commercial ne donne des informations détaillées sur ce qui est possible et ne l’est pas. Les manœuvres comme la modification des images dans les réseaux de mobiles sont toujours faites en douce, sans information des clients. Même si M. Toutlemonde était prêt à passer son week-end à comparer les offres de FAI, il ne trouverait pas l’information essentielle « est-ce que ce FAI s’engage à rester strictement neutre ? » En outre, contrairement à ce qui existe dans certains secteurs économiques, comme l’agro-alimentaire, il n’existe pas de terminologie standardisée sur les offres des FAI, ce qui rend toute comparaison difficile.

Dans ces conditions, il est difficile de compter sur le marché pour réguler les pratiques des FAI. Une régulation par l’État n’est pas forcément non plus souhaitable (on a vu que c’est parfois l’État qui oblige les FAI à surveiller les communications, ainsi qu’à modifier les données transmises). À l’heure actuelle, la régulation la plus efficace reste la dénonciation publique des mauvaises pratiques : les FAI reculent souvent, lorsque des modifications des données des utilisateurs sont analysées et citées en public. Cela nécessite du temps et des efforts de la part de ceux et celles qui font cette analyse, et il faut donc saluer leur rôle.